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Re: Cinémas d'Amérique latine

Publié : 18 oct. 08, 01:08
par bruce randylan
Ah oui, merci de l'info.
Je sais quoi faire de mes bons d'achat sur alapage :D

D'ailleurs, la semaine prochaine sur Arté il y a Bombon le chien de Carlos Sorin. Si c'est aussi bon que son historias Minimas, y-a moyen que je tienne un prétendant sérieux au film du mois .

Re: Cinémas d'Amérique latine

Publié : 18 oct. 08, 01:32
par santiago
C'est une petite merveille !

Re: Cinémas d'Amérique latine

Publié : 4 janv. 09, 21:49
par Music Man
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LA MARY – de Daniel Tinayre – ARGENTINE -1974
Avec Susanna GIMENEZ, Carlos MONZON, Olga ZUBARRY

En 1940 en Argentine, Mary a reçu une éduction des plus strictes, aussi la gamine est complètement traumatisée en surprenant ses parents parlant d’avortements et en discutant avec des gamins de son âge qui connaissent pas mal de choses sur la sexualité. Devenue grande, elle tombe amoureuse d’un boxer, mais se refuse à lui en attendant le mariage. Sa crainte de la sexualité confine vite à la psychose et elle commence à menacer son fiancé d’un couteau. Finalement, le mariage a lieu et pour Mary tout semble rentrer dans l’ordre y compris sexuellement. Néanmoins, le décès de sa belle sœur à la suite d’un avortement et la mort accidentelle de son beau frère vont la plonger dans une folie criminelle.

Sans être un chef d’œuvre, il s’agit d’un drame intéressant. Le portrait de cette jeune femme dont les rêves purs (depuis son enfance, elle se berce de pièces de théâtre à l’eau de rose diffusées à la radio, et de romances au cinéma) viennent se heurter à une réalité qui lui parait horrifiante est convaincant et bien mis en scène par Daniel Tinayre qui en profite pour dépeindre les contradictions d’une société hypocrite et ultra conservatrice en apparence, alors que l’avortement y est très répandu (il faut dire aussi que c’est le début de la guerre et que la plupart des ménages sont dans l’impossibilité matérielle de faire face à une nouvelle naissance). On comprend vite le malaise de la jeune fille : Tout ce qui concerne la sexualité lui est soigneusement caché et dissimulé par ses parents, aussi l’adolescente à l’esprit fleur bleue est-elle bouleversée quand elle surprend des conversations privées ou apprend que sa meilleure amie qui l’a choisie pour témoin de son mariage a en fait précipité les noces car elle est enceinte et que ses tentatives pour avorter se sont avérées vaines.
En dépit du désir ardent qui l’habite et du fait qu’elle semble beaucoup apprécier ses relations avec son mari (ce qui donne lieu à quelques scènes très sexy et plutôt racoleuses entre Miss Gimenez et Carlos Monzon, notamment dans un ascenseur, pour attirer le public masculin), Mary a du mal à canaliser ses sentiments et éprouve un dégoût du moins rétrospectif pour tout ce qui concerne la sexualité et ne parvient finalement jamais à surmonter cet antagonisme.
Elle finira par assassiner son mari, après avoir revêtu sa robe de mariée.
Susana Gimenez, devenue une des plus populaires animatrices de la télé argentine, donne une très bonne prestation. A ses cotés, Daniel Tinayre, visant le marché international, voulait à l’origine engager Terence Hill. Finalement le rôle du mari échouera au boxer Carlos Monzon (champion du monde de 1970 à 1977) qui s’en tire correctement en apparence (en fait, ses dialogues ont été doublés à posteriori par un comédien car le boxeur n’arrivait pas à dire ses lignes de façon convaincante).
Un film à découvrir.

