Ermanno Olmi (1931 - 2018)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Avatar de l’utilisateur
Jack Carter
Certains l'aiment (So)chaud
Messages : 30167
Inscription : 31 déc. 04, 14:17

Re: Ermanno Olmi

Message par Jack Carter »

bruce randylan a écrit :
Jack Carter a écrit :Du 25 fevrier au 17 avril, retrospective à la Cinematheque Française.

Bruce, on compte sur toi pour faire vivre le topic pendant cette periode ! :D :mrgreen:
Hé hé hé :)
(même si Oshima aura la priorité)
achete le coffret Carlotta et tu dois bien avoir deja les autres titres sortis chez nous :mrgreen:
Olmi, c'est plus rare ! :o
Image
The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
bruce randylan
Mogul
Messages : 11652
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Ermanno Olmi

Message par bruce randylan »

Oui, mais Oshima a fait plein de trucs fait pour la télé (et quelques scénarios qu'il a écrit pour d'autres cinéastes) qui sont tous aussi rares.

Olmi, il y a quand même pas mal de truc "catholiques" qui font un peur quand même... d'autant que l'Arbre aux sabots m'avait vraiment ennuyé (il posto et le temps s'est arrêté beaucoup moins :) ). Donc je vais d'abord me focaliser sur les années 60.
Mais bon, je devrais faire quand même une bonne moitié du cycle (faudra jongler avec aussi les films brésilien qui commencent mi-mars et qui m'intriguent beaucoup aussi... et d'après mes sources, il devrait y avoir aussi en avril ou mai une trentaine de Naruse à la MCJP... Cinéphile, c'est pas une vie ! )
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
NotBillyTheKid
Tout le monde en parle
Messages : 5704
Inscription : 15 avr. 06, 08:56
Localisation : fait le larron
Contact :

Re: Ermanno Olmi

Message par NotBillyTheKid »

Voici notés de 1 à 5 * les Olmi que j'ai vus (j'ai vu aussi quelques courts absents ici). Tout est bon. La légende du Saint Buveur est un peu en dessous à cause du doublage dû à la production européenne et à une photo trop marquée, le reste, c'est super ! Y compris son épisode sur la Genèse pour une série d’adaptations bibliques. Les fiancés est IN-RA-TABLE. Longue Vie à la Signora, comme écrit plus haut, est un film qui m'a profondément marqué.

700 anni fa / Dopo secoli - Ermanno Olmi
A la poursuite de l'étoile / Personaggi fortemente sospettabili - Ermanno Olmi
Alcide De Gasperi - Ermanno Olmi
L'Arbre aux sabots - Ermanno Olmi *****
Artigiani veneti - Ermanno Olmi
Centochiodi - Ermanno Olmi
Un certain jour - Ermanno Olmi
La Circostanza - Ermanno Olmi
Durante l'estate - Ermanno Olmi
E venne un uomo - Ermanno Olmi
En chantant derrière les paravents - Ermanno Olmi *****
Les Fiancés - Ermanno Olmi, Olmi Ermanno *****
Genesi : La creazione e il diluvio - Ermanno Olmi ****

Il Denaro non esiste - Alberto Rondalli, Ermanno Olmi, Giorgio Diritti, Paolo Cottignola
Il Posto - Ermanno Olmi *****
Il Segreto del bosco vecchio - Ermanno Olmi
La Légende du saint-buveur - Ermanno Olmi ***+
Longue vie à la signora - Ermanno Olmi *****

Lungo il fiume - Ermanno Olmi
Le Métier des armes - Ermanno Olmi *****
L'Or dans la montagne - Ermanno Olmi
La Pattuglia del passo san giacomo / Torneranno i prati - Ermanno Olmi
Racconti di giovani amori - Ermanno Olmi
Terra Madre - Ermanno Olmi
Tickets - Abbas Kiarostami, Ermanno Olmi, Ken Loach ***+
Le Village de carton - Ermanno Olmi
[Le Temps s'est arrêté] - Ermanno Olmi *****
"Je ne veux pas rester dans l'histoire comme le gars qui a détruit l'Univers"
Dude, where's my car
Tears in my beers
bruce randylan
Mogul
Messages : 11652
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Ermanno Olmi

Message par bruce randylan »

NotBillyTheKid a écrit :Voici notés de 1 à 5 * les Olmi que j'ai vus (j'ai vu aussi quelques courts absents ici). Tout est bon. La légende du Saint Buveur est un peu en dessous à cause du doublage dû à la production européenne et à une photo trop marquée, le reste, c'est super ! Y compris son épisode sur la Genèse pour une série d’adaptations bibliques. Les fiancés est IN-RA-TABLE. Longue Vie à la Signora, comme écrit plus haut, est un film qui m'a profondément marqué.


