Walt Disney (1901-1966)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Strum
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Re: Disney ou "Bis"ney ?

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Un montage étonnant en effet qui confirme définitivement, par l'image, ce que l'on sait déjà : d'abord que les premiers Disney sont des chefs-d'oeuvre aux images si fortes que devenues moules, elles se prêtent à toutes les duplications, toutes les déclinaisons; ensuite, qu'à compter des années 60, les productions du Studio ne sont plus qu'une pâle copie (l'expression retrouve là tout son sens) de leurs glorieux parents.
angel with dirty face
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Re: Disney ou "Bis"ney ?

Message par angel with dirty face »

Strum a écrit :d'abord que les premiers Disney sont des chefs-d'oeuvre aux images si fortes que devenues moules, elles se prêtent à toutes les duplications, toutes les déclinaisons; ensuite, qu'à compter des années 60, les productions du Studio ne sont plus qu'une pâle copie (l'expression retrouve là tout son sens) de leurs glorieux parents.
Effectivement, et la question que je suis en train de me poser, c'est : Vont-ils continuer dans cette voie ou abandonner cette pratique de recyclage ? Autrefois, ça pouvait passer inaperçu mais aujourd'hui entre les DVD qu'on peut voir, revoir, et comparer et internet pour diffuser l'information...
Strum
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Re: Disney ou "Bis"ney ?

Message par Strum »

angel with dirty face a écrit :Effectivement, et la question que je suis en train de me poser, c'est : Vont-ils continuer dans cette voie ou abandonner cette pratique de recyclage ? Autrefois, ça pouvait passer inaperçu mais aujourd'hui entre les DVD qu'on peut voir, revoir, et comparer et internet pour diffuser l'information...
Aujourd'hui, Disney a abandonné toute ambition artistique au profit de sa filiale Pixar. Et d'ailleurs, cette stratégie commerciale porte ses fruits puisque pour la plupart des spectateurs, Nemo ou Wall-E, c'est du Disney.

Quant à la question plus générale du recyclage, je pense qu'il s'agit d'une pratique cinématographique extrêmement répandue, y compris en dehors du cinéma d'animation. Nombreux sont les cinéastes essayant de reproduire les plans, les attitudes, observés dans leurs films favoris. Par exemple, je suis convaincu qu'un même montage sur la comédie musicale américaine pourrait aussi donner lieu à des parallèles saisissants. A ce titre, le recyclage s'il est correctement maquillé et cohérent n'est pas nécessairement quelque chose de "mal", et les dessinateurs Disney ayant repris des plans entiers de classiques Disney antérieurs ne comprendraient certainement pas que l'on envisage les choses ainsi et n'abandonneraient pas cette pratique pour autant. Le recyclage est quelque chose d'inhérent au cinéma. Reste que si recyclage il y a, il faut parvenir à le transcender pour en faire un élément comme un autre du film dans lequel il est utilisé.
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-Kaonashi-
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Re: Disney ou "Bis"ney ?

Message par -Kaonashi- »

