Bob Fosse (1927-1987)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Kurwenal
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Bob Fosse (1927-1987)

Message par Kurwenal »

EDIT DE LA MODERATION:

Vous pouvez également consulter le topic de Cabaret (1972) et sa Chronique Classik



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Sweet Charity, Bob Fosse 1969

Il serait partisan d'ignorer les aspects les moins séduisants de ce premier film de Bob Fosse. Les 2h33' auraient mérité d'être resserrées et allégées. Malgré le rythme, les longues séquences chorégraphiques ont plus à voir avec la scène de Broadway qu'avec l'écran de cinéma et révèlent bien que Fosse était avant tout un directeur de théatre avant un cinéaste. La nervosité de la caméra et quelques tics ne cachent sans doute pas une construction insuffisamment pensée.
Sweet Charity, inspiré des Nuits de Cabiria de Fellini, c'est Shirley MacLaine qui , dans la filiation de La Garçonnière et d'Irma la Douce, trimballe sa naïveté, sa confiance immature et bon enfant, ses malchances et ses casseroles, les larmes au bord du sourire. La fille qui veut qu'on l'aime et qui "gère son coeur comme un hotel". Elle est pétillante et pleine de vie dans ce New York que Fosse filme assez superbement.
La chorégraphie, à mi-chemin entre l'influence "Westside Storienne" et le "revival soixantehuitard" est très efficace, en dépit des réserves énoncées ci-dessus. Et la longue séquence avec Sammy Davis Jr. en gourou hippie d'une église parrallèle est particulièrement sympathique dans sa charge.
Les dialogues sont de qualité et vraiment très savoureux, les situations cocasses et de bon goût. Beaucoup d'émotion, de tendresse, le tout voilé d'amertume dans ce film généreux sans happy end.
Qu'on pense à Charity, à Cabaret, à All that Jazz...Bob Fosse n'était de toute évidence pas un rigolo optimiste.
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Nestor Almendros
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Message par Nestor Almendros »

STAR 80 de Bob Fosse (semaine Vague de Crime sur TCM)
Je commence à visionner le film, et là je me rends compte que je l'ai vu il y a très peu de temps (1 an ou 2...). Sensation très désagréable que de ne plus se souvenir d'avoir vu un film (en plus pas la petite bouse anonyme comme il y en a tant) surtout si peu de temps auparavant. Donc j'étais nettement plus trop motivé pour continuer. J'ai quand même laissé passer quelques minutes, et puis je n'ai plus décroché.

Je ne m'en souvenais plus, mais c'est un film très intéressant. Fosse ne critique jamais cette starlette de chez PlayBoy, la rendant très innocente face à son amant lui, pour le coup, bien barré et bien interprété par Eric Roberts (à l'époque où il faisait des films intéressants, comme RUNAWAY TRAIN ou LE PAPE DE GREENWICH VILLAGE par exemple). L'histoire est tragique mais très bien menée. Ce qui m'a le plus marqué dans cette redécouverte c'est le montage et l'utilisation très "cut" des flashbacks. On passe d'un moment à un autre, on revient, etc... tout ça par surprise, c'est assez moderne (bien que le film ne date que des 80's!) et ça rythme vachement le film. Donc chapeau bas au monteur qui s'est bien laché, pour mon plus grand plaisir!
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Message par Max Schreck »

Nestor Almendros a écrit :STAR 80 de Bob Fosse (semaine Vague de Crime sur TCM)
Je commence à visionner le film, et là je me rends compte que je l'ai vu il y a très peu de temps (1 an ou 2...). Sensation très désagréable que de ne plus se souvenir d'avoir vu un film (en plus pas la petite bouse anonyme comme il y en a tant) surtout si peu de temps auparavant. Donc j'étais nettement plus trop motivé pour continuer. J'ai quand même laissé passer quelques minutes, et puis je n'ai plus décroché.

