Kôji Wakamatsu (1936-2012)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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-Kaonashi-
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Kôji Wakamatsu (1936-2012)

Message par -Kaonashi- »

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Après un flirt poussé, Yuka accepte de monter dans l'appartement de Sadao. Sadao drogue Yuka à son insu, l'attache, a fouette, l'insulte et lui raconte la dispute qu'il a eu avec sa femme insoumise et aujourd'hui défunte.
Lorsque Yuka se réveille, elle rentre dans une rage folle. Sadao tente d'abord de la raisonner, puis, incapable de résister à ses pulsions sadiques, il reprend ses sévices sur la jeune femme. Mais l'esclave va peu à peu se rebeller et se venger de son persécuteur.

Résumé : zootropefilms.fr

C'est sorti dans 3 salles françaises mercredi dernier (2 à Paris, 1 à Toulouse), distribué par Zootrope Films, qui a ressorti entre autres quatre films de Masumura il y a quelques années.
Le film est interdit au moins de 18 ans, et apparemment ça choque un peu certains. Pourtant, que le film ait eu ou non cette interdiction, le nombre de salles et le nombre de spectateurs n'aurait sûrement pas été différent. Il y a un peu plus d'un an, La Vie secrète de Madame Yoshino (Masaru Nonuma, 1976), autre film érotique japonais (assez mauvais à mon avis, en-dehors d'un intérêt limité à la curiosité pour un type ou un genre de cinéma), était sorti avec autant de salles et une interdiction aux moins de 16 ans... Bref l'impact d'une interdiction aux moins de 18 ans pour ce film n'aura probablement aucune conséquence sur la réception du film.

Bref c'est sûrement une curiosité.
Quelqu'un l'a vu ?
Dernière modification par -Kaonashi- le 2 déc. 10, 16:38, modifié 1 fois.
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Blue
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Re: Quand l'embryon part braconner (Kôji Wakamatsu, 1966)

Message par Blue »

-Kaonashi Yupa- a écrit :Quelqu'un l'a vu ?
Oui, mais souvenir bien lointain et vu dans des conditions pas terribles. Pour l'interdiction -18 ans, c'est clairement exagéré. C'est plus en rapport avec le contenu implicite qu'explicite du film en tout cas.
Sinon, c'est du Wakamatsu des 60's, donc très soigné sur la forme, notamment les cadrages et le montage sous influences nouvelle vague.
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phylute
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Message par phylute »

Interdit au moins de 18 effectivement non sur les images, mais sur la représentation de la femme véhiculée par le film. Or l'interdiction -18 ans a été rétablie suite à Baise moi pour les films aux scènes de sexe explicites. Saw III en a "bénéficié" pour violence extrême (là ça colle encore avec le texte, suffisement vague). C'est par contre la première fois qu'un film est labellisé ainsi à cause de son contenu. Entre le pitch, qui pourrait effectivement faire penser à une oeuvre voyeuriste et sadique s'amusant avec une femme objet, et le film il y a un fossé. C'est une critique sociale radicale, et si les scènes sont parfois extrêmes (enfin, rien de bien méchant non plus) c'est le discours sur la soumission des employés par les patrons qui est bien ici mis en avant. Cette interdiction au -18 ans est bel et bien lamentable, et dénote une dérive de plus en plus claire du système de classification (phagocyté par des associations types familles de France).
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Message par 2501 »