Frank Einstein a écrit :Mais bon comme j'ai toujours détesté l'esprit Disney cela ne fait que confirmer l'absence de créativité flagrante de ce studio à fric.
Carrément ? :lol: C'est bien mal connaître les films du studio et le progrès que représentent les premiers ourts et longs métrages réalisés sous la direction de Disney. Bien sûr on peut lui reprocher beaucoup de choses : les films Pinocchio ou encore Alice au pays des merveilles dénaturent considérablement pour le premier et beaucoup pour le second le matériau d'origine... tout en donnant au final de très bons films. Mais l'avancée de l'animation grand public et son développement a été possible en partie grâce à Disney. Et c'est oublié la volonté de Disney d'innover, de pousser les progrès des techniques d'animation et de les intégrer dans des films ayant une finalité autre que de montrer une évolution technique marquante : Mary Poppins mêle ainsi avec bonheur prises de vue réelles et personnages animés.
Strum a écrit :ensuite, qu'à compter des années 60, les productions du Studio ne sont plus qu'une pâle copie (l'expression retrouve là tout son sens) de leurs glorieux parents.
Je pense qu'il serait plus juste de dire "à compter de la fin des années 60", comme le montre la vidéo postée par Max.
Dès Le Livre de la jungle (1967), il y a des reprises (la séquence où les loups accueillent Mowgli reprend les mouvements des chiens sautant sur Moustique dans Merlin l'enchanteur, 1963), mais il y en avait déjà dans les courts métrages de la firme (aventures de Mickey, Donald, Goofy & cie).
L'âge d'or des Studio Disney pris fin avec le décès du père fondateur, c'est un fait. Vu l'énorme charge laissée par sa disparition sur les épaules de ses successeurs, je pense qu'on peut être indulgent par rapport aux repicages d'animation, d'autant plus qu'ils apparaissent dans des films certes moins parfaits qu'auparavant, mais loin d'être honteux. D'autant plus que les premiers films sortis après le décès furent initiés par Disney et portent déjà sa marque, grâce entre entres au talent de Wolfgang Reitherman (Le Livre de la jungle, Les Aristochats 1970, L'Apprenti sorcière 1971, et Robin des bois 1974).
Ainsi, ne pouvons-nous pas voir aussi dans ces reprises flagrantes d'animation pré-éxistantes, un ultime hommage avant retraite d'anciens collaborateurs ("The Nine Old Men") de long cours de Disney ?
Strum a écrit :Aujourd'hui, Disney a abandonné toute ambition artistique au profit de sa filiale Pixar. Et d'ailleurs, cette stratégie commerciale porte ses fruits puisque pour la plupart des spectateurs, Nemo ou Wall-E, c'est du Disney.
Et ce sont bel et bien "du Disney", puisque Pixar, en se faisant absorber par Disney, en a pris les rênes. John Lasseter est à la tête du département animation, et donc je pense que la filiale pourra, s'il a les coudées franches, revenir un peu plus sur le devant de la scène, également avec de l'animation traidtionnelle/2D.
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odelay
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Re: Disney ou "Bis"ney ?

Message par odelay »

C'est clair que voir en Disney qu'un studio à fric sans créativité et rien d'autre, c'est quand même très mal connaitre le sujet.
L'autre jour je regardais Horus, Prince du soleil de Takahata et Miyazaki (69 je crois ou 68), et l'influence disneyenne était plus que visible : on reconnaissait sans pb des scènes de Fantasia ou de La Belle au bois Dormant. Sentiment confirmé dans l'entretien avec Takahata qui reconnaissait s'être totalement de Pinocchio dans la façon de présenter le village par exemple.

Faudrait quand même pas tomber dans l'exces inverse de ceux qui labellisent tous les DA de Disney comme étant des "chefs d'oeuvre", en disant qu'ils n'ont fait que de la crotte et n'ont rien apporté à part du fric. Si tous les films sont loin d'être des chefs d'oeuvre, il y en a quand même et ils ont plus ou moins inspiré, consciemment ou non, ceux qui se sont lancés dans l'animation par la suite.
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Re: Disney ou "Bis"ney ?

Message par Strum »

-Kaonashi Yupa- a écrit :Et ce sont bel et bien "du Disney", puisque Pixar, en se faisant absorber par Disney, en a pris les rênes. John Lasseter est à la tête du département animation, et donc je pense que la filiale pourra, s'il a les coudées franches, revenir un peu plus sur le devant de la scène, également avec de l'animation traidtionnelle/2D.
Pixar n'a pas pris les rênes de Disney. C'est l'inverse. En achetant Pixar, Disney en a pris le contrôle en en faisant sa filiale à 100%, a importé le modèle de développement des films d'animation Pixar, dont il reconnaissait la supériorité artistique et économique en confiant à Lasseter la direction du département d'animation du studio. Lasseter est maintenant employé de Disney. Il n'est pas au board (Steve Jobs l'est, mais a d'autres chats à fouetter avec Apple) et n'en est pas un dirigeant. En tant qu'employé en charge d'une division (l'animation dont il est chief creative officer), son action va être approuvée ou non, sanctionnée ou non, pas le board de Disney, et indirectement par ses actionnaires si les décisions du board ne plaisent pas à ces-derniers. Maintenant, d'un point de vue stratégique, d'un point de vue économique, du point de vue de la reconnaissance du public, on peut dire effectivement que Pixar, c'est devenu du Disney. D'un point de vue artistique, en revanche, cela se discute (du moins pour un temps).
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J'ose tout de meme espéré que Pixar gardera son indépendance créatrice.
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Re: Notez les films naphtas - Janvier 2010

