Sacha Guitry (1885-1957)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Tommy Udo
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Re: Sacha Guitry (1885-1957)

Message par Tommy Udo »

Bon, maintenant, il ne te reste plus qu'à débuter ta rétrospective "Guitry" personnelle, onvaalapub :fiou:
Hâte de lire tes textes :D
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Rick Blaine
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Re: Sacha Guitry (1885-1957)

Message par Rick Blaine »

onvaalapub a écrit :
Rick Blaine a écrit :
Le texte est beau mais je trouve le film pénible. Pour moi, c'est la seule fois où on peut légitimement reprocher à Guitry d'avoir fait du "théâtre filmé", je trouve ce film terriblement statique.
Terriblement statique je suis d'accord mais le contexte permet d'expliquer cette impression.
Guitry est très malade lorsqu'il tourne le film (en 12 jours!) et repousse une opération des voies digestives qui l'empêchera d'ailleurs de tourner Adhémar ou le jouet de la fatalité. Il veut laisser son testament spirituel en cas d'accident, Deburau étant à l'époque communément admis comme sa pièce la plus aboutie.
Je suis d'accord sur le contexte, mais je juge toujours un film dans l'absolu. Là où toutes ses adaptations des années 30 sont respectueuses du texte mais aussi très inventives cinématographiquement, là il n'y a qu'une des deux composantes. Ca ne veut pas dire que je trouve le film nul, simplement faible au regard de sa filmo. pour moi un de ses moins bons. :wink:
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onvaalapub
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Re: Sacha Guitry (1885-1957)

Message par onvaalapub »

Rick Blaine a écrit :
onvaalapub a écrit : Terriblement statique je suis d'accord mais le contexte permet d'expliquer cette impression.
Guitry est très malade lorsqu'il tourne le film (en 12 jours!) et repousse une opération des voies digestives qui l'empêchera d'ailleurs de tourner Adhémar ou le jouet de la fatalité. Il veut laisser son testament spirituel en cas d'accident, Deburau étant à l'époque communément admis comme sa pièce la plus aboutie.
Je suis d'accord sur le contexte, mais je juge toujours un film dans l'absolu. Là où toutes ses adaptations des années 30 sont respectueuses du texte mais aussi très inventives cinématographiquement, là il n'y a qu'une des deux composantes. Ca ne veut pas dire que je trouve le film nul, simplement faible au regard de sa filmo. pour moi un de ses moins bons. :wink:
Je comprends bien ce que tu veux dire et par ailleurs c'est aussi certainement mon admiration pour Guitry qui me pousse à l'indulgence :wink:
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onvaalapub
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Re: Sacha Guitry (1885-1957)

Message par onvaalapub »

Tommy Udo a écrit :Bon, maintenant, il ne te reste plus qu'à débuter ta rétrospective "Guitry" personnelle, onvaalapub :fiou:
Hâte de lire tes textes :D
C'est prévu :fiou:
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Tommy Udo
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Re: Sacha Guitry (1885-1957)

Message par Tommy Udo »

onvaalapub a écrit :
Tommy Udo a écrit :Bon, maintenant, il ne te reste plus qu'à débuter ta rétrospective "Guitry" personnelle, onvaalapub :fiou:
Hâte de lire tes textes :D
C'est prévu :fiou:
:shock: ---- :D
Et dire que je m'attendais à une réponse négative !
Bon, je sens que je vais passer pas mal de temps dans le topic "Guitry" durant les prochains mois^^ :wink:
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Supfiction
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Re: Sacha Guitry (1885-1957)

Message par Supfiction »

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Tavernier blog a écrit :Il est réjouissant de voir comment Guitry tord le cou à tant de clichés qui paralysent les biopics dans LA MALIBRAN. L’ouverture du film notamment est un triomphe d’invention, de légèreté, d’ironie souriante. Guitry atomise les points de vue, brise la narration avec une invention étonnante. Le plan ou Jeanne Fusier-Gir explique dans l’escalier qu’ils « percent le masque » est une merveille tout comme l’entrée de Guitry dans le film. Ce dernier interprète, fait assez rare, un personnage assez noir voire méprisable, maquereau, maitre chanteur. La scène où il est démoli par La Fayette est des plus réjouissantes.
Pour une fois, je ne partage pas l'enthousiasme de Bertrand Tavernier sur ce Guitry, La Malibran, qui m'a grandement ennuyé. Sacha Guitry est d'ailleurs très peu à l'écran, et dès qu'il n'y ai pas, l’intérêt redescend totalement.

