Elio Petri (1929-1982)
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Elio Petri (1929-1982)
J'avais déjà beaucoup apprécié, la 10ème victime, et vient de prendre une grosse claque avec Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon, dont je ne connaissais jusqu'alors que l'enorme score de morricone.
J'ouvre donc ce topic pour vos conseils sur d'autres films à découvrir dans sa filmo
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ok je le note
vu aussi sur un autre forum
Un coin tranquille à la campagne.
http://www.devildead.com/forum/viewtopi ... ight=petri
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Bon, on n'a pas souvent les mêmes goûts ( ), mais je tente quand même.
Tu pourrais être séduit par :
Todo Modo, un mélange de thriller et de fable politique bien tordue (avec Marcello Mastroianni et Gian Maria Volonte !)
La 10ème victime, un excellent thriller d'anticipation rempli d'humour et très précurseur sur la société du spectacle avec Mastroianni (+ Ursula Andress et Elsa Martinelli... )
La Classe ouvrière va au paradis, un immanquable.
Et il y a une curiosité que je cherche à voir depuis longtemps : Un coin tranquille à la campagne, film expérimental à la réputation complètement barrée avec Franco Nero.
Tu pourrais être séduit par :
Todo Modo, un mélange de thriller et de fable politique bien tordue (avec Marcello Mastroianni et Gian Maria Volonte !)
La 10ème victime, un excellent thriller d'anticipation rempli d'humour et très précurseur sur la société du spectacle avec Mastroianni (+ Ursula Andress et Elsa Martinelli... )
La Classe ouvrière va au paradis, un immanquable.
Et il y a une curiosité que je cherche à voir depuis longtemps : Un coin tranquille à la campagne, film expérimental à la réputation complètement barrée avec Franco Nero.
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pour ce dernier il y a un Z2 it sans st cf topic ci dessusRoy Neary a écrit :Bon, on n'a pas souvent les mêmes goûts ( ), mais je tente quand même.
Tu pourrais être séduit par :
Todo Modo, un mélange de thriller et de fable politique bien tordue (avec Marcello Mastroianni et Gian Maria Volonte !)
La 10ème victime, un excellent thriller rempli d'humour et très précurseur sur la société du spectacle avec Mastroianni (+ Ursula Andress et Elsa Martinelli... )
La Classe ouvrière va au paradis, un immanquable.
Et il y a une curiosité que je cherche à voir depuis longtemps : Un coin tranquille à la campagne, film expérimental à la réputation complètement barrée avec Franco Nero.
ok j'ajoute todo modo à la classe ouvriere qui revient
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Re: Elio Petri
LA CLASSE OUVRIERE VA AU PARADIS (1971)
Deuxième classique italien sorti cette semaine au Champo, et deuxième déception. Je vais commencer à croire que malgré mon envie de découvrir ce cinéma si riche, je n’y suis peut-être pas encore très préparé… Bref. Cette fois, rien à voir avec la comédie, il s’agit de la Palme d’Or 1972, œuvre politique réalisée par Petri après ENQUÊTE SUR UN CITOYEN AU-DESSUS DE TOUT SOUPCON, déjà avec Gian Maria Volonte.
Je n’ai pas été très intéressé par le scénario, plus précisément par sa trame dramatique. Le dernier tiers par exemple m’aura laissé sur le carreau, d’ennui. Pourtant, l’histoire contient beaucoup de très bonnes choses sur la condition ouvrière. Ces simples employés sont dépeints comme des bêtes de somme, travaillant « aux pièces » comme le Chaplin des TEMPS MODERNES, répétant sans cesse, jour après jour, les mêmes mouvements mécaniques et acceptant cette condition tant bien que mal pour un salaire de misère. Le film ajoute à ce tableau (sans grande surprise pour l’instant) des notions d’abêtissement très pertinentes : le héros (comme son collègue interné) devient peu à peu fou. Il est en train de perdre une raison fragile soumise à la pression du travail par des patrons invisibles. Tout son environnement conditionne cette perte de repère : outre l’impression d’avancer sans but (ces pièces fabriquées par les ouvriers font partie d’un puzzle dont on ignore le résultat) il est soumis aux contraintes de rendement toujours plus étouffantes.
Le film montre en même temps la seule réplique possible menée par cette population : la contestation qui est organisée par les syndicats et les mouvements étudiants. Quand les premiers agissent en concertation avec la direction, les seconds militent (parfois par la force) à l’entrée de l’usine, scandant leurs revendications (d’éveil) aux employés dirigés sur le chemin du travail comme du bétail parqué. Le constat est amer car pour ces ouvriers un avenir meilleur est très incertain : la réactivité, la contestation, la lutte apparaissent bien vaines. Syndicats et étudiants sont en total désaccord sur le fond et sur la forme. Cette réponse désorganisée profite aux patrons qui peuvent rester tranquilles, sourds face aux problèmes humains, uniquement soucieux de grossir les chiffres de productivité sans avoir à investir davantage. Il n’y a pas beaucoup de solutions offertes à ces esclaves modernes (on note l’allusion à Spartacus) pour qui l’enfer ne serait pas très différent de leur réalité quotidienne. Ils n’ont pour seuls choix qu’accepter le temps de vie perdu et « l’épanouissement » mécanique (à travailler sur leurs machines) ou réagir et se confronter à un mur infranchissable qui aura raison du plus faible.
