Max Ophüls (1902-1957)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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k-chan
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Message par k-chan »

Le Plaisir, de Max Ophüls (1952) [vhs canal+ vidéo]

Toujours difficile pour moi, de parler de mes découverte sur ce topic. Que dire sur un tel film ? Je ne sais pas, si ce n'est que c'est beau, beau, beau. 3 contes de Maupassant, que je n'ai jamais lu, mis en scène par Ophüls. Tout est si beau. On y parle des plaisirs de la vie, l'amour étant semble t-il au premier plan. Comment ne pas être sensible à ces histoires trites et joyeuses à la fois, soutenu par un casting magnifique, et des images qui ressemblent à de magnifiques tableaux ?
Scorsese citait une critique qui disait que montrer un film de Ophüls à une personne de moins de 30 ans est du gâchis. Gâchis ?
Au début du film, le narrateur (Jean Servais qui prête sa voix à Maupassant) dit être inquiet de raconter des histoires si anciennes à des gens si modernes. Je tiens donc à dire à cette critique, qu'il y ai gâchis ou non, et au narrateur inquiet, que pour moi, le plaisir était bien là.

Absolument magnifique.
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Major Dundee
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La dame de tout le monde (Max Ophuls, 1934)

Message par Major Dundee »

Je viens tout juste de le voir sur Ciné Classic.
Je suis complètement sous le charme mais je ne sais qu'en penser. Je ne saurais dire si c'est un des pire mélos que j'ai vu ? Un chef d'oeuvre ? Un petit film de commande ? En tout cas pour un film de 1934 je le trouve étonamment moderne. Que ce soit dans les trouvailles de mise en scène ou dans la direction d'acteurs. Il m'est arrivé que le jeu parfois frénétique des acteurs me fasse penser à du Zulawski (cela peut prêter à sourire mais je rappelle que cela date de 1934).
J'ai eu un peu de mal à accrocher pendant les dix premières minutes et d'un seul coup, miracle, la mayonnaise commence à prendre et ensuite on va de surprise en surprise. J'ai aussi pensé à Bunuel. Quant au personnage du père (je ne connais pas l'acteur) il m'a fait penser à certains rôles de Lon Chaney en clown triste et en amoureux bafoué notamment.
Bref, je recommande chaudement cette curiosité que je ne connaissais pas en espérant toutefois que toutes les choses que j'y ai vu étaient bien sur l'écran et pas seulement dans ma tête :lol:
Lylah Clare
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Message par Lylah Clare »

On pourra vérifier, il repasse bientôt :wink:
bruce randylan
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Message par bruce randylan »

Si quelqu'un pouvait me l'enregistrer, je lui serai profondément reconnaissant. :)
Merci d'avance...
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Alligator
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La ronde (Max Ophüls, 1950)

Message par Alligator »

La ronde (Max Ophüls) 1950 - 8/10

Image

Mon deuxième Ophüls, après Le plaisir que j'adule, est un authentique petit poème mais drapé dans de sages intérieurs, et cadenassé par un scénario volontiers léger qui fait la part belle aux numéros de paires d'acteurs.
Et la troupe de comédiens est éloquente : ceux que je connaissais déjà et qui continuent d'impressionner, Gérard Philippe, Danièle Darrieux, Jean-Louis Barrault, Odette Joyeux, Daniel Gelin, Fernand Gravey, Simone Simon (mamma mia!), Serge Reggiani et Simone Signoret, merde, quel casting! Excusez du peu! Et ceux que je découvre, comme cet olibrius d'Anton Walbrook, narrateur et passeur de souffle amoureux, témoin des amours naissantes et mortes, présentateur et premier spectateur, nous appelant à témoins dans cette Ronde des amoureux, tenant son rôle de Cupidon avec classe et élégance.
Les décors en carton pâte donnent une teinte charmante grâce à de savants dosages de la lumière, à des mouvements de caméra et des cadrages maîtrisés de bout en bout. De l'Ophüls tout craché : une technique impeccable, des plans riches en lumières et ombres, en détails anodins, le tout poétisant l'image pour mieux poser le jeu de ses comédiens dans une sorte de naturalisme moderne plaisant.
-----
Malheureusement l'édition dvd "Cinéclub" ne rend pas hommage à l'image comme au son de ce charmant spectacle. Certains passages manquent cruellement de netteté.
kayman
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Message par kayman »