Re: Cinémas d'Amérique latine

Publié : 8 janv. 09, 23:37
par Music Man
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ESPOSA ULTIMO MODELO de Carlos SHLIEPER – ARGENTINE -1950
Avec Mirtha LEGRAND, Angel MAGANA

Une jeune fille gâtée et excentrique tombe amoureuse d’un avocat en quête d’une fée du logis. Pour l’épouser, elle se fait passer pour un cordon bleu et une parfaite ménagère. Mais elle ne va pas parvenir longtemps à continuer sa comédie ;

Une screwball comédie à l’américaine. La très jolie Mirtha Legrand est parfois drôle dans son rôle de chipie qui tente de berner son mari (en cachant chez elle une armada de cuisinier et de servantes pour faire la cuisine et le ménage à sa place), parfois exaspérante, mais c’est son personnage qui veut ça. Le ton est très rapide. Un peu bavard tout de même. Au final, la mondaine frivole devient une ménagère accomplie, on est rassuré !
:(
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Re: Cinémas d'Amérique latine

Publié : 18 janv. 09, 18:11
par Music Man
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AMOR EN LA SOMBRA de Tito DAVIDSON – Mexique- 1959
Avec Libertad LAMARQUE, Enrique RAMBAL, Yolanda VARELA

Mariela (Yolanda Varela) veille avec beaucoup d’amour sur son papa malade, qu’elle vénère profondément ;
Aussi, est-elle bouleversée quand ce dernier, très malade du cœur décède d'une crise cardiaque alors qu’il était au téléphone avec une femme lui murmurant des mots d’amour.
Comment ce père qu’elle chérissait tant pouvait avoir une maîtresse. La jeune femme va tomber des nues en découvrant qu’il s’agit de sa chanteuse préférée et confidente la fameuse Claudia (Libertad Lamarque). Saura-t’elle pardonner ?

Décidemment les mexicains ont le chic pour bricoler des mélos chargés d’émotion. Quelle est la recette ? La réalisation semble pourtant si conventionnelle. Le thème si moralisateur. Et pourtant la tension grimpe au fil de l’intrigue jusqu’à l’affrontement entre la fille et la maîtresse.
L’interprétation, excellente, y est certainement pour beaucoup. Dans son jeu comme dans ses nombreuses chansons, la chanteuse argentine Libertad Lamarque ne lésine pas sur l’émotion.
Au programme musical plus de tangos que de boléros dont l’inusable adios pampa mia et une jolie chanson dramatique « adios amor ». Allez, je rassure les potentiels spectateurs, à la fin, la pauvre Libertad sera pardonnée .

Re: Cinémas d'Amérique latine

Publié : 31 janv. 09, 10:55
par Music Man
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LA RED (le filet) d’Emilio FERNANDEZ-Mexique- 1953
avec Rossana PODESTA, Crox ALVARADO

Avis de Nestor Almendros
J'ai été plutôt décontenancé par le ton contemplatif et le jeu théatral. Ca m'a fait penser à L'ILE NUE, surtout par son décor (bord de mer exotique, sa quasi absence de dialogues et sa musique omniprésente). C'est surtout pendant la 2e moitié que j'ai commencé à apprécier. Certaines scènes sont très belles, je pense notamment aux scènes de séduction. Et il faut tout de même saluer l'effort d'originalité...LA RED (Cinéma de Minuit)

avis de Frédéric
Eh beh, alors là, je dois dire whaouh ! Film puissant, intriguant et curieux où la nature et l'océan joue un rôle primordial. Film expérimental quasiment muet. Une très grosse découverte pour moi et que dire de Rossanna Podesta

Re: Cinémas d'Amérique latine

Publié : 31 janv. 09, 10:57
par Music Man
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CARREFOUR DU VICE (Perdida) de Alberto Gout –Mexique- 1949

Avec Ninon Sevilla, Agustin Lara

Après avoir été abusée par son père, la jeune Rosario prend la fuite et rencontre sur sa route un proxénète qui la viole et la conduit en maison close. Lors d’une garde à vue en prison, elle fait la connaissance d’un vieil avocat qui lui offre le gite et le couvert, et une relation platonique : elle lui rappelle tellement son épouse décédée qu’il ne parvient à oublier. Mais la belle Rosario le quitte pour un jeune homme très amoureux qui veut la présenter à ses parents : hélas, son père est un de ses anciens clients ! Elle retrouve ensuite un ami d’enfance qui lui promets monts et merveilles, mais se garde bien de lui dire qu’il est marié. Quand elle l’apprend, Rosario n’a plus qu’une issue : le suicide.

