Le Jour où la Terre s'arrêta (Robert Wise - 1951)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Droudrou
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Message par Droudrou »

Watkinssien a écrit :... C'est le comédien Claude Rains qui devait jouer le robot, à l'origine !
Pour tenir le rôle de Gort, Claude Rains c'est Little big man...
John Wayne : "la plus grande histoire jamais contée" - It was true ! This man was really the son of God !...
The_Thing
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Re: Le jour où la Terre s'arrêta (Robert Wise -1951)

Message par The_Thing »

Il est grand temps de stopper cette vague de remakes tous plus inutiles les uns que les autres, à ce rythme la bientôt ils vont remaker tout les grands films pour en faire des navets passe-partout sans saveur ni odeur, je ne veux pas être de mauvaise fois je n'ai pas vu ce nouveau remake et ça me gave un peu de toutes les façons de voir des réactualisations synonymes pour moi d'insultes majeures au 7ème art.
fanminuit
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Message par fanminuit »

Eleanor a écrit :C'est clair que le remake n'arrivera sûrement pas à la cheville de l'original. Et le casting laisse présager du pire...
Je suis entierement d'accord .
j'ai vu le dernier avec kenu reve carrement decevant
Nestor Almendros
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Re: Le jour où la Terre s'arrêta (Robert Wise -1951)

Message par Nestor Almendros »

J'ai redécouvert le film cet après-midi et, au-delà de la réussite du film de genre, je trouve ses thématiques très pertinentes car toujours d'actualité. A l'époque, le film adressait surtout au public un message de méfiance vis à vis du pouvoir nucléaire (le récent largage sur Hiroshima), de sa potentielle escalade, et des conflits récurrents entre les nations (Guerre Froide en devenir). On peut noter que ces messages pacifistes universels sont agrémentés d'une évocation étonamment directes sur l'irresponsabilité constante de la race humaine à se mettre d'accord, à s'unifier pour sa propre cause. Le film souligne avec insistance le caractère inconstant de l'Homme qui préfère écouter sa peur plus que sa raison, cette peur dans laquelle il se complait à vivre (alimentée par les médias, les journaux, le rejet de l'autre et de l'inconnu) et qui obstrue complètement toute réflexion. Ces dimensions critiques aussi simples que justes trouvent un écho désagréable dans le réchauffement actuel de la planète et la menace de l'équilibre de la Nature. Comme dans les années 50 avec les guéguerres "infantiles" et "stupides" (dixit Klaatu), l'Homme est aujourd'hui toujours incapable de se mobiliser pour assurer sa propre survie. Cette fois-ci, la menace autodestructrice n'a pas besoin d'extra-terrestres qui nous ouvre les yeux mais notre réaction face au danger est malheureusement toujours aussi inexistante.

Très bon master du blu-ray Fox. Image précise (sauf dans les plans truqués), un peu de grain, peu de salissures.
"Un film n'est pas une envie de faire pipi" (Cinéphage, août 2021)
Alligator
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Re: Le jour où la Terre s'arrêta (Robert Wise -1951)

Message par Alligator »

http://alligatographe.blogspot.fr/2012/ ... -wise.html

"Le jour où la terre s'arrêta" a fait partie de ces films de SF qui ont marqué mon enfance devant la télé. J'ai vu ce film pour la première fois sur FR3, à la "dernière séance", je devais avoir un peu moins de dix ans et je me souviens encore de la fascination qu'il a exercé sur ma jeune imagination.

Aujourd'hui, la revoyure est un peu, je dis bien "un peu", sévère : je suis plus critique à l'égard de certains points qui ne m'étaient pas apparus importants auparavant. Par exemple, il me semble que le scénario met beaucoup trop de temps à avancer. Il faut attendre presque une heure pour que les enjeux et le suspense prennent une réelle envergure.

Une fois que le récit a terminé de poser les bases, le terreau d'une bonne tension, alors Robert Wise réussit parfaitement à instaurer ce suspense jusqu'au bout, donnant une pesanteur à l'atmosphère. La nuit qui enveloppe les derniers instants engage le film vers des chemins paranoïaques novateurs pour le genre. Alors que la cinématographie de la guerre froide avait jusque là nourri une certaine angoisse qu'on pourrait associer à des réflexes maccarthystes confondant extra-terrestres et communistes, cette fois ce sont les terriens qui font peser sur la tête du héros extra-terrestre les dangers, par ignorance, par bêtise, par peur réflexe. Le résultat est le même, la violence est toujours revendiquée comme une solution, se révèle une menace permanente, brandie par les uns et les autres, comme un préalable à toute négociation, dans la nature des choses, qu'elles soient humaines ou non. Pas évident à l'époque de sortir de ce schéma, hm?