L'argument:
Apprenant la mort prématurée de la célèbre cantatrice Maria Malibran (Geori Boué, de l'Opéra), son amie la comtesse Merlin (Suzy Prim) entreprend d'en retracer le fulgurant destin auprès de quelques intimes.

Sont ainsi évoqués la naissance de Marie, sa longue brouille avec son père, le ténor Garcia (Mario Podesta), son bref mariage avec le banquier Malibran (Sacha Guitry), ses amitiés avec La Fayette (Jacques Varennes), Lamartine (Jacques Castelot) et Alfred de Musset (Jean Cocteau), sa rencontre - prélude à une longue histoire d'amour - avec le virtuose Charles-Auguste de Bériot (Jacques Jansen), son enlèvement « éclair » par un vieil admirateur (Marcel Lévesque), sa réception à Naples, la chute de cheval qui lui fut fatale, son ultime récital à Manchester et la masterclass improvisée qu'elle devait trouver la force d'improviser pour une jeune voisine (Geneviève Guitry) avant de rendre elle-même sa dernière note.


La Malibran est un film français écrit et réalisé par Sacha Guitry en 1943, sorti en 1944.

Juste avant De Jeanne d'Arc à Philippe Pétain (qui est intéressant pour ses images inédites de maîtres du XIXème) et Le Comédien, ce film fait partie de la veine hagiographique du réalisateur (tout comme Pasteur tourné plus tôt) qui ne m'emballe pas. Sans doute pendant la guerre, Sacha souhaitait, et c'est louable, rappeler aux français les grands noms qui ont fait leur histoire et leur culture.
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Re: Sacha Guitry (1885-1957)

Message par aelita »

Sauf que dans ce cas précis, ce n'est pas tout à fait ça (malgré le défilé de célébrités dans le salon de La Malibran). Comme il est dit dans le film , la Malibran était une "Espagnole née en France, mariée aux USA à un Belge et décédée en Angleterre". Une sorte d'ode au "cosmopolitisme" (pour citer un terme à connotation souvent péjorative à l'époque - non utilisé dans le film) assez surprenant pour un film français de 1943 (d'autant plus que le film fait des clins d'œil -ou des sous-entendus- aux Américains -le séjour de la Malibran là-bas, mais peut-être aussi l'importance donnée au personnage de Lafayette). De plus, il est surtout question dans le film d'opéra italien (chanté en VO, ce qui n'était pas forcément courant à l'époque). OK, pas de quoi mettre les censeurs sens dessus-dessous, mais tout de même...Il en est également question ici : http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... 3&start=30
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? (pensée shadok)
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Supfiction
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Re: Sacha Guitry (1885-1957)

Message par Supfiction »

Merci pour ce lien. Ce bon vieux pak a dit en plus développé ce que j'ai ressenti à la vision de ce film. Atmosphère lourde et impression d'étouffement, ce n'est déjà plus le grand Guitry taquin, optimiste et pétillant d'inventions et de mots d'esprit qui est à l’œuvre ici. Même s'il en a encore sous le pied, il faut relativiser.
pak a écrit :6. La Malibran de Sacha Guitry (1943) :

Avec Geori Boué, Sacha Guitry, Suzy Prim, Jacques Jansen, Jeanne Fusier-Gir, Jean Debucourt, Jean Cocteau... Scénario et dialogues de Sacha Guitry – Musique de Louis Beydts – Genre : biographie – Production française – Date de sortie : 16/02/1944 ou 03/03/1944 suivant les sources
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Évocation de la vie de Maria-Felicia Garcia, dite la Malibran, célèbre cantatrice du XIXème siècle.


Ce n'est pas le film le plus connu ni le plus diffusé de Sacha Guitry. Il appartient à la veine historique de l'auteur. L'histoire de France l'a toujours passionné et parsèmera son œuvre, qu'elle soit théâtrale ou cinématographique. Et même radiophonique puisqu'en 1944, Guitry animera des récits historiques, de mai à juillet, le genre d'initiative qui lui vaudra des ennuis à la libération (faut dire aussi que son livre « 1429-1942 ou De Jeanne d'Arc à Philippe Pétain » n'a pas aidé non plus, même si la totalité des profits générés par la vente de celui-ci a été versée au secours national, organisme d'aide aux militaires et à leur famille créé en 1914 et pas par Vichy comme certains l'ont pensé, même s'il a utilisé comme un instrument massue de propagande au point qu'il fut rebaptisé l'Entraide Française à la libération. Ce livre aura rapporté 3 425 000 francs de l'époque). Dans cette veine historique, on a souvent reproché à Sacha Guitry de raconter sa vision de l'Histoire, plutôt que les faits. Si c'est exact, surtout par la suite avec Si Versailles m'était conté (1953), ou son pendant parisien, Si Paris nous était conté (1955), ça l'est moins pour cette évocation de la cantatrice adulée du XIXème siècle, Maria-Felicia Garcia, dite la Malibran (du nom de son premier mari, Eugène Malibran).

