Les Comédies musicales

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Music Man
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Re: Les Comédies musicales

Message par Music Man »

Jeremy Fox a écrit :Par quel biais as tu la chance de pouvoir découvrir tous ces films de la Fox Music Man ? Je t'avoue qu'à chacun de tes avis, je suis attristé de penser que je ne les verrais certainement jamais et je t'envie sacrément :wink:
Pour les films Fox, il suffit de se tourner vers des particuliers américains qui vendent des DVDr enregistrés à la télé américaine (Fox classic) sur ebay ou ioffer, pas cher du tout d'ailleurs.Evidemment aucun sous titres! Quasiment tous les films avec Dan Dailey, Betty Grable, June Haver ou Alice Faye sont ainsi disponibles.
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Re: Les Comédies musicales

Message par Music Man »

Tom Peeping a écrit :Ce sont vos commentaires qui m'ont incité à voir Oliver! que j'avais toujours négligé. C'est maintenant fait et je ne le regrette pas: j'ai complètement adoré. L'adaptation, la musique, les décors et cette mise en scène magistrale de Reed. Un seul bémol : le gamin qui joue Oliver est bien mignon mais n'a pas le charisme ni le talent d'acteur qu'il faut pour porter le film sur ses épaules. A côté des autres, il fait bien fade figure (bon OK, son personnage est écrit comme cela, par Dickens et le scénariste). Mais c'est chipoter. Oliver! est un chef-d'oeuvre.
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Jeremy Fox
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Re: Les Comédies musicales

Message par Jeremy Fox »

Music Man a écrit :
Jeremy Fox a écrit :Par quel biais as tu la chance de pouvoir découvrir tous ces films de la Fox Music Man ? Je t'avoue qu'à chacun de tes avis, je suis attristé de penser que je ne les verrais certainement jamais et je t'envie sacrément :wink:
Pour les films Fox, il suffit de se tourner vers des particuliers américains qui vendent des DVDr enregistrés à la télé américaine (Fox classic) sur ebay ou ioffer, pas cher du tout d'ailleurs.Evidemment aucun sous titres! Quasiment tous les films avec Dan Dailey, Betty Grable, June Haver ou Alice Faye sont ainsi disponibles.
Merci de ta réponse et bien dommage alors que nous ne puissions pas encore (jamais) les trouver sur DVD avec au moins les sous titres anglais.
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Re: Les Comédies musicales

Message par Music Man »

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2 FIANCES SUR LES BRAS (i’d rather be rich) de Jack SMITH- 1964
Avec Sandra DEE, Robert GOULET, Andy WILLIAMS, Maurice CHEVALIER, Gene RAYMOND

Remake d’Eve a commencé d’Henry Koster.
Un vieux chef d’entreprise à l’article de la mort demande à sa petite fille de lui présenter son fiancé avant de mourir. Comme ce dernier n’est pas disponible, elle est obligée de prendre le premier homme qui lui tombe sous la main pour jouer le rôle de son futur époux.

Sans valoir la charmante comédie des années 40, le film le plus connu de la lumineuse Deanna Durbin, ce remake n’engendre pas la monotonie. Il s’agit d’une production Ross Hunter, avec tout ce que cela comporte: milieux hyper friqués, glamour et sophistication,comédie assez mécanique, acteurs sur leur 31, un coté un peu théâtre de boulevard. Cela dit, globalement cela fonctionne et certains gags, pas du tout subtils, sont parfois désopilant comme celui où le poulet rôti s’envole comme une fusée, ou encore le coup de poing donné par mégarde par Maurice Chevalier à son infirmière et tout le passage où Sandra et Andy se retrouvent dans le chalet . Les deux célèbres crooners Robert Goulet et Andy Williams sont très à l’aise et pas seulement pour chanter. Ce dernier donne une magnifique interprétation de la chanson Almost there. Vraiment, on aurait l’aimer encore chanter un peu plus !Sandra Dee est adorable, comme toujours. La prestation de Maurice Chevalier est en revanche très inférieure à mon goût de celle de Charles Laughton génial dans la version original.
Mais c’est un très bon divertissement.
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Re: Les Comédies musicales

Message par Music Man »

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LES ROIS DU JAZZ (the best things in life are free) de Michael CURTIZ -FOX -1956

Avec Gordon MACRAE, Ernest BORGNINE, Dan DAILEY, Sheree NORTH, Tommy NOONAN

Un trio de compositeurs grimpe ensemble les échelles de la gloire de Broadway à Hollywood. Mais l’ambition et la mégalomanie de l’un d’eux va apporter des dissensions dans l’équipe.

1956 : c’est un peu une année charnière dans la comédie musicale hollywoodienne, qui brillait de ses derniers feux, les plus vifs.
En dépit de la prestigieuse affiche et d’un réalisateur renommé, il s’agit d’un biopic plein de clichés comme on en avait tant fait dans les années 40. Certains artistes sont vraiment mal exploités comme Dan Dailey, presque sinistre en bon père de famille. En plus, il ne danse même pas.
Si les costumes sont splendides, les numéros dansés ne sont pas toujours filmés de façon très dynamique et c’est dommage car la vivace Sheree North danse remarquablement un pas de deux, érotique sur le thème birth of the blues (un peu dans le même esprit que le duo Cyd Charisse/James Mitchell dans au fond de mon coeur) et un charleston endiable au son du black bottom.
Outre ses incontestables talents de danseuse, la blonde actrice, lancée dans le sillage de Marilyn, avait vraiment du charme et de l’abattage et c’est de loin le meilleur atout du film. Ernest Borgnine n’est pas mal non plus dans ses démêlés musclés avec des truands. Et évidemment Gordon Mac Rae chante superbement.
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Re: Les Comédies musicales

Message par everhard »

ca donne envie ta description :)
Et comment sont les chansons ?
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Re: Les Comédies musicales

Message par Music Man »

Il y a beaucoup de chansons connues du trio de compositeurs Brown, Henderson et da Silva :
black bottom, chanté par Sheree North (doublée),
the best things in life are free (entendue dans Good news par Mel Tormé et June Alysson) par Sheree North
Birth of the blues par Gordon MacRae (quelle voix!) qu'on entend il me semble dans un film avec Garland et Rooney
Just imagine (répertoire Judy Garland)
Sonny boy (par un type grimmé en noir dans le rôle d'Al Jolson
des bribes d'autres chansons connues
et une très belle ballade que je ne connaissais pas merveilleusement servie par Gordon MacRae
:wink:
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Jeremy Fox
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Re: Les Comédies musicales

Message par Jeremy Fox »

Voici donc reporté ici aussi mes avis sur les six films de ce merveilleux coffret qui ne doit cependant être réservé qu'aux inconditionnels
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Thrill of a Romance (1945) de Richard Thorpe

Cynthia (Esther Williams) est professeur de natation à Los Angeles. Alors qu'il tombe sous son charme en la voyant plonger, le riche homme d'affaires Robert G. Delbar (Carleton G. Young) la poursuit de ses assiduités jusqu'à ce qu'elle accepte de l'épouser. En lune de miel dans les montagnes rocheuses, le couple est séparé avant même leur nuit de noces, le mari devant se rendre pour affaires à l'autre bout du pays. Le Major Milvaine (Van Johnson), aviateur émérite et héros de guerre, en villégiature dans le même hôtel de luxe, va en profiter pour courtiser la jeune mariée sous l'oeil bienveillant du ténor Nils Knudsen (Lauritz Melchior) qui retrouve sa jeunesse en étant témoin de cette idylle...

