Cinéma égyptien et arabe

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Music Man
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Re: Cinéma égyptien et arabe

Message par Music Man »

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Pour faire suite au message de Riqueuniee voici la liste des films qui seront diffusés à la cinémathèque dans le cadre de ce cycle :

Al Soukariah - Hassan Al-Imam
Alexandrie pourquoi ? - Youssef Chahine
L'Amour aux pieds des pyramides - Atef al-Tayeb, Atef al-Tayeb
Le Caire 30 - Salah Abou Seif
Le Chant du courlis - Henri Barakat, Henri Barakat
Le Chauffeur de bus - Atef al-Tayeb
Le Collier et le Bracelet - Khaïri Bechara
Le Costaud - SALAH ABOU SEIF, Salah Abou Seif
Les Démons de l'asphalte - Oussama Fawzy
Les Eaux noires - Youssef Chahine
L'épouse d'un homme important - Mohamed Khan
Le Facteur - Hussein Kamal
Une femme sur la route - Ezz Eddine Zoulficar
Femmes du Caire - Yousry Nasrallah
Fleur de henné - Hussein Fawzy
Flirts de jeunes filles - Anwar Wagdi
Gare centrale - Youssef Chahine
L'Immeuble Yacoubian - Marwan Hamed
L'Innocent - Atef al-Tayeb
J'aime le cinéma - Oussama Fawzi
Je demande une solution - Saïd Marzouk
Un jour de ma vie - Atef Salem
Karnak - Ali Badrakhan
Kit Kat - Daoud Abdel Sayed
Les Lunettes noires - Houssam Eddine Mostafa
Ma femme est PDG - Fatine Abdel Wahab
Madame la diablesse - Henri Barakat
Méfie-toi de Zouzou - Hassan Al-Imam
Microphone - Ahmed Abdalla
Le Moineau - Youssef Chahine
La Momie - Shady Abdel Salam
Mort parmi les vivants - Salah Abou Seif
Une nuit chaude - Atef al-Tayeb
Les Nuits blanches - Hani Khalifa
Palabres sur le Nil - Hussein Kamal
Le Passage des miracles - Hassan Al-Imam, Hassan Al-Imam
Le Prince de la ruse - Henri Barakat
Les Rêves de Hind et Camélia - Mohamed Khan
La Ruelle des fous - Tewfik Saleh
Salama va bien - Niazi Mostafa
La Sangsue - Salah Abou Seif
La Seconde Epouse - Salah Abou Seif
Un soupçon de peur - Hussein Kamal
Table Ronde "Filmer l'Egypte" + Film "La Vie, mon amour"
Tahrir : lève, lève la voix - Safaa Fathy
La Terre - Youssef Chahine
Terrorisme et Kebab - Chérif Arafa
Le Terroriste - Nader Galal
Trois sur la route - Mohamed Kamel Al Kalioubi
Trop jeune pour l'amour - Niazi Mostafa
Un/Zéro - Kamla Abou Zikri
Vie ou Mort - Kamal Al-Cheikh
La Vie, mon amour - Magdi Ahmed Ali


Parmi les films qui me tentent figurent la comédie Méfie toi de Zouzou avec Soad Hosni dont je n'ai entendu que du bien et qui n'existe pas en DVD.
La sangsue de Salah Abou Seif est un classique, inédit en DVD comme en VHS. Les films proposés sont de style très divers et offrent une palette intéressante du cinéma égyptien.
Dernière modification par Music Man le 1 août 12, 22:49, modifié 2 fois.
bruce randylan
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Re: Cinéma égyptien et arabe

Message par bruce randylan »

Tu les trouves/commandes où ces DVDs ? Ils ont des sous-titres ?

Il y a pas mal de films qui me font envie dans ce cycle mais avec les films noirs italiens, Paris Cinéma sur HK ( :shock: :D ), Ulmer et la MCJP (et un peu de vie sociale accessoirement), je vais devoir faire l'impasse sur un certains nombres de titres... :cry:
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Music Man
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Re: Cinéma égyptien et arabe

Message par Music Man »