Guitry s'inscrit dans une mode du début des années 1940 qui voit l'époque du Romantisme intéresser les foules et donc les producteurs. Balzac est adapté par Jacques de Baroncelli (La duchesse de Longeais, 1941), André Cayatte (La fausse maitresse, 1942), Pierre Blanchar (Un seul amour, 1943, d'après La grande Bretèche), René Le Hénaff (Le colonel Chabert, 1943)... Christian-Jaque signe La symphonie fantastique sur Berlioz, l'un des compositeurs phares de cette période, et Guitry y va de sa Malibran. Bref, le romantisme a le vent en poupe, même si on évite soigneusement le républicain Victor Hugo ou le sulfureux Stendhal. Il faut dire que sous Vichy, le cahier des charges de la censure est très lourd, aussi le film historique et la biographie sont des moyens aisés de parler d'une autre époque que l'instant présent vécu par les spectateurs. Divertir, exalter le patriotisme si possible, tel est le crédo, ce qui n'empêchera pas certains auteurs de glisser quelques messages subversifs dans leur film. Mais tel n'est pas le cas ici, encore que le passage avec La Fayette citant ouvertement les américains n'est peut-être pas si innocent...

Sacha Guitry maniait joliment les mots et l'ironie. Mais (est-ce dû à ces années noires ? ), comme avec son précédent film, Donne-moi tes yeux, c'est le drame qui prédomine. D'où une atmosphère assez lourde où l'on devine un dénouement dramatique et une impression d'étouffement. Cette impression se confirme durant la vision du film, car, prisonnier de ses moyens limités du fait de la guerre, la caméra ne sort quasiment jamais à l'extérieur, si ce n'est que très brièvement (quelque minutes) dans une cour privée d'un hôtel particulier, ou le temps d'une scène équestre durant laquelle la diva chutera et enfin dans un parc de la propriété où elle est convalescente. New-York, Paris, Londres, Aix-la-Chapelle, Naples, Venise, Manchester sont citées sans qu'on en voit un bout de trottoir, même reconstitué.

Pourtant, malin, le réalisateur parvient à nous convaincre car avec le sens du détail qui le caractérise, il assure la reconstitution du XIXème siècle via les décors, partiellement (la plupart des scènes se déroulent dans des théâtres ou des appartements bourgeois qui auraient très bien pu servir pour des histoires se passant au XVIIIème siècle, voire début XXème), et surtout via les costumes des divers protagonistes. Pour pallier à l'absence de variété géographique, il utilise des personnages célèbres (procédé récurrent chez lui) pour narrer leur rencontre avec la cantatrice. Ainsi Rossini, Musset (interprété par Jean Cocteau), Hugo, Lamartine, La Fayette, la comtesse de Merlin (qui fut un peu la première biographe de la Malibran)... défilent sur l'écran dans des poses plus ou moins affectées.

Guitry signe un film bien conventionnel, où l'ironie et le mordant de l'auteur sont presque inexistants. Même son personnage de mari de la Malibran, pourtant menteur, manipulateur et coureur, est étonnement sage. L'émotion se fait rare et tardive (les derniers instants de la diva). L'ennui pointe donc régulièrement son nez.

Le film est de plus desservi aujourd'hui par l'usure du temps qui a fait bien du mal à la bande son, assez fatiguée, qui ne rend pas hommage aux voix lors des scènes chantées (en particulier l'interprète principale, Geori Boué, l'une des plus célèbres sopranos françaises des années 1940 à 1970), ce qui est bien dommage pour un long-métrage dont la musique et l'amour du chant forment le cœur du récit.

Étoiles : * . Note : 9/20.
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Autour du film :

