De plus, à la fin de l’année sort un joli et gros coffret chez Gaumont (sûrement hors de prix, par contre), ce qui risque peut-être d’alimenter certaines conversations ici-même…
LA VIE D’UN HONNÊTE HOMME (1953)
C’est toujours un plaisir de retrouver Sacha Guitry. Ici, il commente son film et, comme à son habitude, introduit son œuvre avec un générique désormais traditionnel.
Même si je n’ai pas boudé mon plaisir, je suis resté sur ma faim. Je trouve que le sujet n’est pas assez exploité, pas assez creusé. Le film se termine un peu facilement. Facile, aussi, est le revirement radical du frère riche que j’ai trouvé bien trop vite amené. Par contre la réflexion est intéressante, les deux frères antagonistes sont des personnages bien croqués et assez passionnants.
Reste que c’est parfois un peu bavard, normal pour un Guitry mais j’ai trouvé que l’action faisait parfois un peu trop de surplace au profit d’éternels champs/contre-champs.
Très content de l’avoir vu, impatient de le redécouvrir dans quelques temps également.
A noter la participation de Louis de Funès et Claude Gensac (respectivement valet de chambre et bonne de Michel Simon) bien avant de former un couple de cinéma à maintes reprises (dans LES GENDARMES, HIBERNATUS, etc.).
LES TROIS FONT LA PAIRE (1957) vu le 21 juillet 2007
Que c'est dur de se contenter de quelques films mineurs disponibles en dvd, en attendant la fin de l'année et le coffret Guitry attendu chez Gaumont. Ce LES TROIS FONT LA PAIRE, édité avec un master de grande qualité chez René Chateau, ne fait certainement pas partie des trésors de l'auteur. Le style d'écriture n'apparait que très rarement dans un scénario poussif, qui met d'ailleurs une grosse demi-heure à démarrer. Entre temps on aura savouré l'excellent numéro de Darry Cowl en réalisateur au taquet. C'est à peu près tout ce qu'il y a à sauver ici. Même Michel Simon fait ce qu'il peut.
A noter l'apparition du maître Guitry en début et fin de film. Il était visiblement bien vieux et presque affaibli. C'est l'avant dernier film qu'il réalisera, avant ASSASSINS ET VOLEURS (également édité chez René Chateau) qui m'avait laissé un meilleur souvenir.
LE COMEDIEN (1948) vu le 6 août 2006
Très bel hommage d'un fils à son père, avec toujours le phrasé particulier de l'auteur, qui n'hésite pas à jouer plusieurs rôles en portant postiches et déguisements (il refera cela dans d'autres films, comme LE ROMAN D'UN TRICHEUR je crois bien). Pas mal de belles répliques aussi, qui permettent à l'auteur de lancer plusieurs réflexions sur l'art du théatre, l'art du comédien, le public et les relations qu'ils partagent, etc... Assez savoureux, même si je suis un peu resté à l'écart (fatigue oblige?)
LE ROMAN D'UN TRICHEUR (1936) vu le 11 avril 2006
Je revois petit à petit plusieurs Guitry depuis quelques mois. Celui est sans aucun doute mon préféré jusqu'à présent. Comme dans LE TRESOR DE CANTENAC, tout le film est raconté par l'auteur (dialogues inclus). On peut donc profiter de son phrasé et de sa voix si particulière. Ca peut agacer, moi j'adore. Rythmé par ce texte ludique, le film est assez passionnant, regroupant plein de petites histoires. Le flot incessant de paroles ne laisse pas un moment de répis et ce concept très littéraire est ici savamment utilisé. La dernière demi-heure est peut-être un poil moins passionnante, ça ne m'a pas gaché mon plaisir...
Brion a l'habitude diffuser des films récemment restaurés (je pense entre autres aux MISERABLES). J'aurais aimé dire que l'image proposée ici était prometteuse pour une sortie en dvd. Malheureusement je crains qu'il ne nous faille attendre encore un peu: le master est vieux et très poussièreux.