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Richard Thorpe aura eu une prolifique filmographie de quelques 150 titres. Homme à tout faire de la prestigieuse Metro-Goldwyn-Mayer, le cinéaste est aujourd'hui comme hier toujours aussi peu apprécié en France malgré le fait qu’il ait probablement eu durant les années 70/80 le privilège de cumuler le plus grand nombre de diffusions de ses films à la télévision publique française - et ce, quasiment sur l’unique France 3 - grâce à son plus grand fan dans notre pays, l'historien du cinéma Patrick Brion. Les quarantenaires et cinquantenaires, enfants ou adolescents qu'ils étaient, leurs sont gré à tous les deux de leurs avoir fait passer des après-midi ou des soirées inoubliables avec des films aussi différents que Tarzan s’évade, La Force des ténèbres, Trois petits mots, Le Rock du bagne (Jailhouse Rock), La Maison des 7 faucons, La Vallée de la Vengeance, mais surtout grâce à ses films d’aventures médiévaux que sont les célèbres Ivanhoé, Le Prisonnier de Zenda, Les Chevaliers de la Table Ronde ou Quentin Durward. Presque aucun de ces titres ne mérite de passer à la postérité et pourtant ils ont pour la grande majorité d'entre eux la particularité d’être faits avec beaucoup de professionnalisme, ce qui fut aussi le cas de ses comédies musicales dont les quatre qu'il fit avec Esther Williams.

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Après l’extravagant et génialement kitsch Bathing Beauty (le Bal des sirènes) de George Sidney, Esther Williams est donc pour la deuxième fois la vedette d'un musical de la MGM avec cette comédie romantique sans numéros aquatiques spectaculaires comme dans le précédent mais seulement quelques plongeons et longueurs de bassins. L'intrigue est ténue au possible, narrant l'amour naissant entre une professeur de natation mariée à un riche industriel et un héros de la seconde guerre mondiale qui la courtise alors que l'époux de la jeune femme l'a délaissé pour son travail au début même de leur lune de miel. La voluptueuse épouse laissée pour compte n'est autre qu'Esther Williams qui n'a surement jamais été aussi amoureusement filmée : Richard Thorpe la faisait tourner pour la première fois et il n'est pas dit qu'il ne soit pas tombé sous son charme puisque ses gros plans sont divinement éclairés. Quant au jeune soldat, il s'agit du compagnon de voyage de Gene Kelly dans Brigadoon de Vincente Minnelli ou encore l'auteur aveugle de A 23 pas du mystère (23 Paces to Baker Street) de Henry Hathaway, le sympathique Van Johnson.

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A leurs côtés, le chanteur du Metropolitan Opera Lauritz Melchior qui assure la majeure partie des séquences chantées ainsi qu'un bon pourcentage du comique du film par le running gag du régime carottes qu'il doit suivre alors que son voisin de table dévore sans arrêt 'comme un porc', le faisant saliver et chercher toutes les solutions pour faire atterrir un steak dans son assiette ou boire une bière ; la splendide Frances Gifford en croqueuse d'hommes qui rivalise de goût avec Esther Williams dans le choix de sa garde-robe ; un délectable couple de personnes âgées composé du célèbre ange gardien de La vie est belle (It's a Wonderful Life) de Frank Capra, le débonnaire Henry Travers, ainsi que de la délicieuse Spring Byington et sa mémoire défaillante pour notre plus grand plaisir et les meilleurs moments d'humour du film. Richard Thorpe et les équipes de la MGM (costumiers, décorateurs, maquilleurs et chef opérateurs) ont mis tout en place pour que le Technicolor brille de tous ses feux et effectivement les couleurs sont éblouissantes notamment lors de la longue scène au bord de la piscine : un régal visuel de tous les instants d'autant plus que les protagonistes se promènent parfois dans de somptueux décors naturels de montagnes et de forêts que le cinéaste n'hésite pas à magnifier, les plans en studio étant eux aussi particulièrement soignés. D'ailleurs Richard Thorpe mène le tout de main de maître sans jamais nous ennuyer malgré l'extrême minceur et les conventions de l'histoire.

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Beaucoup de parties musicales mais la plupart très courtes, nombreuses par Lauritz Melchior, d'autres par Tommy Dorsey et son orchestre parmi les membres duquel le batteur virtuose Buddy Rich ainsi que la fille même du chef d'orchestre, toute jeune pianiste d'une grande efficacité. Rimsky Korsakov, Grieg, Leoncavallo, Liszt, Schubert côtoient Ralph Blane et Georgie Stoll, autant dire un patchwork assez large mais néanmoins guère mémorable dont le clou pourrait cependant être la chanson de Sammy Fain, 'Please Don't Say No, Say Maybe' entonnée à plusieurs reprises et notamment par le jeune noir Jerry Scott. C'est léger, drôle, attachant, naïf, plein de bons sentiments et kitsch à souhait ; bref, c'est tout à fait délectable quand on aime ce style de film. En tout cas, Thrill of a Romance confirme que la MGM n'a jamais fait autant exploser ses couleurs sur un écran que pour ses productions avec la nageuse. Un véritable défilé de mode en ce qui concerne les costumes de l'actrice et, à travers objets et décors, un mariage de couleurs étincelantes absolument éblouissant, harmonieux même. Le kitsch comme une nouvelle forme d'art ?! Jubilatoire mais à cependant ne pas mettre entre toutes les mains !


