Irene Dunne (1898-1990)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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francesco
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Irene Dunne (1898-1990)

Message par francesco »

Si je devais donner une palme d’or à la meilleure actrice de l’histoire de cinéma ce serait sans doute à Irene Dunne que je l’attribuerai. Il y en a beaucoup que j’aime autant qu’elle, quelques unes qui m’impressionnent encore davantage, deux ou trois (Stanwyck, Colbert, Astor …) qui ont pu naviguer avec autant de souplesse et de facilité d’une genre à l’autre, aucune peut-être qui l’ait fait à ce degré de grâce, nous offrant ce qui est pour moi la meilleure interprétation de l’histoire de la Screwball (Théodora devient folle), un sommet absolu du mélodrame (Back street) et peut-être la plus juste des vision de la maternité à l’écran (Tendresse).
Elle est née au XIXème siècle ce qui n’est pas si courant que cela, mais elle a traversé deux décennies de cinéma sans être atteinte par l’âge, de sorte qu’à 40 ans elle en parait 25 et à 50 une petite trentaine. Même si le noir et blanc y est sans doute pour quelque chose (je ne crois pas qu’elle ait joué dans un film en couleurs), il ne peut pas dissimuler une silhouette qui se raidit ou s’alourdit. Rien de tel chez Dunne, immanquablement nette, élancée et précise dans ses gestes. Elle chantait à la base, et sa carrière se fera aussi dans le musical (au moins la première version de Show Boat et Roberta aussi. Autre chose ?) A ma connaissance pas de muet ( ?) mais une entrée triomphante et en haut de l’affiche dès Cimmaron (La Ruée vers l’ouest) en 1931, film qui vaut surtout pour elle (elle fera mieux par la suite dans des rôles plus intéressants sans doute, mais pour ces débuts elle était déjà ce qu’elle sera toujours : juste et cela y compris dans son travestissement de vieille dame à la fin). Elle est pour ce rôle, son second, nommée aux oscars pour la première fois. Comme elle souffre joliment pendant tout le film on la devina douée pour la tristesse et le malheur. Universal lui offrit donc les rôles principaux d’adaptations de sordides romans de Fanny Hurt, Symphony of six millions et Back Street (Histoire d’un amour) en 1932. Pour le second elle rencontrait John Stalh qui savait donner une aura romantique et une touche mélancolique à toutes ces intrigues feuilletonesques. Pour Back Street ils construisirent à eux deux un personnage bouleversant qui gardait, en dépit de toutes les circonstances, une dignité humaine rayonnante. A revoir aujourd’hui le film on reste frappé par la modernité du jeu d’Irene Dunne, modernité qui rend inutile le moment d’ajustement qu’on doit parfois faire en regardant un film des années 30. Avec Stalh elle fera encore Le Mirage de la vie en 1936, et peut-être, le sommet du réalisateur, Veillée d’amour en 1938, merveilleux film d’amour, au plus beau sens du terme dans lequel elle retrouvait également Charles Boyer son partenaire la même année dans Elle et lui. La perfection narrative et visuelle de chaque scène était un écrin idéal pour Dunne qui réussissait à la fin une périlleuse scène d’adieu, à vous tirer des larmes tandis qu’elle retient les siennes.
Entre temps elle avait surpris toute l’industrie en acceptant le rôle principal de Théodora devient folle (1936) qu’elle a assuré avec une folle virtuosité tout en conservant l’humanité du personnage intact. Elle était délicieusement drôle, mais on ne riait pas d’elle, on riait avec elle. Elle est nommée aux oscars encore une fois de même que l’année suivante pour un de ses films les plus connus : Cette affreuse vérité (c’est ça le titre français ? Je ne sais plus) qu’elle a tourné avec Leo McCarray et Cary Grant qui trouve avec elle une de ses partenaires de prédilection. Ce n’est pas le dynamisme explosif de son duo avec Russell, ce n’est l’élégance magique de ses pas de deux avec Katherine Hepburn : c’est tout simplement une alchimie d’un naturel confondant qui fait qu’on est sûr au premier regard que c’est bien d’un couple qu’il s’agit et d’un couple fait pour s’aimer. Ils se retrouveront en 1941 avec George Stevens pour La Chanson du passé dans un registre plus sombre et un équilibre légèrement différent : elle plus mature, plus apaisée que lui. Deux ans avant elle avait été encore une fois nommée aux oscars pour un autre film de McCarray, la première version d’Elle et lui éclipsée aujourd’hui par le glamour de la version de 1957, mais servie par une Dunne au sommet de son art d’interprète, désarmante d’humour dans la première partie, d’une richesse et d’une subtilité sans équivalent pendant tout le film. Les années 40 lui offriront d’autres rôles dans lesquels elle ne sera pas moins remarquable, même s’ils sont moins nombreux.
Trois sommets encore : Anna et le roi de Siam en 1946 (de Cromwell avec qui elle avait déjà travaillé à plusieurs reprises lors de la décennie précédentes) ou la modernité et l’intelligence de ses rapports avec Rex Harrison sont particulièrement remarquable, Tendresse (George Stevens) un de ses plus beaux rôles en maman suédoise « à la fois mythique et familière » comme l’a écrit un critique. (Tout le film, dans son registre familial, est remarquable, l’interprétation étant au dessus de tout éloge pour tout le monde, et pour Dunne en particulier je ne reviens pas dessus), Le Moineau de la Tamise (Negulesco) dans lequel elle fait une délicieuse composition en reine Victoria réussissant encore une fois à faire passer l’humanité d’un personnage un peu ingrat, derrière le maquillage et l’accent ! Un tour de force.
Dunne est peut-être un peu oubliée aujourd’hui parce que l’on a très souvent fait des remakes de ses films : comptons ensemble :
Cimarron sera repris avec Maria Schell
Back Street sera repris deux fois, une fois avec Margaret Sullavan, l’autre fois avec Susan Hayward
Le temps de l’innocence (je donnerais cher pour le voir celui la) avec Michelle Pfeiffer
Le Secret magnifique et This awful truth avec Jane Wyman
Roberta et Show Boat avec Kathryn Grayson
Elle et lui et Anna et le roi de Siam avec Deborah Kerr
Mon épouse favorite avec Doris Day
Veillée d’amour avec June Allyson


