L'ARBRE AUX SABOTS
Enfin découverts cette Palme d'Or et ce réalisateur dont j'ignorais jusqu'à l'existence avant la sortie du coffret Carlotta (donc sur ce coup-là: bravo à l'éditeur).
C'est un beau film auquel je n'ai pas démesurément adhéré (faute d'une narration plus tendue, je pense) mais qui garde d'extraordinaires qualités. La première qui me vient à l'esprit est la réussite de la reconsitution de cette vie paysanne d'un autre siècle. En effet, le réalisateur maintient le réalisme et la crédibilité de ces petites gens dans leurs vie de tous les jours. En essayant de coller aux jours qui passent nonchalemment au grè des saisons, Olmi adapte son récit et sa mise en scène au rythme de ces journées (pas de grands mouvements de caméra, cadre et lumière simplissimes, rythme lent). Il a aussi un regard contemplatif sur l'aspect visuel de l'environnement (les paysages, les visages, etc.) et propose en plus une peinture sociale fort intéressante historiquement. Car au-delà de proposer un tableau classique des paysans dans leur travails aux champs, c'est aussi à leur mode de vie intime qu'on assiste ici. Je pense surtout aux traditions rurales très ancrées à l'époque, et oubliées par beaucoup aujourd'hui. Ainsi persiste la forte présence religieuse qui leur sert de réconfort et d'aide (avec la belle séquence de la vache malade, par exemple). Il y a aussi ces nombreuses veillées, le soir au coin du feu, leurs seuls vrais moments de divertissements (avec la foire), où l'on se raconte des histoires, où l'on entretient les amitiés (ou les amours). Olmi joue peut-être avec cette tradition aussi vieille que la parole, celle du récit, et dont le cinéma est une énième évolution.
Je pense également à la cohabitation des générations, tous ensemble réunis, et en particulier à ce grand-père qui va planter des tomates avec sa petite fille, en lui expliquant bien les petits "trucs" à savoir.
Il est intéressant de remarquer que cette vie en communauté reste tout le temps digne et qu'ils ont un fort respect les uns les autres. Car s'ils se connaissent bien, s'ils s'apprécient, ils n'hésitent pas à rester chez eux, à la fin quand Batisti est renvoyé de la ferme, ils ne vont pas l'aider pour ne pas augmenter sa honte et son chagrin, car ils sont aussi impuissants face au patron.
Cette vie précaire, pauvre matériellement mais chaleureuse humainement, m'a rappelé (par son decorum, surtout) la Palme d'Or 88 ou 89 avec PELLE LE CONQUERANT qui possède beaucoup de points communs avec le Olmi...
Je n'ai pas le coffret Olmi sous la main (j'ai malheureusement perdu au concours
) et vais donc attendre quelques semaines encore avant de découvrir les 2 autres films. Impatient, je suis.