Lolita (Stanley Kubrick - 1962)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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hansolo
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Message par hansolo »

découvert le film hier soir
je suis assez décu!
James Mason joue un personnage extremement guindé et sa femme est hystèrique jusqu'a la caricature.
Je n'ai pas compris la scène finale!
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MJ
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Message par MJ »

Jeremy Fox a écrit :C'est ce qui fait pour moi toute la force du film. Rarement des fondus au noir de quelques seconde auront eu sur moi un tel pouvoir de fascination. C'est au contraire je trouve l'un des films les plus puissamment érotiques qui puisse être..
Le générique le plus excitant de l'histoire du cinéma.
Sans exagération.
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julien
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Message par julien »

Ce générique je le trouve un peu kitsch quand même. Il parait qu'à l'origine, Kubrick avait prévu de mettre des photos de jeunes filles en mini-jupes mais la prod n'était pas trop d'accord avec cette idée.
Tristana
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Message par Tristana »

MJ a écrit :Le générique le plus excitant de l'histoire du cinéma.
Sans exagération.
Là par contre, tout à fait d'accord.
Générique sublime et très, très érotique.
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Kevin95
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Message par Kevin95 »

Tristana a écrit :
MJ a écrit :Le générique le plus excitant de l'histoire du cinéma.
Sans exagération.
Là par contre, tout à fait d'accord.
Générique sublime et très, très érotique.
Vous ! Vous n'avez jamais vu celui de Barbarella ! 8)
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Message par Eleanor »

Moi non plus, j'ai jamais accroché à ce film et pourtant j'aime bien Kubrick.
Je trouve d'ailleurs cette version très éloignée du roman de Nabokov. En ce sens, le film avec Jeremy Irons est beaucoup plus proche du roman.
Kubrick rend le personnage principal vraiment antipathique alors que, dans le livre, il est davantage montré comme quelqu'un de trop sensible, victime de ses propres penchants et complétement manipulé par une Lolita pas du tout innocente en dépit de son âge.
Je me dis qu'en diabolisant Humbert, Kubrick a, en partie, dû jouer le jeu de la censure car ça aurait fait moins moral qu'il soit dans le rôle de celui qui subit.
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AtCloseRange
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Message par AtCloseRange »

Kevin95 a écrit :
Tristana a écrit :
Là par contre, tout à fait d'accord.
Générique sublime et très, très érotique.
Vous ! Vous n'avez jamais vu celui de Barbarella ! 8)
et Barb Wire!
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Kevin95
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Message par Kevin95 »

AtCloseRange a écrit :
Kevin95 a écrit :
Vous ! Vous n'avez jamais vu celui de Barbarella ! 8)
et Barb Wire!
Chacun ses goûts ! :fiou:
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Message par rosebud »

Vu pour la première fois : Sue Lyon excellente ; Mason trés bon dans son rôle ; Peter Sellers toujours extra même s'il en rajoute un peu beaucoup(mais je lui passe tout car c'est un acteur au sommet).
Il est vrai que la censure y est pour beaucoup car je n'ai pas toujours reconnu Kubrick.
Bref j'ai quand même aimé ce film réalisé toujours aussi magistralement.
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nobody smith
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Message par nobody smith »

C’était un des derniers Kubrick que j’avais à voir. J’avais entendu partout que le film avait mal vieillit et je dois avouer que c’est plus ou moins le cas. Le film n’a plus grand-chose de sulfureux contrairement au roman qui n’a rien perdu de sa force en laissant de la marge à l’imagination tordue du lecteur. La réalisation figée et assez théâtrale participe à constat même si comme sur l’ultime razzia (qui souffrait assez du même problème), Kubrick joue brillamment avec ses décors.

Toutefois, je suis loin d’avoir été déçu au final par le film (bien qu’il rejoint les Kubrick que j’affectionne le moins). Le plus gros reproche que je lui ferais serait qu’il traîne parfois en longueur et que les 2H30 se voient passés. Pour le reste, je trouve l’adaptation passionnante, certes éloigné du roman sur de nombreux point mais restant fidèle à son ambiance (Lolita est moins manipulatrice certes mais demeure bien garce sur les bords). L’excellent casting assure également à merveille le show : James Mason parfait, Sue Lyon envoûtante (même si son ultime apparition atteint le degré zéro de la crédibilité), Peter Sellers tordant...
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hansolo
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Message par hansolo »

nobody smith a écrit :Pour le reste, je trouve l’adaptation passionnante, certes éloigné du roman sur de nombreux point mais restant fidèle à son ambiance (Lolita est moins manipulatrice certes mais demeure bien garce sur les bords).

c'est bien ça qui me gène, a part dans 2 ou 3 scènes, elle semble être "garce" comme tu dis, uniquement aux yeux de Humbert ... qui semble se faire des "films" ...
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Re: Lolita (Stanley Kubrick)

Message par Cadichon »

