L'été du démon (Yoshitaro Nomura - 1978)
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Re: L'été du démon (Yoshitaro Nomura, 1978)
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Re: L'été du démon (Yoshitaro Nomura - 1978)
Tu as Zero Focus en zone 1
Voilà mon avis d'époque ( 2005 ) :
Excellent surprise.
la narration est immédiatement passionnante et complexe. On se rapprocherait d'une sorte de quête absurde et irréelle que n'aurait pas renier Kafka.
Quand on arrive à la moitié, à l'élucidation même de l'intrigue, j'ai eu un peu peur des scènes explicatives à répétition et lourdes ( surtout qu'il reste 30 minutes de film ). Et en fait non, en changeant radicalement la narration, le film devient bouleversant et tout aussi passionnant dans sa multiplication des points de vue.
et puis si je sais pas si j'ai fabulé au non, mais l'utilisation des décors, paysages et moyen de transport que traversent les personnages admirables et complètement réussi dans sa volonté de montrer le cheminement intérieur des personnages ( plus au niveau de l'âme même que psychologique ).
Pour moins une réussite.
( En revanche je cherche toujours l'affiliation avec Hitchcock comme le laisse sous entendre la pochette du dvd Z1. )
Voilà mon avis d'époque ( 2005 ) :
Excellent surprise.
la narration est immédiatement passionnante et complexe. On se rapprocherait d'une sorte de quête absurde et irréelle que n'aurait pas renier Kafka.
Quand on arrive à la moitié, à l'élucidation même de l'intrigue, j'ai eu un peu peur des scènes explicatives à répétition et lourdes ( surtout qu'il reste 30 minutes de film ). Et en fait non, en changeant radicalement la narration, le film devient bouleversant et tout aussi passionnant dans sa multiplication des points de vue.
et puis si je sais pas si j'ai fabulé au non, mais l'utilisation des décors, paysages et moyen de transport que traversent les personnages admirables et complètement réussi dans sa volonté de montrer le cheminement intérieur des personnages ( plus au niveau de l'âme même que psychologique ).
Pour moins une réussite.
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"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
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Re: L'été du démon (Yoshitaro Nomura - 1978)
Ah, il pourrait m'intéresser ce Zero Focus
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Re: L'été du démon (Yoshitaro Nomura - 1978)
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Dernière modification par beb le 31 mars 23, 13:18, modifié 1 fois.
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Re: L'été du démon (Yoshitaro Nomura - 1978)
Je suis passé à l'acte.beb a écrit :Meme réponse, je suis très tenté
Par contre parait qu'il y a des tranches de mélo dedans...
Bon, on verra bien.
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Re: L'été du démon (Yoshitaro Nomura - 1978)
L'été du Démon (Nomura - 1977).
Honte à moi je met la jaquette du dvd. Je trouve pas de belle affiche du film qui puisse m'intéresser à vrai dire.
Depuis déjà 7 ans, Sokichi, un banal imprimeur, entretient une maîtresse avec laquelle il a eu 3 charmants bambins. Mais voilà qu'il ne peut plus subvenir à ses besoins. Excédée, celle-ci fait un beau jour irruption chez lui, lui balance sa progéniture à la figure avant de repartir. Totalement ivre de jalousie et de haine, l'épouse légitime de Sokichi va alors progressivement faire germer dans la tête de son mari l'idée de faire disparaître les enfants définitivement...
C'est ce qu'on peut appeler une grosse claque, un film coup de poing.
6/6.
Honte à moi je met la jaquette du dvd. Je trouve pas de belle affiche du film qui puisse m'intéresser à vrai dire.
Depuis déjà 7 ans, Sokichi, un banal imprimeur, entretient une maîtresse avec laquelle il a eu 3 charmants bambins. Mais voilà qu'il ne peut plus subvenir à ses besoins. Excédée, celle-ci fait un beau jour irruption chez lui, lui balance sa progéniture à la figure avant de repartir. Totalement ivre de jalousie et de haine, l'épouse légitime de Sokichi va alors progressivement faire germer dans la tête de son mari l'idée de faire disparaître les enfants définitivement...
