La Kermesse des aigles (George Roy Hill - 1975)

[Kevin95]

Dans les années 20, le pilote Waldo Pepper se produit dans des cirques volants. Frustré de ne pas avoir volé avec la force aérienne américaine lors de la Première Guerre Mondiale, il s'invente un passé guerrier prestigieux. Son talent pour les acrobaties périlleuses et son ambition le mènent à Hollywood où il doit tourner un film sur cette guerre aérienne qu'il n'a pas faite. Il se retrouve alors confronté à Ernst Kessler, l'as allemand qu'il prétendait avoir combattu...

C'est l'histoire éternellement cinématographique, d'un homme en quête de reconnaissance mais handicapé par un rival supérieur dans un même domaine (du moins, le crois-t-il).
Après le succès populaire et critique de The Sting, Roy Hill reste dans ces années folles (et garde Redford pour l'occasion) et adapte la vie d'un fou du ciel nommé Waldo Pepper. Comme je l'ai dit, toute l'intrigue du film réside dans le parcours de ce talent dit "de seconde zone", frustré d'être dans l'ombre d'un seul homme comme en admiration devant sa légende, un peu comme Ed Wood (id de Tim Burton) ou Emmet Ray (Sweet and Lowdown de Woody Allen)
Ce Pepper cherche donc par divers moyen à sortir de l'ombre imposante d'Ernst Kessler, sans jamais oser l'affronter (afin éventuellement de le surpasser) car trop effrayé par l'importance du bonhomme et de sa réputation (donc l'inverse des héros de films tels The Hustler ou The Cincinnati Kid). Mais c'est finalement quand il rencontre le mythe et se rend compte qu'il n'est qu'un homme comme un autre, que notre héros se décide (enfin) à se confronter à la légende.

L'histoire aurait pu donner un grand film, mais si le film de Hill est en l'état certes très bon, je trouve qu'il souffre d'un défaut assez déstabilisant. Ce fameux handicap empêchant au métrage d'atteindre des sommets, c'est sa "douche écossaise" émotionnelle.
Je m'explique : le film débute de façon légère, limite burlesque, où l'on nous présente un personnage casse-cou, bigarré mais haut combien sympathique. Puis, sans transitions aucunes, nous passons à un portrait d'un rêveur / looser qui, faute de reconnaissance, détruit son entourage à chercher en vain d'être sous les feux de la rampe. Une prétention honorable (et en partie réussie) de la part du réalisateur, mais le spectateur, qui, pris l'intrigue sous son aspect "divertissant" (du moins c'est mon cas) est perdu émotionnellement et par conséquent ne s'implique pas entièrement

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(la mort de Susan Sarandon est, par exemple, une sacrée surprise)

.

Ceci dit, le film est une vraie réussite, surtout dans sa seconde partie (donc celle plus triste) où l'on peut voir des séquences marquantes

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(la mort du co-équipier de Redford, brulé devant les yeux des spectateurs)

et touchantes (le salut final).

A ranger dans la partie postive de la filmographie du réalisateur.

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Spoiler!

[Kevin95]

Sorry !

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Sorry !

Je le disais gentiment

[Jeremy Fox]

Effectivement, un bien joli film-hommage à ces acrobates du ciel durant les années 20. Un film finalement bien plus sobre que ne le laissait imaginer l'histoire, les plus belles séquences étant peut-être celle qui réunissent Robert Redford et l'aviateur allemand dans la dernière partie du film, ce dernier personnage étant extrêmement touchant. Pour le reste, même si ça manque un peu d'ampleur, le film se suit sans aucun ennui, la reconstitution d'époque paraissant juste, les personnages étant décrits avec une belle sensibilité et l'ensemble ne manquant ni d'humour ni de tension lors des séquences de cascades aériennes. Un Robert Reford très classe entourée par un intéressant casting dont une toute jeune Susan Sarandon. Très agréable même si comme l'explique très bien Kevin, on est un poil déçu émotionnellement parlant.

[AtCloseRange]

C'était l'époque où Kevin ouvrait des topics!

[Jeremy Fox]

C'était l'époque où Kevin ouvrait des topics!

Je comprends pourquoi il a arrêté. Un succès aussi mince pour un si joli film, il y a de quoi déprimer

[Le Révérend]

Je ne sais pas quel éditeur possède actuellement les droits du film, mais il s'honorerait en nous sortant un BD correct (dit-il en sacrifiant au rite du boulimique qui crie "Moi veut ! Moi veut !" sur tous les toits virtuels).

Ce n'est pas mon George Roy Hill préféré (c'est Abattoir 5 qui décroche cette médaille-là), mais c'est effectivement un film très agréable.

[Kevin95]

C'était l'époque où Kevin ouvrait des topics!

Je me demande même si c'est moi ou un déplacement de message.

[Max Schreck]

J'adore ce réalisateur et ce film autant que la plupart de ses autres (Butch Cassidy, Slaughterhouse V, Garp, Little drummer girl...).

