Cinéma muet français

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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allen john
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Re: Cinéma Muet Français

Message par allen john »

bruce randylan a écrit : TF1 avait aussi sortie l'intégral 3 mousquetaires de Henri Diamant-Berger dans un beau coffret 3 DVD aujourd'hui épuisé :cry:
Celui-ci, je l'ai, et je dois dire que j'ai fait exprès de l'oublier: un beau coffret, certes, mais c'est plein d'incohérences, à commencer par ce documentaire dans lequel Jérome Diamant-Berger explique pourquoi le film a été remonté: personne aujourd'hui n'a envie de voir du muet, alors il fallait transformer le film en film parlant. Sinon, lors du remontage, des plans ont été éliminés, en particulier des gros plans, devenus inutiles à cause du commentaire. Les plans-séquences ont été privilégiés, au détriment de séquences complexes, au prétexte qu'il s'agissait de cinéma des origines! Le pompon, pour moi, c'est la séquence durant laquelle le par ailleurs très talentueux chef-op Darius Khondji fait part de sa surprise à l'issue de la vision d'un extrait du film: il vient de voir une scène très bien éclairée, avec des lumières complexes, et une bonne définition, dans un film muet! On n'a jamais vu ça! Donc, contrairement à tout le reste du cinéma muet, Diamant-Berger était un génie. Et puis pourquoi faire un film en 14 épisodes avec un film en 12 épisodes? Por satisfaire les exigences des chaines partenaires? :evil: bon, j'arrête de râler, mais ce coffret est un gâchis permanent, pour un film certes sympathique, mais qui n'en vaut pas la peine.
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Ann Harding
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Re: Cinéma Muet Français

Message par Ann Harding »

Merci à tous pour ces contributions! :D

Je vais maintenant vous offrir un portrait d'Ivan Mosjoukine car cet acteur est incroyablement important dans le cinéma des années 20. Quand on lit les revues de cinéma de l'époque, il est omniprésent.

