David Lean (1908-1991)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Joe Wilson
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Re: David Lean

Message par Joe Wilson »

La route des Indes est un film d'une grande dureté, qui sans cesse nous rappelle un cloisonnement, une rencontre morte née entre l'Occident et l'Orient.
Du long passage central aux scènes de procès, Lean conte cette amertume avec exigence, noie la magnificence des paysages, l'ampleur de la mise en scène sous le poids de cette incompréhension. Le final atténue cette sombre impression, mais il reste cette sensation de gêne, de violence muette, enfouie par les gestes de la vie quotidienne.
Les acteurs sont brillants à commencer par Judy Davis, plus que convaincante entre sécheresse feinte et tristesse incomprise.
Une réalisation à revoir en tout cas, à part dans sa filmographie mais un beau départ.
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Profondo Rosso
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Re: Notez les films Naphtas- Janvier 2009

Message par Profondo Rosso »

Le Pont de la rivère Kwai de David Lean (1957)

En 1943, un régiment anglais interné dans un camp de prisonniers en Birmanie est affecté a la construction d'un pont en pleine jungle. Après s'être opposé à ce projet, le colonel cède aux exigences japonaises. Il ignore que les Américains préparent le dynamitage du pont...

Pas revu depuis longtemps toujours aussi bon. Le film qui donna une stature internationale à David Lean lui permettant d'accéder à des projets de plus en plus ambitieux et de devenir le représentant du grand spectacle profond et intelligent pour les cinéphile. Un scénario parfait qui glorifie autant qu'il met en boite la nature profonde d'un certains type de fierté et d'arrogance toute britannique pour qui l'honneur et le devoir passe avant tout, évidemment avec le personnage de Alec Guiness mais également le personnage de Jack Hawkins (
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prêt à se laisser abandonner dans la jungle pour faire avance la mission ou qui sacrifie William Holden à la fin
), l'équilibre etant amené par l'américain William Holden moins rigide et plus humain. L'armée britannique est ainsi présentée comme une entité fière et orgueilleuse qui est capable d'unité et de soulever des montagnes dans l'adversité en construisant le pont, avec également une dimension colonialiste en les montrant surclassant quand il décident de reprendre les les travaux en mains. Fascinante prestation de Alec Guiness en officier aristocratique qui entre son désir de laisser une trace et son sens pratique tout britannique maintient une belle ambiguité jusqu'au bout puisque même en revoyant le film ses motivations quand
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il fait exploser le pont à la fin
restent énigmatique. Sinon une réalisation impressionnante de maîtrise de David Lean, les scène de jungle sont de pures merveilles portées par la photo splendide de Jack Hildyard et le film regorge de moments spectaculaires, l'explosion grandeur nature du pont n'étant pas la moindre. Pas mon Lean préféré (ça manque de grand sentiments et d'envolées de Maurice Jarre !) le must restant Brève Rencontre et l'enchaînement Lawrence D'Arabie/Jivago/Fille de Ryan mais grand film tout de même. 5/6
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Sybille
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Re: David Lean (1908-1991)

Message par Sybille »

Bridge on the river Kwai / Le pont de la rivière Kwai
David Lean (1957)

