Max Ophüls (1902-1957)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Kurtz

Message par Kurtz »

ratatouille a écrit :Caught de Max Ophüls : c'est le 2ème film du bonhomme que je découvre cette semaine, et je reste ébahi en constatant à quel point sa mise en scène est maîtrisée : caméra constamment en mouvement, très fluide, suivant les personnages au plus près de leur évolution.
Et tout cela au service d'une histoire forte....en l'occurence, celle-ci m'a moins touché que celle de Lettre d'une Inconnue (ce qui est normal, étant donné que ce film-ci est plus tragique par essence) mais m'a malgré très intéressé.
Robert Ryan est parfait en "méchant" mari, James mason avait vraiment la classe (et une voix superbe) et Barbara Bel Geddes est très juste.

Bref les gars....quels autres films d'Ophüls me conseilleriez-vous ?? Parce que si toute sa filmo est du même tonneau, je sens qu'il va me plaire le bonhomme. ;)
les connaisseurs te diront sans doute que sa période française est sa meilleure.
Et comme le seul film français de lui que j'ai vu est la ronde, véritable bijou d'élégance, de subtilité qui a pour thème le désir et l'infidélité (une sorte d'Eyes wide shut des années 50, d'aillers adapté du même auteur viennois, mais infiniment supérieur selon moi au Kubrick) avec une distribution qui regroupe tous les grands comédiens français de l'époque, je ne pourrai que confirmer.
phylute
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Message par phylute »

Beule a écrit : Personnellement il n'y a que Lola Montes qui ne m'ait ni transporté ni même plastiquement impressionné. Il faut clairement que je lui redonne une chance.
A l'inverse, j'ai été transporté et impressionné.par ce qui reste un de mes Ophüls préféré.
Sinon Le roman de Werther est il est vrai admirable.
Les films sont à notre civilisation ce que les rêves sont à nos vies individuelles : ils en expriment le mystère et aident à définir la nature de ce que nous sommes et de ce que nous devenons. (Frank Pierson)
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Roy Neary
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Message par Roy Neary »

Difficile de passer après Beule, mais je ne pouvais pas ne pas dire un petit mot concernant l'un de mes cinéastes favoris, alias Max Ophuls. :wink:
Alors oui, cher Ratatouille, (presque) tout est à voir et (presque) tout est formidable !
Sa troisième période est en effet la mieux considérée mais je n'hésite pas à dire que Lettre d'une inconnue trône au sommet de ses plus beaux films avec Madame de...
Allez, allons-y pour une déclaration péremptoire : qui n'aime pas le trio La ronde, Le plaisir et Madame de... n'aime pas Ophuls ! L'esthétique filmique, l'esprit et l'âme du cinéma du cinéaste y sont exprimés de la manière la plus évidente. J'aurais tendance à y inclure aussi Lola Montès, mais je sais que ce film est très discuté. Pourtant Ophuls s'y livre totalement et signe assurément son oeuvre la plus sombre.

La période américaine, je ny reviens pas, je me suis assez exprimé sur le forum et les conseils TV (et euh dans un test qui n'en finit pas d'étre rédigé... :oops: ).

Pour la période d'avant-guerre, je suis plus mitigé. Libelei, La tendre ennemie et De Mayerling à Sarajevo sont déjà très représentatifs de son style. Mais j'y vois comme une ébauche, certes très séduisante, de ses chefs-d'oeuvre à venir. J'accroche beaucoup moins à Sans lendemain, Yoshiwara et Werther. Surtout à cause des comédiens car il y a une véritable complicité entre Ophuls et ses acteurs ; l'élégance et le raffinement du cinéaste ne s'expriment totalement qu'avec des artistes qu'il affectionne.
Mais tous ces premiers films, tu n'auras pas vraiment l'occasion de les voir, ils sont très rarement projetés. Moi, je rêve de voir la demi douzaine de ses premiers films qui me restent à découvrir.
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Beule
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Message par Beule »

Roy Neary a écrit :J'accroche beaucoup moins à Sans lendemain, (...). Surtout à cause des comédiens car il y a une véritable complicité entre Ophuls et ses acteurs ; l'élégance et le raffinement du cinéaste ne s'expriment totalement qu'avec des artistes qu'il affectionne.
Hum... Rassure-moi Roy... Tu fais allusion aux comédiens, hein, pas aux comédiennes? Non, forcément, sinon tu aurais ajouté De Mayerling à Sarajevo à cette liste :) . M'enfin, dans le cxas contraires, deux claques! :mrgreen:
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Roy Neary
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Message par Roy Neary »

Non, je parlais de comédiens en général. Mais j'exclue la grande Edwige Feuillère de la liste bien sûr. :lol:
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Beule
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Message par Beule »

Je m'en vais me coucher apaisé alors 8)
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Majordome
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Message par Majordome »

Roy Neary a écrit :Difficile de passer après Beule, mais je ne pouvais pas ne pas dire un petit mot concernant l'un de mes cinéastes favoris, alias Max Ophuls. :wink:
Alors oui, cher Ratatouille, (presque) tout est à voir et (presque) tout est formidable !
Sa troisième période est en effet la mieux considérée mais je n'hésite pas à dire que Lettre d'une inconnue trône au sommet de ses plus beaux films avec Madame de...
Allez, allons-y pour une déclaration péremptoire : qui n'aime pas le trio La ronde, Le plaisir et Madame de... n'aime pas Ophuls ! L'esthétique filmique, l'esprit et l'âme du cinéma du cinéaste y sont exprimés de la manière la plus évidente. J'aurais tendance à y inclure aussi Lola Montès, mais je sais que ce film est très discuté. Pourtant Ophuls s'y livre totalement et signe assurément son oeuvre la plus sombre.