A relire ce post je constate quand même moi-même deux "limitation" : aucun film noir et aucun rôle antipathique. Un choix personnel ou une peur de ne pas être crédible ?
Dernière modification par francesco le 5 juin 08, 15:36, modifié 1 fois.
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Ann Harding
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Re: Irene Dunne

Message par Ann Harding »

Alors là, Francesco, je suis entièrement d'accord! Si il y a une actrice très sous-estimée (du moins en France), c'est bien Irene Dunne. :D
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Cary Grant a toujours dit qu'elle était sa partenaire préférée.
Voici ce que dit d'elle Lucille Ball qui l'observait en train de répéter (alors que Lucille n'était que figurante): "Quand Hepburn 'télégraphiait' ses sentiments -attention je vais être drôle maintenant!-, Dunne me surprenait à chaque fois. Je l'ai vu un jour faire 32 prises d'une scène. Sur les 32, 25 au moins étaitent différentes. Elle travaillait énormément sur 'comment jouer cette scène' alors que Kate était identique de la première à la dernière prise et télégraphiait à chaque fois." Ce témoignage en dit long sur le métier de cette actrice.

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Dans Cette Sacrée Vérité (The Awful Truth, 1937) de Leo McCarey

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Dans La Chanson du Passé (Penny Serenade, 1940) de George Stevens

Il y a quelques autres films d'elles que j'ai bien aimé. D'abord un precode Ann Vickers (1933) avec Walter Huston où elle joue une directrice de prison. ce film tiré de Sinclair Lewis a malheureusement un scénario faiblard qui édulcure le roman. Mais néanmoins, il y est question d'avortement (le mot n'est jamais prononcé mais il est évident que l'héroine en subit un au début du film), de prisons pour femmes, de drogues et de sexe hors-marriage..... :shock:

J'ai vu aussi High, Wide and Hansome (La furie de l'or noir, 1937) de Mamoulian qui est un western/mélo par moment plutôt comique. Je me souviens particulièrement d'une scène où elle entraine une très timide Dorothy Lamour à chanter pour se faire engager dans une boîte. Elle frappe de son poing le piano pour donner un peu de rythme et se met à chanter à tue-tête pour aider Lamour complètement tétanisée. Le film part un peu dans tous les sens, mais, il est vraiment très sympathique avec une charge d'éléphants finale pour aider les paysans à construire leur pipeline! :mrgreen:

Dans Stingaree (1934) de Wellman avec Richard Dix, elle est une jeune employée de maison en Australie, écrasée par sa patronne (hilarante Mary Boland) et qui rève d'une carrière de chanteuse. Elle sera sauvé par un beau hors-la-loi, Stingaree (Richard Dix). Pas un chef d'oeuvre non plus, mais vraiment sympathique. :)

My Favourite Wife avec cary Grant est sympathique mais bq moins bon que The Awful Truth ou Penny Serenade. Je me souviens avoir vu aussi un film en couleurs avec elle: Life With Father (1947) où elle est l'épouse du très tatillon William Powell.

