Annabella (1907-1996)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Commissaire Juve
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Re: Annabella (1907-1996)

Message par Commissaire Juve »

Music Man a écrit : .... Son charmant sourire, sa classe...
Comédienne que je me suis mis à apprécier sur le tard. "Charmant" et "classe" sont les mots idoines.
... une parfaite diction ... Mais la tonalité de sa voix, très grave...
Là, j'avoue que ça coince un peu... Je l'ai revue "deux fois", très récemment, dans l'Equipage (Anatole Litvak, 1935), et j'ai vraiment eu du mal avec sa voix.

A un moment, elle dit à Jean-Pierre Aumont (son amoureux d'Hôtel du Nord) :
Je t'aime... je t'aime... je t'aime...
... sur un ton involontairement comique :? (qui m'a fait penser -- tristement -- à un meuglement).
Le souvenir d’Annabella s’est un peu estompé de nos jours, car dans son film le plus connu et le plus rediffusé, Hôtel du nord, Louis Jouvet et Arletty, magiques, ont tendance à l’éclipser...
Les gens qui parlent des films sans les avoir vus oublient trop souvent que c'est elle la vraie héroïne du film ! Elle est sur un registre très différent du registre d'Arletty, mais bon... sa relégation en 3e division est carrément injuste !
elle n’a jamais été aussi brillante que dans son rôle de garce méchante de l’équipage, adaptation filmée du roman de Joseph Kessel...
Garce méchante ? Où ça ? :shock: ... elle n'est pas du tout méchante dans ce film :? . Ok, elle trompe son mari, mais sans malice. Elle est déchirée... et déchirante.


Hé, Music Man : je quote ton dernier message pour que tout le monde puisse le voir.
Music Man a écrit :Image

LA BARONNE ET SON VALET (the baroness and her butler) de Walter LANG – 1938
Avec William POWELL et ANNABELLA

Un valet est élu au parlement hongrois. Tout en poursuivant ses fonctions de serviteur au sein de la maison de son altesse le Premier ministre, il attaque pourtant avec virulence la politique de ce dernier quand il se trouve dans l’hémicycle ;

Aimable divertissement sans aucune profondeur, la baronne et son valet se laisse pourtant regarder avec plaisir comme pas mal de comédies de cette époque, légères comme une plume mais dotées d’un charme certain : les comédiens y sont probablement pour beaucoup qu’il s’agisse du débonnaire William Powell, de la froide et vivace Annabella, qui faisait là de jolis débuts à Hollywood (elle allait ensuite épouser la star du studio Tyrone Power). Dans le climat de tension internationale, on devait avoir plus que jamais besoin de ce genre de spectacle inoffensif avec des serviteurs qui épousent la fille de la maison et où les vrais sujets sérieux ne sont pas abordés même à l’assemblée nationale.
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Re: Annabella (1907-1996)

Message par Music Man »

Je trouve que son personnage de femme adultère dans l'equipage n'est guère sympatique, mais elle le joue magistralement et ce film est excellent, je l'ai encore regardé lors de sa récente rediffusion (4ème fois au moins que je revoie ce film). C'est l'actrice elle-même dans un Aujourd'hui Madame ou aujourd'hui la vie (je ne sais plus) qui lui était consacré qui déclarait qu'elle n'aimait pas ce film, car c'était un rôle de méchante!
Elle préférait de loin son personnage du Million
et en regardant le film américain de 1938, je me faisais encore la reflexion que décidémment j'adorais sa voix grave un peu chuchotée! Comme quoi, les goûts et les couleurs! en tous les cas, les américains n'ont guère apprécié son accent français trop pronocé à leur goût.
Au fait, commissaire, tu as vu son film de guerre sur Calais qui date de 1943? Il est bien?
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Commissaire Juve
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Re: Annabella (1907-1996)

Message par Commissaire Juve »

Music Man a écrit :... déclarait qu'elle n'aimait pas ce film, car c'était un rôle de méchante!
Muuuuf ! :? expression d'un sentiment de culpabilité. C'est sûr que le rôle d'une femme adultère (ou d'un mari adultère), c'est pas bien glorieux. Mais je ne l'ai pas trouvée "méchante". Juste "amoureuse" et "embêtée" d'être dans cette situation.
... Comme quoi, les goûts et les couleurs!