Je les commande à fine art films.
http://fineartfilm.com/index.php?main_p ... Path=21_30
Comme tu pourras le constater, cette boîte solde TOUS ses DVDs et cela depuis plus de 6 mois.
Apparemment, ils veulent se débarasser de leur stock.
Les prix sont donc très intéressants (3,60 euros le DVD!!!) :D :D
Les frais de port sont très corrects.
Tous les DVDs présentent une bonne qualité d'image, un vrai effort de restauration + des sous-titres en français et anglais dans 75% des cas!
Après évidemment, ce ne sont pas forcément les purs chefs d'oeuvres qui ont été réédités, mais surtout les films qui ont rencontré le plus de succès auprès du public (donc beaucoup de farces avec Adel Imam ou Ismael Yassine).
On trouve quand même dans le lot des films comme Dérive sur le Nil de Hussein Kamal qui est excellent ou encore Where's my mind? un thriller de très bonne facture avec une des meilleures prestations de Soad Hosni, des musicals connus avec Farid El Atrache, Abdel Halim Hafez , etc...

Comme dans beaucoup de pays, les films égyptiens sont largement téléchargés illégalement et un site proposait l'an dernier un choix incroyable de films arabes de 1935 à aujourd'hui : il a d'ailleurs été suspendu.

Cela a sans doute créée du tort à la vente de DVD et du coup, beaucoup moins de vieux films sont réédités en DVD : ce qui est d'autant plus dommage qu'un vrai travail de restauration d'image était souvent effectué (et dont ferait bien de s'inspirer certaines boîtes françaises!!) et permettait de voir enfin ces films dans de bonnes conditions !
http://fineartfilm.com/index.php?main_p ... Path=21_30
bruce randylan
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Re: Cinéma égyptien et arabe

Message par bruce randylan »

Chouette :D

je vais éplucher ça. Y-a pas mal de truc qui m'ont l'air pas mal en effet (I'm free) et j'avais en effet repéré Dérive sur le Nil dans la rétro (Palabres sur le nil dans le programme de la cinémathèque).
Les prix sont en plus attractifs comme tu dis.

merci beaucoup
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Message par Music Man »

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LEILA ECOLIERE (Leila, bint al-madaress) de Togo MIZRAHI – 1941
Avec Leila MOURAD et Youssef WAHBI

A la fin de sa scolarité, Leïla, qui a perdu ses parents très jeune est recueillie par son cousin, un homme très austère, blessé par un chagrin d’amour. Grâce à sa bonne humeur communicative, la toute jeune femme parvient à calmer les angoisses de son cousin qui reprend goût à la vie et décide de se marier avec une jeune femme plutôt émancipée…

Réalisateur juif italien, Togo Mizrahi est une des principales figures du cinéma égyptien des années 30-40. Il a mis en scène pas mal de films très populaires avec la chanteuse Leila Mourad avant de quitter le pays en 1948, pour des raisons politiques, probablement liées à ses origines et la création de l’état d’Israël.
Leila écolière est un film de série, réalisé consciencieusement certes mais de façon bien conventionnelle aussi. On sera surpris de constater que la femme porte ici la culotte entre l’intrépide Leïla qui donne le ton sur la façon de tenir la maison (et fait changer tous les meubles au passage !) et la vilaine épouse qui danse, sort et trompe son mari avec un jeune amant.
A la fin du film, tout se précipite de façon assez ridicule : la femme infidèle surprise par le mari, tombe par la fenêtre et se tue, en essayant de se cacher. Le mari trompé sombre dans la folie(et Youssef Wahbi a du mal à maîtriser son jeu !). Mais tout finira bien pour la jolie Leïla. J’avoue ne pas avoir été très emballé par sa façon de chanter ses chansons plaintives : Leila Mourad fut pourtant une grande gloire de la variété orientale en son temps.
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Message par Music Man »

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LE DROGUE (Al Modmen) de Youssef FRANCIS - 1983
Avec Ahmed ZAKI, Nagwa IBRAHIM, Adel ADHAM

Khaled perd son épouse et son fils lors d’un tragique accident de voiture. Pour soulager ses douleurs physiques et morales, on lui prescrit de la morphine. Drogué, le jeune homme n’arrive pas à décrocher. La fille du directeur d’un hôpital, déçue par une peine de cœur, décide de l’aider personnellement…

