Irene Dunne (1898-1990)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Ann Harding
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Re: Irene Dunne (1898-1990)

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If I Were Free (1933, Elliott Nugent) avec Irene Dunne, Clive Brook, Nils Asther, Henry Stephenson et Vivian Tobin

A Paris, Sarah Cazenove (I. Dunne) est victime d'un époux manipulateur et violent (Nils Asther). Elle décide de le quitter et de divorcer après avoir rencontré un avocat, lui aussi, à la dérive, Gordon Evers (C. Brook)...

Cette petite production RKO est typique des mélodrames que tournaient les deux actrices, Irene Dunne et Ann Harding, sous contrat avec cette société à l'époque. If I Were Free ne fait partie des mélos prestigieux avec sa durée de 66 minutes et son intrigue minimaliste. Tiré d'une pièce de théâtre de John Van Druten, le film n'offre pas de réelles surprises. Elliott Nugent n'est pas un grand réalisateur, même si il a produit quelques films intéressants comme Life Begins (1932) avec Loretta Young et Three Cornered Moon (1933) avec Claudette Colbert qui restent en mémoire à cause de la qualité de leurs scénarii. On ressent néanmoins un réel plaisir à la vision de ce film grâce aux deux acteurs principaux, Irene Dunne, toujours juste et émouvante et Clive Brook, qui sort de son impassibilité habituelle. Les thèmes abordés sont les mêmes que l'on rencontre dans des dizaines de mélos de l'époque: l'homme mal marié, la maîtresse que l'on cache et qui se sacrifie et la femme cupide qui refuse le divorce. Irene Dunne souffre noblement pendant que Clive Brook est menacé de mort par une blessure de guerre. Tout cela étiré sur une plus longue durée serait parfaitement insupportable. Mais, en 66 min, l'histoire d'amour de ces deux êtres maltraités par la vie est plausible. Clive Brook réussit même à être émouvant en alcoolique sarcastique. Les seconds rôles sont tenus par la crème des acteurs britanniques comme Henry Stephenson et Halliwell Hobbes. Nils Asther est un méchant dans la lignée de son rôle dans Letty Lynton (1932) de Clarence Brown. Ce n'est certainement pas un grand film, mais une petite production sympathique.
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Supfiction
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Re: Irene Dunne (1898-1990)

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Cela faisait des années que je voulais voir la version 1934 de The age of innocence, c’est maintenant chose faite.
On trouve dans ce film les grandes scènes et de nombreux dialogues d’Edith Wharton qui seront dans le chef-d’œuvre de Scorsese, à l’exception des séquences les plus chères comme la grande scène du bal ou celle de l'opéra qui ouvre le film de 1993. Irene Dunne fait une Madame Olenska tout à fait crédible et juste mais il n’y a malheureusement aucune alchimie avec son partenaire John Boles qui joue avec une lourdeur confondante. Pourtant l’acteur était il me semble plus inspiré deux ans auparavant lorsqu’il était déjà le partenaire de l’actrice dans le beau mélodrame Back Street (1932). Il eut également le privilège de jouer aux côtés de Barbara Stanwyck dans Stella Dallas en 1937. Mais ici, il a le premier rôle, c’est peut-être bien le problème.
Si ce film permet de se rendre compte d’une chose, c’est donc de l’immense talent de Daniel Day Lewis qui avec exactement les mêmes dialogues que John Boles n’est jamais grandiloquent et fait ressentir la tragédie intime et les subtilités et ambiguïtés du personnage. Et pourtant le film réalisé par Philip Moeller est beaucoup plus explicite que celui de Scorsese qui lui aura la subtilité et l’audace de ne jamais montrer ce qui se trame dans le dos des deux amoureux pour les séparer. La réalisation de Moeller est à la fois plus étriquée, sans poésie, sans passion, expédiée quand elle devrait prendre son temps et à la fois plus lourde par ses explications. Bref, Irene Dunne surnage (l’actrice incarnant May Welland joue cela dit très bien la naïveté requise, trop peut-être) grâce à son charme et son intelligence de jeu habituelle, sans jamais en faire trop. Michelle Pfeiffer approfondira le rôle en lui donnant davantage de détresse et de profondeur mais évidemment avec un grand réalisateur et un partenaire comme Day Lewis c’est plus facile.. Le remake a du bon parfois.