Je ne m'en souvenais plus, mais c'est un film très intéressant. Fosse ne critique jamais cette starlette de chez PlayBoy, la rendant très innocente face à son amant lui, pour le coup, bien barré et bien interprété par Eric Roberts (à l'époque où il faisait des films intéressants, comme RUNAWAY TRAIN ou LE PAPE DE GREENWICH VILLAGE par exemple). L'histoire est tragique mais très bien menée. Ce qui m'a le plus marqué dans cette redécouverte c'est le montage et l'utilisation très "cut" des flashbacks. On passe d'un moment à un autre, on revient, etc... tout ça par surprise, c'est assez moderne (bien que le film ne date que des 80's!) et ça rythme vachement le film. Donc chapeau bas au monteur qui s'est bien laché, pour mon plus grand plaisir!
Je trouve que c'est un film vraiment magnifique qui traite son sujet avec une humanité jamais prise en défaut par les risques qu'on pouvait craindre de tomber dans le racolage. Et Eric Roberts est effectivement impressionnant (les premières scènes qui caractérisent son personnage sont excellentes). C'est émouvant, intelligemment réalisé et dans sa dernière partie, ça aborde sans fards le sordide et le tragique de ce fait divers.
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Message par Max Schreck »

All that jazz (Que le spectacle commence), Bob Fosse, 1979
Grand film que j'ai envie de rapprocher — toutes proportions gardées — du S.O.B. de Blake Edwards, pour ses accents autobiographiques très marqués et sa peinture assez désabusée d'un milieu artistique. Roy Scheider trouve clairement là l'un de ses plus beaux rôles, alter ego du chorégraphe-cinéaste toujours aussi inspiré. Je retrouve le montage heurté qui m'avait tellement plu dans Star 80, les numéros musicaux sont fabuleux (du sidérant Air rotica au show final bien barré et à la musique démente, en passant par la danse fabuleuse offerte à Scheider par sa fille et sa petite amie (et dans ce rôle, Ann Reinking s'avère être une danseuse hallucinante). Le film est super riche, piquant et émouvant. Une ode à l'art comme mode d'expression qui transcende tout.
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Bob Fosse (1927-1987)

Message par bruce randylan »

Star 80 ( 1983 )

Inspiré de l'histoire vraie de la playmate Dorothy Stratten, le dernier film de Bob Fosse est une tragédie annoncé à la narration éclatée d'une trés grande maitrise.
Flash-forward ( ou flash-back ) et interviews des proches du couple se mêlangent pour dresser le portrait d'un looser qui est plus le centre du film que la playmate. Centré sur Eric Roberts, le montage d'un immense virtuosité nous ballade dans différentes époques qui bien que présentées de manière chronologique pertube drolement la perception du temps.
Evitant ainsi doublement le piège du biopic, Star 80 est passionnant du début à la fin avec une progression dramatique trés forte sans pour autant tomber dans la surrenchère du pathos.
Le casting est idéal, Eric Roberts dans un rôle qui tranche avec le reste de sa filmographie donnant toute les nuances à son personnage parano, maladroit, ambitieux, calculateur mais aussi trés "attachant". Fosse avait mis d'ailleurs beaucoup de lui-même dans ce Paul Snider allant jusqu'à dire qu'il aurait pu connaitre le même destin s'il n'avait pas rencontré le succès.

Ca m'a beaucoup fait pensé à Lenny du même réalisateur mais il manque tout de même dans Star 80 la description des troubles d'une époque qui donnait beaucoup plus de corps. Ici le contexte manque un peu de relief et si le film se replace dans une période définé, c'est uniquement à cause de sa musique cheap et ratée qui sent bon les 80's.


Sinon, je considère All that jazz comme un chef d'oeuvre absolu tandis que Cabaret m'avait un peu laissé sur le carreau malgré ses grandes qualité. J'avais donc beaucoup aimé aussi Lenny mais le souvenir se fait un peu plus brumeux. Pas encore eu l'occasion de découvrir Sweet Charity

Pour le plaisir, la fin de All That Jazz qui me retourne toujours autant
[youtube][/youtube]

Je connais mal encore son travail de chorégraphe mais son travail chez Stanley Donen est partiuclièrement génial ( Pique-nique en pijama et surtout Donnez lui une chance, dont chaque séquences dansées rivalisent de trouvailles et d'ingéniosité ).

Voilà. D'autre avis ?
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Watkinssien
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Message par Watkinssien »

J'aime beaucoup Star 80, mais je considère Cabaret comme une oeuvre magnifique, importante et d'une grande humanité, malgré la cruauté de l'intrigue.