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Fiesta (Senorita Toreador) de Richard Thorpe 1947


Dans une petite ville du Mexique, le célèbre matador Antonio Morales (Fortunio Bonanova) est le père de deux jumeaux, un garçon et une fille. Son rêve est que son fils Mario (Ricardo Montalban) prenne sa succession et devienne le meilleur torero du monde ; or ce dernier préfère la musique alors que sa sœur Maria (Esther Williams) aimerait beaucoup entrer dans l’arène. L’entrainement rigoureux que lui donne son père n’empêche pas Mario de montrer peu d’intérêt pour la discipline, au grand soulagement de sa mère (Mary Astor). De son côté Maria s’entraine en cachette avec l’assistant de Antonio, Chato (Akim Tamiroff) ; dans le même temps elle aide son frère en l’encourageant à poursuivre la musique, emmenant même au célèbre chef d’orchestre Maximino Contreras sa dernière composition : elle espère que ce dernier la jouera par surprise à Mario lors de leur 21ème anniversaire qui doit correspondre aussi au jour où le jeune homme devra combattre son premier taureau…

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Au Mexique, deux jumeaux ; l'un poussé dans l'arène par son ex-toréador de père alors qu'il ne souhaite vivre que pour la musique ; l'autre, sa sœur, aussi douée que son frère dans l'art de la tauromachie mais qui ne peut, en tant que femme, aller faire tourbillonner la muleta... Deux romances pas toujours très simples (Cyd Charisse et John Carroll interprétant les compagnons de nos deux têtes d’affiches), une histoire d'honneur bafoué et vengé par un curieux travestissement, une vocation contrariée, le danger de la confrontation aux taureaux, la lourdeur des traditions empêchant toute créativité et tous choix personnels… tout un tas de petits drames familiaux et autres mis en scène au cours de cette intrigue pas spécialement légère et sans beaucoup d’éléments humoristiques... Mais, comme dans tout ‘Musical’ MGM qui se respecte, tout se terminera dans la joie et la bonne humeur ! A signaler d'emblée que pour l’époque et dans une production aussi familiale, l’on n’hésite pas à contester l’autorité patriarcale et à mettre en avant l’égalité des sexes puisque ce sera la femme qui se dévoilera plus douée pour la corrida que son frère ; l'on aura aussi eu l'occasion d'être témoin de la déception extrême du père en apprenant que son épouse a donné naissance à une fille, mais que ce sera grâce à cette dernière que sa dignité sera sauve. Ce n'est pas grand chose mais en ces temps d'extrême susceptibilités sur ces questions, ce n'est pas négligeable non plus.

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Richard Thorpe est aux manettes ; artisan ou auteur, peu importe ; il connaît parfaitement son métier et sa mise en scène est toujours aussi solide, son travail avec le monteur extrêmement efficace, les séquences de tauromachie filmées au Mexique fonctionnant plutôt bien malgré quelques transparences cependant plutôt bien intégrées. D’ailleurs à chaque fois que ce cinéaste chouchou de Patrick Brion a abordé le domaine de la comédie musicale, la réussite (plus ou moins grande) a été au rendez-vous, que ce soit lorsqu'il a filmé la vie de Caruso (The Great Caruso) avec Mario Lanza ou celle de Kalmar et Ruby (Three Little Words) avec Fred Astaire et Red Skelton, que ce soit pour mettre en vedette Jane Powell (le délicieux A Date with Judy) ou Esther Williams avec laquelle il tournera d'ailleurs quatre films. Fiesta fait aussi partie de ces très modestes réussites ; sur un scénario conventionnel et prévisible mais parfaitement bien mené, grâce à des interprètes attachants parmi lesquels une Mary Astor très émouvante - qui se verra d’ailleurs octroyer plusieurs séquences assez touchantes comme celle au cours de laquelle elle avoue à son mari avoir été soulagé le jour où elle sut qu’il ne pourrait jamais plus toréer, ou cette autre où elle se met à prier silencieusement avant l'entrée dans l'arène de son fils - ainsi qu'un Akim Tamiroff étonnement sobre, de jolies séquences de corrida (sans aucune mises à mort ni hémoglobine), de sublimes numéros musicaux (il faut voir avec quelle maestria danse le couple Ricardo Montalban / Cyd Charisse, sur la Bamba notamment) ainsi qu'une très bonne interprétation de El Salon Mexico d'Aaron Copland, le film de Richard Thorpe se suit donc certes sans passion mais avec un plaisir non dissimulé.

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Alors oui, question crédibilité, difficile d'imaginer que personne ne remarque le travestissement d'Esther Williams en homme sans la fameuse et indispensable suspension d’incrédulité – déjà le fait qu’elle soit la sœur jumelle de Ricardo Montalban n’est pas facile à intégrer – mais tout cela fait aussi partie des conventions hollywoodiennes : il était tout aussi inconcevable de faire passer Katherine Hepburn pour un homme (Sylvie Scarlett de George Cukor) ou Cary Grant pour une femme (Allez couchez ailleurs – I Was a Male War Bride de Howard Hawks). Rien de grave : une fois accepté ce postulat, on - les amateurs de ce cinéma de l'insouciance et du kitsch assumé - se laisse prendre au jeu et l'on passe un très agréable moment d'autant plus que le Technicolor flamboyant est aussi de la partie. Niveau interprétation, on s’appesantira sur John Carroll, excellent acteur - hors cinéma, ce Clark Gable de série B fut un Don Juan qui défraya la chronique à l'instar d'un Errol Flynn -, qui fut surtout connu pour avoir été le Zorro d'un serial parmi les plus célèbres à la fin des années 30 ; son interprétation dans le génial Decision at Sundown de Budd Boetticher sera inoubliable et dans La Belle du Montana (Belle Le Grand) de Allan Dwan, il nous démontrait aussi déjà son talent de comédien, et même de chanteur ; dommage qu’il n’ait pas eu ici l’occasion de nous dévoiler sa voix suave.

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A signaler qu’il s’agissait du premier film de Ricardo Montalban à Hollywood et que Fiesta était surtout destiné à mettre en avant ce Latin Lover considéré avec beaucoup de sérieux au Mexique ; bien plus mis en avant d’ailleurs qu’Esther Williams dont on ne peut pas dire qu’il s’agisse de son meilleur rôle – ce serait même au contraire l’une de ses prestations les plus faiblardes - ni qu’elle fasse des étincelles 'aquatiquement parlant', les producteurs ne l’ayant ‘déshabillé’ qu’à une seule reprise, le spectateur désappointé ne pouvant la voir en maillot de bains que le temps de la traversée à la nage d’un petit plan d’eau. Ricardo Montalban est en revanche totalement convaincant, aussi bien en tant que comédien qu’en tant que pianiste – ce n’est pas lui qui sur la piste sonore interprète le morceau de Aaron Copland au piano, mais l’on voit d’emblée qu’il était capable de le faire, son toucher se calant parfaitement à celui d’André Prévin –, mais surtout enfin en tant que danseur : avec sa partenaire Cyd Charisse, autant dire qu’ils nous enchantent et que la présence de leurs numéros mérite à eux seuls que l’on s’arrête sur ce film objectivement mineur : et notamment leur danse esthétiquement superbe en rouge, noir et blanc. Le couple de danseurs fonctionnera tellement bien qu’il sera à nouveau réuni à trois reprises durant les années suivantes. Parfois un peu idiot - le final par exemple - mais cependant amusant, agréable et non sans charmes - notamment grâce aux équipes techniques de la MGM, leur travail sur les décors et costumes -, un film destiné avant tout aux spectateurs peu regardants et bon public qui ne s'offusqueront pas de tant de naïvetés.