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Deuxième long-métrage de Walt Disney et une belle réussite même si très en deçà de son prédécesseur. Ce qu’il y a aujourd’hui de presque surprenant avec Pinocchio, c’est à quel point cette volonté de ne pas reproduire stricto sensu la formule de Blanche neige et les sept nains est à la limite de faire tomber le film dans ce qui deviendra les pires travers du studio. On a en effet souvent l’impression d’être à la lisière de voir ce cinéma disneyen tomber dans sa propre caricature. Mais le film se reprend toujours en mains et conserve une harmonie dans son déroulement. On ne peut pas ainsi véritablement critiquer la profusion de personnages secondaires. Aussi comiques que charmants, ces derniers ont leur importance puisque Pinocchio conformément à l'image donnée par Collodi est un personnage qui subit l’action plus qu’il ne l’a provoque. Le film trouve ainsi un équilibre qui se prolonge dans l’aspect visuel. Le character design généralise une approche humoristique des traits (seule la fée bleue échappe à la règle) amplifiée par une animation jouant sur la vivacité des personnages. Ce qui deviendra une marque de fabrique pour séduire à moindre effort le public contient toutefois toujours sa dose de recherche artistique à travers notamment des décors très fouillés (l’atelier de Geppetto et l’île enchantée sont des réserves de créativité). Le tout culmine dans l’apparition de Monstro la baleine, formidable création alliant merveilleusement la caricature animalière avec une étourdissante recherche graphique. La production garde donc pour elle son degré d’exigence (on notera d’ailleurs que près d’une demi-heure, soit un tiers du film, se déroule en huis clos) et signe un nouveau bijou de féerie.
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Re: Walt Disney

Message par Cathy »

Saludos Amigos (1942) et Los Tres Caballeros (1944)

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Succession de dessins animés ayant pour thème l'Amérique du Sud.

Dans la lignée de Fantasia, en quelque sorte et précurseur des Make mine music ou Melody Time, Saludos Amigos et Los Tres Caballeros sont des ballades plus ou moins musicales en Amérique du Sud. Dans le premier film, on voit apparaître le personnage de José Carioca qui sera en quelque sorte le fil conducteur du second. Les deux films mélangent animation et images réelles. Dans le premier film, nous sommes plus dans le documentaire, l'équipe de chez Disney va trouver des thèmes au Brésil, en Argentine, au Pérou et en font des dessins animés, ainsi nous retrouvons Donald en touriste sur le Lac Titicaca, avec un lama qui est en quelque sorte le précurseur du personnage de Kuzco lama, puis c'est Goofy qui se retrouve chasseur d'autruche dans les pampas, on retrouvera quelque peu le même thème dans Goofy et l'équitation avec un cheval au rire communicatif, nous avons aussi un hommage aux pionniers de l'aviation qui franchirent la Cordillière des Andes avec l'histoire d'un petit avion. Le tout se termine par l'évocation de Brasilia avec la fameuse Aquarelos da Brasil et son dessin qui se crée et se transforme tantôt en oiseau, tantôt en fleur, poétique et sympathique. Le film n'offre donc que le plaisir de voir trois cartoons Disney où l'on retrouve également Donald dans la dernière partie.
Los Tres Caballeros part du même principe de cette ballade, mais dans la première partie, le côté documentaire l'est à travers des dessins animés, nous avons aussi l'histoire du pingouin qui avait froid ou de l'âne volant, deux petits dessins animés charmants tout à fait dans la tradition Disney. Dans la deuxième partie, l'équipe Disney incorpore personnages réels et dessins animés pour une des premières fois, l'incorporation des deux n'est pas encore parfaite on voit trop le côte danseuse évoluant devant un dessin animé, les ombres ne sont pas suffisantes et les numéros bien que colorés et exotiques ne sont pas forcément passsionnants. Naturellement il y aura la fameuse scène de Los T'res Caballeros à la musique entêtante, on appréciera aussi les Cactus dansant entourant Carmen Molina ou la chanson typique de cette époque de Dora Luz. L'histoire fait la part belle à un Donald déchainé, enthousiaste devant les beautés présentées, mais tout cela bien que sympathique s'étire un peu en longueur et est quelque peu répétitif.
Ce sont donc deux Disney mineurs qui annoncent les succès futurs de Mary Poppins notamment, et qui reprend quelques trucs de Fantasia, comme la ligne musicale. Mais où Fantasia fait preuve d'imagination, Los tres caballeros n'est qu'une illustration exotique basique de chansons tropicales. Les dessins animés purs sont toutefois sympathiques et totalement dans la tradition de Disney.

