Les Bourreaux Meurent Aussi (Fritz Lang - 1943)
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Les Bourreaux Meurent Aussi (Fritz Lang - 1943)
Notre spécialiste du Fritz Lang américain a répondu présent, une nouvelle fois, pour ce film assez peu connu de l'exilé allemand à Hollywood.
Bonne lecture.
Les Bourreaux meurent aussi
Bonne lecture.
Les Bourreaux meurent aussi
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- Euphémiste
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Re: Les Bourreaux meurent aussi
Tres intéressante chronique.
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Mes dvd
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Re: Les Bourreaux meurent aussi
En effet...j'ai particulièrement apprécié les anecdotes sur la génèse du film et les rapports entre Fritz Lang, Bertold Brecht et John Wesley...
Trés bon film d'espionnage avec un contre-emploi remarquable pour Walter Brennan: les captures en donnent déjà une petite idée.
Trés bon film d'espionnage avec un contre-emploi remarquable pour Walter Brennan: les captures en donnent déjà une petite idée.
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Je viens de redécouvrir le film de Lang, après une tentative de visionnage passablement ratée du film en version courte et vf édité par Aventi il y a 2-3 ans. La qualité technique du dvd Carlotta, bien que très perfectible, est nettement meilleure que l'Aventi, et comme le souligne la "Chronique Classik" il faut aussi la voir comme un document rare. De toutes façons avec les films de Lang il y a trop souvent des problèmes de droit récurrents qui empêchent, pour l'instant, d'avoir des masters impeccables dès qu'il ne s'agit pas de films de gros studios. On est donc quelque peu habitués, malheureusement.
Bref.
Bien aimé, dans l'ensemble. Le spectacle se laisse savourer mais le film semble parfois bien trop long. En fait, j'ai surtout apprecié la première demi-heure et quelques séquences individuelles, par la suite. Je trouve que la première demi-heure permet assez bien au spectateur de se rendre compte de la soumission que subit un pays envahi, de la pression psychologique d'une population qui doit se mettre au pas. On sent nettement la liberté s'évaporer et les contraintes devenir plus fréquentes.
Dans le même esprit, il est logique de voir la population s'unir comme elle peut, en l'occurence quand il s'agit d'accuser le traitre Czaca. Par de nombreux élements du scénario, on sent l'élan unificateur dans la lutte des peuples pour retrouver leur liberté.
Dommage que, passée cette première demi-heure, le film change un peu de genre, jouant sur d'autres registres avec une efficacité moins reserrée, un rythme moins tendu.
Niveau casting, je suis moins fan de Anna Lee. Par contre je retiendrai Brian Donlevy (qui ne m'enthousiasmait pas plus que cela auparavant), ainsi que l'acteur qui joue Czaca, et surtout Walter Brennan méconnaissable et très convaincant
J'ai aussi retrouvé certains défauts du réalisateur, notamment un certain penchant à la caricature. Si tout n'est pas exagéré au même niveau, quelques personnages (allemands) sont dessinés comme des prototypes nazis, cruels de base et pas forcément malins (notamment le méchant bourreau assassiné au début). Il y a aussi des relents visuels du cinéma muet que Lang reprend de temps en temps, des regards surjoués, des scènes composées comme au théâtre. Je retrouve cela assez régulièrement chez Lang, ça m'agaçait plutôt dans le temps, moins aujourd'hui. Peut-être y a-t-il le bénéfice du doute concernant un certain élan de propagande, nécessaire, pour rassembler les peuples du monde contre le nazisme, et qui nécessite une certaine exagération et un discours qui va droit au but, privilégiant l'efficacité sans trop forcer sur les nuances.
Bref.
Bien aimé, dans l'ensemble. Le spectacle se laisse savourer mais le film semble parfois bien trop long. En fait, j'ai surtout apprecié la première demi-heure et quelques séquences individuelles, par la suite. Je trouve que la première demi-heure permet assez bien au spectateur de se rendre compte de la soumission que subit un pays envahi, de la pression psychologique d'une population qui doit se mettre au pas. On sent nettement la liberté s'évaporer et les contraintes devenir plus fréquentes.