Présenté comme un chef d’œuvre sur la jaquette du DVD, le drogué n’est pourtant pas du tout un bon film. Il souffre surtout d’une réalisation lente, pesante et archaïque. Les éléments dramatiques sont soulignés d’effets sonores comme dans les années 30. L’histoire ne tient pas debout : comment expliquer que le directeur de l’hôpital décide personnellement d’aider la drogué, en n’appelant pas la police. Les infirmières avec leurs brushing ringards semblent davantage sorties d’un soap opéra que d’un hôpital. Lors de l’accident fatal, le héros conduisait avec son fils sur les genoux et somnolait au volant tout en jouant de l’harmonica : on comprend pourquoi il culpabilise après le décès de sa famille ! Dans la seconde partie, le film prend des allures de roman-photo, autant dire que ce n’est pas du tout émouvant malgré (ou à cause) de tous les violons et ficelles utilisés par le cinéaste pour pincer la corde sensible (flash-back d’un bonheur presque outrancier du couple avant l’accident): on a du mal à croire qu’on faisait encore ce genre de films en 1983. Ahmed Zaki (1949-2005), acteur très respecté en Egypte, est pourtant convaincant dans le rôle du drogué.
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Message par bruce randylan »

Mort parmi les vivants (Salah Abouseif - 1960)

Ne touchant aucune indemnité à la mort de leur père, une famille se voit contrainte de vivre dans une situation précaire. Les études et les ambitions des 3 enfants deviennent rapidement problématiques.


Première découverte du cinéaste Salah Abouseif (ou Abou Seif), cinéaste majeur égyptien. C'est un excellent drame teinté d'un réalisme social qui doit également beaucoup au pur mélodrame.
Le scénario est bien construit avec des personnages justes, rapidement conditionnés par leurs aspirations et l'écrasante domination égoïste du personnage interprété par Omar Sharif. Tout à tour, toute la famille doit se sacrifier pour son arrivisme : le grand frère choisit rapidement le fricoter avec des truands, le second abandonne prématurément ses études, quant à la sœur, elle sombre même dans la prostitution malgré elle (suite à un marchand qui lui faisait miroiter un mariage mais se fiança avec une autre une fois qu'il eut pu abuser d'elle).

Autant dire que l'histoire n'est pas des plus joyeuse. Mais la progression dramatique et l'évolution psychologique d'Omar Sharif sont réalistes et crédibles. Son amour pour sa voisine est on ne peut plus sincère mais son envie de se trouver un poste dans le haut de l'échelle social le pousse doucement à utiliser les autres sans se rendre compte du mal qu'il fait.
Cette ambition devient de plus en plus névrotique au fur et à mesure que le film avance et la dernière partie en devient d'une noirceur absolue avec une dureté et une cruauté révoltante quand il découvre la vérité sur sa sœur. Il y a une intensité dans les émotions qui lfait effet d'un uppercut.

La mise en scène est dans l'ensemble de qualité, assez sobre, ancré dans le quotidien tout en gardant un style très visuel. En revanche, quand Abouseif essaye vraiment de sortir du classicisme, ça fonctionne beaucoup moins comme les plans décadrés lors de la scène du viol de la sœur. Il est bien plus à l'aise quand il s'agit de capter le désarroi de la famille et sublimé la déchéance de la sœur qui parvient à garder une pureté vraiment émouvante.

Du tout bon et on ressort du film vraiment sonné
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Re: Cinéma égyptien et arabe

Message par Music Man »

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LES HORS LA LOI (Al-kharijoun'an al-qanoun ) de Tewfik FARES – ALGERIE - 1969
Avec Sid Ahmed AGOUMI, Cheikh NOURREDDINE et Jacques MONOD

En prison, peu après la fin de la Seconde Guerre mondiale, trois jeunes hommes font connaissance. Une fois évadés, ils s'engagent dans la lutte pour l'indépendance.

Tewfik Fares, surtout connu en tant que scénariste (Chronique des années de braise, Palme d’or à Cannes en 1975), réalise ici son unique film dont l’ambition est de montrer les origines de la Révolution algérienne à travers plusieurs personnages victimes de l’oppression des colons et de la plus flagrante des injustices : l’un est porté déserteur après avoir fui le service militaire pour se rendre au chevet de son père mourant, l’autre a été faussement accusé de tentative de viol par l’épouse d’un colon qui lui faisait du charme. Evidemment, les français ne sont pas montrés sous leur meilleur jour : dominateurs, irrespectueux (y compris des personnes âgées), injustes et stupides (les « hors la loi » parviennent toujours à leur échapper). Quant aux femmes françaises, n’en parlons pas ! Un ressenti dont l’analyse aurait mérité davantage de nuances. Mais apparemment, le cinéaste a choisi le genre « western » pour traiter son sujet : chevauchées dans les magnifiques paysages, évasions, kidnappings, gros plan sur les visages tendus des héros, chapeautés comme des cow-boys. Si les répliques de certains comédiens ne sont pas toujours dites avec beaucoup de conviction, et que le film traîne parfois un peu, ce western algérien n’est pas dépourvu de qualités (certains passages comme la maman du héros prise en otage possèdent une certaine tension) même si le sujet de base perd en crédibilité de par cette approche curieusement « hollywoodienne ! ».
Dans le rôle principal, Sid Ahmed Agoumi a le physique d’un jeune premier. Il continue sa carrière en France avec talent (beur sur la ville, papa de Kad Merad dans l’italien). La musique très agréable est signée Georges Moustaki. Le film, ressorti après avoir été restauré en 2009, vaut donc le détour.
Producteur dans les années 70-80 de l’émission de télévision française « Mosaïque », Tewfik Fares a travaillé récemment avec Yann-Arthus Bertrand.
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Dernière modification par Music Man le 17 sept. 12, 08:40, modifié 1 fois.
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Re: Cinéma égyptien et arabe