Ivan Mosjoukine (1889-1939)
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Il naît dans une famille russe de propriétaires terriens aisés. Son père souhaite qu'il fasse son droit, mais, il quitte la faculté après 2 ans. Son père s'oppose à sa vocation d'acteur. Il quitte sa famille et entre au théâtre de Kiev. Sa carrière progresse rapidement et il devient une des stars au théâtre de Moscou où il interprète tous les grands classiques (Ibsen, Shaw, Gogol, Tourgueniev...) Il fait ses débuts au cinéma dès 1911 car en Russie, toutes les grandes firmes -pathé, Vitagraph, Nordisk- ont déjà des agences. On remarque dès ses premiers films sa capacité de passer du rire au larme. Il tourne pour le réalisateur polonais Starewitch et le russe Protazanoff surtout des adaptations littéraires des grands chefs d'oeuvre de la littérature russe.
[Chez Bach Films, on trouve en DVD La Dame de Pique (1916) et Le Père Serge (1917) dans des copies médiocres, hélas!]
Mais la révolution russe est arrivée. Le producteur Ermolieff transporte ses studios à Yalta, en Crimée. Mais, rapidement, la situation se dégrade également à Yalta. En 1920, Ermolieff et toute sa troupe émigre en France via Constantinople. Ils s'installent dans des studios à Montreuil-sous-Bois et y resteront juqu'à la fin du muet. La Cie Ermolieff deviendra Albatros. Les premiers films tournés en France sont: L'Angoissante aventure (1920) et Justice d'Abord (1920) de Protazanoff. Puis vient L'Enfant du Carnaval dont il écrit le scénario. Il devient réalisateur pour Le Brasier Ardent (1923), un film étonnant qui mélange avant-garde, comique et dérision. Sa partenaire dans un grand nombre de films est son épouse [en fait ils n'étaient pas mariés devant M. le maire, bien que cela soit mentionné dans de nombreux ouvrages], l'actrice Nathalie Lissenko.
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C'est le début d'une série de films qui lui offre des rôles à sa mesure tel le Kean (1924) de Volkoff qui est une adaptation de la pièce d'A. Dumas sur le grand comédien anglais.
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En voyant le film, on ne peut s'empêcher de penser au Frédéric Lemaître de Pierre Brasseur. Je suis persuadée que le film a sûrement eu un impact sur Marcel Carné et son interprète. Kean meurt par une nuit de tempête dans un petit pavillon veillé par son souffleur (Nicolas Koline) et la femme qu'il a aimé sans retour. Une séquence du film est célèbre pour son montage rapide quand il danse habillé en marin dans une taverne (Coal Hole Inn). La même année, il est dans Les Ombres qui passent (1924) un autre film de Volkoff absolument admirable. Il y est Louis Barclay, un jeune anglais dominé par son père qui lui lit tous les soirs Thoreau et l'oblige à vivre au grand air, à traire les vaches. Bien que marié, il vit comme un petit garçon sous la domination de ce père omnipotent. Tout va changer quand il reçoit une lettre lui annonçant un héritage substantiel. Il part pour Paris habillé d'un nouveau costume fort mal ajusté (trop court tel Buster Keaton, une de ses grandes influences) où il suscite l'hilarité dans le grand hôtel où il séjourne. Il devient la proie d'escrocs qui lui envoie leur meilleure arme, la dangereuse Jacqueline (Nathalie Lissenko). Louis tombe amoureux quasiment instantanément, ouble famille, héritage et son épouse pour poursuivre cette sirène qui est elle aussi éprise de lui. Le film se termine en tragédie. La transition comédie-tragédie est absolument formidable.
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En cette année 1924, il tourne avec Marcel L'Herbier Feu Mathias Pascal d'après Pirandello qui lui offre un rôle en or. Mathias Pascal est victime d'une belle-mère acariatre et d'une épouse non moins désagréable. Sa vie serait infernale si il n'y avait leur enfant qu'il adore. Las, l'enfant meurt ainsi que sa mère. Il décide de quitter sa petite ville Toscane pour Rome et y refaire sa vie. ce très long film (155 min) est un des chefs d'oeuvre de L'Herbier et il doit beaucoup à Mosjoukine. Son désespoir à la mort de son enfant est réellement palpable.
Après cette série de films, il tourne maintenant de grands productions comme le Michel Strogoff (1926) de Tourjansky puis le Casanova (1927) de Volkoff. Ce dernier est tourné à Venise. Il reçoit alors une offre de Hollywood et n'y résite pas. ce sera un échec. Il ne tourne qu'un seul film, Surrender (1927) de Edward Sloman. Puis, il part pour l'Allemagne où il continue à faire quelques films à grand spectacle comme Der Weisse Teufel (1930) tiré de Tolstoï. Mais, le parlant arrive qui va complètement laminer Mosjoukine. Il parle le français avec un fort accent russe. Il n'obtient plus que de petits rôles. Et en 1939, oublié et sans la sou, on le ramasse sur un banc à Neuilly. Il est emmené à l'hôpital où il meurt.
Pour vous resituer l'importance de Mosjoukine, je vais vous citer les propos de Charles Vanel qui fut son ami et son partenaire:
"Mosjoukine me plaisait beaucoup, d'abord il avait du talent et ensuite, parce que contrairement à beaucoup, il avait une haute idée du cinéma. Il pensait qu'on était à la veille de voir naître une véritable littérature cinématographique....
Un jour en allant sur la tombe de mon père, au cimetière de Neuilly, je vis celle qui était à sa tête et qui m'attira par son dénuement. Il n'y avait qu'une pauvre croix de bois, à moitié pourrie déjà, et sur laquelle difficilement je lus 'Ivan Mosjoukine'...j'en fus retourné. je sais bien que les artistes tombent dans l'oubli. Tout est périssable. Mais tout de même... ce fou généreux, cette idole, qui avait brûlé toute sa vie pour le public, ce très grand acteur qui refusait de se faire doubler dans les exercices les plus périlleux: dans son premier Casanova (1927) il se battait seul contre douze en grand épéiste...
"

