Cinémas d'Amérique latine

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Music Man
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Re: Cinémas d'Amérique latine

Message par Music Man »

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L’ENFANT ET LE MUR (El niño y el muro) de Ismael RODRIGUEZ – Mexique -1965
Avec Daniel GELIN, Yolanda VARELA, George RIGAUD et Linda CHRISTIAN

En 1965, à Berlin ouest, le petit Dieter s’ennuie un peu dans son quartier triste et son petit appartement, alors que ses parents travaillent toute la journée. En jouant dans la rue, la balle que son papa vient de lui offrir passe de l’autre côté du mur de Berlin…

Un film mexicain, en langue espagnole, sur le mur de Berlin, tourné dans la capitale allemande, avec Daniel Gélin en vedette, voilà qui peut surprendre ! En plus on pouvait s’attendre à tout, voire au pire, de la part du réalisateur de la ridicule Cucaracha…
Eh bien, c’est une bien jolie surprise. Un conte philosophique sur fond de guerre froide.
Le film commence comme un documentaire en nous proposant une vision très réaliste d’un jeune ménage berlinois qui économise pour pouvoir acquérir un appartement. L’épouse travaille à l’usine et connît quelques difficultés de communication avec son mari (Daniel Gélin) : les deux semblent eux aussi séparés par un mur d’incompréhension, et trompent leur ennui en fumant. A deux pas de là, le marchand de jouet et sa fille de 17 ans, qui vient de connaître sa première aventure, se confrontent dans un conflit des générations. Qu’il s’agisse de la vie à l’usine de l’ouvrière ou du passage en boîte de nuit de la fille du marchand de jouet, on a l’impression de voir des courts métrages documentaires des années 60 sur la vie quotidienne. Leur petit garçon se débrouille tout seul, la clef pendue autour du coup, en jouant dans les tristes rues de Berlin, près du mur couvert de barbelés. Malgré la monotonie et la tristesse de l’endroit, le regard du gamin débrouillard et espiègle apporte une jolie lueur d’innocence et de vérité. Sa rencontre avec la petite fille d’Allemagne de l’Est qui joue de l’autre côté du mur, et avec laquelle il discute par un petit trou dans la muraille, offre quelques adorables moments de poésie enfantine. De même le regard tendre que jette le vigil est du haut de son mirador à la jolie blonde de l’ouest qu’il espionne avec ses jumelles est attendrissant. L’amour, la tendresse et l’espoir sont là malgré la rigueur, la froideur et le tragique de la situation. Un joli moment de cinéma, à découvrir.

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francesco
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Message par francesco »

Music Man a écrit :LA CUCARACHA de Ismael RODRIGUEZ – 1959
Avec Maria FELIX, Dolores DEL RIO, Emilio FERNANDEZ, Pedro ARMANDARIZ, Antonio AGUILAR et Flor SILVESTRE

Durant la révolution Mexicaine, le colonel Antonio Zeta, dont les troupes ont été décimées, cherche des soldats dans un village où une femme, la Cucaracha, est devenue l'égérie des militaires. Le Colonel inflexible, fait réquisitionner tous les hommes valides mais ne veut même pas discuter avec la Cucaracha qu'il traite avec mépris. Pourtant, Zeta devient son amant et une violente passion les unit tandis qu'elle suit la troupe dans tous ses déplacements...

