M.A.S.H (Robert Altman - 1970)
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Re: M.A.S.H. (Robert Altman - 1970)
En effet, il ne faut pas hésiter à le revoir plus de quarante ans aprés...
"M.A.S.H." est un chef d'oeuvre, d'une portée universelle.
Et même en dehors de son contexte, en dehors de sa récompense cannoise, il reste une des chroniques les plus féroces sur l'absurdité de la guerre, sur les incohérences du système militaire, et sur le caractère souvent pitoyable de toute forme de hiérarchie.
L'intelligence d' Altman dans son approche, n'hésitant pas en effet à baigner dans le potache, me rappelle, peut-être de manière plus excessive, le travail d' Arthur Penn sur "Little Big Man" (je pense à la forme).
L'interprétation (Sutherland et Gould) est en effet magistrale.
Je place "M.A.S.H." tout en haut dans la filmographie d' Altman, avec "McCabe" et "Nashville".
"M.A.S.H." est un chef d'oeuvre, d'une portée universelle.
Et même en dehors de son contexte, en dehors de sa récompense cannoise, il reste une des chroniques les plus féroces sur l'absurdité de la guerre, sur les incohérences du système militaire, et sur le caractère souvent pitoyable de toute forme de hiérarchie.
L'intelligence d' Altman dans son approche, n'hésitant pas en effet à baigner dans le potache, me rappelle, peut-être de manière plus excessive, le travail d' Arthur Penn sur "Little Big Man" (je pense à la forme).
L'interprétation (Sutherland et Gould) est en effet magistrale.
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- Watkinssien
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Re: M.A.S.H. (Robert Altman - 1970)
C'est rare, mais je ne suis absolument pas d'accord.Strum a écrit : C'est à mon avis le type même de film qui fut irrévérencieux à une époque (et donc peut-être salutaire à sa sortie), comme le couvercle d'une cocotte-minute qui explose (on me pardonnera l'image, c'est la fin de la semaine ) mais dont l'irrévérence passée ne frappe plus autant aujourd'hui, et donne surtout l'impression d'une oeuvre potache (certes, on ne peut pas ôter au film cela) où Altman et ses acteurs se sont bien amusés, mais sans mettre nécessairement beaucoup de sérieux ou de qualités cinématographiques pérennes dans l'entreprise.
L'irrévérence est toujours présente et apparaît encore plus forte au fur et à mesure que les années avancent. Tout simplement car je n'ai pas vu de film depuis qui amenait cet équilibre tendu entre le "potache" et l'horreur. Quant aux qualités cinématographiques, il y en a une pelletée. C'est une oeuvre constamment en mouvement, unique. Altman sature son image, rendant le tout volontairement "flou", la poussière est omniprésente, nous présentant un monde étouffant et oppressant, alors que l'esprit est satirique.
J'y reviendrais plus en amont !
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Re: M.A.S.H. (Robert Altman - 1970)
Ah j'avais raté ça. L'argument du "vieillissement d'un film" que je ne comprends pas, c'est celui qui est d'ordre esthétique. Par exemple, rejeter un film de 1984 parce qu'il a l'air d'être un film de 1984, c'est stupide.Jeremy Fox a écrit :Je quote Il y avait un moment que je le guettais celui-là !Ratatouille a écrit :Ça a peut-être extrêmement mal vieilli.
Pour rappel et sans rancune hein
Ratatouille a écrit :j'ai vraiment de plus en plus de mal à comprendre cet argument du "vieillissement d'un film"
En revanche, concernant le Altman, le vieillissement se situe plutôt au niveau du traitement de l'histoire et des personnages.
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Re: M.A.S.H. (Robert Altman - 1970)
Bref, nous étions toujours d'accord alors.Ratatouille a écrit : Ah j'avais raté ça. L'argument du "vieillissement d'un film" que je ne comprends pas, c'est celui qui est d'ordre esthétique. Par exemple, rejeter un film de 1984 parce qu'il a l'air d'être un film de 1984, c'est stupide.