Pour la voix, je ne parle que de L'équipage où elle sonne vraiment "meuh meuh" :? :mrgreen: . Jusque-là, en voyant les autres films, je n'avais rien remarqué.
Au fait, commissaire, tu as vu son film de guerre sur Calais qui date de 1943? Il est bien ?
Pas que je sache. Pas récemment en tout cas.
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Re: Annabella (1907-1996)

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Je vais essayer de me le procurer
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Re: Annabella (1907-1996)

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TONIGHT WE RAID CALAIS – de John BRAHM -1942

Avec ANNABELLA, John SUTTON, DALIO, Lee J COBB et Janine CRISPIN

Un soldat anglais est envoyé en mission secrète en France en 1942 afin de détruire une usine d’armement. Il est caché par une famille dont le fils a péri à Oran, et prend l’identité de ce dernier. Mais le général nazi qui sort avec la fille de la maison n’est pas dupe.


Un des nombreux films de guerre tournés entre 1942 et 1945 par les studios hollywoodiens. Programme de série B, d’une heure 10 à peine, le film était diffusé en première partie de programme. Evidemment, le film ne sonne pas vraiment juste avec sa bande sonore où alternent « la marseillaise « et « auprès de ma blonde » et où tous les protagonistes même les allemands parlent anglais. Et pourtant, c’est réalisé avec beaucoup de savoir faire (John Brahm, connu pour son Jack l'éventreur et Hangover square a beaucoup de talent), et on se laisse très vite prendre par l’intrigue ; le film devient même assez palpitant après l’exécution par les nazis des parents d’Annabella (un des rares passages très crédibles) et le stratagème utilisée par celle-ci pour faire évader le soldat anglais qu’elle méprisait tant au début du film. Et tant pis, si on du mal à croire que l’anglais puisse neutraliser une patrouille allemande en dressant un fil au milieu d’une route, où qu’Annabella (pas toujours à son aise) parvienne si facilement à libérer les partisans. Au moins, c’est du bon divertissement et on passe une heure agréable. C’est bien filmé et photographié (avec parfois même un héritage certain de l'expressionisme allemand (ombres... ), même si l’on ressent un cruel manque de moyens lors du bombardement et la révolte finale. Très bonne prestation du débutant Lee J Cobb.
Curieusement, le film n’a pas été exploité en France après guerre : le personnage d’Annabella, qui sort avec un allemand et ne rejoint la résistance qu’après l’assassinat de ses parents a-t-il dérangé les bonnes consciences ?
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Ann Harding
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Re: Annabella (1907-1996)

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Tavaszi zápor (Marie, Légende Hongroise, 1932) de Un film de Pál Fejös avec Annabella

Marie (Annabella), une jeune servante, est séduite par un jeune homme. Enceinte, elle est rejetée par sa patronne et tout le village...