Le décor est planté : c’est encore un mélo rocambolesque, tel que les aimait le public mexicain. Mais dans le genre, on a vu mieux (je pense à Femmes interdites et Maison de rendez-vous avec la même Ninon Sevilla). Plusieurs passages musicaux viennent apporter un peu d’air frais à cette sordide histoire. Les Los Panchos et Pedro Vargas enchantent par leurs boléros langoureux. Miss Sevilla, bien mise en valeur dans les gros plans, danse avec frénésie mais peu de grâce, des sambas et autres danses afro-cubaines dont les mouvements lascifs et la lourde sensualité tranchent vraiment avec l’érotisme si sophistiqué et clean des films hollywoodiens de l’époque. Cependant ses numéros d’entraîneuse cadrent bien avec les cabarets louches dans lesquels elle est censée évoluer. On retiendra son numéro « la mucura », avec une cruche sur la tête (chanson qui eut son heure de gloire chez nous). Elle exécute aussi une samba avec un costume que n’aurait pas renié Carmen Miranda. Quant à son numéro du début avec les boys déguisés en superman, il bat des records de kitsch-moche.
Agustin Lara, le célèbre compositeur de « Granada » air figurant toujours au répertoire des plus grands ténors et d’autres tubes incontournables, tient bien son rôle d’homme meurtri.
Du spectacle populaire jamais ennuyeux mais à consommer au second degré.
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Re: Cinémas d'Amérique latine

Publié : 31 janv. 09, 11:00
par Music Man
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NOCHES DE CABARET de Rafael Portillo -1978- MEXIQUE
Avec Jorge RIVERO, Sasha MONTENEGRO, Carmen SALINAS

La comédie musicale est un genre à part. On ignore parfois qu’il existe une multitude de sous-genres comme les rumberas, mélo musicaux mexicains des années 50 tournés dans les bars louches, avec mauvais garçons et prostituées sur fond de mambo, rumba et boléro (et dont Ninon Sevilla, Rosa Carmina et Maria Antonieta Pons furent les stars emblématiques).
Les années 70 donnèrent naissance, toujours au Mexique, à un sous-genre dérivé, les « ficheras » (ce qui signifie escort girl dans les cabarets latinos), toujours situés dans les cabarets, avec salsas, musique ranchéras et vieux boléros , toujours des filles faciles, mais le mélo n’est plus du tout de mise : il s’agit plutôt de comédies coquines et vulgaires truffées de blagues vaseuses et de sous-entendus vulgaires avec beaucoup de nudité.
Un genre considéré par beaucoup comme le degré zéro du cinéma mexicain.
Vaguement inspiré de Victor Victoria, l’intrigue tourne autour d’un macho (le très musclé Jorge Rivero qui tourna aussi des films plus ambitieux comme Rio Lobo avec John Wayne) client assidu des cabarets interlopes qui a le coup de foudre pour un travesti. Blessé dans son orgueil de mâle, il se rend chez un psychiatre puis tente de se suicider : il découvre alors que le beau travesti est une femme, et pour bien lui prouver, elle lui fait un strip-tease intégral. La troublante Sasha Montenegro (qui deviendra par la suite l’épouse d’un président mexicain) n’est pas la seule à se déshabiller dans ce film, qui regorge de femmes nues dont une acrobate aux fesses incroyablement disproportionnées (à la mesure des fantasmes des sud américains, sans doute).
Beaucoup de plaisanterie grivoises et encore plus de musique, avec de beaux numéros de Carmen Salinas qui imite avec talent Lola Beltran (dont elle reprend le célébrissime cucurucucu paloma) ou Maria Victoria.
Je ne sais pas si c’est le degré zéro du cinéma (j’ai vu bien pire dans certaines productions de Bollywood), mais pas de problèmes : ce n’est pas un chef d’œuvre. A voir pour le fun, au troisième degré, car au moins ce n’est pas ennuyeux.

Re: Cinémas d'Amérique latine

Publié : 31 janv. 09, 11:02
par Music Man
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OPERACION ROSA ROSA (1974) de Leo FLEIDER – ARGENTINE
Avec SANDRO, Laura BOVE