C'est aussi un prodigieux spectacle contextuel, où la scène n'est pas si différente que la vie !
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Message par NotBillyTheKid »

J'adore Lenny & Star 80 depuis des années. J'ai découvert cette année Cabaret que j'ai trouvé absolument fabuleux de maîtrise. Puis All that Jazz qui m'a moins emballé, même s'il reste un bon film. Sweet Charity, j'ai un peu peur de le voir.. Il a mauvaise presse...
Mais grâce à un sympathique classikien qui a répondu à ma P.A., je vais enfin pouvoir revoir Star 80 très très bientôt. :D

Fosse a une fascination pour la mort et le spectacle, cela a été souvent signalé. Ce suis est moins abordé, c'est sa fascination pour la vulgarité, la grossièreté, qu'il traite avec une maestria et une légèreté parfaite. Cabaret est assez clair là-dessus, sur un amour gargantuesque de la paillardise contre l'ordre. Star80 et le monde de Playboy et des tocards, All that Jazz et son final (et le numéro vulgaire des hotesses de l'air),.. c'est aussi le propos de Lenny Bruce...
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Message par AtCloseRange »

On peut trouver pas mal d'analogies d'ailleurs entre Showgirls et All That Jazz (ce dernier reste mon film préféré de Bob Fosse avec Lenny).
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odelay
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Message par odelay »

J'ai revu STAR 80 il y a environ 15 jours. J'étais réellement ravi car la dernière fois que j'avais vu ce film c'était sur la feu et non regrettée CINQ. A l'époque STAR 80 m'avait vraiment fait forte impression. J'en avais le souvenir d'une narration destructurée et néanmoins très maitrisée. En le revoyant, je ne l'ai plus trouvé aussi innovant que ce que je pensais (disons que j'ai vu bcp d'autres de films depuis qui pouvaient l'être plus dans ce domaine), mais néamoins il garde toujours une véritable force dans son ensemble notamment grâce à l'interprétation étonnante d'Eric Roberts.
Par contre si je le compare aux trois autres films de Fosse que j'ai vus (tous donc sauf SWEET CHARITY), c'est celui que je préfère le moins. Si on enlève la scène du meurtre qui est très inspirée, STAR 80 contient quand même moins de moments forts de pure cinéma que CABARET ou ALL THAT JAZZ, moins de moments où on est carrément ébahi par la mise en scène.
En fait Fosse n'était jamais meilleur que lorsqu'il montrait la scène car il la filmait d'une manière extrêmement cinématographique sans oublier non plus qu'il s'agissait d'une scène avec tous ses codes. Il n'y a qu'à voir l'adaptation ciné de CHICAGO (pas mal au demeurant) pour mesurer le fossé (sans mauvais jeu de mots...) entre une mise en scène "à la Fosse" qui passe constamment à côté de la magie et une vraie de Fosse. Et l' absence de la scène, c'est peut être ce qui manque le plus à STAR 80 et qui l'empêche d'atteindre le niveau des autres films malgré son excellente tenue.
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Sybille
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Re: Bob Fosse

Message par Sybille »

All that jazz / Que le spectable commence
Bob Fosse (1979) :

"All that jazz" est un film dansé, chanté, et surtout ce que l'on devine être l'autobiographie du réalisateur lui-même. Bob Fosse s'attache à montrer le travail des répétitions, les réunions artistiques ou administratives, mais loin d'être uniquement un film classique sur la montée d'un spectacle (avec l'étalement de clichés connus de tous), "All that jazz" est avant tout le saisissant et vertigineux portrait d'un talentueux metteur en scène de Broadway, un homme pour qui l'art passe toujours avant sa vie personnelle (encore un poncif), mais qui détonne par sa personnalité fracassante, son tempérament d'homme buveur, drogué et coureur. Le montage entremêle les scènes réalistes avec des moment de pure rêverie, à l'intérieur desquels le personnage principal exprime sans fard sa vision pessimiste de la vie et explique la fausseté des relations qu'il entretient avec son entourage. Ce procédé un rien maladroit dans son traitement a néanmoins l'habileté d'immerger entièrement le spectateur dans la frénésie du film, arrivant presque à lui faire partager l'émotion, et ce qui semble être la culpabilité du réalisateur. "All that jazz" est plus qu'une comédie musicale moderne, mais un drame égocentrique, morbide et dérangeant. 6/10
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Re: Bob Fosse

Message par Bugsy Siegel »

Cabaret, Sweet Charity (et aussi Lenny et Star 80) : autant de films dont l'absence en Blu-Ray est absolument scandaleuse. :x
on faisait queue devant la porte des WC comme au ciné lors du passage de l'Atlantide à l'écran. Jean Ray, Hôtel de Famille, 1922
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Re: Bob Fosse

