Ludwig, le crépuscule des Dieux (Luchino Visconti - 1973)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

blaisdell
Assistant opérateur
Messages : 2285
Inscription : 2 mai 05, 16:19

Re: Ludwig : question sur les versions

Message par blaisdell »

Watkinssien a écrit :
Strum a écrit :


Pourquoi tiens-tu donc tant à ce que tous les films d'un grand cinéaste (souvent très différents) soient tous "remarquables, puissants, ou une oeuvre majeure" ? :wink:
Ce n'est pas TOUS les films de Visconti, c'est tous les films cités dans ta phrase, nuance ! :wink:

Visconti est un maître et il a signé pas mal d'oeuvres majeures. Le guépard est un pur chef-d'oeuvre, mais des films comme Senso, Rocco e i suoi Fratelli, Les damnés, Mort à Venise ou encore Ludwig sont pour moi splendides.
Je citerai mes deux préférés: SANDRA et VIOLENCE ET PASSION.
Avatar de l’utilisateur
Phnom&Penh
Assistant opérateur
Messages : 2077
Inscription : 28 févr. 08, 12:17
Localisation : Tengo un palacio en Granada

Re: Ludwig : question sur les versions

Message par Phnom&Penh »

Manolito a écrit :En croyant manipuler Hitler, en pensant ainsi contrer la menace du communisme, les puissances capitalistes allemandes ont mis en branle une machine de mort qui allait complètement les dépasser. Voici le sens des "Damnés" pour moi, que je ne trouve pas si contestable que cela...
Oui, c'est le sens, mais justement je trouve qu'il manipule l'histoire. Mais, bon, je m'arrête là :)

Pour revenir sur Ludwig et tenter de faire envie, voici quelques captures. Je l'ai revu entièrement et mes souvenirs étaient vraiment lointains.
D'abord, si le personnage de Ludwig est baroque, la mise en scène en revanche est extrémement sobre. De très beaux mouvements de caméra de temps en temps, et sinon, c'est simple, doux et calme. D'ailleurs, le son est comme le film, du Wagner certes, mais des mouvements très doux, du Schuman au piano, absolument rien de tonitruant.

Je commence par l'un des atouts majeurs du film :wink: : Romy Schneider, Elisabeth d'Autriche. Le personnage revient plusieurs fois dans le film et elle est merveilleuse:
Image
Image
De nombreux plans sur les lacs de Bavière, la mort toujours très présente:
Image
Wagner, un excellent Trevor Howard, le seul à bien s'amuser:
Image
L'arrivée du jeune acteur que Louis II va épuiser une semaine durant en le faisant jouer jour et nuit, (dans la grotte lohengrinienne de Linderhof) :
Image
La scène très connue de la chevauchée nocturne en traineau:
Image
Le fou rire d'Elisabeth découvrant les extravagances de son cousin (ici, la "galerie des glaces" d'Herrenchiemsee):
Image
Elisabeth dans la cour de Neuchswanstein:
Image
Ludwig interné à Berg:
Image
Conclusion: splendide, comme il l'était dans ma mémoire.
"pour cet enfant devenu grand, le cinéma et la femme sont restés deux notions absolument inséparables", Chris Marker

Image
Avatar de l’utilisateur
odelay
David O. Selznick
Messages : 13143
Inscription : 19 avr. 03, 09:21
Localisation : A Fraggle Rock

Re: Ludwig : question sur les versions

Message par odelay »

Ma scène préférée est au début, c'est celle du manège avec Romy Schneider à cheval et Helmut Berger, et les "scènes d'enfants" de Schumann en BO.


Image
cinou
Stagiaire
Messages : 2
Inscription : 12 déc. 08, 10:33

Ludwig, le crépuscule des dieux (Luchino Visconti - 1972)

Message par cinou »

Bonjour à tous,

Je souhaiterais s'avoir quelque chose, je suis passionnée de la vie de louis II de bavière, et j'adorerais vois le film le crepuscule des dieux.
je viens d'acheter un dvd "ludwig" seulement c'est parlé en italien et sous titré en anglais et je comprend ni l'un ni l'autre.

J'aimerais s'avoir si quelqu'un possède le dvd en francais, si oui vous le vendez???

Comment puis-je faire car je reve de voir ce film.

Merci d'avance a vous tous.
Avatar de l’utilisateur
Phnom&Penh
Assistant opérateur
Messages : 2077
Inscription : 28 févr. 08, 12:17
Localisation : Tengo un palacio en Granada

Re: Ludwig, le crépuscule des Dieux (Luchino Visconti - 1972)

Message par Phnom&Penh »

A ma connaissance, il n'existe pas de DVD français ou avec sous-titres français.

