Tuez Charley Varrick (Don Siegel - 1973)

[El Panda]

J'avoue une pointe de déception devant le film dont j'entends parler depuis si longtemps (trop, sans doute).

Après vision, je préfère largement le gothique des PROIES, l'angoisse urbaine d'un DIRTY HARRY ou même la sécheresse de L'EVADE D'ALCATRAZ - et sans pour autant être spécialement fan d'Eastwood, hein...
Ce VARRICK, non sans qualités (faut pas charrier non plus) m'a semblé un peu trop relaché au niveau de la tension et un brin simpliste dans son déroulement. Comme si l'intrigue avait moins intéressé le réalisateur que ses multiples ramifications esthético-politiques (toutes fort bien référencées dans le bonus par un Corneau qu'on sent fan et grand passionné).

Pas mauvais, loin de là, mais à mon sens inférieur à ses oeuvres maîtresses et certainement pas sa meilleure comme on me l'avait un peu vite vendu. Peut-être une deuxième vision me fera-t-elle réviser ce lapidaire jugement ?...

[bruce randylan]

Adoré pour ma part

Scénario redoutable qui arrive à garder juste ce qu'il faut de longueurs d'avance sur le spectateur pour qu'on n'anticipe une partie seulement des rebondissements tout en évitant de tomber dans le film à twists. Il y a des moments où on devine les grands lignes du projets de Walter Matthau sans en connaître les détails et d'autres passage où on l'on se dit qu'il est en train de commettre des maladresses. Et on est stupéfié par la vision tentaculaire de la mafia qui possède une ramification étourdissante. J'aime beaucoup le naturel où le texan croise et échange avec des asiatiques, des prostituées ou des contrebandiers comme si tous cela était évident et coulait de source. Je dirais même que cela est assez moderne de montrer une mondialisation (criminelle) avancée à ce point là, sans distinction d'origines ou de professions.

L'économie et la sécheresse de la mise en scène de Siegel est d'une rare fluidité et avec trois fois rien, le cinéaste maintient une tension permanente. il faut dire qu'avec une absence fréquente de dialogues, ses paysages désertiques ou vides, le film a quelques chose d'existentielle (Walter Matthau passe son temps à (é)changer d'identité pour ainsi dire). Il y a d'ailleurs une scène simple mais qui dégage une rare puissance mélancolique et introspective ; celle où un responsable de la mafia retrouve le directeur de sa banque et dialogues devant un champ où broutent des vaches. Ca a l'air de rien mais l'élégance du travelling, la longueur de la prise, la tonalité des échanges, le sens du cadre, l'ironie de la scène confère au moment quelques chose d'absolu et d'intimidant.

Plus une excellente interprétation, une musique épatante du père Lalo, la précision du timing et du découpage... Seule fausse note à mes yeux, la scène où Matthau couche avec la secrétaire. A part ça, c'est du tout bon.

[Jeremy Fox]

Ne s’embarrassant d'aucune psychologie, Siegel signe une fois encore un polar dégraissé d'une clarté d'écriture qui confère à son film une fluidité qui fait énormément de bien. Casting magistral (Walter Matthau mais aussi peut-être plus encore John Vernon et Joe Don Baker charismatiques à souhait, mais aussi très content de retrouver Felicia Farr), musique de Schifrin qui ne l'est pas moins, superbe utilisation des paysages, ironie et crudité plutôt bienvenues... Manque peut-être un peu d'âme à mon goût (aucun des personnages n'étant vraiment attachant) mais néanmoins sacrément réjouissant. Le polar des années 70 dans toute sa splendeur.

[Rick Blaine]

[Alexandre Angel]

Joe Don Baker y est un des plus grands fumiers que j'ai vu dans un film américain.

[Julien Léonard]

Et je ne comprendrais jamais pourquoi John Vernon n'a pas été plus populaire que cela dans les années 1970... Cet acteur possède un charisme formidable, un jeu très fin, et donne également beaucoup d'énergie à ses compositions, beaucoup d'élégance. C'est un excellent acteur, souvent très étonnant (cf The Black Windmill, Topaz...).

[Rick Blaine]

Et je ne comprendrais jamais pourquoi John Vernon n'a pas été plus populaire que cela dans les années 1970... Cet acteur possède un charisme formidable, un jeu très fin, et donne également beaucoup d'énergie à ses compositions, beaucoup d'élégance. C'est un excellent acteur, souvent très étonnant (cf The Black Windmill, Topaz...).

Je suis tout à fait d'accord.
Et j'en profite pour rebondir sur les titres que tu cites pour en rajouter une couche sur The Black Windmill que je trouve absolument remarquable, ce film est trop méconnu.

[Jeremy Fox]

Et je ne comprendrais jamais pourquoi John Vernon n'a pas été plus populaire que cela dans les années 1970... Cet acteur possède un charisme formidable, un jeu très fin, et donne également beaucoup d'énergie à ses compositions, beaucoup d'élégance. C'est un excellent acteur, souvent très étonnant (cf The Black Windmill, Topaz...).