Le réalisateur hongrois Pál Fejös est surtout connu pour son film muet (semi-parlant) Lonesome (1928). De retour en Europe après son séjour à Hollywood, il réalise ce film parlant en quatre versions différentes. Néanmoins, ce film ressemble plus à un film muet. Annabella n'a pratiquement aucun dialogue et les différentes phases de la vie de Marie sont suggérées visuellement plus que décrites par des dialogues. Comme pour Lonesome, le scénario est d'une extrême simplicité. L'histoire est basée sur une légende hongroise qui dit que les mères défuntes protègent leurs filles des vils séducteurs avec les 'averses printanières' (traduction littérale du titre original hongrois). Le charme du film réside dans cette simplicité qui suit Marie rejetée, recueillie dans une maison close où elle donne naissance à une petite fille. Je n'ai pu m'empêcher de penser à The Lady (1925) de Frank Borzage où Norma Talmadge se retrouve dans la même situation. Son chemin de croix ne fait que commencer lorsque l'enfant lui est enlevé par les autorités. Elle devient alors une pauvresse désespérée qui se retourne contre la statue de la Vierge qui ne l'a pas défendue. La dernière partie du film, qui devient une sorte de rédemption, la montre en transcendance accueillie aux cieux comme dans le Liliom de Molnar, un autre hongrois. Ce film repose presque entièrement sur les épaules d'Annabella filmée avec amour par Peverell Marley, un des grands opérateurs de C.B. DeMille. Filmée en décors naturels, elle devient cette petite hongroise qui lutte face à un monde qui la rejette. Le final nous offre un retour sur la scène du début du film où, cette fois-ci, sa fille est sauvée de son vil séducteur. Un très joli film qui mériterait d'être mieux connu. Un grand merci à Music Man pour cette belle découverte. :wink:
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Re: Annabella (1907-1996)

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GARDEZ LE SOURIRE (Sonnenstrahl) de Paul FEJOS – 1933
Avec ANNABELLA et Gustav FROEHLICH

Seul au monde, chômeur, las de lutter, Jean décide de se noyer. Il rencontre au bord du fleuve une désespérée comme lui, Marie, et trouve les paroles qui réconfortent. Pour gagner leur vie, ils exercent mille et un métiers, se marient et vivent enfin heureux avec le taxi que Jean a pu s'acheter.

Surtout connu pour son merveilleux film muet Solitude (1928) et Marie légende hongroise qu'Ann évoque dans le message précédent, le cinéaste hongrois Paul Fejos mérite d’être redécouvert tant son œuvre, tendre et poétique, reflète un bel humanisme.
Un court prologue dresse d’emblée le caractère alarmant de la situation internationale en 1933 : banqueroute, crise économique et chômage. Des files d’attente s’éternisent devant les agences pour l’emploi. Dans ce climat de crise profonde, si souvent dépeint dans les films allemands de la période 1930-1933, cette comédie tendre et humaine se veut un rayon de soleil. De coups de chance en galères, le couple d’amoureux tente de faire face à l’adversité, avec le sourire et beaucoup d’amour ; Il semble que Paul Féjos regrettait le charme du cinéma muet (d’ailleurs peu après, il arrêtera les films de fiction pour se consacrer aux documentaires) : ici, les dialogues sont réduits au minimum et les personnages miment parfois comme au bon temps du muet. C’est assez surprenant pour un parlant. Du coup, la scène où les amoureux rêvent devant les affiches de l’agence de voyage, concevable dans un muet, m’a vraiment paru nunuche et des plus désuètes. Si le jeune couple a beaucoup de charme, l’interprétation forcée d’Annabella manque souvent de justesse. De par ses rayons de soleil, son doux optimisme et sa tendresse pour les personnages principaux, le film évoque à la fois le René Clair du début du parlant et les Borzage de la fin du muet…ce qui est plutôt flatteur. Pourtant, j’avoue être un peu resté sur ma faim, car en dépit d’une réalisation impeccable et d’un grand sens de l’image, ce gentil conte de fée m’a parfois semblé un peu creux. Heureusement que ceci est rattrapé par une merveilleux final quand tous les gens de l’immeuble se cotisent pour aider Annabella dont le mari est à l’hôpital. Les enfants du quartier défavorisé sont alors invités à visiter dans leur voiture flambant neuve, sous les vivat des gens qui agitent des mouchoirs de leur balcon : c’est émouvant, débordant de gentillesse, filmé avec beaucoup d’aisance et d’imagination et beau comme tout !