Ismael Rodrigues (le réalisateur de Nous les pauvres, le plus gros succès commercial du ciné mexicain ) n’a pas lésiné sur la démesure et le spectaculaire dans cette peinture flamboyante de la révolution mexicaine, en mettant en vedette les deux plus grandes icônes du cinéma mexicain, Maria Felix et Dolores Del Rio. Il n’a pas évité le ridicule non plus ! Il ne faut pas compter sur le film pour avoir beaucoup d’éclairage sur la révolution mexicaine de 1910 et les luttes pour le pouvoir qui en résultèrent. Rien sur les raisons idéologiques de ce soulèvement, mais un film passionnel à la limite de la parodie qui s’attarde sur l’inimitié voire la rage existant entre deux femmes amoureuses du même colonel. Après s’être copieusement insultées, elles vont finir par en venir aux mains. Les outrances du film, d’un kitsch affirmé, sont assez délectables pour les amateurs de second degré !
Maria Felix, en pétroleuse en pantalon, qui jure comme un charretier et boit comme une éponge offre un savoureux contraste avec une Dolores Del Rio aux airs de madone. Les deux femmes, qui comptent parmi les plus grandes beautés de l’histoire du cinéma mondial, ne sont plus toutes jeunes ici et semblent tout droit sortir d’un salon de beauté, voire d’un lifting.
La fière et autoritaire Maria Felix semble se délecter (et en rajouter un peu) dans un rôle de femme de tête où elle excelle (et qui depuis Dona Barbara est devenue sa spécialité). Cette Barbara Stanwick à la puissance 100, encourage les soldats avec énergie et ardeur dans les situations les plus dangereuses. Quand elle rencontre Dolores Del Rio qui pleure son mari défunt, elle la somme de se reprendre en main et lui dit littéralement « qu’elle lui casse les couilles avec ses pleurnicheries ».
Les querelles des deux tigresses sont entrecoupées par quelques rares scènes de bataille et surtout de nombreuses strophes de la Cucaracha, célèbre hymne révolutionnaire bien connu et autres airs folkloriques.
En dépit de du technicolor flamboyant qui met en valeur un magnifique ciel bleu nuit, et de superbes gros plans des magnifiques visages des deux stars principales (Gabriel Figueroa assure la photographie)…la bêtise du scénario laisse pantois. On a vraiment envie d’éclater de rire quand s’affiche au bout d’une heure et demie sur l’écran "ainsi s’achève la révolution mexicaine", tant le film semble être joyeusement passé à côté ! Bon, au moins c’était divertissant, mais honnêtement ce n’est pas un bon film !!
En raison de son affiche impressionnante, le film fut pourtant envoyé au festival de Cannes en 1959 …où il fut complètement éclipsé par le Nazarin de Bunuel, ce qui semble normal.
Pour moi ça a été une excellente surprise. D'abord on sent que le réalisateur était très désireux de s'imposer comme "auteur". Il essaye énormément de choses, d'un point de vue visuel (il semble fasciné par les pieds par exemple), avec plus moins de bonheur, mais du coup on ne s'ennuie jamais (ainsi on ne voit jamais le visage des deux femmes lors de leur fameuse bagarre, tout est raconté hors champ ou commenté. On peut supposer qu'elles n'avaient pas envie de se ridiculiser, mais du coup le résultat est assez intriguant). Sa figure de style préférée fonctionne par associations visuelles. Une séquence se termine sur la plan, la suivante commencera sur un autre, quasiment identique. Alors on parvient avec tout ça à des choses pratiquement surréalistes, parce que vidées de sens autres qu'artistique (par exemple Maria Felix accouche, gros plan sur son visage parce qu'elle est en train de hurler de souffrance - séquence suivante gros plan sur la bouche d'un mexicain réjoui qui annonce une victoire en criant. C'est assez saisissant dans le genre). De plus, comme le dit Music Man la photographie est absolument sublime, digne, par exemple, d'un Western comme Duel au soleil (je pense à ça parce que Maria Felix a failli joué Pearl dans le Vidor). Il y a vraiment un plaisir esthétique pur à voir le film. La séquence de l'accouchement chez la sorcière est, à elle seule, un grand moment.

Le scénario est absolument grotesque en effet, tant les personnages sont mal dessinés, ce qui fait qu'on a énormément de mal à comprendre leurs sentiments et leurs motivations. Dolores Del Rio est complètement énigmatique : elle tombe tout à coup amoureuse du gros général mexicain à moustaches qu'elle méprisait la demi-heure précédente. Elle semble pleine d'idéaux mais finalement se révèle revencharde, hypocrite et même méchante. Le moustachu explique à Maria Felix qu'il l'aime et juste après il la quitte pour une autre. Maria Felix est capable de hurler sur une femme qui a perdu son mari et qui sanglote, mais pique une crise, deux secondes plus tard, quand sa copine est tuée. Etc, etc, etc ... Et évidemment on ne comprend absolument rien à la fameuse "révolution mexicaine". Mais enfin franchement, quand on regarde ce type de films, on ne s'attend pas à un cour d'histoire non plus (je ne sais pas qui il voulait tromper sur la marchandise) quoiqu'en dise le prologue et l'épilogue.

Les deux actrices principales sont sans âge (d'où notre étonnement en apprenant que Maria Felix est enceinte !). Felix surjoue comme une folle (j'ai adoré ça, même si objectivement ce n'est pas très bon) son personnage de camionneuse, qui se transforme progressivement en "femme" (elle termine en jupe). A la base sa conduite est entièrement "masculine" (du point de vue de 1959) : elle s'habille en homme, jure et crie comme un homme, boit comme un homme et change de partenaires comme un homme (d'où son surnom de "cucaracha" car le cafard femelle- cucaracha en espagnol - est, c'est bien connu, insatiable sexuellement). Elle a l'air de beaucoup plus tenir à sa copine "Trompetta" qu'à ses amants (du moins au début du film.) Elle est aussi sans remord, ni pitié (la thèse du film c'est qu'une vie de misère en rend pas aimable). Dolores Del Rio (54 ans) est désirée par tous les soldats qui passent, malgré les effets visibles de la chirurgie esthétique (c'est la première paysanne mexicaine liftée de l'histoire, je pense). Elle pleure pendant une grande partie du film et finalement devient une véritable tigresse, capable d'être aussi vulgaire et agressive que sa rivale. Ca nous vaut quelques échanges croustillant où elles s'insultent avec énergie, le personnage de Dolores del Rio se montrant beaucoup plus perfide (on dirait qu'elle a vu "Le Miroir se brisat" et les échanges entre Taylor et Novak, ce qui est chronologiquement impossible.)