"Quand l'embryon part braconner" est un film scandale par excellence. Koji Wakamatsu aime provoquer et représente parfaitement l'époque contestataire des années 60. Comme dans son fameux "Go go, second time virgin", il choisit un lieu unique (un appartement), un couple pour le moins dérangé et une intrigue sommaire. De la "nouvelle vierge" on passe à la femme battue et séquestrée, et l'étudiant psychopathe laisse place à cet homme embryon qui a définitivement un problème avec sa maman (et donc toutes les femmes) qui l'a laissé s'échapper de son cocon pour ce monde insupportable. La mise en scène, sans être avant-gardiste, illustre très bien le huis clos, avec quelques fulgurances esthétiques comme ces plans macros sur la peau, les marques et la sueur, des arrêts sur images figeant l'expression de la douleur et quelques surexpositions sur les visages crispés par la folie. Là où ça coince, encore plus que dans "Go go second time virgin", c'est sur le récit répétitif et peu inspiré. Le dispositif est trop simple et le film fait longtemps du surplace malgré sa courte durée. La contemplation du sadisme a ses limites (pour une majorité disons...), d'autant que le panel de ses représentations n'est pas large. On s'endormirait presque devant les coups de fouets répétés (les séquences sont quand même assez peu choquantes et ne justifient en aucun cas l'interdiction aux moins de 18 ans bêtement imposée en France). Heureusement le film prend une tournure plus intéressante dans son dernier quart, quand la conscience de la victime s'éveille et qu'elle prend le relais de la voix off. Pour le reste, pas de quoi fouetter un chat en rentrant chez soi.
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shaman
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Message par shaman »

2501 a écrit :De la "nouvelle vierge" on passe à la femme battue et séquestrée, et l'étudiant psychopathe laisse place à cet homme embryon qui a définitivement un problème avec sa maman
Chronologiquement, c'est l'inverse (la logique se tient) :

- L'embryon (1966) à Go go (1969)
- Femme torturée à "nouvelle vierge" désespérée
- Appartement sombre à toit d'immeuble (jour&nuit)
- Adulte tortionnaire à étudiant spectateur-victime
- Enfermés au coeur de la ville à dominant la ville
- Agir pour se libérer à ... "l'impossibilité" d'être libre
- Montrer la perversion du spectateur à lui expliquer directement la réalité de son spectacle
(...)

miaou ! :mrgreen:
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Message par 2501 »

shaman a écrit :Chronologiquement, c'est l'inverse (la logique se tient) :

- L'embryon (1966) à Go go (1969)
- Femme torturée à "nouvelle vierge" désespérée
- Appartement sombre à toit d'immeuble (jour&nuit)
- Adulte tortionnaire à étudiant spectateur-victime
- Enfermés au coeur de la ville à dominant la ville
- Agir pour se libérer à ... "l'impossibilité" d'être libre
- Montrer la perversion du spectateur à lui expliquer directement la réalité de son spectacle
(...)
C'est ma chronologie de visionnage on va dire. :wink: :fiou: (même si je croyais que Go go était antérieur, en effet).
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Message par phylute »

La Société des réalisateurs de films (SRF),
La Société civile des Auteurs Réalisateurs Producteurs (L’ARP),
Le Syndicat français de la critique de cinéma (SFCC),
Le Syndicat des Producteurs Indépendants (SPI),
L’Association du cinéma indépendant pour sa diffusion (ACID),
Le Groupement national des cinémas de recherche (GNCR),
Carrefour des festivals,
et l’Observatoire de la liberté d’expression en matière de création de la Ligue des Droits de l’Homme

contestent la décision de Madame Christine Albanel, Ministre de la culture et de la communication du 2 octobre 2007 d’assortir d’une interdiction aux moins de 18 ans le visa d’exploitation du film de Koji Wakamatsu « Quand l’embryon part braconner ».

La SRF, l’ARP, le SFCC, le SPI, l’ACID, le GNCR, Carrefour des festivals et l’Observatoire de la liberté d’expression (LDH) considèrent que la Ministre de la culture, comme la Commission de classification des films dont elle a suivi la proposition, ont fait une inexacte application du décret du 23 février 1990 (réactualisé en 2003) en allant au-delà d’une interdiction aux moins de 16 ans. Selon ces organisations, l’interdiction aux mineurs de ce classique du cinéma japonais de 1966 est contraire à la jurisprudence et au sens du décret définissant l’interdiction aux moins de 18 ans[1].

Ces organisations rappellent que l’interdiction aux moins de 18 ans en France constitue une mesure considérable de restriction à la liberté de diffusion des œuvres et à la liberté du public, et qu’elle ne peut en aucune manière être banalisée de la sorte, alors que le cinéma est le secteur le mieux encadré en matière de protection des mineurs.