Celui-ci que j'ai:

Ludwig, Manga Films, Espagne

Il a été restauré, l'image est globalement très bonne...Mais c'est édité en Espagne, et c'est la version italienne uniquement sous-titrée en espagnol.

Et celle-ci, chez Infinity :

Ludwig, Infinity

Qui est probablement celui que tu as (italien sous-titré anglais).

Je crois qu'il existe un DVD allemand chez Kinowelt avec son allemand ou italien et sous-titres seulement en allemand.

Cependant, Arte a diffusé début septembre 2008 une version restaurée, en italien avec sous-titres français. Peut-être sortiront-ils un DVD mais je n'en sais rien.

Si l'espagnol t'intéresse, tu devrais pouvoir le commander sur le site d'El Corte Inglès (même avec les frais de port, je pense qu'il reste moins cher acheté en Espagne directement):

Achat Ludwig, Corte Inglès

Ou d'un autre site de vente par correspondance.

C'est facile à dire, mais je pense que les sous-titres espagnols, même si tu ne parles pas la langue, peuvent t'aider à comprendre globalement le film, c'est quand même assez proche du français (plus que l'anglais ou l'italien pour quelqu'un qui ne le parle pas du tout). Le plus déroutant, c'est qu'Elisabeth s'appelle Isabel :) et que tu risques de zapper les discours des médeçins. Pour le reste, tu devrais saisir l'intrigue.
Dernière modification par Phnom&Penh le 12 déc. 08, 12:50, modifié 1 fois.
"pour cet enfant devenu grand, le cinéma et la femme sont restés deux notions absolument inséparables", Chris Marker

Image
Nomorereasons
Dédé du Pacifique
Messages : 5150
Inscription : 29 mai 07, 20:19

Re: Ludwig, le crépuscule des Dieux (Luchino Visconti - 1972)

Message par Nomorereasons »

Il y a aussi une version kiosque avec vf et stf, mais pour la retrouver aujourd'hui, pfff...
cinou
Stagiaire
Messages : 2
Inscription : 12 déc. 08, 10:33

Re: Ludwig, le crépuscule des Dieux (Luchino Visconti - 1972)

Message par cinou »

salut,

la version qui etait passer sur arte etain bien en francais?

Si quelqu'un la enregistrer je serrai intéressé pour la racheter.

Merci
Alfred Kralik
Machino
Messages : 1367
Inscription : 15 août 05, 18:57
Localisation : Au coin de la rue.

Re: Ludwig, le crépuscule des Dieux (Luchino Visconti - 1972)

Message par Alfred Kralik »

Je me permets de vous suggérer de relire ce topic pour éviter d'avoir à nous répéter sans cesse sur les éditions disponibles. :wink:
"Le cinéma est un art. La télévision est un meuble."
Ballin Mundson
O Captain! my Captain!
Messages : 7107
Inscription : 27 janv. 05, 20:55
Localisation : à l'abordage

Re: Ludwig, le crépuscule des Dieux (Luchino Visconti - 1972)

Message par Ballin Mundson »

Phnom&Penh a écrit :A ma connaissance, il n'existe pas de DVD français ou avec sous-titres français.
Ben si, c'est d'ailleurs pour cela qu'on a ouvert ce topic :D

mais depuis,le dvd est épuisé :
http://www.journaux.fr/revue.php?id=132 ... ec=1&dvd=1
Image
Avatar de l’utilisateur
Phnom&Penh
Assistant opérateur
Messages : 2077
Inscription : 28 févr. 08, 12:17
Localisation : Tengo un palacio en Granada

Re: Ludwig, le crépuscule des Dieux (Luchino Visconti - 1972)

Message par Phnom&Penh »

Ballin Mundson a écrit :Ben si, c'est d'ailleurs pour cela qu'on a ouvert ce topic
Je voulais dire, disponible en magasin actuellement. Même si je n'ai pas relu le topic entièrement, j'ai quand même fait une petite recherche internet avant de répondre à Mr cinou :wink:
Bon, je travaille pas chez Manga Films non plus, si vous avez quelque chose contre ma version espagnole restaurée :mrgreen:
"pour cet enfant devenu grand, le cinéma et la femme sont restés deux notions absolument inséparables", Chris Marker

Image
Strum
n'est pas Flaubert
Messages : 8464
Inscription : 19 nov. 05, 15:35
Contact :

Re: Ludwig, le crépuscule des Dieux (Luchino Visconti - 1972)

Message par Strum »

Pour info, je me suis permis de déplacer les messages de ce sujet exclusivement relatifs aux Damnés dans le sujet homonyme où ils avaient davantage leur place. :)

Cf : http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... 2#p1800952
Strum
n'est pas Flaubert
Messages : 8464
Inscription : 19 nov. 05, 15:35
Contact :

Re: Ludwig, le crépuscule des Dieux (Luchino Visconti - 1972

Message par Strum »

Image

J'ai enfin découvert Ludwig et j'ai trouvé le film superbe.

