49ème Parallèle (Michael Powell, 1941)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Roy Neary
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49ème Parallèle (Michael Powell, 1941)

Message par Roy Neary »

Voici le deuxième des DVD Michael Powell de la collection Institut Lumière chroniqué par Classik.
Cette fois, c'est M. Kaplan qui s'est attelé au test.

:arrow: 49ème Parallèle
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homerwell
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Message par homerwell »

j'ai vu ce film le week end dernier, j'ai adoré. J'imprime tout de suite la critique de M. Kaplan :D :D :D
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Ann Harding
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Message par Ann Harding »

Très bonne chronique! J'ai beaucoup aimé ce film car il se démarque largement des productions propagandistes anglaises de l'époque et même après-guerre. Il y a un côté tongue-in-cheek dans son utilisation des prototypes d'hommes libres.... particulièrement Leslie Howard en intellectuel amoureux de Thomas Mann! D'ailleurs, je crois que Howard est un acteur à revisiter; il vaut beaucoup mieux que son Ashley fadasse (un rôle qu'il détestait!) de GWTW....Par contre, je trouve que Olivier cabotine terriblement en trappeur québecois. :roll: Son accent est à mourrir de rire :uhuh:
J'ai vu un certain nombre de films de guerre anglais terriblement stiff-upper-lip comme The Dam Busters 1954 de Michael Anderson. J'ai trouvé le film à la limite du ridicule: tout le monde est parfait, impeccable, ne montre jamais la moindre émotion....brrr! pas des humains, des robots! Je cite ce film, car, malheureusement en Grande-Bretagne de nos jours encore, il y a des anglais qui appellent les allemands les Huns, comme si la seconde guerre mondiale datait d'hier!
Powell et Pressburger avait au moins 50 ans d'avance sur les cinéastes anglais pour leur respect de l'autre.
Strum
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Message par Strum »

Ann Harding a écrit :Je cite ce film, car, malheureusement en Grande-Bretagne de nos jours encore, il y a des anglais qui appellent les allemands les Huns, comme si la seconde guerre mondiale datait d'hier!
Powell et Pressburger avait au moins 50 ans d'avance sur les cinéastes anglais pour leur respect de l'autre.
Respect que l'on retrouve aussi bien sûr dans leur sublime Colonel Blimp, avec à nouveau Anton Walbrook. Quant aux anglais daubant sur les allemands, que dire de certains français quand ils parlent des mêmes, des américains ou des anglais !
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Ann Harding
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Message par Ann Harding »

Strum a écrit :
Ann Harding a écrit :Je cite ce film, car, malheureusement en Grande-Bretagne de nos jours encore, il y a des anglais qui appellent les allemands les Huns, comme si la seconde guerre mondiale datait d'hier!
Powell et Pressburger avait au moins 50 ans d'avance sur les cinéastes anglais pour leur respect de l'autre.
Respect que l'on retrouve aussi bien sûr dans leur sublime Colonel Blimp, avec à nouveau Anton Walbrook. Quant aux anglais daubant sur les allemands, que dire de certains français quand ils parlent des mêmes, des américains ou des anglais !
C'est vrai que en France aussi, il y a de très mauvais films sur les allemands et les anglais. Mais, nous avons aussi Arte, une chaîne franco-allemande! Une chose inimaginable en Grande-Bretagne où la télé ressasse sans arrêt, les mêmes documentaires sur Hitler, les chars de la 2nde guerre mondiale etc.... la seule image que les anglais ont des allemands (à la TV ou dans la presse) est celle de la 2nde Guerre Mondiale.... Il n'y a pratiquement jamais de films en allemand....
Mais, je crois que la différence principale est qu'ils fêtent le 8 mai comme étant VE day= Victory in Europe alors que pour nous, cette date marque la fin des hostilités, l'armistice. Nous n'avons pas une mentalité de vainqueurs, mais d'envahis libérés. Psychologiquement, c'est une énorme différence.
Enfin, mon commentaire voulait simplement remettre les films de Powell dans leur contexte!
Strum
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Message par Strum »

Ann Harding a écrit :je crois que la différence principale est qu'ils fêtent le 8 mai comme étant VE day= Victory in Europe alors que pour nous, cette date marque la fin des hostilités, l'armistice. Nous n'avons pas une mentalité de vainqueurs, mais d'envahis libérés. Psychologiquement, c'est une énorme différence.
Oui, entièrement d'accord.
Jihl
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Message par Jihl »

Merci pour la très bonne chronique. C'est le film avec lequel j'ai découvert le duo Powell&Presburger. J'ai beaucoup aimé les qualités de mise en scène, les trouvailles graphiques (utilsation des cartes géographiques par exemple), l'utilisation de l'espace et du cadre. Graphiquement le film est splendide malgré un DVD pas toujours parfait.
Je trouve que le ton du film oscille souvent entre la comédie et le drame. J'avoue que cela m'a un peu gêné et que le film est beaucoup plus convaincant dans le drame et dans l'action. L'équilibre comédie/drame me semble beaucoup plus justifié et maîtrisé dans Colonel Blimp. La partie centrale du film, magnifique, avec la communauté huttite est celle que je préfère.
Au final un film un peu bancal, mais passionnant à découvrir.
Alligator
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49th Parallel (Michael Powell - 1941)

Message par Alligator »

49th Parallel (49e parallèle) (Michael Powell, 1941) :
Pressburger crédité seulement au scénario.