En tout cas, je vous conseille la lecture de l'excellent Romantic Comedy in Hollywood de James Harvey (1987) où un chapitre entier lui est consacré. Il contient en sus, une délicieuse interview de l'actrice par l'auteur. :)
francesco
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Re: Irene Dunne

Message par francesco »

Merci Ann, je me sentais un peu seul sur le coup :mrgreen:
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Re: Irene Dunne

Message par Music Man »

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Comme Francesco le rappelle, la grande Irène Dunne a débuté sa carrière dans des opérettes (après avoir raté une audition pour le Métropolitan opéra). En 1929, remarquée par Florenz Ziegdeld lui-même (dans un ascenseur !), elle hérite du rôle de magnolia dans Show boat, dans lequel elle triomphe en tournée et notamment à Chicago. Après le succès commercial des deux premiers parlants de Bebe Daniels, la RKO tenta de dénicher une nouvelle star musicale pour ses films et engagea Dunne pour la distribuer dans une opérette de Rodgers et Hart dont elle avait assuré le succès sur scène, mais comme la vogue des films chantés et dansés prit fin en 1930, on garda Dunne et l’opérette, mais on enleva les danses et les chansons !
Irène Dunne a par la suite joué et chanté dans quelques comédies musicales, même si elles ont beaucoup moins marqué que les comédies légères et drames dans lesquelles la comédienne a excellé. Hormis Roberta (où elle entonne le sublime Smoke gets in your eyes), et évidemment la version filmée de Show boat (la meilleure) : elle y donne une version du bluesy « can’t help lovin that man » sautillante et péchue qui tranche avec les versions tragiques ou sentimentales de Lena Horne et des autres chanteuses l’ayant interprétée.
Si le talent de comédienne, la classe et la présence d’Irène Dunne font d’elles une des stars les plus douées des années 30-40, je vais encore me faire tirer les oreilles mais vocalement, je ne suis pas fan de sa façon de chanter et j’avais trouvé son interprétation du merveilleux Why was I born de Jerome Kern dans Sweet Adeline pas géniale (par rapport à la sublime version qu’en fit plus tard Judy Garland). A l’instant je réécoute sur CD son enregistrement de When I grow to old to dream que chantait aussi Evelyn Laye. Sa voix est bien timbrée mais son interprétation bien démodée. Quand j’aurai du temps, Irène aura droit à son petit topic parmi les vedettes musicales.
Dernière modification par Music Man le 13 juin 13, 17:34, modifié 4 fois.
Nestor Almendros
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Re: Irene Dunne

Message par Nestor Almendros »

LA CHANSON DU PASSE de George Stevens

Je viens de découvrir le film et j'ai tenu à poster mon avis dans le topic consacré à l'actrice. Car plus qu'à la mise en scène de Stevens et à l'agréable performance de Cary Grant (dont le topic est suffisamment actif), j'ai surtout été complètement charmé, voire d'une certaine façon fasciné, par Irene Dunne. Il me semblait bien l'a voir vue récemment et, en lisant l'introduction de Francesco, je me suis aperçu que je l'avais vu dans au moins deux films au cours de cette année (ANNA ET LE ROI DE SIAM et LE SECRET MAGNIFIQUE). Dans LA CHANSON DU PASSE, elle a quelque chose de magnétique.

Le film est vraiment plaisant, partagé sur un équilibre souvent fragile: le scénario accumule les poncifs et les évènements tragiques mais le traitement, le ton, l'interprétation amènent l'oeuvre bien au-delà des considérations clichesques. Le pitch de départ est une bonne idée, se remémorer des moments de la vie en réécoutant des disques. On connait le pouvoir de la musique et, effectivement, des morceaux, des tubes parfois, sont fortement attachés à des époques ou des moments personnels. Logique, donc, que le scénario prenne pour concept ces retours en arrière provoqués par l'écoute des disques. Sauf que le procédé vire peu à peu au chapitrage, au flashback systématique. Ce n'est pas un effet complètement raté, on l'excuse avec le temps, mais on se rend compte qu'on aurait aussi très bien pu s'en passer.
Pour raconter cette histoire mélodramatique, avec ses joies et ses peines, ses moments d'extase, d'espoir, et ses évènements d'une tristesse insurmontable, George Stevens respecte une pudeur, un attachement évident au couple, un soin apporté au rendu de leur intimité (ils sont parfois filmés dans un entrebaillement de porte) et à la description de leur quotidien. Il n'hésite pas à garder des scènes dans leur durée, parfois sans aucun dialogues, juste pour rendre palpable une atmosphère qui n'appartient qu'à ce couple. Et puis, en tant que futur papa prochainement, l'impact du film est sensiblement différent, il me parle plus que si je l'avais découvert il y a encore un an. La vision de la parentalité, malgré les lieux communs (la fête de l'école par exemple), garde une authenticité évidente en partie, pour en revenir au sujet du topic, grâce à cette étonnante actrice, effectivement peu connue chez nous mais qui m'avait donc marqué plusieurs fois ces derniers mois. Son jeu reste dans le subtil, la retenue totale. Elle ne se vautre jamais dans le larmoyant: cette direction d'acteurs joue énormément sur l'aspect sobre du film malgré les perches tendues par un scénario sans scrupules. Et même Cary Grant est rehaussé: il retrouve parfois ses élans comiques mais sait aussi devenir émouvant (la scène chez le juge). J'ai aussi beaucoup aimé le personnage par Edgar Buchanan (Oncle Applejack) qui est complètement dans cette ambiance, rôle secondaire mais indispensable au couple (et cette scène où il change le bébé...).