Sandro, la grande vedette de la chanson argentine des années 60-70 a tourné quelques films au faîte de sa gloire, qui ne sont pas d’une grande valeur artistique et c’est un euphémisme. Du coup, cette opération Rosa rosa (inspirée de son plus grand succès dans la chanson en 1967) est plutôt meilleure que d’habitude.
Cette parodie des films d’espionnage est plutôt sympa et par moment assez drôle, même si on n’a jamais l’impression de regarder un film mais plutôt une des innombrables séries télé qui pullulaient sur les petits écrans (genre Mannix, le magicien, chapeau melon etc…).
L’intrigue est puérile :
Un chanteur de variétés (Sandro) est chargé d’espionner de dangereux criminels qui veulent anéantir la planète en propageant une bactérie hautement dangereuse dans l’eau courante. Pour s’infiltrer parmi les criminels, dont le chef est un grand couturier (qui ressemble à Grand-mère de Chapeau melon), la copine et collègue de Sandro n’a aucun mal à séduire le membre du gang le plus sensible à la gente féminine. Mais très vite, Sandro est repéré et séquestré par les vilains qui veulent l’électrocuter de bien curieuse façon…
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Les gags font parfois mouche, tant ils sont grotesques quand notamment, Sandro espionne sa copine en escaladant sa fenêtre, avec un rétroviseur attaché au bout d’un bâton (vraiment les espions argentins n’étaient pas à la pointe de la technique), avant de dégringoler en craquant son pantalon.
Les « méchants » sont un peu mieux équipés, avec une machine animant un pantin désarticulé qui danse les claquettes tout en envoyant des décharges électriques.
Dans le rôle principal, Sandro roule les mécaniques, pantalon hyper moulant et chemise largement ouverte sur une épaisse moquette, en se déhanchant exagérément sur les chansons les plus rythmées : là aussi on rigole, mais je ne suis pas sûr que l’artiste ait voulu s’auto parodier puisqu’il joue cette carte dans tous ses films et ses shows ;
Coté chansons, on est servi, et comme elles ne sont pas faciles à intégrer au récit, dès qu’il y a une scène de cabaret, Sandro en enchaîne deux voire 3 d’affilée, avec sa voix tremblée qui évoque un peu celle de Julien Clerc ou d’Aznavour, et une façon toute personnelle de se donner corps et âme dans les morceaux les plus mélos.
A part peut être mi amigo el puma, les airs (dont l’un pourrait sans mal être repris par Aznavour) ne sont pas vraiment mémorables.


Ringo dans une imitation d’Elvis ? Non, Sandro devant des fans en délire. (il est tellement meilleur dans les grandes chansons dramatiques)


Démonstration de karaté . Qu’en pensent les Shaw brothers ?

Re: Cinémas d'Amérique latine

Publié : 25 avr. 09, 18:34
par Music Man
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Quartier interdit (victimas del pecado) de Emilio FERNANDEZ -1951- Mexique
Avec Ninon SEVILLA, Tito JUNCO

En voulant sauver le bébé d’une collègue entraineuse qui a tenté de s’en débarrasser en le jetant à la poubelle, une danseuse de cabaret perd son boulot et est obligée de se prostituer pour élever le gamin. Mais le méchant papa du bébé la poursuit pour empoisonner son existence.

On ne peut s’empêcher de laisser en tout premier un gros bémol sur l’histoire incroyablement mélodramatique et totalement impossible. Là pour le coup, trop c’est trop, comme dans certaines chansons réalistes d’avant guerre. Ici le gamin de 6 ans qui vit dans les rues et vend des journaux supplie le marchand non pour obtenir des roses blanches à offrir à sa maman mourante mais des chaussures pour sa maman emprisonnée pour crime. Un vrai moment comique aussi quand Ninon Sevilla surgit par la fenêtre, tel Superman, pour assassiner le vilain monsieur. Est-ce de l’humour intentionnel au second degré ?
Sinon, le film est superbement photographié ; Gabriel Figueroa n’a pas son pareil pour éclairer la sordide hutte où la danseuse se prostitue ou les bas fonds de Mexico.
Si le jeu de Ninon Sevilla manque de subtilité, c’est une brillante danseuse. Plusieurs ballets prenant leur inspiration dans des danses tribales africaines sont absolument renversants. Loin du côté aseptisé des films hollywoodiens, on a droit ici à une sensualité « brute de décoffrage » ;
Les mélodies omniprésentes sont superbes et se fondent à merveille dans ce récit rocambolesque.
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Re: Cinémas d'Amérique latine

Publié : 8 juin 09, 22:57
par Music Man
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EL REY EN LONDRES de Anibal USET -1966 - ARGENTINE
Avec Palito ORTEGA, Graziela BORGES, the BEATLES, the ANIMALS

Palito et Graziela nous proposent une visite de Londres en rythme et en chanson.