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LA BALLE DANS LA POCHE (Al-Rasasa la tazalu fe gaibi ) de Hossam Eddine Mostafa - EGYPTE - 1974
Avec Mahmoud YASSINE, Hussein FAHMY, Nagwa IBRAHIM

Mohamed est un soldat égyptien très marqué par la guerre des 6 jours où il a perdu presque tous ses camarades en 1967. Il retourne dans son village, anéanti, et découvre que sa cousine, dont il a été toujours très amoureux, va en épouser un autre...

La balle dans la poche évoque la guerre des 6 jours (pendant laquelle les forces israéliennes ont envahi la bande de Gaza qui était administrée par l’Egypte) et les combats entre l'Égypte et Israël le long du canal de Suez en 1969 (la guerre d’usure). Des épisodes cruciaux dans les incessants conflits israélo-palestiniens, dont on aurait aimé apprendre davantage. Mais il s’agit ici d’un film à charge, de propagande, destiné à soutenir le moral et le patriotisme des égyptiens. La première partie, pas toujours très convaincante (malgré une interprétation honnête), se focalise sur les tourments d’un jeune soldat, très amoureux de sa cousine. Cependant le papa de cette dernière lui préfère un homme plus influent : une ordure qui va violer la jeune fille. Ivre de haine, le soldat songe à la vengeance et au meurtre. Finalement, la guerre des 6 jours lors de laquelle il va voir tous ses compagnons mourir sous ses yeux, va lui permettre de relativiser ses soucis personnels et de prendre conscience de la nécessité de défendre son pays et venger les siens. Le viol de sa cousine devient presque une allégorie : violée et humiliée, elle doit reprendre sa vie en main tout comme l’Egypte doit réagir à l’offensive israélienne. Le message est clair : chacun doit participer pour sauver la nation, sur place, ou comme il peut (don du sang, etc…). On en profite pour exhiber le matériel dernier cri de l’armée égyptienne (tanks amphibies, ponts flottants,…) et mettre en valeur sa force lors des longues scènes de combats qui constituent la 2ème partie du film, la plus réussie. Hormis les gros plans ridicules sur Hussein Fahmy en valeur soldat égyptien, faisant le V de la victoire avec un sourire Geebs de héros américain (il ressemble un peu au président Kennedy), les bombardements, la traversée du canal et l’assaut sur les rives du Sinaï m’ont paru très bien filmés (quoique le technicolor ou la restauration DVD ? rendait les explosions bien criardes). Curieusement, j’ai trouvé que ces scènes de guerre, pourtant très bien mises en boîte, avaient un coté très américain, comme si le cinéaste avait du mal à trouver un langage plus personnel pour tourner ce genre de scène dont le cinéma hollywoodien s’était fait une spécialité.
Pour la petite histoire, on ajoutera que le réalisateur Houssam Eddine Mustapha sera exclu en 25 ans plus tard du syndicat des professions cinématographiques pour avoir fait un voyage en Israël.
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Re: Cinéma égyptien et arabe

Message par Music Man »

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TROP JEUNE POUR L’AMOUR (SAGHERA ALA AL HOB ) de Niazi MUSTAFA - 1966
Avec Soad HOSNI, Rushdy ABAZA, Nadia EL GINDI

Afin de pouvoir avoir une chance de devenir chanteuse à la télévision, Samiha se fait passer pour une gamine en participant à un concours de chant réservé aux enfants. Elle est sélectionnée par le réalisateur, au grand désespoir de son fiancé. Les choses se compliquent lorsqu'elle tombe amoureuse de Kamal, le metteur en scène.