C'est un film Columbia, pourtant je l'ai découvert via le dvd édité par Bach vidéo. Master certainement libre de droits, pas génial mais regardable (le principal). En bonus, un petit segment sur la restauration du catalogue Bach: non vous ne rêvez pas! Ils font ce qu'ils peuvent, mais restaurer (avec de petits moyens, en plus) des sources libres de droit, donc très perfectibles, n'apporte pas un réel plus.
"Un film n'est pas une envie de faire pipi" (Cinéphage, août 2021)
francesco
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Re: Irene Dunne (1898-1990)

Message par francesco »

Dans le coffret Icons of Screwball figure deux films dont le célèbre Théodora devient folle où vraiment Dunne atteint à une espèce de grâce comique rarement atteinte à mon sens. D'un autre côté elle semble systématiquement planer dans les hautes sphères dans ce registre puisque le second film, moins connu mais qui la réunit avec Boyer (après les romantiques Elle et lui et Veillée d'amour), Together again de Charles Vidor, est aussi une réussite complète de ce point de vue. De la haute voltige interprétative que j'aurais du mal à décrire à ce stade de perfection. Elle n'est pas frénétique comme Russell, virtuose comme Lombard, tendre comme Jean Arthur, irresistible de charme comme Colbert. Mais c'est un génie comique qui arrive à rendre humaines et justes des réactions et des expressions qui appartiennent au registre fantaisiste. Du très grand art et une classe folle en plus.
Tout le film, sans prétention autre que sa distribution (Charles Coburn complète le pas de deux), est d'un charme fou.
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Re: Irene Dunne (1898-1990)

Message par Cathy »

Theodora goes Wild, Theodora devient folle (1936) - Richard Boleslawki

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Theodora Lynn écrit sous le pseudonyme de Caroline Adams, un roman à succès, mais trop osé pour la vie provinciale de la ville dont elle est originaire. Suite à une visite chez son éditeur de New York, Michael Grant décide de venir dans sa petite ville, afin qu'elle avoue qu'elle est l'auteur de ce roman. Mais une fois cet aveu fait, Theodora décide de s'occuper à son tour du jeune homme

Theodora goes wild est peut-être connu des amateurs d'Irene Dunne, mais cette screwball comedy n'a guère été diffusé en France, pourtant c'est un fleuron du genre. Tous les ingrédients sont réunis pour contribuer à ce succès, personnages typiques de ce style de situation, homme et femme dépassés par les situations et les affrontent dans des scènes qui vont à cent à l'heure, dialogues pleins de sous-entendus, scènes comiques, ou délirantes. Le film contient quelques bijoux du genre, comme la scène d'ivresse de Theodora, ou celle de Michael le siffleur avec Jack le chien et Sylvia la chatte noire, il y a aussi quelques longueurs notamment les scènes avec la fille de la pire commère de la ville, même si le personnage de Rebecca est essentiel à la fin et à la morale du film. Si ce film marche si bien, c'est sans doute grâce au charme et à la puissance comique des deux interprètes principaux en la personne d'Irene Dunne, actrice méconnue et de Melvyn Douglas qui est une fois de plus parfait dans ces rôles d'homme à la fois cynique et plein d'humour. Ce qui fait aussi le charme de ce film, c'est cette caricature de la vie provinciale, de ses commérages, de son manque d'ouverture d'esprit, sauf à travers le personnage du rédacteur du journal local campé par un truculent Thomas Mitchell, excellent une fois encore.
Une comédie virvoltante, qui mériterait de sortir de l'inconnu !
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Ann Harding
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Re: Irene Dunne (1898-1990)

Message par Ann Harding »

The Silver Cord (1933, J. Cromwell) avec I. Dunne, Joel McCrea, Laura Hope Crews et Frances Dee

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Christina Phelps (I. Dunne), une femme chercheur, suit son époux David (J. McCrea) en Amérique. Ils attérissent chez la mère de David (L. Hope Crews) qui se révèle une mère ultra-possessive et névrosée...