Décidemment, certains réalisateurs n’ont pas honte. Ici, aucun semblant d’intrigue : le chanteur argentin Palito Ortega (qui ne sourit jamais) visite Londres : nous avons droit à 10 minutes de relève de la garde, puis une ballade à Trafalgar Square et dans les parcs. Au bout d’un quart d’heure Palito Ortega se met à chanter des mélodies en tous genres, dont un hommage à Charles Chaplin, pendant que la capitale londonienne défile sous nos yeux. Puis d’un seul coup, Graziela Borges nous présente un défilé de vedettes : les Animals qui chantent « the house of rising sun » leur méga-tube, les Herman’s hermit, le crooner Matt Monro qui chante (très bien) une version anglaise de la Mama d’Aznavour.
Je n’ai pas pu discerner s’il s’agissait de séquences filmées spécialement pour le film ou de clips piqués ailleurs.
Après une brève visite des théâtres (on aperçoit Laurence Olivier saluant à l’issue du spectacle), et une course de voiture, on finit par le pompon : un show des Beatles qui interprètent she loves you et twist and shout, accueillis par la foule en délire avant de laisser leur place à Palito Ortega qui susurre une mélasse quelconque et (par un habile trucage) reçoit la même ovation que les 4 garçons dans le vent.
N’importe quoi : mais au moins pour le coup, c’était drôle.


Re: Cinémas d'Amérique latine

Publié : 23 juin 09, 22:48
par Music Man
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EL AMOR NUNCA MUERE de Luis césar Amadori -ARGENTINE-1955
Avec Zully MORENO, Mirtha LEGRAND, Tita MERELLO, Alfredo ALCON

Trois histoires d’amour à plusieurs décennies d’intervalle reliées par un médaillon.

Luis Cesar Amadori fut un réalisateur argentin très en vogue pendant la dictature de Peron. Après le coup d’état de 1955 et la fuite du dictateur, le metteur en scène sera obligé de fuir l’Argentine pour l’Espagne où il réalisera des films fort populaires avec Sara Montiel.
Dans son dernier film tourné avant son exil, il met en scène son épouse la star Zully Moreno et les deux autres grandes vedettes du moment Mirtha Legrand et la chanteuse de tango Tita Merello.
Il s’agit d’un film à sketch extrêmement inégal. Si le premier épisode est mélodramatique et ridicule (à peine sauvé par la présence de la belle Zully Moreno), le second est une comédie gentiment amusante situé en 1900 où des entrepreneurs chargés de promouvoir le cinématographe à peine inventé,essaient de berner d’éventuels investisseurs en les séduisant avec une petite couturière se faisant passer pour une riche veuve. Le jeu subtil de la malicieuse Mirtha Legrand apporte beaucoup de charme et de fantaisie à cet aimable sketch. Elle y chante la petite tonkinoise de Scotto. En outre, les mordus de ciné muet seront amusés par les extraits de films des frères Lumière et de l’assassinat du duc de Guise d’André Calmettes et d’un mélo avec Gabrielle Robine.
Au final, retour au mélo avec les sacrifices d’une maman pauvre pour que son fils devienne quelque un de bien.
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Re: Cinémas d'Amérique latine

Publié : 19 juil. 09, 11:11
par Music Man
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LES HAUTS DU HURLEVENT (abismos de pasion) de Luis BUNUEL - 1952 - MEXIQUE
Avec Jorge MISTRAL, Irasema DILIAN, Lilia PRADO

Après 10 ans d’absence, Alexandro revient sur les lieux de son enfance, fortune faite ; il retrouve son premier amour, Catelina, avec la ferme intention de l’épouser en dépit de leurs différences sociales (il n’était qu’un employé de la ferme). Mais celle-ci s’est mariée entre temps. Ivre de colère et de jalousie, Alexandro va l’humilier en séduisant et épousant la sœur de son mari.



Luis Bunuel transfère son univers personnel et ses propres fantasmes dans ce classique de la littérature du 19ème siècle, très prisé par les surréalistes.
En proie à une passion dévastatrice, les personnages s’enferrent dans une relation sadique en prenant plaisir à blesser l’être aimé afin de refouler des sentiments que les conventions sociales leurs empêchent de vivre. Franchement, je garde un bien meilleur souvenir du classique de Wyler que de ce film aux sentiments exacerbés qui ne m’a pas vraiment touché (hormis la scène finale où Alexandro pénètre dans le caveau puis ouvre le cercueil de la femme qu’il a toujours aimé pour l’embrasser avant d’être abattu par le frère de celle-ci). L’interprétation laisse à désirer : je pense notamment aux passages où Alexandro (le beau ténébreux Jorge Mistral) se jette comme un vautour sur la pauvre Lilia Prado pour l'embrasser pour blessser celle qui l'aime (la fort peu attachante Catalina, interprétée très froidement par Irasema Dilian)(cela dit, ce doit être un morceau de bravoure qu’incarner correctement des personnages aussi déchirés et possédés par leur passion). Sur un plan musical, on aurait préféré une partition originale plutôt que l’air de Tristan et Isolde usé jusqu’à la corde dans tant de vieux films.