La première fois que j'ai vu ce film (qur grand écran et en vo), j'ai été mal à l'aise à la limite de la nausée, tant la puissance du film m'emportait. Depuis j'ai bien du le voir 7 ou 8 fois et je ne m'en lasse pas (je vous rassure, je ne suis plus malade en le regardant). Sue Lyon est parfaite, James Mason et Shelley Winters aussi. Peut-être que le personnage de Peter Sellers est excessif. Des premières oeuvres de Kubrick, c'est celui qui supporte le mieux les attaques du temps (à part The Kiliing).
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Re: Lolita (Stanley Kubrick - 1962)

Message par Droudrou »

De Stanley Kubrick ce que j'aimerai bien découvrir ce sont ses toutes premières oeuvres. Qu'elles nous soient réunies dans un coffret ou présentée de façon à part, mais qu'il nous soit possible de les approcher. Néanmoins, c'est vrai, la question que l'on peut se poser est de savoir comment ses films réussissent à perdurer avec le temps. Je pense que l'an prochain, je me créerai ma propre rétrospective de ses oeuvres à partir de toute ma collection de DVD mais ne sais comment je réagirai...
Pour ce qui est de Lolita, bien évidemment si l'adaptation du roman de Nabokov en fait une oeuvre de Kubrick à part entière, il faut bien savoir que, pourtant, il est soumis aux caprices des lois qui régissent le cinéma de l'époque du tournage. Les aspects forts qui appraissaient à la lecture du livre ne peuvent donc apparaître dans le film mais comme pour toutes les oeuvres écrites qu'il a adaptées sa propre vision prend le dessus sur l'écrit de l'auteur et explique les querelles qui pourront exister !
C'est certainement là que réside d'abord le génie de Stanley Kubrick mais aussi d'un certain cinéma de grande qualité : "A partir d'oeuvres écrites de qualité variable, des cinéastes ont réalisé des films qui existent pour la postérité !" Ensuite, il faut avouer que Kubrick, outre le fait qu'il possède admirablement la technique cinématographique, utilise au maximum les ressources de ses acteurs, des décors et de la musique et qu'il dirige le marketing de ses produits !
Puisque nous sommes sur le fil de LOLITA, la campagne publicitaire qui accompagne le lancement du film voit le public recevoir une paire de lunettes de soleil avec une monture de couleur en forme de coeur et une sucette !
On reverra d'ailleurs Marlon Brando distribuer un faux dollar pour accompagner le lancement de La vengeance aux deux visages, film sur lequel il a pris la relève de Stanley Kubrick dans la réalisation pour mésentente totale avec ce dernier... Mais à la base, c'était une oeuvre de Kubrick qui abordait là le western...
John Wayne : "la plus grande histoire jamais contée" - It was true ! This man was really the son of God !...
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Re: Lolita (Stanley Kubrick - 1962)

Message par Anorya »

Lolita (Kubrick - 1962).

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"Mais au XXe siècle, avec la désintégration des valeurs morales et spirituelles, il devient de plus en plus difficile -et au bout du compte impossible-- pour un auteur de créer de façon crédible une situation comme celle-là, d'imaginer une relation amoureuse qui produise un tel choc et un tel sentiment d'étrangeté. Du coup, pour créer ce choc, on a fait appel aux descriptions érotiques. Mais Trilling [note d'Anorya : Il s'agit de Lionel Trilling, un journaliste d'Encounter que Kubrick mentionne plus tôt dans l'interview. Trilling disait de Lolita que c'était "la première grande histoire d'amour du XXe siècle".] a senti que Lolita, dans la pure tradition classique, y était parvenu : il y avait dans ce roman toute la passion et la tendresse des grandes histoires d'amour et aussi cet élément qui fait que les amoureux sont complètement coupés de ce qui les entoure, étranger aux autres. Et bien sûr, Nabokov a parfaitement réussi à ne donner aucun indice quant à savoir si lui-même approuvait ou non cette relation. En fait, ce n'est qu'à la toute fin, lorsque Humbert la revoit quatre années plus tard, et qu'elle n'a plus rien du tout de la nymphette qu'elle avait été, qu'on découvre l'amour authentique et désintéressé qu'il avait pour elle. En d'autres mots, cet élément qui les éloigne du monde, et même de l'auteur --et certainement du lecteur--, est effectif, et il dure quasiment jusqu'à la fin."

Stanley Kubrick dans un entretien avec Terry Southern : "Le cinéma, Lolita et moi", paru dans Esquire en 1962, repris par les Inrockuptibles dans leur Hors-série Stanley Kubrick en 1999.


