Gregory Peck (1916-2003)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Cathy
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Gregory Peck (1916-2003)

Message par Cathy »

Gregory Peck appartient à ces acteurs américains capables de jouer aussi bien les aventuriers en tout genre que les avocats ou autres médecins. S'il n'a pas le charisme d'un James Stewart ou d'un Cary Grant, il a à son actif de multiples films à thèses ou aux sujets plus "intellectuels" que d'autres acteurs de la même génération.

Récemment j'ai découverts deux films qui appartiennent à cette lignée film "intelligent", Captain M.D. et Gentleman's Agreement.

Le premier film traite de la psychanalyse des soldats marqués par les faits de guerre, le second de l'anti-sémitisme quotidien. Deux sujets assez forts, où Gregory Peck s'avère impeccable

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Captain Newman MD, Le Combat du Capitaine Newman (1963) - David Miller

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Durant la seconde guerre mondiale, un médecin s'occupe des soldats qui ont des problèmes psychologiques suite à leur confrontation avec la guerre.

Ce film est assez original de par le sujet, psychanalyse et faits de guerre. David Miller dénonce les méfaits de la guerre sur le psychisme des hommes qui sont soignés et repartent au combat, une fois leur problème réglé. Plusieurs cas sont évoqués dans le film, comme dans tous les films de ce genre, avec les cas "heureux", et ceux moins heureux. Le ton est allégé par la présence de Tony Curtis qui apporte un brin d'humour dans ce film plutôt sombre, l'échappée des moutons ou l'aventure du sapin sont des bouffées d'air frais. Gregory Peck se retrouve une fois de plus confronté à un rôle de médecin, et joue dans sa palette habituelle, à ses côtés, la jeune et séduisante Angie Dickinson en infirmière dévouée. Il y a aussi Bobby Darin en attachant jeune GI, Eddie Albert impressionnant en soldat qui souffre de dédoublement de personnalité. Un film dur dans le fond, mais qui se laisse voir sans problème.

A noter que quand on voit cette affiche, on pourrait penser à une comédie, mais si certaines scènes font sourire et même rire, ce n'est aucunement une comédie.

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Gentlemen Agreement's - Le Mur invisible (1947) - Elia Kazan

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Un journaliste, veuf et père d'un jeune garçon se met dans la peau d'un juif le temps d'écrire un article sur l'antisémitisme.

Sans être forcément un chef d'oeuvre, ce film est magnifique et intelligent. Comment traiter au sortir de la seconde guerre mondiale - et essayer de comprendre - l'antisémitisme qui règne aussi aux USA. Le film prend aussi une tournure spéciale quand on sait que Kazan dénoncera des communistes durant le Maccarthysme. Bref Kazan essaie de dénoncer cet antisémitisme latent et convenu par ce fameux gentleman agreements. Il oppose trois visions, celle pure et dure de Peck révolté par ce qu'il subit alors et veut le dénoncer, celle de Dorothy McGuire, sa fiancée qui n'est pas antisémite, est choquée mais accepte cet antisémitisme de convenance, en quelque sorte et semble manquer de courage et surtout celle de John Garfield juif qui vit quotidiennement cet état de fait mais semble ne plus y faire attention et est vaincu d'avance. Courageux film de Kazan qui essaie de montrer que cet antisémitisme existe aussi aux USA qui viennent pourtant de libérer les camps de concentration, mais laisse faire dans leur pays certaines situations aberrantes, notamment ce fameux hotel interdit aux juifs. Les trois acteurs sont secondés par le jeune Dean Stockwell touchant fils de Gregory Peck, Anne Revere ou encore Celeste Holm, délicieuse en journaliste futile.
Bemol : les sous-titres du DVD Fox apparaissent dans un bandeau noir.
Lord Henry
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Re: Gregory Peck (1916-2003)

Message par Lord Henry »

Si l'on se rapporte au livre d'entretiens avec Michel Ciment, Kazan n'était pas vraiment satisfait du choix de Gregory Peck:
Quant à Peck, il n' y avait aucune surprise dans son interprétation, il n'apportait rien de plus que ce qu'on lui demandait. Peck était exactement ce que Zanuck et Hart voulaient: un zéro de belle allure
Un jugement dont je mesure qu'il paraîtra injuste aux yeux des admirateurs de l'acteur.
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francesco
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Re: Gregory Peck (1916-2003)

Message par francesco »

Dans mon souvenir Kazan n'est de toute manière pas très tendre avec les acteurs qui ont joué sous sa direction. On dirait souvent qu'il parle de bétail.
Curieux pour un metteur en scène de théâtre et pour quelqu'un qui a su diriger aussi magnifiquement et tirer le meilleur de Natalie Wood, James Dean, Kim Stanley, Eva Marie-Saint, Karl Malden.
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Re: Gregory Peck (1916-2003)

Message par Lord Henry »

Pour avoir à nouveau feuilleté l'ouvrage susmentionné, il peut au contraire se montrer très élogieux à l'égard de ses interprètes.
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Droudrou
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Re: Gregory Peck (1916-2003)

