Out 1, noli me tangere (J. Rivette/S. Schiffman - 1971)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jack Carter
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Re: Out 1 Noli me tangere (Jacques Rivette - 1971)

Message par Jack Carter »

Rick Blaine a écrit ::lol: :mrgreen:
bien sur, je plaisante, j'essayerai de le voir dès que je pourrais (meme si je suis sceptique sur le fait d'apprecier)
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The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
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Jeremy Fox
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Re: Out 1 Noli me tangere (Jacques Rivette - 1971)

Message par Jeremy Fox »

Rick Blaine a écrit :Tu as "découpé" ton visionnage comment ?
Vu la longueur du truc, sur un soir de semaine je ne peux pas voir plus d'un épisode, au mieux deux un soir de week-end. Sachant en plus que je ne suis jamais dispo 6 ou 7 soirs consécutifs. Bref, est-ce que ça parait jouable de voir ce monstre sur une fenêtre de 2-3 semaines ou c'est trop étalé et il faut attendre l'opportunité (d'hypothétiques vacances) de ramasser le visionnage ?

J'ai regardé à chaque fois que je pouvais entre samedi matin et lundi soir ; soit en gros 3 épisodes par jour. Mais vu qu'il n'y a pas vraiment d'intrigues, qu'on arrive assez vite à connaitre chaque personnage et qu'à chaque début d'épisodes le film est résumé sous la forme d'une trentaine de photogrammes de l'épisode précédent, je pense qu'il peut se prêter à un visionnage étalé.

D'ailleurs cette version avait été prévue pour être une série pour la télé (jamais diffusée et on peut comprendre pourquoi) ; donc à mon avis il y aurait probablement eu un épisode par semaine. Mais bon, si tu es dans le même état que moi (ce qui n'est pas encore certain :mrgreen: ), tu te prendras au jeu et tu auras hâte d'enchainer. C'est quand même assez radical mais ça, je pense, tu as déjà été prévenu. Mais tu vas aussi être étonné de voir Jean Bouise et Bernadette Lafont dans ce genre de rôles à mon avis. :wink:

Tu peux aussi faire l'impasse sur le visionnage.

Kilékon :mrgreen:
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Rick Blaine
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Re: Out 1 Noli me tangere (Jacques Rivette - 1971)

Message par Rick Blaine »

Jeremy Fox a écrit :Mais bon, si tu es dans le même état que moi (ce qui n'est pas encore certain :mrgreen: ), tu te prendras au jeu et tu auras hâte d'enchainer.
Même en ayant hâte, c'est ma disponibilité qui me fait peur, mais ta réponse est claire, le visionnage peut-être étalé un minimum. Merci. :wink:

Jeremy Fox a écrit :C'est quand même assez radical mais ça je pense que tu as déjà été prévenu.
Je m'y attends effectivement. C'est quitte ou double, on verra.
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Jeremy Fox
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Re: Out 1 Noli me tangere (Jacques Rivette - 1971)

Message par Jeremy Fox »

Rick Blaine a écrit :
Jeremy Fox a écrit :C'est quand même assez radical mais ça je pense que tu as déjà été prévenu.
Je m'y attends effectivement. C'est quitte ou double, on verra.
Vu que tu as tenté les Godard politiques, ça ne pourra te paraitre que très divertissant finalement en comparaison :mrgreen:
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AtCloseRange
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Re: Out 1 Noli me tangere (Jacques Rivette - 1971)

Message par AtCloseRange »

Jack Carter a écrit :
Rick Blaine a écrit :Tu as "découpé" ton visionnage comment ?
Vu la longueur du truc, sur un soir de semaine je ne peux pas voir plus d'un épisode, au mieux deux un soir de week-end. Sachant en plus que je ne suis jamais dispo 6 ou 7 soirs consécutifs. Bref, est-ce que ça parait jouable de voir ce monstre sur une fenêtre de 2-3 semaines ou c'est trop étalé et il faut attendre l'opportunité (d'hypothétiques vacances) de ramasser le visionnage ?
Tu peux aussi faire l'impasse sur le visionnage.
Spoiler (cliquez pour afficher)
Je sais, je suis de bon conseil parfois :mrgreen: :oops:
Tu pourrais attendre qu'il l'ait acheté pour dire ça! :mrgreen:
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Rick Blaine
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Re: Out 1 Noli me tangere (Jacques Rivette - 1971)