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_______________

Bon, il est vrai qu'on ne pouvait que difficilement s'attendre à grand chose d'un film de propagande. Pourtant d'un scénario de Pressburger il est tout aussi difficile de ne pas nourrir quelque amer goût de déception.
Le film ne vaut que pour son usage, oh quasiment!

Il y a ici et là quelques jolis plans, notamment des démonstrations de maîtrise du cadre dans la nature par Powell.

Il y a évidemment cette mémorable scène des deux discours, d'abord celui de Portman qui fait froid dans le dos, et puis cette réponse de Walbrook, incisive, lourde de conséquence, de cet authentique exilé allemand à Denham. Une scène émouvante.

Autre douceur, mais plus inattendue pour ma part, c'est le personnage joué par McGinnis, le nazi charmé par la quiétude champêtre du camp de Hutterites et qui se laisse aller à rêver de revenir plus tard. Ce comédien joue merveilleusement ce terrible combat intérieur qu'ont dû livrer les allemands pendant cette période, entre deux gestes, l'appartenance au parti nazi et sa terrible et périlleuse réfutation.

Sinon la structure du scénario à la dix petits nègres n'est finalement jolie que sur le papier. Et la portée politique du film pèse beaucoup trop sur sa "potabilité"... un goût de vase au final. Ce poids se manifeste souvent dans les discours et les actes des personnages. Le personnage interprêté par Leslie Howard par exemple, d'abord très agréable et sympathique pendant à la rusticité du nazi Portman, il finit par devenir un grotesque cartoon à l'héroïsme irréel. Son inconscience se drape dans un courage factice. Le film déraille.
On ne retrouve que beaucoup trop peu l'espèce de jovialité propre aux personnages de Powell&Pressburger, avec la prestation étonnament drôle de Lawrence Oliver ou celle plus rude de Raymond Massey. Bref, un film de propagande et par définition approximatif.
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Watkinssien
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Message par Watkinssien »

Il est toujours difficile de juger véritablement une oeuvre de propagande, mais en son temps difficile, je ne peux que louer la beauté qui se dégage du film, malgré l'objectif initial, sans que Powell oublie de faire du cinéma !

La mise en scène est inspirée, par le charme bucolique des cadrages et la contemplation d'êtres pris entre plusieurs feux !

Il est vrai que les personnages manquent d'épaisseur, par rapport à d'autres oeuvres du cinéaste, mais ils sont plus dans l'incarnation d'idées que dans le campement de caractères équivoques !

Un joli film !
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AtCloseRange
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Re: 49th Parallel (Michael Powell - 1941)

Message par AtCloseRange »

Alligator a écrit :avec la prestation étonnament drôle de Lawrence Oliver
ah, tu penses que c'était voulu?
J'ai eu hâte qu'il disparaisse de l'écran pour ma part.
Film mineurs de Powell et Pressburger par sa nature mais néanmoins intriguant avec un petit côté travelogue hitchcockien et une vision intéressante en se plaçant du côté allemand.
Et en peu de scènes, Anton Walbrook est admirable.
Alligator
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Re: 49th Parallel (Michael Powell - 1941)

Message par Alligator »

AtCloseRange a écrit :
Alligator a écrit :avec la prestation étonnament drôle de Lawrence Oliver
ah, tu penses que c'était voulu?
J'ai eu hâte qu'il disparaisse de l'écran pour ma part.
Spoiler (cliquez pour afficher)
J'en ai eu l'impression du moins. Qu'il faisait le clown pour donner à son personnage une sorte de position débonnaire, enjouée, insouciante. La guerre est si loin, elle ne le concerne tellement pas, position que beaucoup d'états-uniens (à qui le film est destiné) pouvaient partager. Pour ainsi introduire la froideur, l'impassible machine à tuer que représente cette troupe de nazis, tellement métallique, acérée comme une lame d'acier, sans sentiment, qu'elle refroidit tout le monde, même les clowns, même un type aussi déconnecté de la réalité politique que ce trappeur - qui chante alouette avec un accent français et non québécois.
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Commissaire Juve
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Message par Commissaire Juve »