1. Maria-Felicia Garcia, dite la Malibran, est née le 24 mars 1908 à Paris, était une mezzo-soprano qui a marqué la première moitié du XIXème siècle. Elle est la fille d'un ténor espagnol connu à l'époque, Manuel Garcia, qui lui apprendra le chant avec une discipline de fer : il surveille son régime alimentaire, lui interdit tout sortie inutile ou ludique, lui refuse toute amitié enfantine, la plongeant dans un dévouement sans limites pour le chant. Dès ses 5 ans, elle donne ses premières représentations sur scène. En 1811, la famille Garcia est à Naples car le père est engagé par Murat, mis sur le trône de Naples par Napoléon 1er en 1808. Mais l'empire s'écroule en 1815 et les Garcia rentrent alors à Paris où Manuel Garcia ouvre une école de chant. L'apprentissage de Maria-Felicia se poursuit, mais en grandissant, elle affirme son caractère, et les leçons avec son père sont de plus en plus conflictuelles. En 1824, ils sont à Londres car le paternel y chante du Rossini. Elle y fait ses grands débuts, et la tessiture de sa voix, rivalisant avec les meilleurs interprètes, lui assure un succès grandissant.et fulgurant en Angleterre. L'année d'après, elle est à New-York, sa troupe ayant pour but de faire découvrir l'opéra au Nouveau-Monde. Maria a 17 ans, a une voix exceptionnelle, mais est aussi très belle. Les courtisans commencent à défiler au grand dam du père. Apparaît alors Eugène Malibran, riche homme d'affaire, qui lui fait une cour assidue et motivée. Elle tombe sous le charme et après de nombreuses disputes avec son père, finit par obtenir le consentement de celui-ci (bien aidé par une grosse somme versée par Malibran) pour épouser le prétendant en 1826. Mais les affaires du mari vont vite péricliter et le couple fait vite naufrage. Ils se séparent, et la désormais la Malibran, retourne en France, à Paris. Elle fait son retour en 1828 sur la scène parisienne, et c'est encore le succès. Très populaire parmi les Romantiques, elle côtoie des gens comme Rossini, Mérimée, Georges Sand, Balzac... Elle rencontre le violoniste renommé Charles-Auguste de Blériot, les deux s'aiment mais ne peuvent se marier, la Malibran étant toujours mariée avec son coquin d'Eugène. Cela ne les empêche pas de vivre ensemble d'avoir, en 1833, un enfant. Le premier mariage de la Malibran sera finalement annulé en 1835, et elle se mariera avec de Blériot dès 1836. Elle est en pleine gloire. Malheureusement, la même année, en tournée en Angleterre, elle fait une chute de cheval, alors qu'elle attend de nouveau un enfant. Artiste jusqu'au bout, elle remonte sur scène. Pourtant, épuisée et affaiblit par son accident, elle décède à Manchester le 23 septembre 1836. Le XIXème siècle venait de perdre l'une de ses plus belle voix, à seulement 28 ans...
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2. Le film de Sacha Guitry sortit sur les écrans quelques mois avant le débarquement allié en Normandie. 1944, qui revit la guerre s'implanter sur le territoire français, avec les bombardements, les actions de résistance, les représailles de l'occupant, a été une année chaotique pour le pays, et donc aussi pour son cinéma. De plus, peu apprécié par les Vichystes, Guitry vit son film descendu par la critique collaborationniste. La Malibran sortira donc dans un contexte très défavorable, et aura une carrière très brève dans les salles. Il sera projeté aussi dans les stalags pour les prisonniers français.

3. La Malibran inspira deux autres films. Un contemporain au Guitry, tourné en Italie en 1943 par Guido Brignone, simplement titré Maria Malibran. Et en 1972, La mort de Maria Malibran (Der tod der Maria Malibran), film allemand assez loufoque peu biographique, réalisé par Werner Schroeter.
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Profondo Rosso
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Re: Sacha Guitry (1885-1957)

Message par Profondo Rosso »

Faisons un rêve (1936)

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Un avocat séduit une femme mariée et passe la nuit avec elle. Le lendemain matin, le mari arrive au bureau de l'avocat, affolant l'épouse infidèle, mais sans raison : lui aussi a découché et sollicite un alibi...

En cette année 1936 et sous l'influence de sa jeune épouse Jacqueline Delubac, Sacha Guitry trouve enfin ses marques dans le cinéma pour lequel il se sera montré si méfiant auparavant. Il s'avérera aussi prolifique qu'au théâtre en signant quatre films comptant parmi ses plus grandes réussites, tous adapté de ses pièces : Le Nouveau Testament, Le Roman d'un tricheur, Mon père avait raison et Faisons un rêve. Ce dernier transpose justement une pièce écrite en 1916. Si notamment Le Roman d'un tricheur avec témoigné pour Guitry d'une certaine jubilation à exploiter toutes les possibilités narratives et visuelles de l'outil cinématographique, Faisons un rêve revient à une influence plus typiquement théâtrale. Sur le papier on a un triangle amoureux de boulevard femme/amant/mari assez typique et le film est une célébration du verbe virtuose de Guitry à la mise en scène assez statique. Le plaisir est donc ailleurs dans cette réussite.