ASSASSINS ET VOLEURS (1957) vu le 26 mars 2006
Ma foi tout ça est assez sympathique, le style a un peu vieilli mais il reste heureusement les dialogues. Quelques répliques fusent de ci de là, dans un ton très coquin comme souvent chez Guitry. J'ai parfois pensé que ça allait quand même bien loin dans les allusions, pour l'époque...
Master René Chateau quasi parfait. Oui oui vous ne rêvez pas. Après SI PARIS NOUS ETAIT CONTE, l'éditeur a visiblement investi dans la restauration de ses Guitry. Image stable, copie chimique très propre, télécinéma très récent et impeccable. Belle définition. Par contre gros bémol sur le son, certaines prises en son direct semblent avoir été tournées dans un hangar, avec des machinos qui font tomber des trucs à coté.
Johnny Doe ([i]7 mai 2005[/i]) a écrit :Assassins et voleurs
Un petit Sacha Guitry avant de commencer la journée. Dommage que l'apparent brio du début du film (dialogues et personnages drôle voir même jouissifs), se perde à force d'un récit trop écrit avec bien trop de scènes de remplissage (mention spécial à la ridicule scène aveec Darry Cowl). Pas chiant ni mauvais, bien campé et drôle, mais un peu convenu avec une fin rigolote (qui enfonce encore les pics de Guitry contre la haute) mais aux apparences un peu bâclé. Un dernier film gentillet quoi.
SI PARIS NOUS ETAIT CONTE (1956) vu le 10 janvier 2006
Hommage de l'auteur à cette si jolie ville, à travers plein de figures qui ont traversé l'Histoire. Toujours agrémenté de bons mots, d'humour et de rimes, on passe d'une époque à une autre, au gré d'apparitions d'acteurs connus (le générique fait 5mn, mais quel casting). Sympathique.
Master du dvd René Château ma foi d'excellente facture, c'est une surprise. La copie chimique est très propre, très peu abimée. Le télécinéma est très bon, offrant une colorimétrie riche, des contrastes soignés et une définition honorable. Ca fait très bizarre de voir un film de Guitry qui ressemble un peu (avec son master) aux films américains en technicolor des 40's...
Voici d’autres avis de forumeurs glânés au hasard de la fonction « recherche »…
Bruce Randylan ([i]29 mars 2007[/i]) a écrit :REMONTONS LES CHAMPS ELYSEES (1938)
1ère vrai découverte du cinéaste ( J'avais du voir Si Versaille m'étais compté quand j'avais 8-10 ans ), et je suis vraiment trés étonné par la mise en scène complétement deconnécté de tout ce que j'ai pu voir de la même époque ( et même après ).
C'est d'une invention, d'une créativité, d'une liberté sans équivalent et il faudra bien attendre le Ophuls seconde période française pour retrouver la même originalité.
Guitry se permet plein de dissgressions qui continuent de me faire penser que Godard n'étais pas allez cherché trés loin ses "innovations" : ellipse temporelle dans le même plan, champ contre-champ en 180 degré, liberté de ton étonnante, (faux)raccord parfois étonnant, jeux sur le son et la voix-off et plein d'autres trucs bluffant etc...
C'est un aussi extrement ludique sur l'histoire de france où l'auteur imaginent des scènes truculentes qui sont souvent autant de clin aux spectateurs. Sans oublier bien sûr des dialogues extraordinnaires même si certains heurtent l'oreille ( "la france à ce problème de garder des étrangers qui ne lui sont pas utiles" )
Le revers de la médaille, c'est que sur près de 2 heures tout n'est pas réussi du début à la fin et que certains passages se regardent avec un ennui poli mais souvent amusé.
L'autre soucis vient du fait que tout ses allez et venu dans l'histoire et ses histoires se met au détriment de l'émotion d'autant que la morale "vive la france" fait un peu vieillote ( enfin pas tant que ça vu les présidentielles )
Enfin, ça fait une trés chouette découverte qui me donne envie d'en voir plus.