C'est ce qu'on peut appeler une grosse claque, un film coup de poing.
Je n'en attendais rien de bien précis, j'avais même peur de me retrouver dans un film glauque à souhait qui ferait dans le mauvais mélo, dans le pathétique sans classe. Et en fait non c'est tout le contraire. Couleurs magnifiques, cadres impérial, musique à se damner (on dirait du Ennio Morricone, c'est grandiose) et surtout, une maîtrise incroyable, une histoire intelligente (adapté comme pour son Vase de sable de 1974 d'un roman de Seichô Matsumoto, apparemment le Simenon Japonais) et des acteurs proprement géniaux de bout en bout tant chez les enfants (et pourtant, ça ne doit pas être facile d'avoir des enfants acteurs de 3 ou 5 ans) que les adultes (Ken Ogata est excellent en homme torturé qui va pourtant faire l'impossible).
Avant de commencer à devenir pleinement cinéaste, Yoshitaro Nomura a été l'assistant du grand Akira Kurosawa. De lui il a gardé une humanité qui traverse tous les personnages et une humilité qui s'associe à une technique sans faille. Tous les personnages sont montrés dans leurs travers comme leurs bons côtés, aucun manichéïsme ne les caractérise et c'est cette complexité bien humaine qui fait toute la richesse du film. On pourrait haïr Sokichi mais en même temps, et c'est là le pire, on comprend parfaitement sa situation. Et quand on le voit dans de rares moments avec les enfants, on constate qu'il les aime plus que tout, mais qu' irrémédiablement dominé par sa femme, il en vient à prendre la plus mauvaise décision. Comment dès lors blâmer cet homme qui, le temps d'un été, va basculer sur la mauvaise pente ? Et plus le film avance et plus l'on finit par s'attacher aux enfants, notamment la petite fille et l'aîné de 5,6 ans. A ces derniers, le film réserve ses plus belles scènes mais aussi l'image d'un état qui se resserre. Une inquiétante descente aux enfers. D'autant plus que si la petite Yoshiko ne se doute de rien, Riichi malgré son jeune âge prend lentement conscience (le gamin est terriblement intelligent, il faut voir comment il passe un contrôle en gare (après avoir pris tout seul le train !) en faisant le petit qui joue derrière deux femmes, se faisant passer inconsciemment pour l'enfant de l'une d'elles --cf photo ci-dessous-- afin de revenir sur l'endroit où ils habitaient avant avec leur mère) que quelque chose d'inquiétant arrive lentement.
Pas dupe, le gamin comprend très bien que son père est sous l'emprise de cette femme terrifiante et tentera souvent de lui échapper. Tout le sel du film sera alors de voir ses échanges étranges et fascinants, fait de méfiance et d'amour d'un père pour son fils et vice versa, au coeur d'une situation implacable. Avec ce suspense latent : le petiot arrivera t-il à s'en sortir (on pourrait même se demander si ce n'est pas lui le démon tant il fait preuve d'habileté et de malice) ? Le père ira t-il vraiment jusqu'au bout de son sombre projet ? Un soir dans une auberge où ils passent la nuit, tandis que le gamin joue avec de petits Bernards Lhermitte comme si c'était des voitures, le paternel, passablement ébréché par des doses conséquentes de saké se livrera à une confession sur sa propre enfance, faisant comprendre au spectateur qu'il fait inconsciemment la même erreur que ses propres parents et livrant là l'une des clés de la fin du film, proprement sidérante et bouleversante (promis, vous allez vous effondrer en pleurs).
