Kenji Mizoguchi (1898-1956)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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k-chan
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Re: Kenji Mizoguchi (1898-1956)

Message par k-chan »

-Kaonashi Yupa- a écrit :En épluchant les sorties de ces dernières semaine sur allocine, je découvre que le 22 février les Films sans frontières ont (re?)sortie en salles Une femme dont on parle (Uwasa no onna), le seul Mizoguchi dernière période qui n'est pas édité (ou très rare). :|
Encore un que je rate...
Une femme dont on parle était sorti en VHS dans une collection de Arte et Argos avec quelques autres Mizoguchi, des Ozu, des Kurosawa, des Kon Ichikawa et quelques autres films. Mais c'est vrai qu'il n'a jamais été réédité en dvd en France. Il est cependant facile à voir.

Pour ce qui est des films de sa dernière période (50's on va dire), il en reste malheureusement 2 autres inédits : Le destin de Mme Yuki (que j'ai donc vu à la MCJP), et La dame de Musashino.
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-Kaonashi-
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Re: Kenji Mizoguchi (1898-1956)

Message par -Kaonashi- »

k-chan a écrit :Une femme dont on parle était sorti en VHS dans une collection de Arte et Argos avec quelques autres Mizoguchi, des Ozu, des Kurosawa, des Kon Ichikawa et quelques autres films. Mais c'est vrai qu'il n'a jamais été réédité en dvd en France. Il est cependant facile à voir.

Pour ce qui est des films de sa dernière période (50's on va dire), il en reste malheureusement 2 autres inédits : Le destin de Mme Yuki (que j'ai donc vu à la MCJP), et La dame de Musashino.
Cela dit j'ai un fichier vidéo de Une femme dont on parle depuis des années, je ne l'ai toujours pas regardé... Tu le trouves facile à voir ? Il ne m'a pas l'air très facilement trouvable justement, au même titre de La Dame de Musashino, mais pour le coup ce dernier je l'ai en DVD UK depuis des lustres.
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Re: Kenji Mizoguchi (1898-1956)

Message par k-chan »

-Kaonashi Yupa- a écrit :Cela dit j'ai un fichier vidéo de Une femme dont on parle depuis des années, je ne l'ai toujours pas regardé... Tu le trouves facile à voir ? Il ne m'a pas l'air très facilement trouvable justement, au même titre de La Dame de Musashino, mais pour le coup ce dernier je l'ai en DVD UK depuis des lustres.
Disons qu'avec Une femme dont on parle, il est facile de trouver des sous-titres fr, alors qu'il n'en existe pas, à ma connaissance, pour La dame de Musashino.
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-Kaonashi-
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Re: Kenji Mizoguchi (1898-1956)

Message par -Kaonashi- »

k-chan a écrit :Le destin de madame Yuki, de Kenji Mizoguchi (1950)
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雪夫人絵図 - Yuki fujin ezu - [vu à la MCJP, le 11/06/16)