Je dois ajouter que Mosjoukine combine la puissance de l'acteur de théâtre et celle d'un vrai homme de cinéma qui joue avec son corps tel un Fairbanks. Il est acrobatique ou intime. Un vrai grand acteur comme le dit Vanel. Espérons que certains de ses films français seront un jour disponibles en DVD. :)
Dernière modification par Ann Harding le 15 janv. 09, 14:55, modifié 1 fois.
allen john
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Message par allen john »

Ann Harding a écrit :Puis vient L'Enfant du Carnaval dont il écrit le scénario. Il devient réalisateur pour Le Brasier Ardent (1923), un film étonnant qui mélange avant-garde, comique et dérision.
Le 4e catalogue des tirages et restaurations de la cinémathèque Française (1989) cite L'Enfant du Carnaval comme un film de Mosjoukine ("Adaptation et mise en scène de Ivan Mosjoukine"), et le premier catalogue, paru en 1986, attribue la réalisation à Mosjoukine et Alexandre Volkoff. Lors de la présentation de ce film à Nantes en 1989 au Cinématographe, en présence de Renée Lichtig, qui a supervisé l'ensemble des restaurations des films de Mosjoukine, le film était crédité (Dans les programmes édités à l'occasion) au seul Volkoff, mais c'était à l'époque de la redécouverte de son Casanova. la copie vue à Nantes (Deux fois :mrgreen: ) et diffusée ensuite sur Cine Classic (Vers 2004 ou 2005) attribue la mise en scène à Mosjoukine seul. Sinon, si vous pouvez le voir, celui-ci, il ne faut pas hésiter: il est unique!
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Re: Cinéma Muet Français

Message par allen john »

Ann Harding a écrit : Après cette série de films, il tourne maintenant de grands productions comme le Michel Strogoff (1926) de Tourjansky puis le Casanova (1927) de Volkoff.
Ceux-là ont été diffusés sur le réseau hertzien: Strogoff sur France 3 en 1998, au cinéma de Minuit (M. Brion, vous bvoyez bien qu'on peut concilier cinéma muet et "Patrimoine du cinéma Français" :uhuh: ) . La réalisation est ample, épique, et largement "professionnelle", c'est-à-dire entièrement fixée sur le sujet: les aventures de MIchel Stogoff. C'est un film qui passe tout seul, même si le génie n'habite pas Tourjanski. Casanova est passé deux fois sur Arte, et c'est un sacrément beau film, extravagant, érotique, parfois mal poli et franchement comique. A la vision d'une oeuvre parfois aussi fantasque que le Voleur de Bagdad de Fairbanks et Walsh, on se demande pourquoi ce Casanova n'est pas un classique au même titre, disons, que La Kermesse Héroïque de Feyder.
Ah! le film a fait l'objet d'un remake en 1934 par René Barberis, qui tentait de remettre Mosjoukine en selle, mais il a été victime d'ennuis techniques (L'accent de l'acteur, peut-être?) et de coupures (La censure tatillone comptait les grammes de peau dénudée, mais comment le Lucrèce Borgia de Gance a-t-il pu passer?), et a été un flop. Le film existe, la Cinémathèque française l'ayant restauré, comme en fait foi le décidément intéressant catalogue des restaurations de la CF de 1987.
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Ann Harding
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Re: Cinéma Muet Français

Message par Ann Harding »

Effectivement L'Enfant du carnaval est bel et bien un film de Mosjoukine comme Le Brasier Ardent .
En 1999, des russes ont réalisé un documentaire sur lui: Mosjoukine ou l'enfant du carnaval. J'ai ce documentaire et il est incroyablement ennuyeux et mal écrit. :( Ils ont eu pourtant accès aux archives de l'acteur (lettres, contrats, etc.) conservées dans un musée en Russie. Il contient de nombreux extraits de films absolument pas mis en valeur (les titres ne sont même pas mentionnés! :o ) et le commentaire est une suite de lectures monocordes de lettres sans aucune référence aux films... En gros, ce film semble être un petit manuel de ce qu'il ne faut pas faire quand on réalise un documentaire! :fiou: Mais il me sera utile au moins pour une chose: prendre des captures d'écran de certains films.