Dans cette évocation nostalgique des pionniers de l'aviation, Redford est parfait, figure presque enfantine qui vit sa passion comme un rêve. On est vraiment amené à vivre avec lui l'époque où le ciel va cesser d'être un terrain de jeu pour devenir une véritable autoroute avec le développement de l'aviation civile. En fait, le film raconte plein de choses. Le scénario — signé William Goldman quand même — est extrêmement riche, et je n'ai jamais eu l'impression qu'un élément prenait le pas sur l'autre. Les personnages sont attachants, et comme souvent chez Hill on passe dans la même scène du burlesque le plus délicieux au tragique le plus glaçant.

Et puis les scènes d'acrobaties aériennes sont toujours aussi époustouflantes grâce à un savant art du montage. C'est vraiment un film que je revois avec plaisir.

[hellrick]

Ce long-métrage s’intéresse aux débuts héroïques de l’aviation, un thème finalement assez peu traité mais qui donna lieu à une poignée de réussites cinématographiques comme SEULS LES ANGES ONT DES AILES, LA PATROUILLE DE L’AUBE ou le boursouflé CES MERVEILLEUX FOUS VOLANTS DANS LEURS DROLES DE MACHINES.

L’intrigue se situe quelques années après la première guerre mondiale. Waldo Pepper, un as de l’aviation, effectue des acrobaties pour le compte d’un cirque volant. Bien qu’il n’ait pas combattu durant le conflit, il s’invente de belles histories et les raconte à son auditoire, souvent fasciné. Entre autre, il prétend avoir affronté le plus grand pilote du monde, l’Allemand Ernst Kessler. Ce-dernier l’aurait même salué durant un duel aérien. Un jour, Waldo se retrouve à Hollywood afin de tourner un film de guerre. Là il rencontre le véritable Kessler.

Hommage aux cascadeurs du ciel (qui, au milieu des années ’20 constituaient déjà une espèce en voie de disparition remplacée par les adeptes de la vitesse pure) et biographie romancée d’un authentique as de l’aviation (le film s’inspire de la vie d’Ormer Leslie "Lock" Locklear) mort durant un tournage auquel s’ajoute des références au pilote germanique Ernst Udet (rebaptisé Kessler), LA KERMESSE DES AIGLES était un projet très personnel pour George Roy Hill, ici aidé du réputé scénariste William Goldman (LES HOMMES DU PRESIDENT, PRINCESS BRIDE). Cinéaste talentueux, Hill avait déjà mené à bien trois très belles réussites : BUTCH CASSIDY ET LE KID, L’ARNAQUE et l’adaptation du fantastique roman ABATTOIR 5 (pourtant réputé impossible à transcrire à l’écran). Il poursuit avec cette KERMESSE DES AIGLES souvent passionnante.

Le casting, déjà, s’avère brillant, en particulier le héros campé par un Robert Redford inspiré et attachant aux côtés d’un efficace Bo Brundin qui joue l’as allemand. Les personnages féminins, placés en retrait, sont néanmoins bien défendus par des comédiennes talentueuses comme Susan Sarandon et Margot Kidder. Toutefois, ce sont bien sûr les séquences aériennes, spectaculaires et réalisées sans trucages, qui emportent l’adhésion du spectateur. Des scènes de haut vol, au propre comme au figuré, qui justifient à elles seules la vision de ce long-métrage.

Echec injustifié à sa sortie, LA KERMESSE DES AIGLES mérite la redécouverte par son mélange habile entre drame et légèreté. Ce qui semble une constance dans le cinéma de George Roy Hill. Le film capture en effet une période encore insouciante : la Première Guerre s’éloigne et l’Amérique n’a pas encore été frappée par la Grande Dépression. A cette époque, tout semble possible mais tout n’est pas rose pour autant : le cinéaste s’intéresse ainsi à la difficile reconversion de ces héros du ciel condamnés à devenir des anonymes ou à risquer leur vie (certains n’y survivront pas d’ailleurs) pour amuser la galerie. Bref, un bien joli film.

Au niveau du blu ray, si certaines scènes sont perfectibles avec quelques défauts de l’image ou un grain trop prononcé, l’ensemble s’avère néanmoins de belle facture et permet d’apprécier au mieux le film, notamment lors des acrobaties finales qui restent, quarante ans plus tard, toujours aussi impressionnante.


http://www.sueursfroides.fr/critique/la ... igles-3502

[Alexandre Angel]

Au niveau du blu ray, si certaines scènes sont perfectibles avec quelques défauts de l’image ou un grain trop prononcé, l’ensemble s’avère néanmoins de belle facture et permet d’apprécier au mieux le film, notamment lors des acrobaties finales qui restent, quarante ans plus tard, toujours aussi impressionnante.

Il convient aussi de rappeler que l'édition préexistante, sauf erreur (je ne sais plus chez quel éditeur) était non anamorphique et plutôt cra cra. Cette nouvelle édition est bienvenue.
Cela me fera sûrement réévaluer un film que je trouve agréable mais un peu terne.

[Watkinssien]

Oui, c'est un film que je trouve constamment attachant, autant dans sa légèreté que dans ses moments plus graves ou plus mélancoliques.

Je trouve la mise en scène de Hill sobre, maîtrisée dans son ensemble. Le film a des défauts de rythme, mais l'ensemble est toujours intéressant.