Cinémas d'Amérique latine

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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bruce randylan
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Re: Cinémas d'Amérique latine

Message par bruce randylan »

Retour au Brésil avec ce film issu de la sélection Chris Marker "Les films de sa vie"

Les fusils (Ruy Guerra - 1964)

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Dans une région désertique, un détachement de soldats est envoyé en poste dans une village pour prévenir des troubles dus à une grande famine. Sur place, il rencontre un ancien camarade devenu routier. Des tensions naissent rapidement entre eux tandis que gronde la population affamée et une foule de paysans en exil conduit par un prédicateur.

Les qualités visuelles, l'ambition et la richesse du scénario, l'audace de sa liberté narrative et l'originalité de son style sont indéniables ; les thèmes abordés sont très variés : social, religion, armée, politique... Reste qu'une nouvelle fois, le Cinéma novo me laisse dubitatif par sa trop grande radicalité dans sa conception :|
Les 30 premières minutes sont même rudes à suivre avec l'espèce de prophète éructant ses prêches hystériques en voix-off tandis que le film nous trimballe entre plusieurs personnages/lieux sans la moindre explication ni lien (le camionneur, la foule en exil, les soldats, l'attente dans le village). Je m'en suis senti immédiatement extérieur tout en reconnaissant sa beauté plastique (sens du cadre et des focales, photo en noir et blanc légèrement teinté sépia).
Quant tous les intervenants sont réunis au même endroit, le film devient plus compréhensible et on saisit mieux la finalité du récit. On trouve même quelques très bonnes scènes qui installent progressivement un malaise et une tension dramatique : le duel entre l'ancien militaire et le chef de garnison sur l'assemblage d'une arme et surtout le jeu d'un soldat qui, par ennui, s'entraîne au tir sur un animal avant d'abattre par accident son propriétaire. Cette dernière séquence est assez glaçante avec son refus du contre-champ sur la misère paysanne comme si la détresse et la famine étaient nié par "l'occupant".
Cette tension ne pourra conduire qu'à l'explosion dans le final où la corruption et la famine poussent à la révolte et la prise - vaine - des armes. La aussi, le style chaotique et forcené n'aide pas à s'attacher aux personnages dont la logique comportemental m'échappe en grande partie, symbolique sans être dans la parabole, à la progression pas nécessairement cohérente. J'ai toujours l'impression qu'il me manque des clés de compréhension culturelle d'autant que le film n'est pas équilibré dans sa construction. Le prédicateur (que j'ai cru sortir du Dieu noir et diable blond un moment) est trop peu intégré au récit par exemple, les rapports d'amitié - même passés - manquent d'incarnation ou les personnages féminins sont bien trop flous. Je me sens plus proche de l'approche de Nelson Pereira Dos Santos dans Sécheresse.

Cela dit, je ne regrette pas le déplacement puisqu'il demeure extrêmement rare, que je n'avais jamais vu de film de Guerra et que ce titre demeure encore très novateur et singulier avec une conclusion incroyablement forte et dérangeante (coucou à nos amis vegans)
Enfin Les Fusils reste une pierre angulaire du cinéma brésilien et constitue d'après les critiques l'une des 3 œuvres emblématiques du Cinema novo (avec justement Sécheresse et Le dieu noir et le diable blond).
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Alexandre Angel
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Re: Cinémas d'Amérique latine

Message par Alexandre Angel »

De Ruy Guerra, je n'ai vu, à leurs sorties, que Erendira et Opera De Malendro (ce dernier revu sur le câble vers 1995).
C'est un peu lointain. Je n'ai pas un mauvais souvenir d' Opera.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
bruce randylan
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Re: Cinémas d'Amérique latine

Message par bruce randylan »

Alexandre Angel a écrit : Erendira
Adapté par Gabriel García Márquez lui-même, pourquoi pas. :)
(j'ai lu avec énormément de plaisir l'an dernier 100 ans de solitude et j'ai l'amour au temps du choléra en stock)
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Jack Carter
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Re: Cinémas d'Amérique latine

Message par Jack Carter »

Mexico maleficarum, 13 trésors du cinéma fantastique mexicain, du 26 octobre au 4 novembre, à la Cinematheque Française

https://www.cinematheque.fr/cycle/mexic ... -1127.html
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The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
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