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Re: Irene Dunne (1898-1990)

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The Secret of Madame Blanche, film de 1933, est une nouvelle adaptation d'une pièce de théâtre à succès et qui avait connu une première adaptation en 1923 dans laquelle Norma Talmadge tenait le rôle titre. Le scénario de ce mélodrame n'est pas très original puisqu'il met une nouvelle fois en scène l'injustice faite à une femme en raison de sa condition sociale (elle tombe amoureuse et se marie avec un jeune homme de bonne famille mais le père de celui-ci ordonne à son fils de ne plus la revoir...) et le sacrifice d'une mère à qui on a retirera son enfant de manière arbitraire. En France, les films de Pagnol (La fille du Puisatier, Fanny) ont traité avec beaucoup de tendresse ces histoires au cinéma, sans parler de la littérature (Les misérables) ou de l'Opéra (la Traviata). A Hollywood, les exemples sont également nombreux de mélodrames de ce genre. The Sin of Madelon Claudet permit notamment à Helen Hayes d'obtenir un Oscar en 1931 sur un scénario proche (une femme emprisonnée par erreur se prostitue et vole pour payer les études de son fils).

Néanmoins, ce film ravira les fans de l'actrice tant celle-ci y joue à la perfection et a l'occasion de s'amuser dans tous les registres. Elle passe de la jeune femme gaie et coquine (à ne pas manquer son quasi french-cancan burlesque dans un cabaret français, plus osée peut-être que la scène de la jupe de Marilyn Monroe dans Sept ans de réflexion) du début à la femme au bonheur foudroyé puis à la vieille mère sacrificielle et protectrice dans la seconde partie. Son vieillissement est extraordinaire, on ne remarque aucun artifice ou maquillage grossier. Dans toutes les scènes, même les plus mélodramatiques et difficiles, elle a l'occasion de montrer l'étendue de son talent. C'est dans la légèreté et la comédie (The awful truth, évidemment) que je la préfère. Elle a peu de scènes pour être légère ici mais elles sont essentielles pour rendre la suite digeste. Le reste du casting tient la route qu'il s'agisse du fils qui alterne arrogance et repentance, ou dans les seconds rôles la jolie Jean Parker (que l'on reverra notamment dans le Barbe-Bleue de Ulmer). Lionel Atwill (Capitaine Blood, Jeux dangereux) joue le père sans pitié ni nuance du début à la fin mais le rôle était probablement écrit ainsi, ce n'est pas du Pagnol. L'histoire se passant en France, de nombreux acteurs parlent français à peu prêt correctement, suffisamment en tous cas pour faire illusion aux yeux du public américain.


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Roberta (1935) de William A. Seiter

Un ancien joueur de football, John Kent, rencontre Huck Haines et son jazz band, les Wabash Indianians, et ils voyagent ensemble. Ensemble, ils rendent visite à la tante de John, Roberta. Celle-ci tient un magasin de mode avec sa vendeuse Stéphanie dont John tombe amoureux. Après le décès de sa tante, c'est lui et ses compagnons de route qui reprennent le magasin.

Ce film constitue la troisième collaboration Astaire-Rogers mais étonnement, après La Joyeuse Divorcée en 1934 qui voyait le duo passer au statut de vedette pour la première fois, les voici de nouveau relégués au second plan de l'intrigue. Car ce sont Randolph Scott et Irene Dunne qui sont bel et bien au premier plan alors que Astaire et Rogers assurent le comique de situation et les intermèdes de danse évidemment. Smoke gets in your eyes et I Won't Dance sont les deux tubes de Jerome Kern écrits pour l'opérette Roberta de 1933 et qui fut adaptée au cinéma deux ans plus tard. Le premier morceau échoie à Irene Dunne qui l’interprète semble t-il elle-même alors que "I Won't Dance" sera interprété par Fred Astaire et dansé avec sa partenaire. Irene Dunne est une nouvelle fois parfaite dans la comédie. Elle me fait beaucoup penser à Barbara Stanwyck d'ailleurs dans ce registre.
En revanche, je n'ai pas trouvé que ce fut une bonne idée de la faire chanter tant elle est figée et peu à l'aise. Ce n'est pas une chanteuse et ça se sent :ça manque de swing et de modernité. Bref c'est très vieillot alors que Astaire sans avoir une grande voix reste toujours agréable à écouter grâce à son sens du rythme. C'était un jazzman et il a l'occasion de le montrer au piano quelques instants.