En conséquence, la SRF, l’ARP, le SFCC, le SPI, l’ACID, le GNCR, Carrefour des festivals et l’Observatoire de la liberté d’expression (LDH) annoncent qu’elles apporteront leur soutien au distributeur du film ZOOTROPE FILMS dans la requête qu’il compte engager auprès du Conseil d’Etat en vue de l’annulation de l’interdiction aux moins de 18 ans qui accompagne le visa d’exploitation du film « Quand l’embryon part braconner ».


[1] Ce décret réserve exclusivement cette mesure aux « œuvres comportant des scènes de sexe non simulées ou de très grande violence. »
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Boubakar
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Message par Boubakar »

Pétition du distributeur pour faire cesser cette interdiction ;


http://www.zootropefilms.com/quand-l-em ... tition.htm
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Re: Quand l'embryon part braconner (Kôji Wakamatsu, 1966)

Message par Alligator »

Serait-il possible d'élargir le topic à son cinéaste? J'ai quelques autres Wakamatsu sur le feu. Ce serait bête de créer un autre topic sur le même auteur, non?

(Kôji Wakamatsu, 1936-)

Gendai kosyokuden: teroru no kisetsu (Histoire d'amour contemporaine: la saison de la terreur) (Kôji Wakamatsu, 1969) :

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de la caps en veux-tu en voilà
_______________

Mon premier Wakamatsu. Drôle de film, mêlant politique, policier et érotisme, le genre de mêlange propre à la richesse, la liberté et l'extrêmisme du cinéma nippon.

L'histoire me laisse sur ma faim. Les personnages déçoivent, leurs portraits sont un peu limités je trouve.
Dans sa partie politique, l'histoire ressemble fortement à La vie des autres : deux flics posent des micros dans l'appartement d'un gauchiste (joué par Ken Yoshizawa) soupçonné de fomenter une action terroriste. Ils découvrent alors qu'il vit en ménage à trois avec deux jeunes femmes amoureuses et dévouées (Tomomi Sahara et Yuko Ejima).
Pendant la première partie du film, la question de savoir si l'homme est rangé des voitures ou bien réellement un activiste dangereux est presque anecdotique, le scénario examinant les relations à trois, ou plutôt à deux plus un étant donné que les deux femmes sont totalement au service du bonhomme. Ce n'est que dans la deuxième partie que le scénario se dédie plus franchement à l'aspect politique et à la violence.

La violence qu'elle soit sexuelle ou politico-sociale, est omniprésente dans le film. Elle est en grande partie acceptée, voire valorisée, par la partie érotique du film. L'une des jeunes femmes victime d'une tentative de viol dans la rue revient en larmes à l'appartement et Yoshizawa la "viole" pour que "ce ne soit moins dur à subir la prochaine fois". L'autre jeune femme réclame alors d'être elle aussi "violée". Les rapports sont biaisés. Les femmes sont amoureuses, veulent des enfants de cet homme, lequel refuse tout net, trop hanté par son passé et peut-être encore bien impliqué par la politique. En aucun cas, Wakamatsu ne simplifie la lecture de son film. La rencontre entre Yoshizawa et un ancien camarade toujours actif et la bagarre qui s'ensuit -il déclare fuir la politique, un débat idéologique violent s'engage- ne concordent pas avec l'histoire jusqu'alors racontée, avec ce refus d'enfant ou des sentiments. L'homme est dès le départ mort, parasité par son idéologie extrêmiste. Son existence est marquée au fer rouge. La violence de son engagement lui interdit un retour en arrière, la fuite est impossible. Elle lui interdit donc toute implication affective. La violence de son refus d'enfant le rappelle. Il essaie pourtant de sortir de ce qu'il considère maintenant comme inepte et vain, dégoûté par les dissensions au sein des mouvements révolutionnaires. Enfermé dans cet appartement, lui même enserré dans ces tours HLM sans âme ni chaleur, Yoshizawa semble broyé par la société qu'il rejette. Exclu politiquement, exclu affectivement, le final apparait alors comme seule échappatoire. A la fin du film, la question que je me suis posé était de savoir à partir de quand l'inéluctable s'était décidé. Difficile à dire.

