Belladonna des tristesses (Eiichi Yamamoto - 1973)

[bruce randylan]

La sorcière ( Kanashimi no Belladona ) Eiichi Yamamoto - 1973

Vu le titre et l'année, je m'attendais un mignon dessin animé pour enfants dans le genre de Kiki. Et bien non !
C'est un immense craquage complétement barré et difficilement descriptible qui ne ressemble à rien de connu !

Essayez d'imaginer Dali et Ken Russel se lancer dans une fable érotique moyenne-ageuse dont la musique serait signé par Frank Zappa et Carmen Maki ( la Janis Joplin Japonaise ) avec Mobius comme inspiration graphique.
Bref, une sorte de mise en scène expérimentale psychédélique dont chaque image est plus déconcertante que la précédente avec un imagination débordante pour une succession de plan aux symbolismes sexuels très explicites. Certains passages sont quasiment des vrais oeuvres d'arts d'une beauté surréaliste et vertigineuse quand d'autres moments jouent sur l'épure de l'animation à en devenir malsain, surtout au début.

il faut donc un moment pour comprendre ce qui nous arrive et devant quoi on est tombé avant de rentrer tout doucement dans "l'histoire" à grand coup de viol visuel bien dérangeant. J'ai personnellement vraiment pris mon pied à partir du 2ème quart qui part sans retenu dans le délire graphique sous acide porté par une BO tout aussi barré qui vous cloue sur votre fauteuil.

A ce niveau, il est impossible de dire si on y comprend quelque chose voire si on aime mais le spectacle est tellement fascinant et inédit que je n'ai pu m'empêcher de trouver ça cultissisme dans le vrai sens du mot et pas l'expression tellement galvaudée de nos jours. Et qui donc risque de laisser un paquet de personne sur le carreau

Le DVD ne semble exister qu'au Japon sans aucun sous-titres mais pour le coup, je vous encourage vraiment à le découvrir.
D'ailleurs on le trouve sous youtube en intégrale fragmenté en 13 parties

Voilà d'ailleurs un des passage qui m'a fait le plus tripé ( à partir de 3min30, ça part méchamment en sucette et quel zik en plus ! )

[youtube][/youtube]
Je sais plus qui fait la voix du démon, mais c'est une pointure. K-chan ?

[Jactari]

D'après IMDB, il s'agit de Tatsuya Nakadai, acteur principal de Kill! et de Kagemusha, parmi bien d'autres choses.

Intriguant, ce film d'animation.

[k-chan]

Ouais, c'est bien la voix de Nakadai.

Délirant !

[Blue]

J'avais pas accroché à cet anime, mais bon c'est le genre on aime ou on aime pas vu comment c'est barré

[bruce randylan]

Ouais, c'est bien la voix de Nakadai.

Délirant !

C'est ce qu'il me semblait en effet

[Arca1943]

Vu il y a bien des années au cinéma Outremont, à Montréal. J'avais réussi à me faufiler dans la salle malgré l'interdiction aux moins de 18 ans. Je me rappelle essentiellement une suite délirante d'images et de couleurs d'une sensualité à couper le souffle. À noter l'origine française du récit : il s'agit d'une adaptation à l'écran de La Sorcière, de Michelet.

Et je me rappelle aussi m'être demandé à qui pouvait bien être cette voix, la voix du Diable en personne ! C'était évidemment le riche baryton, reconnaissable entre mille, du Très Transformable Nakadai Tatsuya.

[Boubakar]

Voilà d'ailleurs un des passage qui m'a fait le plus tripé ( à partir de 3min30, ça part méchamment en sucette et quel zik en plus ! )

Je suis sous le charme !!!
Le trip ressemble d'ailleurs à des films de Bakshi, mais avec cette zik (qui est originale ou c'est tiré de quelque chose de connu ?), c'est très impressionnant !!!
Bon, allons bombarder les mails de Wild Side, Carlotta, Mk2, pour nous sortir çà !!

[bruce randylan]

On a le temps je pense avant que ça débarque en france. Vu le bide que Wild Side se sont pris avec la japanim', ils risquent pas de retenter l'expérience surtout avec un truc aussi radical.