Dommage, donc, que le scénario s’attache peut-être trop à des portraits fictionnés ou à des situations/état des lieux représentatifs plutôt que d’offrir une dramaturgie cohérente et empathique. On remarque malgré tout une mise en scène très inspirée, au visuel dynamique. La caméra est très mobile, donnant le sentiment d’une unité de traitement et de condition par l’utilisation des plans-séquence et des mouvements d’appareil (grue).
Deuxième classique italien sorti cette semaine au Champo, et deuxième déception. Je vais commencer à croire que malgré mon envie de découvrir ce cinéma si riche, je n’y suis peut-être pas encore très préparé… Bref. Cette fois, rien à voir avec la comédie, il s’agit de la Palme d’Or 1972, œuvre politique réalisée par Petri après ENQUÊTE SUR UN CITOYEN AU-DESSUS DE TOUT SOUPCON, déjà avec Gian Maria Volonte.
Je n’ai pas été très intéressé par le scénario, plus précisément par sa trame dramatique. Le dernier tiers par exemple m’aura laissé sur le carreau, d’ennui. Pourtant, l’histoire contient beaucoup de très bonnes choses sur la condition ouvrière. Ces simples employés sont dépeints comme des bêtes de somme, travaillant « aux pièces » comme le Chaplin des TEMPS MODERNES, répétant sans cesse, jour après jour, les mêmes mouvements mécaniques et acceptant cette condition tant bien que mal pour un salaire de misère. Le film ajoute à ce tableau (sans grande surprise pour l’instant) des notions d’abêtissement très pertinentes : le héros (comme son collègue interné) devient peu à peu fou. Il est en train de perdre une raison fragile soumise à la pression du travail par des patrons invisibles. Tout son environnement conditionne cette perte de repère : outre l’impression d’avancer sans but (ces pièces fabriquées par les ouvriers font partie d’un puzzle dont on ignore le résultat) il est soumis aux contraintes de rendement toujours plus étouffantes.
Le film montre en même temps la seule réplique possible menée par cette population : la contestation qui est organisée par les syndicats et les mouvements étudiants. Quand les premiers agissent en concertation avec la direction, les seconds militent (parfois par la force) à l’entrée de l’usine, scandant leurs revendications (d’éveil) aux employés dirigés sur le chemin du travail comme du bétail parqué. Le constat est amer car pour ces ouvriers un avenir meilleur est très incertain : la réactivité, la contestation, la lutte apparaissent bien vaines. Syndicats et étudiants sont en total désaccord sur le fond et sur la forme. Cette réponse désorganisée profite aux patrons qui peuvent rester tranquilles, sourds face aux problèmes humains, uniquement soucieux de grossir les chiffres de productivité sans avoir à investir davantage. Il n’y a pas beaucoup de solutions offertes à ces esclaves modernes (on note l’allusion à Spartacus) pour qui l’enfer ne serait pas très différent de leur réalité quotidienne. Ils n’ont pour seuls choix qu’accepter le temps de vie perdu et « l’épanouissement » mécanique (à travailler sur leurs machines) ou réagir et se confronter à un mur infranchissable qui aura raison du plus faible.
Dommage, donc, que le scénario s’attache peut-être trop à des portraits fictionnés ou à des situations/état des lieux représentatifs plutôt que d’offrir une dramaturgie cohérente et empathique. On remarque malgré tout une mise en scène très inspirée, au visuel dynamique. La caméra est très mobile, donnant le sentiment d’une unité de traitement et de condition par l’utilisation des plans-séquence et des mouvements d’appareil (grue).
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Re: Elio Petri
Vu également aujourd'hui et j'en suis ressorti déçu.
Je pense exactement la même chose. J'ai piqué du nez au deux tiers et pourtant c'est vrai qu'il y a beaucoup de choses intéressantes sur la condition ouvrière, le travail en usine, les revendications syndicales (et étudiantes même si j'ai eu du mal à me faire aux étudiants barbus de 35 ans ).Nestor Almendros a écrit :Je n’ai pas été très intéressé par le scénario, plus précisément par sa trame dramatique. Le dernier tiers par exemple m’aura laissé sur le carreau, d’ennui. Pourtant, l’histoire contient beaucoup de très bonnes choses sur la condition ouvrière.
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Re: Elio Petri (1929-1982)
Carlotta propose en reprise au cinéma dès ce jour L'assassin datant de 1961 avecMarcello Mastroianni
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Re: Elio Petri (1929-1982)
A chacun son dû (A ciascuno il suo -1967)
Après l'assassinat de deux hommes lors d'une partie de chasse, un professeur se lance dans l'enquête quand il découvre que les autorités ne font pas leur travail.