Dans le même esprit, il est logique de voir la population s'unir comme elle peut, en l'occurence quand il s'agit d'accuser le traitre Czaca. Par de nombreux élements du scénario, on sent l'élan unificateur dans la lutte des peuples pour retrouver leur liberté.
Dommage que, passée cette première demi-heure, le film change un peu de genre, jouant sur d'autres registres avec une efficacité moins reserrée, un rythme moins tendu.
Niveau casting, je suis moins fan de Anna Lee. Par contre je retiendrai Brian Donlevy (qui ne m'enthousiasmait pas plus que cela auparavant), ainsi que l'acteur qui joue Czaca, et surtout Walter Brennan méconnaissable et très convaincant
J'ai aussi retrouvé certains défauts du réalisateur, notamment un certain penchant à la caricature. Si tout n'est pas exagéré au même niveau, quelques personnages (allemands) sont dessinés comme des prototypes nazis, cruels de base et pas forcément malins (notamment le méchant bourreau assassiné au début). Il y a aussi des relents visuels du cinéma muet que Lang reprend de temps en temps, des regards surjoués, des scènes composées comme au théâtre. Je retrouve cela assez régulièrement chez Lang, ça m'agaçait plutôt dans le temps, moins aujourd'hui. Peut-être y a-t-il le bénéfice du doute concernant un certain élan de propagande, nécessaire, pour rassembler les peuples du monde contre le nazisme, et qui nécessite une certaine exagération et un discours qui va droit au but, privilégiant l'efficacité sans trop forcer sur les nuances.
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Re:
Je suis à moitié d'accord sur cette partie. Les portraits des soldats allemands ne me semblent pas aussi caricaturés. Lang a d'ailleurs expliqué que ses personages allemands dans ses films américains correspondaient très souvents à de vrais personnes qu'il avait connues. Dès lors, cette vision qui s'accorde effectivement avec la propagande en place peut apparaître manichéenne, mais elle dépasse cet élément par le biais d'un ressenti plus concerné, plus personnel, pas aussi limité que des prototypes, à mon sens.Nestor Almendros a écrit : J'ai aussi retrouvé certains défauts du réalisateur, notamment un certain penchant à la caricature. Si tout n'est pas exagéré au même niveau, quelques personnages (allemands) sont dessinés comme des prototypes nazis, cruels de base et pas forcément malins (notamment le méchant bourreau assassiné au début). Il y a aussi des relents visuels du cinéma muet que Lang reprend de temps en temps, des regards surjoués, des scènes composées comme au théâtre. Je retrouve cela assez régulièrement chez Lang, ça m'agaçait plutôt dans le temps, moins aujourd'hui. Peut-être y a-t-il le bénéfice du doute concernant un certain élan de propagande, nécessaire, pour rassembler les peuples du monde contre le nazisme, et qui nécessite une certaine exagération et un discours qui va droit au but, privilégiant l'efficacité sans trop forcer sur les nuances.
Sinon, j'aime beaucoup cet excellent film, très bien mis en scène, qui propose des situations intenses.
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l'avis d'Alligator du 22 août 2008
Hangmen Also Die! (Les bourreaux meurent aussi) (Fritz Lang, 1943) :
_______________
Un Fritz Lang mineur quand même. Je ne sais à quel point la présence de Bertold Brecht est anecdotique tant ma méconnaissance de l'auteur est vaste, mais j'ai apprécié certains passages pour l'espèce de lyrisme ou poésie dite, pleine d'émotion et d'angoisse mêlées. Le film de propagande joue sur cette tension palpable, l'on sent les comédiens ô combien concernés, tant l'actualité résonne. Les balles sifflent, à moins que ce ne soient des corbeaux. La peinture du nazisme d'occupation fait froid dans le dos. Les bourreaux portent bien leur nom.
J'ai vu la version longue, qui elle également porte malheureusement un peu trop bien son nom. La partie introductive tire en longueur. A partir du moment où la Gestapo et la Wermacht organisent leur chantage odieux avec les otages, le film monte d'un cran.
On n'est qu'à moitié étonné par la prestation de Brennan. Quand on sait si bien joué les ivrognes ou les naïfs, rien de surprenant à dévoiler des talents autres. Il joue ici un historien tchèque avec justesse. Le discours lettre à son fils reste un moment fort du film.