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This Time for Keeps (1947) de Richard Thorpe

A sa démobilisation, le soldat Dick Johnson (Johnnie Johnston) va retrouver son père, célèbre chanteur lyrique (Lauritz Melchior) qui lui demande avec insistance de travailler à ses côtés dans sa compagnie d’opéra ; mais Dick n’en a plus envie, pas plus que d’épouser sa fiancée depuis qu’il vient de retrouver Nora (Esther Williams), une sculpturale jeune femme qu’il avait rencontrée sur le front lors d’un spectacle donné pour redonner moral aux troupes. Dick fréquente désormais plus assidument les salles de spectacle où Nora se produit en tant que danseuse aquatique ; elle est managée par le pianiste Ferdi (Jimmy Durante) qui a toujours été secrètement amoureux de sa vedette et qui voit d’un mauvais œil Dick venir se faire embaucher dans le show pour y participer en tant que chanteur. Nora invite Dick à un séjour à Mackinac Island dans le Michigan au cours duquel elle lui présente sa grand-mère et sa nièce. C’est là qu’elle apprend que Dick est déjà fiancé…

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Troisième des quatre comédies musicales que l’actrice/nageuse Esther Williams tourna sous la direction du prolifique Richard Thorpe, il pourrait s’agir de la plus faible du lot ; This Time for Keeps manque en effet de la fantaisie qui faisait le charme de Thrill of a romance, d'une intrigue rondement menée comme celle de Fiesta ou de l'exotisme coloré du titre qui sera le suivant au sein de la filmographie de la comédienne, On an Island with you. Ceci étant dit, les amateurs du genre auront sans aucun doute matière à y trouver du plaisir puisque entre autre le talent et l’efficacité des équipes techniques de la MGM est toujours bien au rendez-vous. Comme pour quasiment tous les films de ce genre - avant tout tournés vers le divertissement pur et dur -, le pitch est très simple puisqu’il s’agit d’une histoire d’amour entre un G.I. démobilisé et une star de ballet aquatique alors que le premier est déjà fiancée et qu’il ne l’a pas avoué de suite à sa nouvelle conquête. L’autre piste ‘dramatique’ tourne autour des relations entre le jeune soldat et son père, ce dernier ayant un plan de carrière tout tracé pour son fils que ce dernier ne souhaite pas suivre, pas plus du point de vue professionnel que sentimental.

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Contrairement à Fiesta qui, au grand dam des aficionados, en était très avare, This Time of Keeps est une comédie musicale qui regorge de numéros dansés, chantés ou … nagés, d’ailleurs plus ou moins enthousiasmants ; concernant les ‘à-côtés’, il faut bien avouer que l’on se retrouve devant une romance non seulement banale mais également peu convaincante et sans saveur par le fait d'un manque total d'alchimie entre les deux comédiens. Il faut dire que le jeune premier Johnnie Johston, même s'il possède une belle voix – il interprète d’ailleurs ici une belle version de ‘Easy to Love’ de Cole Porter -, est loin de posséder le charisme ou ne serait-ce que le capital de sympathie que trainent derrière eux les autres partenaires privilégiés d’Esther Williams, que ce soit Van Johnson, Ricardo Montalban, Howard Keel ou même Peter Lawford. La carrière cinématographique de ce chanteur de Night Club sera d’ailleurs assez brève… et pour cause ! Dans son rôle de figure paternel un peu envahissante, le ténor Lauritz Melchior n'est pas aussi attachant ni aussi drôle que dans Thrill of a Romance alors que l’on est ravi de retrouver la vieille dame de Une femme disparait d’Alfred Hitchcock, May Whitty, qui mourut l’année suivante.

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Quant au programme musical, il est assez inégal. On retiendra cependant les numéros souvent très amusants mettant en scène Jimmy Durante et sa bonhomie coutumière, ce dernier ayant lui-même écrit ses chansons dans un style qui lui est bien propre, mélange de couplets sous forme de monologue parlés et de refrains en revanche mélodiques. Outre donc les sympathiques ‘A Little Bit This and a Little Bit That’, ‘Inka Dinka Doo’ ainsi et surtout que ‘I'm the Guy That Found the Lost Chord’, l’on peut également trouver d’autres moments assez réjouissants comme la séquence qui réunit Johnnie Johnston, Esther Williams et la jeune et talentueuse Sharon McManus (la petite fille qui dansait avec Gene Kelly dans Escale à Hollywood – Anchors Aweigh), ‘S'nNo Wonder They Fell in Love’ de Sammy Fain, chantée lors d’une ballade en traineau dans les magnifiques paysages de l’île de Mackinac dans le Michigan, lieu que les adorateurs du film culte Quelque part dans la temps (Somewhere in time) de Jeannot Szwarc connaissent bien, ce mélodrame fantastique y déroulant toute son intrigue. Alors que dans ce dernier film on ne voyait ces paysages que le temps d’une saison, celui de Thorpe permet d’en découvrir les beautés sous la neige et sous le soleil estival. Enfin, pour les amateurs d’anecdotes, sachez que la piscine du Grand Hôtel se situant sur cette île porte le nom d’Esther Williams suite au tournage des séquences nautiques sur place.

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Alors qu’Esther Williams prouve une nouvelle fois qu’elle était une plongeuse et une nageuse hors-pair en plus d’être une femme à la beauté sculpturale, le numéro aquatique signé Stanley Donen est loin d'atteindre les sommets de ceux qu’ont dirigés ou dirigeront Busby Berkeley, Robert Alton ou Jack Donohue dans les autres films où elle évoluera, à commencer par ceux extrêmement spectaculaires que l'on trouve Bathing Beauties (Le Bal des Sirènes) ; peut-être à cause de l’état de la comédienne qui était enceinte lors du tournage du film de Thorpe ?! Malgré la minceur d’un ensemble routinier et sage, le petit charme désuet qui se dégage du film fait que l’on ne s'y ennuie pas grâce aussi à la compétence - sans génie - du réalisateur, aux talents des équipes de la MGM, à un bébé assez inénarrable, au mignon chihuahua de Xavier Cugat, et enfin à un Technicolor qui ravit toujours autant les yeux. A réserver néanmoins à des spectateurs ‘avertis’, amateurs de guimauve !


