Tuez Charley Varrick (Don Siegel - 1973)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Avatar de l’utilisateur
shubby
Assistant opérateur
Messages : 2683
Inscription : 27 avr. 08, 20:55

Re: Tuez Charley Varrick (Don Siegel - 1973)

Message par shubby »

Sympa le papier, merci :)

Je me permets : découvert à l'instant via le dvd de bac films qui traînait sur (dans) ma pile depuis un bail.

Un très bon film, en effet, qui, s'il vieillit très bien, souffre des emprunts multiples qui ont eu lieu depuis. Un casse où des malfrats chouravent par erreur les brouzoufs de la mafia, c'est devenu un poncif de chez Poncif & fils !

Je n'ai pas pu m'empêcher de m'esclaffer quand la voiture a explosé. Rien de rédhibitoire là-dedans, c'est juste qu'à cet instant j'ai pensé au début du The Party d'Edwards. Ds le film de Siegel, des mecs tchatchent au premier plan & l'explosion a lieu à un moment précis, au loin ds la montagne. L'explosion ponctue un échange au bon moment. C'est diablement bien planifié quoi, à l'époque on ne collait pas des cgi ds le fond pour faire boum. Et de m'imaginer Peter Sellers en train de faire ses lacets sur le détonateur 5 minutes avant. Laissez, ça va passer ^^

C'est très bon, j'adore Matthau depuis Le flic ricanant - tjrs pas vu Les pirates du métro, seulement le remake - la nonchalance très Hammettienne de son personnage me parle - les actes le définissent, le "taillent" - et tout est réglé comme du papier à musique là-dedans. En bonus sur le support, le regretté Alain Corneau en parle merveilleusement bien et avec une passion 'achement communicative.

La partie sur l'indépendance de tt un chacun fonctionne encore très bien. On se sent soudain moins libre après ce film, plus clairvoyant - un peu moins con. Encore que le rapport aux femmes peut jouer. L'indépendance, ce peut être la séparation, le retour case départ. Le gars "enterre" sa femme comme un écrivain tue un personnage féminin pour se venger virtuellement du sexe opposé. Y'a un trucmuche, là, tout le début est archi violent. Y'a débat. Et puis liberté vis à vis de quoi ? L'état ? L'entreprise ? Sans répondre forcément à la question, la poser fait du bien, quoi qu'il en soit. En cela que tout ceci, via le polar, semble marquer l'étape de la vie d'un homme, étape qui peut causer à un paquet de chromosomes xy. Le réalisateur se retrouve ds le scénario, le spectateur itou - c'est un film pour nous les z'hommes.

J'ajouterais juste un truc qui m'a frappé : le cousinage manifeste d'avec le No Country for Old Men des Coen. Inexorabilité, cambrousse, temps qui passe... ce tueur qui passe, lui aussi, avec ce même humour noir. On trouve évidemment la valise pleine de blé, la chasse à l'homme etc, mais par dessus tout ce sont surtout les enfants éparses qui émaillent le métrage qui enfoncent le clou - le lien. Marque d'une innocence passée ou enfantillages qui perdurent, je ne sais pas encore très bien. L'écho est bien réel.
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22137
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Re: Tuez Charley Varrick (Don Siegel - 1973)

Message par Supfiction »

bruce randylan a écrit :Seule fausse note à mes yeux, la scène où Matthau couche avec la secrétaire. A part ça, c'est du tout bon. :)
Une scène très étonnante vue de 2018. On se demande ce que ça apporte au récit et la facilité avec laquelle Matthau couche avec elle, le plus naturellement du monde, réjouit et surprend dans notre monde post-weinstein. :mrgreen:

Pour le reste, vu hier et j’ai bien aimé. Vu la façon dont le film est vanté par les cinéphiles, je craignais un film un peu chiant et en fait non, c’est un polar à la fois simple et prenant. J’aime beaucoup aussi ses moments de calme (la discussion autour des vaches, l’introduction dans un monde beau et heureux) et la violence retenue. Que des trucs qu’on ne voit plus aujourd’hui dans ce genre de film.
Répondre