Loretta Young (1913-2000)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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feb
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Re: Taxi! (1932)

Message par feb »

Supfiction a écrit :A propos de Lombard et Cagney, j'ai trouvé ce cliché, pris je ne sais pas à quelle occasion.
Cliché pris sur le tournage de We're not dressing, sans doute fin 33 puisque le film est sorti début 34.
Lombard ne voulait pas être prêtée par la Paramount à une autre Major de peur que cela ne ruine sa carrière et c'est une décision qu'elle a beaucoup regrettée par la suite.
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Profondo Rosso
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Re: Loretta Young (1913-2000)

Message par Profondo Rosso »

Le docteur se marie de Alexander Hall (1940)

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Un quiproquo fait penser à toute la presse que la célèbre romancière féministe June Cameron est marié à Tim Sterling, professeur à l'université.

Une délicieuse screwball comedy qui trouve le ton juste entre progressisme et valeurs traditionnelles par la grâce d'un script astucieux. June Cameron (Loretta Young) est un écrivain féministe incitant les femmes à vivre hors du joug masculin et à mener carrière. Son dernier ouvrage rencontrant un succès important, elle est contrainte d'écourter ses vacances et de rentrer à New York. Faute de moyen de locomotion, elle s'impose dans la voiture du très soupe au lait Tim Sterling (Ray Milland) aspirant professeur en université de médecine. L'antagonisme entre l'indépendance de June et le caractère orageux de Tim se dessine pendant le trajet par quelques échanges savoureux et préparant la cohabitation forcée qui les attends arrivé destination. Suite à un quiproquo ils sont pris pour de jeunes mariés et une lectrice trahie aura fait remonter la rumeur jusqu'à New York. Seul moyen de s'en sortir, simuler un vrai mariage le temps pour June de changer son fusil d'épaule et de signer un ouvrage vantant la vie matrimoniale et de divorcer à sa parution (quitte à écrire dépeignant les joies du divorce par la suite :lol: ). On appréciera la morale bienpensante d'alors où mieux vaut feindre un mariage que d'avouer un liaison de passage.

Le script distille une habile opposition de caractères sources de joutes tordantes et inventives (Milland répertoriant les objets de Lorreta Young pour récupérer ses quatre dollars) tout en ne faisant pas des personnages des figures figées à leur supposée idéologie. Ainsi le supposé macho joué par Milland se montre fort soumis à sa vraie fiancée Marilyn (Gail Patrick) et Lorreta Young n'a guère de scrupule à sauver sa carrière en reniant sa philosophie tout en cédant là aussi à son petit ami et éditeur (Reginald Gardiner). Ce n'est donc pas sur une idéologie mais plutôt la peur de l'autre que repose leur opposition, donnant un charme explosif à leur mariage/opposition qui tout en les rebutant sert leurs intérêts. Chacun aura droit à son moment dominant Milland envahissant avec jubilation l'intérieur cosy de son "épouse" de ses attributs masculins dans les tiroirs, les armoires et même un tableau d'anatomie en plein salon. Le mariage n'est pas considéré comme la normalité uniquement pour la femme, Milland accédant enfin au statut de professeur grâce à nouvelle union qui le rend enfin suffisamment "équilibré" pour enseigner (l'occasion d'une revanche tonitruante de Loretta Young quand elle l'apprendra). D'ailleurs le monde universitaire est croqué avec amusement durant une scène de réception entre érudits discutant uniquement de trouble mentaux et son doyen dont un simple raclement de gorge génère un silence poli. Une caricature excellent mais pas suffisamment exploitée tant il y avait possibilité à des atmosphères façon Boule de feu de (1941) Howard Hawks.

Ce n'est finalement qu'en situation de crise, hors des carcans urbains que le rapprochement pourra se faire tout en leur permettant d'assumer leur personnalité et d'y adosser leur qualité. Le scientifique devient ainsi le médecin prévenant qui va aider une femme à accoucher, la femme indépendante une aide précieuse pour tempérer la crise (ne paraissant jamais soumise même en effectuant des tâches d'intérieur) et les deux peuvent enfin s'admirer mutuellement et s'aimer. Le registre vachard initial ne s'estompe heureusement pas mais se faisant dans la complicité et plus dans l'affrontement, à l'image du stratagème génial de Loretta Young pour empêcher Milland de se fiancer. Les deux acteurs sont irrésistibles (et Loretta Young à croquer comme d'habitude), les seconds rôles aussi surprenant qu'inventifs (les étudiants pratiquants de football américains bas du front) et l'ensemble mené tambour battant par Alexander Hall. Très bon moment ! 4,5/6
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Re: Loretta Young (1913-2000)

Message par Supfiction »

Profondo Rosso a écrit :l'occasion d'une revanche tonitruante de Loretta Young quand elle l'apprendra
Quelques passages amusants comme celui-ci, entre autres. Il y a aussi notamment le gag du va et vient entre deux appartements et deux situations à gérer simultanément (qu'on reverra notamment dans Le jumeau avec Pierre Richard et son remake). D'autres séquences sont moins heureuses, le début est plus laborieux je trouve.
Tu n'as pas tellement évoqué Gail Patrick, et pourtant je sais que tu l'apprécie aussi. C'est une actrice que je trouve à chaque fois parfaite dans les seconds rôles auxquels elle était abonnée, en particulier en sœur vénéneuse de Carole Lombard dans My Man Godfrey, dans Pension d'artistes, ou en seconde épouse de Cary Grant dans Mon épouse favorite.