L'objet de leur rivalité est un certain Emilio Fernandez, qui ressemble à Sancho Panza dans la série "Zorro", mais en moins expressif. Autrement dit il est impossible de deviner pourquoi elles sont folles amoureuses de lui (mais il y a une scène très curieuse de séduction basée sur des rapports dominant-dominée qui est très forte et explicite, presque ouvertement sexuelle. C'est très machiste d'ailleurs).

Bref, du grand cinéma kisch qui l'est d'autant plus qu'il se prend très au sérieux et veut nous parler les yeux dans les yeux d'amour, de mort, de guerre et d'histoire. Je n'ai pas eu du tout envie d'aller au Mexique après avoir découvert ce petit chef d'oeuvre, mais plutôt de découvrir d'autres films avec Maria Felix, qui est, selon Music Man (que je remercie au passage) une "Barbara Stanwyck puissance 100".
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Re: Cinémas d'Amérique latine

Message par Music Man »

Tu vois, je ne me suis pas trompé! :wink:
très content que le film t'ait plu.
Elle était quand même sacrément belle cette Maria Félix. Je te passerai Dona Barbara, où là aussi, elle incarne une femme manipulatrice, violente, inflexible et souveraine.
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Re: Cinémas d'Amérique latine

Message par Music Man »

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LE DROIT DE NAITRE (el derecho de nacer) de Zacarias GOMEZ URQUIZA – Mexique -1952
Avec Jorge MISTRAL, Gloria MARIN, Martha ROTH

Maria Elena, jeune fille de la bonne société cubaine, met au monde un fils naturel, après avoir été abandonnée par son compagnon. Pour sauvegarder l’honneur de la famille, le père de Maria Elena demande à la bonne de se débarrasser du nouveau-né. Celle-ci préfère recueillir le bébé et l’élever à l’autre bout de Cuba. Il devient un médecin réputé. Son destin va à nouveau croiser le chemin de sa vraie famille…

Dans la droite lignée du roman populaire français de la fin du 19me siècle, voici un mélodrame sentimental qui réunit tous les poncifs du genre (à l’origine un feuilleton radiophonique qui avait fait un malheur en Amérique latine) : Un enfant abandonné à la naissance, grâce au hasard des rencontres, devient un brillant médecin (il est soutenu moralement et financièrement par un ancien prétendant de la maman, mais tous les deux l’ignorent). Il va sauver la vie, lors d’un typhon, de son méchant grand père qui voulait le tuer quand il était bébé. Comme il a été élevé par une nounou noire, il est rejeté par le grand-père qui est raciste par-dessus le marché. A la fin, tout s’arrange : il retrouve sa maman qui est devenue nonne, garde toute son affection pour sa nounou qui pensait le perdre, et épouse sa cousine germaine. Que de coïncidences dans ce soap opéra bien dense !
Même si le film est réalisé de façon bien conventionnelle et réactionnaire, il est efficace, voire émouvant, en raison notamment d’une excellente interprétation.
Dans la version que j’ai visionnée, le prologue a été curieusement coupé, mais la fin du film laisse deviner en quoi il consistait. En fait, une cliente du médecin (Jorge Mistral dont le film fera une star internationale), explique qu’elle ne peut garder l’enfant qu’elle porte. En lui racontant en flash-back, son histoire (l’essentiel du film), le docteur va réussir à lui prouver qu’il ne faut pas ôter à sa progéniture « le droit de naître ».
Si l’avortement n’a été légalisé au Mexique qu’en 2007, beaucoup de femmes y avaient pourtant recours autrefois, ce qui peut paraître paradoxal dans un pays si catholique.
La naissance d’un enfant naturel était considérée comme une véritable honte (ce que le film illustre bien) autant pour la mère que l’enfant, aussi pour des raisons sociales évidentes, il était très répandu. Ce film de 1952 qui sera un succès foudroyant dans toute l’Amérique latine, diffusé dans le monde entier en dépit de son aspect très mélodramatique et dépassé) venait à moins nommé pour faire passer un message de l’église vers les spectateurs.
Intéressant sociologiquement, un exemple type du mélodrame populaire mexicain.
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DOUBLE DESTINEE (la Otra) de Roberto GAVALDON - MEXIQUE -1946
Avec Dolores DEL RIO, Agustin IRUSTA, Victor JUNCO

Par ambition, une modeste employée assassine puis se fait passer pour sa sœur jumelle, héritière d’une considérable fortune, sans imaginer les conséquences de son acte criminel.

