ed a écrit :Personnellement, je n'en suis même pas totalement convaincu, en fait...
Rien que deux mots suffisent pour le prouver : BARRY LYNDON...
c'est marrant, je l'attendais
pour tout dire, c'est un film que j'estime assez peu, y compris visuellement, mais mes souvenirs sont assez anciens, et maintenant que je suis mieux équipé (en terme de matériel pour visionner les films, bien sûr) je me le suis acheté, ce mois-ci, pour le réévaluer...
donc en l'état actuel, je maintiens que, visuellement, Lolita est mon film préféré de Kubrick
O'Malley a écrit :Le film de Kubrick que j'apprécie le moins...Vu une seule fois mais j'ai trouvé que le film, qui comporte néanmoins de superbes moments (notamment la scène culte où Humbert voit pour la première fois Lolita, sur la musique de Nelson Riddle), manque singulièrement d'émotions. Surtout le cabotinage de Peter Sellers m'a semblé déplacé (contrairement au Docteur Folamour) par rapport au ton et à l'esprit deu film. Pourtant, je voue une adoration à Sellers dont le jeu excessif (tout comme pour De Funès) ne me gêne pas du tout mais là, ce n'est pas le jeu en tant que tel qui me déplaît mais juste cette intrusion burlesque (qui se voulait sarcastique et ironique de la part de Kubrick) que je trouve malheureuse.
Une seconde vision me semble néanmoins nécessaire.
Je partage ton sentiment sur Lolita, qui est un film que j'aime assez peu, malgré l'interprétation magnifique de James Mason et le brio de sa mise en scène. Peter Sellers, que j'apprécie assez dans d'autres films (sans jamais en être vraiment fan, je l'avoue), me gêne beaucoup dans celui-ci. Mais je me fie à un souvenir assez lointain: il faut également que je retente le coup.
julien a écrit :Je suis assez mitigé sur ce film qui a pas mal vieillit. Dans le même genre, je préfère encore le film italien PICCOLE LABBRA de Mimmo Cattarinich.
Dans le genre, il y avait le film de Lattuada avec Nastassja Kinski - souvenir ému d'une séance, un jour de pluie automnale-, et qui mériterait d'être redécouvert.
C'est vrai que ce film est rarement diffusé. Toujours dans le même genre, je pense aussi à un film espagnol de Jaime de Armiñán, avec Ana Torrent : El Nido qui mériterait lui aussi d'être redécouvert.
John Anderton a écrit :
Rien que deux mots suffisent pour le prouver : BARRY LYNDON...
c'est marrant, je l'attendais
pour tout dire, c'est un film que j'estime assez peu, y compris visuellement, mais mes souvenirs sont assez anciens, et maintenant que je suis mieux équipé (en terme de matériel pour visionner les films, bien sûr) je me le suis acheté, ce mois-ci, pour le réévaluer...
donc en l'état actuel, je maintiens que, visuellement, Lolita est mon film préféré de Kubrick
Je me repasse tout Kubrick en ce moment (dans le plus grand désordre et selon les envies) et pour le moment c'est The Shining qui emporte visuellement la Palme. Il me reste à terminer Clockwork Orange, et je garde Lolita pour la fin.
Ce que j'ai surtout admiré dans Lolita ce sont les meilleurs dialogues que j'ai entendu dans un film de Kubrick, notamment le commentaire de Lolita sur un poème de Poe, qui remet à leur place tant l'oeuvre du poète que ses exégètes.
Un très grand moment de cinéma avec deux très grands acteurs que sont James Mason et Peter Sellers mais aussi Shelley Winters que je trouve vraiment remarquable dans tous les films où elle a joué, et Lolita n'y échappe pas.
Tarkus1975 a écrit :Ce que j'ai surtout admiré dans Lolita ce sont les meilleurs dialogues que j'ai entendu dans un film de Kubrick, notamment le commentaire de Lolita sur un poème de Poe, qui remet à leur place tant l'oeuvre du poète que ses exégètes.
Le livre va encore plus loin dans cette direction. Ca en devient aussi jouissif que malaisant.
"Personne ici ne prend MJ ou GTO par exemple pour des spectateurs de blockbusters moyennement cultivés." Strum
J'ai découvert sur Arte ce soir l'adaptation de Kubrick de ce monument qu'est LOLITA.
J'avais vu le film de Lyne il y a quelques années, avant de découvrir l'oeuvre littéraire, et je l'avais trouvée plutôt bien menée, avec le personnage d'Humbert magistralement interprété par Jeremy Irons, tout en ambiguïté, entre perversion et romantisme ; et une jeune Lolita égocentrique, adorable et elle aussi très ambiguë sous les traits de Swain.