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Re: Loretta Young (1913-2000)

Message par Profondo Rosso »

Supfiction a écrit :
Profondo Rosso a écrit :l'occasion d'une revanche tonitruante de Loretta Young quand elle l'apprendra
Tu n'as pas tellement évoqué Gail Patrick, et pourtant je sais que tu l'apprécie aussi. C'est une actrice que je trouve à chaque fois parfaite dans les seconds rôles auxquels elle était abonnée, en particulier en sœur vénéneuse de Carole Lombard dans My Man Godfrey, dans Pension d'artistes, ou en seconde épouse de Cary Grant dans Mon épouse favorite.

Oui c'est vrai mais là je ne trouve pas que son personnage constitue un antagoniste suffisamment intéressant à Loretta Young, elle est un peu précieuse et agçante mais ce n'est pas suffisamment exploité pour la rendre intéressante même si on sent le potentiel notamment la dernière entrevue où elle se fait damner le pion. Mais je l'adore dans les deux La Cava effectivement, là son charisme ne suffit pas à compenser le personnage pas assez étoffé. Le va et vient entre les appartement s'arrête trop tôt aussi avant que ça vire vraiment too much même si la chute est géniale :lol:
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Re: Loretta Young (1913-2000)

Message par Profondo Rosso »

A Night to remember de Richard Wallace (1942)

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A New York. Un auteur de romans policiers et sa femme enquêtent sur les agissements de leurs curieux voisins .....

A Night to remember est une délicieuse comédie policière qui nous embarque dans un suspense astucieux où la vraie tension s'équilibre idéalement aux éclats de rire. Adapté du roman The Frightened Stiff de Kelley Roos, le film voit les époux Nancy (Loretta Young) et Jeff Troy (Brian Aherne) confronté à un mystère alors qu'il s'installe dans leur nouvel appartement. Dès l'ouverture la légèreté et le babillement du couple est un contrepoint à l'environnement oppressant. L'immeuble inquiétant et les allures sinistres d'un voisinage digne de Rosemary's Baby vient jeter un voile d'inquiétude sur nos joyeux époux. La photo de Joseph Walker jette tout en jeu d'ombres menaçants fait lorgner l'ensemble vers l'épouvante, la vraie terreur ne s'installant pas complètement car les amorce de séquences terrifiantes se voient désamorcées par l'humour (l'apparition de la tortue) in extremis à chaque fois. Néanmoins le scénario habile pose un intrigant mystère, que ce soit par les réactions terrifiées des voisins dès qu'ils découvrent l'appartement occupé par nos héros ou le noir secret qui semble les forcer à cohabiter contre leur gré dans ce bâtiment depuis des années.

La force du film est de ne jamais diluer ce suspense tout en y allant franchement dans la grosse comédie loufoque. Le couple vedette y est pour beaucoup avec une Loretta Young piquante et toujours prêt à taquiner son époux, un Brian Aherne qui a plus expérimenté le crime dans ses romans que dans la réalité. L'acteur est épatant pour délester son personnage de toute virilité ou vertus héroïque. Les situations l'émasculant sont multiples, de par sa propre couardise (ses tergiversations à aller titiller un molosse dans un bar, ses airs tremblants dès qu'il s'agit d'explorer les entrailles ténébreuses de l'immeuble) ou par des situations tordantes comme le running gag de cette porte qu'il est le seul à ne pas réussir à ouvrir ou sa fâcheuse tendance à l'évanouissement (là aussi source d'un moment savoureux quand il croira son épouse morte). Ce mâle fragile et son épouse frêle ajoute donc au suspense tant ils semblent peu armés face au danger mais le scénario fait d'eux des fins limiers qui vont habilement remonter la piste de l'énigme. Sans trop en dire, la suite prendra la forme d'un haletant et imprévisible whodunit conjuguant donc toujours cette drôlerie à une efficace trame policière. Le film est tout de même parfois un peu trop bavard mais on prend un tel plaisir en compagnie de ces personnages (en second rôle Sidney Toler compose un inspecteur sarcastique du meilleur gout) que la pilule passe aisément, d'autant que le final est assez virtuose. Sans l'intrusion de l'humour, ce climax aurait pu être sacrément glaçant grâce à la mise en scène inspirée de Richard Wallace. Cet équilibre ténu évite de faire basculer le récit dans la parodie tout en le rendant constamment palpitant. Une jolie réussite. 4,5/6
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Re: Loretta Young (1913-2000)