Avec un tel sujet, on aurait pu imaginer un film camp et grand guignol, comme le cinéma mexicain en a produit plus tard dans les années 60.
Heureusement, Roberto Gavaldon fait preuve de beaucoup de subtilité dans ce thriller un peu morbide dont certains aspects flirtent avec le cinéma fantastique. Il est surtout servi par une photographie expressionniste du canadien Alex Phillips des plus efficaces et digne des meilleurs films noirs : une grande partie de l’action se déroule de nuit et offre un saisissant contraste entre le monde élégant et huppé où évolue la milliardaire et celui très modeste de sa sœur manucure. On suit cette dernière dans les rues de Mexico (superbe passage où la caméra la suit, traversant la rue, à un feu rouge où sont arrêtées des files de voitures).
La scène du crime, assez stupéfiante, est filmée en montrant en parallèle le jeu de gosses des rues qui pendent un mannequin de papier à deux pas de là : c’est splendidement filmé et extrêmeent efficace.
Le film se focalise ensuite sur la culpabilité grandissante de la sœur qui comprend à quel point son geste était horrible mais inutile : en effet, elle apprend que son beau-frère lui avait laissé une confortable part de son héritage, et que son petit ami l’aimait beaucoup plus qu’elle ne le croyait.
Finalement, l’héroïne finira par expier sa faute en endossant le crime commis par sa sœur (cette dernière avait en effet assassiné son mari !) et en finissant ses jours en prison. C’est probablement le rôle le plus intéressant de la carrière de Dolores Del Rio, souvent confinée à des rôles décoratifs dans ses films hollywoodiens ou trop stéréotypés dans sa période mexicaine.
Une œuvre très noire, fascinante, qui donne envie de voir davantage film de Roberto Gavaldon.
Le film (classé 8ème plus grand film de l’histoire du cinéma mexicain) a fait l’objet d’un remake à Hollywood « la mort frappe trois fois » avec Bette Davis en 1964.
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Re: Cinémas d'Amérique latine

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LA DEESSE AGENOUILLEE (la diosa arrodillada) de Roberto GAVALDON – MEXIQUE -1947
Avec Maria FELIX, Arturo DE CORDOVA, Rosario GRANADOS, Fortunio BONANOVA

Antonio, un riche homme d’affaires offre à son épouse une statue, qui représente sa maîtresse, une chanteuse de cabaret avec laquelle il entretient une liaison tumultueuse. Il décide d’empoisonner son épouse pour vivre pleinement sa passion…

J’ai été plutôt déçu par ce drame passionnel que j’ai trouvé décousu et pas toujours cohérent. La liaison adultère faite d’incessantes ruptures et réconciliations entre les amants coupables finit par lasser. Arturo de Cordova avec ses faux airs de Ronald Colman ou de Georges Marchal joue fort bien son personnage torturé et tourmenté jusqu’à la folie par sa passion dévorante et destructrice : il annonce déjà les personnages gagnés par la folie qu’il incarnera pour Buñuel. Une passion qui va le mener jusqu’au crime. Le personnage de Maria Félix, femme fatale, dangereuse et dure comme un diamant (et terriblement flattée qu’un homme ait tué pour elle), est trop dominateur et inhumain pour être attachant. La star mexicaine y porte des robes et vestes épaulées encore plus large que celles de Joan Crawford, comme si elle voulait outrepasser l’actrice américaine dans son personnage de femme dominatrice et castratrice. La caméra en plongée suit le visage penché en arrière de « la Dona », les lèvres entrouvertes, dans d’immenses gros plans. Les chansons composées par le fameux Agustin Lara (il a notamment composé Granada et d’autres airs très connus) pour son épouse dans le film n’ont rien d’extraordinaire.
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Dernière modification par Music Man le 29 déc. 12, 19:03, modifié 1 fois.
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Re: Cinémas d'Amérique latine

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LE PECHE D’ADAM ET EVE (El pecado de Adán y Eva) de Miguel ZACARIAS - Mexique - 1969
Avec Jorge RIVERO et Candy WILSON

Après avoir été chassé du jardin d’Eden, Adam se souvient de l’époque innocente où il vivait des jours heureux et tranquilles avant d’être tenté par le diable.

Une curiosité à regarder au troisième degré, amusante au début puis finalement insupportable sur la longueur tant le film est lamentable. Dans de jolis décors auxquels on a rajouté quelques rutilantes fleurs en tissu , Adam (joué par un playboy musclé, impeccablement coiffé) gambade tout nu, plonge dans la rivière, crie son prénom dans la vallée (Adam, Adam.. ) , grimace quand il se cogne à une pierre(trop drôle ! le meilleur moment du film), mange des bananes,... Eve, qui semble tout droit sortie d’une revue de playmates et dont les superbes cheveux cachent sa poitrine, vient le rejoindre dans ses aventures naturistes. L’histoire, vous la connaissez. C’est tellement mal joué, qu’il est difficile de faire pire. L’acteur se déplace souvent les fesses face à la caméra, en reculant ou se recroqueville pour cacher ce qui n’est pas encore possible de montrer devant les écrans mexicains. Sa curieuse façon de se déplacer rajoute une couche de débilité à un film déjà bien gratiné. J’imagine que cette page biblique devait donner un alibi aux spectateurs venus se rincer l’œil…
Au Mexique, une version d’Adam et Eve avait déjà vu le jour auparavant avec Christiane Martel, une ancienne Miss France.
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Re: Cinémas d'Amérique latine

Message par Music Man »

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NOUS LES PAUVRES (Nosotros los pobres) de Ismael RODRIGUEZ – Mexique - 1948
Avec Pedro INFANTE, Katy JURADO, Evita MUNOZ, Carmen MONTEJO, Blanca Estela PAVON

Pepe un brave charpentier qui travaille dans un quartier pauvre de Mexico est accusé de vol et de meurtre. Bien qu’innocent, il se retrouve en prison laissant seuls sa fille et sa vieille maman paralysée. Le sort va s’acharner sur lui avec une rare cruauté.