Sinon, on remarquera que, dans la scène de la foire, Gustav Froehlich se grime en noir et enfile une perruque crépue pour devenir la cible du stand de tir. Un vilain reflet de cette bien triste époque.
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Re: Annabella (1907-1996)

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CARAVANE de Erik CHARELL – USA/France 1934
Avec Charles BOYER, ANNABELLA, Pierre BRASSEUR et Conchita MONTENEGRO

Afin d'hériter, une princesse hongroise doit se marier avant sa majorité. Or, elle aura 21 ans dans 24 heures. Elle décide d'épouser un beau tzigane venu pour les vendanges…

La renommée du réalisateur allemand Erik Charell repose notamment sur sa mise en scène de la première version scénique de l’opérette de Ralph Benatzky l’auberge du cheval blanc (un des plus gros triomphes de l’histoire de l’opérette) et du film le congrès s’amuse, délicieuse comédie musicale au charme suranné mais étrangement efficace. Hélas, c’est un art difficile et très évanescent que de savoir mener une intrigue légère comme une bulle de savon, dans un pays de cocagne où les princesses épousent les tziganes sur un coup de tête. Autant la formule magique fonctionnait avec la frêle et fragile Lilian Harvey (le congrés s’amuse), autant cette Carvane semble ici constamment creuse.
Après avoir quitté l’Allemagne nazie en 1933, Charell réalisa ce film en double version (une en anglais avec Charles Boyer et Loretta Young) et l’autre pour le marché français (pour laquelle on fit venir de France par bateau Annabella et d’autres acteurs français)
Certes, la photographie et la réalisation sont impeccables : on applaudit à la virtuosité du metteur en scène qui suit des escortes d’innombrables figurants, dansant sur des escaliers, glissant sur des rampes, faisant briller mille flambeaux. La finale éblouit par sa splendeur…mais on a vraiment l’impression de flotter au-dessus du vide, et il manque un charme indéfinissable, de vraies chorégraphies, de vrais chanteurs aussi pour faire décoller ce spectacle puéril. Près de l’énergique Annabella et d’un charmant Charles Boyer, j’ai surtout apprécié Pierre Brasseur amusant en jeune homme badin. La version française eut un certain succès (en raison de la très forte popularité des 2 vedettes et d’un goût certain du public français pour ce genre d’opérette) et la version américaine pas du tout.
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Re: Annabella (1907-1996)

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MARIE LEGENDE HONGROISE/UNE HISTOIRE D’AMOUR (Tavaszi zápor) de Paul FEJOS-HONGRIE- 1933

La Hongrie, avant la guerre. Marie ,employée de maison, rencontre un homme dont elle tombe amoureuse. Mais à peine séduite, il l'abandonne alors qu'elle attend un enfant. Découvrant la situation, sa patronne la renvoie. Marie a de grosses difficultés pour assumer ses responsabilités. L'Assistance Publique lui enlève son enfant. Elle sombre alors dans la folie et jure de se venger de la Madone qui ne l'a pas protégée. Elle meurt devant l'autel.

Comme Ann Harding, j’ai beaucoup apprécié ce film, que je classerai nettement au-dessus de Solitude (qui m’a pas mal déçu quand j’ai le revu récemment) ou Gardez le sourire dans l’oeuvre de Paul Fejos.
Malgré ou (en raison) de sa simplicité, ce conte hongrois est vraiment touchant et filmé avec une infinie sensibilité. Entre réalisme, poésie puis fantastique, Fejos arrive avec un talent rare à insuffler quelque-chose de tendre et de très touchant à la tragique légende de Marie. En réduisant les dialogues au minimum (et surtout ceux d’Annabella) a retrouvé la clef de la plus pure émotion, qui se lit dans les regards, les non-dits, et traduit la résignation de la pauvre héroïne. La photographie est splendide et Annabella comme transfigurée par son personnage douloureux contre lequel le sort s’acharne. Craintive, épuisée, résignée ou révoltée, je l’ai trouvé lumineuse et magnifique et je classerai sans problème ce rôle comme la meilleure interprétation de sa carrière. La finale fantastique et en effet très similaire au Liliom de Molnar est certes naïve (avec Annabella qui nettoie le plancher au paradis, dans une pièce où tous les meubles scintillent de mille feux) mais terriblement attendrissante. En dépit de ses qualités évidentes, le film fut un fiasco commercial dont pâtit largement Fejos. Si vous avez la chance de le visionner, ne passez pas à coté de ce très beau moment d’émotion.
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Re: Annabella (1907-1996)