Randolph Scott s'en sort tout juste en leading role romantique. On a du mal à l'imaginer romantique et crevant d'amour comme l’interprétait si bien Fred Astaire. En revanche, son aspect guindé s'avère finalement plutôt drôle (lorsqu'il est coincé dans l'ascenseur par exemple). Il y a avait quelque-chose à creuser de ce côté là.
Ginger semble, elle, s'amuser beaucoup car elle a peut-être pour la première fois l'occasion de tenir un personnage purement comique et pas seulement un faire-valoir romantique. Elle prend ainsi un accent russe plutôt surprenant mais son rôle et ridicule mais cela s'inscrit dans le cahier des charges du supporting role purement comique et sans aucune importance dans le scénario.

Roberta s'avère au final davantage une comédie, manquant un peu de rythme d'ailleurs et de légèreté aussi, qu'une véritable comédie musicale à l'exception des deux morceaux (et quels morceaux!) de Jerome Kern. On parlera donc abusivement de film de Fred Astaire et Ginger Rogers, le film réjouira les admirateurs des 4 stars réunis à l'écran. Les autres n'y trouveront pas leur compte.

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Re: Irene Dunne (1898-1990)

Message par Sybille »

J'avais été plutôt agréablement surprise par ce film (mais ne l'ai pas encore revu). Irene Dunne chanteuse m'avait même assez plu (en particulier son interprétation de "Yesterdays") mais c'est vrai que son style est indubitablement daté.

Dans le registre de la comédie, je la rapprocherais aussi de Claudette Colbert car elle me semble partager davantage l'élégance de celle-ci. Je dirais même qu'elle a un côté "européen" que je ne perçois pas du tout chez Stanwyck qui est typiquement américaine et plus "rude" (ainsi qu'en témoigne son interprétation d'aristocrate anglaise - drôle donc réussie mais pas trop crédible - dans "The lady Eve"). Enfin c'est surtout une question de ressenti/opinion.
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Re: Irene Dunne (1898-1990)

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Sybille a écrit :J'avais été plutôt agréablement surprise par ce film (mais ne l'ai pas encore revu). Irene Dunne chanteuse m'avait même assez plu (en particulier son interprétation de "Yesterdays") mais c'est vrai que son style est indubitablement daté.

Dans le registre de la comédie, je la rapprocherais aussi de Claudette Colbert car elle me semble partager davantage l'élégance de celle-ci. Je dirais même qu'elle a un côté "européen" que je ne perçois pas du tout chez Stanwyck qui est typiquement américaine et plus "rude" (ainsi qu'en témoigne son interprétation d'aristocrate anglaise - drôle donc réussie mais pas trop crédible - dans "The lady Eve"). Enfin c'est surtout une question de ressenti/opinion.
Claudette Colbert a un rythme et un grain de folie qu’Irene Dunne n’a pas je trouve.
Mais tu as raison, elle a une classe européenne que peut-être Stanwyck n’a pas. Mais elle est dépourvue du sex-appeal de Claudette Colbert ou de Kay Francis. Elle est raffinée et bien habillée mais de ce que j’ai vu plutôt prude (à l’exception de la courte scène burlesque que j’ai évoquée dans The Secret of Madame Blanche).
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Re: Irene Dunne (1898-1990)

Message par Sybille »

Oui, je suis d'accord que Colbert est souvent plus fantasque et pour le manque de sex-appeal de Dunne, qui fait beaucoup plus "dame" que les autres (sans que ce soit dit négativement - c'est une des actrices que je préfère ! :) )

Dans Theodora goes wild, on peut justement voir le personnage de Dunne "se lâcher", même s'il s'agit surtout pour elle de jouer temporairement un rôle, en quelque sorte. Il faudra que je le revois mais je garde plutôt un bon souvenir du film.
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Re: Irene Dunne (1898-1990)

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Je signale la sortie récente de ces dvds.