Je n'ai vraiment pas aimé :x ... et j'ai revendu le DVD à Harry Hausen ! :mrgreen:
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bruce randylan
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Re: 49ème Parallèle

Message par bruce randylan »

Un film de propagande plutôt osé même si les défauts inhérents au genre ne sont pas exclus.
L'originalité du projet vient donc qu'on suit un groupe de nazis perdu au Canada après la destruction de leur sous-marin au lieu normalement des valeureux combattants pour la liberté.
Bien sur, chaque étapes de leurs périples les feront justement croisées différents personnages qui incarnent les valeurs "absentes" de l'idéologie d'Hitler. Face donc à la brutalité, la peur, la société basé sur l'ordre et l'intolérance, on oppose la fraternité, le respect, l'écologie ou la culture au travers d'une narration par étape. Ainsi à chaque nouvelle rencontre due à une nouvelle fuite, un des nazis disparait ou se fait arrêter comme pour mieux montrer les remparts du nazisme d'effondrer un à un face un argumentaire construit et cohérent.
Loin d'être répétitive, cette structure dynamise au contraire le récit et permet de mettre en avant les acteurs défendant les valeurs positives : Laurence Olivier est génial en trappeur québécois, Anton Walbrook très charismatique en leader calme et posé et Leslie Howard amusant en intellectuel flegmatique. Face à eux, les acteurs du 3ème Reich sont forcement moins écrit et n'évitent que rarement les stéréotypes en commençant par un chef austère et méprisant qui ne se défait jamais d'un visage de marbre.
Du coup, le dernier épisode dans le train est peut-être superflu, la démonstration des auteurs ayant déjà été faites depuis quelques minutes même s'ils exhortent les américains à ne pas fermer les yeux devant un conflit qui se mondialise de jour en jour.
On peut d'ailleurs remarquer l'aspect prémonitoire du film avec l'attaque surprise en territoire américain quelques mois avant le raid sur Pearl Harbour.

La réalisation est en revanche moins inspiré que les autres films que j'ai pu voir du duo même si plastiquement parlant le film propose un noir & blanc solide et des magnifiques paysages naturels du Canada.
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Re: 49ème Parallèle

Message par Jihl »

bruce randylan a écrit : Du coup, le dernier épisode dans le train est peut-être superflu, la démonstration des auteurs ayant déjà été faites depuis quelques minutes même s'ils exhortent les américains à ne pas fermer les yeux devant un conflit qui se mondialise de jour en jour.
+1. Moi aussi je n'avais pas été convaincu par cette dernière scène.

bruce randylan a écrit : La réalisation est en revanche moins inspiré que les autres films que j'ai pu voir du duo même si plastiquement parlant le film propose un noir & blanc solide et des magnifiques paysages naturels du Canada..
Le problème c'est que c'est le master le plus faible du lot et malgré celà, le film reste graphiquement impressionnant. Je pense que le film souffre surtout de sa construction et de son scénario, mais pour moi la mise en scène est au niveau des autres films des 2 maîtres. Encore une fois j'aimerais le voir avec un meilleur master, peut être un jour en HD ?
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Kevin95
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Re: Notez les films naphtas - Avril 2010

Message par Kevin95 »

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Ahhh encore une belle affiche mensongère ! Mais il n'y a pas qu'elle, car le générique de 49th Parallel est lui aussi loin d'être franc du collier... ici point de héros qui tiens une femme dans ses bras, ni même de trio combattant et ni de Laurence Olivier ou de Leslie Howard en personnages principaux, ils n'apparaissent pour ainsi dire qu'une demi-heure grand maximum et leur destin n'a d'importance dans le récit que par leur présence épisodique.
49th Parallel est une série de fausses pistes, un film de propagande relatant le combat des anglais ? Non ! Des américains ? Non plus ! Des combats de soldats ? Absolument pas ! Toute la pertinence du film est dans son point de vue qui suit le parcours d'une pognée de nazis parcourant le Canada afin de rejoindre des États-Unis. Génial intention car "l'ennemi" y apparait encore plus menaçant car humain (ou du moins essaye-t-il de l'être), jamais Powell cependant ne sombre dans le manichéisme et s'il montre des nazis pures et durs, il présente aussi des allemands un peu perdus, enrôlés dans la guerre malgré eux (ce fameux boulanger). Mais si Olivier et Howard apparaissent qu'une poignée de minutes, LA prestation principale reste celle géniallissime d'Eric Portman, acteur que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam, mais terrifiant de droiture et de noirceur (voir l'exécution au petit matin où son visage est cadré avec insistance et sans fioritures on sait pertinemment que cet homme est prêt à tout pour ses croyances ou encore ce final où il perd son sang froid).
Peut-être un poil de long, le film de Powell reste une épopée prenante et jouissive.
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
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