Ermanno Olmi (1931 - 2018)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Message par NotBillyTheKid »

Du coup, je viens de relire la chronique. :x Grrrr.
? D’un académisme bon teint, entretenu par une lenteur contemplative rapidement excédante, le film est pris au piège de son esthétique. Et malgré quelques beaux passages (dont une magnifique scène sur une barge, et une évocation franchement réussie de l’enfance), L’arbre aux sabots ne convainc pas, quelque part entre ennui et conformisme alors que tous les ingrédients étaient réunis pour un drame poignant.
Non, mais... Nerportequoi, comme dirait ma fille. Ner-por-te-quoi !
Il n'y a pas du tout d'académisme ici. Et encore moins "bon teint". Le film n'est pas pris au piège de rien du tout. Quant au mot "conformisme", je crois rêver des genoux... En quoi le film serait conformiste ? Je n'ai jamais vu un tel regard porté sur des humains. On est VRAIMENT loin de tout académisme et conformisme. Très très loin. Et l'ennui ! ça dure trois heures, il ne se passe rien... et je ne me suis pas ennuyé une seconde.
Nerportequoi de chez nerportequoi ! C'est toi Roy, qui a fait la chronique ? Elle est signée Margo Channings, mais qui se cache derrière Margo ?

Feraillons ! :wink:
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Message par NotBillyTheKid »

ah..., d'accord. :oops: :arrow:
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Message par Nestor Almendros »

L'ARBRE AUX SABOTS

Enfin découverts cette Palme d'Or et ce réalisateur dont j'ignorais jusqu'à l'existence avant la sortie du coffret Carlotta (donc sur ce coup-là: bravo à l'éditeur).

C'est un beau film auquel je n'ai pas démesurément adhéré (faute d'une narration plus tendue, je pense) mais qui garde d'extraordinaires qualités. La première qui me vient à l'esprit est la réussite de la reconsitution de cette vie paysanne d'un autre siècle. En effet, le réalisateur maintient le réalisme et la crédibilité de ces petites gens dans leurs vie de tous les jours. En essayant de coller aux jours qui passent nonchalemment au grè des saisons, Olmi adapte son récit et sa mise en scène au rythme de ces journées (pas de grands mouvements de caméra, cadre et lumière simplissimes, rythme lent). Il a aussi un regard contemplatif sur l'aspect visuel de l'environnement (les paysages, les visages, etc.) et propose en plus une peinture sociale fort intéressante historiquement. Car au-delà de proposer un tableau classique des paysans dans leur travails aux champs, c'est aussi à leur mode de vie intime qu'on assiste ici. Je pense surtout aux traditions rurales très ancrées à l'époque, et oubliées par beaucoup aujourd'hui. Ainsi persiste la forte présence religieuse qui leur sert de réconfort et d'aide (avec la belle séquence de la vache malade, par exemple). Il y a aussi ces nombreuses veillées, le soir au coin du feu, leurs seuls vrais moments de divertissements (avec la foire), où l'on se raconte des histoires, où l'on entretient les amitiés (ou les amours). Olmi joue peut-être avec cette tradition aussi vieille que la parole, celle du récit, et dont le cinéma est une énième évolution.
Je pense également à la cohabitation des générations, tous ensemble réunis, et en particulier à ce grand-père qui va planter des tomates avec sa petite fille, en lui expliquant bien les petits "trucs" à savoir.

Il est intéressant de remarquer que cette vie en communauté reste tout le temps digne et qu'ils ont un fort respect les uns les autres. Car s'ils se connaissent bien, s'ils s'apprécient, ils n'hésitent pas à rester chez eux, à la fin quand Batisti est renvoyé de la ferme, ils ne vont pas l'aider pour ne pas augmenter sa honte et son chagrin, car ils sont aussi impuissants face au patron.
Cette vie précaire, pauvre matériellement mais chaleureuse humainement, m'a rappelé (par son decorum, surtout) la Palme d'Or 88 ou 89 avec PELLE LE CONQUERANT qui possède beaucoup de points communs avec le Olmi...