La période américaine, je ny reviens pas, je me suis assez exprimé sur le forum et les conseils TV (et euh dans un test qui n'en finit pas d'étre rédigé... :oops: ).

Pour la période d'avant-guerre, je suis plus mitigé. Libelei, La tendre ennemie et De Mayerling à Sarajevo sont déjà très représentatifs de son style. Mais j'y vois comme une ébauche, certes très séduisante, de ses chefs-d'oeuvre à venir. J'accroche beaucoup moins à Sans lendemain, Yoshiwara et Werther. Surtout à cause des comédiens car il y a une véritable complicité entre Ophuls et ses acteurs ; l'élégance et le raffinement du cinéaste ne s'expriment totalement qu'avec des artistes qu'il affectionne.
Mais tous ces premiers films, tu n'auras pas vraiment l'occasion de les voir, ils sont très rarement projetés. Moi, je rêve de voir la demi douzaine de ses premiers films qui me restent à découvrir.
J'ai raté Divine (et le Plaisir, mais çà c'est moins grâve car je connaissais déjà) qui passait au festival de l'Encre à l'Ecran et je m'en veut (surtout que j'avais des entrées gratos !!!)
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Message par Lord Henry »

Caught (1949)
Une jeune fille désargentée qui rêve au riche prince charmant (Barbara Bel Geddes) épouse un milliardaire névrosé et destructeur (Robert Ryan), qu'elle fuira en devenant la secrétaire médicale d'un modeste pédiatre idéaliste(James Mason).


J'ai quelque peu peiné, béotien que je suis, à retrouver ici le Max Ophuls (Opuls, nous annonce le générique!) qui m'est familier.
Les arabesques sinueuses qui ravissent d'ordinaire sont délaissées au profit d'une forme ramassée, plus heurtée; un style intimiste dans lequel on croit deviner - à tort ou à raison - les contraintes budgétaires, les aléas du tournage (Ophuls malade fut un temps remplacé par John Berry) ou le poids des conventions propres au genre.

A maintes reprises, on pourrait s'imaginer devant une série B électrisée par un émule d' Orson Welles.

Il serait toutefois malvenu de jouer les esprits chagrins. Sans atteindre aux sommets, le film est habillé avec l'élégance que seul sait conférer un grand couturier, et les idées de mise en scène ne manquent pas (le dialogue entre les deux praticiens autour du bureau vide de B. Bel Geddes).
On ne doute pas qu'entre des mains moins inspirées, l'histoire (littérature de gare) comme les personnages (acteurs irréprochables) eussent été loin de nous intéresser, voire de nous toucher.

La conclusion d'une ambiguïté troublante nous apprend que la liberté et le bonheur peuvent se gagner au prix de la mort, y compris celle de l'enfant que l'on porte en soi.
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daniel gregg
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Message par daniel gregg »

"THE RECKLESS MOMENT" ("Les Desempares") de Max Ophuls
Realise en 1949 , voila un film noir a l'atmosphere seche qui ne nous delivre d'un malaise troublant qu'a la fin lorsque les tourments de l'heroine, magistralement interpretee par Joan Benett, sont enfin apaises (ou presque)
Pour donner la replique a joan Benett, Ophuls a convoque le tres ambigu James Mason qui campe la une canaille sur la voie (sans issue pour lui) du rachat.
L'intrigue est rondement menee, se permet le luxe d'un suspense que n'aurait pas renie Hitchcock (par instants) et universalise un peu plus le talent de Max Ophuls s'il en etait besoin.
Un brillant specimen de Film Noir a decouvrir!
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vic
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Message par vic »

The Reckless Moment (Max Ophuls, 1949) : magnifique film noir, nerveux, tendu, parfaitement servi par une caméra sans cesse en mouvement qui rend parfaitement le sentiment d'urgence et de panique. Interprétation top niveau (James Mason encore une fois bouleversant), intrigue en apparence banale qui prend un tour surprenant.
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Message par Solal »

vic a écrit :The Reckless Moment (Max Ophuls, 1949) : magnifique film noir, nerveux, tendu, parfaitement servi par une caméra sans cesse en mouvement qui rend parfaitement le sentiment d'urgence et de panique. Interprétation top niveau (James Mason encore une fois bouleversant), intrigue en apparence banale qui prend un tour surprenant.
Un coup de coeur pour moi également lorsque je l'ai découvert au printemps dernier, qui ne cesse de se bonifier dans mon souvenir. Voilà à peu près ce que j'en disais il y a quelques mois:

Belle découverte que ce film noir tout en délicatesse et retenue. Quelques accents langiens (qui tiennent sans doute beaucoup à la présence de Joan Bennett), mais surtout la patte d'Ophuls, décidément inimitable. Sa légendaire fluidité épouse ici la fragilité des émotions, et donne à la relation singulière qui s'instaure entre la mère de famille et le maître chanteur, une tonalité d'un romantisme inattendu. C'est étrange comme ces longs travellings virtuoses finissent par isoler les deux personnages, comme bloqués au milieu du gué, perdus entre deux rives - situation d'insulaires qui nourrit à la fois leur intimité et leur solitude. Un emploi également impressionant de la lumière, servi par une photo de très grande qualité : la luminosité tranchante du bord de mer hors saison ; les volutes poussiéreuses des bas quartiers de L.A. ; le doux éclairage d'un intérieur propret ; les scènes nocturnes structurées par des tâches de lumières - tout un spectre se dessine, posant l'hypothèse d'une continuité entre ces mondes apparemment contrastés.

Une manière de procéder qui m'est apparue encore plus flagrante en revoyant La ronde, hier soir. Le style d'Ophuls tiendrait-il donc davantage encore à ses jeux de lumière qu'à ses fameux travellings ?
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Spongebob
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Message par Spongebob »

Le Plaisir de Max Ophüls (1952)

Trois nouvelles de Guy de Maupassant font de ce "film à sketch" (j'ignore si on utilisait déjà ce terme à l'époque) une petite anthologie du plaisir. Trois histoires toutes plus frivoles les unes que les autres et qui sont traîtées sur le même ton : un vieillard qui voudrait rester jeune, les filles d'une maisons closes qui se rendent à la campagne pour une communion, et une romance entre un peintre et son modèle. La seconde partie est sans aucun doute la plus réussie car c'est la plus drôle (le comportements des hommes qui trouvent la maison close close, les dialogues de Jean Gabin), la plus belle (les balades champêtres contemplatives et trés "colorées") et la plus émouvante (la crise de larme dans l'église). Les deux autres épisodes manquent un peu de consistence certainement dûe à leur trop courte durée.
On comprend aisément pourquoi Kubrick admirait tant Ophüls à la vue des fabuleux mouvements qu'adopte la caméra presque constemment.
En tout cas on peut dire que le film porte bien son nom.

8,5/10
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Rockatansky
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Message par Rockatansky »

Spongebob a écrit :Le Plaisir de Max Ophüls (1952)

Trois nouvelles de Guy de Maupassant font de ce "film à sketch" (j'ignore si on utilisait déjà ce terme à l'époque) une petite anthologie du plaisir. Trois histoires toutes plus frivoles les unes que les autres et qui sont traîtées sur le même ton : un vieillard qui voudrait rester jeune, les filles d'une maisons closes qui se rendent à la campagne pour une communion, et une romance entre un peintre et son modèle. La seconde partie est sans aucun doute la plus réussie car c'est la plus drôle (le comportements des hommes qui trouvent la maison close close, les dialogues de Jean Gabin), la plus belle (les balades champêtres contemplatives et trés "colorées") et la plus émouvante (la crise de larme dans l'église). Les deux autres épisodes manquent un peu de consistence certainement dûe à leur trop courte durée.
On comprend aisément pourquoi Kubrick admirait tant Ophüls à la vue des fabuleux mouvements qu'adopte la caméra presque constemment.
En tout cas on peut dire que le film porte bien son nom.

8,5/10
J'adore ce film, et Ophuls également.
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« S’il est vrai que l’art commercial risque toujours de finir prostituée, il n’est pas moins vrai que l’art non commercial risque toujours de finir vieille fille ».
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Message par Philip Marlowe »

Lettre d'une inconnue

Sans crier au Chef-d'oeuvre absolu de tous les temps(dixit Simone Choule), j'ai beaucoup apprécier ce 1er Ophuls que je vois. :) Reconstitution convaincante de Vienne, mise en scène élégante et virtuose, simplicité de la trame qui fait sa force. SPOILER: La meilleure idée de mise en scène à mes yeux est quand Joan Fontaine se met à pleurer à la fenêtre, que l'écran fond au noir, mais qu'on entend encore ses pleurs. Le moment le plus émouvant du film, peut être. FIN SPOILER.
Premier essai ophulsien positif donc :)
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Flol
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Message par Flol »

Le Plaisir de Max Ophüls : un véritable tourbillon des sens euphorisant, aidé en cela par la mise en scène incroyable d'Ophüls, dont la caméra est constamment en mouvement (chose que j'avais déjà constaté dans l'excellent Caught du même réalisateur).
Bref 3 contes de Maupassant, oscillant entre joie et gravité, dont la conclusion est un délice d'ironie.
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