Orange mécanique (Stanley Kubrick - 1971)

[Mama Grande!]

Le seul Kubrick que je n'aime vraiment pas. La réflexion est toujours pertinente aujourd'hui, mais je trouve que l'esthétique a mal vieilli et du coup date le propos. Pour moi, des films comme Phantom of the paradise ou Terminator ont beau avoir un visuel typique de leur temps, ils arrivent à se le réapproprier pour en faire leur identité esthétique propre et pas un effet involontaire de la mode.

Dans Orange mécanique certains décors et costumes sont volontairement grotesques et de mauvais goût.

Et d'autres le sont involontairement.

[Kevin95]

Dans Orange mécanique certains décors et costumes sont volontairement grotesques et de mauvais goût.

Et d'autres le sont involontairement.

Comme ?

[Boubakar]

Comme ?

La décoration en forme de grosse b... ?

[MJ]

Je doute que ce soit du comique involontaire...

[Mama Grande!]

Je vais avoir du mal à prendre des exemples précis puisque j'ai vu le film il y a un bout de temps. Disons pour faire plus simple que je ne trouve pas la réappropriation de l'esthétique de l'époque très convaincante, contrairement à dans les autres films que j'ai cités. Dans ces derniers, je trouve que le réalisateur en fait quelque chose de beau, de personnel, d'inventif. Dire que Phantom of the Paradise fait trop 70s revient pour moi au même que de dire que Le 7eme Sceau fait trop moyenageux, bref ça n'a aucun sens. Dans Orange Mécanique, j'y vois trop un effet de la mode. Il n'y avait peut être pas cette intention, mais je le vois comme ça. Peut être à cause du propos, qui traite de la violence en général et de la société moderne, mais que les idées visuelles enferment dans la fin des 60s. Kubrick avait peut être l'intention de composer un univers fantaisiste, mais j'y vois surtout une parodie de la mode de l'époque, comme s'il avait manqué de recul.

[makaveli]

ce film m'a marque la 1ere fois puis beaucoup moins ensuite
mais bon kubrick c'est pas trop mon truc aussi .

[O'Malley]

Kubrick avait peut être l'intention de composer un univers fantaisiste, mais j'y vois surtout une parodie de la mode de l'époque, comme s'il avait manqué de recul.

J'interviens avec plus d'un an et demi de retard mais c'est exactement ça Orange Mécanique, une parodie de l'époque. Et au contraire, je trouve justement que Kubrick fait preuve de recul car il entre-aperçoit le côte kitsch de l'époque, de manière contemporaine. Contrairement à De Palma qui lui colle parfaitement à son époque et inscrit Phantom of the Paradise dans le mouvement stylistique même des années 70 et de la pop culture, sans en montrer un aspect critique... Kubrick, en grossissant le trait, en jouant la carte de la satire en montrant une société futuriste, prolongation de la libération des moeurs mais dévoyée par sa vision de la nature humaine, joue justement la carte de l'analyse et pour bcp de choses, voit juste (l'actuel débat qui secoue les sociétés occidentales sur "la délinquance des jeunes"et les dérives plus ou moins autoritaires de certains pays, dont la France, pour l'endiguer). C'es pour cela que 'Orange mécanique reste un film passionnant et visuellement audacieux.

[Watkinssien]

Petite réflexion sur la violence dans le film de Stanley Kubrick :


http://www.cineatwork.com/2010/05/13/or ... y-kubrick/

[Boubakar]

Petite réflexion sur la violence dans le film de Stanley Kubrick :

Merci Watkissien, je vais regarder cet article.
Cela dit, au cinéma, le film a une de ces puissances (et en HD, c'est encore plus impressionnant), incroyable de se dire qu'il était lancé à l'époque comme l'équivalent d'un blockbuster contemporain.