Je n'ai pas le coffret Olmi sous la main (j'ai malheureusement perdu au concours :cry: ) et vais donc attendre quelques semaines encore avant de découvrir les 2 autres films. Impatient, je suis.
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Message par Rockatansky »

Moi j'ai gagné au concours, et je n'ai pas le coffret sous la main non plus :mrgreen:
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Message par Nestor Almendros »

L'EMPLOI (1961)

C'est un film particulier, un peu radical et en même temps simple d'accès, à la fois distant et empathique, qui propose une vision de la société indéniablement triste. Je trouve que les différents thèmes abordés par Olmi sont très bien agencés: il a su inclure différents sujets dans une histoire en y mélant un regard et en gardant une vraie simplicité, c'est vrai.
Il y a d'abord une vision assez féroce du monde du travail et de ses mutations. De l'examen impersonnel à la fête de Noël organisé par la boite, en passant par le quotidien dans les bureaux, tout respire la tristesse, le manque de joie de vivre, d'émotion. Il y a comme une mécanique, rigide et insensible, qui écrase les gens, les empêche de s'assumer, de s'émanciper (cf. l'écrivain en puissance qui rédige son roman la nuit, seul, et qui se fera renvoyer). Les hiérarchies sont des rouages importants de ces systèmes qui favorisent la soumission. Et les employés, sous des relations polies mais minimales, sont finalement aussi implacables entre eux (cf le changement de bureau quand l'un d'eux est viré) que l'est la hiérarchie. Les salariés ont dégoté leur emploi et s'y accrochent. En même temps, et c'est une contradiction très intéressante, ils ne semblent pas assidûs à leur fonction. Ils ont la mentalité clichesque du fonctionnaire, planqués derrière leur paye mais ne voulant pas en faire plus.

Au milieu de cela, le héros est un jeune homme qui sort de l'enfance (il vit encore chez ses parents) et trouve un premier emploi. Malgré sa jeunesse, il n'est pas extravagant, sa personnalité se fond dans le moule de l'entreprise (sobre, silencieux, discret). Il est très timide et cela influe suffisamment sur le ton film. C'est un peu de son regard qui nous est montré ici, Olmi ajoutant dans l'impression de mal être.
Son attirance pour la jeune fille rencontrée à l'entretien offre une sorte de bulle d'humanité dans un environnement implacable. D'ailleurs, on ne nous trompe pas: la jeune fille sera peu à peu perdue de vue une fois le jeune garçon pris dans les rouages d'un entreprise qui laisse peu de place au relationnel et à l'humain.

Olmi capte l'air du temps en utilisant ce jeune héros provincial pour illustrer les changements d'une époque. Le monde du travail était en mutation, les ruraux venant trouver un emploi à la ville, lieu d'opportunités plus faciles. Les entreprises à l'américaine, comme celle décrite ici, commençaient à se multiplier: le travail devenant en quelque sorte plus "mécanique".
Olmi choisit une mise en scène très inspirée du documentaire et qui rappelle le néo-réalisme: ambiance réaliste, tournages en situations (rues, foule, etc.) filmés souvent caméra à l'épaule.

Beau film.
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Re: Ermanno Olmi

Message par Nestor Almendros »

LE TEMPS S'EST ARRETE (1958)

J'ai terminé le coffret dans la foulée avec une belle surprise, encore une fois.
C'est un film qui se dévoile au fur et à mesure, en même temps que nait la relation entre les deux personnages. Sous des airs épurés, presque minimalistes, pas loin du muet, Olmi développe les rapports humains avec une sensiblité, une délicatesse, une finesse assez rares.
Au milieu d'une nature omniprésente et bien mise en valeur, deux personnages opposés vont s'apprivoiser, apprendre à se connaitre. L'un est méticuleux, habitué à ses longs séjours solitaires. On le voit évoluer dans son monde où tout est réglé, comme le souligne Abronsius, avec des gestes et des pratiques précises et jamais inutiles. Puis arrive le remplaçant, personnage naïf et juvénile, pas du tout à sa place dans ce métier momentané et dans ces conditions un peu difficiles.
NotBillyTheKid a remarqué une certaine parenté avec Tati dans L'EMPLOI. Moi, c'est surtout dans LE TEMPS S'EST ARRETE que j'ai ressenti une filiation. A plusieurs reprises, le film bifurque vers la comédie, proposant des scènes plus légères, décalées, amusantes, notamment à cause du contraste des deux comportements. Les regards observateurs, en coin, des deux nouveaux collègues. Ou l'explosion de bonheur de la jeune recrue qui met un disque de rock à fond, qui s'amuse à laisser ses empreintes (de corps) dans la neige, ou qui joue à faire des bonhommes de neige avec le piège à lapin.
Les deux personnages se respectent d'abord à distance, puis la figure paternelle va jouer inconsciemment un rôle de plus en plus grand.