Passé un prologue mondain où l'on croisera du beau monde au casting (Arletty, Michel Simon...), le récit se resserre pour un brillant jeu de dupe sur le couple. Ce sera d'abord celui du couple légitime du mari (Raimu) et de la femme (Jacqueline Delubac). Venu rendre visite à leur ami avocat (Sacha Guitry) absent, l'époux et sa femme par leurs réactions et dialogues à double-sens laissent deviner leurs infidélités imminentes (le "rendez-vous" du mari) ou possible (l'épouse tiquant à la rumeur de liaison de l'avocat) dans un brillant échange. La bonhomie et la truculence de Raimu fait merveille face à l'élégante malice de Jacqueline Delubac. A l'image de cet échange, toutes les relations de couple seront affaire de domination où le plus fantasque prendra l'avantage. Ce sera le cas pour Jacqueline Delubac face à Sacha Guitry lorsqu'elle le laisse se perdre dans une logorrhée maladroite lorsqu'il lui déclare sa flamme et surtout quand elle surgira par surprise après la longue séquence du téléphone où ce dernier nous offre un grand numéro comique seul à l'écran en amoureux angoissé dans l'attente de sa dulcinée. Il prendra sa revanche au matin par ses saillies mordantes alors que Jacqueline Delubac est inquiète d'avoir découché (la réplique sur la tartine provoquant le fou rire à coup sûr) mais aussi par sa raillerie subtil de ce mari dont il faut se débarrasser.

L'harmonie des couples ne peut fonctionner que quand le danger est écarté et qu'ils peuvent s'adonner librement à leurs passion. D'un coup l'ironie latente se dissipe pour la fantaisie romantique quand les amants rejouent leur premier réveil commun manqué et le final endiablé promesse de volupté. L'énergie, l'esprit et le charme de l'ensemble finit par totalement en faire oublier le côté statique, un très bon moment. 4,5/6
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Re: Sacha Guitry (1885-1957)

Message par Commissaire Juve »

onvaalapub a écrit :
Commissaire Juve a écrit :Image
Curieux d'avoir ton avis. J'espère que tu n'es pas allergique au théâtre filmé, parce que là, Guitry ne s'en cache pas !
Ayé, c'est vu.

Comment dire ? Bla-bla-bla-bla-bla-bla-bla-bla-bla-bla-bla... bla-bla-bla-bla-bla-bla... et bla-bla-bla-bla-bla.

Effectivement : tout ça m'a ramené à mes jeunes années, au temps où l'on regardait "Au théâtre ce soir". Je ne sais même pas quoi en dire. Quelques bons mots (dont le "j'ai vu deux chevaux" :lol: )... quelques échanges pathétiques (Allô ? Allô ? ... Oui, à l'eau !)... un zeste de trivialité ("Je me suis tapé la comtesse !")... et cet énorme mouchoir dégoulinant de la poche de Fernandel... Ce n'est pas détestable, mais... à quoi bon ?

A la fin, on a un :
Spoiler (cliquez pour afficher)
-- Ah... Ah... si je vous avais rencontrée il y a 25 ans !
-- J'avais deux ans !
... qui m'a fait penser au :
Spoiler (cliquez pour afficher)
-- Ah, si j'avais trente ans de moins !
-- J'aurais cinq ans... Ce serait du joli !
... de "Maxime" (Henri Verneuil, 1958). Oh le vilain copieur !
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Re: Sacha Guitry (1885-1957)

Message par onvaalapub »

Oui on est loin des grandes réussites de Guitry même si quelques bons mots et l'abattage des deux acteurs permettent de ne pas s'ennuyer. À réserver aux fans hard core du maître...
comme Moa, non moi :oops:
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Alexandre Angel
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Re: Sacha Guitry (1885-1957)

Message par Alexandre Angel »

Un des quelques Sacha que je n'ai pas encore vu.. Apparemment, c'est pas le top
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Alexandre Angel
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Re: Sacha Guitry (1885-1957)

Message par Alexandre Angel »

Sinon, je viens de terminer Le Fabuleux Destin de Désirée Clary, que je n'avais jamais vu, qui est excellent d'un bout à l'autre, vieillit magnifiquement bien et m'a sacrément régalé.
Bon, pour faire bonne mesure, il y a tout de même Gaby Morlay qui plombe..
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Sacha Guitry (1885-1957)

Message par AtCloseRange »

Grosse arrivée de films de Guitry sur FilmoTV (une dizaine).
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Re: Sacha Guitry (1885-1957)

Message par Jeremy Fox »

Antoine Royer démarre aujourd'hui une intégrale chronologique Guitry avec Pasteur.
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