Niazi Mustafa est un grand spécialiste du film musical arabe, auquel on doit notamment le Taxi d’amour (1952).ici, il nous propose un divertissement sans prétention avec des gags sans aucune finesse qui s’enchaînent, ponctués d’effets sonores des plus ringards et …pourtant curieusement, on finit par être accrocher. Et tant pis si le stupide fiancé de Samiha se fait casser la figure à longueur de film, cela finit par devenir amusant. D’ailleurs, j’ai du mal à expliquer pourquoi !
D’une part, le sujet est assez cocasse et semble très inspiré d’une comédie musicale allemande des années 50, Amour, danse et 1000 surprises où Caterina Valente jouait déjà les fausses enfants prodiges pour pouvoir devenir une vedette. Mais surtout c’est Soad Hosni qui tient le rôle principal et elle a vraiment un don pour la comédie. Qu’elle se mette à pleurer comme une gamine capricieuse ou à faire le clown, elle n’est jamais ridicule. Qu’elle joue la gamine infernale ou sa séduisante sœur ainée, elle est vraiment brillante. Dotée d’un charme naturel et spirituel à la Doris Day, le regard pétillant de malice, elle parvient à transcender le film et à lui donner parfois le parfum des comédies de boulevard des années 60 (d’autant plus que Rushdy Abaza lui donne fort bien la réplique).En outre, ses chansons sont très agréables. Le film se clôt par un long numéro musical d’assez bonne facture et permet donc finalement de passer un bon moment malgré les appréhensions du début.
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Re: Cinéma égyptien et arabe

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Décès à 82 ans, d'Ahmed RAMZY (1930-2012), grande vedette du cinéma égyptien des années 50-60. Spécialisé dans les rôles de mauvais garçons immatures, il a débuté dans Nos jours heureux avec le chanteur Abdel Halim Hafez. Son film favori était Dérive sur le Nil (un très bon choix d’ailleurs, et un des meilleurs films égyptiens que j’ai pu voir). RIP.
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Re: Cinéma égyptien et arabe

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JE CHERCHE LA LIBERTE (Ana Horra) de Salah ABOUH SAIF – 1959
Avec Lubna ABDEL AZIZ, Shukri SARHAN, Hassan YOUSSEF, Hussein RIAD

La jeune Amina est élevée de façon rigide par son oncle. Fatigué par son insubordination, il essaie vainement de la marier. Mais la jeune femme refuse catégoriquement et préfère se lancer dans des études universitaires.

Salah Abouh Saif a toujours favorisé les sujets à forte connotation sociale. A la fin des années 50, il a consacré 3 films au thème de la condition féminine. Avec le dévoilement progressif des femmes (lancé en Egypte en 1923 par quelques féministes puis vite adopté par d’autres femmes des classes moyenne et supérieure), le mouvement féministe a gagné du terrain dans les pays arabes (en 1944, la Conférence féministe arabe produisit 51 résolutions en vue de réaliser l’égalité entre les sexes, y compris la féminisation de la langue, à l’intérieur de l’unité panarabe. Peu de temps après, en 1945, était créée l’Union féministe arabe). Grâce à cet activisme, les femmes arabes ont pu concrétiser un certain nombre de droits, tels que le droit à l’éducation et le droit au travail.
Ici, le personnage principal (joué par la belle Lubna Abdel Aziz) refuse absolument de suivre le destin que son oncle sévère a prévu pour elle (même si elle reconnaît les qualités du mari qu’on lui destine, elle entend faire son choix elle-même) et de devenir la servante de son mari. Quand son prétendant lui suggère de porter des tenues moins décolletées et d’abandonner le rouge à lèvres, elle lui rétorque « tu ne vas pas me forcer à me mettre en djellaba !? ». La jeune femme est également très influencée par l’occident : elle danse sur des rythmes sud-américains, copie le look de Liz Taylor. Elle rentre chez elle la nuit tombée après avoir fait une balade en voiture avec des amis (ce qui provoque un scandale dans la maisonnée), sèche les cours, répond à ses parents. Miraculeusement, elle va parvenir à imposer ses choix en rentrant à l’université et en rejetant son prétendant. Je ne suis pas sûr du tout que dans la vie réelle, toutes les jeunes filles de 1958 et même d’aujourd’hui peuvent s’affranchir ainsi de l’autorité familiale en Egypte ! Mais le film insiste sur le fait qu’avec du courage et beaucoup de volonté, rien n’est impossible, et rien que pour cela, c’est déjà un beau message d’espoir pour les spectatrices de l’époque. En outre, le cinéaste prend visiblement le parti de l’héroïne.
Finalement, après des études réussies, l’héroïne se retrouve accaparée par les responsabilités professionnelles. Mais le poids de son travail l’empêche de s’accomplir sur un plan personnel. Elle va finalement trouver enfin son épanouissement personnel en participant aux activités révolutionnaires de son ami, qui lutte contre le pouvoir et la monarchie : en défendant ses idées, elle trouve enfin sa liberté…qui la mènera à la prison.
Le film est donc particulièrement audacieux et riche, en abordant des sujets différents, certes de façon parfois assez sommaire. On peut trouver aussi étrange que les acteurs soient tous à la pointe de la mode 1958 alors que l'action se déroule entre 1948 et 1952. Mais Abouh Saif lance un débat intéressant aux multiples interrogations même si sa conclusion est plutôt déconcertante (on a l’impression que son combat pour s’imposer en tant que femme dans la société, s’efface devant le combat qu’elle doit mener pour son pays).
La mise en scène habile (je pense à un plan où l’on suit Amina dans les rues alors qu’elle sèche les cours) mais assez conventionnelle, et l’interprétation de Lubna Abdel Aziz plutôt convaincante.