C'est le film le plus ancien et c'est pourtant celui qui a subi la meilleure (et plus récente) restauration. Beau scope, copie très propre.
Le master de L'EMPLOI sent le transcodage à plein nez. Bizarre pour un film italien. Sauf que le film est déjà sorti chez Criterion et qu'il s'agit certainement du même master. Pas spécialement nettoyé, l'image est suffisamment correcte pour excuser les défauts (l'important, c'est le film après tout).
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Re: Ermanno Olmi

Message par NotBillyTheKid »

Avec des stf, tu peux désormais découvrir aussi :
La légende du Saint Buveur : Pas vraiment de stf ici, plutôt une VF internationale (acteurs français en français, acteurs étrangers doublés).J'avais adoré à sa sortie. Un peu déçu par la vision aujourd'hui : trop de filtres. Mais le film reste honnête. (et pas cher)
Le métiers des armes : Belle surprise. Rude à suivre, avec la lenteur d'Olmi. Comme L'arbre aux sabots, c'est une fresque dans laquelle on entre avec une certaine torpeur qu'il faut accepter. C'est un film magnifique plastiquement. Riche d'enseignements. A voir.

Je n'ai pas vu les autres en dvd. Je garde un souvenir magnifique de "longue vie à la signora" (pas édité en dvd en france). Je verrai bien "les fiancés (pas de stf) et "cammina, cammina" (pas de stf). Des dvd existent en italie, mais sans stf.
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Re: Ermanno Olmi

Message par Jack Carter »

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Ce film passe bientot à L'Institut Lumiere, quelqu'un connait ? NotBillyTheKid ??
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Re: Ermanno Olmi

Message par NotBillyTheKid »

OUI ! Je l'ai vu à sa sortie, fin des 80's, quand j'étais ado. j'avais A-DO-Ré ! J'ai toujours voulu le revoir, je n'ai chopé qu'un divx piqué sur une VHS italienne sans sous-titres : je ne me suis pas risqué à le revoir ainsi.

C'est, dans mon souvenir, un film formidable, lent bien sûr comme toujours chez Olmi. C'est l'histoire d'un petit gars ado, avé le duvet qui pousse sous le nez, qui vient pour aider à faire le service lors d'un banquet en l'honneur d'une vieille femme. Ce garçon d'un milieu modeste tombe donc dans le luxe suranné et vieillot d'une maison bourgeoise dans lequel il est mal à l'aise (je me souviens de dogues qui l'effraient). Je me souviens aussi (à raison ? à tord) d'un film très peu bavard tout en impressions...

Le film est rare et je te conseille d'aller le voir. J'avais été un peu déçu en revoyant "la légende du saint buveur", mais je pense que celui-ci a du mieux vieillir... Depuis, j'ai vu l'emploi, et je pense que Longue vie à la signora en est un peu le pendant 20 ans plus tard...
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Re: Ermanno Olmi

Message par Jack Carter »

L'Emploi etant dans mon Top 100, tu m'as convaincu d'aller le voir !! 8)
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Re: Ermanno Olmi

Message par NotBillyTheKid »

Jack Carter a écrit :L'Emploi etant dans mon Top 100, tu m'as convaincu d'aller le voir !! 8)
Je suis donc très curieux d'avoir ton avis sur ce film que je n'ai pas revu depuis 23 ans (j'en avais donc 14...) J'aimerais tant qu'il soit aussi formidable que dans mon lointain souvenir...
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Re: Ermanno Olmi

Message par NotBillyTheKid »

Alors ? tu l'as vu ?

Je viens de réaliser que "Derrière les paravents", vient de sortir en début de mois chez blaq out :D :D :D
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Re: Ermanno Olmi

Message par Jack Carter »

il passe en ce moment meme, mais etant trop crevé, je me suis abstenu. J'y vais demain apres-midi :wink:
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Re: Ermanno Olmi

Message par NotBillyTheKid »

Jack Carter a écrit :il passe en ce moment meme, mais etant trop crevé, je me suis abstenu. J'y vais demain apres-midi :wink:
tu as raison, il ne faut jamais être trop fatigué pour un Olmi, c'est toujours lent, c'est une marque de fabrique... Un guronsan est même parfois conseillé pour bien apprécier le film... :)
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