Parmi tous les Volkoff/Mosjoukine que j'ai vu, j'ai préféré Les ombres qui passent à Casanova même si le film est très beau visuellement. Et je n'ai pas encore fini La Maison du Mystère qui s'annonce grandiose! :mrgreen:
Il va falloir aussi que je me mette à L'Enfant du Carnaval et à Michel Strogoff. 8)

Edit: Mosjoukine a réalisé seul Le Brasier Ardent et a aussi écrit le scénario, contrairement à ce qui est mentionné dans certains livres. :wink:
Dernière modification par Ann Harding le 15 janv. 09, 14:57, modifié 1 fois.
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Re: Cinéma Muet Français

Message par Ann Harding »

La Maison du Mystère (1922) Alexandre Volkoff 2ème Partie

ImageImage
Julien bagnard (I. Mosjoukine) et tournage de l'évasion du bagne.
ImageImage
(à G.) Julien clown (à D.) Corradin (C. Vanel) Régine (H. Darly) Christiane (F. Mussey) et Pascal (V. Strijevsky) rient en voyant le numéro de Julien.

Episodes 4-L'implacable verdict -5-Le Pont Vivant -6-La Voix du Sang -7-Les Caprices du destin

Corradin (C. Vanel) cherche toujours à retrouver les clichés compromettants mais Rudeberg (N. Koline) est plus malin que lui. Corradin repère la cachette de Julien (I. Mosjoukine) dans une ancienne citerne et écrit une lettre anonyme pour le dénoncer à la police. Il est arrêté et condamné à 20 ans de travaux forcés. 7 ans passent. Corradin essaye toujours vainement de séduire Régine (H. Darly). Elle le repousse. Le bûcheron Rudeberg travaille dans les serres du château et l'éducation de son fils est payé par Corradin. Christiane (Simone Genevois) a maintenant 10 ans et elle déteste Corradin. Régine de son côté a reçu une lettre de Julien apportée par un bagnard. Il lui dit de se méfier de Corradin.
Régine relit les journaux de l'époque du procès de Julien puis consulte les pièces du dossier chez le juge. Elle trouve la lettre anonyme et comprend que Corradin en est l'auteur, mais ne peut le prouver. Julien s'évade du bagne sur un train avec quelques co-détenus. Ils traversent ravins et rivières. Julien est blessé par une balle mais réussit à rejoindre la mer où il prennent un petit bateau. Corradin apporte à Régine un journal annonçant la mort de Julien lors de son évasion.
Rudeberg se promène dans les ruines d'une abbaye et Corradin le suit révolver au poing pour le tuer. Il tombe sur un vagabond et le laisse partir. Il n'a pas reconnu Julien qui est méconnaissable avec sa barbe et ses cheveux longs. Chemin faisant, Julien rencontre la petite Christiane (Simone Genevois) qui elle reconnaît son père. Il lui fait jurer le secret sur leur rencontre. La guerre de 1914-1918 éparpille les destinés.
Après à la guerre, Corradin harcèle toujours Régine. Christiane (F. Mussey) est maintenant une jeune femme amoureuse de Pascal (V. Strijevsky) le fils de Rudeberg. Julien ayant été démobilisé est embauché comme clown dans un cirque. La famille complète s'amuse de son numéro sans le reconnaître. Il quitte le cirque brusquement et se fait embaucher sous un faux nom comme contremaître dans sa propre usine dirigée par Corradin. Il veut prouver son innocence une bonne fois pour toute....