Message par Miss Nobody »

Histoire de compléter ce topic pour le moment pas bien fourni, voici ma petite contribution:

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Sweet Charity

« Sweet Charity », remake des « Nuits de Cabiria » de Fellini, suit les tribulations d'une entraîneuse dans sa quête désespérée du grand amour. Charity Hope Valentine (au niveau transparence du patronyme, on peut difficilement faire mieux), en plus d'avoir un job assez peu reluisant dans une boîte miteuse new-yorkaise, a une tendance à donner sa confiance à tout va, et la malchance de tomber constamment sur des hommes louches. Mais la douce Charity garde l'espoir et le sourire contre vents et marées...
Le générique du film, où Shirley MacLaine, un sourire crispant aux lêvres, bondit aux quatre coins de New York dans des arrêts sur image colorés, n'annonce rien de bon... Heureusement, son personnage perd rapidement ses illusions: il se fait larguer par son amant de manière plutôt brutale et commence alors à devenir attendrissant. Puis, viennent les premières touches Fossiennes avec le mémorable numéro « Big Spender ». On comprend alors que « Sweet Charity » ne pourra pas être un film foncièrement mauvais...
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Superproduction musicale, adapté d'un spectacle de Broadway éponyme, « Sweet Charity » s'inscrit dans la lignée décadente des comédies musicales des années 60, tout en annonçant la prochaine vague du genre, celle des années 70. Les considérables moyens déployés par la production (les centaines de figurants et de danseurs, le tournage en décors naturels à New York, ...) ont coûté pas moins de 20 millions de dollars. L'exploitation du film ne rapportera, elle, que 4 millions de dollars, ajoutant « Sweet Charity » à la longue liste des échecs financiers d'un Hollywood moribond.
Shirley MacLaine porte l'ensemble du film sur ses épaules, tout en incarnant un rôle d'écervelée vraiment pas évident. Bien que cabotine, elle s'en tire plutôt bien et demeure adorable du début à la fin du film. Il y a définitivement quelque chose de Guilietta Masina dans sa petite bouille souriante, et on comprend tout à fait qu'elle ait été choisie pour interpréter sa digne héritière (en dehors du fait qu'elle commençait à être habituée aux rôles de prostituées au grand coeur depuis « Comme un torrent »).
Bob Fosse, quant à lui, se fait vraiment plaisir au niveau des chorégraphies (qu'il dirigeait aussi à Broadway) et de ce tout premier passage derrière la caméra, on retiendra essentiellement la transpositions de ses danses modernes et rythmées, qui renouvellent totalement le genre. Habitué à la scène, il a manifestement voulu donner du volume au format théâtral en deux dimensions, et exploiter le plus possible l'outil cinématographique en expérimentant toute sorte de techniques et de positionnements de caméra. Il en fait malheureusement un peu trop, et sa mise en scène (faite de ralentis, de surimpressions, d'images figées, de zooms violents, de changements de format troublants ou de sous-titres inutiles) est parfois très perturbante. A titre d'exemple, le premier numéro musical « My personal property », avec ses raccords zoomés brutaux, est assez terrifiant. On mettra néanmoins volontiers cette réalisation bancale sur le compte de l'inexpérience, en se raccrochant à son deuxième et magnifique long-métrage « Cabaret », beaucoup plus digeste et maîtrisé.
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Outre sa mise en scène démodée, le film a malheureusement d'autres défauts. L'intrigue s'étire en longueur et s'égare trop souvent, comme lors de la séquence complètement barrée au sein de la secte hippie. La partition de Cy Coleman est inégale aussi: certaines chansons auraient mérité d'être raccourcies voire supprimées (ce qui aurait permis par ailleurs d'alléger considérablement le film). Malgré tout cela, il y a aussi beaucoup de choses à sauver dans ce « Sweet Charity », à commencer par plusieurs numéros musicaux (le one-woman-show de MacLaine sur « If you could see me now », la danse sur les toits qui rappelle beaucoup celle de « West Side Story », et bien sûr les deux danses dans les night-clubs, contorsionnistes à souhait), par le charme de la joviale MacLaine ou les costumes bigarrés d'Edith Head. L'absence de happy-end est également appréciable (notons néanmoins que l'on retrouve en bonus du dvd une fin alternative plus heureuse et conventionnelle), particulièrement pour une production hollywoodienne de cette époque. Dans l'ensemble, « Sweet Charity » reste un film très sympathique, une jolie trace de l'esprit soixante-huitard et du style chorégraphique de Bob Fosse, qui se laisse regarder sans déplaisir et qui parvient aussi à émouvoir...
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Re: Bob Fosse (1927-1987)

Message par Commissaire Juve »

et sa mise en scène (faite de ralentis, de surimpressions, d'images figées, de zooms violents, de changements de format troublants ou de sous-titres inutiles) est parfois très perturbante.
Tu l'as dit... et depuis que j'ai acheté le DVD (en mai 2007), ça m'a coupé toute envie de le visionner. :?