Ce film peu connu dans la carrière d'Irene Dunne lui donne un rôle de femme forte comme celui d'Ann Vickers (1933, J. Cromwell) où elle était directrice d'une prison pour femme. Mais ici, son adversaire est une Laura Hope Crews d'anthologie en mère ultra-possessive. Elle manoeuvre ses deux fils avec un machiavélisme incroyable pour éloigner toutes les femmes qui les entourent. Elle est tout miel avec eux alors qu'elle n'est que fiel et venin pour ses brus. Le film a un côté théâtre filmé qui n'est finalement pas désagréable avec un échange verbal entre Dunne et Crews qui a beaucoup de punch. Le film appelle un chat, un chat et montre les déviances de cette mère odieuse. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à Tennessee Williams pour l'atmosphère lourde de ressentiments et de jalousie. Mais, le film est adapté d'une pièce de Sidney Howard qui a écrit plusieurs oeuvres de qualité avant de passer scénariste de cinéma. J'ai passé un très bon moment avec ce petit film pre-code qui méritrait d'être mieux connu. :)
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Re: Irene Dunne (1898-1990)

Message par Cathy »

Over 21(1945) - Charles Vidor

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Un journaliste décide de s'engager dans l'armée. Sa femme, écrivain et scripte décide de le suivre dans le campement réservé aux femmes de militiares. Mais le directeur du journal ne supporte pas l'abandon de son éditorialiste vedette et veut vendre le journal.

Nous sommes à la fin de la guerre, et le film sent le patriotisme à tout va. Le film part pourtant d'un postulat sympathique, un journaliste âgé d'une quarantaire d'années veut intégrer l'armée et se trouve confronté à la difficulté de reprendre des études qui ne sont pas faciles pour ceux qui ont plus de 21 ans d'où le titre du film.
Malheureusement ce qui semble parti pour être une comédie devient vite un film sans grand intérêt, le message pacifiste sonne assez creux aujourd'hui. Evidemment il y a Irene Dunne qui cherche à sauver tant bien que mal ce film de l'ennui, il faut dire que son partenaire Alexander Knox est d'une fadeur sans pareil et qu'il a du mal à exister devant l'actrice. Les gags sont téléphonés et convenus, heureusement que Charles Coburn apporte sa jovialité habituelle à son rôle. Mais le film est vraiment quelconque, même s'il n'est pas réellement ennuyeux, tout est évident, cousu de fils blancs. Maintenant on reste sur sa faim quand au personnage du directeur de studio, même si c'est voulu.

A noter que l'affiche espagnole mis en illustration n'a guère à voir avec le film !
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Re: Irene Dunne (1898-1990)

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Theodora goes Wild - Richard Boleslawki (1936)
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Je ne connaissais le talent d'Irene Dunne dans les comédies que grace au génial The awful truth et au très bon My favorite wife tous deux avec Cary Grant. Avec ce Theodora goes wild, j'ai retrouvé tous les ingrédients qui faisaient la force du premier et je me suis rendu compte que l'actrice, tout comme Carole Lombard, avait vraiment quelque chose pour ce genre de film. Elle est une fois de plus pétillante, drôle, tellement à l'aise devant la caméra et semble faite pour ce rôle. Le film repose sur ce contraste entre la vie urbaine et celle de la campagne et les personnages de Theodora/Caroline et de Michael reposent là dessus : Theodora, pour séduire Michael, va devoir mettre au placard son éducation très stricte en devenant une Caroline chic et élégante mais en contrepartie Michael se voit contraint de refuser ses avances car il doit lui aussi s'écraser devant l'autorité paternelle. Et c'est sur cette confrontation que l'histoire s'appuie en nous offrant des instants de quiproquos et des passages vraiment comiques. Melvyn Douglas, s'il n'a pas le répondant de Cary Grant dans les deux films cités, est un excellent partenaire et fait preuve comme à son habitude de beaucoup de classe, d'aisance devant la caméra et a toujours ce petit plus, ce style si particulier qui le rend si plaisant à voir jouer surtout face aux actrices (Garbo, Dietrich, Crawford et Swanson).
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Ce film est une comédie très agréable, drôle, bien emmenée par ses 2 acteurs principaux mais également par ses seconds rôles (les 2 tantes de Theodora, le chef de Michael et surtout l'imprimeur :mrgreen: ) qui n'atteint pas les sommets de The awful truth (la scène du chapeau ou de la chaise valent leur pesant de caouètes :mrgreen: ) mais qui fait passer un très agréable moment. Ce film montre également à quel point Irene Dunne était une actrice polyvalente, drôle, au très joli brin de voix (j'aime beaucoup le passage au piano où elle chante "Be Still My Love" pour faire taire le jardinier siffleur) et capable de jouer sur différents registres :wink:
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Re: Irene Dunne (1898-1990)

Message par Ann Harding »

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I Remember Mama (Tendresse, 1948) avec Irene Dunne, Philip Dorn, Barbara Bel Geddes, Oskar Homolka et Cedric Hardwicke

Vers 1910, à San Francisco, Katrin (B. Bel Geddes), la fille aînée de la famille Hanson, a réussi à publier une nouvelle. Elle y raconte la vie de sa famille, d'origine norvégienne, qui est dirigée par sa mère Marta (I. Dunne)...