Considéré comme le premier film à grand spectacle de David Lean, "Le pont de la rivière Kwai" est un formidable film, dont l'action se déroule dans le Pacifique pendant la Seconde Guerre mondiale. La bataille est terminée pour les prisonniers de guerre britanniques qui se retrouvent dans le camp japonais. Tiré du roman éponyme écrit par le Français Pierre Boulle, le scénario décrit admirablement le cas de conscience qui se pose à ces hommes, partagés entre l'honneur et la fierté envers leur patrie, mais confrontés à leur situation particulière, aux conditions de vie difficile, à la difficulté de refuser d'obéir aux ordres, ou de se faire traiter décemment. Le contraste entre les Anglais toujours respectueux de l'ordre, même s'il est contraire à leur intérêt, et l'Américain décontracté qui ne pense qu'à s'évader, de même que celui qui oppose les Japonais, incapables de mettre en oeuvre un pont solide face aux ingénieurs anglais qui, eux, savent immédiatement y faire grâce aux innombrables ponts qu'ils ont édifiés en Inde, est peut-être caricatural, mais n'empêche que le tout demeure extrêmement savoureux. Alec Guinness et William Holden sont parfaits dans leurs rôles respectifs, en particulier Guinness, un acteur que j'ai déjà remarqué dans d'autres films de Lean, mais jamais plus qu'ici (étant donné qu'il a un premier rôle - marquant qui plus est - qu'il n'est pas grimé en Arabe ou en Indien, et n'a pas dix ans de moins). Ses face-à-face avec avec Sessue Hawakawa sont plutôt drôles. Le film est assez long, et malgré que mon attention n'a pas toujours été complète, j'ai beaucoup aimé le traitement ironique qui est fait de la situation, appréciant ainsi davantage les scènes de construction du pont que celles relatant la mission emmenée par l'Américain. Le suspens est soigneusement conservée jusqu'au bout d'un final spectaculaire, qui ne fait que révèler la vanité et l'absurdité des comportements humains. 8/10
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Re: David Lean (1908-1991)

Message par someone1600 »

Bien d'accord avec toi Sybille. D'autant que j'ai revu le film la semaine derniere et en haute définition en plus. :D
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Sybille
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Re: David Lean (1908-1991)

Message par Sybille »

Tu en as de la chance de l'avoir visionné en HD, je serais curieuse de voir ce que ça donne, surtout qu'on peut dire que tous les films de Lean, en particulier à partir de Kwai évidemment, doivent justement en valoir la peine.
julien
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Re: David Lean (1908-1991)

Message par julien »

Sybille a écrit :on peut dire que tous les films de Lean, en particulier à partir de Kwai évidemment, doivent justement en valoir la peine.
Lean était un perfectionniste et il ne faisait pas les choses à moitié. D'ailleurs dans les années 80, Spielberg lui avait demandé de réaliser l'un des épisodes d'Amazing Stories mais celui-ci avait demandé 6 mois de tournage. 6 mois pour réaliser une demi-heure !
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"Toutes les raisons évoquées qui t'ont paru peu convaincantes sont, pour ma part, les parties d'une remarquable richesse." Watki.
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Sybille
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Re: David Lean (1908-1991)

Message par Sybille »

Great Expectations / Les grandes espérances
David Lean (1946)

Adaptation de l'oeuvre éponyme de Charles Dickens (que je n'ai pas lue), le film de David Lean m'a en tout cas paru entièrement digne d'éloges, du moins si l'on apprécie ce genre d'histoire qui tient à la fois du conte pour enfant et justement du récit initiatique. John Mills est peut-être légèrement trop âgé pour paraître tout à fait crédible dans le rôle de Pip. Il fait cependant montre de la dose de naïveté nécessaire pour incarner avec justesse son personnage, et la transition entre Pip enfant puis adulte s'effectue d'ailleurs avec beaucoup de naturel (le jeune acteur est également très bien). Cela est d'ailleurs un peu moins évident à mon goût concernant Estella. Jean Simmons se révèle déjà une bonne actrice pour son jeune âge, mais Valerie Hobson ne dégage malheureusement que peu de charisme (enfin peut-être suis-je de parti pris, Jean Simmons étant une de mes actrices préférées). Le film manque parfois d'un certain rythme, il s'écoule plutôt lentement, cependant les aventures maladroites de Pip ne manquent ni de drôlerie, de finesse ou tout simplement de charme, en faisant une oeuvre qui tient parfaitement son rang dans la filmographie du réalisateur. 8/10

de Ann Harding, le 28 novembre 2006

Sur John Mills = http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... ilit=mills
Great Expectations (Les grandes espérances)-1946 D. Lean
Dans cette adaptation de Dickens, il est Mr Pip (adulte) face au délicieux Herbert Pocket d'Alec Guinness. On est frappé par la délicatesse de sa composition face au cabotinage de Martita Hunt en Mrs Havisham.
de Profondo Rosso, le 29 décembre 2007
De grandes espérances de David Lean (1946)