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Chanson païenne (Pagan Love Song - 1950) de Robert Alton


Hazard Hendicott (Howard Keel), instituteur dans l’Ohio, a entendu parler des paradisiaques Mers du Sud et rêve de s’y rendre. Cela tombe bien, il vient d’hériter d’un de ses oncles d’une plantation de noix de coco à Tahiti. L’excuse est toute trouvée pour changer de vie. En arrivant sur place, il fait la connaissance de Mimi (Esther Williams) qu’il prend pour une ‘indigène’ et à qui il demande d’être sa servante alors qu’elle est en fait une métis née de parents très riches. Elle ne fait cependant rien pour le lui dire, voulant ainsi se venger de son arrogance envers les ‘natives’. Alors qu’elle disait s’ennuyer d’être constamment ‘en vacances’ et ayant eu dans l’idée de partir parcourir le monde, la venue de ce bel américain va lui faire retarder sa décision…

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Cette comédie musicale de Robert Alton traine derrière elle une sale mais injuste réputation, pas moins que celle d’être la plus mauvaise tournée sous l’égide de la célèbre Freed-Unit, l’équipe conduite par Arthur Freed à la Metro-Goldwin-Mayer qui est à l’origine des plus grands classiques du genre pour le studio du lion ; les plus renommées sont signés Vincente Minnelli, George Sidney, Charles Walters ou Stanley Donen, avec pour exemple pas moins que Un jour à New-York (On the Town), Un Américain à Paris (An American in Paris), Chantons sous la pluie (Singing in the Rain), Tous en scène (The Band Wagon) ou encore Brigadoon… pour ne citer que les plus célèbres. Certes il est évident que face à ces mastodontes louangés à juste titre, Pagan Love Song fait très pâle figure ; le film est évidemment très mineur mais de là à le considérer aussi mal, je ne saurais être aussi catégorique, le trouvant par exemple bien plus digeste et sympathique que des puddings tels Ziegfeld Follies ou Till the Clouds Roll by (La Pluie qui chante).

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Alors incontestablement le scénario est d'une rare indigence, une suite ininterrompue de clichés, de bons sentiments et de situations risibles, certes les costumes et décors rivalisent de kitsch… Mais nous sommes à Tahiti (filmé sur la magnifique île de Kauai à Hawaii) avec ses couchers de soleil romantiques, sa mer bleue turquoise, ses plages de sable blanc, ses palmiers, ses ‘indigènes’ constamment joyeux et ses gentilles (et jolies) vahinés qui sont donc bien évidemment de la partie. Tout ceci pourrait prêter à sourire (et beaucoup en sortiraient probablement hilares à force de moquerie) et pourtant pour ceux qui apprécient ce genre de spectacle et qui savent à quoi s’attendre, le visionnage de ce film est un véritable régal : le dépaysement et l'exotisme hollywoodien dans toute leur splendeur, le divertissement pur et dur sans aucunes autres arrières pensées ! Une succession de chansons, de danses (étonnante et superbe séquence de la hula tahitienne avec danseurs-acrobates ahurissants de souplesse et une musique uniquement faite de percussions), de sourires, de couleurs, de bonne humeur et d'humour bon enfant. Dommage cependant que Stanley Donen n’ait pas été derrière la caméra comme prévu au départ car la mise en scène du chorégraphe Robert Alton s’avère un peu fade ; il faut dire que ce dernier a été un peu forcé d'endosser la casquette de réalisateur alors qu'il n'avait rien demandé et que le tournage fut parfois cauchemardesque en raison d’épouvantables conditions météorologiques. Il retournera ensuite à ce qu’il savait parfaitement bien faire, la chorégraphie, s’occupant par exemple de celles de The Belle of New York de Charles Walters, White Christmas (Noël Blanc) de Michael Curtiz ou encore There's No Business Like Show Business (La Joyeuse parade) de Walter Lang, tous superbes au moins de ce point de vue.

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Esther Williams ayant souffert des quolibets de Stanley Donen et Gene Kelly quant à son manque de talent sur les plateaux de tournage de l’euphorisant Take me out to the Ball Game (Match d'amour), la sculpturale nageuse hollywoodienne refusa de tourner une autre fois avec le grand cinéaste - d'où le choix de Robert Alton. Quoiqu’il en soit, dans son deuxième ‘musical exotique’ après On a Island with you de Richard Thorpe, elle s’avère à nouveau très piquante,tout à fait ravissante en paréo et nous octroie quelques très belles séquences 'sous-marines' dont un long et surréaliste ballet nautique final. Howard Keel et sa puissante voix de baryton suscite toujours autant la sympathie et le couple qu'il forme avec sa partenaire nous entraîne à sa suite dans cet océan de naïveté qui arrive parfois - à condition une nouvelle fois de savoir et d’accepter par avance ce qu'il en est - à faire le plus grand bien. Il s’agissait seulement du deuxième film de Howard Keel après le survolté Annie reine du cirque (Annie Get your Gun) grâce auquel il fût promu vedette du jour au lendemain dans la peau de ce poseur fanfaron et arrogant, personnage qu’il reprendra quasiment à chaque fois avec beaucoup de bonhomie et énormément d’humour, très doué dans l'auto-dérision. La MGM l’avait alors embauché pour faire concurrence au baryton de la Warner, Gordon McRae, et elle avait fait le bon choix ; s’ils chantent tous deux aussi bien, Howard Keel possède des talents de comédiens bien supérieurs à ceux de son concurrent, témoin ici même sa capacité à nous faire éclater de rire lors de son arrivée en sarong dans une réunion de l’élite des ‘notables’ de l’île tous en costumes. A noter aussi l’une des premières apparitions de Rita Moreno qui sera surtout connue par la suite pour son rôle dans West Side Story de Robert Wise (‘I’d Like to be in America’).

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"All my life's been one long vacation and I'm bored" se plaint le personnage interprété par Esther Williams : qu’elle n’hésite surtout pas à échanger avec notre situation si ça lui pèse autant ! En attendant, pour vous faire croire déjà en congés d’été, n’hésitez pas à revenir sur les chansons certes pas forcément inoubliables mais cependant toutes éminemment sympathiques du film écrites par le duo Harry Warren/Arthur Freed, surtout ‘The House of Singing Bamboo’ – mélodie au départ écrite pour The Harvey Girls - par Howard Keel et Rita Moreno, ‘Just Singing in the Sun’ que chante Howard Keel en parcourant l’île à vélo, ‘Etiquette’ au cours de laquelle il est accompagné de trois enfants ou encore ‘The Sea of the Moon’ que nous susurre à l’oreille le couple du film qui sera à nouveau réuni à plusieurs reprises et surtout pour le très amusant Jupiter’s Darling (La Chérie de Jupiter) de George Sidney en 1955. L'usine à rêve, comme on a souvent appelé Hollywood, ne pouvait sous cette appellation que nous offrir ce genre de spectacles en Technicolor ; nous ne sommes pas encore prêts de nous en lasser !