[Watkinssien]

Petite réflexion sur la violence dans le film de Stanley Kubrick :

Merci Watkissien, je vais regarder cet article.
Cela dit, au cinéma, le film a une de ces puissances (et en HD, c'est encore plus impressionnant), incroyable de se dire qu'il était lancé à l'époque comme l'équivalent d'un blockbuster contemporain.

Merci à toi, surtout ! Et tu es encore plus bienvenu à laisser un commentaire sur le site en question.

[Federico]

Qu'on l'apprécie ou non (et les deux options se défendent presque toutes seules), Orange mécanique reste, malgré son sujet futuriste un des plus beaux témoignages de... l'esthétique des 60's. Kubrick était un cinéaste-designer-architecte qui choisissait les collaborateurs les plus créatifs de son époque. On retrouve cette faculté dans 2001 imprégné par la mode du blanc immaculé (mais aussi avec les fauteuils rouges bio-formés de la salle d'attente etc.). Dans le cinéma disons plus standardisé contemporain d'Orange mécanique, les décorateurs ne se foulaient pas : 9 fois sur 10, pour faire branchés, ils utilisaient un ball-chair d'Eero Aarnio et une Jaguar E-Type. Je ne compte plus les films français, anglais et italiens où invariablement les deux apparaissent.

Pour revenir au film lui-même, il doit au moins autant à l'oeil aiguisé de Kubrick qu'à l'esprit torturé d'Anthony Burgess. L'écrivain conçu ce conte sur l'hyper-violence dix ans plus tôt comme une catharsis, à la suite de l'agression dont fut victime son épouse. Importance aussi de l'invention lexicale, un des dadas de Burgess, grand admirateur de James Joyce.

[cinéfile]

J'aimerais ajouter qu'il y a une différence entre l'analyse de la violence somme toute très intéressante (autant artistiquement que idéologiquement) de Kubrick et la manière dont une partie du public (notamment les plus jeunes) peut percevoir le film.

La notion de violence "gratuite" est très subjective. Il s'agit surtout de la manière dont on parvient à prendre du recul sur la forme et en "extraire" le fond (à ce titre la construction adopteé par Kubrick dans ce film est passionnante cf. dossier posté par Watkinssien)

Des cinéastes comme Scorsese, De Palma, O. Stone, Peckinpah,... ne sont pas fondamentalement (et systématiquement) des apologues de la violence mais certains de leur film peuvent être interprétés comme tels.

Personnellement, j'apprécie Peckinpah et Scorsese mais c'est vrai que les analyses à la truelle (type Natural Born Killer ou Scarface) me laissent perplexe.

[someone1600]

La premiere fois ou j'ai vu ce film, enfin plutot une partie du film, je suis arrivé chez un ami qui regardait ce film, en plein dans le passage ou il tue la femme avec la statut du phallus... je me demandais s'il etait pas en train de regarder un porno... lol.

Finalement il m'a preté la VHS et j'ai adoré le film... faudrait bien que je le revois d'ailleurs...

[Watkinssien]

J'aimerais ajouter qu'il y a une différence entre l'analyse de la violence somme toute très intéressante (autant artistiquement que idéologiquement) de Kubrick et la manière dont une partie du public (notamment les plus jeunes) peut percevoir le film.

La notion de violence "gratuite" est très subjective. Il s'agit surtout de la manière dont on parvient à prendre du recul sur la forme et en "extraire" le fond (à ce titre la construction adopteé par Kubrick dans ce film est passionnante cf. dossier posté par Watkinssien)

Merci !

[Federico]

Une coïncidence amusante qui aurait peut-être fait sourire Burgess et Kubrick : hier, je regarde le passionnant docu "Un film et son époque" consacré à Orange mécanique où l'écrivain explique qu'il avait fabriqué son langage futuriste en accolant des mots anglais et russes et aujourd'hui, en lisant un article sur Roland Garros, j’apprends que la diva hurleuse Maria Sharapova vient de lancer une marque de confiseries qui s'appellera... Sugarpova.