Superbe adaptation d'un classique de la littérature anglaise où se cotoie l'innocence enfantine dans la charmante première partie, le récit romanesque et les moments de vraies noirceurs et de cruauté dont David Lean est capable. Un joli récit de parcours initiatique à la construction très littéraire en effet sur ce garçon pauvre (John Mills tout en naïveté) des campagnes qui gravi les échelons de la haute société. Malgré un tournage essentiellement studio Lean parvient même à nous distiller quelques plans grandioses dont il a le secret avec toutes ces très belles scène en campagne au début et la traque des évadés. 5/6
de AtCloseRange, le 03 février 2009
Les Grandes Espérances
Si la première partie superbe (toutes les scènes dans la demeure de Lady Havisham) permet d'entrevoir le futur réalisateur au souffle épique que sera Lean, j'ai trouvé la partie adulte moins réussie. Est-ce dû à John Mills trop vieux pour le rôle ou à la prestation fadasse de Valerie Hobson (même dans un rôle réduit) dans le rôle d'Estella adulte mais j'ai moyennement accroché.
Par contre, Jean Simmon (alors âgée de 17 ans) est éblouissante dans le rôle de la jeune Estella.

Tiens, on apprend des choses fascinantes sur All Movie Guide: Valerie Hobson était la femme de John Profumo au moment du scandale du même nom qui a servi de base au film Scandal.
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Mama Grande!
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Re: David Lean (1908-1991)

Message par Mama Grande! »

Lawrence d'Arabie

Baptême leanien avec un film que beaucoup considèrent comme un des meilleurs films jamais réalisés.
Tout d'abord, un petit regret, celui de ne pas l'avoir découvert dans des conditions optimales, sur un grand écran dans une belle copie (la copie du dvd est bonne mais la compression laisse parfois à désirer). Mais on fait avec ce qu'on a. Et le moins que je puisse dire, c'est que le film n'a pas volé sa réputation. Il dresse le portrait d'un homme marginal, sans attache, fou, et dont la fascination pour le désert est une marque de folie. Mais cette fascination est celle d'un Européen. Les Arabes qu'il rencontrera voient le désert pour ce qu'il est, un vide hostile dans lequel on survit plus que l'on vit. Ainsi, Lean filme le désert avec la fascination d'un Occidental et qui est, du coup, celle du spectateur. Comment ne pas être ébloui par cette beauté du vide, ce lieu incroyable, silencieux, et d'autant plus mystérieux que l'humain n'y a pas sa place. La scène de la mort de [...] est significative de l'absurdité de la présence humaine en un tel lieu. Elle peut faire penser à la mort de l'astronaute dans 2001. D'une certaine manière, le désert chez Lean ressemble à l'espace chez Kubrick, un sujet que l'on peut filmer pour le plaisir de le filmer, qui à de nombreux moments se suffit à lui-même, car sa seule présence stimule l'imagination du spectateur. Mais j'ai également été surpris par le traitement des personnages, Lawrence comme les personnages secondaires. L'approche est beaucoup moins lisse que ce que l'on attend d'un film d'aventure classique. Lawrence se présente d'abord comme un humaniste, et se comporte avec les Arabes sans la condescendance colonialiste de ses compatriotes. Une sorte de Corto Maltese cinématographique en somme. Mais on voit vite que son aventurisme est plus dû à sa folie qu'à un soutien sincère à la révolte arabe, une folie à la fois suicidaire et sanguinaire. Comme si le désert avait peu à peu dévoré l'humain en lui, que la vie était devenue à ses yeux absurde, un peu à l'image de sa mort au début du film. Quant aux Arabes, je ne m'attendais pas à un rejet des caricatures et à une présentation aussi lucide de la situation qui était alors la leur.
Un chef-d'oeuvre à tous les niveaux.
julien
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Re: David Lean (1908-1991)

Message par julien »

Mama Grande! a écrit :Lawrence d'Arabie

Baptême leanien avec un film que beaucoup considèrent comme un des meilleurs films jamais réalisés.
Tout d'abord, un petit regret, celui de ne pas l'avoir découvert dans des conditions optimales, sur un grand écran dans une belle copie (la copie du dvd est bonne mais la compression laisse parfois à désirer).
Plains toi mais moi je l'ai découvert en version pan&scan sur TF1 avec deux coupures de pubs au milieu. :mrgreen:
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"Toutes les raisons évoquées qui t'ont paru peu convaincantes sont, pour ma part, les parties d'une remarquable richesse." Watki.
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Re: David Lean

Message par George Costanza »

cinephage a écrit :Hobson's choice (1954)

(...)