Avec l’émergence du fondamentalisme islamique, qui fait du voile et de la réclusion des femmes un devoir divin, je me demande comment ce film est aujourd’hui perçu en Egypte et dans les pays arabes.
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bruce randylan
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Re: Cinéma égyptien et arabe

Message par bruce randylan »

La sangsue (Salah Abouseif - 1956)

Un jeune homme naïf et pieux débarque au Caire pour y suivre des études. Il emménage dans une modeste pension tenue par une quinquagénaire veuve qui ne tarde pas le séduire.

Deuxième découverte de l’œuvre de Salah Abouseil et c'est une nouvelle preuve d'un cinéaste de talent même s'il n'a pas la force d'un mort parmi les vivants la faute à une histoire tout de même très moralisatrice et qui tourne un peu en rond au bout d'un moment (ça dure 131 minutes).
Pour le reste, la mise en scène est vraiment inspirée avec un gros travail sur l'espace et la caméra qui effectue plusieurs mouvements complexes, comme une araignée tissant une toile autour de sa proie. Il y a notamment un long plan-séquence filmée derrière une barrière où la caméra avance dans un mouvement régulier, millimètre par millimètre sans qu'on s'en rende compte. Je me suis même demandé comment le chef opérateur pouvait faire un travelling aussi lent et imperceptible.
L'autre chose qu'il m'a vraiment surpris, c'est la sensualité incroyable qui se dégage de la quinquagénaire (l'actrice doit être un peu plus jeune quand même mais ça reste la MILF ultime :mrgreen: ) : elle suinte l'érotisme et la lubricité par tout les pores : décolleté mis en avant, jambes dénudées, les lèvres charnelles, le regard incendiaire...
Il y a là une liberté dans la représentation des sujets sexuels qui disparaitra à peine quelques années plus tard. :cry:

Le film reste assez cru quand même et les choses sont à peine sous-entendus. Ca compense un peu un scénario moralisateur où le jeune étudiant sacrifie ses études, sa fiancée et même sa santé (?) dans cette débauche de luxure malgré les mises en garde d'un mendiant qui est tombé dans les mêmes pièges des années avant. Ce n'est pas très subtil mais la violence incroyable de la séquence finale vient compenser cette histoire un peu trop prévisible et conservatrice.
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Re: Cinéma égyptien et arabe

Message par Music Man »


C'est Tahia Carioca, une légende de la danse orientale et du cinéma arabe qui tient le rôle. Les symboles ne manquent pas à la fin de la séquence où elle ensorcèle Shukri Sarhan en dansant!
Une star qui n'est pas du tout oubliée : J'ai constaté avec surprise que sur les portraits d'artistes de films musicaux du monde entier réalisés sur mon blog, sa page était l'une des plus lues (la troisième!)
bruce randylan
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Re: Cinéma égyptien et arabe

Message par bruce randylan »

Ah merci d'avoir retrouvé cet extrait. :)
Assez tendancieux quand même tout ça.
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