SUPERSTAR : THE KAREN CARPENTER STORY de Todd HAYNES – 1987
En 1983, Karen Carpenter, la chanteuse du duo des Carpenters, qui a vendu un nombre incroyable de disques dans les années 70, est retrouvée morte dans son appartement, à 32 ans, d’une crise cardiaque liée à son extrême faiblesse et à son inquiétante maigreur . En flash-back, le film revient sur la carrière du groupe et l’anorexie dont souffrait la chanteuse.
Ce film d’animation qui plus qu’un hommage à la chanteuse, se veut aussi un document d’information sur les dangers de l’anorexie, a été réalisé avec des poupées Barbie. Un choix assez judicieux, quand on sait combien ce genre de poupée, tout comme les mannequins retouchés des magazines, ont longtemps véhiculé une image de femme parfaite et longiligne qui s’est révélée terriblement nocive et culpabilisante pour les femmes. En outre, ces poupées représentent bien le monde complètement aseptisé et rose bonbon que véhiculait aussi le duo des Carpenters avec ses chansonnettes incroyablement guimauves, noyées dans des chœurs melliflus, sauvées par la belle voix de Karen .
Un monde factice dans lequel la chanteuse des Carpenters n’arrivait pas à trouver place. Trop couvée par ses parents, un frère et un producteur qui ne voient en elle qu’une mine d’or, la chanteuse sombrait dans l’anoréxie mentale en refusant la moindre nourriture et en usant immodérément de laxatifs.
Sa famille semblait avoir beaucoup de mal à comprendre la gravité de son état et ses implications psychologiques. (il faut dire aussi que la maladie était mal connue dans les années 70). Surtout, ils ne voulaient pas nuire à l’image si saine du duo de chanteurs.
L’animation des poupées est des plus rudimantaire, pourtant, le montage des séquences où apparaissent les poupées avec des scènes issues de la guerre du Vietnam, et d’autres furtives visions cauchemardesques, donne un aspect effrayant et alarmant à l’ensemble et au final assez réussi. Il y a un petit côté Andy Warhol assez expérimental dans le curieux résultat qui est loin d’être inintéressant. Au passage on retrouve les principaux tubes de Carpenters, appréciables à dose homéopathiques (heureusement que Karen les chantait merveilleusement bien !).
Pour des problèmes de droits sur les chansons(le cinéaste n’a apparemment fait aucune démarche pour les obtenir !!), le film est officiellement interdit depuis des années…mais disponible sur youtube ! L’image est hélas de très mauvaise qualité.