Et le film n'est pourtant jamais versé dans le pathos. Au contraire, les détails, la finesse psychologique des différents protagonnistes abonde, la musique se fait tour à tour petite comptine, ritournelle toujours sur le retour quand elle ne prend pas des allures à la Hitchcock pour montrer le danger latent qui plane sur les enfants. C'est du drame avec des morceaux de policier et de mélo dedans. Mais du grand film, immense, magnifique, bouleversant, dont on ressort retournés. Nomura est un cinéaste a définitivement réhabiliter au plus vite. Un grand cinéaste.
6/6.
- gnome
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Re:
Si si, je l'ai vu à la sortie du DVD... J'avais d'ailleurs commencé une chronique pour le site... que je n'ai jamais eu le temps de terminer... Je devrais peut-être m'y remettre, mais faut avoir le temps...Boubakar a écrit :Mais personne n'a vu ce film ou quoi ?
Gnome ?
Un film très fort dans mon souvenir, je croyais même l'avoir mis en film du mois, mais je ne le retrouve pas...
- ed
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Re: Re:
Ah ben si tu as des notes, je suis preneur, parce que ça fait un moment que je me suis engagé en interne à faire les deux Nomura (je crois que je préfère encore Le vase de sable et sa dernière partie exacerbée) - si ça pouvait relancer un de nous deuxgnome a écrit : J'avais d'ailleurs commencé une chronique pour le site... que je n'ai jamais eu le temps de terminer... Je devrais peut-être m'y remettre, mais faut avoir le temps...
Sinon, merci Anorya d'avoir remonté ce topic, tu m'as donné envie de revoir cette petite merveille.
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Re: Re:
+1ed a écrit :Sinon, merci Anorya d'avoir remonté ce topic, tu m'as donné envie de revoir cette petite merveille.
et le Vase de sable que je n'ai toujours pas vu d'ailleurs...
Désolé Ed, je viens de chercher, je ne retombe pas sur mes notes... Si je remets la main dessus...
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Re: L'été du démon (Yoshitaro Nomura - 1978)
Et je me visionne sous peu Le vase de sable vu qu'on en parle. Donc là aussi, chro à venir mais je serais curieux de lire vos avis sur ce film aussi bien sûr.
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Re: L'été du démon (Yoshitaro Nomura - 1978)
Compréhensible au vu de la fluidité et de la simplicité des films, que dire de plus que ce qui est vu ?ed a écrit : J'avoue avoir été paresseux sur les intros, identiques - mais l'essentiel du mien est là
J'ai aussi la même paresse pour le coup vu que j'écris sur le vase de sable là et que je trouve ça un poil similaire à ce que j'ai dit sur l'été du démon.
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- Entier manceau
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Re: L'été du démon (Yoshitaro Nomura - 1978)
Comme Le vase de sable, L'été du démon me laisse une impression mitigée. J'apprécie la force de l'interprétation et la rigueur sans concessions du propos, les coups portés par des adultes à des enfants non acceptés sonnant comme une auto-destruction collective.
Je suis cependant bien moins séduit par la mise en scène. La première partie distille un malaise qui devient une routine, en insistant trop sur une accumulation de séquences. Si leur violence sèche peut toucher, la répétition systématique des sévices, tout comme le constat d'une impuissance, figent le discours. Et les personnages restent linéaires, malgré l'implication remarquable de Ken Ogata et Shima Iwashita.
En se concentrant par la suite sur la relation liant le père et le fils aîné, Nomura prend des risques, mettant notamment de côté l'épouse blessée et sa hargne démesurée, jusqu'alors pivot du récit. Le film devient pourtant plus fluide et épuré, à travers des silences et des incertitudes poignantes. Malheureusement, le final est envahi par une émotion calculée et forcée, qui sonne comme une démarche sacrificielle outrancière (les pleurs, la musique...), alors que c'était par une sobriété discrète et brutale que le film trouvait son équilibre.
Je suis cependant bien moins séduit par la mise en scène. La première partie distille un malaise qui devient une routine, en insistant trop sur une accumulation de séquences. Si leur violence sèche peut toucher, la répétition systématique des sévices, tout comme le constat d'une impuissance, figent le discours. Et les personnages restent linéaires, malgré l'implication remarquable de Ken Ogata et Shima Iwashita.