Message par Rick Blaine »

Jeremy Fox a écrit :
Rick Blaine a écrit :


Je m'y attends effectivement. C'est quitte ou double, on verra.
Vu que tu as tenté les Godard politiques, ça ne pourra te paraitre que très divertissant finalement en comparaison :mrgreen:
En même temps moins divertissant, je n'ose pas imaginer. :mrgreen:
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Rick Blaine
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Re: Out 1 Noli me tangere (Jacques Rivette - 1971)

Message par Rick Blaine »

AtCloseRange a écrit : Tu pourrais attendre qu'il l'ait acheté pour dire ça! :mrgreen:
Je l'ai déjà acheté... :mrgreen:
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Jeremy Fox
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Re: Out 1 Noli me tangere (Jacques Rivette - 1971)

Message par Jeremy Fox »

Jeremy Fox a écrit : * L'une des scènes les plus effrayantes que j'ai pu voir dernièrement, avec Bulle Ogier et Bernadette Lafont lors du dernier 'épisode' ; "pourquoi me regardes tu comme ça ?"

Le chroniqueur du site avoir-alire semble avoir été lui aussi impressionné par cette scène :
L’effroi suscité par le regard fixe (reflété dans le miroir) et le calme imperturbable de Sarah (Bernadette Lafont, impressionnante) lorsqu’elle soumet Emilie (Bulle Ogier, merveilleuse d’autorité fébrile) à ce qu’on ne peut qualifier autrement que comme un interrogatoire dépasse celui que provoquent nombre de films d’horreur.
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Joshua Baskin
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Re: Out 1 Noli me tangere (Jacques Rivette - 1971)

Message par Joshua Baskin »

Ta critique me donne encore plus envie de voir le film. Je suis d'autant plus frustré qu'Arrow semble avoir repoussé la sortie du coffret anglais (avec 2 ou 3 autres films de Rivette) à janvier.
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Re: Out 1 Noli me tangere (Jacques Rivette - 1971)

Message par Amarcord »

Jeremy Fox a écrit :
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Difficile de parler de cette expérience cinématographique hors norme non pas seulement par sa durée (presque 13 heures) mais par le fait de se sentir encore plus voyeur que spectateur. Il faut dire que le procédé mis en place au départ est une vertigineuse mise en abime sur la création artistique et l'improvisation : Rivette fait improviser ses acteurs de cinéma interprétant des comédiens de théâtre d'improvisation. Et le résultat est que, grâce aussi au travail de Pierre William Glenn à la caméra (qui improvise lui aussi), nous avons l'impression non pas seulement de voir un film mais parfois de se retrouver à l'intérieur, de surprendre l'intimité de tous ses acteurs qui, hormis Jean-Pierre Léaud et Juliet Berto qui jouent expressément sur un autre registre, le ludisme, sont absolument bluffants de naturel. Je pense n'avoir jamais vu ça auparavant ; ce qui en fait aussi pour cette raison un film totalement unique, comme si nous étions tombés sur des bandes montrant des gens filmés à la sauvette.

Beaucoup parleront probablement de fumisterie (et je pourrais tout à fait les comprendre) ; pour ma part j'ai été fasciné comme rarement et je ne me suis pas ennuyé une seule seconde durant les plus de 12 heures de projection. Une œuvre impossible à raconter (d'ailleurs elle ne raconte finalement rien au sens purement narratif) aussi déconcertante qu'intrigante, aussi exaspérante que passionnante, cet aspect captivant découlant d'ailleurs de ce premier agacement. En effet, il faut arriver à passer la première heure pour savoir si l'on va tenir ou non. C'est durant celle-ci que l'on est mis devant le premier et plus long exercice théâtral du film, sorte d'exercice d'avant garde d'expression corporelle fait de gestes et borborygmes durant quasiment 30 minutes ininterrompues (sorte de remake scénique du prologue de 2001 !) si ce n'est par quelques secondes d'aérations sur un autre personnage, plus lunaire (génial Jean-Pierre Léaud qui aura rarement aussi peu parlé que dans ce film aussi long ; un des multiples paradoxes cocasses de ce film étonnant). S'ensuit un débriefing passionnant et presque tout aussi long qui nous fait comprendre ce que nous avions cru entrevoir. Dans le courant du film nous assisterons à plusieurs longs exercices d'improvisation suivis de leur débriefings par ceux qui les ont interprétés, sans que ce ne soit redondant ou interminables (enfin là je parle pour moi).