Mais par conséquent, le film de Robert Wise a le grand mérite de proposer un miroir de cette course à l'armement et cette défense agressive, de cette impossibilité de communiquer qui fera son chemin jusqu'à 1962. Toutefois, si l'on dit volontiers de ce film qu'il innove en proposant des extra-terrestres pacifiques opposés aux terriens belliqueux, à la gâchette facile, soyons tout de même honnêtes en n'omettant pas que ces amicaux aliens laissent aussi peser sur l'humanité une menace qui n'a rien de sympathique : en substance, "si vous n'êtes pas foutus de vous entendre et que vous soyez amenés à représenter un danger interstellaire, on reviendra détruire votre planète". Voilà le résumé du discours "civilisé" que profère Klaatu (Michael Rennie), on pourrait même dire que Klaatu et son baratin niquent tout. Dans l'histoire de l'humanité, on a connu des émissaires plus pacifiques. M'enfin, un alien qui parle, qui semble doué de raison et d'un certain regard à peu près humain n'était pas le genre de personnage qu'on était habitué à voir à l'époque, aussi l'associe-t-on évidement plus à l'aimable visiteur qu'à l'horrible envahisseur.

Quoiqu'il en soit, si j'avais été épaté, ravi même, par cette histoire, à la morale un peu facile finalement, c'est je pense surtout grâce à l'habillage scénique de Robert Wise dont la mise en scène est par moments très bien orchestrée. Comme je disais plus haut, la patine du temps n'altère en rien le suspense, l'atmosphère, les ombres inquiétantes. Je suppose qu'il ne faut pas manquer de souligner la très flippante et donc très bonne bande originale de Bernard Herrmann qui prouve encore s'il fallait s'en convaincre qu'il est un fabuleux compositeur de cinéma, capable à lui seul de hausser une mise en scène vers des sommets de tension et de mystères. Très bon cru herrmannien que je vais essayer de me dégotter sur le net.

Chez les acteurs, Michael Rennie n'a pas la tâche facile : jouer un extra-terrestre doté d'une intelligence supérieure, parait-il, en tout cas bardé d'une culture nettement plus ancienne que celles des terriens, d'une sorte de civilisation à l'empirisme bien plus consistant et, en même temps, lui fournir une enveloppe crédible avec sa part de normalité, d'humanité en quelque sorte, voilà une composition ardue à inventer! Dur, dur. Et j'avoue que je ne suis pas tout à fait enthousiaste. Il m'a semblé trop froid par moments, un brin trop rigide, physiquement parlant, une raideur qui lui laisse en fin de compte peu de marge de manœuvres.
Patricia Neal joue très bien, c'est entendu mais on lui demande beaucoup trop de rester comme hypnotisée par sa peur et ses interrogations, notamment face à Gort... Ces petits instants la font passer pour une biche les yeux grands ouverts et les pattes paralysées au milieu de la route, prise dans les phares d'une auto.

Le film est également un excellent document sur une époque pas si lointaine, sur des États-Unis passés, celui où l'on découvrait que la télévision devenait une institution incontournable, un temps où l'on s'imaginait le monde déjà en retrait par rapport au confort moderne, à la société de consommation qui dessinait de plus en plus ses marges, ses exclusions à l'internationale. Bonjour les clichés qui font sourire.

Un bon petit film de SF, un film sur la peur, de l'autre, de l'inconnu, de cet avenir si incertain, un film qui a su en son temps formuler un discours assez peu convenu, donc couillu, ouvrant de larges portes à l'imaginaire des cinémas suivants.

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cinephage
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Re: Le jour où la Terre s'arrêta (Robert Wise -1951)

Message par cinephage »

Alligator a écrit :http://alligatographe.blogspot.fr/2012/ ... -wise.html

Aujourd'hui, la revoyure est un peu, je dis bien "un peu", sévère : je suis plus critique à l'égard de certains points qui ne m'étaient pas apparus importants auparavant. Par exemple, il me semble que le scénario met beaucoup trop de temps à avancer. Il faut attendre presque une heure pour que les enjeux et le suspense prennent une réelle envergure.
Un peu sévère en effet. Je trouve franchement saisissante le débarquement qui ouvre le film, et je le trouve porteur d'un suspense très fort, même si ce n'est plus l'enjeu de la suite du récit.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Re: Le jour où la Terre s'arrêta (Robert Wise - 1951)

Message par batfunk »

Chef d'oeuvre de la sf des années 50,bien plus que "the forbidden planet",film surestimé,malgré un charme naïf indéniable

Et que dire de la B.O,fantastique partition électronique( :shock: ) avant gardiste de Bernard Herrmann!

Indispensable!!!