Mais, c'est clair qu'un coffret avec lecléopatra de Tezuka, ça serait énorme. J'ai vu quelques bouts sur youtube, ça a l'air bien barré et expérimental aussi ( acteurs lives mais visages animés )
Avec de la chance, la cinémathèque va aussi diffuser celui-là

[-Kaonashi-]

Pouah ! Encore un truc japonais horrible ! Non mais regardez-moi ça, les personnages ne bougent pas pendant plusieurs secondes, il n'y a aucun mouvement, ils sont vraiment toujours aussi nuls en animation, ces Nippons !














Sérieusement, je trouve cet extrait hypnotisant, un truc vraiment dingue ! La dernière minute m'a achevé tellement ce qu'on y voit est splendide.
Un internaute semble avoir fait une partie de la traduction de cet extrait, dans les commentaires. Mais ça reste bien dommage qu'il n'existe pas de version sous-titrée en DVD, en anglais ou en français.
Va falloir que je regarde ce délire animé en intégrale !

[Demi-Lune]

Le festival "Toute la mémoire du monde" se poursuit et draine toujours autant de curieux, avides de découvrir des raretés. Le Belladonna des tristesses de Yamamoto n'en était pas des moindres, compte tenu du nombre de spectateurs venus se bousculer pour ce qui reste un anime érotico-expérimental. Pas de DCP restauré 4K comme annoncé initialement, mais la propre copie 35 mm de la Cinémathèque, qui était dans un état tout à fait acceptable.

Que dire de ce film? C'est une curiosité que j'ai trouvée franchement fascinante, mais aussi inégale. Sur le plan graphique, Stéphane du Mesnildot, critique aux Cahiers du Cinéma, indiquait à juste titre dans sa présentation que la beauté du film s'apparentait à la contemplation d'un livre d'images. Ces grands travellings de droite à gauche, comme une lecture inversée, où s'entremêlent au sein d'un même mouvement continu différentes scènes, différents instantanés montés de façon très plastique, nous le rappellent de façon presque littérale. Yamamoto privilégie souvent le plan fixe (ce qui donne des planches d'art graphique splendides) ou utilise l'animation avec parcimonie, de sorte que celle-ci ait un effet plastique et inconscient encore plus fort. De manière remarquable, le film n'est pas pour autant plombant ou amorphe. Les idées visuelles se succèdent à un rythme effréné, soutenues par une belle bande originale, à mesure que le film verse progressivement dans le psychédélisme sous acide. L'influence du symbolisme se conjugue à celle de Leiji Matsumoto ; cette voluptueuse Jeanne, Belladonna des tristesses, semble être la fille de Klimt et des années yéyé. Du Mensnildot rappelait aussi que les tortures et les souffrances d'ordre sexuel que subissait l'héroïne étaient à mettre en relation avec les films de Koji Wakamatsu, qui selon lui instrumentalisait la soumission féminine pour mieux glorifier leur esprit de résistance. Dans tous les cas, on peut ressentir une pointe de lassitude par moments face à la redondance de ces séquences, malgré l'inventivité visuelle de Yamamoto pour trouver chaque fois une expression nouvelle. Le film accuse des longueurs, mais le cinéaste a toujours le don, alors, de te ressortir le plan qui a de la gueule pour te reconquérir.
Poétique, sensuel, fou, étrangement dérangeant, Belladonna des tristesses est une belle expérience de Cinéma à laquelle il manque un soupçon d'envergure (même si l'histoire relève de la fable) pour pouvoir être qualifiée de grand film.

[bruce randylan]

J'en profite pour éditer le titre du topic

[Demi-Lune]

Et moi, j'en profite pour en prendre connaissance. Heureux que tu aies apprécié à l'époque... mais à y réfléchir, pouvait-il en être autrement?

[bruce randylan]

Disons que le choc de la découverte a beaucoup aidé aussi. Quand je suis rentré dans la salle, je ne savais absolument pas ce que j'allais voir. Un coup de poker repéré dans l'histoire permanente du cinéma.

Avec une présentation, explication, contextualisation, c'est plus tout à fit la même chose je trouve. On est déjà un peu préparé. Quand je suis sorti, j'ai mis du temps à comprendre ce qui venait de se passer.

[ballantrae]

C'est absolument hallucinant et je n'en ai vu que quelques images sur le net.Est-il envisagé une sortie DVD/BR ou une sortie salle tout court? Quels veinards que ceux qui ont pu découvrir cet objet incroyable de beauté et d'audace.

[Spike]

Il doit sortir en BR aux Etats-Unis chez Cinelicious Pics.