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Edition espagnole malheureusement donc sans stf.
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Re: Irene Dunne (1898-1990)

Message par Sybille »

Le coffret espagnol n'est pas récent, je l''ai depuis au moins 4 ans :wink:
Les copies sont "fatiguées" on va dire, mais ça reste correct pour découvrir des raretés.
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Re: Irene Dunne (1898-1990)

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Un mot sur This man is mine (1934) vu hier.

De My Favorite Wife (et ses remakes Something's Got to Give et Move over darling) à Situation amoureuse : c'est compliqué (2014), le thème de l'ex grand amour de l'homme qui revient alors que celui-ci s'est casé est porteur de situations de comédie et de drames savoureux dans plusieurs films. Malheureusement il n'est pas tellement bien exploité dans ce film en dépit d'une belle prestation de Constance Cummings dans ce rôle de l'ex petite amie extravagante qui revient séduire et faire douter Ralph Bellamy pourtant marié et très heureux avec Irene Dunne comme le montre la première scène du film. Mais la mise en scène est particulièrement figée et les scénaristes manquent visiblement d'idées de situations alors qu'elles ne manquent pas comme sauront les exploiter d'autres films. Il semblerait que les scénaristes ont hésité entre le drame et la comédie, privilégiant plutôt le drame malheureusement. Même Irene Dunne n'est pas tellement à son avantage et d'ailleurs elle sera bien plus convaincante en 1940 dans My Favorite Wife dans le rôle bien plus savoureux et gratifiant de la femme faisant irruption dans la vie de son ex-amant qu'ici épouse balayée par le retour de l'ex fantasmée.

A signaler une scène assez surprenante car rare dans laquelle Ralph Bellamy donne un coup de poing à Constance Cummings.. à la manière de James Cagney!

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Dernière modification par Supfiction le 6 déc. 20, 00:54, modifié 2 fois.
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Re: Irene Dunne (1898-1990)

Message par kiemavel »

Heureusement que tu te dépouilles pour Irene !
2 pages, 4000 vues, je ne le découvre pas aujourd'hui mais je suis toujours étonné du manque de notoriété de cette très grande actrice.
Seul bemol, dès qu'elle chante : Roberta, Quelle joie de vivre … je détalle :oops:
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Re: Irene Dunne (1898-1990)

Message par Watkinssien »

Oui, c'est une actrice qui mérite d'être redécouverte à travers une filmographie très intéressante dans ses choix.

Pour moi, son plus beau rôle et plus belle performance est dans le magnifique Elle et lui de McCarey, première version (1939).
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Re: Irene Dunne (1898-1990)