George Stevens a toujours su obtenir de ses acteurs des incarnations naturelles et dénuées de maniérisme. Il a déjà dirigé Irene Dunne dans Penny Serenade (1941) où elle donnait une interprétation éblouissante en jeune mère adoptive. En 1948, elle est devenue une mère de famille, assumant son âge. Cette histoire simple de la vie d'une famille pourrait facilement devenir un mélo tire-larme de la pire espèce. Mais, point du tout, DeWitt Bodeen et John Van Druten ont concocté un délicieux scénario où chacun peut se reconnaître dans les situations du quotidien. Irene Dunne est la matriarche d'une famille avec trois enfants. Elle doit compter chaque sou car la famille n'est pas riche. Arborrant un accent norvégien très convaincant, elle est une femme obstinée, courageuse et finalement ordinaire. Elle ne cherche pas à être la 'mère fantasmée' des films MGM. Elle est seulement la mère que nous avons tous eu, qui doit faire face aux problèmes du quotidien pour aider ses enfants et sa famille. Elle doit gérer ses trois enfants, supporter les commérages de ses soeurs et un oncle encombrant. Son mari ne semble pas avoir sa tenacité et son cran. C'est donc elle qui prend les décisions dans la famille. Dunne joue tout cela avec un naturel confondant. Stevens utilise au mieux le décor de la maison, se déplaçant de pièces en pièces. Il sait toujours ménager des silences lors des moments les plus intenses, arrivant à nous transmettre ces moments suspendus tel que lors de la mort de l'oncle. Oskar Omolka qui jouait un personnage bruyant et casse-pieds, s'éteind avec une certaine sérénité qu'on n'aura pas soupçonné. D'autres scènes virent au tragi-comique alors que Mama doit chloroformer le chat qui est malade. Assaillie par la culpabilité de devoir tuer l'animal favori de sa cadette, elle tente de tuer le chat. Mais, le lendemain, il sera toujours en vie. Barbara Bel Geddes, qui joue l'adolescente de la famille, réalise le jour de son anniversaire l'amour de sa mère. Tout cela est amené par petites touches. Finalement ces 134 min passent très vite en compagnie de cette famille attachante, dominée par la présence d'une Irene Dunne, ordinaire et extra-ordinaire à la fois.
Le DVD Z1 comporte des STF.
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Re: Irene Dunne (1898-1990)

Message par Cathy »

Stingaree (1934) - William A. Wellman

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La "fille" adoptive d'une famille anglaise exilée en Australie rêve de devenir chanteuse, mais la maîtresse de maison ne veut exposer que son propre talent. Elle s'éprend d'un bandit de grand chemin nommé Stingaree qui la pousse à suivre sa voie de cantatrice.

L'histoire est digne d'un roman à l'eau de rose avec cette jeune fille qui ne peut pas se faire écouter d'un grand maître musicien anglais mais qui est entendu par un bandit de grand chemin qui reconnaît dans sa voix des qualités immenses et décide d'oublier son envie de larcin pour faire chanter la jeune femme dans la réception destinée à mettre en valeur, les talents douteux de la maîtresse de maison. Cette jeune femme qui s'éprend de ce bandit, devient une cantatrice adulée par le monde mais ne peut oublier son beau voleur qui est en prison et qui revient en Australie pour le retrouver. L'histoire est "stupide" à souhait et pourtant on marche totalement dans cette histoire d'amour "ridicule", sans doute est-ce du au charme d'Irene Dunne qui peut faire étalage de sa voix même si celle-ci n'a pas la virtuosité roucoulante d'autres actrices. On l'entend même chanter avec un fort accent l'air des bijoux de Faust. Le méchant Stingaree est un mélange entre Fra Diavolo, (il ne chante pas, mais a une chanson à sa gloire qu'on entend régulièrement) et les méchants de Tex Avery avec ses moustaches, (son entrée dans la taverne du début semble avoir inspiré celle de Dan McGoo d'ailleurs). Il y a aussi cette belle-mère à la fois cocasse, persuadée de son talent lyrique et qui passe son temps à faire des vocalises, même quand sa "fille" est devenue une immense cantatrice mais submergée par l'émotion n'a pas donné tous ses moyens lors de son ultime récital australien et détestable par son envie de briller dans la société. Mary Boland s'avère excellente dans le rôle tout comme Una O Conor dans un de ses rôles de servante ou encore Andy Devine qui n'est pas loin de ses prestations fordiennes. Il y a aussi ce beau-père qui se laisse faire par sa femme mais est attachée à cette jeune fille qu'il a recueillie et considère comme sa fille, Henry Stephenson s'y montre lui aussi attachant. Richard Dix n'est par contre pas un modèle de sobriété dans son jeu, mais il arrive à charmer dans ce rôle de voleur au grand cœur. Ce n'est qu'un petit film de Wellman sans message social mais il demeure un divertissement agréable !
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Re: Irene Dunne (1898-1990)