De l'oeuvre du cinéaste, c'est l'un des derniers classiques des années 50 qu'il me restait à voir (reste désormais à voir La dame de Musashino). J'espérais avoir un autre avis que Bruce, mais j'ai un peu le même ressenti. Le destin de madame Yuki se révèle être un film peu réjouissant. Certes, Mizoguchi nous a habitué à des histoires terribles, mais également nuancées, et portées par des personnages toujours animés d'une incroyable volonté. Même les amants crucifiés mourraient ensembles sans qu'on ne puisse les séparer. Ces films là sont sublimes. Mizoguchi ayant la réputation de n'avoir fait que des grands films dans les années 50, ce qui jusqu'ici me paraissait vrai, j'ai du mal à m'enthousiasmer cette fois-ci. Non pas que le film ne soit pas bon, il est en fait même impressionnant : la mise en scène et la photographie sont incroyables, l'histoire est parfaitement bien raconté... bref, qui connait Mizoguchi ne sera pas déçu de ce point de vue là. Mais franchement, Mme Yuki... elle se complait tellement dans son malheur qu'elle en devient détestable. J'ai du mal à comprendre l'intérêt pour un personnage si peu combatif, qui sait exactement quel chemin suivre mais qui n'en fait absolument rien. Je n'arrive pas à la plaindre. On assiste alors impuissants, comme tous les protagonistes du film alors étouffés par le poids des traditions, à la déchéance lente et douloureuse d'une femme qui subit les pires humiliations qu'un homme peut lui faire. Pas vraiment plaisant. Un seul personnage se rebelle dans le film, le gamin de la maison, prêt à trucider au couteau cette ordure absolue. C'est le seul qui soit affranchis de ce système où il ne faut rien dire et rien entendre. La fin, qu'on devine terrible dès le départ nous laisse effectivement le même sentiment que la pauvre servante de Mme Yuki. De la colère et du dégoût face à tant de lâcheté. Reste que le final est sublime. Ressenti très ambigu et un peu triste face à ce très beau film pas vraiment aimable. Petit mot quand même sur l'actrice principale : je n'ai jamais trouvé Michiyo Kogure vraiment charmante (contrairement à la photo ci-dessous ou je la trouve très jolie). Je la trouve parfaite dans L'ange ivre, et dans des rôles plus secondaire, mais là telle que Yuki est décrite au préalable, j'ai du mal à accrocher à ce choix, ce qui ne m'aide pas vraiment à aimer d'avantage le personnage.
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Je découvre que ça sort aujourd'hui ! :o Il y a des séances tous les jours à la Filmothèque du Quartier Latin.
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Re: Kenji Mizoguchi (1898-1956)

Message par -Kaonashi- »

Enfin donc j'ai pu voir Le Destin de Madame Yuki. Et mon avis rejoint totalement celui de Bruce & de k-chan, tant j'ai eu du mal à me passionner pour le destin de Yuki : les tourments de celles-ci ne sont pas très développés, son personnage ne semble pas beaucoup évolué. Alors vu comme elle semble céder à son mari et le reconnaître sans détour, je pense que Mizoguchi fait le portrait d'une relation de couple très physique, comme si Yuki était totalement soumise au plaisir sexuel donné par son mari, mais le portrait du mari ne va pas forcément dans ce sens, ou alors c'est évoqué très très subtilement.
Il n'en reste pas moins une mise en scène toujours aussi élégante, avec des fulgurances comme le dénouement, pas mal de plans-séquences saisissants (le mari face à la révélation de sa maîtresse et de son associé), et un jeu sensationnel sur les cadrages (cadres dans le cadre).

Au sujet de la projection : la qualité du DCP est déplorable, honteuse. Je ne parle pas tant du master film, qui est ce qu'il est, mais de l'encodage pourri qui rend illisible une partie de l'image quand il y a trop de mouvements (dans l'image et du cadre). Alors c'est le seul moyen de voir le film, donc je conseille quand-même d'y aller, mais la copie fournie par Films sans frontière vaut à peine un DVD. Ou alors c'est le master numérique fourni par le distributeur japonais qui craint (inversion de trames ? passage NTSC/PAL ? débit d'image mal fichu ?...).
Pour l'anecdote, c'était la première fois que je retournais dans un cinéma de la rue Champollion à Paris depuis au moins 5-6 ans, grosse nostalgie voire mélancolie en voyant que ça n'a pas trop trop changé, à part que là, à la Filmothèque, la projection est en numérique et non plus en film. Dommage.
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Re: Kenji Mizoguchi (1898-1956)

Message par bruce randylan »

La victoire des femmes (1946)

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Une jeune femme est devenue avocate grâce à l'aide du mari de sa sœur, un procureur très conservateur. Leurs rapports sont pourtant tendus puisque le beau-frère a fait envoyer en prison son fiancé pour avoir été un pacifiste durant la guerre et qu'il en est sorti très affaibli.