Car, sachant que le film va durer 13 heures, on accepte d'autant plus que le cinéaste prenne tout son temps. C'est le jeu sur cette durée qui fait aussi partie des éléments de fascination qu'exerce l'oeuvre.

En plus de rencontrer des comédiens aussi célèbres que Jean Bouise, Françoise Fabian, Michael Lonsdale, Jean-Pierre Léaud, Bernadette Lafont, Jean-François Stévenin et Juliet Berto, il faut saluer la performance de tous les autres qui n’auront pas connus une telle notoriété mais qui sont tous mémorables.

Difficile d'en parler plus si ce n'est en citant les moments qui m'auront le plus marqués :

* L'une scènes les plus sensuelles que j'ai pu voir au cinéma, celle-ci mettant en scène Edwine Moatti, Bernadette Lafont et Michael Lonsdale.
* L'une des scènes les plus effrayantes que j'ai pu voir, avec Bulle Ogier et Bernadette Lafont lors du dernier 'épisode' ; "pourquoi me regardes tu comme ça ?"
* Le fou rire de Jean-Pierre Léaud sur l'histoire du perroquet de Bulle Ogier.
* Un passionnant cours balzacien par Eric Rohmer.
* Le repas improvisé de spaghettis.
* Le personnage de Honeymoon, le 'Gay triste' joué par Michel Berto.
* La Beauté d'actrice inconnue telles Hermine Karagheuz, Karen Puig, Edwine Moatti.
* Le jeu et la diction totalement décalés de Juliet Berto et lorsque que l'actrice se met à jouer au cow-boy.
* Des rues de Paris que j'ai rarement vues aussi vivantes et "naturelles" au cinéma excepté chez Rohmer et Godard (la Nouvelle Vague était la championne en la matière) ; et pour cause, Rivette ne semble avoir prévenu personne lorsqu'il tournait en extérieurs au vu du nombre impressionnants de regards caméra des passants.
* Un régal pour les amateurs des voitures des années 70 (coucou Joshua :wink: ).
* Des longues séquences dialoguées qu'on aurait aimé parfois qu'elles se soient poursuivies encore plus longtemps (les séquences de ballade au bord de la plage notamment).
* La jubilation de "paraitre comprendre" au dernier épisode l'ensemble de l'intrigue dite de l'association occulte des 13, lors de la rencontre entre Françoise Fabian et Jean Bouise.