A noter que les DVD mériteraient une restauration plus poussée
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Cathy
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Re: Walt Disney

Message par Cathy »

Fantasia (1940)

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Illustration animée de morceaux musicaux divers et variés.

Le film est divisé en deux parties comme un concert, et la répartition des morceaux est la même entre les deux parties, un morceau sur la musique "pure" avec la toccata et fugue de Bach ou la piste sonore avec des illustrations de sons, au Casse-Noisette suite et son ballet sur la nature répond l'Olympe de la Symphonie Pastorale, à l'Apprenti sorcier répond la ronde des heures et au difficile Sacre du printemps et sa création du monde répond la nuit sur le mont chauve suivie de l'Ave Maria répondant comme une note spirituelle avec diable et sacré ! la restauration du Blu-ray permet d'apprécier encore plus le travail des animateurs, les gouttes de rosée sur les champignons de Casse-Noisette, les textures de l'eau, des rochers, du feu dans le Sacre, les créatures diaboliques de la nuit sur le Mont Chauve.

Il y a aussi un travail énorme sur les couleurs que ce soit dans l'orchestre, ou une fois encore dans la nuit sur le mont chauve où les silhouettes bleuetées ou jaunes répondent au noir diabolique. Il y a aussi le côté osé de la Symphonie pastorale avec ses jeunes centaurettes poitrine dénudée et un côté orgie débauche minimisée par Bacchus et son âne licorne. Il y a le côté beaucoup plus léger de l'Apprenti sorcier ou de la ronde des heures avec leur bal(ai)let déjanté ! Comment ne pas succomber aux oeillades de demoiselle hippopotame et monsieur crocodile ! Le travail sur le sacre est impressionnant et montre la fascination que cette époque a toujours suscitée au cinéma, et naturellement son T-Rex, aucune bestiole n'est oubliée, diplodocus, brontosaure, ptérodactyle, stégosaures, archeopteryx, etc. Il y a aussi cette poésie des fées de la nature déjà bien présentes dans le casse-Noisette avec ces fées qui colorent les feuilles l'hiver ou ourlent les végétaux de rosée sans omettre un côté proche de Tchaîkovsky avec ces chardons exécutant une danse russe, ou le côté ballerine de la danse des mirlitons.

On comprend que Fantasia n'ait pas eu le succès souhaité à sa sortie tant nous sommes loin du dessin animé traditionnel. Il y a aussi un "charcutage" des oeuvres pour permettre le côté fluide du film. Alors chaque épisode n'est pas aussi égal, mais on ne peut être que surpris par la modernité de l'animation notamment dans la fameuse Toccata et fugue avec ses lignes animées, apprécier le côté léger de l'apprenti sorcier ou de la ronde des heures, le côté osé de la symphonie pastorale ou les thèmes diaboliques qui seront repris dans Taram avec la nuit sur le mont chauve. Le film retrouve une beauté extraordinaire avec sa restauration blu-ray, et permet d'apprécier encore plus le film. Par contre les bonus ne sont pas sous-titrés en anglais !
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Message par Federico »

Strum a écrit :les premiers Disney sont des chefs-d'oeuvre aux images si fortes que devenues moules, elles se prêtent à toutes les duplications, toutes les déclinaisons
Exact. Une des preuves les plus originales est l'inclassable petit bouquin Claus Böhmler zeigt: Pinocchio - ein lineares Programm que conçut Claus Böhmler, un artiste du mouvement Fluxus en 1969. Un des objets livresques les plus improbables que je connaisse. Sur des pages d'écolier sagement quadrillées, il a posé, contreposé, superposé, déformé et a joué avec l'image-symbole du Pinocchio de Disney grâce à un simple tampon encreur à son effigie. C'est complètement foutraque et carrément génial.
Ce bouquin, édité à peu d'exemplaires est assez difficilement trouvable mais il vaut la peine d'être cherché. Je n'ai pu mettre la main dessus qu'il y a une dizaine d'années en le faisant venir depuis un tout petit distributeur allemand spécialisé dans les livres d'art underground.
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Re: Walt Disney