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La Première sirène (Million Dollar mermaid) - Mervyn LeRoy

Australie, fin du 19ème siècle. Annette Kellerman (Esther Williams) a eu la polio très jeune ; depuis elle n'a jamais pu retrouver l'usage normal de ses jambes, elle qui rêvait pourtant d’une carrière de danseuse. Elle va néanmoins en cachette tous les matins nager dans le plan d’eau près de chez elle ; le jour où son père (Walter Pidgeon) s’en rend compte, au lieu de la disputer comme elle pouvait s’y attendre, il la pousse à s’engager dans des compétitions de natation. Elle va vite remporter toutes les courses et se faire un nom sur le continent. Seulement son père doit déménager en Europe pour son travail ; sur le bateau qui les y conduit, ils font la rencontre de deux 'saltimbanques' (Victor Mature et Jesse White) qui vont proposer à Annette de la coacher afin qu’elle acquiert aussi la célébrité en Europe. Et effectivement, ce qui va la lancer c’est l’accomplissement d’un marathon nautique sur la Tamise jusqu’à Greenwich en passant dans le centre de Londres devant des milliers de spectateurs éberlués. Puis elle ira en Amérique se produire dans les fabuleux spectacles de l’Hippodrome de New York…

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En préambule à cette chronique sur ce biopic consacré à la sportive qui inventa la natation synchronisée et qui milita assez tôt pour les droits de la femme, rappelons rapidement de quoi était capable Mervyn LeRoy, réalisateur aujourd’hui un peu tombé aux oubliettes, ses œuvres étant désormais plus connues que lui. Souvenons nous qu'il fut quand même l'homme qui nous aura offert l'un des films les plus puissants du début des années 30, l'inoubliable Je suis un évadé (I was a Fugitive from a Chain Gang), l'un des plus célèbres films de gangsters avec Le Petit César (Little Caesar), l'une des meilleures et des plus grinçantes comédies musicales de la Warner avec Chercheuses d'or 1933 (Gold Diggers of 1933) ou encore l'un des films pré-code les plus réjouissants avec Three on a Match. Passé à la MGM en changeant totalement de ton et de style, beaucoup plus adapté au classicisme de la firme du lion, il nous aura encore octoryé de beaux moments de cinéma tels le superbe mélo romantique La Valse dans l'Ombre (Waterloo Bridge) ou encore ce sommet du film familial cher au studio, Les 4 Filles du Dr March (Little Women). Nous pourrions encore citer Ville haute, Ville Basse (East Side, West Side), superbe drame au prestigieux casting, ou Quo Vadis, intéressant péplum ne serait-ce que pour la composition halluciné de Peter Ustinov.

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Bien évidemment, cette imposante filmographie est inégale, ce qui n’empêche ce cinéaste d’avoir sa place tout à fait méritée dans les annales de l'histoire du cinéma. La Première Sirène (Million Dollar Mermaid) - certainement l’un des films les plus louangés avec Esther Williams – n’est pas une comédie musicale comme nous aurions pu le croire - il n'y a d'ailleurs absolument aucune chanson - mais un biopic sur la célèbre nageuse australienne des années 20, Annette Kellerman, qui fut aussi une 'star' du cinéma muet ainsi qu’une féministe avant l’heure, se battant par exemple pour pouvoir porter un maillot de bains une pièce à une époque où la pudeur trouvait cette tenue totalement indécente, notamment dans la société américaine très puritaine d'alors. Million Dollar Mermaid représente en quelque sorte pour Esther Williams ce que fut Les Pièges de la passion (Love me or Leave me) pour Doris Day, le film qui lui fit jouer autre chose que des comédies et qui mit en avant ses dons de comédienne dramatique. Mais si Doris Day prouvait alors qu'elle pouvait tout faire avec le même talent, Esther Williams manque quand même un peu de charisme pour ce genre de rôle même si elle s'en sort néanmoins très honorablement. Avec la mise en scène un peu trop timorée de Mervyn LeRoy - George Sidney ou Charles Walters auraient probablement tiré ce biopic vers de plus hauts sommets - qui parvient néanmoins à nous délivrer quelques superbes mouvements de caméra, ce sont les deux éléments qui empêchent Million Dollar Mermaid d'être autre chose qu’un très bon divertissement.

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Ce qui n’est déjà pas si mal surtout que tout y est quand même très solide ; le scénario est bien écrit, le Technicolor est superbe, les personnages très attachants surtout que le casting est très bien choisi à commencer par l’adorable enfant-acteur Donna Corcoran. Victor Mature plus fantaisiste qu’à l’accoutumé y interprète l'un de ses rôles les plus sympathiques, celui du manager au grand cœur un peu ringard, Jesse White apporte la petite touche humoristique – avec notamment son partenaire… kangourou -, David Brian (le manager de l’hippodrome amoureux de sa ‘sirène’) et Walter Pidgeon (le père d’Annette) complétant admirablement ce quatuor de personnages masculins. Quant à Esther Williams, elle est toujours aussi sculpturale, toujours élégante quelle que soit sa tenue - en robe de soirée, en robe de ville, en tenue décontractée ou en maillot de bain -, et nage toujours aussi divinement ; même si elle manque un peu de conviction dans son interprétation, elle seule pouvait interpréter d'une façon convaincante une nageuse hors-pair comme Miss Kellerman. A signaler que bien évidemment, Hollywood oblige, le film prend de grandes libertés avec la réalité et que par exemple, même si l’idée du scénariste est savoureuse, le chien Rintintin n’a jamais été découvert par 'Sullivan-Mature'. Hasard cocasse pour les amateurs de ‘Musicals’, le titre Neptune’s Daughter du film muet de 1914 au cours duquel dans La Première sirène Annette Kellerman a eu un grave accident sur le tournage suite à l’éclatement de l’aquarium géant dans lequel elle se produisait, rappelle évidemment celui d’Edward Buzell de 1949 avec… Esther Williams.

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Si la mise en scène de Mervyn Leroy manque d'un peu de fougue, en revanche les numéros aquatiques tranchent avec cette sagesse et emportent le morceau ; et c'est Busby Berkeley 'à la baguette' qui réalise une nouvelle fois une époustouflante performance et qui nous livre ici l'un de ses numéros ‘kaléidoscopiques’ les plus étonnants avec ‘Fountain and Smoke’, celui absolument prodigieux des descentes en toboggans suivi des plongeons à partir de trapèzes volants. Que ceux qui sont allergiques aux comédies musicales le sachent même si ça a déjà été dit plus haut : La Première sirène ne comporte donc aucune chanson, aucun élément kitsch et pourrait plaire au plus grand nombre contrairement aux autres films de l'actrice-nageuse. Me concernant, même si ma préférence se reporte sur quelques autres titres de sa filmographie (Dangerous when Wet de Charles Walters ou Bathing Beauty de George Sidney), je reconnais à celui-ci une intrigue qui utilise l'ellipse à merveille, très solidement réalisé par un Mervyn Leroy certes en petite forme mais toujours aussi professionnel. Un biopic aussi attachant que ses protagonistes, un film qu’Esther Williams a surement dû prendre plaisir à jouer d’autant que si Kellerman n’avait pas inventé la natation synchronisée, l’actrice n’aurait ensuite pas pu faire une aussi fastueuse carrière. Annette Kellerman fut ravie de l’interprétation d’Esther Williams alors que cette dernière intitula en 1999 son autobiographie ‘Million Dollar Mermaid’, le surnom qu’on lui donna par la suite. Très agréable !