Un film qui pourra être rejeté à 100% mais qui pourra hypnotiser certains autres dont j'ai finalement fait partie. Radical et ludique, exigeant et futile, des associations d'idées oh combien saugrenues à priori mais qui décrivent parfaitement ce film et qui peuvent arriver chez certains à faire mouche.
Formidable papier, Jeremy ! :D
Je suis toujours content quand je vois que ce film a priori pas facile (rien que sa durée, déjà...) fait de nouveaux adeptes.
Comme tu le dis, quand on adhère, rien ne paraît redondant ou interminable... Au contraire : tout, absolument tout devient possible... Et l'on se prend ainsi à regretter plus d'une fois que telle ou telle discussion ne se poursuive pas encore une bonne demi-heure (par quel mystère Rivette parvient-il à ce point à maîtriser le temps ? Je l'ignore, mais il est bien le seul à y parvenir avec autant de maestria, je trouve).
Bernadette Lafont est impériale (seul Rivette sait la rendre aussi dure, mystérieuse et inquiétante : voir l'autre film -- très en dessous de l'indépassable Out 1, bien sûr, mais tout de même très intéressant -- qu'ils ont fait ensemble : Noroit).
Hormis la séquence jubilatoire avec Rohmer, j'aime aussi énormément les personnages de Françoise Fabian (quelle beauté !) et de Jacques Doniol-Valcroze (le "joueur d'échecs") : j'aurais adoré qu'ils soient plus développés... Mais le film est tellement ensorcelant que son charme agit encore, bien après les 13 heures de projection : on peut très facilement se faire encore une bonne vingtaine de films, dans sa tête, à partir de ce que Rivette nous a donné à voir (il y a une matière incroyable).
Les moments que cite Jeremy sont effectivement très marquants. J'y ajouterais la scène où le film bascule concrètement dans le fantastique pur :
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dans une ambiance où s'installe (aussi vite que naturellement) un climat inquiétant, Bernadette Lafont s'adresse à Jean-Pierre Léaud en lui parlant à l'envers, ce qui produit immanquablement un effet très troublant... d'autant plus que ce langage mystérieux ne semble pas déranger Léaud, qui comprend visiblement parfaitement cette "langue".
Jeremy Fox a écrit :* La Beauté d'actrice inconnue telles Hermine Karagheuz, Karen Puig, Edwine Moatti.
Hermine Karagheuz est une actrice rivettienne par excellence : on peut la voir aussi dans Duelle, Merry-Go-Round et Secret défense... mais aussi dans un film (très rivettien également) d'un compagnon de route de Rivette (Eduardo de Gregorio) : La Mémoire courte.
Rick Blaine a écrit :Tu as "découpé" ton visionnage comment ?
Perso, chaque fois que j'ai vu Out 1 (je viens de me faire mon 5ème ou 6ème visionnage), je le fais de la manière la plus ramassée possible (maximum sur deux jours : ça me paraît important, ou en tout cas intéressant, de vivre à fond l'expérience en tenant compte du jeu avec la durée que propose Rivette... ce qui est, par ailleurs, une donnée essentielle de son cinéma en général). J'aime être littéralement immergé dans ce labyrinthe, enveloppé par le film et son atmosphère entre rêve et réalité, j'ai du mal à quitter ces personnages, ces lieux (Qui n'irait passer un moment à "L'Angle du hasard" ? Qui ne ferait une petite retraite à l'Aubade ?)...
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Jeremy Fox
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Re: Out 1 Noli me tangere (Jacques Rivette - 1971)

Message par Jeremy Fox »

Amarcord a écrit :Qui ne ferait une petite retraite à l'Aubade ?)...

Oui...
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... sauf si des amis t'ont mis en condition, te faisant fortement croire qu'il s'agit d'une maison hantée. :mrgreen: Car oui, si j'ai trouvé la scène aussi effrayante, c'est déjà suite au basculement dont tu parles, ce dialogue en langage inversé qui commence à te mettre mal à l'aise.
Et oui moi aussi ai grandement apprécié Doniol-Valcroze (sa première séquence avec la savoureuse Juliet Berto) ainsi que cette autre séquence (une des plus amusantes) de la chambre d'hôtel avec le footballeur. Étonnante autre séquence d'une assez grande violence avec Stévenin en clone de Brando dans l'équipée sauvage.

En écrivant rapidement mon avis hier soir, je pensais que ça te ferait plaisir :wink: Et oui j'aurais pu en citer encore beaucoup d'autres (j'adore celles de Quentin faisant le pied de grue à la porte d'Orléans, Léaud agaçant les clients des restaurants avec la stridence de son harmonica...)
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Re: Out 1 Noli me tangere (Jacques Rivette - 1971)

Message par Amarcord »

Jeremy Fox a écrit : Et oui moi aussi ai grandement apprécié Doniol-Valcroze (sa première séquence avec la savoureuse Juliet Berto) ainsi que cette autre séquence (une des plus amusantes) de la chambre d'hôtel avec le footballeur. Étonnante autre séquence d'une assez grande violence avec Stévenin en clone de Brando dans l'équipée sauvage.
En écrivant mon avis, je pensais que ça te ferait plaisir :wink: Et oui j'aurais pu en citer encore beaucoup d'autres (j'adore celles de Quentin faisant le pied de grue à la porte d'Orléans...)
Tu conviendras avec moi qu'en fin de compte, il y a mille et un trucs à retenir, à raconter, à décortiquer... Pas si mal pour un film qui est, a priori...
Jeremy Fox a écrit : Une œuvre impossible à raconter (d'ailleurs elle ne raconte finalement rien au sens purement narratif)
:wink:
(C'est d'ailleurs là l'un de ses nombreux délicieux paradoxes).
Jusqu'ici, mon Rivette préféré est (et reste, je pense) Céline et Julie vont en bateau... Mais plus je parle de Out 1 et plus je le vois, plus je me dis que ces deux-là sont au coude à coude... Ce qui est sûr, c'est que Out 1 a été pour moi un révélateur, une sorte de "passeur" : c'est clairement l'un des films qui m'ont ouvert les portes d'un cinéma censé être "exigeant" (notamment à cause de notions de durée) et m'ont permis d'accéder à d'autres cinéastes (sans lien avec Rivette, d'ailleurs, la plupart du temps)... Bref : j'ai un peu "appris" le cinéma (et à l'aimer) avec Out 1.
Quant à la fameuse scène glaçante entre Bernadette et Léaud, pour moi, dans ce climat angoissant qu'elle installe, n'est pas sans annoncer un certain Lynch.
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Re: Out 1 Noli me tangere (Jacques Rivette - 1971)

Message par Jeremy Fox »

Amarcord a écrit : Tu conviendras avec moi qu'en fin de compte, il y a mille et un trucs à retenir, à raconter, à décortiquer... Pas si mal pour un film qui est, a priori...
Jeremy Fox a écrit : Une œuvre impossible à raconter (d'ailleurs elle ne raconte finalement rien au sens purement narratif)
:wink:
(C'est d'ailleurs là l'un de ses nombreux délicieux paradoxes).
Tout à fait.

Quant à la fameuse scène glaçante entre Bernadette et Léaud, pour moi, dans ce climat angoissant qu'elle installe, n'est pas sans annoncer un certain Lynch
C'est tout à fait ça ; c'est d'ailleurs à lui que j'ai immédiatement pensé. Le fait de filmer une bonne partie de la scène par l’intermédiaire du miroir, rendant le visage de Bernadette Lafont encore plus dur, est d'ailleurs une idée géniale. Rivette joue d'ailleurs beaucoup avec les miroirs. Oui en y pensant, malgré son apparente futilité, le film est d'une phénoménale richesse.

En revanche, il restera toujours deux sortes de films exigeants : ceux qui m'envouteront comme rarement (celui-ci, les Tarkovski, les Kiarostami, La Maman et la putain...) et ceux qui me laisseront définitivement sur le bord du chemin et qui m'agaceront comme ce n'est pas permis (Bela Tarr, Holy Motors, Under the Skin...)

Ah sinon j'ai oublié l'une de mes séquences préférées, l'une des plus étonnement naturelles : celle de Thomas-Lonsdale venant rendre visite à Emilie-Ogier et se mettant à jouer avec les deux très jeunes enfants de cette dernière. C'est fou comme le film me reste en tête, arrivant presque à me rappeler chaque séquence !
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Re: Out 1 Noli me tangere (Jacques Rivette - 1971)

Message par Amarcord »

Jeremy Fox a écrit :Rivette joue d'ailleurs beaucoup avec les miroirs.
Sans doute le résultat de l'apport décisif de Lewis Carroll (Through the looking-glass !), présent à plus d'un titre, à chaque coin de rue d'Out 1...
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Re: Out 1 Noli me tangere (Jacques Rivette - 1971)

Message par Rick Blaine »

J'ai résolu mon problème d'étalement du visionnage: après 2 épisodes, je déclare forfait.
Il y a d'une part une véritable exigence formel qui m'a rendu le film difficile d'accès, il y a surtout ce sentiment d'être à la fois au coeur de l'intimité des personnages tout en étant tenu à l'écart d'eux, sans le moindre affect possible. Je n'ai rien trouvé pour me raccrocher, ni une esthétique, ni une poésie... Très difficile du coup de prendre le moindre plaisir devant ces images même si je comprends de manière assez diffuse qu'elles puissent faire naître une certaine fascination.
Il est évident que je ne suis pas disposé à percevoir une telle oeuvre. Ça changera peut être avec le temps du coup j'arrête, histoire de ne pas atteindre un point de non retour. On verra plus tard.
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