Ludwig se présente comme une enquête menée par les ministres de Louis II de Bavière pour établir sa folie, ou du moins son incapacité à régner. La structure du film est habile et parvient à maintenir l'attention du spectateur tout du long, ce qui n'est pas une mince gageure pour un film d'une durée de 4 heures ou presque. Le déroulement du récit de la vie du monarque est ainsi entrecoupé de gros plans de ministres ou de témoins, qui nous regardent dans les yeux (regard-caméra) pour nous confier leur effarement devant ses manies. Des séquences de la vie de Ludwig viennent ensuite confirmer ou infirmer leurs remarques, et donc donner le point de vue de Visconti. Celui-ci est clair : Ludwig n'est pas fou et au contraire plus lucide que beaucoup (ne pouvant plier l'Histoire à ses désirs, il y plie les Arts et les Châteaux), bien que complaisant avec lui-même et incapable du moindre effort, à cause de sa sensibilité exacerbée et d'un oeil perpétuellement tourné vers lui-même, à l'instar d'un personnage d'un tableau de Modigliani.

Sur un plan esthétique, Ludwig fait penser au Guépard et à Mort à Venise. Ludwig a vraiment été tourné par Visconti dans les châteaux qu'a fait construire Ludwig (Linderhof, Berg, Neuschswanstein...), de même que Le Guépard fut vraiment tourné dans des palais siciliens réouverts et rénovés pour l'occasion, et Mort à Venise vraiment tourné dans l' Hotel des Bains au Lido. Visconti met en scène des personnages que la réalité effraie ou rebute parfois, mais quant à lui, il est solidement campé dans la réalité. En témoignent la minutie et l'attention au détail exténuantes pour ses collaborateurs avec lesquelles il tournait.

De longs plans larges mettent en valeur les magnifiques décors du film. La photographie d'Armando Nannuzzi, notamment dans les scènes de nuit, est sublime, et les couleurs aussi, qui reflètent l'esthétique romantisme-tardif du film. Les zooms, qui marquent son appartenance au début des années 70, sont même utilisés avec parcimonie, et avec une vitesse mesurée.

Le film baigne dans la musique crépusculaire de Wagner, qui le berce comme un navire traversant les brumes.

Romy Schneider, reprenant le rôle de l'impératrice Elisabeth d'Autriche qui l'avait rendu célèbre (Sissi), est éblouissante de beauté, de grâce et d'intelligence dans son interprétation. Ses scènes avec Ludwig, qui montrent deux êtres en rupture de banc avec le monde et la société, mais qui restent prisonniers malgré tout de certaines convenance, sont très émouvantes. Helmut Berger, dont je n'aime guère le jeu maniéré habituellement, est parfait en Ludwig. Il est en particulier étonnant dans la deuxième partie du film, qui le voit presque grimé en Ivan le Terrible. Trevor Howard, en Wagner, apporte un peu de vitalité et d'amour de la vie au monde fermé sur lui-même du film.

Image

Sur un plan thématique, Ludwig s'inscrit également dans une certaine filiation avec Mort à Venise et Le Guépard.

Avec Le Guépard, d'abord, parce que comme dans ce dernier, Ludwig met en scène un homme qui refuse de vivre dans la réalité historique de son temps et de se comporter comme sa position dans la société (en tant que Roi de Bavière) l'y oblige. Ainsi, dans le Guépard, le Prince Salina décide dans la force de l'âge de ne plus tenir sa place dans le nouveau monde issu de la révolution italienne et décline notamment la possibilité d'entrer au Parlement italien, pour ne plus attendre que la mort. De même, Ludwig refuse la marche du temps, et notamment l'intégration inéluctable de la Bavière au Reich Allemand. Ludwig et Salina ont également en partage une certaine lucidité sur eux-mêmes. Le Prince Salina y ajoute une lucidité totale sur son époque. Je crois que Ludwig est également sans illusion sur le processus historique et comprend très bien le monde où il vit, mais il le refuse avec une violence incontrôlable qui l'éloigne de la main sûre et du contrôle sur lui-même du Prince Salina. Ludwig ne vit que par procuration, au travers du refuge de l'Art (la musique de Wagner, ses châteaux, et c'est d'ailleurs ce qui reste de lui aujourd'hui) ; Salina aussi ne vit plus que par procuration, mais au travers cette fois de son neveu Tancrède, un homme entreprenant et actif, qui se sent comme un poisson dans l'eau dans le nouveau monde. C'est que Ludwig est un artiste, au sens péjoratif du terme tel que l'envisageait Thomas Mann, c'est à dire un homme complètement submergé par sa sur-sensibilité au monde, sa nervosité. Le Prince Salina n'est lui pas un artiste, mais un homme solide, qui s'il a peut-être parfois la tête dans les étoiles lors de ses activités d'astronome, a également les pieds bien rivés dans la terre de Sicile. Les arts éloignent toujours plus Ludwig du monde, Tancrède rattache encore Salina au monde.