Alors que les cinéastes italiens écrivaient certaines des plus belles pages du cinéma avec le courant néo-réaliste, et peu avant que Buñuel ne réalise son fameux Los Olividados, le réalisateur mexicain Ismael Rodriguez a également voulu dépeindre la misère sociale et morale de très pauvres citadins mais en adoptant un style ouvertement mélodramatique, porté jusqu’au paroxysme. Des personnages très typés évoluent et tournent autour de l’humble demeure du charpentier : une jeune fille amoureuse, battue par un beau-père cruel et drogué, deux femmes ivrognes perpétuellement bourrées (et souvent fort drôles), une prostituée (la fière Katy Jurado qui fera carrière à Hollywood), et toute une galerie d’escrocs et de coquins multipliant les larcins. Si les personnages ont présentés en chanson, et que de suaves boléros viennent de temps en temps aérer un récit hautement tragique (Pedro Infante les chante superbement), le film est d’une grande noirceur.
Franchement, je n’ai pour le moment jamais vu autant d’évènements dramatiques se succéder dans un même film : parce qu’ il vient d’être cambriolé par le vilain beau-père de sa petite amie, le pauvre Pepe est obligé d’emprunter de l’argent à une usurière qui se fait assassiner par deux malfrats : il est accusé de meurtre. En prison, il est régulièrement battu par ses codétenus. Sa fille de 10 ans se retrouve seule avec sa vielle grand-mère paralysée. La pauvre gamine va beaucoup souffrir et pleurer: craignant d’abord qu’une autre femme ne lui vole son papa, elle apprend que sa mère ne serait peut-être pas morte, puis que son père est en fait son oncle. Quand elle retrouve enfin sa maman, c’est pour la voir mourir sous ses yeux à l’hôpital. Quant à la mamie, elle meurt un peu plus loin en même temps, à quelques lits de là. C’est tellement outré, qu’on n’est pas très ému par cette série de scènes hyper- lacrymales, même si la petite fille les joue très bien ainsi que les autres comédiens. J’ai été étonné par la violence et le sadisme qui se dégageait de l’ensemble : dans un mouvement de colère, le père va frapper sa fille avant de se punir en frappant son poing sur le mur. Les huissiers vont tout prendre dans la maison, même le balai et le fauteuil de la mamie tétraplégique qu’ils vont allonger sur les grabats. La pauvre sera ensuite quasiment tuée par le vilain drogué qui va lui administrer de grands coups de pieds dans le ventre. Les bagarres des prisonniers sont filmées avec la même violence…
Le cinéaste fait souvent preuve d’inventivité dans les passages les plus cruels et les plus violents : notamment celui où le drogué est hanté par le regard insistant de la vieille dame : il croit apercevoir partout son regard dans les différentes pièces de la maison.
En dépit de l’aspect mélo poussé à son comble, la qualité de la réalisation et de l’interprétation sont indéniables et le film possède une force voire une violence qui lui donne un véritable impact. Le coté pittoresque des (très bonnes) chansons, de quelques personnages bien caractérisés, vient apporter un séduisant contraste qui va pleinement opérer sur le public qui en fera un des plus grandes succès voire le plus grand de toute l’histoire du cinéma mexicain. Certaines répliques, personnages et chansons sont en effet connus par tous les mexicains.
Je ne sais pas du tout si la suite du film « Nous les riches » avec le même Pedro Infante réserve le même lot de rebondissements tragiques, mais je verrai ça bientôt !
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Re: Cinémas d'Amérique latine

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MAINS CRIMINELLES (en la palma de tu mano) de Roberto GAVALDON – MEXIQUE - 1951
Avec Arturo DE CORDOVA, Letitia PALMA, Carmen MONTEJO

Le charlatan Jaime Karín se fait passer pour un astrologue, afin d’escroquer les clientes fortunées du salon de beauté où travaille sa femme. Grâce à elle, il apprend que le millionnaire Vittorio Romano est mort peu de temps après avoir appris les infidélités de son épouse…