Message par Droudrou »

C'est très intéressant de lire ce fil consacré à Gregory Peck. Et ce serait même un excellent choix surtout dans la façon dont Cathy nous resitue l'acteur.
Pour ma part, j'avoue, je ne vois pas de grandes interprétations de l'acteur. Mais, j'avoue aussi qu'à la filmographie dont je dispose et dans ma mémoire, il y manque pas mal de films. Mais, peut-être aussi, les sujets qui ont caractérisé Peck étaient particuliers pour le jeune futur cinéphile que j'étais alors. Peck semblait apparaître toujours le même dans tous ses films. Un monolythe inexpressif. Il est difficile de le voir se "lâcher". Beau mec mais que se passe-t'il dans sa p'tite tête ?
Surprenante sa confrontation dans Les grands espaces avec Charlton Heston, sachant que j'aurai la nette impression de me souvenir plus de ce dernier dans ce film... Je penserai aussi qu'il est moins charismatique que notre ami Kirk Douglas dont la filmographie en rôle de salauds ou personnages plus ou moins hauts en couleur est assez impressionnante.
Je me souvenais de l'affiche du Combat du capitaine Newman mais n'ai pas vu le film, sujet qui m'aurait intéressé surtout vu son générique. Et je n'ai toujours pas investi dans Les aventures du capitaine Hornblower.
Je vais suivre de très près les échanges qui auront lieu sur ce fil... et interviendrai très certainement à nouveau.
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cinephage
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Re: Gregory Peck (1916-2003)

Message par cinephage »

Pour ma part, je trouve justement Gregory Peck parfait dans les rôles qui exigent un profil d'américain "moyen", droit et juste, mais pas forcément très sur de lui.

Cape Fear et To kill a mockingbird me viennent immédiatement en tête à ce titre. Il y est parfait à mes yeux, en chef de famille légitime qui fait de son mieux, en homme droit. Je ne verrai personne de plus approprié en casting.

Dans La maison du Dr Edwardes, également, je trouve qu'il parvient à inquiéter, tant on sent que sous cette surface falote peut se cacher quelque chose de pas très net...

En revanche, pour des westerns comme Yellow Sky, ou The gunfighter, j'avoue que les airs de dur ne lui vont pas très bien (encore qu'avec la moustache, ça passe mieux).
Dans les grands espaces, il marche bien, mais justement parce qu'il frappe tout le monde par son air (volontairement assumé) de minable qui ne monte pas à cheval et ne sait pas se battre.
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Phnom&Penh
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Re: Gregory Peck (1916-2003)

Message par Phnom&Penh »

Capitaine sans peur (Captain Horatio Hornblower, 1951) est un excellent Walsh et un très bon film de mer. J’avais justement trouvé que Grégory Peck, avec un rôle d’officier simple et droit, trouvait là un de ses meilleurs rôles.

A noter que c’est un Walsh particulièrement « masculin ». L’intrigue sentimentale entre Hornblower et Lady Barbara / Virginia Mayo est très rapidement expédiée, même si le personnage féminin reste digne d'intérêt. Les scènes de batailles navales sont particulièrement bonnes.
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angel with dirty face
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Re: Gregory Peck (1916-2003)

Message par angel with dirty face »

Phnom&Penh a écrit :Capitaine sans peur (Captain Horatio Hornblower, 1951)
Ça tombe bien, j'ai acheté ce film en DVD, il n' y a pas longtemps... :wink:

Sinon concernant Gregory Peck, il ne fait pas partie des acteurs que je préfère parce que je le trouve trop inégal, mais il existe des rôles où je le trouve particulièrement excellent comme celui du Capitaine Achab dans Moby Dick (1956) de John Huston. Ce dernier dans son son autobiographie très intéressante An Open Book (John Huston Par John Huston, Pygmalion, 1982) n'est pas particulièrement tendre à l'égard de Gregory Peck...

Le pire pour moi, c'est quand il incarne Francis Scott Fitzgerald dans Beloved Infidel (Henry King, 1959). Je n'aime pas ce film et je trouve que Gregory Peck dans le rôle de l'écrivain, c'est tout simplement une erreur de casting.
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Sybille
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Re: Gregory Peck (1916-2003)

Message par Sybille »

Pour moi, Gregory Peck reste toujours le journaliste de Vacances romaines (il faut dire qu'il y est particulièrement charmant et charmeur) :oops: , en fait c'est le film où je l'ai découvert.

Je l'aime beaucoup également dans La femme modèle, d'ailleurs un autre rôle 'léger', voire même comique, peut-être que c'est dans ce registre que je l'apprécie le plus finalement, même s'il ne s'y est pas beaucoup illustré en terme de quantité.

Comme le signale Cinephage, je suis d'accord pour dire qu'il se distingue dans les rôles qui exigent sérieux, droiture et un certain esprit de résolution, à témoin donc, Le mur invisible ou Les nerfs à vif. Je trouve cet acteur plutôt charismatique physiquement, et pourtant il ne fait pas "star", disons qu'il parvient à être crédible lorsqu'il incarne des personnages de la vie courante, même si on n'imagine pas exactement croiser quelqu'un comme lui tous les jours dans la rue ou dans l'ascenseur.