Message par allen john »

Runaway brain (Chris Bailey, 1995)

Un jeune en train de jouer comme un gros lourd aux jeux vidéos (Un Simplet est en train de faire du Kick-boxing pour dégommer la méchante sorcière de Snow White and the seven dwarfs), les yeux complètement explosés. sa fiancée débarque, et lui reproche de ne pas s'occuper d'elle. Et alors? Alors, ce sont Mickey et Minnie Mouse. Même pas new look, ils sont bien eux, avec leurs oripeaux de 1943, et leur relation ne fait justement aucun doute. c'est bientôt l'anniversaire de leur premier rendez-vous, et suite à un quiproquo, Minnie croit que Mickey veut lui offrir 18 jours à Hawaii. il faut donc que notre souris trouve un emploi pour financer ces vacances imprévues. Le docteur Frankenollie recherche justement un cobaye, Mickey se présente, et il se voit aussitôt forcé d'échanger son gros cerveau avec celui, minuscule, d'une créature gigantesque, Julius, sorte de méga-Pegleg Pete (Pat Hibulaire en Français). Lorsque le Mickey Néandertalien ainsi obtenu voit la photo de la belle, il décide qu'il la veut... Sale temps!!

Un Mickey d'horreur, ça existait déja: le début des années 30 a beaucoup vu Ub Iwerks expérimenter avec le mélange entre ce bon MIckey et des savants fous (Voir The Mad Doctor). Donc, ce film n'est que 'adaptation au gout du jour d'un concept qui a fait ses preuves, mais versant totalement trash. ON notera que le Mickey "gamee" est assez inattendu, que les intentions de Minnie sont de mettre un maillot de bain ultra-rikiki pour le moment durant lequel les amoureux seront seuls au monde sur un bateau, et à mon avis les intentions de "Julius" sont assez peu orthodoxes. Je ne me lasserai jamais de la façon dont il gémit "Minniiiiiiiiiiiiiiiie", avec gourmandise... Les concepteurs du film se sont permis une petite allusion au glorieux passé avec ce docteur Frankenollie (Un chimpanzé fou) qui renvoie à Frank Thomas et Ollie Johnston, Frank N' Ollie, vénérables animateurs légendaires du studio. Certes, Runaway Brain est bien un dessin animé des années 90, avec son rythme délirant, son jeu sur la violence et l'excès... Mais c'est encore, toujours du Mickey Mouse! Estampillé Disney, pour le meilleur, et.. le meilleur.

http://allenjohn.over-blog.com/article- ... 70340.html
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Re: Walt Disney

Message par allen john »

Sleeping beauty (Les Clark, Eric Larson, Wolfgang Reitherman, 1958)

Ce film est probablement le plus beau des dessins animés de long métrage de la période glorieuse de Disney. Ce fut un flop, spectaculaire, probablement en raison de son avant-gardisme particulièrement surprenant. Le travail a duré, on ne le sait pas toujours, de 1951 à 1958, les voix étant caractéristiquement enregistrées en premier en 1952... Le film bénéficie de l'acran large, qui est utilisé au studio dès la sortie de 20,000 leagues under the sea, en 1954 de Richard Fleischer (celui-ci va d'ailleurs conserver dans les années 50 un petit rôle de consultant dans les productions en scope, dont La belle et le clochard. Ce dernier film a posé beaucoup moins de problèmes, entamé après, mais fini avant le film-conte. c'est que la vision des artistes de Disney pour cette histoire si conue passait pas des concepts visuels uniques, et révolutionnaire: il suffit de comparer le film avec ce qui précède: Peter pan, Alice, tous les films d'avant Sleeping beauty sont des garants du style rond, harmonieux du studio de Burbank, établi de court métrage en court métrage durant 25 ans... Sleeping beauty, lui, tient compte d'une part des avancées de l'animation "pointue" des nouvelles tendances de ces années 50, mais aussi d'autre part des étonnantes recherches en stylisation du décor menées notamment à la Warner par Maurice Noble sur les aventure sublimes du Coyote de Chuck Jones (Qui aurait d'ailleurs collaboré à ce film...)... L'écran large, magnifiquement utilisé, s'accompagne d'un rendu splendide de la bande-son en stéréophonie. On savait mettre les petits plats dans les grands, chez Disney, à l'époque.