Le film est superbe, rien à dire la dessus, mais j'ai du mal à supporter la chanson titre qui revient (dans mes souvenirs en tout cas) sans arret.
Seul contre tous.
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Image
bruce randylan
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Max Ophuls (1902-1957)

Message par bruce randylan »

La tendre enemie ( 1936 )
Oeuvre mineur mais pas négligeable dans la filmo de Ophuls, c'est un film qu'on ne peut qualifier autre que "charmant".
Si ce n'est pas d'une immense profondeur, d'une subtilité raffinée ou d'une grande force émotionnelle, ça demeure une comédie vaguement fantastique qui parvient à divertir avec ironie et panache.
On y croise 2 fantomes ayant aimés la même femme ( l'un est le mari, l'autre l'amant ) se rendre au marriage de la fille de celle-ci et y évoquer leurs passés.
Chose étonnante vu le réalisateur, le film est centré sur les figures masculines et non sur un portrait féminin, qui de plus n'apparait jamais sous un jour flatteur... du moins jusqu'à la fin qui avec un pirouette bien venu, nous refait repenser tout ce qu'on pensait de ce personnage pour l'aborder sous un jour beaucoup plus tragique...
Entre temps, on sent le réalisateur assez embété par les trucages de surimpression des fantomes qui imposent une image fixe, lui qui adorait tant les mouvement virtuoses. C'est d'autant plus fragrant que les autres scènes sont tournés avec beaucoup plus d'inventivité et de poésie ( la pano 360° sur la mort du mari ; les flash-backs au décors défilant ; le passage avec le marin etc... ).
Cette contrainte technique empeche donc au film de décoller d'autant que le scénario fait l'impasse sur des aspects importants ( où est donc la fille en question dans les flash-backs ? ).

Reste donc la flambloyance de quelques moments, l'agréable humeur dans laquelle nous plonge les bons-sentiments délicieusement désuet et quelques sursaut émotionnels qui fort heureusement arrivent en fin de métrage comme le collage sonore des phrases des morts pour convaincre la mère de ne pas sacrifier le bonheur de sa fille.

A noter que le film est précédé d'une hallucinante présentation par bonhomme du genre "directeur des distributeur et exploitant de salles" qui nous vend le film comme une "fantaisie" unaniment salué par la presse mondiale qu'il faut savourer avec bonheur "d'autant qu'il est français... bien français !" :mrgreen:

et un copié-collé de 2 précedents avis

La dame de tout le monde
( 1934 )
Le cinéaste a déjà commencé son exil d'Allemagne et c'est donc en Italie qu'on le retrouve pour ce trés joli mélodrame qui annonce beaucoup ses futurs chef d'oeuvres de sa dernière période française. On pense surtout à Lola Montes dans le destin de cette femme de scène qui remonte dans ses histoires d'amour passés. La mise en scène est extraordinnaire : d'une fluidité et d'une virtuosité sans pareil, Ophuls utilise sa caméra comme un chef d'orchestre qui suivrait à la note prés la symphonie intérieur de ce personnage torturé. C'est souvent trés beau même si l'aspect dramatique est parfois trop exagéré pour émouvoir pleinement.