Le film a beaucoup de chose à dire (corruption, rapport entre mafia et justice, une certaine hypocrisie de l'église) mais j'ai trouvé l'approche un peu distante et froide, assez typique de certain films paranoïaques italiens de cette période (Francesco Rosi et compagnie). Cette approche casse l'installation d'une ambiance oppressante et de la montée d'un suspens. Pourtant la mise en scène est assez réussie avec de longs plans mêlant travelling, panorama et (dé)zoom. Une manière indicible pour se rapproprier l'espace et apporter une présence menaçante qui tourne autour du pauvre fonctionnaire embarqué plus ou moins malgré lui dans un piège tout en étant le jouet des institutions officielles et officieuses. Le climat est donc plus troublant qu'autre chose et ne parvient pas à mener le film où il devrait : dans une sorte de parabole à la Kafka (la fin évoque vraiment le procès).
L'autre problème, à mon gout, vient du choix de l'acteur Gian Maria Volonté qui joue ce professeur timide, mal à l'aise, manquant de confiance, rivé à sa sacoche comme Bernadette Chirac à son sac à main... Malgré son immense talent d'acteur, il a "malheureusement" bien trop de charisme pour qu'on arrive à croire en son personnage "chétif". Il aurait vraiment fallut un physique bien plus banal et anonyme.
Après l'assassinat de deux hommes lors d'une partie de chasse, un professeur se lance dans l'enquête quand il découvre que les autorités ne font pas leur travail.
Le film a beaucoup de chose à dire (corruption, rapport entre mafia et justice, une certaine hypocrisie de l'église) mais j'ai trouvé l'approche un peu distante et froide, assez typique de certain films paranoïaques italiens de cette période (Francesco Rosi et compagnie). Cette approche casse l'installation d'une ambiance oppressante et de la montée d'un suspens. Pourtant la mise en scène est assez réussie avec de longs plans mêlant travelling, panorama et (dé)zoom. Une manière indicible pour se rapproprier l'espace et apporter une présence menaçante qui tourne autour du pauvre fonctionnaire embarqué plus ou moins malgré lui dans un piège tout en étant le jouet des institutions officielles et officieuses. Le climat est donc plus troublant qu'autre chose et ne parvient pas à mener le film où il devrait : dans une sorte de parabole à la Kafka (la fin évoque vraiment le procès).
L'autre problème, à mon gout, vient du choix de l'acteur Gian Maria Volonté qui joue ce professeur timide, mal à l'aise, manquant de confiance, rivé à sa sacoche comme Bernadette Chirac à son sac à main... Malgré son immense talent d'acteur, il a "malheureusement" bien trop de charisme pour qu'on arrive à croire en son personnage "chétif". Il aurait vraiment fallut un physique bien plus banal et anonyme.
Dernière modification par bruce randylan le 13 avr. 14, 19:23, modifié 1 fois.
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Re: Elio Petri (1929-1982)
L'assassin (1961)
Premier long-métrage de Petri, pas mal du tout. Le réalisateur tire parti des recherches narratives de l'époque : la structure conjugue progression policière et flash-back, dont la nature invalide souvent les déclarations du suspect Mastroianni. Digéré depuis par le cinéma, ce procédé dialectique permet ici de dessiner le portrait trouble d'un suspect sans scrupules, auquel Mastroianni apporte toute sa fébrilité et ses traits ambigus. Est-il l'assassin de sa maîtresse, comme la police le soupçonne fortement ? En fait, l'intérêt du whodunit de Petri réside moins dans son élucidation factuelle (l'identité de l'assassin) que dans le processus accusatoire qui s'exerce contre Mastroianni. Certains ont pu parler de film kafkaïen. Il y a de ça, mais c'est surtout l'instillation du doute qui est intéressante, chez le spectateur vis-à-vis d'un suspect dont les flash-back nous montrent qu'il est loin d'être clean, et chez le personnage principal lui-même face à la pression de la police. On reste quand même loin d'un Garde à vue dans cette logique. Petri, lui, fera bien mieux ensuite avec Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon.
Premier long-métrage de Petri, pas mal du tout. Le réalisateur tire parti des recherches narratives de l'époque : la structure conjugue progression policière et flash-back, dont la nature invalide souvent les déclarations du suspect Mastroianni. Digéré depuis par le cinéma, ce procédé dialectique permet ici de dessiner le portrait trouble d'un suspect sans scrupules, auquel Mastroianni apporte toute sa fébrilité et ses traits ambigus. Est-il l'assassin de sa maîtresse, comme la police le soupçonne fortement ? En fait, l'intérêt du whodunit de Petri réside moins dans son élucidation factuelle (l'identité de l'assassin) que dans le processus accusatoire qui s'exerce contre Mastroianni. Certains ont pu parler de film kafkaïen. Il y a de ça, mais c'est surtout l'instillation du doute qui est intéressante, chez le spectateur vis-à-vis d'un suspect dont les flash-back nous montrent qu'il est loin d'être clean, et chez le personnage principal lui-même face à la pression de la police. On reste quand même loin d'un Garde à vue dans cette logique. Petri, lui, fera bien mieux ensuite avec Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon.