Topic Bollywood naphta

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jordan White
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Comme l'indique son titre et sur une idée de Music Man ce topic est consacré à l'évocation de la période classique et l'âge d'or du cinéma hindi dans son ensemble avant 1980 et jusqu'à l'année 1980 incluse pour la période naphta. Je reprends donc ici les chroniques que Music Man a pu écrire ainsi que celles d'autres intervenants réguliers ou occasionnels à partir de 2005 donc. L'index est présenté sous forme de date chronologique de la plus ancienne vers la plus récente. Les titres sont indiqués en VO, sauf indication contraire, les titres sont alors aussi traduits en français. Format, durée (approximative) et sous-titres sont aussi mentionnés. Comme les liens sont toujours actifs, les chroniques restent consultables sur l'autre topic (surtout pour les plus anciennes d'entre elles qui y avaient été intégrées de fait).


M = Masala , HR = Historique/Religieux, D = Drame, C = Comédie , CD = Comédie dramatique , Ac = Action , F = Fresque
A = Aventures, P = Policier

***** = Chef-d'oeuvre , **** = Excellent, *** = Très bon, ** = Bon, * = Moyen, 0 = Mauvais.


L'index des chroniques


1946 :
Anmol Ghadi (D, 1.66:1 4/3, VOSTA, 122 min) *


1948 :
Andaz (D, 1.33:1 4/3, sous-titres français, 140 min) Chronique de bruce



1952 :
Mangala filles des Indes (F, 1.33:1 4/3, sous-titres français, 150 min) Chronique de bruce

Barsaat (D, 1.33:1 4/3, sous-titres anglais, 140 min) Chronique de Ronan

Pyaasa (D, 1.33:1 4/3, sous-titres anglais, 135 min) * + Chronique de bruce



1957 :
Naya Daur (M, 2.35:1 Scope 4/3, sous-titres français, anglais, 172 min) *****



1960 :
Mughal E Azam (D, 1.33:1 4/3, couleurs, DVD Eros, sous-titres anglais, 168 min, durée originale 175 min) **



1966 :
Pyaar Kiye Jaa (C, 1.66:1 4/3, Sous-titres anglais, Durée ?) Chronique de Music Man



1968 :
Kanadyaan (M, 1.37:1 4/3, sous-titres anglais, 148 min)



1969 :
Aradhana (M, 1.66:1 4/3, Sous-titres anglais, 159 min) Chronique de Music Man



1970 :
Sachcha Jhutha (C, 1.66:1 4/3, Sous-titres anglais, français, 146 min) Chronique de Music Man

The Train (A, 1.66:1 4/3, Sous-titres anglais, 119 min) Chronique de Music Man

Purab aur pacchim (M, 1.66:1 4/3, Sous-titres anglais, 159 min) Chronique de Music Man



1971 :
Haathi Mere Saathi (A, 1.78:1 4/3, Sous-titres anglais, Durée ?) Chronique de Music Man

Hare Rama Hare Krishna (D, 1.66:1 4/3, Sous-titres anglais, 140 min) ** CYCLE ZEENAT AMAN

Anand (CD, 1.78:1 4/3, sous-titres anglais, Durée ?) Chronique de Music Man



1972 :
Dhund (D, 1.66:1 4/3, sous-titres anglais, 120 min) * CYCLE ZEENAT AMAN

Siddartha (H, 2.35:1 Scope 4/3, pas de sous-titres anglais ou français, doublage allemand, 85 min) Chronique de Music Man



1973 :
Bobby (M, 1.78:1 16/9, VOSTA,STF, 155 min)

Yadoon Ki Baraat (D, 1.85:1 4/3, Sous-titres anglais, 150 min) Chronique de mariepaule + Mon avis ** CYCLE ZEENAT AMAN



1974 :
Rotti Kapada aur Makaan (D, 1.85:1 4/3, Sous-titres anglais, 160 min) Chronique de Music Man

Ajanabee (M, 1.85:1 4/3, sous-titres anglais, 150 min) *** CYCLE ZEENAT AMAN

Manoranjan (CD, 1.78:1 4/3, sous-titres anglais, 150 min) ** CYCLE ZEENAT AMAN

Ishq Ishq Ishq (C, 1.78:1 4/3, sous-titres anglais, 130 min) O CYCLE ZEENAT AMAN



1975 :
Sholay (M, 2.35: 1 Scope DVD Bodega, 1.37:1 4/3 DVD Eros, sous-titres français Bodega, sous-titres anglais Eros, 215 min DVD bodega, 198 min DVD eros) ****

Deewar (D, 1.78:1 16/9, sous-titres anglais, 170 min) Chronique d'a2line



1976 :
Khabi Khabie (M, 1.37:1 4/3, sous-titres français disque Bodega, 160 min)

Chalte Chalte (D, 1.85:1 4/3, sous-titres anglais, 115 min) ***

Nagin (A, 1.78:1 4/3, VOSTA, Durée ?) Chronique de Music Man



1977 :
Dharam-Veer (M, 1.85:1 4/3, sous-titres anglais, 160 min) *** CYCLE ZEENAT AMAN

Paapi (CD, 1.85:1 4/3, sous-titres anglais, 172 min) **


1978 :
Don (Ac, 1.78:1 4/3, sous-titres anglais et français, 165 min) ***

Shalimar (A, 2.35: 1 Scope 4/3, sous-titres anglais, 140 min) CYCLE ZEENAT AMAN

Satyam Shivam Sundaram (D, 1.85:1 16/9, sous-titres anglais, 155 min) Chronique de Music Man + Mon avis ***** CYCLE ZEENAT AMAN



1979 :
Qurbani (M, 2.35 :1 Scope 4/3, sous-titres anglais, 160 min) ***** CYCLE ZEENAT AMAN

Muqaddar Ka Sikandar (D, 1.85:1 4/3, sous-titres anglais, français, 140 min) Chronique de Music Man

Kaala Pathar (D, 1.77:1 4/3, Sous-titres anglais, 165 min) Chronique d'a2line

The Great Gambler (A, 1.77:1 4/3, sous-titres anglais, 162 min) O CYCLE ZEENAT AMAN


1980 :

Umrao Jaan (M, 1.77:1 4/3, sous-titres anglais, 165 min) Chronique de Music Man

Insaaf Ka Tarazu (D, 1.77:1 4/3, sous-titres anglais, 150 min) *** CYCLE ZEENAT AMAN

Red Rose (D, 1.77:1 4/3, sous-titres anglais, Durée ?) Chronique de Music Man

Abdullah (F, 1.66:& 4/3, sous-titres anglais, français, 150 min) O CYCLE ZEENAT AMAN


1981 :
Ek Kuuje Ke Liye (D, 1.66:1 4/3 ?, sous-titres anglais, 163 min) Chronique d'a2line
Dernière modification par Jordan White le 18 juin 08, 19:52, modifié 29 fois.
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Andaz ( 1948 ) de Mehboob Khan et Mangala, Filles des Indes (1952)


J'ai rajouté des images qui me semblaient parlantes à ses chroniques.


Chroniques de bruce


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Nina vie à l'occidental en ne suivant pas toujours les coutumes et les moeurs comme le voudrait son père, un riche industriel veuf. Lors d'une ballade, son cheval s'affole et l'aurait entrainé vers la mort si Dilip ne l'avait sauvé in extremis.
Pour le remercier, Nina l'invite chez lui et noue rapidement avec lui une amitié. Elle lui présente également Sheela qui devient amoureuse de lui. Malheureusement Dilip est amoureux de Nina qui crée malgré elle un quiproquos : en parlant de manière vague d'un homme qu'elle attends, Dilip croit être aimé en retour.
Il tombera donc de haut quand il accompagnera Nina à l'aéroport pour aller chercher son fiancé Rajan de retour d'Angleterre.

Tout d'abord, un point sur la pochette DVD, on peut se demander si les éditeurs ont regardé le film en entier car leur dernière phrase de leur résumé est carrément inventé !?

Bon maintenant parlons du film.
Ceux qui espère trouver dans Andaz, du Bollywood comme on s'y attend risquent d'être désapointés : pas de démesure visuelle avec moult figurants, de scènes de chorégraphie virvoltantes, de décors exotiques, de grand étalage sentimental virant vers le lacrimogène...

Non Andaz est en fait un mélodrame finalement assez sobre ( pour du cinéma Indien, j'entends ), pudique et intimiste.
Filmé dans un noir et blanc de tout de beauté qui n'a vraiment rien à envier au plus grand film hollywoodien, l'ambiance tend carrément vers le baroque avec le temps voir même l'onirisme sur quelques passages ( dont une sublime scène de rêve en split-screen ).
De même manière un soin tout particulier est accordé au décor intérieur ( particulierement mis en valeur par la profondeur de champ et un soin évidement accordé au cadrage ) qui exprime souvent de manière symbolique la psychologie des personnages ( solitude, enfermement, souvenirs, doute... ). Même si un peu statique, voir légérement académique dans le début, la mise en scène de Mehboob est véritablement le point fort du film.

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Les personnages principaux ont l'avantage d'être tous émouvant d'autant qu'il n'y a pas de méchant juste des protagonistes aveuglés par leur préjugés et/où leur amour. Des êtres humains donc qui subissent leur propres erreurs et fautes.
Les seconds rôles sont réduit au minimum : une Sheela trés touchante mais malheureusement oubliée vers la fin et le proffesseur pour le coup trés énérvant dont le cabotinage gache quasiment toute les scènes où il apparait ( sois une demi-heure du métrage environ ). Certes il est censé être l'élèment comique en contrepoid au partie dramatique, mais l'humour est pour le coup assez raté ( comme dans la scène du serpent )
C'est d'autant plus dommage que les acteurs en général se montraient plutot à l'aise dans leur rôle à quelques dérapages près et finalement dans la logique baroque du film. J'ai pour ma part beaucoup accroché au deux acteurs masculin ( Dilip Kumar et Raj Kapoor ). En revanche Nargis ne retrouve pas la grâce et la force de Mother India même si prestation est fort honorable.


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Les chansons sont souvent des parenthèses qui expriment les sentiments des personnages sans pour autant faire avancer l'intrigue. Plutot plaisantes, elles manquent tout de même un peu d'originalité sur la longueur. Petit détail qui m'amusait à chaque fois : les musiques sont toutes sensées être jouées au piano qu'on entend jamais dans les chansons !

Pour en revenir au film en général, il s'avère au final un mélodrame assez classique voire prévisible dans son intrigue mais qui fonctionne du début à la fin sans souffrir de longueur. Ca peut manquer de souffle, paraitre trés naif, sembler stéréotypé mais on peut sans difficulté se laisser prendre par l'ambiance, s'émouvoir des personnages ou s'identifier à eux. Et puis l'aspect visuel ( presque un exercice de style ) vaut aussi le coup d'oeil.
En tout cas, c'est un film trés accessible ( pour qui aime les mélodrames celà va sans dire ) bien moins chargé et démonstratif que Mother India ( que je préfère tout de même à Andaz )
C'est aussi un film trés conservateur à l'argumentation un peu légère sans pour autant être une charge féroce et violente contre l'entrée de L'Inde dans la modernité comme l'indique encore une fois la pochette DVD.

Pour rester sur le DVD Carlotta, un message nous informe au début, que l'on a devant les yeux les meilleurs éléments du film mais que vu l'âge du matériel, des défauts substitent évidement. C'est bien sur le cas, certain passages sont vraiment endomagés mais dans l'ensemble l'image est tout à fait correct malgré peut être un manque de contraste dans le noir et blanc ( en précisant que je l'ai vu sur mon petit 17 pouces d'ordi ). Le son aussi souffre de souffles et de quelques craquement mais c'est audible sans problème.


Mangala, fille des indes ( 1952 ) de Mehboob Khan.
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Mangala, paysanne est amoureuse de son ami d'enfance Jai avec qui elle passe son temps à se chamailler. Mais Jai est quelqu'un d'assez orgueilleux ( en plus d'être aveugle à l'amour de Mangala ), c'est pourquoi il se met en tête d'affronter le perfide frère du Roi ( qui lui est un gars bien ) lors d'une grande cérémonie où se dernier lance chaque année un défi à la foule.
Avant ce duel, il rencontre la princesse Rajshree, doté d'un fichu caractère. Et tombe amoureux d'elle.
Comme on est dans du cinéma Bollywood, tout ne se déroulera pas forcement de la manière la plus simple et la plus rapide et offrira au spectateur avide d'émotions exacerbées, moult péripéties, trahisons, duel, mensonges, barbus, chansons, danses et plein d'autres choses plus ou moins bien intégré.
C'est en effet le principal reproche de ce film : c'est qu'il ratisse un peu partout et que tout ne se marrie pas très bien ( un comble pour du bollywood ! ).
Et puis il faut dire que certaines rebondissement sont un peu trop rapides ( le kidnapping par le prince ) ou mal développés ( la nouvelle Mangala )
Du coup, on décroche parfois, on trouve quelques longueurs… Alors on attend le prochain rebondissement en espérant qu’il sera plus heureux ( c’est heureusement souvent le cas ).
Bon, puisqu’on est dans les points faibles, autant continuer : l’interprétation de la princesse Rajshree laisse à désirer avec un actrice assez limitée qui se contente de faire les gros yeux la plus part du temps ( en plus, je ne la trouve pas personnellement très belle ).

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Bon maintenant les bons points :
La mise en scène est un véritable régale : souvent ample, privilégiant le spectaculaire et le glamour, le film est un pur enchantement visuel : les couleurs sont très belles ( peut être un peu fade sur le DVD ), les décors somptueux à souhait, les costumes magnifiques. Les scènes de danses/chansons sont toutes excellentes ( surtout la fête des couleurs ). Bref exotique, chatoyant et kitsch ( la prison avec la porte en mâchoire de serpent ! ) comme on n’en fait plus.
Les acteurs sont plutôt à l’aise. Ca cabotine à tous les étages, mais ça passe plutôt bien grâce à la jubilation communicative de l’ensemble.
Et puis, il ne faut pas longtemps pour rentrer dans l’ambiance du film ( 5 minutes ). Pas besoin de dire que l’esprit est assez manichéen avec un gentil roi qui pense à son peuple tandis que son perfide et fourbe frère est sadique et égoiste, les paysans sont tous des gens simple, généreux et gentils, la modernité=caca…

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Au final, malgré ses longueurs et ses incohérences, Mangala est un film qui se déguste presque uniquement pour son univers que pour son histoire qui soit est trop longue soit trop courte.

Pour finir, un mot sur le DVD, la aussi, le master prouve l’ancienneté du matériel ( moins endommagé que Andaaz tout de même ), le point noir étant une certaine saturation sonore et des couleurs manquant de pêche. Il me semble qu’il y avait quelques courtes répliques non sous-titrés.
Sinon, la compression m’a l’air réussi ( enfin sur mon écran d'ordi )

Voilà.
Je mettrais 8/10 à Andaaz et 6/10 à Mangala. Vu le prix raisonnable pour du zone 2 ( 20 euros les 2 films ou 30 avec KKHH ) et en tant que amateur de curiosités historiques aux charmes et la magie désuètes, je conseille ces deux sucreries indienne en precisant donc que Mangala n'est peut être pas le plus accessible au néophyte...

PS : j’avais oublié de le signaler mais c’est un détail qui a son importance : Si Andaaz a bel et bien restauré, c’est n’est pas le cas des fondus enchaînés qui sont bien moins définis que le reste du film. Du coup, une saute d’image gênante se produit à l’arrivée et la fin de chacun d’entre eux. Dommage
Dernière modification par Jordan White le 23 mars 08, 18:05, modifié 3 fois.
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Mughal-E-Azam - K Asif - 1960
Cette légende populaire du XVIe siècle raconte la confrontation explosive de l'amour interdit et de la loi d'airain de l'Etat. Anarkali est une très belle danseuse de cour au destin funeste. La passion du prince Salim pour Anarkali le conduit à faire la guerre à son propre père, le grand empereur moghol Akbar, et menace de faire s'écrouler tout un empire.


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Les superlatifs ne manquent jamais quant il s'agit pour Bollywood de parler de ses propres films. Après " Le plus grand succès de tous les temps" "Le succès historique avec le plus grand nombre de salles", voici "Le plus grand film indien jamais tourné". Ni plus ni moins, rien que ça donc.
Mughal E Azam a intérêt à être à la hauteur avec une telle introduction.

Gros casting, dont Dilip Kumar, héros de Andaz et de Mangala, qui joue ici un prince fortuné, héritier d'un père, Empereur. Bref, on n'est pas chez Jean Valjean ici, mais du côté des Maharadjahs, dans leur temple et autre palais somptueux, opulents, magnifiés par les centaines de lustres, vitraux, décorations florales diverses.
Le réalisateur a manifestement voulu nous en mettre plein la vue, histoire que la génération des années 60 se rappelle bien qu'un gros blockbuster venait de sortir et pour les générations futures, qu'elles n'oublient pas qu'une partie du masala actuel a pris racine ici, lieux comme histoire principale ainsi que secondaire inclus.

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Sa débauche de moyens permet d'afficher des séquences mémorables, la plupart des scènes chantées, où la gestuelle emprunte à la danse classique permet aux comédiennes de se surpasser dans cet exercice périlleux qui demande grâce, élasticité, forte présence scénique. Trois éléments indispensables qui ne manquent pas aux héroïnes. D'ailleurs, une séquence que l'on peut voir dans Kisna (2005) rappelle très fortement cette danse au sol, où Sushmita Sen, vermillon sur le front et henné aux mains essaie d'éveiller l'érotisme ainsi que la sensualité.
Cependant, cette avalanche de costumes, lumières tamisées ou au contraire très vives ne l'empêche pas de tomber parfois dans l'excès inverse, dans un kitsch luxueux en apparence, mais semblant aussi à certains moments fait de bric et de broc ( on remarque des incrustations bien voyantes, des décors carton pâte très reconnaissables, etc...). Cela fait partie d'un certain charme suranné mais a aussi tendance à gaver.

Au niveau du jeu, Dilip Kumar s'en sort pas mal, mais c'est Madhubala qui gagne la partie. Elle l'emporte même haut la main dans les scènes dramatiques, comme celle de la geôle royale où elle implore le pardon sans tomber dans le larmoyant. Quand on la voit apparaître la première fois en statue figée prenant vie, une aura incontestable s'élève au dessus d'elle, la transformant très vite en figure mythique du ciné Bollywood. Une héroïne qui en inspirera des dizaines d'autres....
En revanche, mauvais point pour l'Empereur qui ne tire guère de moelle substantielle d'un rôle sous-écrit, confondant de cabotinage, mais rappelant aussi, c'est amusant, certaines des mimiques à venir d'Amrish Puri, LE méchant des années 80-90. Lorgnant vers le sublime ( les chansons, la charge des éléphants, la danse finale) ou le laborieux ( les vingt premières minutes, le volte-face de l'Empereur, le second rôle féminin, non pas la soeur de Anarkali, mais l'autre, la dramatisation extrême qui ne recule parfois devant rien) Mughal E Azam n'est pas aussi fort, indémodable, mirifique que je ne le pensais. Ses images ont quelque peu vieilli, son discours aussi, même s'il est basé sur les mythologies, les icônes de la littérature, en appelant au désir d'évasion. C'est évident qu'il compte beaucoup sur le strict point de la dramaturgie, puisqu'il met en évidence la thèse principale du cinéma de divertissement indien : l'amour d'abord impossible entre deux êtres que tout sépare, puis le retournement de situation qui va inverser la vapeur.

La BO est souvent très belle, accompagnant bien les images. Elle nous permet d'entendre une toute jeune Lata Mangeshkar, la plus célèbre et aimée chanteuse contemporaine, interprète d'un nombre considérable de titres. Je m'attendais à bien mieux, à plus concis, il y a facile une demi heure de trop.
Le DVD Eros propose une copie au format d'origine 1.33, son mono avec quelques sautes, des sous-titres anglais corrects. Il est présenté dans sa version restaurée ( même sur un disque DVD-5) en couleurs, avec des problèmes de compression lors des scènes de bataille. Les couleurs ont l'air de venir d'une autre dimension, mais elles servent le récit. Tourné à l'origine en N et B, cela a son intérêt mais aussi ses limites ( incrustations plus visibles, jeu d'autant plus outré). Je n'ai pas vu la version en n et b qui restaurée doit être quelque chose. A noter que le DVD eros présente une copie tronquée de 168 min au lieu de 174 environ qui correspond à la version d'origine. Cinq minutes en moins à peu près.
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Barsaat - Raj Kapoor, 1949


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Chronique de Ronan



Qu'aimer dans Raj Kapoor ?

L'humanisme sombre,voisin de ceux qui me sont chers : Kurosawa, Ford, Renoir, bien qu'ici l'on soit plus proche de Chaplin, de ses rapports humains théâtralisés. Chaque personnage suit selon les conventions sa trajectoire propre : le héros au coeur pur, le père obtus, l'amoureuse fidèle etc .... Nous sommes en terrain de connaissance, c'est ici que bat le coeur du cinéma indien. Tout de même, que chacun de ces personnages, sublimé par le chant et la mise en image, parvienne à nous ébranler, aussi archétypal soit-il (une des grandes qualités du cinéma indien, je trouve, ces caractères qui nous touchent plus qu'une composition psychologiquement crédible ...), voilà qui ne laisse pas de m'étonner.

Quelques exemples : Barsaat (La mousson) trace la trajectoire d'un Raj Kapoor amoureux parfait et de son ami occidentalisé séducteur qui enjôle une belle paysanne innocente. A t-elle seulement dix lignes de dialogues ? Ignore-t-on en la voyant qu'elle finira belle éplorée, ruinée par l'amour, innocente ?
Deux scènes musicales suffisent pourtant à en faire un personnage bouleversant : heureuse de danser devant son amoureux lors d'une traditionnelle fête de village, les paroles changent de sens au dernier couplet, lorsqu'elle s'aperçoit que son amoureux ennuyé déjà est parti avant la fin, et sur un rythme inchangé, le chant d'amour se fait chant du désespoir amoureux, l'air entraînant tragique, le corps dansant privé de ressort soudain ne s'inclinant que pour capter un dernier regard avant de s'effondrer dans la fixité du désespoir : en deux images et quinze secondes de cinéma, on a pu voir un homme littéralement casser son jouet.



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Deuxième chant : celui de l'attente, cette femme se meurt et chante sa nuit son amour, sa voix s'élevant dans les intervalles de la danse de son amant d'un jour et d'une courtisane dans un cabaret.


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Pour moi, l'absolu cinéma en noir et blanc, contraste et nuance, rythme et composition, montage et choc pictural. Rirait-on de trop d'effets mélodramatiques? C'est plutôt comme un barrage qui cède ; c'est la chair de poule, celle qui accompagne le coeur qui bat un peu plus vite : qu'il est plaisant de craquer ainsi.

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Autre scène:, Nargis, dans Shree 420 regarde Raj Kapoor s'éloigner : elle l'aime, elle n'ose le retenir, son regard seul nous fait fondre, et un chant s'élève, magnifique; l'actrice garde la bouche fermée, le tragique de l'amour contenu nous touche de plein fouet, une Nargis en surimpression se détache soudain pour courir après Raj Kapoor pendant que le chant continue tout à la fois de battre et de s'élever (curieuse euphorie souvent provoqué par la musique indienne : un chant tout en volutes et arabesque semble élever littéralement le spectateur pendant que la rythmique provoque un curieux entraînement du coeur : on est plus sensible aux visages, aux gestes, à l'euphorie du voyage immobile qui est le nôtre); difficile alors de ne pas voir poindre ses sentiments aux coins des paupières.

Je parle de scènes, pas de films en entier parce que j'ai été vite long, déjà, et pour juste donner envie juste à quiconque flâne dans les bacs de dvds indiens d'arrêter de feuilleter du plastique en croisant un des titres suivants : Aag , Barsaat, Shree 420, Awara : cette liste est celle des films en noir et blanc réalisés par Raj Kapoor. Je laisse de coté ceux en couleur, car je ne les ai pas encore tous vus, et parce qu'il leur manque parfois ce qui fait en grande partie la force de ses film : le corps chaplinesque (c'est toujours ce qui revient en premier à son sujet, ce qui crève l'oeil) de Raj Kapoor acteur auquel se substitue bien mal je trouve son frère Sashi ou son fils Rishi dans des films plus tardifs (ne manquez pas pourtant Satyam Shivam Sundaram et un des premiers rôles de Zeenat Aman dans un Sari 12 ans propre à une vive inflammation de la cornée).
Dernière modification par Jordan White le 23 mars 08, 18:05, modifié 2 fois.
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Bobby - Raj Kapoor - 1973
Raju, 18 ans et Bobby, 16 ans s'aiment. Lui fils issu d'une riche famille. Elle fils d'un pêcheur qui a du mal à joindre les deux bouts. Les deux vivent en secret leur amour, avant que Raju ne décide de la présenter à son père. Mais la cérémonie tourne mal. Les deux familles se haïssent. Raju et Bobby décident de fuir...


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Les ingrédients du masala sont tous réunis dans ce film de 1973 (le premier film hindi de la modernité ?) réalisé par le grand Raj Kapoor. Epaulé il est vrai par un duo inédit à l'époque, celui formé par Rishi Kapoor, son propre fils et la sublime Dimple Kapadia, alors débutante dont c'est la première apparition. Un Rishi Kapoor que l'on retrouve cette année dans Fanaa, c'est lui qui joue le père de Kajol, et Dimple dans Dil Chahta Hai en femme mûre dont Akshaye Khanna tombe amoureux.
Sorti en pleine période hippie, le film en porte l'identité visuelle, avec ses chemises à jabots, ses lunettes-mouches, ses décors pastels, son débordement d'énergie. Quoi de mieux pour planter dans pareil décor une histoire d'amour contrariée avec familles ennemies ? La base du masala quoi. Où les coeurs vont s'éprendre envers et contre tout : familles, forcément ennemies ou opposées (l'une riche, l'autre pauvre), amis, proches. Pour vivre au grand jour, ne plus se cacher, aller de l'avant il faut défier l'autorité, les parents, et tout cela en dépit des conséquences. La séquence où les deux familles se découvrent à quelque chose de très moderne. Et ça pose la question de savoir comment se comporter avec des gens que l'on ne connaît pas, sur des principes d'éducation, de peur de surprendre ou choquer, d'être mal vu(e) : essuyer ses pieds sur le paillasson, dire bonjour, au revoir, remercier quand nécessaire. Etc. Des principes de savoir-vivre.

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Raj Kapoor assaisonne cette sauce d'une bonne couche de mélancolie, passagère ceci dit, qui revient à intervalle, mais aussi et surtout de romance passionnée, qui explose à l'écran par l'entremise du couple, lequel est crée sur une véritable osmose entre les comédiens. On sent qu'ils se font plaisir à jouer des personnages si jeunes confrontés à des situations si dingues qu'il leur faut aussi la primauté et la naïveté de leur âge pour nous faire avaler ce qui ressemble parfois à des couleuvres
Spoiler (cliquez pour afficher)
Toute la partie sur le marchandage de la liberté des gosses contre de grosses sommes d'argent. Le mariage arrangé qui part en sucettes entere Raju et une promise qui n'a pas toute sa tête et se fait manipuler par des êtres sans coeur.
Les chorégaphies sont vivantes, colorées, celle où les deux tourtereaux se déclarent leur flamme, comme celle magique du village, qui rappelant le Lodi de Veer-Zaara fait palpiter le coeur et les sens. Pas difficile d'imaginer que dans pareil cas il soit aisé de partir en transe. Filmé comme une romance de tous les jours, avec ce qu'elle peut avoir de pureté, souvent très simple, Bobby ne serait pas Bobby, et donc un Bollywood, sans ses bastons à l'arrache, ses rebondissements en cascade, sa soif de divertissement, d'en donner le maximum. Quitte à en faire parfois un peu trop. Ainsi le dernier quart d'heure tombe un peu comme un cheveu sur la soupe et paraît être une parenthèse enchantée inimaginable cinq minutes avant.
Mais bon, c'est très bien, ça mélange les genres, c'est poétique. Et puis ce sont deux acteurs alors débutants qui se révèlent.

DVD Yash Raj hésitant. Des plans joliment restaurés en côtoient d'autres brûlés, bien pixelisés. C'est très inégal et destabilisant, car on passe d'une image nette, précise à une image poussiéreuse, criblée de défauts.
Variations de couleurs aussi , de chromas viennent un peu assombrir tout ça. Le son, un mix en 5.1 est un peu étouffé, concentré sur l'avant. Les sous-titres français sont merdiques. Il ne reste plus que les sous-titres anglais, parfaits, comme d'habitude.
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Pyaasa - Guru Dutt - 1952
Vijay est un étudiant diplômé qui essaie de vivre de ses poésies. Bientôt licencié, ses frères ne lui apportent aucun soutien et ne manquent pas de lui rappeler qu’il ne gagne pas le pain qu’il mange. Incompris alors qu’il est convaincu de son propre talent, il quitte la maison familiale. Chômeur, Vijay est dès lors sans domicile. Dans sa déchéance, il rencontre Gulab une jeune prostituée qui récite ses poèmes pour attirer ses clients. Elle le rejette, puis part à sa recherche quand elle s’aperçoit qu’il est l’auteur des chansons qu’elle chante. Vijay s’enfonce dans la misère, jusqu’à ce qu'après un concours de circonstance on le croit mort...

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Ce ne sera pas l'enthousiasme pour moi après le visionnage de ce que pas mal de personnes considèrent comme un classique du ciné hindi. Je ne connaissais que peu Guru Dutt, et voir ce Pyaasa soulevait ma curiosité et à vrai dire un vif intérêt. Acteur et réalisateur renommé, carrière encensée, etc. Pas mal de points positifs. Un noir et blanc devenu peu coutumier, très années 50, alors qu'aujourd'hui règne la couleur. Une mélodie d'ouverture assez entêtante, des audaces formelles, cela commence bien et fort. Une trentaine de minutes à la technique achevée, de belles images, une musique qui souligne un amour naissant. Un poète, des dialogues recherchés. Une sonorité plaisante. Chef-d'oeuvre en vue ? Sans rien anticiper à la base car cela m'est déjà arrivé de me dire que tel ou tel film devait être grand et qu'il n'en était rien. Je m'en étais préservé.
Soudain le drame...Enfin pas vraiment, disons l'amertume qui pointe. La monotonie aussi.
Cette si belle introduction qui n'en faisait pas trop plie-t-elle ? Sous quel poids ?
Celui de l'excès ? Sans doute pas. Pas encore du moins.
Du manque d'audace ? Non plus. Le sujet, enfin le droit d'auteur l'est. Alors ?

Alors il y a une trame de départ, la malédiction d'un poète, appelons-le maudit, qui se cherche, sans le sou, pauvre, abandonné de tous ( ça fait déjà pas mal, faut être soit génial soit inconscient pour continuer dans cette veine sans tomber dans les excès lacrymaux), et qui pourtant a du talent. Il en est persuadé. Ses vers récités attirent les gens. Ils les charment. Mais rien ne débouche. La voie est fermée. La trame s'épaissit, le suspens lui s'evente quant à savoir ce qu'il va lui arriver. Car tout est prévisible. On sait alors que la descente aux enfers aura lieu. Quoi de moins original que cela, suivre un poète soliloquant, à la manière de Devdas, qui enquille bouteille sur bouteille avec plongée de la caméra sur un verre rempli accompagné par des tourbillons visuels en surimpression, des ronds montrant l'ivresse, la cuite en bonne et due forme, sous une forme poétique aussi datée qu'inutile. C'est là que Pyaasa enfonce un clou déjà martelé. La société va mal, je vais mal, semble résumer l'état d'esprit de cet homme qui n'a plus foi en rien...
Sauf qu'il a croisé auparavant une prostituée des quartiers pauvres de Calcutta, dans le Bengale, parmi les plus florissantes au niveau intellectuel ( de là viennent Satyajit Ray, Kajol et Rani Mukherjee, Nandita Das, etc...) qui l'aime en silence. Là on est dans l'amour qui ne se dit pas, dans les allusions par les regards. Il y a des scènes très parlantes à ce sujet, qui sont joliment chorégraphiées, touchantes même comme celle

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Du partage du repas dans la petite cuisine, où Gulabo se penche sur Vijay pour lui dire qu'elle n'a pas été correcte de l'envoyer paître quelques jours auparavant à propos de ses poèmes.
Bref pas le trou perdu, mais une région qui dans les années cinquante connaît l'après Indépendance, les affres de la pauvreté, les ruelles sordides où quémandent les délaissés. Une tableau bien noir, renforcé par le noir et blanc d'usage à l'époque dans le ciné hindi, ici ciné d'auteur, où les mots et la forme se rejoignent.
Certains y trouveront une poésie de la souffrance, des maux, de la perte (identité, amitié, famille) qui atteint au sublime. Un cri déséspéré. D'autres, moi en tout cas, qui trouvent cela trop appuyé. Du coup j'ai senti peu de respiration dans ce film. C'est bien beau d'avoir mis toutes ces dialogues imagés, toutes ses déclarations en filigrane, un aspect révolte contre les puissants aussi dans le sous-texte, mais ça me touche très peu. Alors oui, ça m'a fait penser à du Devdas, grandiloquence des décors en moins, ici c'est plutôt terreux et poussiéreux, jeu d'acteur tout aussi prévisible. Mais c'est à peu près tout en ce qui concerne les comparaisons, Pyaasa étant un film plus personnel que le Benshali.

Je préfère sans doute Andaz, Nargis aussi, mais je n'ai rien à reprocher à Waheeda Rahman, pour moi l'âme du film, à peu près la seule chose à laquelle je me sois accroché.
Pour certains un chef-d'oeuvre. Pour moi un film assez ennuyeux, avec une oppositions schématique et manichéenne des rapports riches/pauvres, une dualité assez simplifiée ici entre le poète qui n'a le droit qu'à la reconnaissance après sa mort parce que sans rien avant ( mais je suis quand même un artiste répète-t-il), et les puissants qui contrôlent le monde, font la misère et ne créent qu'un monde matérialiste qu'il faut détruire. Les références à la Bible comme à Jésus lui-même sont un peu trop lourdes ici, dans des séquences chantées rappelant la crucifixion du Christ comme son calvaire. Mouais.

DVD Spark qui accuse le coup, en fait c'est le transfert qui est très moyen. Certains plans fraîchement restaurés montrent une jeunesse épatante, d'autres, chez le masseur par exemple ne permettent même pas de discerner quoi que ce soit dans les plans. L'image est plus souvent grise que noire, et les griffures sont légion. Attention cependant, datant de 1952, on ne peut pas s'attendre des miracles à moins d'une restauration complète. Le son qui est en 5.1 est plus du mono qu'autre chose, mais c'est bien de mettre Digitally Restaured sur une jaquette. Du souffle, des craquements, des sautes, des parasites. Un festival. Mais c'est mieux que rien. De plus les sous-titres anglais sont décalés, pas de retard, non mais de l'avance cette fois-ci avant que les persos ne parlent les phrases apparaissent. :?
VOSTA uniquement.


Chronique de bruce :

Mélodrame assez poignant qui suit les (nombreuses) mésaventures d'un poète chantant son mal-être un peu partout.
Cette mélancolie est trés bien portée par une musique et des chansons souvent trés belles et un acteur qui s'est beaucoup impliqué dans le personnage, lui donnant véritablement un aura iconique.
Le coeur de ses textes est inspiré avant tout d'un amour d'étudiant qu'il recroise quand la misère l'a rattrapé et qu'une prostituée soit tombé amoureuse après lecture de ses écrits.
Comme ça suffit pas, ses frères le renit, ses textes n'ont pas de succès et quand la renommée arrive tardivement, elle ressemble plus à une malédiction qu'autre chose.

Bref, les scénaristes se sont fait plaisir au point de tourner en rond et de reproduire souvent le même genre de scène au point de risque de lasser plusieurs spectateurs. Il faut alors attendre la demi-heure, trés belle, où l'entourage du poète tente de s'appropier sa gloire dans un élan d'hypocritie et d'égoisme ecoeurant.
Tout le final où il apparait tel un spectre pour chanter une ultime tirade contre la société est d'un trés grande force et d'un lyrisme boulversant et efface sans souci les longueurs précédentes.

La mise en scène qui croise la poésie naïve des musicals de broadway et le réalisme social plus déprimant s'avère trés interressant même si l'état de la copie ne permettait pas de profiter de la photographie ( les plans sombres étant noyés dans le noir total ).

En métant de coté la 2ème heure un peu répétitive, on obtient un excellent film dont la musique et l'interprétation quasi -générale continue de hanter longtemps après ( je regrette juste que les personnages féminins soient si passives ).
Dernière modification par Jordan White le 23 mars 08, 13:06, modifié 2 fois.
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Message par julien »

Jordan White a écrit :Comme l'indique son titre et sur une idée de Music Man ce topic est consacré à l'évocation de la période classique et l'âge d'or du cinéma hindi dans son ensemble
Ca tombe bien, j'avais justement demandé à Music Man s'il connaissait des films Musicaux indiens tournés à l'époque de l'âge d'or et du début du parlant. Parce que la musique que l'on entend dans le Bollywood récents j'ai du mal. Ce Barsaat a l'air intéressant. Le trouve t-on en dvd avec sous-titres français ?

Je sens que ce topic va me plaire. :P
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"Toutes les raisons évoquées qui t'ont paru peu convaincantes sont, pour ma part, les parties d'une remarquable richesse." Watki.
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Message par Jordan White »

Barsaat n'existe qu'avec des sous-titres anglais chez Yash Raj Classics.
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Message par Jordan White »

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Shree 420
Réalisé par Raj Kapoor en 1955

Avec
Nargis .... Vidya Shastri
Nadira .... Maya
Raj Kapoor .... Raj Kumar/Shri. Ranbir Raj
Nemo .... Seth Sonachand Dharmanand



Chronique de Patapin



Film intéressant, où l’on peut approcher la misère indienne de plus près que dans un Bollywood bonbon-rose.

Empli d’espoir et de naïve ambition, Raj le vagabond, provincial attiré par les lumières de la ville, débarque à Bombay, pour y chercher fortune. Son honnêté va faire merveille, pense-t-il.

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Surtout dans ce monde où règne la misère.
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« Vous verrez, je deviendrais très puissant » affirme-t-il à ses nouveaux compagnons de rue…
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… rue où la beauté simple des femmes…
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… rivalise avec la sophistication des bourgeoises.
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.. il va se rendre compté que vivre d’amour et d’eau fraîche ne lui suffit pas.


Il troque ainsi sa médaille d’honnêteté contre de l’argent, et le voici lancé dans le monde des requins et des magouilles, où sa finesse lui fera gravir les échelons.
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Un bon scénario, plein de rebondissements, bons acteurs et chansons sympathiques.
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Des allégories, des trucages ciné,
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Yaadon ki Baaraat – Nassir Hussain - 1973
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Chronique de mariepaule


Trois frères Shankar, Vijay et Ratan ont été séparé durant leur enfance après le meurtre de leur parents. Alors que chacun se trace un parcours de vie différent. Ils cultivent tous trois l’espoir de se retrouver un jour…

Un des aspects les plus intéressants du cinéma populaire indien, c’est qu’il fourmille de références à ses propres œuvres passées désormais à la postérité. Cette mise en abîme est devenu quasiment un des points incontournables du cahier des charges des productions indiennes. Elle permet de découvrir toujours plus de films. Ainsi c’est en visionnant Swades et la scène de la projection en plein air que j’ai eu envie de regarder Yaadon ki Baaraat, film que le cinéma ambulant passait aux villageois.
YKB s’appuie bien évidemment sur les ressorts traditionnels du masala c’est à dire de la tragédie, une romance contrariée, des scènes d’action, de la vengeance etc…
Le tout se marie à merveille, avec une simplicité et une nostalgie dans lesquelles il est toujours agréable de se replonger. Il faut quand même avouer que le contexte des anneés 70 arrive à modeler voire adoucir certaines exigences qui sont plus grandes avec un film récent. Quand j’évoque les seventies je pense aussi à la mode vestimentaire de l’époque qui paraît avec 35 ans de recul complètement surréaliste. Mais ce qui ressort avant tout de ce film c’est l’émotion voulue ou non. Involontaire : c’est de voir le petit Aamir Khan de 8 ans haut comme trois pommes se dandiner sur la chanson-titre. Je suppose que le réalisateur ne soupçonnait pas à l’époque la future carrière de ce dernier.
Volontaire c’est cette fameuse chanson Yaadon ki Baaraat rengaine nostalgique que chante le plus jeune des frère comme un appel désespérée à ses ainés. Bien que l’on sache dès le départ que cette fratrie sera de nouveau réunie, les retrouvailles, mais par dessus tout la charge émotive qu’arrive à transmettre Dharmendra pendant cette scène met forcément la larme à l’œil.

le p'tit Aamir

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Justement niveau casting pour les plus connus (en tout cas ceux que je connais) : Dharmendra il est le charme et la classe à l’ancienne, Shankar son personnage, n’ a pour principal but que la vengeance de la mort de ses parents, il puise dans cette soif ce qu’il faut pour être un dur à cuire et confronter les personnages les plus dangereux. Autre visage familier Zeenat Aman une des actrices phares de l’époque, son personnage n’ a pas le piquant ou l’épaisseur de certains de ces films suivants mais il est plein de douceur et de charme. A noter que Neetu Singh a un petit rôle d’item girl assez déroutant. :lol:
La BO est magnifique et l’air de la fameuse chanson persiste agréablement dans la tête longtemps après avoir vu le film.

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durée: 170 mn environ
les sous titres comme souvent médiocres en français, le mieux étant d'opter pour l'anglais...

Mon avis :
Il y a presque un an mariepaule avait fait une chronique de ce film avec Zeenat Aman. Cycle oblige, il m'était devenu impensable de passer outre. J'ai repris le résumé que mariepaule en avait fait. Les principaux points qu'elle avait soulignés, notamment au niveau des défauts je les ai aussi retrouvés, je pense même que le film est assez médiocre sinon très moyen. Par rapport à Gopichand Jasoos c'est un bond en arrière de presque dix ans que l'on effectue. Le jeu de Zeenat entre l'un et l'autre a beaucoup évolué. A l'époque, en 1973, en pleine période flower power, Zeenat représentait aussi un idéal de jeune femme engagée, au visage si parfait que les superlatifs manquent pour le décrire. Totalement hypnotique, l'actrice laisse une scène sur deux bouche bée, hagard, éberlué devant tant de facilité à attirer les regards vers elle, à capter l'énergie des mouvements de caméra en lançant des regards chauds bouillants d'un érotisme incroyable. L'actrice est aussi à l'aise en sari comme en jean, en bikini comme en robe de soirée. Elle a inventé et rendue éternelle la femme moderne indienne à l'écran. Ni plus ni moins. Pas forcément avec ce rôle là, mais Satyam Shivam Sundaram ne fera que le confirmer.


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Le film quant à lui : une histoire de vengeance tapie, avec une tempête sous un crâne, laquelle est habitée par un Dharmendra d'avant Sholay qui le fera exploser à l'écran deux ans plus tard aux côtés d'Amitabh Bachchan. Jeu stoïque ultra rentré, gestuelle saccadée, regard fou, le jeune acteur joue ici bien car paradoxalement il n'a que cela à jouer mais le fait bien. Il n'y a que durant une scène qui se lâchera, celle des retrouvailles, où les larmes coulant sur son visage font enfin penser qu'il y a un humain derrière autant de haine contenue, de désirs de mort violente et d'honneur à retrouver. Oeil pour oeil, dent pour dent. Le sujet laisse perplexe d'ailleurs, usant d'une forme d'ultraviolence psychologique pas subtile du tout, voire franchissant par moments une certaine forme de ridicule. Moins drôle et plus éreintant à la longue le jeu tout en caricature et stéréotype de l'amoureux transi incarné par Vijay Arora, tout simplement imbuvable d'un bout à l'autre, au jeu qui ressemble à celui pratiqué par Akshay Kumar dont on pourrait jurer qu'il s'agit de son mentor. Même menton tremblant dans les scènes dites "émouvantes", même sourire de porcelaine forcé, même air ahuri. Il m'a à plusieurs reprises totalement sorti d'un film censé prendre à la gorge. Il y a comme un problème.

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Les postiches et autres coiffures ont un petit côté parodique amusant, surtout le vieil homme à lunettes noires. Les décors sont très soignés, avec un design mi pop mi disco, aux couleurs pastels roses et bleus franches et à l'éclat immédiat. Mais on est moins dans le travail rigoureux de cadrages et d'effets "flashs" avec les lumières tourbillonnantes comme ça peut être le cas de Qurbani. Je me demande toutefois si Farah Khan n'a pas regardé ce film avant de tourner la séquence Deewangi Deewangi dans Om Shanti Om, avec le bar aux couleurs bleu et rose. On dirait vraiment le même. Ce qui est plus ennuyeux c'est de voir que le scénario est signé Javed Akhtar (père de Farhan Akhtar, réal de Don et Dil Chahta Hai) et qu'il est très grand parolier. On ne peut pas dire qu'ici il ait été cherché l'originalité et c'est bien dommage. Soulignons aussi l'apparition enfant d'Aamir Khan, alors au même âge que son héros de Taare Zameen Par. Très mignon.


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Si Yaadoon Ki Baraat est donc un film très mineur sur le plan de la réalisation et du script, il est en revanche un vrai tour de force technique du côté des séquences chantées et dansées, quasiment le plus grand intérêt du film. Pas une chanson ratée sur la fabuleuse BOF, avec des titres novateurs et entrainants. La qualité est là, autant dans la partie instrumentale que vocale avec la bénédiction de Kishore Kumar, Asha Bhosle ou Lata Mangeshkar. Un film qui essaie de s'appuyer sur l'idée fondatrice et très cinématographique de la chanson comme lien familial indestructible par delà les années mais cela ne suffit pas, car l'interprétation des deux frères cadets dont Tariq caractérisée par un cabotinage éhonté ne suit pas.

Chura Liya Hai


Le DVD
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1.85:1 4/3. Après la déception Gopichand Jasoos, ce DVD rattrape la donne et la change. Beau transfert auquel il manque le 16/9. Quelques plans restent abîmés (transitions de nuit, effet de fumée, griffures et sautes épisodiques), ça reste beaucoup plus agréable à l'oeil, même si la définition montre quelques faiblesses. Un plan cramé étonne au milieu d'une image en grande partie très vive, très pop dans l'âme. On atteint pas le brio de Qurbani mais ça reste du très honorable. Ca se situe en tout cas dans ce qui se fait à peu près de mieux chez Eros pour un film 70's s'entend.

Son : Image
Mixage 5.1 VOSTA. Le mixage d'origine était du mono. Il profite surtout à la musique qui se voit attribuer ainsi un impact et surtout une clarté de premier ordre et ce malgré un léger grésillement, perceptible davantage en première partie et s'estompant ensuite. Pas de trous sonores et une harmonie qu'on retrouve encore plus en jouant avec la stéréo de l'ampli.
Dernière modification par Jordan White le 12 mai 08, 19:06, modifié 3 fois.
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Satyam Shivam Sundaram - Raj Kapoor - 1978

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Chronique de Music Man


Je viens de visionner SATYAM SHIVAM SUNDARAM -( LOVE SUBLIME)de Raj Kapoor (1978)comédien mythique passé derrière la caméra, que j’ai acheté afin de découvrir cette fameuse Zeenat Aman dont Jordan m’avait parlé. Je n’ai pas été déçu.

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Quelle présence et quel charme ! A l’époque le film fit scandale, car jamais dans un film indien on n’avait vu (et on n’a plus revu après) une fille aussi déshabillée, les seins presque nus. Néanmoins, la belle sensualité de la comédienne est totalement dépourvue de vulgarité ou d’exhibitionnisme par rapport aux danseuses trafiquées par la chirurgie esthétique qu’on aperçoit en short doré et bas résilles dans les scènes de discothèque des films indiens les plus récents.
Zeenat Aman, splendide, ondoie et se déplace avec majesté dans des paysages magnifiques, auxquels les filtres colorés apportent beaucoup de mystère et de charme (je sais, certains y sont allergiques…). Dans une scène d’anthologie, elle se baigne dans une cascade, toute de blanc (dé)vêtue…Puis quand Shashi Kapoor fait à son tour sa toilette, après l’avoir bien observé, elle ne peut s’empêcher de le rejoindre !

La trame : une villageoise au visage en partie défiguré par un accident domestique séduit un jeune ingénieur (incarné par un Shashi Kapoor, illuminé, aux faux airs de Jean-Claude Pascal). Cet esthète, qui trouve « la laideur insupportable( !) » n’a jamais vu que partiellement le visage que la jeune femme cache soigneusement avec un voile…L’histoire d’amour se concrétise par un mariage et un drame, quand l’amoureux éperdu découvre que le visage de son épouse est défiguré. Je vous laisse le soin de découvrir la suite…
Amateurs de films bollywoodiens, vous ne serez pas déçus : grands sentiments et émotions fortes sont au rendez-vous, surtout à la fin du film où la nature se déchaîne (un peu comme dans le Torrent de Monta Bell), et que face à son destin, Shashi regagne enfin la raison.
J’ajouterai que les chansons, merveilleusement servies par une Lata Mangeskar au sommet de son talent sont extrêmement efficaces (notamment l’air principal).
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Un bémol : j’ai été un peu dérangé par une scène onirique pacotille à mort (le reste du film n'est pas dépourvu de kitsch mais dans un sens positif), très Bollywood-carton pâte qui tranche avec le coté poétique qui nimbe le reste du film. Néanmoins, cela donne au film un coté "camp" pas forcément désagréable.
En revanche, j’ai bien aimé l’interprétation d’un Shashi Kapoor fou d'amour et très attaché à la beauté physique, au point d'en perdre la raison, et surtout d’une Zeenat Aman, qui se révèle en outre une excellente comédienne.
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Mon avis :


Il est important de revenir aux fondamentaux et ce Satyam Shivam Sundaram en fait partie. Il y a tout ce qui a fait et qui fera encore le cinéma hindi : une histoire d'amour impossible, les contradictions entre les mondes des deux héros (elle villageoise, lui ingénieur) de fulgurants numéros musicaux, des actrices qui se donnent sans compter, un sens du mélo aigu et un sens inné du mouvement.

Je partage en grande partie ton avis Music Man. Le film possède l'avantage d'avoir Zeenat Aman au casting et elle est quasiment de tous les plans, exception faite bien entendu de l'évocation de sa jeunesse ou une jeune actrice incarne la Rupa née sous de mauvaises augures et qui est déjà la cible des attaques de ses "copains" de village.
Sa présence charnelle, sensuelle a dû en bouleverser plus d'un à l'époque et tu as raison de souligner que le film a fait scandale non pas tant pour son sujet que pour l'érotisme torride qui émane de son actrice principale, chose d'autant plus étonnante qu'elle joue en grande partie une héroïne pleine de pudeur qui n'ose dévoiler une partie de son visage en raison de sa défiguration.

L'acteur Shashi Kapoor n'est pas mauvais non plus, dans un style romantique très proche de celui de Rishi Kapoor dans Bobby, un autre film clé du ciné hindi des années 70. Sauf qu'Ishi était amoureux transi en aimant sans compter, alors que Shashi est un esthète qui se perd dans ses considérations, n'a d'yeux que pour la perfection qui n'existe pas.
D'ailleurs le thème de la perfection est sans cesse mis à mal dans le film, et principalement par la figure même de Rupa, en tant que femme au physique idéal (impossible de le nier) qui cependant possède la malchance d'avoir été défigurée enfant, et qui l'empêche d'aspirer au mariage, et surtout à l'acceptation du regard de l'autre qui doit passer par une catastrophe pour que l'homme réalise qu'il perdrait l'amour de sa vie s'il ne s'en remettait qu'à ses idéaux.

La première interprétation de Satyam Shivam Sundaram la chanson titre est fabuleuse, visuellement déjà avec un lever de soleil aux couleurs rouge-vert du plus bel effet, puis celle de la fin quand la pluie s'abat et engloutit le village sont prenantes.
Concernant la séquence onirique, évidemment elle surprend et dénote une volonté de coller aux standards de l'époque basés aussi sur l'épate visuelle à base de décors monumentaux au sein de productions pour la plupart très axés sur les personnages, et dont ici la parenthèse enchantée peut paraître désuète en tout cas trop signifiante. Ca frôle le mauvais goût et un certain pathos, mais le film lui-même n'est pas à l'abri de certains débordements dramatiques, comme lors de la révélation du "vrai" visage de Rupa pendant son mariage. Là on sent que la trame et le trait sont forcés, car il faut ressortir l'effet dramatique de l'annonce.

Sinon le film est très religieux, on entend et voit beaucoup de prières, de dévotion, de chants, d'offrandes, etc. Un film très pieux ou qui en parle en long en large et en travers, et qui dit en sous-texte que les croyants sont ceux qui savent voir au delà des apparences, sonder les âmes et aimer les autres, y compris quand ceux-là sont peu aimants, voire méprisants.
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C'est d'ailleurs une colère divine qui s'abat sur le village mais fait réunir le couple principal, car Dieu lui-même décide de rassembler ceux qui s'aiment envers et contre tout, alors que l'on suppose que le personnage de l'ingénieur est athée. Rupa elle est une fervante croyante, du début à la fin, et c'est ce qui la sauve.
Un très beau film, très prenant, qui montre qu'une actrice comme Zeenat Aman était non seulement d'une beauté étourdissante, mais qu'en plus elle savait jouer. Sans doute la filiation la plus directe aujourd'hui est Kajol. Un classique instantané en 1978. Un film qui garde son importance de nos jours, ne serait-ce que pour l'audace de l'actrice à s'être autant dévoilée. Au sens propre comme figuré.

Le DVD :
Il existe au moins deux version du film dont une copie chez Yash Raj et un original toujours chez la même éditeur. Le film est sorti aussi chez Shemaroo en DVD original.

Yash Raj
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1.85:1 16/9. Image granuleuse avec des tâches et des poussières de négatifs souvent présentes. Quelques macroblocs de pixels aussi. Je me souviens néanmoins d'une image plutôt bonne dans l'ensemble à quelques exceptions où ça traîne au niveau de la compression et de la définition.

Son : Image
Une piste en DD 5.1 originale. Plutôt bonne dans l'ensemble là aussi, mais je me demande ce que peut donner la partie technique sur le DVD original de Yash Raj. Sous-titres anglais et français dans mon souvenir mais à vérifier.
Dernière modification par Jordan White le 12 mai 08, 19:16, modifié 3 fois.
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Re: Topic Bollywood spécial naphta'

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MUQADDAR KA SIKANDAR (1979)
de Prakash Mehra avec Amitabh Bachchan, Rekha, Raakhee (FORMAT 2.20)
Qualité d’image : très bonne. STF : atroces 08/20


Chronique de Music Man

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Me voila un peu embarrassé pour donner mon opinion sur ce film, difficile à suivre compte tenu de l’extrême médiocrité de sous-titres français (et comme je n’étais pas seul, je n’ai pu passer à l’anglais)
Le film commence plutôt bien, et même très bien. Il narre les péripéties d’un enfant abandonné, livré à lui-même. Chassé de la maison par le vilain avocat qui l’employait comme homme à tout faire, il manque de se faire renverser par une voiture. Il est alors sauvé par une dame cardiaque qui l’adopte, et se fait embaucher comme bonne chez l’avocat. Soupçonné à tort de vol, il provoque de nouveau la colère du méchant propriétaire : sa mère adoptive en meurt sur le coup.
Avec tant de coups de théâtre, on se croirait vraiment dans une chanson réaliste de Berthe Sylva, et on pourrait craindre de sombrer dans le ridicule mais, il est vrai que parfois quand le sort s’acharne, la réalité peut être aussi triste que la fiction. En tous les cas, les gamins jouent très bien leurs rôles (contrairement aux enfants qu’on trouve dans les films bollywoodiens actuels, aussi agaçants que dans des spots publicitaires), et apportent beaucoup d’émotion à leur interprétation.
Le film se gâte quand les enfants grandissent. Amitabh Bachchan reprend le rôle du jeune garçon abandonné, qui a réussi à s’en sortir et à devenir très riche (on ne sait comment). Toujours amoureux de la fille de l’avocat, il n’est pas insensible aux charmes d’une prostituée incarnée par Rekha. Mais le protecteur de celle-ci, un homme ultra-violent ne l’entend pas de cette oreille.

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Tout sombre vite dans une extrême médiocrité avec des scènes de bagarres très mal mises en scènes, des passages sensés être drôles où les comédiens grimacent affreusement (ah ! la scène où le méchant, apprenant que sa belle est amoureuse, tort les barreaux de sa prison et parvient à s’enfuir… et celle où Vinod Khanna se met à loucher dans la chambre d’hôpital.)
Agacé par ce salmigondis de violence, bagarres, séduction, sentimentalisme et vengeance j’ai fini par arrêter le DVD !
Par la suite, tout en sautant des passages, j’ai finalement visionné le film jusqu’au bout.
Au final, c’est un film vraiment très inégal. Par moment, le coté très sombre et complètement désespéré de l’histoire, notamment la triste destinée du personnage incarné par Bachchan, voué au malheur, atteignent une dimension émotionnelle d’une grande force (notamment, la scène de sa mort, fort bien jouée par le mythique acteur, magnifiée par la poignante mélodie chantée par Rafi Saab). Rekha, dans le rôle d’une prostituée malheureuse, a également beaucoup d’allure et apporte infiniment de grâce et de distinction aux rares numéros dansés (ce qui n’est pas le cas de toutes les récentes actrices indiennes). Les chansons sont belles et certaines, sur un rythme disco, devaient paraître très modernes à l’époque).
Le reste est hélas souvent extrêmement mauvais. Les décors (la boite de nuit) atteignent parfois des sommets de laideur kitsch. Amjad Khan en fait des tonnes dans son personnage de méchant. Vinod Khanna joue mal. C’est parfois très simpliste et …bête (je ne vois pas d'autre adjectif). Dommage.
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UMRAO JAAN (1980) de Ali MUZAFFAR avec Rekha. 17,5/20
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Chronique de Music Man


On a souvent tendance à classer les films indiens en 2 catégories : les films poétiques et sensibles de Satyajit Ray, vénérés par la critique et une frange intello du public occidental (mais peu appréciés là-bas) et les grosses productions de Bollywood, longtemps raillées et boudées en Occident (par des critiques qui ne faisaient pas la moindre tentative de creuser un peu le sujet et se maintenaient à quelques clichés ?), mais connaissant depuis peu une ferveur grandissante en Europe. Alors où classer cette Umrao Jaan, qui semble se situer à mi-chemin entre les deux catégories ?
Adapté d’un roman de Mirza Rufza situé au 19ème siècle, le film compte les malheurs d’une jeune fille kidnappée par des ennemis de son père qui la vendent à une maison close haut de gamme de Lucknow réservée à une clientèle fortunée. Là, on forme pendant des années la jeune fille à l’art de la séduction : musique, chant, danse, poésie, domaine dans lequel elle va tout particulièrement exceller…Un jeune nabab séduit par les poésies de la belle tombe sous le charme. Hélas, sa famille l’oblige à épouser une autre. Meurtrie par cette nouvelle et lasse d’être prisonnière du bordel, elle s’enfuit avec un jeune homme fou d’elle qui s’avère être un bandit de grand chemin. Il est assassiné sous ses yeux. Retrouvée par un ancien client, elle est reconduite au bordel. Finalement, lors de la confusion causée par la rébellion de 1857, elle parvient à s’enfuir et à retrouver sa famille : elle apprend alors que son père est mort de chagrin depuis des années. Son frère n’a que mépris pour elle, et la chasse en la traitant de courtisane : Umrao se retrouve seule face à son destin.