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Ressources pour Irene Dunne

-1950 The Mudlark (Moineau de la Tamise). J. Negulesco. TV vost + DVD zone 1 vo Fox Archives
-1948 I Remember Mama (Tendresse). G. Stevens. DVD zone 1 vost
-1947 Life with Father (Mon père et nous). M. Curtiz. DVD zone 2
-1946 Anna and the King of Siam (Id). J. Cromwell. DVD zone 2 et 1
-1945 Over 21. C. Vidor. DVD zone 1 vo
-1944 The White Cliffs of Dover (Les blanches falaises de Douvres). C. Brown. TV vf, vost (?) /// Together Again (Coup de foudre). C. Vidor DVD zone 1 vo (+ajout de st fr amateur)
-1943 A Guy Named Joe (Un nommé Joe). V. Fleming. TV vost
-1942 Lady in a Jam. La Cava. DVD zone 1 vo
-1941 Penny Serenade (la chanson du passé). G. Stevens. DVD zone 2
-1940 My Favorite Wife (Mon épouse favorite). G. Kanin DVD zone 2 (rko)
-1939 When Tomorrow Comes (Veillée d'amour). J. Stahl. DVD zone 2 (coffret Sirk)
-1938 Joy of Living (Quelle Joie de Vivre). T. Garnett. TV vost + DVD z0 Warner Archive /// Love Affair (Elle et Lui). McCarey. DVD zone 1 et 2
-1937 High, Wide, and Handsome (La furie de l'or noir). Mamoulian. TV vost /// The Awful Truth (Cette sacré vérité). McCarey DVD zone 1 et 2
-1936 Theodora Goes Wild (Théodora devient folle). R. Boleslawsky. vost (st amateur)
-1935 Roberta. W. Seiter DVD Zone 1 vost et 2 vost /// Magnificent Obsession (Le secret magnifique). J. Stahl. DVD zone 2 (coffret Sirk)
-1934 The Age of Innocence. Moeller. TV vo + DVD z0 Warner Archive /// Stingaree. Wellman. DVD zone 1
-1933 The Silver Cord. J. Cromwell. TV vost /// Ann Vickers. J. Cromwell. TV vost /// If I Were Free. Nugent. DVD z0 Warner Archive
-1932 Back Street (Histoire d'un amour). J. Stahl. TV vost /// Symphony of Six Million (L'âme du ghetto). La Cava DVD z0 Warner Archive /// 13 women (Id). Archainbaud. DVD zone 2 (rko)
-1931 Cimarron (La ruée vers l'ouest). Ruggles. DVD zone 1 vost
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Re: Irene Dunne (1898-1990)

Message par feb »

kiemavel a écrit :-1936 Theodora Goes Wild (Théodora devient folle). R. Boleslawsky. vost (st amateur)
Sorti cette année en "Sony à la demande" aux US. C'est comme un Warner Archive : DVD Z0 et prix qui fait mal.
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http://www.amazon.com/Theodora-Goes-Wil ... +Goes+Wild
kiemavel
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Re: Irene Dunne (1898-1990)

Message par kiemavel »

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UN NOMMÉ JOE (A Guy Named Joe). Victor Fleming. 1943

Avec Spencer Tracy (Pete), Irene Dunne ( Dorinda), Van Johnson (Ted), Ward Bond (Al Yackey), James Gleason (Nails), Lionel Barrymore (Le général), Esther Williams (Ellen) et Charles Smith (Sanderson)

Durant la seconde guerre mondiale, Pete, un pilote américain d'une unité de bombardiers basée en Angleterre a une réputation de casse cou prêt à prendre tous les risques pour réussir les missions qu'on lui confie. Il est d'ailleurs très admiré par ses camarades mais sa hiérarchie lui reproche ses audaces et souhaite en faire un instructeur. Dorinda, sa petite amie elle-même pilote, finit par convaincre Pete d'accepter le poste de formateur qu'on lui propose mais le soir même il est contraint de participer à une dernière mission. Il décolle en pleine nuit pour bombarder un porte avion allemand. Son avion est touché et prend feu mais alors qu'il ordonne à son équipage d'évacuer l'appareil, lui même demeuré seul à bord, parvient à lâcher ses bombes sur le navire mais il s'écrase aussitôt après.
Il rejoint le paradis des pilotes et est très vite renvoyé sur terre pour servir de guide et d'ange gardien à Ted, un jeune pilote inexpérimenté. Pete s'acquitte parfaitement de sa tache mais la situation se complique quand Dorinda réapparait et que son jeune protégé semble la trouver à son gout...

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Un film qui tient du film de guerre, de la romance et du film fantastique. Puisque je suppose que tout le monde ou presque a vu " Always " de Steven Spielberg qui est le remake de ce film de Fleming, je vais simplement survoler le reste de l'intrigue et revenir brièvement sur quelques différences notables.