L'histoire est bien connue, et propice à des figures hautement Disneyiennes, à commencer par Aurore-Rose et son prince charmant, batifolant dans la forêt au milieu de tout un tas de charmantes bestioles, une séquence néanmoins sdauvée par l'invention et la confrontation d'une animation superbe de fluidité et d'un décor délirant. Le film est surtout notable pour sa part dans l'élaboration d'un "coté obscur" de Disney: la méchante, Malificent, est particulièrement soignée, ses apparitions tiennent à chaque fois du miracle de raccourci, et la façon dont ce royaume de carton-pâte (Représenté dans les premières images par une sorte de re-création de miniatures médiévales, colorée et claires) est peu à peu contaminé par le mal (le chateau dans lequel les bonnes fées viennet apporter la princesse après 16 ans d'absences tient du donjon sinistre), et ala soudaine prolifération d'images fortes (le fuseau, mais aussi les recherches des fées dans les coulisses d'un chateau immense, aux murs suintants, et enfin bien sur la scène des ronces). Le prince est empêché par la méchante fée de rejoindre sa bien-aimée, on ne va pas s'amuser à décortiquer, mais la façon dont ce film se déroule visuellement est un enchantement, unique en son genre. Je pense qu'il faudra ensuite attendre la collaboration avec Pixar pour trouver des films aussi inventifs sous estampille Disney....

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Mickey Mouse (Ub Iwerks, David Hand, Walt Disney, etc)


Un petit pèlerinage occasionnel du côté des courts métrages des studios Disney s'impose. D'autant que la plupart d'entre eux sont largement disponibles, qu'ils ont été magnifiquement restaurés, et qu'ils portent en germe le meilleur de l'animation Américaine. Concentrons-nous cette fois ci sur Mickey Mouse, que nous connaissons par de fades bandes dessinées, et quelques apparitions mémorables dans des longs métrages mythiques. Il est généralement accepté de considérer Mickey comme le bon garçon des films Disney, et Donald Duck comme la véritable star, mais ce que montrent la plupart des dessins animés en noir et blanc, c'est qu'avant de devenir un vecteur pour la mise en place d'un univers dont les autres personnages (Goofy, Donald, Pluto, etc) sont finalement plus intéressants, Mickey a été un anti-héros de dessin animé qui faisait ce que bon lui semblait, un peu à la façon d'un Daffy Duck ou d'un Bugs Bunny, voire d'un Screwy Squirrel, toutes proportions gardées. Enfin, l'animation ici présentée est absolument fabuleuse, inventive, et souvent avant-gardiste.

Steamboat Willie (1928, Ub Iwerks)
Le "premier Mickey Mouse", nous serine la légende. en fait, le troisième... Mais ce qu'a apporté pour la première fois Steamboat willie, c'est le son. le film nous montre Mickey en proie à une frénésie musicale sur un bateau dont il n'est que le marin, et la souris utilise tout ce qui est à sa portée, du moment que ce soit animal, pour faire de la musique. C'est sans doute ce film qui a établi une bonne fois pour toutes les 24 images par secondes, et Iwerks, on l'entend bien dans cette bande-son très millimétrée, anime à la portée...

The Gorilla mystery (1930, Burt Gillett)
Faire peur et faire rire, une obsession des studios Disney. Les pas de géant effectués depuis 1928 ont permis de faire ce film, dans lequel l'atmosphère est à la trouille: un gorille géant s'est emparé de Minnie, et Mickey fouille la maison à la recherche de sa belle. belle utilisation de l'espace et de la lumière...

Parade of the award nominees (1932, Joe Grant)
Mickey au service du cinéma: Mickey introduit un défilé des stars de la cuvée 1932 des Oscars, dans ce très court film destiné à être projeté lors de la cérémonie: wallace beery, Jackie Cooper, helen hayes,Marie dressler ou Fredric March sont ainsi croqués par Joe Grant. et pourtant le principal intérêt de ce plan-séquence est d'être le premier Mickey en couleurs, la même année que Flowers and trees, le premier dessin animé en Technicolor trichrome: superbe!