C'est exactement ce que je me suis dit hier soir ; c'est vraiment lui qui m'aura fait la plus forte impression.

[Jeremy Fox]

The Black Windmill

Ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd.

[Commissaire Juve]

The Black Windmill

Ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd.

Le commissaire toujours dans les bons plans.

[Julien Léonard]

The Black Windmill est un excellent thriller qui se situe entre le film d'espionnage des années 1960 et le polar nerveux des années 1970 (il est même davantage proche de cette deuxième mouvance). La musique de Roy Budd est superbe, les scènes d'action courtes mais intenses, le scénario très bien écrit, l'ensemble sans graisse (du pur Don Siegel dans la grande tradition de ce qu'il faisait depuis la fin des années 1960)... Sans oublier un Michael Caine que l'on pense d'abord éteint, pour ensuite deviner une prestation en réalité bien plus fine et en adéquation avec son personnage que ce que l'on pouvait penser au premier abord (Caine incarne un agent qui a toujours caché ses émotions, d'où le détachement affectif parfois glacial qu'il peut dégager).

Ce n'est pas du niveau de Madigan ou de Dirty Harry (définitivement dans mon top 5 Siegel, avec A crime in the streets, Invasion of the body snactchers et The verdict), mais c'est à mon sens équivalent à Tuez Charley Varrick. Un très bon moment d'épure stylistique, relevé d'un suspense souvent renouvelé. Et John Vernon y fait merveille.

La dernière ligne droite est aussi sèche que les MAC-10 qu'elle fait rugir.

[Jeremy Fox]

Pour n'avoir pas encore cherché, je n'avais pas fait le rapprochement avec le titre français. Je l'ai vu à l'adolescence mais plus aucun souvenir. Je suis quasi certain que ça va me plaire


Hop, dans la panier.

[Pendragon]

Voilà un genre de films que je ne me lasse de revoir.
Contrairement à ce qu'on a dit sur les personnages pas attachants du récit, je trouve le personnage de Matthau assez charismatique. On souhaite qu'il s'en tire. Ouais bon, c'est un voleur (de banque)...mais pas un foutu sadique d'assassin comme le personnage de Joe Don Baker qui n'épargne personne. Ce mec tue, insulte ou avilit les gens qu'il croise; un gros bourrin ignoble . Il fait peur et c'est son rôle.

Andrew Robinson est excellent dans le rôle de p'tit con violent avec peu de cervelle; pas sympa pour un sous.

Je suis très content de l'éditeur BAC qui nous permet d'apprécier le spectacle; une édition de qualité qui respecte l'oeuvre. Tout le contraire de Universal zone 1...beurk!

[Johnny Doe]

Il y a d'ailleurs une scène simple mais qui dégage une rare puissance mélancolique et introspective ; celle où un responsable de la mafia retrouve le directeur de sa banque et dialogues devant un champ où broutent des vaches. Ca a l'air de rien mais l'élégance du travelling, la longueur de la prise, la tonalité des échanges, le sens du cadre, l'ironie de la scène confère au moment quelques chose d'absolu et d'intimidant.

Exactement la séquence que je citerais pour ce très solide Charley Varrick. Ce long plan est génial, la position de Vernon sur le portail, cette "supériorité" dans la composition que Siegel va accentuer au fil du dialogue avec un simple travelling avant et en même temps que la manipulation et le cynisme de Vernon se fait plus évident, le soleil quitte lentement la plaine jusqu'ici lumineuse. Absolument tout est dit dans les rapports entre les deux personnages, sans parler de charisme phénoménale de Vernon lors de cette séquence (et en général aussi).

Pour le reste c'est un sacré bonheur de mise en scène avec Siegel qui monte des séquences de tensions en 2-3 plans, notamment l'ouverture absolument brillante, avec une sacré fluidité avant de mettre le spectateur à mal avec une action et une violence très sèche. Je suis plus réservé sur le scénario qui me semble un peu trop relâché, les rapports hommes / femmes pas super réussis et à la limite du grotesque (Matthau dans le lit de Felicia Farr) et un petit manque d'empathie pour les personnages.

Mais le film est rempli de petites idées brillantes qui élève les séquences : le fait de filmer l'entrée de Matthau chez la photographe d'un côté, celle de Baker de l'autre côté, Vernon qui discute en poussant une fillette sur sa balançoire, l'aspect tentaculaire de l'univers des gangsters et l'arrivée un peu décalée de Baker au bordel, la scène ou Baker va récupérer une voiture dont les traites n'ont pas été payées, etc. Il y a toute cette création d'un microcosme autour de son intrigue de base qui enrichit l'univers du film, mais en même affaiblit un peu la mécanique du scénario. Avec un peu de recul, pas sûr que ce soit une si mauvaise chose.

[Jeremy Fox]

Philippe Paul a chroniqué le film à l'occasion de sa sortie en BR chez Wild Side.