Après avoir beaucoup apprécié Double destinée de Roberto Gavaldon, je n’ai pas été déçu par Mains criminelles, une œuvre peut être encore plus aboutie, une véritable réussite du film noir mexicain et du film noir mondial tout court.
En effet, Gavaldon nous livre une passionnante analyse de deux êtres manipulateurs et cyniques, qui imposent leur volonté et leur emprise sur leurs victimes. D’une part, un voyant charlatan qui flatte ses riches clientes pour mieux les rendre dépendantes et leur extorquer leur argent. En voulant faire chanter une riche veuve infidèle dont il devine la culpabilité dans la soudaine et fort opportune disparition de son mari, il va trouver une adversaire de taille tout aussi manipulatrice et plus dangereuse encore. A ce jeu, chacun sera finalement détruit, et le destin finira par imposer sa loi à ceux qui pensaient si bien manigancer et se sortir de toutes les situations.
Le film, superbement photographié par Alex Phillips qui maîtrise parfaitement les extérieurs nuit, évoque notamment le facteur sonne toujours deux fois : même noirceur, même présence implacable de la destinée. Il revisite donc les fils conducteurs du film noir (la vamp machiavélique, le maître chanteur…), mais en y adjoignant une étude psychologique fascinante. Franchement, Gavaldon fait jeu égal avec les plus grands maîtres du polar d’Hollywood, tout simplement. Dans une de spirale de plus en plus désespérée et effrayante, le film frôle souvent le macabre avec une pointe d’humour (noir forcément) notamment quand les amants criminels déterrent le cadavre de leur victime et le transportent en voiture avant de crever un pneu, et manquent à un cheveu près de se faire remarquer. Le final, que franchement je n’avais pas anticipé, apporte une conclusion tragique et superbe à ce petit bijou (je me garderai bien de vous le révéler pour ne pas briser le suspens.
L’apparition des personnages principaux dans des décors immenses (l’appartement de la veuve ou encore la glaciale morgue dont la hauteur semble démesurée) nous fait ressentir leur petitesse entre les mains du destin. L’interprétation d’Arturo de Cordova est tout simplement magistrale.
Un film désabusé, très noir, mais palpitant et fascinant, que d’aucuns considèrent comme Le chef d’œuvre du cinéma mexicain et que je vous recommande fortement ! Image
Federico
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Re: Cinémas d'Amérique latine

Message par Federico »

Désolé de poser la question ici car je n'ai pas trouvé le bon topic...

Je recherche (ce n'est pas pour moi) une édition DVD de L'histoire officielle (La historia oficial) de l'argentin Luis Puenzo (1985) qui proposerait des ST FR.
Il n'est apparemment pas sorti en France et les éditions anglaises et espagnoles que j'ai pu trouver n'auraient que des ST ENG/ESP.
Muchas gracias !
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
Joseph L. Mankiewicz
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Re: Cinémas d'Amérique latine

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CARNE de Armando BO –ARGENTINE – 1968
Avec Isabel SARLI et Victor BO

Avis de Alligator :
Mignardise argentine, cet étrange funambule s'esquinte les arpions sur un filin ténu tendu entre la peinture aride d'une banlieue très pauvre, ouvrière et charnelle de Buenos Aires et le suspense poussif, érotique et complaisant, tenté par les scènes salaces figurant les protubérances mammaires de la voluptueuse Isabel Sarli. Une sorte de Russ Meyer pasolinien. L'accroche est osée, clair que si! Mais c'est vrai que les terrains vagues, les égouts à ciel ouvert, les tôles ondulées, les décors rêches et vides, la sécheresse des lieux m'ont fait penser à ceux qui entourent Accattone. Certaines gueules patibulaires et lubriques qui bavent sur l'échauffante plastique de Sarli rappellent celles que Pasolini aimait à orner ses films. Populacière, cette petite production dégage une pauvreté de moyens que la VHS pourrie sur laquelle je suis tombé accentue sûrement l'effet. L'Argentine est un pays largement influencée par la culture italienne : certains comédiens sont sans doute d'origine italienne et en donnent une teinte supplémentaire. Les mains causent. Il émane du film quelque chose très volubile. Des bavardages sans mot qui ne sont pas désagréables, très chaleureux.
Le tango n'est pas toujours présent à bon escient. Par moments cela peut fatiguer de l'entendre sans qu'une cohérence s'en dégage. Mais au contraire, deux ou trois petites intermèdes musicaux donnent tout l'étendue du pouvoir de cette enivrante musique. Elle fouille, elle triture, elle crie. C'est beau. D'une beauté exotique qui n'est pas pour me déplaire.
Certes, Alba Solís, sosie présumée de Marlène Dietrich, manie bien son timbre pour nous impressionner. Sa participation a tout de l'artifice pour la promo de son dernier disque, mais finalement, cela contribue à renforcer cette drôle d'aventure patchwork, bougrement loufoque sans être trop farfelue où les vignettes érotiques paraissent tout droit sorties d'une série Playboy et avoir été rajoutées sans lien avec l'histoire, juste pour remplir le quota "nibards".
En effet les formes incroyablement généreuses de l'actrice principale (Isabel Sarli) sur lesquelles Armando Bo jette son dévolu de manière très artificielle accentuent la température de l'atmosphère. Très belle femme, son jeu reste un peu faiblard, mais ceux qui l'accompagnent ne font guère mieux. Là aussi, la médiocrité de moyens se fait salement sentir et rappelle les approximations ou l'amateurisme des distributions pasoliniennes.
Il convient tout de même de bien être clair sur les intentions du film. On est très éloigné des ambitions poétiques, intellectuelles et politiques de Pasolini. Les ressemblances ne s'en tiennent qu'à la forme. Et encore... plus ou moins. Il s'agit ici de capitaliser sur le physique de la belle Sarli, de lui faire passer un maximum d'hommes sur le fessier, de la façon la plus dégradante possible, comme une pute de chantier, à l'abattage, dans une sorte de tournante en camion. Mais j'avoue que le parallèle sanguinolent et carnassier qui est fait sciemment par Armando Bo entre la sensualité charnelle de cette bonita et la rudesse des plans sur les morceaux de viande débitée dans les abattoirs est une initiative débordante de bon sens en même temps que de provocation. Pas con. En tout cas, c'est amplement justifié et démontre que derrière le crapoteux, la complaisance affichée, le cinéaste fait preuve d'un certain recul sur sa production.
Au final, j'ai bien aimé ce petit nanar. Les halètements et soupirs des personnages faisant l'amour en slip et bouche cousue sont croustillants de nullité. L'absence totale de talent scénique de certains comédiens fait le reste. On s'amuse. On se moque devant l'exotisme et la médiocrité que le film dégage. Cheap, rose, vif, rare, autant de qualificatifs qui justifient de le voir.
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Music Man
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Re: Cinémas d'Amérique latine