Après avoir vu (et adoré) BARRY LYNDON il y a peu, j'espérais que LOLITA me fasse le même effet. Et bien... non. Non parce qu'indéniablement, le film a vieilli, et la censure sous-jacente empêche l'intrigue de réellement se développer : aucun baiser entre Lolita et Humbert (alors que le livre raconte des étreintes autrement plus osées qu'un simple baiser), tout est dans le sous-entendu. Et que dire du personnage de Lolita qui n'a pas tout cette ambiguïté, cette perversité liée à l'innocence qui la rend si intéressante dans le roman (ou dans le film de Lyne). Là où Nabokov décrit une enfant devenant une femme, consciente de son potentiel sexuel, mais aussi parfois embarquée bien trop loin pour son âge, Kubrick montre une jeune fille qui semble en tous points passive, pratiquement constamment victime, sans aucune audace ni fraîcheur. Humbert parle lui-même de candeur mélangée à la vulgarité : la Lolita de Kubrick n'est nullement vulgaire, elle est toujours très propre sur elle, bien coiffée, savamment habillée de manière à ne rien laisser paraître... Sans doute Kubrick ne pouvait-il pas aller plus loin à cause de la censure qui menaçait, mais je trouve que ça ampute vraiment l'histoire, qui n'est pas qu'une histoire d'amour mais aussi et surtout une histoire sur le désir, et hormis la scène où Humbert découvre une Lolita aguicheusement avachie au soleil, jamais la sensualité n'affleure pendant le film...
Les meilleures scènes sont peut-être celles où Humbert est coincé avec la mère de Lolita, qui l'ennuie à mourir et qu'il déteste, mais qu'il va néanmoins épouser pour se rapprocher de Lolita. Une fois qu'elle disparaît, le film repose entièrement sur la relation entre Lolita et Humbert, et si on exclut la jalousie maladive d'Humbert, aucune relation véritable ne semble se nouer entre eux... Seule la tendresse est évoquée lorsque Lolita pleure sa mère et qu'il la serre dans ses bras, mais toute la perversité de cet amour interdit n'est absolument pas rendue à l'écran.
Tristana a écrit :... tout est dans le sous-entendu.
C'est ce qui fait pour moi toute la force du film. Rarement des fondus au noir de quelques seconde auront eu sur moi un tel pouvoir de fascination. C'est au contraire je trouve l'un des films les plus puissamment érotiques qui puisse être. Et Sue Lyon est une sorte de fantasme incarné. Non vraiment, Nabokov a trouvé en Kubrick le parfait "adaptateur" de son roman à mon avis.
Tristana a écrit :... tout est dans le sous-entendu.
C'est ce qui fait pour moi toute la force du film. Rarement des fondus au noir de quelques seconde auront eu sur moi un tel pouvoir de fascination. C'est au contraire je trouve l'un des films les plus puissamment érotiques qui puisse être. Et Sue Lyon est une sorte de fantasme incarné. Non vraiment, Nabokov a trouvé en Kubrick le parfait "adaptateur" de son roman à mon avis.
Je pense que ce procédé, permet à Kubrick face à ce sujet quelque peu brûlant dirai-je, de ne jamais tomber dans le graveleux et de donner une dimension érotique intense car fait appel à l'imagination du spectateur.
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
Jeremy Fox a écrit :
C'est ce qui fait pour moi toute la force du film. Rarement des fondus au noir de quelques seconde auront eu sur moi un tel pouvoir de fascination. C'est au contraire je trouve l'un des films les plus puissamment érotiques qui puisse être. Et Sue Lyon est une sorte de fantasme incarné. Non vraiment, Nabokov a trouvé en Kubrick le parfait "adaptateur" de son roman à mon avis.
Je pense que ce procédé, permet à Kubrick face à ce sujet quelque peu brûlant dirai-je, de ne jamais tomber dans le graveleux et de donner une dimension érotique intense car fait appel à l'imagination du spectateur.
Mais le livre, qui est beaucoup plus osé puisqu'il décrit les étreintes entre Humbert et Lolita, n'a rien de graveleux. Idem pour le film de Lyne d'ailleurs... oui, c'est ouvertement sexuel et dérangeant, mais le parti pris de Nabokov n'était pas de sous-entendre la relation amoureuse entre Humbert et Lolita, mais bien de la montrer sous son jour le plus cru (comme il raconte au début la première expérience sexuelle déçue d'Humbert).