En se concentrant par la suite sur la relation liant le père et le fils aîné, Nomura prend des risques, mettant notamment de côté l'épouse blessée et sa hargne démesurée, jusqu'alors pivot du récit. Le film devient pourtant plus fluide et épuré, à travers des silences et des incertitudes poignantes. Malheureusement, le final est envahi par une émotion calculée et forcée, qui sonne comme une démarche sacrificielle outrancière (les pleurs, la musique...), alors que c'était par une sobriété discrète et brutale que le film trouvait son équilibre.
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Re: L'été du démon (Yoshitaro Nomura - 1978)
J'ai trouvé intréressant de farfouiller à travers les critiques du net sur ce film que j'ai trouvé assez surprenant par ses choix esthétiques et de direction d'acteurs. On passe de chaque plan conçu comme toile de maître à un aspect visuel peu reluisant mais c'est pas grave l'intérêt est ailleurs.
Ego sum qui sum
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- Mogul
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Re: L'été du démon (Yoshitaro Nomura - 1978)
Puisqu'on évoque ici un peu le reste de sa carrière :
Allons-y (Donto ikôze - 1959)
Un groupe d'étudiants dirige une émission de radio sur la jeunesse. L'équipe doit s’accommoder d'une productrice qui réclame plus de sensationnel... et aussi quelques problème sentimentaux.
J'ai eu la chance de découvrir ce film très rare (comme presque toute la filmographie de Nomura ) à la cinémathèque grâce à la présence de Nagisa Oshima au scénario qui l'a co-écrit avec le cinéaste. Il est étonnant de voir d'ailleurs l'auteur contestataire et iconoclaste livrer un film de ce registre : une comédie vraiment drôle et enlevée. Celà dit, on peut deviner sa présence via quelques idées tel que les étudiants qui se mettent en grève dans le bar où ils travaillent et surtout l'idée de la radio dirigée par les jeunes pour évoquer leur préoccupation mais qui est rapidement récupérée par des producteurs qui ne tardent pas à imposer une nouvelle direction plus commerciale, surfant sur le côté sulfureux des nouveaux adolescents... un peu comme les studios de cinéma qui ont vite compris les enjeux économiques possible avec les films de la génération du soleil (et de la nouvelle vague). C'est plutôt bien vue et à peine déguisé.
Mais passé ces quelques éléments, l'humeur est à la décontraction, l'humour et l'insouciance, un peu à l'instar d'un autre film de ce toute jeune nouvelle vague : le génial tout sur le mariage du trop sous-estimé Kihachi Okamoto.
Ce Allons-y n'en a pas le panache et la virtuosité euphorisante mais c'est sa fraîceur et son inventivité sont plus que régulièrement irrésistible avec une belle succession de moments délicieux entre l'introduction qui présentent les différents jobs d'étudiants, les groupies réveillant un groupe de rock somnolant sur scène, le grand frère boxeur qui joue l'entremetteur, le combat dans le bar et bien d'autres séquences savoureuses et enlevées. Le cinéaste ne manque clairement pas de style et sa réalisation est d'une sacré vitalité (moins que celle frénétique et époustouflante de Kurahara quand même !). Montage plein de trouvailles, d'utilisation originale de cadres, du cinémascope ou de l'architecture (une stupéfiante séquence se déroulant sur et sous un pont). Il y a même quelques plans qui anticipent les polars de Seijun Suzuki.
Cette bonne humeur permet largement de faire oublier un scénario qui fait un peu de surplace par moment et qui n'est pas si originale que ça mais qui s'amuse avec légèreté des clichés et des stéréotypes, servis par des acteurs qui jouent à fond le jeu (le sportif, la copine à lunette, le grand frère arriviste, les amoureux qui se chamaillent - ça donne une séquence de fin merveilleuse au passage).