Avec Mort à Venise, ensuite, parce que le tempérament artistique de Ludwig le relie au Aschenbach de Mort à Venise. Chez les deux hommes, conformément aux interrogations de Thomas Mann sur les artistes (notamment dans Les Buddenbrook, Tonio Krüger ou Mort à Venise), le tempérament artistique est vu comme une tare nerveuse empêchant l'artiste de tenir pleinement et naturellement sa place dans la société. Par le dérèglement des sens qu'il produit (selon la vision de Thomas Mann/Visconti, cela va sans dire), il entraine également les deux hommes vers la fascination du corps masculin (via l'art statutaire grec pour Aschenbach) et vers l'homosexualité. Dans ces deux films, les personnages (paradoxe pour Ludwig) se situent hors de l'Histoire. La "décadence" (faute d'un autre mot) n'est pas celle du monde, mais celle, soit-disante, de deux individus que le monde juge décadents sans les comprendre. On est ainsi loin de la tentative ratée de Visconti dans les Damnés de rattacher la décadence d'une famille à une certaine décadence historique (on sait aujourd'hui que l'idée de Visconti de faire du nazisme une dégénérescence du capitalisme est infondée historiquement et économiquement).

Image
Avatar de l’utilisateur
Watkinssien
Etanche
Messages : 17111
Inscription : 6 mai 06, 12:53
Localisation : Xanadu

Re: Ludwig, le crépuscule des Dieux (Luchino Visconti - 1972

Message par Watkinssien »

Ce texte fait plaisir... :D
Image

Mother, I miss you :(
joe-ernst
Décorateur
Messages : 3820
Inscription : 20 mars 06, 15:11
Localisation :

Re: Ludwig, le crépuscule des Dieux (Luchino Visconti - 1972

Message par joe-ernst »

Strum a écrit :La "décadence" (faute d'un autre mot) n'est pas celle du monde, mais celle, soit-disante, de deux individus que le monde juge tels sans les comprendre.
Et pourtant les Bavarois aimaient leur roi et ont même pris les armes pour tenter de le délivrer (je ne me souviens plus si cela est montré dans le film, mais il me semble que si). Cela ne veut pas dire qu'ils le comprenaient, mais ils ne le rejettaient pas non plus, loin de là.
L'hyperréalisme à la Kechiche, ce n'est pas du tout mon truc. Alain Guiraudie
Strum
n'est pas Flaubert
Messages : 8464
Inscription : 19 nov. 05, 15:35
Contact :

Re: Ludwig, le crépuscule des Dieux (Luchino Visconti - 1972

Message par Strum »

joe-ernst a écrit :Et pourtant les Bavarois aimaient leur roi et ont même pris les armes pour tenter de le délivrer (je ne me souviens plus si cela est montré dans le film, mais il me semble que si). Cela ne veut pas dire qu'ils le comprenaient, mais ils ne le rejettaient pas non plus, loin de là.
Cela n'a rien à voir. Dans le film, le monde qui entoure Ludwig, ce sont essentiellement les ministres, les militaires, sa mère, les autres têtes couronnées d'Europe, l'apparat étouffant de la Cour qui le juge à l'aune de ce que devrait être un Roi, pas le peuple bavarois lui-même. Et d'ailleurs le peuple bavarois le comprendrait-il s'il le fréquentait vraiment ? Et puis, je parlais de monde au sens large, et même du monde actuel. Dans le film, Ludwig a clairement l'impression de n'être pas compris, d'être entouré de gens qui ne peuvent comprendre ni son amour de l'Art, ni ses préférences sexuelles, ni ses manies, ni ses rejets de ses obligations de souverain, ni son rejet de l'Histoire immédiate et de la marche qu'elle prend. La seule personne dont il puisse espérer qu'elle le comprenne, c'est Sissi, et même elle finit par le rejeter d'une certaine façon au profit des convenances.

Et Watkinssien, tout le plaisir est pour moi. :wink:

PS: Voyez-vous les images ? Elles n'apparaissent plus chez moi.
Répondre