La Vérité (Henri-George Clouzot - 1960)
Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky
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- Mister Ironbutt 2005
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La Vérité (Henri-George Clouzot - 1960)
LOL, le film est passé à la télé il y a facilement trois ans, et mon enregistrement était resté au placard à attendre bien gentiment... Mais après les déceptions conjugués des "Espions" et de "La prisonnière", j'avais très peur de ce Clouzot dernière période d'autant que ça avait des odeurs de Cayatte de luxe... J'avais tord.
Je me suis pris hier soir une claque monumentale... Sous ses allures de grosse machine "qualité française", le réalisateur livre un film d'une profonde noirceur. En se servant du mythe Bardot (tcha tcha tcha, agitation du cul sous le nez de Sami Frey), Clouzot l'humanise peu à peu comme jamais personne n'y était arrivé. Si Autant-Lara s'en était servi dans une opposition de classe sociale dans "En cas de Malheur", ici c'est toute autre chose puisque le film s'inscrit dans un milieu plus moyen...
Avec l'actrice et le film de tribunal, Clouzot casse tout ce qui tient au fondement malsain de la réussite sous De Gaulle. Le rejet de la créature BB est un catalyseur du mème type que celui du "Corbeau"... "La vérité" n'existe plus dérrière le travestissement quotidien... BB elle est un corps à nue.
L'affrontement Meurisse/ Vanel est jubilatoire (les seconds rôles chez Clouzot, c'est du génie perpétuel!), et le tout filmé avec une force incroyable: des scéquences presque expressionniste dans la prison de femme ou Clouzot joue avec les ombres, jusqu'à l'ampleur qu'il donne à sa salle de tribunal et ses débats (jeu avec l'espace et le découpage qui fait de ce lieu de justice une véritable entité ou bien entendu l'ombre de kafka vient parfois se pointer), en passant par toute les scènes de flash back ou là encore il donne beaucoups d'importance aux décor et au montage... Une scène est particulièrement frappante lorsque BB voit son amant diriger un orchestre à la télé puis cour ensuite le rejoindre sur la mème musique jusqu'à à son appartement. La force de la scéquence cloue sur place , et peut-être est-ce en voyant ça que Karajan va faire appel à Clouzot pour filmer ses concerts? Son portrait de la vie estudiantine de l'époque arrive au passage à la Nouvelle vague et pourrait soufrir, mais l'ensemble tient finalement pas mal le coups... Là aussi on a un regard social acide qui ne se retrouvera pas forcément dans les films de la nouvelle génération. Pas d'idéalisme de la jeunesse, si ce n'est à travers Bardot, mais elle représente tant de chose dans ce film.
Bref, Clouzot livre du cinéma qui "fait mal au ventre", comme le disait Edward G.Robinson à la sortie du "Salaire de la Peur". "La Vérité" se hisse sans mal au niveau de ce dernier et des plus grandes réussites du réalisateur... L'oscar du meilleur film étranger n'était pas volé. A noter que la tentative de suicide de l'actrice qui s'est déroulé en parrallèle du chantier du film est assez intriguant.
6/6
Je me suis pris hier soir une claque monumentale... Sous ses allures de grosse machine "qualité française", le réalisateur livre un film d'une profonde noirceur. En se servant du mythe Bardot (tcha tcha tcha, agitation du cul sous le nez de Sami Frey), Clouzot l'humanise peu à peu comme jamais personne n'y était arrivé. Si Autant-Lara s'en était servi dans une opposition de classe sociale dans "En cas de Malheur", ici c'est toute autre chose puisque le film s'inscrit dans un milieu plus moyen...
Avec l'actrice et le film de tribunal, Clouzot casse tout ce qui tient au fondement malsain de la réussite sous De Gaulle. Le rejet de la créature BB est un catalyseur du mème type que celui du "Corbeau"... "La vérité" n'existe plus dérrière le travestissement quotidien... BB elle est un corps à nue.
L'affrontement Meurisse/ Vanel est jubilatoire (les seconds rôles chez Clouzot, c'est du génie perpétuel!), et le tout filmé avec une force incroyable: des scéquences presque expressionniste dans la prison de femme ou Clouzot joue avec les ombres, jusqu'à l'ampleur qu'il donne à sa salle de tribunal et ses débats (jeu avec l'espace et le découpage qui fait de ce lieu de justice une véritable entité ou bien entendu l'ombre de kafka vient parfois se pointer), en passant par toute les scènes de flash back ou là encore il donne beaucoups d'importance aux décor et au montage... Une scène est particulièrement frappante lorsque BB voit son amant diriger un orchestre à la télé puis cour ensuite le rejoindre sur la mème musique jusqu'à à son appartement. La force de la scéquence cloue sur place , et peut-être est-ce en voyant ça que Karajan va faire appel à Clouzot pour filmer ses concerts? Son portrait de la vie estudiantine de l'époque arrive au passage à la Nouvelle vague et pourrait soufrir, mais l'ensemble tient finalement pas mal le coups... Là aussi on a un regard social acide qui ne se retrouvera pas forcément dans les films de la nouvelle génération. Pas d'idéalisme de la jeunesse, si ce n'est à travers Bardot, mais elle représente tant de chose dans ce film.