Bref, une comédie on ne peut plus entraînante comme il devait en avoir plein à l'époque (Ko Nakahira en a fait plusieurs aussi au début des années 60) pour un genre qui demeure invisible en occident sortis de ce genre d’événements très ponctuels. Faut croire que les comédies juvéniles sont moins prestigieuses que les oeuvres sérieuses ou pas assez bis/deviants que le cinéma de genre. C'est vraiment dommage.
Le film repasse tout de même encore une fois à la cinémathèque le lundi 27 avril mais à 16h30
Allons-y (Donto ikôze - 1959)
Un groupe d'étudiants dirige une émission de radio sur la jeunesse. L'équipe doit s’accommoder d'une productrice qui réclame plus de sensationnel... et aussi quelques problème sentimentaux.
J'ai eu la chance de découvrir ce film très rare (comme presque toute la filmographie de Nomura ) à la cinémathèque grâce à la présence de Nagisa Oshima au scénario qui l'a co-écrit avec le cinéaste. Il est étonnant de voir d'ailleurs l'auteur contestataire et iconoclaste livrer un film de ce registre : une comédie vraiment drôle et enlevée. Celà dit, on peut deviner sa présence via quelques idées tel que les étudiants qui se mettent en grève dans le bar où ils travaillent et surtout l'idée de la radio dirigée par les jeunes pour évoquer leur préoccupation mais qui est rapidement récupérée par des producteurs qui ne tardent pas à imposer une nouvelle direction plus commerciale, surfant sur le côté sulfureux des nouveaux adolescents... un peu comme les studios de cinéma qui ont vite compris les enjeux économiques possible avec les films de la génération du soleil (et de la nouvelle vague). C'est plutôt bien vue et à peine déguisé.
Mais passé ces quelques éléments, l'humeur est à la décontraction, l'humour et l'insouciance, un peu à l'instar d'un autre film de ce toute jeune nouvelle vague : le génial tout sur le mariage du trop sous-estimé Kihachi Okamoto.
Ce Allons-y n'en a pas le panache et la virtuosité euphorisante mais c'est sa fraîceur et son inventivité sont plus que régulièrement irrésistible avec une belle succession de moments délicieux entre l'introduction qui présentent les différents jobs d'étudiants, les groupies réveillant un groupe de rock somnolant sur scène, le grand frère boxeur qui joue l'entremetteur, le combat dans le bar et bien d'autres séquences savoureuses et enlevées. Le cinéaste ne manque clairement pas de style et sa réalisation est d'une sacré vitalité (moins que celle frénétique et époustouflante de Kurahara quand même !). Montage plein de trouvailles, d'utilisation originale de cadres, du cinémascope ou de l'architecture (une stupéfiante séquence se déroulant sur et sous un pont). Il y a même quelques plans qui anticipent les polars de Seijun Suzuki.
Cette bonne humeur permet largement de faire oublier un scénario qui fait un peu de surplace par moment et qui n'est pas si originale que ça mais qui s'amuse avec légèreté des clichés et des stéréotypes, servis par des acteurs qui jouent à fond le jeu (le sportif, la copine à lunette, le grand frère arriviste, les amoureux qui se chamaillent - ça donne une séquence de fin merveilleuse au passage).
Bref, une comédie on ne peut plus entraînante comme il devait en avoir plein à l'époque (Ko Nakahira en a fait plusieurs aussi au début des années 60) pour un genre qui demeure invisible en occident sortis de ce genre d’événements très ponctuels. Faut croire que les comédies juvéniles sont moins prestigieuses que les oeuvres sérieuses ou pas assez bis/deviants que le cinéma de genre. C'est vraiment dommage.
Le film repasse tout de même encore une fois à la cinémathèque le lundi 27 avril mais à 16h30
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- shubby
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Re: L'été du démon (Yoshitaro Nomura - 1978)
J'aime bien Nomura. Un autre : son "Village Of Eight Gravestones" est foutraque mais assez prenant. Le final m'avait fichu une belle frousse en son temps.