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Easy to Love (Désir d'amour) : Charles Walters 1953


Ray (Van Johnson) est le gérant des Cypress Gardens de Floride, lieu paradisiaque où viennent se prélasser de riches touristes. Il fait travailler durement ses employés et notamment les filles qui doivent sans cesse durant des dizaines d’heures par jour se pavaner et se laisser photographier en plus de participer aux spectacles nautiques. Julie (Esther Williams) qui travaille pour lui depuis des années en a marre de ce rythme imposé et est sur le point de tout abandonner. C’est alors que Ray qui est secrètement amoureux d’elle décide de l’emmener faire une virée à New York ‘uniquement pour s’y reposer et s'y amuser’. Sauf que sur place il avait pris de nombreux rendez-vous pour mettre en valeur sa vedette. Agacée, Julie tombe dans les bras du premier venu, en l’occurrence Barry (Tony Gordon), un chanteur de cabaret qui la présente à un gros producteur. Bien évidemment la jalousie s’empare de Ray qui va tout faire pour récupérer sa sirène d’autant que cette dernière a également déjà un amoureux transi en Floride, son partenaire de natation, Hank (John Bromfield), qui ne rêve que de l’épouser. Un quartet amoureux qu’il va falloir faire éclater…

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3ème et dernier film de la collaboration entre Esther Williams et le talentueux Charles Walters après Texas Carnival et Dangerous when Wet (Traversons la Manche), Easy to Love a été tourné pour une bonne partie en Floride dans les magnifiques Cypress Gardens et est surtout réputé pour le numéro final mis en place par Busby Berkeley, un spectaculaire morceau de bravoure voyant une trentaine de personnes en ski nautiques effectuant des arabesques et figures acrobatiques avec Esther Williams en leur sein, des hors-bord, un hélicoptère, des tremplins ; il s'agit bien évidemment du clou du film qui a du coûter une somme assez colossale et qui s’avère être encore un coup de génie de ce maître de la chorégraphie ‘bigger than life’, auparavant aussi très bon réalisateur notamment durant les années 30 à la Warner. Après cette séquence ébouriffante dans le film de Charles Walters, il ne fera plus rien par la suite sauf une exception 10 ans plus tard, acceptant toujours pour ce même réalisateur de mettre en place les numéros de cirque également très étonnants de La Plus belle fille du monde (Billy Rose's Jumbo) avec Doris Day et Jimmy Durante.

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Pour le reste, c'est du vaudeville assez enlevé grâce surtout au couple Van Johnson et Esther Williams – déjà ensemble à deux reprises, dans Thrill of a Romance et Easy to Wed - qui relève de la pure Screwball Comedy, les deux protagonistes (patron et employée) faisant semblant de se détester tout du long et de provoquer la jalousie de l'autre pour mieux se tomber dans les bras au final. Van Johnson est parfait en macho assez odieux faisant travailler ses employés d’arrache-pied et son duo avec Esther Williams fonctionne à merveille ; l’actrice, indécente de beauté, souvent vilipendé pour son manque de talent dramatique, a d’ailleurs l’occasion ici de prouver le contraire et nous dévoile son humour et son aptitude pour la comédie, son personnage moins ‘bourgeois’ que la plupart des rôles lui ayant été auparavant attribué lui ayant permis d’être tour à tour froide, enthousiaste, énervée, pétulante et enamourée, toujours avec la même conviction. Il s’agirait d’ailleurs de son film préféré alors même que le tournage dû être éprouvant par le fait qu’elle ait été enceinte à ce moment-là. Un extrait de leurs savoureux duels de punchlines ; alors que Ray/Van fait la remarque suivante à Julie/Esther qui se plaignait de ses conditions de travail et de son 'exploitation' : "Most girls would cut off their arm to be in your position", son employée lui rétorque "This girl would like to cut your throat."

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Dommage en revanche que les seconds rôles soient aussi fades, que ce soit Tony Martin ou John Bromfield, les deux autres membres du quatuor amoureux. Sinon nous nous amuserons à essayer de reconnaitre Carroll ‘Baby Doll’ Baker dans son premier rôle et apprécierons le cameo de dernière minute de Cyd Charisse qui apparait quelques secondes auprès de Tony Martin, son époux à la ville. Au menu du programme musical - puisque avec Tony Martin au générique, il était évident qu’il y aurait tout un panel de chansons -, les sympathiques ‘Coquette’ et ‘Didja Ever’ mais surtout une délicieuse ‘That's What a Rainy Day Is For’ reprise par tout un groupe de gentilles vieilles dames ne s’offusquant absolument pas de clamer à tue-tête qu’un jour pluvieux est un jour idéal pour faire l’amour. Outre ces quelques chansons bien sympathiques, n’oublions quand même pas la plus importante, celle qui reprend le titre du film, écrite par Cole Porter et dont la mélodie rythme entre autre les quelques longueurs de nage qu’effectue Esther Williams au milieu d’une piscine d’une longueur ahurissante et d’une forme extravagante à l’image des numéros concoctés par Berkeley qui n’a jamais manqué d’imagination tout au long de sa carrière. Il est quand même dommage que Van ‘Brigadoon’ Johnson n’ait pas été mis à contribution concernant le chant, discipline pour laquelle il n’est pas mauvais du tout ; j’oserais même dire me concernant que sa voix passe aujourd’hui beaucoup mieux que celle bien trop suave de Tony Martin.

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D’autres numéros colorés dont celui excellent avec Esther Williams grimée en clown, un exotisme dépaysant pour un très honnête divertissement rendu encore plus attrayant par l’utilisation du Technicolor qu’on dirait inventé pour les films avec Esther Williams : on ne se lasse pas de sa garde-robe – dont la rose - et encore moins de ses ballets aquatiques dont celui en nage synchronisée avec John Bromfield au milieu de fleurs aquatiques ; de la part de Charles Walters qui venait de tourner coup sur coup deux petites merveilles comme Lili et Dangerous when Wet, on aurait peut-être pu s’attendre encore à mieux, mais en l’état les amateurs de comédies musicales kitschs et gentiment idiotes mais surtout très amusantes et remplies de numéros inouïs de grandiloquence devraient en sortir ravis. Pour ceux qui se demanderaient ce qu’est devenu ce lieu magique qu’est Cypress Gardens, après avoir été l’une des destinations principales des touristes et vacanciers en Floride, sa popularité commença à décliner dès l’installation dans la région d’un parc d’attraction Disney en 1971.
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Re: Les Comédies musicales

Message par everhard »

merci music man :wink:

et le coffret esther william a l'air bien sympathique :P
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Re: Les Comédies musicales

Message par Music Man »

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A TOI POUR LA VIE (when my baby smiles at me) de Walter Lang - FOX -1948
avec Betty GRABLE, Dan DAILEY, Jack OAKIE

Dans les années 20, un artiste de vaudeville alcoolique sombre dans la déchéance et manque de briser son ménage.