The mad dog
(1932, Burt Gillett)
Comédie simple, dans l'univers défini par les studios, à savoir une Amérique profonde qui vit tranquillement ses petites histoires de voisinage... Pluto se lave, et ça pose des problèmes surtout lorsque l'abus de savon lui donne une allure de chien enragé... beaux décors, tout en nuances, pour une animation fluide.

Building a building (1932, David Hand)
Mickey travaille... Ce qui motive Hand, c'est plus la peinture du travail comme un univers que les conditions sociales, ce qui ne l'empêche pas de rejoindre Chaplin avec son utilisation de la personnalisation des machines. Mais Mickey ici, s'il est supposé construire, est surtout occupé à tout détruire. Lorsqu'il fera partie d'une équipe, auprès de Goofy et Donald, la destruction sera un accident dont ils souffriront, ici, il participe joyeusement au massacre.

The mad doctor(1933, david Hand)
Faire peur, encore, avec un festival de gags sinistres, qui recyclent et réactualisent un grand nombre de gags morbides mis au point entre 1928 et 1931 par Ub Iwerks. l'obession du savant fou, chez Disney, ça ira jusqu'au très drôle Runaway Brain, en 1995.

Two-gun Mickey (1934, Ben Sharpsteen)
Parodie affectueuse d'un genre pourtant réputé mineur, avec ce western dans lequel les gags pleuvent. Magistral, et un noir et blanc de toute beauté; c'était d'ailleurs un des derniers films avant le passage à la couleur...

The band concert (1935, Wilfred Jackson)
Admirable film, le premier Mickey régulier en couleurs, avec en prime l'apparition de Donald Duck en trouble-fête. Indispensable, et un film qui fait le len entre les années durant lesquelles Mickey évoluait au sein d'une basse-cour hétéroclite (Ici devenue un orchestre) et les futurs dessins animés qui le verront perdre de l'importance au profit de ses acolytes. Mais il ya aussi une progression notable depuis les premiers films musicaux un brin mécaniques, et celui-ci ou tout est si fluide...

http://allenjohn.over-blog.com/article- ... 40512.html
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Re: Walt Disney

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Bambi (David Hand, 1942)

Il y a un avant et un après Bambi, c'est incontestable... il n'y a qu'à voir la virulence de la réponse de Tex Avery à ce film (Screwball Squirrel, 1943) pour mesurer l'importance de ce long métrage en tant que film fondateur pour le srtudio Disney. Avant Bambi, l'anthropomorphisme dominant se doublait de burlesque, et la rondeur du graphisme se mélangeait à un joyeux fourre-tout particulièrement bien représenté par le bric-à-brac surréaliste qu'est Fantasia. Bambi fait naitre au sein du studio Disney une nouvelle unité, ainsi qu'une rigueur du style qui n'ont de précédent que certains courts métrages de la série Silly symphonies.

A la base du film se trouve un roman de Felix Salten, paru en 1923, dans lequel l'auteur exaltait la nature et diabolisait furieusement l'homme, ce qui laisse des traces dans le film, même si les commentateurs qui se sont penchés sur le livre et le film ont tous noté une appropriation très Disneyienne: on n'est pas éloigné de tout anthropomorphisme avec ce film, mais j'y reviendrai. Les difficultés à mettre ce film en route sont d'autant plus palpables si on considère que Walt Disney voulait que Bambi soit son deuxième long métrage, tout de suite après Snow White. Ce ne sera que le 6e, repoussé et constamment affiné: la comparaison entre Dumbo (1941) et ce film est édifiante: à un graphisme rond, hérité des premières Silly symphonies, Bambi substitue un réalisme des personnages allié à une stylisation très subtile du décor, et tout en respectant Dumbo, il faut bien reconnaitre que le studio a fait très fort avec ce nouveau film...

Le scénario est principalement dédié au passage d'une année, captée à travers 8 moments forts: la naisance de Bambi; la découverte de la forêt grâce à la complicité avec le lapin Thumper (Pan-Pan); la découverte de la prairie avec la mère, incluant la première rencontre avec faline, la future Mrs Bambi, mais également la rencontre mythique avec le "prince de la forêt", le père; l'arrivée de l'hiver, et ses développements, jusqu'à la fameuse mort de la mère; le printemps et son cortège de changements, métamorphose physique et comportementale; les amours avec la jeune Faline et la lutte pour le couple; les hommes et le feu, séquence spectaculaire; enfin, le retour du printemps qui coïncide avec la naissance de deux faons chez Bambi et Faline.