Je le trouve bon dans La ville abandonnée, le western n'est cependant pas le genre qui le caractérise le mieux.

Je l'apprécie assez, de même que le film, dans Un matin comme les autres (sans aucun doute que celui qui connaît et apprécie la personne et l'oeuvre de Fitzgerald a des exigences bien différentes). Il y est néanmoins quelque peu emphatique mais ça passe, défaut que j'ai trouvé par contre contre difficilement supportable chez lui dans le médiocre Passion fatale.

Spellbound, je ne me souviens plus vraiment du film, sauf que je ne l'avais pas trop aimé. Mais pas à cause de Peck en particulier.

Bilan = un acteur au fort potentiel de sympathie, assez tranquille et régulier dans ses interprétations, car en fin de compte (je parle pour moi), même s'il n'éblouit jamais vraiment, il ne déçoit jamais vraiment pour autant.
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Re: Gregory Peck (1916-2003)

Message par Droudrou »

De la femme modèle, c'est la performance de Mickey Shaughnessy que je retiens... surtout quand il dort les yeux ouverts !
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Re: Gregory Peck (1916-2003)

Message par Lord Henry »

A l'image de Charlton Heston, ce genre d'acteur est vraiment intéressant lorsqu'on les sort de leur propre stéréotype, ou que l'on joue avec. Si je ne devais retenir qu'une seule prestation:

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Grand film!
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Re: Gregory Peck (1916-2003)

Message par Droudrou »

Là, votre honneur, j'avoue ! Je ne connaissais pas ! Et je viens de constater qu'il existait en DVD zone 1 - film de Frankenheimer... ça me titille ! - Frankenheimer a eu ses périodes ! - vu le prix, je vais risquer même s'il n'est pas doublé ou sous-titré français ! - Mon premier investissement 2009!
Dernière modification par Droudrou le 31 déc. 08, 15:26, modifié 1 fois.
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Re: Gregory Peck (1916-2003)

Message par johell »

Clair! :D Rien qu'avec l'affiche ça doit sacrément envie!
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Ann Harding
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Re: Gregory Peck (1916-2003)

Message par Ann Harding »

The Man in the Gray Flannel Suit (L'homme au complet gris, 1956) de Nunnally Johnson avec G. Peck, Jennifer Jones, Fredric March & Ann Harding

Tom Rath (G. Peck) est un banlieusard qui travaille à New York. Il vit dans une banlieue pavillonnaire aisée. Sa femme Betsy (J. Jones) le pousse à demander une augmentation de salaire ou à changer de travail. Il est hanté par ses souvenirs de la seconde guerre mondiale...

Nunnally Johnson, un scénariste de talent (Les raisins de la colère), passe ici derrière la caméra pour filmer la vie d'un américain - col blanc - ordinaire. Le film est vraiment très long avec ses 153 min. Le film aurait pu facilement perdre une bonne demi-heure sans dommage. Gregory Peck est l'image parfaite de l'américain moyen intègre dans les annés 50. le voici ici plongé dans l'univers des grandes compagnies où il fait de son mieux pour rester honnête face aux manigences d'un Henry Daniell faux-jeton comme pas un. Il a également des problèmes conjugaux avec Jennifer Jones qui ne supporte plus leur maison. La découverte de l'enfant qu'il a eu avec une italienne durant la guerre n'arrange rien. Ce film bourré de bonnes intentions a un rythme très languissant. Il est malheureusement frappé du sceau des années 50 où l'on glorifie la famille américaine traditionnelle: la mère au foyer compatissante et héroïque, le mari travailleur et les enfants très obéissants. La famille parfaite de Peck est mise en comparaison avec celle éclatée de Fredric March (un grand patron écrasé par son travail) qui vit séparé de sa femme (Ann Harding) et dont la fille adolescente fait les 400 coups. Gregory Peck est un acteur qui me laisse toujours sur ma faim. Dans To Kill a Mockingbird (1962), je le trouvais totalement dénué d'expressions. Ici, il reste également impavide; mais, il est certainement à sa place en américain moyen. La musique est signée Bernard Herrman, mais elle n'a finalement que peu d'importance dans le film lui-même. Voici un produit parfaitement manufacturé qui manque d'originalité.
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cinephage
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Re: Gregory Peck (1916-2003)

Message par cinephage »

Ann Harding a écrit :Gregory Peck est un acteur qui me laisse toujours sur ma faim. Dans To Kill a Mockingbird (1962), je le trouvais totalement dénué d'expressions. Ici, il reste également impavide; mais, il est certainement à sa place en américain moyen.
Mais justement, dans To kill a mockingbird, n'est-il pas encore plus censé incarner l'homme moyen, serein, que rien n'atteint ?? Vu par ses enfants, le père "parfait" n'est-il pas sans faille, droit dans ses bottes, toujours sur de lui et peu affecté par ce qui terrifie les enfants ? Pour ma part, j'avais trouvé que son jeu servait formidablement le film...
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