Spideroman59 ([i]30 septembre 2006[/i]) a écrit : LA POISON (1951)
Guitry commence par présenter son équipe, acteurs et techniciens dans un générique filmé, met en valeur un esprit de troupe qu'on ressent dans le film.
Il a recours à une mise en scène plutôt simple (montage parallèle, pas d'effets de caméras compliqués), il fait confiance à ses solides comédiens , Michel Simon en tête(d'abord dégoûté, écrasé puis vif et enjoué),à l'histoire (faune d'un village de campagne, malaise de la justice et du rôle des avocats) et à ses répliques spirituelles.La visite des villageois chez l'abbé, l'interview de l'avocat à la radio, la rencontre de Braconnier (Michel Simon) et l'avocat, la scène du tribunal où tous les rôles sont inversés sont vraiment délectables. On peut s'étonner de voir l'éloquence et l'aisance du personnage de Michel Simon, un paysan, mais "le meurtre rend intelligent".
Le film a été tourné en 11 jours et avec une seule prise par plan, vu le résultat ça relève de l'exploit!
Simplement réjouissant.
16.5/20
Bartlebooth ([i]3 novembre 2005[/i]) a écrit : Tu m'as sauvé la vie (1951)
Un Guitry très inégal.
Le premier acte est magistral : un télescopage parfaitement orchestré de diverses actions parallèles : coup de fil d'un baron dur de la feuille à sa voisine du dessus (grand monologe misanthrope qui est du meilleur Guitry), ballet des domestiques, arrivée impromptue d'un clochard demandant du travail, polémique gastronomique sur la recette du veau Rossini... En passant, le premier plan frontal sur les domestiques est presque straubien - où il se confirme que l'antimodernisme de Guitry produit souvent des effets très modernes, d'autant plus étranges qu'ils sont involontaires.
Après... Il y aura encore quelques bons moments, mais ça devient laborieux, ça tourne à vide et ça part dans tous les sens. On a le sentiment que Guitry lui-même ne sait pas trop où il veut en venir et s'est mis sur pilote automatique. Dommage : les meilleures scènes tournant autour de dialogues de sourds téléphoniques (et le dernier plan en tirant les conséquences qui s'imposent), on se dit qu'il tenait un sujet en or qu'il ne fait qu'effleurer - les infortunes de la communication moderne -, préférant s'en remettre à des ficelles fatiguées de boulevard. Et sa confrontation avec Fernandel, a priori alléchante, ne donne pas les résultats espérés.
Lien vers le topic dédié à ILS ETAIENT NEUF CELIBATAIRESGrevisse ([i]7 mars 2004[/i]) a écrit :DEBURAU (1951)
En 1951, Guitry reprend au théâtre une pièce déjà ancienne, Deburau, qu'il avait écrite en 1918 en hommage au célèbre mime du boulevard du Temple. La maladie l'oblige à interrompre les représentations et il décide séance tenante de la filmer. Le tournage durera douze jours.
Le résultat est fort étrange, en premier lieu parce que la pièce est écrite en vers : d'où un caractère déclamatoire qui se révèle, passé un premier temps d'accoutumance, réellement captivant. En optant, probablement par nécessité, pour une mise en scène minimaliste et dépouillée à l'extrême, Guitry rejoint sans l'avoir cherché certains exercices radicaux de théâtre filmé, tels que le pratiqueront Dreyer (dans Gertrud), Rossellini dans la dernière partie de sa carrière (La Prise de pouvoir par Louis XIV), voire même Straub et Huillet.
En outre, la gravité inattendue de la pièce se charge d'accents autobiographiques. Deburau parle du spectacle, de l'amour, de la maladie et de la mort, de la transmission du savoir de comédien, que Guitry avait hérité de son père Lucien (auquel il avait rendu hommage dans Le Comédien) et qu'ici Deburau transmet à son fils avant de quitter la scène. Cette dernière séquence a une résonance presque testamentaire. Et s'il reste à Guitry six ans à vivre, au cours desquels il tournera huit films, Deburau sera le dernier dont il tiendra le rôle principal.
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