Comme vous pouvez le voir, les péripéties sont nombreuses et inattendues! Vanel raconte que Mosjoukine attrapa la fièvre typhoïde durant le tournage et perdit tous ses cheveux. Il continua néanmoins à tourner malade. Son crane chauve fut utilisé pour son rôle de bagnard. Les séquences de l'évasion sont pleines de suspense et de morceaux de bravoure comme la traversée d'un ravin où les bagnards s'accrochent à des cordes pour offrir à Julien un pont de leur corps. :shock: Les retrouvailles entre le père et la fille sont également un grand moment d'émotion, sans aucune mièvrerie. La petite fille de 10 ans qui joue le rôle de Christiane est Simone Genevois qui en 1928 sera Jeanne d'Arc dans le film de Marco de Gastyne. Mosjoukine montre l'étendue de son talent passant du bagnard, au vagabond puis au clown triste d'un cirque ambulant. Toujours juste et émouvant. La suite au prochain numéro!
Dernière modification par Ann Harding le 6 janv. 09, 14:05, modifié 1 fois.
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Re: Cinéma Muet Français

Message par bruce randylan »

Tu sais donner envie de découvrir et l'acteur et cette série. :)
Mais comment justement la découvrir ? :?

allen john a écrit :
bruce randylan a écrit : TF1 avait aussi sortie l'intégral 3 mousquetaires de Henri Diamant-Berger dans un beau coffret 3 DVD aujourd'hui épuisé :cry:
Celui-ci, je l'ai, et je dois dire que j'ai fait exprès de l'oublier: un beau coffret, certes, mais c'est plein d'incohérences, à commencer par ce documentaire dans lequel Jérome Diamant-Berger explique pourquoi le film a été remonté: personne aujourd'hui n'a envie de voir du muet, alors il fallait transformer le film en film parlant. Sinon, lors du remontage, des plans ont été éliminés, en particulier des gros plans, devenus inutiles à cause du commentaire. Les plans-séquences ont été privilégiés, au détriment de séquences complexes, au prétexte qu'il s'agissait de cinéma des origines! Le pompon, pour moi, c'est la séquence durant laquelle le par ailleurs très talentueux chef-op Darius Khondji fait part de sa surprise à l'issue de la vision d'un extrait du film: il vient de voir une scène très bien éclairée, avec des lumières complexes, et une bonne définition, dans un film muet! On n'a jamais vu ça! Donc, contrairement à tout le reste du cinéma muet, Diamant-Berger était un génie. Et puis pourquoi faire un film en 14 épisodes avec un film en 12 épisodes? Por satisfaire les exigences des chaines partenaires? :evil: bon, j'arrête de râler, mais ce coffret est un gâchis permanent, pour un film certes sympathique, mais qui n'en vaut pas la peine.
Ah ben, tu me rassures un peu. J'avais faillit l'acheter plus d'une fois...
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Re: Cinéma Muet Français

Message par Ann Harding »

bruce randylan a écrit :Tu sais donner envie de découvrir et l'acteur et cette série. :)
Mais comment justement la découvrir ? :?
Il faut aller à la médiathèque de la Cinémathèque et consulter les DVDs sur un écran vidéo. :wink: Il n'y a malheureusement pas d'autre moyen.... :|
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Re: Cinéma Muet Français

Message par bruce randylan »

Ah merci, je ne pense jamais a consulter leur médiathèque. :D

Bon, va encore falloir se trouver du temps libre :|
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Re: Cinéma Muet Français

Message par Ann Harding »