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LA BATAILLE de Nicolas FARKAS- France – 1933
Avec ANNABELLA, Charles BOYER, John LODER, Betty STOCKFIELD

En 1905, durant la guerre russo-japonaise, un officier anglais, amoureux d'une jeune japonaise, s'engage sur le cuirassé commandé par le mari de la jeune femme. Il est tué durant la bataille ...

La bataille de Tsou-chima lors de laquelle la flotte japonaise a écrasé celle du tsar en 1905 a inspiré un roman à succès de Claude Farrère, disciple de Pierre Loti. Il fut d’abord porté à l’écran en version muette (avec Sessue Hayakawa et sa femme) et sur scène (avec Charles Boyer dans le rôle de l’anglais). Cette version parlante est la toute première réalisation de Nicolas Farkas, un collaborateur de Pabst, aussi fut il supervisé par Marcel L’herbier.
Hormis la grande bataille finale, il s’agit surtout d’un drame sentimental qui relate les amours d'un officier anglais et d'une belle japonaise. Le film est assez sobre et bénéficie grandement de l’émouvante interprétation de Charles Boyer, grimé en patriote japonais, qui désespéré d’avoir perdu l’amour et la fierté de son épouse finira par se faire hara-kiri devant son portrait.
Les scènes de bataille, probablement tirées d’archives et de documentaires (impressionnant passage quand le navire torpillé coule et que les marins courent le long de la coque) sont plutôt bien agencées et montées.
Malgré ses comédiens déguisés (en 1936, le même Farkas utilisera une Danielle Darrieux aux yeux bridés pour Port Arthur), le film sonne assez juste en nous présentant des personnages aux sentiments intériorisés (comme ceux de la très soumise Annabella) mais d’une grande dignité. C'est un drame correct, mais assez lent et pas le chef d'oeuvre qui fut annoncé par certains journalistes lors de sa sortie. En dépit de son succès aussi bien en France qu’en Angleterre, le film eut du mal à rentrer dans ses frais et le producteur Osso fut contraint de mettre un terme à ses productions.
Il y a peu, j’ai une l’occasion d’admirer le portrait d’Annabella, peint pour le film (celui devant lequel Charles Boyer se poignarde) et que la fille de l’actrice avait conservé. J’aurais dû le photographier pour illustrer ce topic !
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Dernière modification par Music Man le 1 mai 13, 18:33, modifié 2 fois.
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Re: Annabella (1907-1996)

Message par Commissaire Juve »

J'en avais déjà parlé, mais... pour mémoire
Le 16 mars 1937, à Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine), le Parti Social Français (ex Croix-de-feu) organise une projection du film “La Bataille”.

Le bruit court que le colonel de la Rocque va assister à la séance. Le maire (Charles Auffray, maire socialo de 1925 à 1942) fait un scandale, appelle la population laborieuse, les petits commerçants, les artisans, les républicains, les démocrates, à venir manifester contre le fascisme, contre les ennemis du peuple. 6 à 7000 personnes se seraient rassemblés.

La séance a lieu, la Rocque ne vient pas, les gens venus voir le film rentrent chez eux. Mais en début de soirée, un millier de manifestants décident d’aller jouer les "Mélenchon" devant le cordon de policiers qui avait pris place devant le cinéma. Des coups de feu éclatent (on ne sait pas qui a tiré). En entendant les détonations, les autres manifestants décident de rejoindre le cinéma. Ils prennent à partie la police. Les agents sortent leurs armes. Bilan : 5 mort, au moins 200 blessés.
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Re: Annabella (1907-1996)

Message par Music Man »