Bref, Clouzot livre du cinéma qui "fait mal au ventre", comme le disait Edward G.Robinson à la sortie du "Salaire de la Peur". "La Vérité" se hisse sans mal au niveau de ce dernier et des plus grandes réussites du réalisateur... L'oscar du meilleur film étranger n'était pas volé. A noter que la tentative de suicide de l'actrice qui s'est déroulé en parrallèle du chantier du film est assez intriguant.
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- Mister Ironbutt 2005
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D'ac avec MacLean, je le considère comme l'un des films les plus importants du cinéma français des 60's: une claque mais aussi un film d'une profonde compléxité sur la notion de vérité (LA Vérité n'existe pas). Le plus beau rôle de Bardot et l'un (le?) des meilleurs Clouzot qui m'aient été donné de voir (supérieur au Salaire de la peur, en tout cas).
Par contre, Sergius ou Mac Lean, pouvez- vous me rappeler la réplique finale: elle m'avait, à l'époque, marqué mais je ne m'en rappelles plus.
Par contre, Sergius ou Mac Lean, pouvez- vous me rappeler la réplique finale: elle m'avait, à l'époque, marqué mais je ne m'en rappelles plus.
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- Mister Ironbutt 2005
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Meurisse: "Sale coups quand mème!"O'Malley a écrit :D'ac avec MacLean, je le considère comme l'un des films les plus importants du cinéma français des 60's: une claque mais aussi un film d'une profonde compléxité sur la notion de vérité (LA Vérité n'existe pas). Le plus beau rôle de Bardot et l'un (le?) des meilleurs Clouzot qui m'aient été donné de voir (supérieur au Salaire de la peur, en tout cas).
Par contre, Sergius ou Mac Lean, pouvez- vous me rappeler la réplique finale: elle m'avait, à l'époque, marqué mais je ne m'en rappelles plus.
Vanel: "Les Aléas du métier"...
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LA VERITE n'est vraiment pas mon Clouzot préféré... même si une certaine noirceur reste omniprésente dans le film, l'ensemble du film ne me paraît pas aussi "fort" que la plupart de ses autres films. Du bon cinéma quand même, peut-être (sûrement même) le meilleur rôle de Bardot. C'est déjà pas mal...
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- Mister Ironbutt 2005
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"Quai des Orfèvres" est un bijoux, mais j'ai pas l'impression non plus que ce soit ce que Clouzot ai fait de plus personnel...Bill Harford a écrit :Je tiens "La Vérité" pour un des meilleurs Clouzot après "Quai des Orfèvres"... J'aimerais bien le revoir, rien que pour le duel Meurisse/Vanel, un vrai festival de dialogues qui tuent.
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La vérité (Henri-George Clouzot, 1960)
J'ai vu que le dvd était sorti cette semaine chez René Chateau. Même si logo TF1 est présent sur la jaquette du verso, je me demande ce que vaut la copie étant donné que l'on peut s'attendre à tout avec cet éditeur !
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Re: "La vérité" de Clouzot
J'ai parcouru vite fait; ça a l'air très acceptable, mais le format ne me semble pas correspondre à mes souvenirs: je pense qu'il a été recadré.Le Guillou a écrit :J'ai vu que le dvd était sorti cette semaine chez René Chateau. Même si logo TF1 est présent sur la jaquette du verso, je me demande ce que vaut la copie étant donné que l'on peut s'attendre à tout avec cet éditeur !
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Re: "La vérité" de Clouzot
D'un autre côté, l'édition TF1 propose en bonus la contre-enquête de Charles Villeneuve.Le Guillou a écrit : Même si logo TF1 est présent sur la jaquette du verso, je me demande ce que vaut la copie
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Le film est surtout une formidable réflexion sur l'idée même de Vérité, fuyante et tellement complexe... LE rôle de Bardot, formidable (elle prouve qu'elle pouvait être une grande tragédienne), mais peut-être l'un des plus grands Clouzot, supérieur en tout cas à des films plus sacralisés tels que Le salaire de la peur et Les diaboliques (excellents tout de même).
- Watkinssien
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C'est une question de goût !O'Malley a écrit :Le film est surtout une formidable réflexion sur l'idée même de Vérité, fuyante et tellement complexe... LE rôle de Bardot, formidable (elle prouve qu'elle pouvait être une grande tragédienne), mais peut-être l'un des plus grands Clouzot, supérieur en tout cas à des films plus sacralisés tels que Le salaire de la peur et Les diaboliques (excellents tout de même).
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