Les évènements du film de Spielberg se déroulait à l'époque de son tournage, dans les années 80, Fleming et son scénariste Dalton Trumbo eux aussi avaient tourné un film se déroulant à l'époque de son tournage mais ils se servaient donc du contexte de la seconde guerre mondiale et c'était par conséquent moins anecdotique que dans le remake. En effet, même si c'est assez secondaire, il y a un aspect "film de propagande" dans l'original. Pete s'effacera définitivement devant le jeune prétendant de Dorinda, n'acceptera véritablement sa "mort" que quand on le convaincra qu'il a encore un rôle important à jouer dans la grande histoire. Ted deviendra en effet un héros grâce à l'intervention de Pete qui guidera le jeune homme. Fleming est d'ailleurs comme souvent très à l'aise dans les scènes d'action. On assiste à des combats aériens assez spectaculaires au tout début du film puis dans sa partie finale quand Ted, assisté de son ange gardien, participera glorieusement aux combats dans le Pacifique.

Par contre, il est très sobre, presque trop, dans sa façon de montrer la relation amoureuse de Pete et Dorinda, du vivant de Pete et même après sa mort. La sobriété de Fleming et de Trumbo, un certain manque de chaleur et de sensibilité, desservent un peu le film dans sa première partie. Cette bande annonce en quelque sorte des sentiments puissants qui sont censés animer le couple manque de chaleur et limite par conséquent l'impact des émotions ultérieures liées aux retrouvailles des anciens amants et celles ressenties par Pete quand il refusera par jalousie de s'effacer devant le jeune Ted. Pour être tout à fait précis, je préfère tout de même ces défauts tout relatifs...aux excès inverses qu'ont a pu voir dans les histoires romantiques de fantômes dans le cinéma des 20 dernières années. Le dégoulinant " Ghost " par exemple était écoeurant, bien plus en tout cas que le remake de Spielberg qui était en comparaison plutôt honorable. Il a en effet relativement respecté l'original car des scènes entières et de nombreux dialogues du film de Fleming se retrouvent presque telles quelles dans son remake. Je peux notamment citer les longues tirades entre Pete et Dorinda lorsqu'ils se disputent au sujet de l'insouciance du pilote risque tout et qu'elle l'incite en vain à prendre moins de risques. Plus tard, les dialogues entre Dorinda et Al, le meilleur ami, se ressemblent comme deux gouttes d'eau.

L'interprétation :
Spencer Tracy et Irene Dunne sont comme d'habitude excellents avec une mention spéciale pour la lumineuse Irene, devenue depuis 5 ou 6 ans, une de mes actrices préférées avec Barbara Stanwyck, Gene Tierney et Margaret Sullavan. On peut juste déplorer une chanson moyenne interprétée par Irene...qui sing pas très bien mais on moins c'est vraiment elle, la chanson " I'll Get By " dont le thème musical reviendra à plusieurs moments du récit. C'est le leitmotiv musical du film, le thème de Pete et Dorinda comme le sera la chanson " Smoke Gets in your Eyes " d'une manière beaucoup moins discrète dans le remake de Spielberg. Je précise tout de même que le seul registre dans lequel je n'aime pas beaucoup Irene Dunne, c'est précisément le Musical. Après Roberta, je viens de découvrir " Quelle joie de vivre " et, si le film n'est pas mal du tout, je confesse et confirme mes impressions antérieures : je n'aime pas du tout sa voix chantée...

Le prétendant de Dorinda est joué par le débutant Van Johnson dans son premier rôle important dans un film de prestige. Il interprète très bien ce jeune homme séduisant, dragueur et insouciant. Il est en tout cas infiniment meilleur que l'obscur Brad Johnson qui joue le même rôle dans le film ultérieur. Par contre, concernant l'interprète du meilleur ami du couple, c'est le contraire. Le très limité Ward Bond est très loin de valoir l'excellent John Goodman. A l'accueil du paradis des pilotes, on trouve un défunt général interprété par Lionel Barrymore qui intervient à plusieurs moments du récit pour recadrer les anges inexpérimentés. Cet officier supérieur des anges pilotes est remplacé dans le remake par le personnage interprété de manière lumineuse par Audrey Hepburn. Ce fut d'ailleurs malheureusement son dernier rôle au cinéma. C'est LE personnage très différent de l'original et un vrai apport de Spielberg. Dans les autres rôles secondaires, on retrouve Esther Williams, elle aussi dans un de ses premiers rôles, juste avant son premier plongeon dans le grand bassin (Le bal des sirènes date de 1944) ainsi que Charles Smith, le jeune commis Rudy qui passait le réveillon avec Mr. Matuschek à la fin du sublime "Shop around the corner" de Lubitsch.

Apparemment, il semble bien que dans le scénario original de Trumbo, il faisait mourir Dorinda à la fin et elle rejoignait Pete au ciel. Cette fin a été refusée par la production car elle était présentée comme un suicide, ou elle pouvait être interprétée ainsi...

Vu en VOST. Passé sur le sat. français
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