Pour les extérieurs, Lean n'hésite pas à s'emparer du paysage industriel de l'Angleterre (Tamise recouverte d'une épaisse mousse blanche, paysage émaillé de grandes cheminées d'usine) pour rendre ses plans aussi élégants que possible.
A priori, le film ayant été tourné à Salford dans la banlieue de Manchester (détail qui a son importance quand on est fan des Smiths :o ), il devrait plutôt s'agir de l'Irwell.

J'ai eu pour ma part le plaisir d'entamer hier soir la découverte de la filmographie de Lean avec Blithe Spirit (L'Esprit s'amuse), délicieuse comédie fantastique en Technicolor. Les dialogues finement ciselés de Noel Coward (l'un des héros de Morrissey :o ) parsèment d'une exquise et pétillante désinvolture cette histoire de mari flegmatique vaguement tourmenté par le retour impromptu de feue son épouse. L'élément surnaturel constitue un habile prétexte à l'étude des moeurs d'un couple de la haute bourgeoisie dans la province anglaise des années 1940. En outre, cette manière so british de traiter de l'infidélité avec un mélange de légèreté et de hardiesse m'a réellement bluffé s'agissant d'un film de 1945.

Mention spéciale à Rex Harrisson ainsi qu'à Margaret Rutherford, irrésistible en vieille bonne femme excentrique.
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Re: David Lean (1908-1991)

Message par Flol »

Réussir à placer les Smiths et Morrissey dans un sujet consacré à David Lean...chapeau George ! :o
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Re: David Lean (1908-1991)

Message par George Costanza »

Ratatouille a écrit :chapeau George ! :o
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Et hop ! :o

Les liens, références, emprunts à l'univers du cinéma anglais de l'après-guerre sont nombreux dans les disques des Smiths. Plusieurs films de Lean sont parmi les préférés de Morrissey qui y a puisé quantité de samples (recension détaillée ici).
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Re: David Lean (1908-1991)

Message par Flol »

Ah ok, je ne savais pas (de jour en jour, je découvre de nouvelles choses sur les Smiths et Morrissey...j'adore ! :D)
Et désolé pour le HS...
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Re: David Lean

Message par Tutut »

cinephage a écrit :Hobson's choice (1954)
Hobson's choice reste donc un film intéressant et sympathique, à défaut de plus.
En ce moment sur la chaine TCM :
* Lundi 9 Mars 2009 - 05:50 - (VOST)
* Jeudi 12 Mars 2009 - 02:25 - (VOST)
* Vendredi 13 Mars 2009 - 05:35 - (VOST)

Charles Laughton joue un personnage haut en couleur (hein ? Mais non ce n'est pas voulu), on peut penser que sa fille ainée manipule son entourage pour gagner son indépendance, mais elle permet à son mari de s'élever socialement et intellectuellement. L'emprise qu'elle a sur lui, au début, diminue puisqu'on le voit capable de prendre des décisions par lui-même à la fin du film. Le lendemain de la nuit de noce montre déjà qu'on s'oriente vers une relation plus égalitaire entre elle et lui et nuance le côté calculateur et froid de la jeune femme.
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Re: David Lean (1908-1991)

Message par Tutut »

julien a écrit :
Mama Grande! a écrit :Lawrence d'Arabie

Baptême leanien avec un film que beaucoup considèrent comme un des meilleurs films jamais réalisés.
Tout d'abord, un petit regret, celui de ne pas l'avoir découvert dans des conditions optimales, sur un grand écran dans une belle copie (la copie du dvd est bonne mais la compression laisse parfois à désirer).
Plains toi mais moi je l'ai découvert en version pan&scan sur TF1 avec deux coupures de pubs au milieu. :mrgreen:
Il existe une edition Superbit, je ne sais pas si on en trouve encore avec sous-titres français, mon édition Superbit coréenne en a, mais elle est maintenant en rupture de stock, peut être dans des éditions d'autres pays...
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