Quoiqu'il en soit, on a là une oeuvre extrêmement noire qui fait forcément penser au film noir, au genre en effet. On peut aussi penser surtout au début avec une longue séquence sans dialogue à Melville et son cinéma froid comme l'acier, silencieux comme un tombeau.
Les personnages semblent dénués de libre-arbitre, jouets des autres, ankylosés par une sorte de léthargie sociale, comme des poids morts. Très pessimiste, le film fonctionne relativement bien grâce à un cinémascope qui découpe bien les lignes, soulignant par là les brissures ou cassures que dénonce l'histoire. Grâce également à un noir&blanc de circonstance, seulement rompu par la séquence en couleur liant les drapeaux japonais et américains. Je m'interroge encore sur sa signification.
Les quelques scènes érotiques, très soft, sont un peu trop longues à mon goût, d'autant plus qu'elles ne sont pas au centre du film. Peut-être que l'impératif commercial sur lequel le film a été financé a un peu trop prévalu?

Film intéressant, plutôt bien fait mais qui au final m'a peu ému, les personnages manquant de personnalité.
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Re: Quand l'embryon part braconner (Kôji Wakamatsu, 1966)

Message par shaman »

Alligator a écrit : Grâce également à un noir&blanc de circonstance, seulement rompu par la séquence en couleur liant les drapeaux japonais et américains. Je m'interroge encore sur sa signification.
C'est le traité nippon-américain, vivement contesté pendant les années 60 car renforçant la dominance militaro-économique américaine, et faisant du japon une base utile en cette période de guerre du vietnam.

Le gouvernement peut donc espionner le noyau dur de la contestation, il ne peut en aucun cas en changer ses motivations, ses ambitions et ses plans d'attaque.
Les quelques scènes érotiques, très soft, sont un peu trop longues à mon goût, d'autant plus qu'elles ne sont pas au centre du film. Peut-être que l'impératif commercial sur lequel le film a été financé a un peu trop prévalu?
C'est du film érotique avant tout. Il y a un budget, un cahier des charges obligeant un certains nombres de scènes érotiques. Le reste, c'est laissé libre au metteur en scène, c'est jugé sans aucune importance/intérêt.
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Re: Quand l'embryon part braconner (Kôji Wakamatsu, 1966)

Message par Alligator »

shaman a écrit :
Alligator a écrit : Grâce également à un noir&blanc de circonstance, seulement rompu par la séquence en couleur liant les drapeaux japonais et américains. Je m'interroge encore sur sa signification.
C'est le traité nippon-américain, vivement contesté pendant les années 60 car renforçant la dominance militaro-économique américaine, et faisant du japon une base utile en cette période de guerre du vietnam.

Le gouvernement peut donc espionner le noyau dur de la contestation, il ne peut en aucun cas en changer ses motivations, ses ambitions et ses plans d'attaque.
Ah d'accord, mais c'est surtout la position du réalisateur et le discours qu'il propose avec cette séquence qui ne me paraissent pas très clairs en fait. Pourquoi la couleur sur cette séquence? Pourquoi ne pas avoir continuer en n&b? Il met en exergue quoi au juste en sortant le film du n&b?
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Re: Quand l'embryon part braconner (Kôji Wakamatsu - 1966)

Message par Blue »

"Pourriez-vous dire deux mots sur votre usage du passage du noir et blanc à la couleur?

Les pellicules couleur coûtaient cher et pour des raisons de budget on ne pouvait en utiliser sur tout le film. Mais la maison de distribution me demandait d'insérer de la couleur. J'ai donc réfléchi à quel moment l'insérer, aux moments les plus efficaces pour l'insérer. Je mettais la couleur très souvent dans les scènes que je voulais montrer le plus aux spectateurs."