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FUEGO / INSATIABLE de Armando BO – ARGENTINE – 1969
Avec Isabel SARLI et Armando BO

L’insatiable Laura souffre de nymphomanie aggravée. Avec réticence, elle accepte pourtant d’épouser Carlos, bien qu’elle doute pouvoir devenir un jour une femme fidèle. En effet, peu après les noces, elle poursuit ses étrangers relations avec sa dame de compagnie et cherche des partenaires dans le voisinage…

De 1958 à 1974, Armando Bo a réalisé une série de films érotiques kitschissimes destinée à mettre en valeur sa plantureuse compagne Isabel Sarli, une sorte d’Elisabeth Taylor à la poitrine démesurée et largement exhibée. Souvent comparé avec le cinéma de Russ Meyer, Fuego est l’un des films les plus connus de la série. Je ne sais pas si le cinéaste argentin a voulu volontairement amuser les foules (je pense plutôt qu’il a réalisé un film coquin très épicé et choquant pour attirer le chaland), mais ce Fuego est irrésistible de drôlerie. Du début à la fin du film, Isabel Sarli, travaillée par ses pulsions se mord les lèvres, se lèche les épaules et se pâme, tandis qu’une musique lounge latino très fifties (un vieil air composé par Maria Grever) raisonne en fond sonore, ce qui ajoute une touche de kitsch des plus ridicules. Parmi les scènes d’anthologie, celle où Isabel parcourt le village pour se trouver un homme, en entrouvrant son manteau de fourrure sous lequel elle est presque nue, exhibant et malaxant sa poitrine surdimensionnée, comme un exhibitionniste. Sa visite médicale chez le médecin gynécologue est également hilarante, l’examen provoquant chez la nymphomane des frissons de volupté…
On touche ici des sommets de camp assez délectables …à condition d’être d’humeur pour apprécier un tel délire. Car si ce n’est pas le cas, c’est assez consternant ! Je plains les acteurs principaux qui a un moment font l’amour tout nu dans la neige (rhume assuré !), mais que les paysages d’Argentine sont beaux. Et je me suis bien amusé en le visionnant !
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PS : au risque de dénaturer un peu les 2 films d’Isabel Sarli, j’ai choisi les photos les plus présentables pour les illustrer…
francesco
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Re: Cinémas d'Amérique latine

Message par francesco »

Si un film, qui a sa petite notoriété, peut se féliciter de l'oubli dans lequel est tombé son premake, c'est bien Dead Ringer (La Mort frappe trois fois) de Paul Henreid un petit film de 1964 que j'aime bien, malgré ses défauts. C'est un peu trop long et bavard, Bette Davis est à son pire moment physique (juste après Baby Jane elle décide de jouer une dernière fois une glamour girl ... c'est raté) ... pourtant l'intrigue est assez prenante, surtout au début et quelques scènes sont vraiment réussies.

Je viens de découvrir la première version, La Otra, tournée en 1946 au Mexique, pour les besoins de la star, Dolores Del Rio et réalisée par Roberto Gavaldon. Et bien j'ai découvert aux passages que l'intrigue du film de Henreid suivait presque servilement dans les premières bobines celle de la version Gavaldon et que les meilleures scènes du remake (l'ouverture au cimetière avec la veuve en noir au visage presque invisible, le meurtre d'une soeur jumelle par l'autre, qui vole ainsi l'identité et la fortune de la première, l'introduction du retournement de situation avec l'arrivée de l'amant-complice et le dialogue final ... bref tous les moments forts du film) étaient exactement ceux de la première version, avec moins de force cependant (le crime, dans la version mexicaine, est fascinant, le coup de feu est masqué par un pétard qui explose et le meutre est donc suggéré hors champ). Que reste-t-il à la version Henreid du coup ? Pas grand chose, par comparaison elle fait gros téléfilm à la photographie un peu banale. La prouesse technique passée (on peut avoir deux Bette Davis sur l'écran) on se contente du défilé de vêtements (Davis tenait à sa garde robe) et de stars (Malden, Lawford, Jean Hagen). L'actrice n'est pas mauvaise, techniquement elle est très supérieure à Del Rio, d'ailleurs, mais ce n'est pas son meilleur rôle non plus. Il y a quand même la scène marrante où Lawford se fait manger par des chiens.