La Maison du Mystère (1922) Alexandre Volkoff Dernière partie

Episodes -8-Champs clos -9-Les angoisses de Corradin -10-Le triomphe de l'amour

Julien, grimé en vieil homme, est employé comme contremaître dans l'usine dirigée par Corradin. Sa fille Christiane se doute de son identité et elle l'emmène dans la pièce du château où sa mère et elle conservent le souvenir de leur père. Julien se découvre devant elles deux. Ils décident de se retrouver loin de Corradin sur la Côte d'Azur. Mais Corradin croit reconnaitre Julien dans le train et il décide d'arriver sans prévenir sur la Côte. Corradin et Julien se battent avec une violence inouïe et finalement Julien est poussé dans le vide par Corradin qui le croit mort. Il réussit à s'accrocher à une branche avant de chuter lourdement sur un pic rocheux. Il est remonté, blessé mais vivant.
Corradin écrit une lettre au procureur pour lui annoncer que Julien est vivant. Il menace de l'envoyer si Régine n'accepte pas de l'épouser. Mais, Corradin a maintenant aussi des vues sur Christiane qui lui rappelle la jeune et fraîche Régine qui a maintenant vieilli. Christiane terrifiée est prête à accepter le marché pour sauver son père mais Pascal s'interpose. Puis Rudeberg, qui possède toujours les preuves de la culpabilité de Corradin, lui offre un marché: il récupère les preuves mais il laisse Pascal et Christiane tranquilles. Corradin acquiesce. Mais, la nuit tombée, il suit Rudeberg parti chercher les clichés et le balance dans le vide. Il récupère les clichés sur son corps et les détruit. Mais, il n'a pas la lettre d'aveux qu'il lui avait signé... [si vous voulez voir le film, éviter de lire le reste :wink: ]
Spoiler (cliquez pour afficher)
Les préparatifs du mariage de Corradin et Christiane avancent. Le vieux Rudeberg a survécu à sa chute mais il est paralysé. Pascal désespéré décide de se suicider et Christiane le suit. Julien les sauvent juste à temps de la noyade. Le vieux Rudeberg se suicide pour permettre à la lettre qu'il a laissé en dépôt au notaire d'arriver dans les mains de Régine. Elle contient la preuve de la culpabilité de Corradin. Celui-ci tente une dernière manoeuvre en arranguant les ouvriers pour arrêter Julien le bagnard en fuite. Mais, Julien le confronte avec la preuve. Il est fini et il avoue.
Pour les 3 derniers épisodes, tout se précipite. Le combat à mort entre Vanel et Mosjoukine est d'une violence rare et laisse une pièce dévastée. Ils reçoivent une bibliothèque entière sur le corps! On se demande d'ailleurs à quel point les coups sont réels ou non. Vanel raconte que entre les prises, il se battait fréquemment avec lui pour le plaisir... En tous cas, le personnage de Corradin est vraiment un des pires monstres que l'on puisse imaginer et Vanel le rend crédible avec ses larges épaules et son sourire féroce. Mosjoukine est aussi 'physique' que lui dans les scènes d'action qui sont nombreuses dans cette dernière partie. Ce 'sérial' est aussi palpitant que ceux de Feuillade avec ses déguisements et ses péripéties. J'aimerais beaucoup le voir sur grand écran avec une musique appropriée. 8)
Dernière modification par Ann Harding le 8 janv. 09, 15:39, modifié 1 fois.
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Re: Cinéma Muet Français

Message par Ann Harding »

Pour ceux qui sont intéressés, Le Forum des Images à Paris va passer Les Misérables (1925) de Henri Fescourt en 4 parties. :)
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Vendredi 9 janvier à 14h30 et 16h30
Vendredi 16 janvier à 14h30 et 16h30.
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Re: Cinéma Muet Français

Message par Ann Harding »

Les Misérables (1925) de Henri Fescourt avec Gabriel Gabrio, Jean Toulout et Sandra Milowanoff