Libelei ( 1933 )
Pour savoir que ça faisait 10 ans que je rêvai de le découvrir, je n'ai pas été déçu ( même si pour une curieuse raison, je m'imaginai proche du lyrisme de l'Aurore ).
Ce qui surprend c'est l'incroyable direction d'acteurs qui parviennent à faire ressentir leurs sentiment avec une justesse qui ne peu qu'émouvoir.
Même si la caméra vibre moins avec ses personnages qu'elle ne le sera plus tard, Ophuls parvient à faire unir son film avec les sentiments des personnages qui oscillent entre fraicheur et gravité pour une dernière partie dont certains éléments seront repris plus tard dans Madame De....
Et puis Ophuls utilise avec magie la musique pour faire de son film une véritable symphonie où les émotions sont autant de notes.
Vraiment magnifique et portée par la grâce !
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Watkinssien
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Message par Watkinssien »

Max Ophuls est un maître du raffinement, de la souveraineté de l'élégance, de la puissance dramatique et du mouvement élancé du coeur.

J'adore ce pur chef-d'oeuvre qu'est Madame de ... (1953), mais je suis également en extase devant Lettre d'une Inconnue (1948), La Ronde (1950), Le Plaisir (1952) et Lola Montès (1955).

Il a concocté des mouvements de caméra qui m'ont fortement impressionné !
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Nomorereasons
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Message par Nomorereasons »

Max Ophuls c'est complètement merdique.
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Message par Strum »

yaplusdsaisons a écrit :Max Ophuls c'est complètement merdique.
En parlant d'Ophuls, toi qui est amateur de littérature, j'imagine que tu as dû beaucoup apprécier Madame de...., un film qui distille une atmosphère très littéraire. Au-delà des situations balzaciennes du film, je gage que c'est dû à l'épaisseur de ses personnages. Désolé de casser ta baraque, hein :mrgreen: .
Nomorereasons
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Message par Nomorereasons »

Je n'en sais rien, je n'ai quasiment rien vu d'Ophuls à part Le Plaisir il y a très longtemps, et La Ronde (dont je suis un heureux possesseur dans sa modeste collection "ciné-club" et je crois qu'il est devenu un peu difficile à trouver) que j'ai plutôt apprécié malgré un son qui mériterait un bon coup de plumeau. Quand j'aurai traversé ma période de vaches maigres je me prendrai ceux que l'on trouve chez amazon uk, ils ne sont pas excessivement chers...
Désolé de te casser la baraque aussi :mrgreen:
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Ouf Je Respire
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Message par Ouf Je Respire »

"Le Plaisir" est un film que je tiens très haut dans mon estime, car il est selon moi un jalon dans l'art de la mise en scène et de la virtuosité. Un peu comme un "M le Maudit", par exemple.
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bruce randylan
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Message par bruce randylan »

Je n'en rapelle plus du tout :(
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Message par Alligator »

Le plaisir. 10/10

Je ne connaissais pas Ophuls quand j'ai vu Le plaisir : j'étais sur le popotin! Je connaissais par contre les trois nouvelles de Maupassant dont le cinéaste nous propose ici les adaptations.
J'avais bien entendu parler de la qualité de ce réalisateur mais évidemment que je ne pouvais en mesure l'étendue qu'en visionnant un de ses films. Celui est plus que remarquable.

On est en 1952, mais on est cinématographiquement bien en avance sur ce temps : la caméra est en perpétuelle recherche de mouvements, de cadrages les plus sophistiqués et les plus rieurs en même temps. Entendez par là que quand on aperçoit la tête de Gabin dans le champ de blé quand il présente ses excuses à Mme Rosa (Danielle Darrieux), on voit les lignes naturelles brisées, on imagine bien quelqu'un faisant table rase des épis trop longs et qui cachent la tête pas encore désenivrée du menuisier!

Image

Et la gaieté, la joie qui respirent tout le long des saynètes semblent comme accompagnées par ces petites caresses du cinéaste, de sa mise en image chaleureuse et follement féconde!
De même ces longs travelling, qui suivent toujours et toujours les personnages, le long du chemin de fer par ex. les spectateurs ne veulent pas non plus que les dames de Mme Tellier s'en aillent, ils sont avec le menuisier qui court.