Un acteur que je ne connaissais pas - du moins sa tête me dit quelque chose, mais elle parle trop bas, j'entends mal - a bienheureusement attiré mon attention. Il s'agit de Gene Lockhart qui joue ici le rôle d'un collabo veul et gras. Son double jeu lui vaut d'offrir au spectateur friand que je suis une multitude d'attitudes toutes aussi bien exécutées. Un plaisir.
C'est beaucoup moins le cas avec la petite Anna Lee, mais surtout avec l'impassible Brian Donlevy. J'ai quelque difficulté à trouver dans ma faible mémoire une riche gamme de rictus chez le bonhomme, il est vrai.
Quelques plans ici ou là, jeux d'ombres et lumière, jeux de cadres et de mouvements viennent rappeller qu'un maître est aux manettes. Malheureusement le projet politique et didactique du film fait perdre à Lang un sens et une dynamique plus à même d'émoustiller le spectateur pour l'éternité.
Quelques plans par ci, quelques numéros d'acteurs par là ne font pas un très grand film.
Hangmen Also Die! (Les bourreaux meurent aussi) (Fritz Lang, 1943) :
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Un Fritz Lang mineur quand même. Je ne sais à quel point la présence de Bertold Brecht est anecdotique tant ma méconnaissance de l'auteur est vaste, mais j'ai apprécié certains passages pour l'espèce de lyrisme ou poésie dite, pleine d'émotion et d'angoisse mêlées. Le film de propagande joue sur cette tension palpable, l'on sent les comédiens ô combien concernés, tant l'actualité résonne. Les balles sifflent, à moins que ce ne soient des corbeaux. La peinture du nazisme d'occupation fait froid dans le dos. Les bourreaux portent bien leur nom.
J'ai vu la version longue, qui elle également porte malheureusement un peu trop bien son nom. La partie introductive tire en longueur. A partir du moment où la Gestapo et la Wermacht organisent leur chantage odieux avec les otages, le film monte d'un cran.
On n'est qu'à moitié étonné par la prestation de Brennan. Quand on sait si bien joué les ivrognes ou les naïfs, rien de surprenant à dévoiler des talents autres. Il joue ici un historien tchèque avec justesse. Le discours lettre à son fils reste un moment fort du film.
Un acteur que je ne connaissais pas - du moins sa tête me dit quelque chose, mais elle parle trop bas, j'entends mal - a bienheureusement attiré mon attention. Il s'agit de Gene Lockhart qui joue ici le rôle d'un collabo veul et gras. Son double jeu lui vaut d'offrir au spectateur friand que je suis une multitude d'attitudes toutes aussi bien exécutées. Un plaisir.
C'est beaucoup moins le cas avec la petite Anna Lee, mais surtout avec l'impassible Brian Donlevy. J'ai quelque difficulté à trouver dans ma faible mémoire une riche gamme de rictus chez le bonhomme, il est vrai.
Quelques plans ici ou là, jeux d'ombres et lumière, jeux de cadres et de mouvements viennent rappeller qu'un maître est aux manettes. Malheureusement le projet politique et didactique du film fait perdre à Lang un sens et une dynamique plus à même d'émoustiller le spectateur pour l'éternité.
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Re: Les Bourreaux Meurent Aussi (Fritz Lang - 1943)
Pour moi, une intéressante réussite. Malgré certaines facilités dans la caricature ou scories, Les Bourreaux meurent aussi bénéficie d'un très bon scénario qui, tout en remplissant fort efficacement son objectif engagé, s'inscrit en plein dans l'attachement thématique de Lang pour le geste meurtrier ou le poids de la culpabilité et ses conséquences collatérales. Le film souffre sans doute d'une trop longue durée, ou, tout du moins, d'un rythme pas toujours très soutenu. Ce qui est dommage car l'histoire ménage beaucoup de rebondissements. Mais la valeur historique de ce document (en tant que film anti-nazi portant en outre sur un pays soumis peu traité au cinéma me semble-t-il) rend sa découverte assez forte, d'autant que la "pesanteur" du contexte dépeint transpire encore de toute part comme une marque indélébile, grâce à des comédiens impliqués ou fébriles, une tension dramatique continue et l'effroi qu'inspirent les conditions de vie des Tchèques sous domination allemande. Un très bon Lang.
- Jeremy Fox
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