Message par Supfiction »

Je pensais l'avoir vu mais après avoir lu ton texte, je m'aperçois que non. J'aimerai bien le voir. De ce que tu en décris, ça ressemble à quelque-chose entre les Thin man (Loretta Young piquante et taquinant son mari à l'instar de Myrna Loy) et un Meutre mystérieux à Manhattan surtout quand tu parles de la couardise du personnage joué par Brian Aherne.
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Re: Loretta Young (1913-2000)

Message par Profondo Rosso »

Oui en y pensant c'est franchement un ancêtre de Meurtre Mystérieux à Manhattan mais le couple est un peu plus sur un pied d'égalité dans l'enquête, dans mon souvenir Diane Keaton a un peu plus la part belle dans le Allen.

En tout cas c'est dispo dans les fameux packs screwball comedy de Sony avec sous-titres anglais :wink:

http://www.amazon.co.uk/Icons-Screwball ... all+comedy
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Re: Loretta Young (1913-2000)

Message par Supfiction »

bruce randylan a écrit :Divorcé malgré lui (Eternally Yours - 1939)

Bien médiocre celui-ci.
David Niven y jour un prestidigitateur un peu volage qui se marrie avec Loretta Young. Fatiguée de vivre dans la crainte de ses tour dangereux (sauter d'un avion menotté), elle obtient le divorce et se fiance à un homme plus simple. Il décide alors de tenter de la récupérer.

Pas grand à en dire, mise en scène très routinière et sans saveur (même les séquences de magie ne fonctionnent pas), pratiquement aucun rythme, les bonnes idées du postulat ne sont bien exploitée et le film n'est pas très drôle.
Les acteurs en revanche s'acquittent d'un bon travail et donnent du charme à cette comédie romantique prévisible à l'extrême qui se regarde sans implication. Celà, dans le 3ème quart du film, on trouve 10-15 minutes assez réjouissantes quand David Niven s'incruste dans la future belle-famille de son ex-femme et contrarie son rival. On trouve là un tempo enlevée qui n'est pas sans anticiper ce que Blake Edwards pourra quelques décennies plus tard.

Les curieux pourront y jeter un coup dans les différents dvds existant aux USA et en Angleterre (mais sans aucun sous-titres j'imagine)
Pas exceptionnel (euphémisme) mais une très belle complémentarité entre la douce excentricité de Niven et une Loretta Young qui savait se montrer piquante et pas seulement romantique quand on lui en donnait l’occasion comme ici.
Et donc un couple de cinéma qui me fait penser dans les meilleurs moments à Myrna Loy et William Powell.
Malheureusement le film est souvent laborieux et penche trop vers le drame alors qu’il aurait pu être une très bonne comédie du remariage.
Et la copie digne des plus grandes heures de Bach films.

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On retrouvera le couple Niven-Young dans The bishop’s wife.
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Re: Loretta Young (1913-2000)

Message par Supfiction »

Un rendez-vous qui se termine en viol, un dîner qui tourne au crime… Et c’est ce qu’a vécu l’actrice Loretta Young (1913-2000) avec Clark Gable. Un enfant fut même issu de ce viol. Mais, visiblement, le mot a mis du temps avant d’être prononcé. C’est en regardant, à la fin de sa vie, en 1998, une émission sur les date rapes en compagnie de sa belle-fille, Linda Lewis, que l’actrice hollywoodienne, alors âgée de 85 ans, se tourne vers elle et lui lâche : «C’est cela qui s’est passé entre Clark et moi.»

La révélation vient tout juste d’être médiatisée par Linda Lewis, qui s’entretient longuement sur le sujet avec une journaliste du site américain Buzzfeed. L’article revient en détail sur les circonstances de la chose.


En 1935, Loretta Young rencontre Clark Gable, avec qui elle doit tourner l’Appel de la forêt, de William A. Wellman. Elle est âgée de 22 ans. Sur le tournage, les deux stars, coincées par le blizzard dans une nature hostile (en plein hiver, à trois heures de route de Seattle), ne se privent pas de flirter. Plus tard, lors d’entretiens, Loretta Young insista sur le fait qu’il n’y avait rien de sexuel dans ce flirt. Lors du voyage retour pour Hollywood, en train de nuit, Clark Gable «visita» la couchette de Loretta Young. Quelques mois passèrent. Constatant qu’elle était enceinte, l’actrice cacha sa grossesse aux studios, se terra avec sa famille dans une villa et donna naissance à une petite fille, Judy. Ce n’est pas avant 1958 que l’enfant illégitime demandera des explications à sa mère sur ses origines. Pour toute réponse, Loretta Young quitta la pièce et partit vomir. En 2011, onze ans après sa mère, Judy décède. C’est sa mort qui incitera Linda Lewis, qui avait tu pendant des années cette révélation, à raconter enfin cette douloureuse anecdote.
https://next.liberation.fr/culture/2015 ... oi_1347463
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