On est en 1952 mais on est surtout au beau milieu du XIXe siècle avec les personnages.

La caméra décolle du sol et monte quatre à quatre les escaliers de la maison Tellier et nous fait découvrir chacun, par l'interstice des stores vénitiens, ajustés au visage et aux gestes de tous! Pas une seule escarbille dans l'oeil du spectateur! Une oeuvre magistrale.

Et l'on est déjà abasourdi par la première scène, cette envie, cette folie qui court, qui danse, qui chahute et l'on suit avec cette caméra toujours virevoltant de droite à gauche, de haut en bas, les circonvolutions de cet homme masqué
Spoiler (cliquez pour afficher)
qui se révèle être un vieillard qui ne veut pas se laisser vieillir
.
On le suit dans les plans inclinés qui accompagnent sa montée des marches clodiquante jusqu'à sa vieille demeure.

Que dire de ces notables qui devant la maison close au sens propre s'en vont tristement dans la brume et sous des éclairages savamment doux regarder la mer et la lune... et dire : "c'est beau la nuit...
pffff... un samedi!"

Oui parce que ce film n'est pas seulement un chef d'oeuvre de maitrise technique, il est une magnifique adaptation de Maupassant, il est Maupassant! Il l'est avec le maraud qui tente d'abuser des dames dans le wagon et s'en voit expulser manu-militari par les donzelles, prostituées... mais pas putes! Des prostituées comme il faut! Peit coucou en partant d'un vieil homme rabroué aussitôt par sa femme : ce film respire le bon air chaud de l'été, la liesse de casser le quotidien, un film du voyage.

La voix-off n'a pas besoin de nous rappeler que le vent souffle sur les blés, on le voit, on sent l'odeur chaude des chaumes, on entend le vent dans les peupliers, on écoute les oiseaux.

De la même manière on n'a pas de mal à comprendre que ces dames ne trouvent pas le sommeil : "qu'est-ce que tu écoutes?
- Ce silence me casse les oreilles!"

On continue, on passe tout le film avec les personnages, on compatit, comme elles, on pleure à l'Eglise devant la Grâce tombée en l'instant. Nous sommes les autres gens de l'Eglise qui pleurent en les voyant en larmes, nous sommes le curé qui monte en chair et dit "Mes enfants, c'est le plus beau jour de ma vie!" Pas besoin d'être croyant pour être envouté par cette communion!

Jusqu'à la fin nous suivont les personnages. Même la jeune fille qui se défenestre, nous la suivons, nous tombons dans la véranda, comme nous l'avons suivi dans l'escalier, avec son ombre sur les marches, son bras qui ouvre la fenêtre!

Bordel à queue! Quelle invention! Quel génie de la mise en image! Quelle adresse! Quelle maestria chez Ophuls! J'aime! J'en ai encore des frissons! Toujours.
Vincent25

Message par Vincent25 »

astral_week a écrit :Y aurait-il une bonne âme pour me faire une copie de "Madame de..." que je pourrai faire à mon tour à l'un d'entre nous et ainsi de suite... :D (je ne sais pas si les copies se détériorent ?)
dommage que je lis ton message seulement aujourd'hui, j'ai vu MADAME DE
il y a deux jours que j'avais enregistré sur France 3 (chez Brion) ...et je viens de l'effacer.

Mais rassures-toi, tu ne rates rien, j'adore Max Ophuls (en particulier
LE PLAISIR => un pur chef d'oeuvre !) mais avec ce MADAME DE, il s'est vraiment planté , c'est une bluette, un vrai navet (je ne suis d'ailleurs pas allé jusqu'au bout tellement cela a mal vieilli ), pour les mamies de 80 ans qui veulent un pastiche des feux de l'amour et encore, même l'interprétation de Darrieux (discutable) ne sauve pas le film !
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