Passage des saisons, évolution dans la nature et évolution du caractère rythment aussi naturellement que possible l'intrigue de cette histoire d'apprentissage, avec un aspect frappant: les seuls animaux dangereux que nous apercevons sont les chiens (sales bêtes) d'ailleurs tous bâtis sur le même modèle, et aperçus fugitivement, en meute; ils sont aussi menaçants, effrayants et presque aussi stylisés que le feu, l'autre grande menace vue dans le film. Quant aux hommes, ils sont vus de loin, assimilés symboliquement à une nuée de corbeaux qui les accompagnent, et à la fumée du feu qu'ils ont allumés avant de partir massacrer les petits êtres de la forêt. Il est intéressant de comparer ce film à The Lion King, qui en reprend de nombreux traits; Si l'homme disparaitra totalement du film de 1995, l'anthropomorphisme reviendra sous la forme de figures simili-Shakespeariennes, de la trahison du frère, et d'une société en proie à la monarchie douce (même si suspecte) puis au fascisme sous la domination de Scar... L'allégorie en sera plus lourde aussi, là ou Bambi maintient un équilibre fragile entre la tentation anthropomorphe et le naturalisme un rien béat.

Si le film reste un film Disney, et donc attribue à nos héros des pensées, un dialogue, des amitiés, et une hiérarchie (Insupportable tendance à vouloir faire d'un animal le 'prince de la forêt', pour ce patriote Républicain qu'était Disney, non?), l'assimmilation passe ici par le caractère, et l'animation se charge de capter un réalisme physique des animaux qui est assez révolutionnaire pour l'époque. Mais les vieilles manies ont la peau dure, et le personnage du père est intéressant à plus d'un titre; il y a plusieurs façons en effet d'interpréter sa mise à l'écart: vu par quatre fois, il est constamment en hauteur, et mythifié; il est à la fois le père, le monarque, et Dieu. Sa deuxième scène le voit d'ailleurs, après avoir salué Bambi, remonter, comme une apparition; enfin, vu le comportement sexuel des cerfs évoqués dans la scène de bataille entre Bambi et un jeune anonyme, il convient de rappeler que dans ces cas-là, le gagnant rafle plus que la mise: le père est éloigné de la mère, sans doute parce qu'il est le conjoint de toutes les biches alentour... Ce qui fait probablement de Faline sa fille, de ce mythique et divin "prince de la forêt" un affreux polygame, et de Bambi et Faline des incestueuses bestioles. Dans ces cas-là, il valait mieux qu'il s'éloigne...

La scène la plus traumatisante du film, la mort de la mère, témoigne bien sur d'une volonté d'aborder les problèmes sans pour autant virer dans la violence. C'est une réussite graphique et cinématographique, dont le seul défaut est selon moi l'apparition du grand cerf à la fin: venus dans la prairie pour manger un peu d'herbe qui a percé la neige, la mère et le fils sont tout à coup à porté e de fusils, et doivent s'enfuir; ils s'enfuient, on les voit ensemble; la caméra est cadrée sur Bambi lorsqu'on entend un coup de feu, et le jeune faon sa réfugie çà l'abri, en forêt. La neige recommence à tomber, et devient vite une véritable purée de pois. L'intervention divine et pédagogique du père, qui donne forcément corps à la notion d'apprentissage chère à Disney, est de trop, alourdissant ce qui était une ellipse superbe...

Le roman était écrit en Allemand par un Hongrois, mais le film est furieusmeent Américain; pas dans un sens péjoratif, non, mais dans la mesure ou le bon sens qui règne ici, allié à l'atat de nature, renvoie à une innocence cinématographique chère à Disney, déja présente dans les premiers Mickey Mouse très ruraux, et présente aussi dans le cinéma depuis Griffith (A romance of Happy Valley, True Heart Susie), King (Tol'able David) ou même Harold Lloyd (The kid brother). Le fait que cet Américanisme de bon aloi soit présenté dans une animation splendide est une valeur ajoutée. Mais si le film a eu une descendance en particulier dans l'équilibre revendiqué entre humanisation et état de nature, il me semble qu'aucun de ses descendants ne s'approchera de sa perfection formelle.

http://allenjohn.over-blog.com/article- ... 50548.html
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