L'un des films les plus rares et difficiles à voir du cinéaste est une œuvre contemporaine qui, plus que tout autre film du cinéaste jusqu'alors, revendique haut et fort son féminisme. Car si Mizoguchi a pointé du doigt à de nombreuses reprises la condition des femmes au Japon, ses héroïnes restaient souvent prisonnières de leur rang ou de pures victimes. Ici, Kinuyo Tanaka ne veut plus seulement dénoncer mais faire bouger les lignes pour être indépendante et s'affranchir totalement du patriarcat. Le plaidoyer, on s'en doute un peu, ne sera pas d'une grande finesse ni très subtile mais en 1946, au Japon, ça devait être un certain coup de tonnerre dans l'après-guerre encore sous le choc du conflit et un peu déboussolé par cette démocratie naissante à apprivoiser.
Les dialogues sont très explicatifs avec des échanges très appuyés pour des enjeux abordés frontalement. L'aspect didactique est heureusement atténués par une bonne partie du casting qui livre des compositions plus vivantes et fragiles qui peuvent s'épanouir à l'écran par le dispositif habituel du cinéaste, des plans séquences parfois très longs. La confession de la mère annonçant avoir tué son bébé est d'une grande force émotionnelle et reste toujours impressionnantes pour ses comédiennes plus que pour la technique, un peu moins virtuose que d'habitude. C'est même parfois très statique pour des plan-séquences un peu plats ou faciles qui manquent d'intensité. On trouve toujours une poignée de bonne séquence mais la sauce peine à prendre sur l'ensemble. On dirait que le cinéaste est plus à l'aise pour filmer la tragédie s’abattant sur la veuve ayant commis un infanticide que sur l'émancipation de Tanaka (et de sa soeur) qui a l'air un peu plaqué comme si l'absence de tragédie l'inspirait moins. Davantage que pour son monologue (pas si convainquant), si la scène du procès final fonctionne, c'est bien parce que le cinéaste cadre à chaque fois dans le même plan l'accusée et son avocate. De même la dimension sociale d'un pays encore dévasté par la guerre lui inspire des extérieurs bien mieux mis en valeur que les intérieurs en studio.
Les défauts du scénario n'en ressortent que plus visibles avec plusieurs dénouement qui s'anticipent aisément (surtout quand on a vu juste avant contes des chrysanthèmes tardifs).
Le fond reste touchant mais la démonstration n'est pas aussi émouvante et juste qu'on aurait pu l'espérer.
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Re: Kenji Mizoguchi (1898-1956)

Message par -Kaonashi- »

Je reposte ça là :
Dans le topic des bluray Capricci, jhudson a écrit :Coffret Kenji Mizoguchi 8 Films Combo

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http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... 22&t=38471

Et ça annonce donc la première édition vidéo de Une femme dont on parle.
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Re: Kenji Mizoguchi (1898-1956)

Message par Rick Blaine »

Le coffret est sorti depuis quelques joursmaintenant (en tout cas pour ceux qui avaient participé au financement)

Une femme dont on parle existait déjà en vidéo, avec un DVD Eureka à minima dans le coffret Late Mizoguchi (ce sont d'ailleurs les mêmes 8 films dans le coffret)
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tenia
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Re: Kenji Mizoguchi (1898-1956)

Message par tenia »

Le coffret reprend effectivement les mêmes 8 films que ceux parus chez Eureka en Angleterre, d'abord en DVD puis en BR, et les 5 films qui ne sont pas indiqués comme restaurés en 4K reprennent même les mêmes masters HD, malheureusement vieillissants. Je soupçonne en plus un souci de gamma, les BRs Capricci étant assez ternes dans les basses lumières (ce qui fait ressortir des encodages perfectibles).