On ne pouvait que citer pleinement Kubrick pour son film tellement le constat à l'écran est clair.
Ainsi, James Mason (dans le rôle d'Humbert Humbert, excellent) n'a d'yeux que pour Lolita (Sue Lyon, très bien) et se contrefout totalement de la pauvre Shelley Winters (qui joue Charlotte Haze, la mère de Lolita).
Cette dernière n'a d'yeux que pour le personnage de James Mason et tente désespérément de se l'approprier, quite à paraître plus que douloureusement pathétique aux yeux du spectateur.
Quand à Lolita, elle s'en fiche totalement même si elle rejoint les deux égoïstes du film. :mrgreen:
D'ailleurs, je n'avais pas remarqué à tel point tous les personnages transpirent l'hypocrisie et l'égoïsme à plein nez dans le film. Kubrick, qui s'exile alors en Angleterre, tire à boulet rouges sur une société très puritaine qui se prétendait très ouverte mais ne fait qu'essayer de masquer péniblement ses désirs. Les amis de Shelley Winters font tout pour que Humbert aille dans le lit de Charlotte. Cette dernière se ridiculise par tous les moyens (la robe léopard, outch !) et ses larmes nous attristent d'autant plus. Quilty (Peter Sellers un poil irritant mais bon aussi) est limite encore plus "pédophile" que Humbert pourrait l'être et n'a d'yeux aussi que pour Lolita. Bref tout ce petit monde s'égratigne gentiment sans en avoir conscience, Kubrick réussissant une nouvelle fois avec brio un film sur l'éternelle cruauté humaine. D'ailleurs, même bien avant 2001 et Docteur Folamour, on a presque parfois l'impression de voir des personnages-machines à l'oeuvre. En témoigne un Sellers changeant constamment d'identité comme le T-1000 de Terminator 2 (et comme pour ce dernier, au moment de la fin, les identités --ou jeux et registres de ton pour Sellers-- se multiplient d'un coup) !



J'ai eu le plus grand mal à pénétrer dans le film cette fois-ci. La première fois que j'avais vu Lolita, j'avais adoré les dialogues et l'humour parfois très noir qui s'en dégage...
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(quand Humbert est encore au téléphone, qu'on lui annonce que sa femme est morte, que lui dit que non alors que sa femme est sortie en douce par derrière et s'est faite renverser en direct ! :mrgreen: )
Mais le film m'est cette fois apparu comme un grand film cruel avec des personnages de peu d'humanité
Spoiler (cliquez pour afficher)
(et quand Humbert reçoit, dans son bain, le père de celui qui a écrasé sa femme et que celui-ci plutôt que d'excuser son fils dit que c'était la faute du mauvais temps, qu'elle était sur la route, qu'on a voulu éviter le chien, Ouille. Stanley, tu as une dent contre la mentalité américaine ? :mrgreen: )
et c'est justement ce qui en fait sa force. Du coup, par la suite ce revisionnage m'a permis de retrouver des gags dont je ne me souvenais plus (le coup du lit pliant qui ne fait que grincer et Lolita qui dort comme une masse ! :mrgreen: ) et des scènes formidables (le générique avec ce pied qu'on manucure, la première fois qu'on voit Lolita qui prend un bain de soleil, Lolita en Hoola-hoop... et ce fameux fondu au noir terriblement suggestif qui dure près de cinq longues secondes après que Lolita ait chuchoté quelque chose à l'oreille de Humbert !).


Jusqu'a une fin formidable et coupante qui rejoint le début où l'on découvre, comme dit Kubrick, que Humbert avait trop idéalisé Lolita et qu'il s'effondre en pleurs. Ce qui nous apparaissait comme un égoïste prétentieux (à part Lolita il n'aime que la poésie et Edgar Allan Poe --ce qui donne lieu à une remarque jouissive de Lolita sur la vanité de la littérature--) et pervers, devient un amoureux éconduit, obsessionnel et sensible, brisé jusqu'au plus profond de lui-même. Humbert ne peut supporter que la normalité et le matérialisme ait rattrapés celle qu'il portait plus que tout au firmament d'où une discussion où l'on sent plus que du vécu : une personne qui en aime encore une autre mais cette dernière qui est déjà passée depuis longtemps à autre chose. Qui n'a jamais eu ça ? (ou alors vous n'avez jamais pris de rateaux et vous vivez dans une grotte tel un ermite ou au fond d'une cabane en bois dans la forêt tel Bob dans Twin Peaks :mrgreen: )...


Et le film de refaire une boucle (ce n'est qu'un immense flash-back) pour revenir au début et s'achever sur la troublante image finale d'un portrait troué (un clin d'oeil cinéphilique de Kubrick au portrait de Dorian Grey ? :) ). Allusion à un temps qui détruit tout, des amours à nos vie, d'une beauté qui ne peut que disparaître dans les limbes temporelles...

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Lolita est un drame immense.

5/6.
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Anorya
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Re: Lolita (Stanley Kubrick - 1962)

Message par Anorya »

Ah oui tiens, pour les intéréssés, je viens de scanner un petit article sur Sue Lyon du même numéro des inrocks que j'évoque plus haut. :D

Hopla :

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