Il est rare que la Fox aborde de front un sujet sérieux dans ses comédies musicales des années 40. Autant les films des années 30 avec Alice Faye comportaient certains éléments de critique sociale, ceux des années 40 n’étaient en général que de rutilants shows n’ayant d’autres prétentions que divertir le public (ce qui est déjà louable en soi).
Néanmoins, on a vraiment l’impression que le réalisateur a eu le plus grand mal à gérer le grand écart entre le pur spectacle et une analyse de la déchéance d’un alcoolique. Le film comporte un bon lot de clichés et analyse très mal les raisons de la dépendance du personnage joué par Dan Dailey. Il se termine en outre par un happy end improbable et presque ridicule, quand l’artiste qui était ivre mort parvient à ressaisir in-extremis quand sa femme renonce au divorce et à danser d’un seul coup comme jamais. En fait, en dépit des invraisemblances et d’un scénario trop basique, c’est bien l’excellente interprétation des acteurs principaux qui sauve l’ensemble. Non seulement celle de Dan Dailey (nominé à l’oscar), pathétique dans son rôle d’artiste immature et influençable et également de l’excellente Betty Grable, qui fut pourtant si longtemps fustigée par les critiques cinématographiques. Les deux acteurs apportent une dimension humaine des plus touchantes à leurs personnages , à les rendre vivants et crédibles malgré toutes les faiblesses déjà signalées.
Sur un plan strictement musical le film est très décevant : les chorégraphies sont minables ! Est-ce pour apporter un peu de réalisme à cette évocation des spectacles de « burlesque » qui souvent ne devaient pas être bien emballant sur un plan qualitatif et se contenter de miser sur les clins d’œil et tenues sexy des danseuses. Le seul numéro mémorable présente une Betty Grable, en prostituée des faubourgs , affublée de colifichets et de plumes, se livrant à une danse assez osée qui frôle l’amateurisme . Sans le coté bonne fille de Miss Grable, le numéro serait même très vulgaire. Mais du coup, curieusement,je l’ai trouvé original et vraiment culotté dans la production hollywoodienne souvent trop aseptisée de l’époque.
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Re: Les Comédies musicales

Message par Music Man »

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FOLIES TRANSATLANTIQUES de Benjamin STOLOFF (transatlantic merry-go-round) USA - United Artists-1934
Avec Gene RAYMOND, Nancy CARROLL, Jack BENNY, Patsy KELLY

Pendant une croisière, un crime est commis dans la cabine de la vedette du show : qui est l’assassin?

Il n’y a pas de temps mort pendant cette croisière où se croisent artistes de music hall, truands, voleurs de bijoux, assassins, maris jaloux et femmes volages dans un climat pré-code.
Le film se laisse voir agréablement. Si les chansons ne sont pas du tout mémorables (on y voit les sœurs Boswell), un grand numéro musical vers la fin du film, très inspiré des chorégraphies de Busby Berkeley est absolument admirable. On peut même dire qu’ici Sammy Lee parvient à égaler le maître , avec la même précision dans les tableaux de girls filmés en plongée et le même délire visuel : ici, des danseurs jettent en l’air des femmes presque nues, ou les font tourner comme des cordes à sauter avec une synchronisation parfaite : un sacré numéro!
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Re: Les Comédies musicales

Message par Music Man »

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CAIEN ET MABEL ( Caien and Mable) de Lloyd Bacon -WB-1936
Avec Clark GABLE et Marion DAVIES

Un producteur astucieux monte de toutes pièces une romance publicitaire entre une nouvelle vedette de Broadway et un boxeur.

Même si la carrière de Marion Davies, grande star du muet, était sur le déclin, l’appui de son mentor Hearst lui permit de s’offrir Clark Gable, le roi d’Hollywood , comme partenaire dans cette sympathique comédie musicale.
Même si l’intrigue n’a vraiment rien d’original, on se laisse porter par le talent et le charisme des interprètes et ce savoir faire si particulier qui conférait à de nombreuses comédies de l’époque un charme qui opère toujours. Le passage où les producteurs essaient de retenir de force Marion qui tente de s’enfuir du théâtre et court comme une folle en traversant la scène est particulièrement drôle.
Marion Davies chante mal et n’est vraiment pas très douée pour la danse (elle est ici souvent doublée, et les raccords ne sont pas trop bien faits). Elle s’en tire par contre honnêtement dans un numéro dansé comique où le manque d’expérience (elle fut pourtant jadis une girl des Ziegfeld!)de l’actrice est moins gênant.
Quelques tableaux avec moult jolies figurantes, des décors immenses et de jolies chansons comme la sérénade «  a rose in her hair » .
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Re: Les Comédies musicales

Message par Music Man »

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BIG FELLA de JE WILLS -GB -1937
Avec Paul ROBESON, Elizabeth WELSH

Un ancien marin qui traîne sur le port est engagé par la police pour retrouvé un gosse qu’on a kidnappé. Par hasard il tombe dessus, mais l’enfant a en fait fugué car il s’ennuyait chez lui et ne veut pas retrouver sa famille.

Tout petit film à l’intrigue particulièrement stupide. Le merveilleux chanteur black Paul Robeson est réduit à jouer les imbéciles au grand cœur dans un Marseille de pacotille où les figurants tentent de prendre l’accent français. Heureusement, il case 5 chansons, et sa voix est fabuleuse , notamment pour l’adorable « berceuse nègre » qui fut reprise en français par Germaine Sablon.
A ses cotés, Elizabeth Welsh, une chanteuse dont la carrière fut très longue en Angleterre.
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Sybille
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Re: Les Comédies musicales

Message par Sybille »

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Nancy goes to Rio / Voyage à Rio
Robert Z. Leonard (1950) : 6/10

Une comédie musicale de second plan plutôt agréable. Les acteurs sont dans l'ensemble sympathiques, l'histoire traîne un peu en longueur mais parvient à rester distrayante. Le scénario est tout de même plus qu'improbable et fait doucement rigoler, mais évidemment on est en 1950 à la Mgm ! Passons outre sur la faiblesse et le ridicule de l'histoire pour nous concentrer sur le plus important, c'est à dire bien sûr les numéros musicaux. Là réside la bonne surprise, car ils sont, d'accord pas excellents, mais néanmoins plus qu'acceptables ! Je retiens en particulier la danse des ombrelles de Carmen Miranda, d'une frénésie rythmée très drôle, ainsi que le numéro final de Jane Powell dans une jolie robe rose. Il se trouve d'ailleurs que je suis de moins en moins réticente au style de voix de cette dernière, voilà bien une chose qui m'inquiète ! :mrgreen:
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Re: Les Comédies musicales

Message par everhard »

nan nan je te comprend :uhuh:
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