Ces reprises sont dommage car j'espérais, vu l'appellation "restaurations 2k", de nouvelles restaurations mais non. C'est encore plus dommage pour La rue de la honte que la rétrospective en salles françaises annonçait une restauration 4k, restauration qui a semble-t'il été éditée en BR au Japon en fevrier 2019 et récemment projetée aux USA.
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-Kaonashi-
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Re: Kenji Mizoguchi (1898-1956)

Message par -Kaonashi- »

Rick Blaine a écrit :Le coffret est sorti depuis quelques joursmaintenant (en tout cas pour ceux qui avaient participé au financement)
Ah. Bon faut dire que j'ai découvert l'existence de ce coffret et de son financement seulement hier... :(
Rick Blaine a écrit :Une femme dont on parle existait déjà en vidéo, avec un DVD Eureka à minima dans le coffret Late Mizoguchi (ce sont d'ailleurs les mêmes 8 films dans le coffret)
Je ne l'ai pas précisé : je voulais parler d'édition française.
tenia a écrit :Le coffret reprend effectivement les mêmes 8 films que ceux parus chez Eureka en Angleterre, d'abord en DVD puis en BR, et les 5 films qui ne sont pas indiqués comme restaurés en 4K reprennent même les mêmes masters HD, malheureusement vieillissants. Je soupçonne en plus un souci de gamma, les BRs Capricci étant assez ternes dans les basses lumières (ce qui fait ressortir des encodages perfectibles).

Ces reprises sont dommage car j'espérais, vu l'appellation "restaurations 2k", de nouvelles restaurations mais non. C'est encore plus dommage pour La rue de la honte que la rétrospective en salles françaises annonçait une restauration 4k, restauration qui a semble-t'il été éditée en BR au Japon en fevrier 2019 et récemment projetée aux USA.
Pour ma part, je ne suis pas coutumier du rachat de films à chaque nouvelle édition, mais là, pour Mizoguchi... je pense que je vais céder.
J'ai toutes les éditions françaises de ses films en DVD, et ce qui inclut donc déjà 7 des 8 films en DVD, dans l'édition Opening en coffret de 2004.
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Re: Kenji Mizoguchi (1898-1956)

Message par Rick Blaine »

-Kaonashi Yupa- a écrit :
Rick Blaine a écrit :Le coffret est sorti depuis quelques joursmaintenant (en tout cas pour ceux qui avaient participé au financement)
Ah. Bon faut dire que j'ai découvert l'existence de ce coffret et de son financement seulement hier... :(
Ca permettait une petite remise, mais rien d'exceptionnel non plus.
On ne l'avait mentionné que dans le topic Capricci, on aurait du le remonter ici. :|
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Re: Kenji Mizoguchi (1898-1956)

Message par John Holden »

Rick Blaine a écrit :
-Kaonashi Yupa- a écrit : Ah. Bon faut dire que j'ai découvert l'existence de ce coffret et de son financement seulement hier... :(
Ca permettait une petite remise, mais rien d'exceptionnel non plus.
On ne l'avait mentionné que dans le topic Capricci, on aurait du le remonter ici. :|
15 euros, ça n'est pas négligeable. Ça dépend néanmoins chez quel éditeur on les investit. Chez coin de pire, ça représente à peine un verso de jaquette.
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Re: Kenji Mizoguchi (1898-1956)

Message par Rick Blaine »

John Holden a écrit :Chez coin de pire, ça représente à peine un verso de jaquette.
:lol:
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Re: Kenji Mizoguchi (1898-1956)

Message par The Eye Of Doom »

Miss Oyu
Dans les annee 40, un jeune decorateur doit epouser une jeune fille alors qu’il est fou amoureux de sa sœur aînée, veuve. Amour réciproque bien que non avoué. La jeune mariee vas se sacrifier pour sa soeur en demandant un mariage de pur facade et favorisant les rencontres entre son marie et sa soeur. Bien sur, cela finira mal.
Honnêtement ce melodrame m’a laissé plutôt de marbre. Comme évoqué par Bruce randylan ici
http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... 5#p1711319
ca manque un peu de souffle, de passion. Les deux amoureux partagent une passion pour le « japon éternel » a travers le luxe des kimono, de la decoration, de la musique. Mizogushi alterne des restitutions de cette splendeur « intemporelle » et des vues plus moderne traduisant le carcans des conventions sociales pesant sur les personnages. Si on ne croisait deci dela un homme en costume occidental avec attaché-case, on pourrait se croire au 19ieme siècle. Comme les personnages fréquentent ryokan et temples, on voit bien qu’ils se réfugient dans ce passé qui de fait ne les libèrent pas mais leur donne un sorte d’aura tragique justifiant leur sacrifice.
Les femmes mènent la barque, le mari est incapable d’assumer une position voir meme de simplement declarer son amour. On est dans un dialogue d’aveugles qui s’accommode d’une situation sans l’assumer vraiment.

