Mary Pickford (1892-1979)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22217
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Re: Mary Pickford (1892-1979)

Message par Supfiction »

Tommy Udo a écrit :La copie diffusée sur Arte est dispo sur Francomac : http://kebekmac.forumprod.com/ernst-lub ... y+pickford
Merci Tommy!
bruce randylan
Mogul
Messages : 11658
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Mary Pickford (1892-1979)

Message par bruce randylan »

Fanchon le criquet / Fanchon the Cricket (James Kirkwood - 1915)

Image

Une jeune sauvageonne, vivant au milieu des bois avec sa grand-mère considéré comme une sorcière, tombe amoureuse d'un villageois vivant. Or, l'élu de son coeur est déjà fiancée, et elle ne sait comment l'approcher d'autant que son apparence lui apporte moquerie et mépris.

En 1915, Mary Pickford commence a avoir suffisamment de succès pour imposer son style, ses personnages et choisir ses réalisateurs. Ce Fanchon qui vient d'être fraîchement redécouvert et restauré est conçu pour consolider son image chez le public américain. Elle joue donc une sauvageonne à la pureté "rousseauiste", entre candeur, espièglerie, malice et fragilité.
Peut-être encore étourdie par son succès, et la présence de son frère et sa sœur à ses côté devant la caméra (pour l'unique fois de sa carrière semble-t-il), Mary Pickford se laisse un peu trop allée et ne parvient pas à se canaliser pour se mettre au service de l'histoire et son personnage. C'est un festival de cabotinage, de surjeu et d’exubérance qui fatiguent immédiatement. On dirait que la comédienne passe son temps à faire des clins d'oeil en nous enfonçant les coudes dans les côtes.
Comme le scénario n'a pas grand chose à raconter, Pickford a littéralement le champ libre pour occuper l'espace durant 75 minutes qui tournent rapidement en rond, se reposant sur des formules à la mode qui devait déjà être éculées à l'époque.
Le film méritait pourtant mieux avec une jolie réalisation Kirkwood, moins lyrique que celle de Maurice Tourneur par exemple mais autrement plus vivante avec un peinture très "americana" où le folklore, les danses et les festivités sont largement mises en scènes avec une réelle effervescence entraînante. La lumière est à ce titre lumineuse et les extérieurs sont bien choisis pour leur simplicité et leur chaleur.
Après, mes réserves proviennent aussi en partie d'un accompagnement musical enregistré, véritable repoussoir, d'un total anachronisme (basse, guitare électrique, synthé, congas). Ca ne me dérange pas sur le principe sauf qu'ici la musique - à l'instar de sa vedette - est tout le temps dans la surenchère et la surcharge, sans la moindre pause ni respiration. Extrêmement fatiguant et ça plombe le rythme du film qui apparait boursoufflé de partout.

Pour se faire une idée (et encore, ce sont les rares passages "calmes" qui illustrent cette vidéo)
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
bruce randylan
Mogul
Messages : 11658
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Mary Pickford (1892-1979)

Message par bruce randylan »

Le signal de l'amour / The love light (Frances Marion - 1921)

Image

Durant la première guerre italienne, et pendant que ces deux frères sont partis au front, une gardienne de phare recueil et cache un soldat américain dont elle tombe amoureuse.

Changement de cap pour la comédienne qui délaisse (enfin) les rôles d'adolescentes, ou de femmes enfants, pour celui d'une femme qui a presque son propre âge. Elle se maquille ainsi moins tout en délaissant les mimiques et j'avoue que ça plaisir de voir que son visage porte davantage d'émotion et de fragilité, voire la fatigue. Il faut dire que le rôle impose aussi moins d'espièglerie et davantage d’introspection et de doutes. Après une introduction assez conventionnelle - avec vision idyllique campagnarde -, le scénario fait davantage preuve de nuance et d’ambiguïté en brisant les repères de l'héroïne lorsqu'elle découvre la véritable identité de l'homme qu'elle aime et dont elle porte l'enfant.
La seconde moitié possède une indéniable tension dramatique que la qualité de la réalisation met en valeur. C'est la première des trois réalisations de Frances Marion qui fait preuve d'une belle assurance derrière la caméra même si elle profite sans doute de techniciens chevronnés connaissant aussi bien qu'elle Mary Pickford.
Toujours est-il que le film possède un traitement plus humain et sensible dans la description des tourments qui s'abattent sur l'héroïne avec une direction artistique sophistiquée qui n'a rien de gratuit pour de très belles scènes nocturnes, en contre-jour ou extérieurs délicieusement composés.
La conclusion n'évite pas certains travers, comme si l'actrice-productrice avait encore un peu peur de délaisser totalement le ton qui a fait sa réputation mais dans l'ensemble, c'est bon opus dans la carrière de la comédienne.
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
Citizen V
Assistant(e) machine à café
Messages : 145
Inscription : 17 janv. 09, 11:12

Re: Mary Pickford (1892-1979)

Message par Citizen V »

C'est fou ça.
Y'a deux quizzs (là, j'ai un doute sur le nombre de z et de s...) en cours, en naphta et en contemporain, et y'a encore des gens qui se cassent le tronc à poster des chroniques de films...

Bravo les mecs!
#OnApplauditTousà01h00
bruce randylan
Mogul
Messages : 11658
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Mary Pickford (1892-1979)

Message par bruce randylan »

Je me confine dans mon coin.
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22217
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Re: Mary Pickford (1892-1979)

Message par Supfiction »

Pourquoi Frances Marion n’a fait que trois réalisations, tu sais ?
bruce randylan
Mogul
Messages : 11658
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Mary Pickford (1892-1979)

Message par bruce randylan »

Aucune idée, elle était peut-être plus à l'aise au scénario qu'à la mise en scène ?
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22217
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Re: Mary Pickford (1892-1979)

Message par Supfiction »

bruce randylan a écrit :tout en délaissant les mimiques et j'avoue que ça plaisir de voir que son visage porte davantage d'émotion et de fragilité, voire la fatigue. Il faut dire que le rôle impose aussi moins d'espièglerie et davantage d’introspection et de doutes.
[tweet][/tweet]

[tweet][/tweet]

:mrgreen:
bruce randylan
Mogul
Messages : 11658
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Mary Pickford (1892-1979)

Message par bruce randylan »

Bon, okay. :mrgreen:
Mais c'est surtout dans le début non ?

Reste que quand on sort de Fanchon le cricket, Love light ressemble à du Dreyer.
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22217
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Re: Mary Pickford (1892-1979)

Message par Supfiction »

bruce randylan a écrit :Bon, okay. :mrgreen:
Mais c'est surtout dans le début non ?

Reste que quand on sort de Fanchon le cricket, Love light ressemble à du Dreyer.
Oui c’est au début principalement. Dans cette première partie, elle fait beaucoup penser à Janet Gaynor (dans Lucky Star notamment). Après la guerre, elle ne fait plus de grimaces effectivement et son visage fait étonnamment nettement plus vieux. Sinon, je trouve que cette histoire de phare et de bébé a quelques lointains échos avec l’excellent Une vie entre deux océans avec Alicia Vikander.
Répondre