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Unfinished Business (1941)
Je m'apprêtais à écrire quelques lignes sur cette comédie dramatique amère et j'ai découvert que rhizome21 en avait bien parlé il y a quelques années :
rhizome21 a écrit :Unfinished Business (Gregory La Cava, 1941) : Nancy (Irene Dunne) décide au mariage de sa soeur, de quitter son Ohio natal pour aller tenter sa chance ailleurs. Dans le train qui l’emmène à New York, elle est l’objet d’un pari de la part du playboy Steve Duncan (Preston Foster) et en tombe amoureuse. Déçue par leur aventure sans lendemain, elle trouve du travail dans un club où elle retrouve son séducteur ainsi que son frère Tommy (Robert Montgomery), qu’elle finit par épouser sur un coup de tête après une soirée d’ivresse. Mais elle est toujours amoureuse de Steve, et son irruption dans leur appartement va bouleverser la vie de Nancy.
Sur une trame des plus convenues, La Cava insère quelques variations inattendues pour l’époque. Nancy, bien qu’éplorée, mène sa vie et sa barque comme elle l’entend, quitte à décevoir à son tour. Robert Montgomery est très bon dans un rôle de noceur acide à la répartie facile.
Spoiler (cliquez pour afficher)
La fin (Nancy, après la révélation de son amour interdit s’enfuit, son mari la cherche avant de s’engager par dépit dans l’armée et alors qu’il s’apprêtait à divorcer, découvre son secret “honteux”, qui n’est autre qu’un fils qu’ils ont conçu juste avant leur séparation
) n’est sans doute pas des plus convaincantes, mais le film reste tout de même une jolie réussite mineure.
Il semble que Carole Lombard était initialement prévue pour jouer ce rôle de femme émancipée mais romantique. Pourtant il colle comme un gant à Irene Dunne.
Le début est particulièrement audacieux pour l'époque puisqu'au mariage de sa soeur, Nancy (Irene Dunne) déclare avoir l'intention de quitter son village de l'Ohio pour voyager jusqu'à New-York et peut-être entamer une carrière de chanteuse d'opéra. Dans le train elle est séduite (un peu de force d'ailleurs) par un playboy, Steve Duncan (Preston Foster, impeccable), qui la convoite pour gagner un pari. La séduction dans un compartiment de train est longue mais Steve finit par arriver à ses fins, en dépit du refus verbal de Nancy, femme intelligente mais proie inexpérimentée. L'ellipse nous laisse imaginer la suite lorsque le train arrive à destination. Le réveil est brutal pour Nancy puisque Steve la laisse tomber dès la descente du train.
Malheureusement pour le personnage et pour nous, la suite va s'avérer plus conformiste.
Nancy fait des petits boulots, utilisant ses talents vocaux puis se fait embauchée dans un club pour pousser la chansonnette aux clients. Mais un jour elle tombe sur Steve Duncan qui l'ignore totalement évidemment puisqu'il est avec sa fiancée ainsi que son propre frère Tommy (Robert Montgomery). Nancy a le cœur brisé en apprenant que Steve est sur le point d'épouser une autre femme mais Tommy, dandy frivole et alcoolique, s'intéresse alors à elle et tous les deux boivent toute la soirée. Le lendemain on découvre qu'ils se sont mariés en Caroline du Sud. Tommy a même sur le moment tout oublié mais il est bel et bien amoureux. Montgomery joue à la perfection ce rôle d'héritier noceur qui dissimule derrière une totale inconscience nonchalante quelques frustrations familiales. Elle, n'a pas totalement oublié Steve. La suite vous la devinez, est assez classique car quoi qu'il arrive, le mariage reste le mariage comme disait Edith Wharton. Malheureusement le film tend alors davantage vers le mélo que vers la comédie du remariage. Vraiment dommage car Robert Montgomery est très amusant comme souvent et Irene Dunne s'amuse beaucoup avec lui visiblement et alterne comme elle seule savait le faire, fantaisie et larmes mélodramatiques. Une nouvelle fois, le scénario lui donne l'occasion de chanter et notamment une célèbre chanson folk traditionnelle, "When You and I Were Young, Maggie" :
Un beau film qui patie néanmoins des conventions mélodramatiques de l'époque, en particulier lors d'un dénouement convenu. Mais Unfinished Business réserve néanmoins quelques audaces et bénéficie de la mise en scène particulièrement élégante de La Cava (il y a du Ophuls dans ses travellings mondains). De belles scènes, comme par exemple cette scène à l'Opera avec Montgomery jouant à utiliser ses lunettes à l'envers avant d'identifier Irene Dunne parmi les cantatrices. Ou encore une jolie scène de promenade en caleche dans laquelle on aperçoit de petits bouts de New-York défiler sur les côtés.
Enfin signalons la présence de Eugene Pallette (My Man Godfrey, etc) toujours propice aux bons mots comiques qui pour une fois ne joue pas le bourgeois père de famille mais le majordome.

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Re: Irene Dunne (1898-1990)

Message par Sybille »

J'ai vu ce film y a quelques mois et en avais tout oublié (mais en lisant ton avis, ça me revient plutôt bien). J'avais été assez déçue, pourtant j'aime bien les interprètes : Irene Dunne depuis toujours et Robert Montgomery que je (re)découvre et évalue de plus en plus à la hausse.
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Re: Irene Dunne (1898-1990)

Message par Supfiction »

Sybille a écrit :J'ai vu ce film y a quelques mois et en avais tout oublié (mais en lisant ton avis, ça me revient plutôt bien). J'avais été assez déçue, pourtant j'aime bien les interprètes : Irene Dunne depuis toujours et Robert Montgomery que je (re)découvre et évalue de plus en plus à la hausse.
Le film mérite d’être vu plusieurs fois. La première fois on peut effectivement être un peu déçu par la direction du scénario qui tend trop vers le mélo mais une seconde vision permet de savourer la délicatesse et la fluidité de la mise en scène de La Cava.
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