Source : cinemasie
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Re: Quand l'embryon part braconner (Kôji Wakamatsu - 1966)

Message par Tutut »

De Wakamatsu je n'ai vu que Go go et l'Extase des Anges, que me conseillez vous d'interessant dans sa filmo ?
Alligator
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Re: Quand l'embryon part braconner (Kôji Wakamatsu - 1966)

Message par Alligator »

Blue a écrit :"Pourriez-vous dire deux mots sur votre usage du passage du noir et blanc à la couleur?

Les pellicules couleur coûtaient cher et pour des raisons de budget on ne pouvait en utiliser sur tout le film. Mais la maison de distribution me demandait d'insérer de la couleur. J'ai donc réfléchi à quel moment l'insérer, aux moments les plus efficaces pour l'insérer. Je mettais la couleur très souvent dans les scènes que je voulais montrer le plus aux spectateurs."


Source : cinemasie
Merci. pourtant voilà une explication qui ne me satisfait qu'à moitié.
Tutut a écrit :De Wakamatsu je n'ai vu que Go go et l'Extase des Anges, que me conseillez vous d'interessant dans sa filmo ?
Moi je débute aussi. Je vais voir bientôt Violence without a cause (akas: Gendai Sei Hanzai Zekkyo Hen: Riyu Naki Boko - Viol sans raison) de 1969. Avis à suivre.
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Re: Quand l'embryon part braconner (Kôji Wakamatsu - 1966)

Message par Alligator »

Kabe no naka no himegoto (L'amour derrière les murs) (Kôji Wakamatsu, 1965) :

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quelques captures illustratives
_______________

Le film que j'ai précédemment vu de Kôji Wakamatsu, Gendai kosyokuden: teroru no kisetsu ("Histoire d'amour contemporaine: la saison de la terreur"), tourné quatre ans plus tard, se situait exactement dans le même cadre, à savoir une sorte de cité dortoir déshumanisée, prison de perpendiculaires et de parallèles qui ne mènent nulle part, de murs et de fenêtres identiques. Et ce film-là est entièrement consacré à cet enfermement, ce quotidien vide, morne où l'être humain cadenassé entre quatre murs cherche en vain à s'échapper. Wakamatsu nous présente tout à tour différents personnages, différentes cellules, autant de différents secrets, de différentes souffrances.
Le cinéaste ne fait pas dans la dentelle, j'avais déjà pu le constater précédemment. Ce film là est encore plus dérangeant.

On se rend compte très vite et de manière beaucoup plus constante que dans "La saison de la terreur" que le cinéaste affectionne tout particulièrement l'usage des gros plans afin de scruter la moindre onde de plaisir sur un pied, sur des mains qui s'accrochent au drap ou sur les visages extatiques lors des ébâts amoureux. A noter qu'i est difficile d'accoller le genre érotique à ce film-là tant la nudité n'est pas du tout exploitée. Focalisée sur ces gros plans, les scènes sexuelles prennent une teinte plus dramatique qu'érotique, presque glauque même. Mais intense. Jamais on a le sentiment d'assister à un spectacle jouant sur le désir du spectateur, bien au contraire, tout parait orienté vers le tragique et le malaise. Les situtations des personnages sont si misérables, humainement parlant, ces gens sont si désespérés qu'il est difficile d'aller chercher un quelconque bout d'éros. Les gros plans aussi sont utilisés pour accentuer ces sensations de malaise. La caméra est au plus près pour filmer le regard d'un personnage qui devient fou, une larme qui perle au coin de l'oeil, de menus détails révélateurs de l'émotion intime.

Profitons-en pour louer le travail remarquable d'intensité des comédiens, au premier rang desquels je situerais une actrice dont je ne parviens pas à retrouver le nom, celle qui joue une femme au foyer qui n'en peut plus de vivre dans ce petit appartement. Elle m'a énormément touché. Elle tombe amoureuse de son amant, éperdument, nourrissant un espoir de sortir de cette cité, de devenir mère. Tous les acteurs jouent des personnages perdus, des rats enfermés dans leurs boites, qui étouffent peu à peu et finissent par perdre complètement pied jusqu'à l'explosion de violence finale.

Un film efficace.
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