La photo est superbe. Tout le debut est splendide. Plus loin, Mizoguchi recrée en studio des estampes de Hiroshige et Hokusai : le pont, la balade en bateau, le plan final dans les marais. Il y a une tension certaine dans sa facon de composer les plans, jouant avec l’espace.
Comme j’alterne ces temps ci Mizogushi, Kurosawa et Ozu, la comparaison est frappante dans la relation à l’espace. Si Ozu revendique une forme d’emprisonnement des personnages (repetition des plans, objets aux premiers plans,...), parfois un peu lourde, et si Kurosawa possède une forme de genie dynamique, organisant une relation fusionnelle/conflictuelle entre l’homme et son environnement, Mizogushi me semble moins « lisible ». Et en tout cas moins convainquant, dumoins pour l’instant. A suivre donc.


Tout ca se laisse voir sans déplaisir mais on attends le moment où le film vas basculer. La seule scene vraiment forte etant pour moi :
Spoiler (cliquez pour afficher)
La scène de la nuit de noce où la mariée dit franchement les faits et sa position
J’espère que les autres films du coffret seront plus « interessants » sinon je serais un peu decu...
The Eye Of Doom
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Re: Kenji Mizoguchi (1898-1956)

Message par The Eye Of Doom »

Les Musiciens de Gion.
Une geisha installée acceuille une jeune fille de sa famille et accepte de la former a son art. Elle vas devoir s’endetter pour acheter vêtements et accesoires luxueux pour le lancement professionnel de la nouvelle. Ce qui vas les contraindre a la prostitution.

J’ai de loin preferer ce film à Miss Oyu. Peut etre moins splendide formellement, l’histoire et la progression sont plus interressante.
Peinture sans fard de la situation de ces femmes qui alors que en facade elles perpétuent l’art « sublime » des geishas de Kyoto ( tresors nationaux vivants protégés par la constitutions), en réalité elles ne sont que des prostitués de luxe, coincés par le couts des vetements de luxe et autre necessaire a l’apparat fasteux de leur fonction.
Le microcosme du quartier des plaisirs est bien restitué :
Unité de lieu: un paté de maisons. (On imagine mal les geisha prendre le metro dans leur tenue)
Société fermée : tout est entregent et traffic d’influence
Ecosystem: etre ecoles a geisha ( danse, musiques, art floral,..), « maisons de thé » = lieu de plaisirs, domesticité dédiée (maquilleurs, habilleuses) et bien sur clients.

Le contraste entre la magnificence des kimonos, accessoires et coiffures et la bassesse du proxénétisme des meres maquerelles est saisissant.
L’hypocrisie du système est incroyable.

Je ne sais pas ce qu’il en ai aujourd’hui.

Le titre francais est des plus curieux car il n’y a pas de musicien dans le films...

Je precise que si le film est moins splendide que Miss Oyu, c’est juste que ce qui est filmé est plus terre à terre. La photo et les plans sont superbes.
On regrette juste que la copie n’est pas ete nettoyée.


Pour infos, il ne reste rien ou presque du quartier de Gion à Kyoto. Si on veut voir un beau vestige d’un quartier de geisha il faut aller a Kanasawa. Autour de quelques rues bien conservées, on peut se faire une idee. D’autant que plusieures maisons peuvent être visitées. Le quartier se prolonge en un labyrinthe de ruelles truffées de petits temples: a la tombée de la nuit on se croirait chez Miyazaki A Kanasawa il y a aussi un quartier de samourai, avec les murs en torchis blanc et la on est chez Kurosawa.
Bref, gros coup de coeur pour cette ville. A ne pas manquer si vous envisagez le voyage Désolé pour le HS special tourisme au japon «  eternel.
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