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Re: M.A.S.H. (Robert Altman - 1970)
Le traitement de l'histoire est toujours aussi libre et moderne, à mon humble avis. Il est même parfaitement jubilatoire de voir à quel point Altman et ses acteurs ont en très grande partie improvisé ce qui se passent à l'écran, tout en n'oubliant jamais de servir une satire volontairement éparpillée mais cohérente, parfaitement présente dans l'adaptation de Ring Lardner Jr. (qui a été outré de ne rien reconnaître de ce qu'il a écrit).Ratatouille a écrit : En revanche, concernant le Altman, le vieillissement se situe plutôt au niveau du traitement de l'histoire et des personnages.
On peut résumer MASH comme l'histoire de personnages qui font les quatre cents coups pour ne pas sombrer dans la folie. Ils se réfugient dans la bonne humeur et l'humour graveleux pour contrer toutes les conséquences de la violence guerrière, qu'ils reçoivent en une décharge sanguinolente quotidienne. Jouer aux fous pour supporter la folie, ce qui préfigure de manière beaucoup plus sérieuse la figure démiurge et tragique du colonel Kurtz, dans Apocalypse Now, neuf ans plus tard.
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Re: M.A.S.H (Robert Altman - 1970)
A l'adolescence, on m'avait vendu ce film comme une comédie délirante, hilarante et bourrée de gags. M'attendant à une comédie du style ZAZ ou Blake Edwards, il est aisé de comprendre pourquoi je n'avais pas accroché. Cette redécouverte fut une bonne surprise et une future revision sera très probablement encore meilleure ayant à coup sûr laissé encore passer plein de choses.
M.A.S.H est en fin de compte un film assez difficile à apprivoiser car Altman ne fait rien pour nous le rendre immédiatement 'aimable'. La distance qu'il met entre lui et les personnages (très peu de plans rapprochés, des 'obstacles' quasi permanents entre sa caméra et les comédiens), les décors extérieurs et intérieurs expressément pauvres, une photographie qui ne cherche en rien à les embellir, une absence totale d'intrigue... tout ceci fait qu'il est facilement compréhensible que si l'on entre pas dans le jeu dès le départ, l'ennui risque vite de nous gagner d'autant que le film n'est pas forcément toujours aussi drôle qu'on a voulu le dire.
Je l'ai plutôt pris pour une comédie de mœurs satirique avec la captation sans chichis ni pittoresque du morne quotidien d'une équipe de médecins militaires sur le front de la Guerre de Corée. Ayant constamment sous les yeux les horreurs de ce conflit, ces soldats 'grands enfants' se réfugient dans les blagues scatologiques, sexuelles et l'humour potache. Une certaine aigreur et une réelle amertume sourdent sous ces scènettes de la vie militaire ; une certaine émotion aussi, témoin le regard de Donald Sutherland lorsqu'il apprend son rapatriement au pays, devinant une certaine peine de devoir quitter ses compagnons de guerre. Même si l'on ne rit pas aux éclats tout du long, on sourit néanmoins beaucoup et l'on trouve il est vrai pas mal d'idées géniales comme la Cène recréée pour "fêter" le suicide organisé de Tom Skerrit, queutard ne supportant pas s'être rendu compte être gay. Le trio Gould/Skerritt/Sutherland est parfait, l'officier supérieur s'occupant plus de ses maquettes que de son camp ainsi que Sally Kellerman se transformant en pom pom girl ne comprenant rien aux règles du foot sont assez hilarants. Et puis la chanson de générique de Johnny Mandel est superbe.
Bref, je le reverrais sans doute avec encore plus de plaisir ; un film toujours aussi moderne et irrévérencieux.
6.5/10
M.A.S.H est en fin de compte un film assez difficile à apprivoiser car Altman ne fait rien pour nous le rendre immédiatement 'aimable'. La distance qu'il met entre lui et les personnages (très peu de plans rapprochés, des 'obstacles' quasi permanents entre sa caméra et les comédiens), les décors extérieurs et intérieurs expressément pauvres, une photographie qui ne cherche en rien à les embellir, une absence totale d'intrigue... tout ceci fait qu'il est facilement compréhensible que si l'on entre pas dans le jeu dès le départ, l'ennui risque vite de nous gagner d'autant que le film n'est pas forcément toujours aussi drôle qu'on a voulu le dire.