Re: Cinémas d'Amérique latine

Publié : 19 juil. 09, 12:00
par Music Man
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AU DELA DE L’OUBLI (mas alla del olvido) de Hugo DEL CARRIL - ARGENTINE -1956
Avec Laura HIDALGO, Hugo DEL CARRIL

Bouleversé par le décès de sa femme, un homme rencontre par hasard dans un cabaret une prostituée qui ressemble à s’y méprendre à son ancienne épouse (sauf qu’elle est aussi brune que sa femme était blonde). Après l’avoir rachetée à son proxénète, il l’épouse et la ramène chez lui où baigne encore le souvenir de l’ancienne maîtresse de maison. Mais la nouvelle épouse entend être aimée pour elle-même et refuse d’adhérer à ce simulacre.

C’est avec plaisir que je découvre les mélos argentins des années 50, souvent adaptés de romans français ou européens (ici « Bruges la Morte » de Georges Rodenbach, chef d'oeuvre du symbolisme qui avait déjà inspiré l'opéra die tote stadt de Korngold.), très prisés en Amérique du Sud. Hugo Del Carril, à l’origine un chanteur de tango qui prit la relève de Gardel au milieu des années 30, possédait de réelles qualités de metteur en scène et propose un mélodrame habile qui allie mystère, suspense et psychologie. Loin des mélos formatés pour faire pleurer Margot, ce film intelligent au romantisme presque gothique séduira sans mal les amateurs de mélos flamboyant. La photographie noir et blanc est particulièrement léchée comme dans un classique hollywoodien des années 40). L’étude psychologique des personnages ne manque pas non plus d’intérêt , notamment le personnage de la prostituée qui après avoir accepté de suivre le veuf éploré afin d’échapper à sa condition , refuse de rentrer dans son jeu pervers et de se recréer l’épouse disparue. La troublante Laura Hidalgo (l’Hedy Lamarr argentine) est excellente dans ce double rôle.
Un film passionnel et passionnant dans lequel les cinéphiles noteront quelques similitudes avec Sueurs froides d'Hitchcock (1958).

Re: Cinémas d'Amérique latine

Publié : 26 juil. 09, 20:27
par Music Man
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PASSEPORT POUR RIO (Pasaporte a Rio) de Daniel TYNAIRE - ARGENTINE -1948
Avec Arturo DE CORDOVA, Mirtha LEGRAND

Une danseuse est le témoin d’un assassinat commis par un cambrioleur. Ce dernier tente d’abord de retrouver et d’éliminer la jeune femme. Finalement, comme elle est désargentée, elle accepte de se taire contre de l’argent et de le couvrir en partant avec le butin pour Rio. En route, elle tombe amoureuse d’un médecin. Arrêté un moment par la police, le criminel est relâché faute de preuve : il prend l’avion pour Rio où il retrouve la danseuse qui a trouvé un job dans une boîte de nuit.


Par bien des aspects, Passeport pour Rio se présente comme un film noir. Atmosphère prenante, belle photographie entre ombres et lumières (notamment la scène finale où les 2 protagonistes sont éclairés par la lumière alternative du phare). Avec son béret et ses longs cheveux platine, Mirtha Legrand copie le look de Veronika Lake. Son jeu m’a semblé néanmoins meilleur que celui de la star des polars américains. Donc, pas grand-chose d’original dans ce polar made in Argentina, confectionné avec soin dans la grande tradition hollywoodienne, mais un film plutôt réussi qui plaira aux amateurs.
On remarquera que la musique et les chansons de Miss Legrand sont issues de la plume de Paul Misraki, auteur de quelques standards de la variété française (il fut contraint de s’exhiler en Argentine avec l’orchestre de Ray Ventura pendant la guerre).
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