EDIT : mai 2007... comme le temps passe. :o
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odelay
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Re: Bob Fosse (1927-1987)

Message par odelay »

LENNY (celui avec D. Hoffman, pas mon avatar... :roll: ) ressort dans de nouvelles copies ces jours-ci. C'est un film très ancrés dans les années 70s dans sa mise en scène dans ce qui se faisait de mieux avec beaucoup de ruptures de ton. J'aime beaucoup.
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odelay
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Re: Bob Fosse (1927-1987)

Message par odelay »

SWEET CHARITY

Ca commence assez mal. Le son est pourri, l'image est zoomée et du coup bien moche et si ces défauts ne peuvent être imputés à Bob Fosse mais au DVD, le réalisateur en rajoute cependant en zoomant comme un malade et en laissant Shirley Mc Laine faire ce qu'elle veut, c'est à dire des tonnes. Si on ajoute une chanson d'ouverture bien moyenne, on a de quoi être refroidi pour la suite. Et on aurait tort. Il faut savoir persévérer et faire fi de tous des problèmes du DVD. Car tout à coup arrive "Big Spender" et d'autres excellentes chansons de Cy Coleman qui effacent le souvenir moribond du début. Et ces chansons bénéficient d'une chorégraphie et d'une mise en scène très modernes qui tranchent avec le côté vieillot de la première scène. L'un des passages les plus réjouissants est une longue choré non chantée dans l'antre de Ricardo Montalban. On retrouve tout le Bob Fosse qu'on adorera plus tard. Il privilégie les plans larges tout en sachant donner le rythme parfait à sa mise en scène. Ce passage (ainsi que les suivants comme la fabuleuse scène avec Sammy Davis Jr) tranche avec des comédies musicales comme "Hello Dolly" ou "Funny Girl" qui essayaient tant bien que mal de retrouver le charme d'antan en n'y parvenant que rarement. C'est clairement une nouvelle ère qui s'ouvre dans la façon de filmer les numéros musicaux même si l'échec du film ainsi que ceux de "Star" ou "Hello Dolly" vont signer l'arrêt du genre pendant de nombreuses années et donc de ce renouveau. D'ailleurs c'est le seule vraie comédie musicale de Fosse car dans "Cabaret" ou "All that jazz" toutes les parties chantées sont de la scène et ne proviennent pas d'une envie soudaine d'en pousser une petite. J'ai donc été très impressionné par 5 numéros musicaux qui mériteraient leur place dans un top des meilleures séquences des comédies musicales (les autres qui comme par hasard n'ont pas un aspect scénique et donc une chorégraphie millimétrée sont plus convenus) ainsi que par les très grandes qualités de danseuse de Shirley Mc Laine; pas besoin d'avoir recours à un montage sur-découpé pour faire croire qu'elle sait danser.

Et puis il y a le reste. Et dans ce reste il y a pas mal de longueurs ou de moments assez pénibles comme cette interminable séquence d'ascenseur ou d'autres où on voit que Mc Laine n'est pas assez dirigée et où le film piétine. Mais peu à peu le personnage gagne en sympathie, on s'intéresse à ce qu'on voit à l'écran même quand les fabuleuses chorégraphies de Fosse n'y sont pas, et la fin est vraiment émouvante.
Un film inégal mais qui tape dans le mille à plusieurs reprises et rien que pour ça il vaut largement le coup d'être vu.

Deux grands moments de danse : la fabuleuse séquence de "The Aloof/ the Heavyweight/ The big finish" :



Et le célèbre "Big Spender" tout en retenue et en classe :



"The rythme of life " avec Sammy Davis Jr, là aussi la mise en scène/ Choré est à son top:

Dernière modification par odelay le 26 sept. 12, 22:44, modifié 2 fois.
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