Klaatu barada nikto! :mrgreen:
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Re: Le jour où la Terre s'arrêta (Robert Wise - 1951)

Message par Anorya »

Le jour où la terre s'arrêta... (Robert Wise - 1951)

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Venu d'une autre galaxie et ayant pris forme humaine, Klaatu débarque sur Terre accompagné de son robot vaguement humanoïde, Gort afin de proposer la paix à toutes les nations terrestres. Il se heurte rapidement à l'hostilité et l'incompréhension et, blessé, est emmené par l'armée dans un hôpital tenu secret. Vite remis de ses blessures grâce à sa technologie hors du commun, il s'échappe...


Encore un classique que je découvre une fois de plus à la traîne proportionnellement au fait que j'ai toujours voulu le voir. Et la surprise n'en est que plus grande, il a même faillit être mon film du mois en janvier si Walkabout (1971) de Nicolas Roeg ne l'avait devancé au dernier moment. Du coup je me demande bien l'utilité d'un remake puisque Jennifer Connelly ne sert pas à grand chose dans ce dernier (et puis elle n'apparaît même pas nue) et que l'histoire dans mon souvenir ne s'avérait pas tip-top. Comme si les producteurs importants d'Hollywood ne pouvaient assumer l'intelligence des scénario d'autrefois et voulaient changer des choses continuellement pour aplanir et toujours livrer un produit assez bête. Enfin bon, comparé au dernier Conan et surtout l'horrible version 2011 de The thing (mes yeux ont pleuré), il y a quand même un certain soin ici (le design de Gort est même presque repris à l'identique du film de 1951). Et le monolithique non-acteur qu'est Keanu Reeves trouvait ici un rôle qui lui va comme un gant (euphémisme).

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Mais le film de 1951 n'a pas tellement pris de ride que ça. Pour pointer la bêtise humaine et le besoin que nous aurons à toujours nous bourrer la tronche au moindre regard de travers, le film reste donc complètement universel. D'autres aspects peuvent avoir vieillis mais pas besoin d'avoir fait bac+5 pour comprendre le message pacifique sous couvert de menace toutefois qui pointe. Humains, arrêtez vos conneries entre capitalistes buveurs de coca et communistes mangeurs d'enfants entres-autres, c'est puéril, il y a des choses bien plus graves que ça dans la vie. Ah on me fait signe que les rouges ne mangent pas d'enfants. Mince. Bon et sinon la momie de Lénine, c'est du vrai hein, pas du toc ? Bon ok, ça a l'air vrai ça, je peux continuer.


Bref l'homme préfère s'entretuer, il n'écoute rien. Et surtout, on le sait, ne tient pas vraiment compte de ses erreurs, répétant l'Histoire jusqu'à son inéluctable fatalité. Par deux fois Klaatu se fera tirer dessus par des hommes toujours plus prompt à prendre peur qu'utiliser leur raison. Et la peur de l'inconnu prime souvent sur beaucoup de choses on le sait. Ici la tension est omniprésente du début jusqu'à la fin. Dès l'ouverture on est en plein dedans, ça ne traîne pas avec l'arrivée de cette soucoupe dont on craint un instant que les martiens de Tim Burton ne débarquent avec leurs lasers qui font de sacrés dégâts. Ce ne sera pas Klaatu qui va barader et nikto tout le monde mais bien Gort, ce robot humanoïde juste de silhouette, incroyable machine dangereuse qui supprime sans états d'âme tout ce qui peut nuire à son maître.

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Et le film de jouer là-dessus jusqu'au crescendo final : impossible dès lors d'oublier les yeux horrifiés de Patricia Neal dès lors que le robot s'est mis à avancer vers elle avec l'intention de la désintégrer purement et simplement. L'espoir ne peut venir finalement que des générations futures. Avec la jeune femme, le seul acceptant Klaatu parmi les humains est cet enfant qui va non seulement basiquement inculquer les notions de valeur terrienne à l'extra-terrestres, tout comme des sentiments plus profonds (le deuil) que le peuple avancé de Klaatu semble avoir oublié en chemin dans son évolution. On a finalement tout à gagner de la différence des autres en sachant toutefois poser le holà dans la course à l'armement. Comme souvent avec le grand Robert Wise c'est du tout bon, aussi bien histoire (aux petits oignons) qu'acteurs, mise en scène, ambiance, musique (partition électronique --de Bernard Herrmann !-- bien avant l'excellent mystère Andromède (1971) du même réal)... Même les effets spéciaux ont pris cette pâtine nostalgique si 50's qui fait tout leur charme (le fameux instant qui donne son titre au film. C'est basique... mais efficace. Comme quoi). Un must, indispensable.

5/6.
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Jeremy Fox
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Re: Le Jour où la Terre s'arrêta (Robert Wise - 1951)

Message par Jeremy Fox »

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