Au contraire le film de Gavaldon est un enthousiastant film noir, dans lequel Dolores del Rio (physiquement grandiose) joue manifestement à Joan Crawford (dans un plan on pense terriblement à Mildred Pierce) période Warner. On ne retrouve aucun sentimentalisme dans l'action (le crime de Maria n'est pas justifié outre mesure), mais une atmosphère tragique captive le spectateur. Et puis tous les poncifs du film noirs y sont, dans la couleur, l'ambiance, l'importance des ombres (celles des barreaux à la fin !), la musique étrange (on pense à la Quatrième dimension), le poids de la fatalité (présent dans le film américain, cela dit). Le scénario est resséré sur l'essentiel (tous les éléments qui ne sont pas repris dans le film américain sont infiniment plus intéressants ici en fait, on se demande pourquoi ne pas les avoir conservé tant qu'à être aussi fidèle ailleurs), certaines de scènes sont quasi muettes, l'important c'est la mise en scène, qui triomphe vraiment à certains moments (il faudrait vraiment être attentif pour se rendre compte que les deux soeurs ne sont jamais à l'écran en même temps : réussite manifeste de montage). Dolores Del Rio est de tous les plans, elle surjoue beaucoup et pas très habilement mais elle est absolument captivante, une véritable créature de cinéma.

PS : j'ai vu de larges extraits de Fuego .. que dire de plus ? Ah oui ... Isabel Sarli est une des pires actrices du monde.
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Re: Cinémas d'Amérique latine

Message par Music Man »

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Avis entièrement partagé, Francesco! :)
Music Man
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Re: Cinémas d'Amérique latine

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MUNECOS INFERNALES de Benito ALAZRAKI –MEXIQUE -1961
Avec Elvira QUINTANA et Ramon GAY

Quatre explorateurs sont maudits par un prêtre vaudou pour avoir volé une idole sacrée lors de leur voyage à Haïti. Des poupées diaboliques, possédées par le gourou sont chargées d’éliminer un par un les profanateurs ainsi que leur descendance…

Le cinéma mexicain s’est beaucoup spécialisé dans les années 60 dans le cinéma d’horreur et Benito Alazraki a réalisé pas mal de films du genre, parfois sur un ton humoristique.
Ici, il s’inspire évidemment des Poupées du diable de Tod Browning (1936), dans lequel un chimiste réduisait ses victimes à la taille d’une poupée, faisant d’eux de serviles pantins (Par la suite bien d’autres cinéastes d’engouffreront dans la brèche lucrative des « poupées tueuses » …).
Cela dit, ce film d’horreur de série B ne possède pas la magie et la poésie des films de Browning, loin de là.
Les petites marionnettes tueuses, d’un mètre environ, sont souvent jouées par des nains (ou des enfants ?) masqués, qui ne ressemblent d’ailleurs pas vraiment à des poupées (j’ai du mal à comprendre comment la petite fille a voulu dormir avec l’une d’elle et en faire son doudou).
En dépit d’un criant manque de moyens, si les différents meurtres ne font pas vraiment frissonner de peur, quelques scènes comme l’autopsie de la poupée sont légèrement effrayantes, et les petits personnages se déplaçant dans la pénombre, le surin à la main, ne sont quand même pas très rassurants. Le curieux rite pendant lequel le prêtre presse un cœur afin d'en extraire du sang et d'en arroser la poupée vaut aussi son petit quota de chair de poule. C’est donc ce jeu de pénombre et les histoires de zombie rapportées par la doctoresse qui parviennent à créer un semblant d’atmosphère.. .Alors oui, ça frise souvent le kitsch et le camp, mais ça tient à peu près la route pendant la première heure avant de se terminer de façon assez grotesque et franchement cheap dans l’antre du prêtre vaudou avec son costume de fête foraine (là pour le coup, c’est carrément ridicule). L’ interprétation est correcte (mais sans plus) ce qui n'est déjà pas si mal…
Je ne sais pas si les zombies y sont pour quelque chose, mais le film n’a pas porté bonheur au couple vedette : Ramon Gay a été assassiné, peu après le tournage par l’ex-mari (jaloux) de l’actrice - chanteuse Evangelina Elizondo, avec laquelle il jouait une pièce de théâtre. Quant à Elvira Quintana, considérée comme une des plus belles créatures du cinéma mexicain, elle mourra à 32 ans de problèmes pancréatiques et rénaux. Il semblerait que les injections de silicone directement dans la poitrine (à l’époque, on n’utilisait pas de prothèses), soient à l’origine des graves soucis de santé qui ont emporté la jolie vedette.
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