Les deux premières parties de cette version muette des Misérables sont réellement superbes aussi bien visuellement, esthétiquement et par le jeu des acteurs. J'ai été frappée à quel point cette version doit avoir influencé Raymond Bernard pour celle de 1934. On y retrouve de nombreuses scènes quasiment à l'identique. Mais, la différence principale avec le formidable film de Bernard, c'est que Fescourt a tourné pratiquement tout sur les lieux du roman: Digne et Montreuil-sur-mer. Le film étant plus long (env. 6h au lieu de 4h30), on y gagne en détails sur les personnages. Par exemple, nous découvrons en flash-back, les débuts de l'ignoble Thénardier qui pille les cadavres sur le champ de bataille de Waterloo ainsi que la jeunesse de Valjean et comment il est envoyé au bagne après le vol d'un pain pour nourrir ses frères et soeurs. Les différents acteurs sont très bien choisis. En particulier Gabriel Gabrio avec son physique de colosse et son regard brûlant, la petite Andrée Rolane, une Cosette à l'air fragile et douloureux, George Saillard et Renée Carl en couple Thénardier particulièrement vicieux et Sandra Milowanoff superbe Fantine.
Certaines scènes (absentes dans la version Bernard) me restent en mémoire. Cosette (A. Rolane) trainant un seau, plus grand qu'elle, jusqu'à la fontaine. Elle voit les arbres se transformer en monstres fantastiques avec des bras et des yeux luisants dans les ténèbres, exactement comme le fera Disney en 1937 dans Blanche-Neige. Autre scène déchirante, Fantine (S. Milowanoff) décidant de se prostituer pour payer la pension de Cosette. Elle sort dans un quartier mal famé de Montreuil-sur-mer, et observe les femmes qui racolent. Elle hésite, sursaute quand un homme la touche au bras, s'éloigne effrayée, puis, plus tard accepte le bras d'un autre client, désabusée. Et finalement, Valjean (G. Gabrio) emmenant Cosette à Paris dans un bouge: la maison semble tout droit sortie d'un conte de Grimm, la masure Gorbeau. Puis leur fuite alors que Javert est à leurs trousses. Valjean réussit à hisser la petite en haut d'un mur alors qu'ils sont pris dans un cul-de-sac...
L'utilisation des paysages avec ses arbres au formes déchiquetées et l'arrivée de Valjean au début du film perché sur un pic rocailleux: en une image, le ton du film est donné. Vivement la suite!
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Re: Cinéma Muet Français

Message par allen john »

Monte Cristo (1929) Henri Fescourt

En attendant que Ann nous fasse un peu plus saliver avec son compte-rendu de la suite de ce que beaucoup de commentateurs considèrent comme la version définitive des Misérables, petit retour sur l'un des plus beaux DVD de film muet sur le marché, si vous pardonnez ce vocabulaire terre-à-terre. Dès les premières images de ce film-fleuve (218 mn), on est capté, accroché, collé à l'image, l'intrigue. Pas un acteur ici qui ne soit parfaitement à sa place, une mise en scène qui tient compte des grands changements effectués dans les années 20, sans exagérer dans la caméra qui virevolte. Fescourt sait utiliser le mouvement (Lent) pour embrasser un décor et créer du liant dans ses scènes, capter la vérité du décor (Marseille en particulier: le réalisateur était très fier d'avoir réussi à montrer Marseille sans anachronisme ni tricherie), et peut toujours se réserver l'opportunité de multiplier les caméras pour asséner le coup de grâce d'un procès aux prises de vues dans tous les sens. C'est du grand cinéma populaire, comme les Russes savaient le faire, avec une mise en scène plus rigoureuse, et moins exubérante. Toutefois, quand il le faut, comm durant les mésaventures du pauvre joailler Joannès, Fescourt sait convoquer les ombres pour inquiéter, voire faire peur. Magistral! Le film a été reconstitué, mais il y manque 500 m environ, ce qui doit correspondre à environ une vingtaine de minutes; on ne le sent toutefois pas!
La musique de cette édition Diaphana va généralement dans le bon sens, c'est à dire sans ironie aucune, en collant à l'ambiance, mais il va trop loin parfois dans certaines scènes, notamment les duos romantiques.
En un mot, indispensable!
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Re: Cinéma Muet Français

Message par Ann Harding »

Moi aussi, j'ai adoré son Monte-Cristo. :D Il faut aussi mentionner la musique -excellente- de Marc-Olivier Dupin. :wink:

Hélas, il n'y aura pas de compte-rendu pour les 2 dernières parties des Misérables car une mauvaise grippe m'a empêchée d'aller les voir... :( :cry:
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Re: Cinéma Muet Français

Message par monks19 »

salut, petite question d'un nouveau venu, quels sont les chaine françaises/européennes (à part arte) qui peuvent diffuser sans problèmes des film d'avant les années 50 (surtout les films muets) français ? je demande ca parce que je ne connais pas les postes qui ont cette capacité (à part arte).

merci de pouvoir répondre
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