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En dépit d’une certaine confusion dans le récit (était-ce du aux exécrables sous-titres français et aux sous-titres anglais pas toujours parfaits ? ou plutôt aux difficultés rencontrées par le réalisateur pour transcrire à l’écran une œuvre littéraire trop touffue ?), ce film est remarquable par l’atmosphère délicate qui le nimbe. Rekha est constamment mise en valeur par de superbes gros plans, et beaucoup de scènes sont filmées avec beaucoup de goût dans des décors superbes, dont l’opulence ne sombre JAMAIS dans le kitsch ou la pacotille. Asha Bhosle assure avec brio la partie chantée (très honnêtement, je n’ai pas toujours compris la portée des poésies d’Umrao Jaan sensées être fabuleuses, car les traductions anglaises des chansons étaient des plus quelconques).
Rekha danse avec une grâce que ne possèdent plus les actrices de Bollywood d’aujourd’hui. La comédienne intériorise ses émotions au point qu’on peut presque dire qu’elle sous joue (fait extrêmement rare en Inde où c’est plutôt le contraire !). Néanmoins, cela rend sa performance encore plus vibrante et met en valeur quelques moments magnifiques où elle sort de sa réserve (pour déchirer l’habit nuptial de l’homme qu’elle aimait et s’apprête à en épouser une autre). La très belle comédienne a remporté un prix d’interprétation pour sa prestation, et c’est grandement mérité. Je n’ai pas encore vu le remake de 2006 avec Ashwarya Rai, mais un rapide surf sur différents sites spécialisés m’a permis de constater qu’il semblait très inférieur à la version de 1982(et penche beaucoup plus vers Bollywood que S Ray). Pas tant que Miss Rai soit mauvaise, mais comme le signale un internaute allemand, Rekha a tant marqué ce rôle comme Romy Schneider celui de Sissi, que personne ne pourra effacer son souvenir.
En tous les cas, je garde encore à l’esprit la dernière image du film où Rekha, rejetée par tous, passe avec délicatesse et effroi la main sur le miroir : un vrai moment de grâce, magnifique.
Un bémol néanmoins : une certaine froideur et un manque de vigueur qui font qu'on regarde une succession de tableaux splendides et délicats, mais avec une certaine distance.

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Re: Topic Bollywood spécial naphta'

Message par Jordan White »

MON AMI L’ELEPHANTHAATHI MERE SAATHI
De M A THIRUMUGAM -1971
Avec Rajesh KHANNA, TANUJA : 16/20

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Chronique de Music Man

Le jeune Raju passe toute son enfance avec ses amis les éléphants (l’un d’eux l’a même sauvé des griffes d’une panthère). Ruiné, Raju est contraint d’errer par les routes avec ses pachydermes. Il monte d’abord un spectacle de cirque avec ses braves bêtes, triomphe puis ouvre un zoo. Il se retrouve confronté à un cruel dilemme quand son épouse craint que l’éléphant n’attaque leur enfant. D’autre part, le riche propriétaire d’un cabaret, concurrencé par le zoo, tente d’y mettre le feu. Afin de sauver son maître, l’éléphant s’interpose au péril de sa vie.
On est plus proche de Daktari que du mélo indien traditionnel. Un changement salutaire :
Au moins, ce film a le mérite de sortir de l’ordinaire. Certes, c’est du cinéma de quartier, mais on ne s’ennuie jamais et les rebondissements nombreux et inattendus, les thèmes abordés sont complètement inédits dans les films indiens, ou alors, si mais l’éternel triangle sentimental de base contient un élément original : un éléphant ! Les passages avec les éléphants sont très distrayants, et les numéros de cirque ambulant réussis et plutôt bien filmés (hélas, j’imagine que pour réussir de tels prodiges, les pachydermes ont du être entraînés sans ménagement). On imagine, avec émoi, la magie des petits spectacles de cirque donnés en Inde par des petites troupes itinérantes.
Les chansons sont sautillantes et vraiment très agréables : certaines me trottent encore dans l’oreille. Elle aussi sortent de l’ordinaire : je pense notamment à une berceuse folk, accompagnée à la guitare. Le moment le plus émouvant demeure le décès et l’enterrement de l’éléphant avec une chanson magnifique très bien mise en valeur par la voix sublime de Kishore Kumar. Lata Mangeshkar quant à elle double Tanuja : en somme le top du top.
Rajesh Khanna qui connut une popularité aussi éclatante que brève au début des années 70 (on raconte que sa voiture était couverte de traces de rouges à lèvres laissées par des fans en délire), joue tout à fait convenablement et a beaucoup de charme (peut être quand même un soupçon d’embonpoint pour celui qui était considéré comme un symbole sexuel). Sa partenaire Tanuja est à la hauteur : c’est la maman de la célèbre Kajol, la star la plus aimée du cinéma bollywoodien actuel.
En résumé, du joli cinéma populaire, qui devrait plaire à tous ceux qui aiment les animaux.

Qualité intrinsèque du DVD :

L’image est de qualité médiocre. On dirait qu’il manque parfois des passages, ça saute, barre verticale, taches : la pellicule a sans doute beaucoup servi….Pourtant les couleurs sont belles.
Les sous-titres français sont très moyens mais quand même supportables.
Dernière modification par Jordan White le 23 mars 08, 18:02, modifié 1 fois.
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Re: Topic Bollywood spécial naphta'

Message par Jordan White »

ROTI KAPADA AUR MAKAAN (DU PAIN , DES VËTEMENTS , UN TOIT)
De Manoj KUMAR 1974
Avec Manoj KUMAR, Amitabh BACHCHAN, Shashi KAPOOR, Zeenat AMAN 13/20


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Chronique de Music Man

D’abord un grand merci à Jordan pour ce DVD :D , qui me permet de poursuivre ma ballade dans les vieux films populaires indiens.
Réalisé, produit et interprété par Manoj KUMAR, ce film est une assez violente critique sociale qui dénonce avec force les inégalités qui minent l’Inde des années 70. Malgré leurs diplômes, les jeunes gens issus de milieux modestes n’ont aucune possibilité de réussir dans la vie et de s’en sortir…à moins de tremper dans des milieux corrompus.
Le personnage central Bharat, au chômage malgré sa licence, vivote en chantant occasionnellement à la télévision. Il perd l’amour de la femme qu’il aime depuis sa jeunesse, cette dernière préférant céder aux avances de son riche patron qui lui propose un train de vie beaucoup plus confortable.
Plusieurs destinées se croisent, plus ou moins habilement, ce qui rend hélas le film assez décousu et qui empêche de s’attacher aux personnages : C’est la principale faiblesse de ce film : on a presque l’impression qu’il s’agit d’une série d’histoires très différentes assez maladroitement reliées. En outre, on oscille constamment entre critique sociale et romance, entre mise en scène originale et prenante et balourdise commerciale ce qui est assez déstabilisent. On passe ainsi de la love story entre Bharat et l’envoûtante Zeenat Aman (la plus sexy des actrices indiennes, qui lance des regards enflammés à la caméra, même si elle est moins magique ici que dans Love sublime) à l’histoire dramatique d’une jeune mendiante, violée par trois ignobles commerçants et élevant seule son enfant. C’est de loin le meilleur passage, tant la comédienne bengali Moushumi Chatterji aussi belle que brillante actrice, est convaincante (elle éclipse d’ailleurs Zeenat Aman, il fallait le faire !). La scène du viol dans la farine est particulièrement impressionnante et filmée avec beaucoup de force. Mais quel dommage que dans la scène suivante, l’apparition ridicule d’un ami venu sauver in extremis, tel un super héros, la jeune femme et Bharat vienne tout gâcher et redescendre le film au niveau d’une série Z. Et puis changement d’univers radical, on revient au mariage Zeenat et de son riche patron…et ainsi de suite.
Si la réalisation de Manoj Kumar est assez remarquable dans l’épisode de la paysanne fille-mère , on ne saurait en dire autant de la mise en scène de certaines chansons avec moult transparences et effets pas toujours réussis. Les mimiques des acteurs dans la première chanson, sous la pluie sont même grotesques. Certaines mélodies sont pourtant superbes, notamment celle que Bharat chante pendant le mariage de la femme qu’il aimait.
Quant aux tenues du beau Shashi Kapoor (nettement meilleur dans d’autres films), elles atteignent des sommets de laideur kitsch : ses cravates affreuses et atrocement assorties méritent un prix de mauvais goût. Au passage, j'aime bien la façon dont il est annoncé au générique : après les 4 autres acteurs principaux mais avec cet incroyable mention "et par dessus tout Shashi Kapoor" : on imagine que les stars ont du se battre pour avoir leur nom en premier ou une mention spéciale!
Je serais bien en peine de noter un tel film tant il est inégal et qu’il finit par lasser ! Mais comme on sent chez l’auteur une réelle volonté de faire passer un message humaniste, qu’il y a des passages excellents (je pense à un numéro musical devant un échafaudage de fortune, et bien évidemment aux séquences avec Moushumi Chatterji qui sont vraiment de très très bon niveau) et que Jordan me l’a offert, allez, on va dire 13/20 !
Dernière modification par Jordan White le 23 mars 08, 18:02, modifié 1 fois.
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