Je l'ai plutôt pris pour une comédie de mœurs satirique avec la captation sans chichis ni pittoresque du morne quotidien d'une équipe de médecins militaires sur le front de la Guerre de Corée. Ayant constamment sous les yeux les horreurs de ce conflit, ces soldats 'grands enfants' se réfugient dans les blagues scatologiques, sexuelles et l'humour potache. Une certaine aigreur et une réelle amertume sourdent sous ces scènettes de la vie militaire ; une certaine émotion aussi, témoin le regard de Donald Sutherland lorsqu'il apprend son rapatriement au pays, devinant une certaine peine de devoir quitter ses compagnons de guerre. Même si l'on ne rit pas aux éclats tout du long, on sourit néanmoins beaucoup et l'on trouve il est vrai pas mal d'idées géniales comme la Cène recréée pour "fêter" le suicide organisé de Tom Skerrit, queutard ne supportant pas s'être rendu compte être gay. Le trio Gould/Skerritt/Sutherland est parfait, l'officier supérieur s'occupant plus de ses maquettes que de son camp ainsi que Sally Kellerman se transformant en pom pom girl ne comprenant rien aux règles du foot sont assez hilarants. Et puis la chanson de générique de Johnny Mandel est superbe.
Bref, je le reverrais sans doute avec encore plus de plaisir ; un film toujours aussi moderne et irrévérencieux.
6.5/10
- Alexandre Angel
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Re: M.A.S.H (Robert Altman - 1970)
Cela fait un certain temps que je n'ai pas revu M.A.S.H. et le papier sur Altman rédigé par Scorsese et publié dans le Positif de Janvier (avec Carol en couv, c'est bien celui-là?) fait ressortir sa modernité (Scorsese insiste sur l'idée excellente de faire passer en fond sonore, sans discontinuer, des tubes coréens).
Ce qui aurait vieilli pour moi serait peut-être le côté power flower du look des protagonistes, avec plus de 15 ans d'avance.
Ce qui aurait vieilli pour moi serait peut-être le côté power flower du look des protagonistes, avec plus de 15 ans d'avance.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
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- Jeremy Fox
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Re: M.A.S.H (Robert Altman - 1970)
Alexandre Angel a écrit :(Scorsese insiste sur l'idée excellente de faire passer en fond sonore, sans discontinuer, des tubes coréens).
Ce ne sont pas des tubes coréens mais des standards américains chantés "à la coréenne".
La preuve ; avant de revoir le film j'étais persuadé qu'il se déroulait durant la guerre du VietnamCe qui aurait vieilli pour moi serait peut-être le côté power flower du look des protagonistes, avec plus de 15 ans d'avance.
- Alexandre Angel
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Re: M.A.S.H (Robert Altman - 1970)
A la limite, la série TV (Ah les dimanches am juste avant L'Ecole des Fans ) était plus proche de la réalité!Jeremy Fox a écrit : La preuve ; avant de revoir le film j'étais persuadé qu'il se déroulait durant la guerre du Vietnam
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
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- Jeremy Fox
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Re: M.A.S.H (Robert Altman - 1970)
Alexandre Angel a écrit : (Ah les dimanches am juste avant L'Ecole des Fans )
Même génération Je pense par contre que c'était plutôt le mercredi après midi avant Récré A2. Jacques Martin c'était surtout Magnum ou les drôles de dames... mais je peux me tromper.
- Alexandre Angel
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Re: M.A.S.H (Robert Altman - 1970)
..et Les Têtes Brûlées, et L'Age de Cristal... Je suis sûr d'avoir connu MASH le dimanche après-m. mais c'était peut-être avant Jacques Martin (époque Sentinelles de l'Air, Poigne de fer et séduction, Le Magicien..). Là, il faudrait des limiers..Jeremy Fox a écrit :Jacques Martin c'était surtout Magnum ou les drôles de dames
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