Le film sera aussi tourné en langue anglaise avec le même Charles Boyer mais Merle Oberon à la place d'Annabella dans le rôle de Mitsouko.
Le parfumeur Guerlain s'est inspiré du nom de l'héroïne du roman de Farrère pour créer un de ses parfums les plus connus.
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Re: Annabella (1907-1996)

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LA BAIE DU DESTIN (wings of the morning) de Harold D SCHUSTER – GB- 1937
Avec ANNABELLA, Henry FONDA et Leslie BANKS

Un lord irlandais tombe amoureux d’une gitane et l’épouse, à la grande honte de sa famille. Quand il meurt d’un accident de cheval, elle est chassée sans ménagement de la propriété.

La baie du destin est le premier film anglais (et européen) en technicolor. On sent que le cinéaste a voulu profiter au maximum des nouvelles possibilités en proposant un film-patchwork , presque décousu, avec des éléments disparates semblant issus d’histoires différentes, mais toujours hauts en couleurs : une fête gitane, une course de chevaux au Derby, un récital d’un ténor irlandais légendaire…
Le film n’a d’autres ambitions que distraire et dépayser au maximum le public : ici, aucune analyse psychologique des personnages, c’est plutôt un conte de fée bariolé dans la verte Erin. Les couleurs sont jolies même si le vert des prairies n’est pas très bien rendu. Energique et fougueuse, la resplendissante Annabella y paraît de façon très avantageuse, qu’elle joue une brune gitane, qu’elle se déguise en adolescent ou incarne une élégante lady. Elle est même meilleure que dans beaucoup de ses films français et particulièrement épatante dans les séquences où elle se fait passer pour un garçon, qui sont fort cocasses et rappellent la reine Christine. Un film sans substance certes, mais absolument charmant qui rend grâce à une délicieuse Annabella : il remporta un très grand succès international et valut à la star française d’obtenir un contrat pour Hollywood.
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Re: Annabella (1907-1996)

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PARIS MEDITERRANNEE de Joe MAY- 1932
Avec ANNABELLA, Jean MURAT et Frédéric DUVALLES

Une petite vendeuse accompagne en voiture vers la Côte d'Azur, un garçon qu'elle croit de condition modeste mais qui n'est autre qu'un riche Lord

Paris Méditerranée est une comédie trépidante et absolument délicieuse , que je classerais d’emblée parmi les meilleurs dans la catégorie des films franco allemands, vaguement musicaux, tournés au début du parlant.
A mon goût, le film est même meilleur et plus rythmé que le Million de René Clair (moins subtil peut être mais moins daté, avec une partition musicale bien plus jolie), avec une très intéressante utilisation de la musique (passage où les clients du magasin se disputent mais où leurs échanges sont remplacés par de la musique), et une belle virtuosité de la caméra , surtout dans les premières séquences. L’histoire est très amusante, et ce périple à travers la campagne française souvent fort drôle et très bien mené par le duo Annabella-Jean Murat, qui fit rêver tant de spectateurs au début des années 30. A un moment, la voiture se met même à se secouer toute seule et à trépigner de joie, comme dans un cartoon ! Duvalles est amusant dans le rôle du benêt un peu borné.
En outre, quelques années avant les congés payés, cette histoire de vacances au soleil un peu miraculeuses possédait vraiment un vent de fraîcheur qui n’a pu qu’emballer le public (joli moment quand Murat demande à Annabella de fermer ses yeux à la sortie du tunnel, et qu’elle découvre enfin la Méditerranée), et conserve du coup un charme rétro qui capte bien sur pellicule tout le charme d’une époque révolue. Un grand merci à Ann Harding.
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Re: Annabella (1907-1996)

Message par Commissaire Juve »

Ça fait envie... mais... :?
Y aura toujours quelqu'un pour éditer "Mega shark vs giant octopus", mais pour ce genre de film, on peut se gratter.

Incidemment : quelle horrible affiche ! Annabelle se retrouve carrément avec la tête d'Orane Demazis !
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