Gene Tierney (1920-1991)

[O'Malley]

16 films de Gene Tierney, et pas des moindres, sont à disposition actuellement sur TCM et accessible gratuitement sur Molotov jusqu’à la fin du mois.

Vu justement hier Belle Star d'Irving Cummings et j'ai cru à un bon petit western sympathique durant les deux premiers tiers du film, malgré le jeu un peu trop outré de Gene Tierney que souligne justement Jeremy Fox dans sa chronique (mais pour moi, compensé par son irradiante beauté magnifiée par le Technicolor éblouissant de Natalie Kalmus)... sauf que la dernière demi-heure perd toute crédibilité avec la prise de conscience trop brusque et pas du tout crédible du personne principal. Le reste des péripéties s'enchaînent alors sans grand intérêt et c'est dommage tant la beauté de la photographie, des décors de la plantation et de certains extérieurs est un régal pour les yeux (surtout que nous avons droit à une copie HD superbe), le couple Gene Tieney- Randolph Scott est charmant et ce mélange d'Autant en emporte le vent et de western traditionnel ne manquait pas de curiosité et était rondement mené, avec un sens du dialogue très vif.

[Supfiction]

le couple Gene Tieney- Randolph Scott est charmant

Tout à fait.

[Supfiction]

vu à l’instant Le Rideau De Fer… et c’est vraiment pas formidable Dans Amis Américains, Tavernier notait que c’est un film où Wellman a placé toutes ses convictions et non une simple commande comme pourrait le laisser croire un propos gentiment propagandiste. Ça explique d’autant moins le manque d’enthousiasme qu’entraîne le film. Sur le travail de mise en scène de Wellman, y a rien à redire pourtant. Il y a un soin du cadrage, une photographie appréciable et même une utilisation savoureuse de la musique (celle-ci se compose de morceaux de musique classique que les espions utilisent en fond sonore pour masquer leurs conversations). C’est bien fait et carré mais ça ne rachète pas un scénario très banal. Le film s’inspire de l’histoire vraie d’Igor Gouzenko et le script prend plus à cœur de reconstituer soigneusement les faits que d’en tirer une bonne histoire. Le ton est très scolaire avec une voix-off solennelle et le rythme pantouflard. C’est assez dommage parce que quelques scènes entre le héros et son épouse montre qu’il y a un spectacle au combien plus émouvant à proposer.[/justify]

Je viens de le voir et je suis globalement d’accord avec toi. Le début est laborieux, la fin trop rapidement expédiée et la propagande finale n’arrange rien. Néanmoins, il y a une vraie tension palpable et plusieurs séquences très réussies notamment dès que Gene Tierney apparaît dans l’intrigue et que l’on sort du carcan de l’ambassade soviétique. Le film a peut-être été conçu trop tôt pour pouvoir être réalisé de manière moins didactique, naïve et coincée. Les scènes familiales sont de loin les plus réussies même si l’on a un peu de mal à croire que Gene et Dana (coiffé en brosse pour l’occasion) soient des citoyens russes. En dépit de cela, leur couple fonctionne toujours aussi bien.

[Supfiction]

Revu pour l'occasion sur TCM The razor's edge / Le Fil du rasoir (1946) que je n'avais pas vu depuis une quinzaine d'année facile. Gene Tierney y tient l'un de ses rôles les plus ambigus et intéressants puisqu'elle joue une femme amoureuse mais quelque-peu vénale (tout du moins exigeante matériellement) et sans pitié lorsqu'il s'agit de concurrence féminine (Anne Baxter impeccable de fragilité) pour garder l'homme qu'elle aime auprès d'elle. Loin de la démente de Péché Mortel, elle tient ici un personnage en demi-teinte, oscillant continuellement entre le charme, la douceur maternelle et l'intransigeance totale. C'était difficile, mais elle arrive à rendre son personnage antipathique. Dans le même temps elle forme avec Tyrone Power un couple à la beauté sidérante, l'un comme l'autre. On ne verra jamais un couple aussi beau peut-être jusqu'à Delon-Schneider.

Adaptation de Maugham, le film est profond même si ce n'est pas sans une certaine naïveté (le périple mystique en Inde et son retour plein de sagesse).
Chose très agréable dans ce film : l'authenticité des nombreuses scènes se passant en France. C'est très rare voire même unique pour un film américain de cette époque : on a vraiment l'impression d'être en France, et surtout, les personnages français (même secondaires) parlent vraiment français et non le baragouinage habituel d'acteurs anglo-américains parlant quelques mots de français. Ce sont (à une ou deux exceptions prêt) des français aux accents parisiens ou méridionaux authentiques. Et Tyrone Power et Gene Tierney ont même plusieurs répliques en français très compréhensible.
Casting secondaire d'exception avec John Payne, Anne Baxter, Clifton Webb (un peu dans le même registre que dans Laura) et l'excellent Herbert Marshall.

[The Eye Of Doom]

Je l'avais completement oublié celui-la.
Il etait passé lors d'un fameux cycle Gene Tierney du cinema de minuit dans les annees 80.
A (re)decouvrir donc voilà visiblement.

[bienvenu]

The Razor's edge est effectivement un bon film, surprenant et sombre, sur l'entre deux guerres, même si certaines scènes (le héros en Inde) ont très mal vieilli alors que paradoxalement le roman abordait là des thèmes très en avance sur son temps.

2020 est le centenaire de Gene Tierney : en novembre, faites découvrir le plus de ses films en prêtant par exemple vos dvd aux ami.e.s non encore "initié.e.s" !

[Supfiction]

[Erich]

Documentaire assez convenu, avec musique d'ambiance et banalités au kilomètre (je ne veux pas être injuste mais il me semble que c'est un peu toujours le cas avec les docs des sœurs Kuperberg, d'après les quelques-uns que j'ai vus ?). Très superficiel sur le plan des informations et des recherches (on se contente d'une voix off qui lit des extraits de l'autobiographie de Gene Tierney) et, tout en ayant conscience que le format de 52 min est toujours ingrat pour traiter sérieusement un sujet, on s'étonne que, par exemple, Shanghai Gesture soit escamoté. Comme c'est malheureusement le cas dans la plupart des documentaires d'aujourd'hui sur le cinéma, on sent le casse-tête lié aux problèmes de droits, qui obligent à jongler avec des micro-extraits, des bouts de bandes-annonces et des archives bouche-trou. Malgré tout, ce n'est pas désagréable, grâce notamment à la qualité de certains intervenants (Scorsese en particulier, qui dit des choses assez pertinentes) et c'est en tout cas moins médiocre que le portrait de Jack Lemmon par les mêmes réalisatrices, rediffusé récemment sur Arte, qui était un festival de platitudes.