Genesi : La creazione e il diluvio - Ermanno Olmi ****
Ok, je le rajoute dans la liste :mrgreen:

Tu sais ce que vaut son dernier au fait qui passe demain en avant-dernière ?
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
NotBillyTheKid
Tout le monde en parle
Messages : 5704
Inscription : 15 avr. 06, 08:56
Localisation : fait le larron
Contact :

Re: Ermanno Olmi

Message par NotBillyTheKid »

Non, je n'ai vu que ce que j'indique.
Priorité aux Fiancés à à Longue vie à la signora.

Je serais toi, je verrais en priorité ce que l'on ne trouve pas en dvd avec stf (=TOUT sauf L'arbre.../L'emploi/Le temps s'est arrêté/En chantant derrière les paravents/La légende du st buveur/le métier des armes/La genèse/Tickets)

A la poursuite de l'étoile a très bonne réputation. Le dvd zone 1 de Facets moins..
J'éviterais la bio du pape avec Steiger....
"Je ne veux pas rester dans l'histoire comme le gars qui a détruit l'Univers"
Dude, where's my car
Tears in my beers
bruce randylan
Mogul
Messages : 11652
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Ermanno Olmi

Message par bruce randylan »

NotBillyTheKid a écrit :Non, je n'ai vu que ce que j'indique.
Priorité aux Fiancés à à Longue vie à la signora.
Oui, les fiancés, j'ai envie de le voir depuis quelques temps, je ne sais pas si je pourrais le voir mais comme il existe chez Criterion, je culpabilise moins si je devais être forcer de passer à côté.

Yep, déjà vu le coffret sorti chez Carlotta et j'ai en DVD Le métier des armes.
Et j'ai bien prévu d'éviter la bio du Pape :mrgreen:
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
Anorya
Laughing Ring
Messages : 11846
Inscription : 24 juin 06, 02:21
Localisation : LV426

Re: Ermanno Olmi

Message par Anorya »

Je me joins à NotBillyTheKid pour Le métier des armes, Anthony. Très vivement recommandé. :wink:
Image
bruce randylan
Mogul
Messages : 11652
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Ermanno Olmi

Message par bruce randylan »

Anorya a écrit :Anthony. Très vivement recommandé. :wink:
Mince, mon identité est révélé... Le début d'un dvdclassleak ?
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
Anorya
Laughing Ring
Messages : 11846
Inscription : 24 juin 06, 02:21
Localisation : LV426

Re: Ermanno Olmi

Message par Anorya »

bruce randylan a écrit :
Anorya a écrit :Anthony. Très vivement recommandé. :wink:
Mince, mon identité est révélé... Le début d'un dvdclassleak ?
Et merde. Bon il ne te reste plus que l'exil loin de tout. Au Japon par exemple. :oops: :mrgreen:
Image
bruce randylan
Mogul
Messages : 11652
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Ermanno Olmi

Message par bruce randylan »

En chantant derrière les paravents (Cantando dietro i paraventi - 2003)

Sur la scène d'un théâtre appartenant à un bordel, un vieux capitaine raconte l'histoire d'une célèbre femme pirate

Elle commence fabuleusement cette rétrospective pour moi avec un sublime bijou :D

Avec un dispositif narratif et visuel qui convoque différent types d'arts dont les frontières sont toujours brouillés (cinéma, théâtre, opéra de pékin sans oublier des références à la calligraphie, la tradition orale et la littérature), Olmi compose une oeuvre d'art tout court qui se rapproche avant tout de la poésie.
Ça pourrait être lourd, prétentieux et artificiel mais c'est avant tout gracieux et magique.
On glisse de la reconstitution cinématographique traditionnelle à la performance sur scène, des tournages en extérieurs au décors épurés avec toile peinte. Le Verbe (avant tout), le mouvement, les regards et l'unité visuel harmonisent ce récit fascinant et sensuel qui repose beaucoup sur l'actrice Jun Ichikawa dans son premier rôle.

Au delà de la beauté même de la réalisation, de la langue et des images, l'histoire même est également passionnante à suivre avec cette évocation d'une femme pirate ayant vraiment existée même si l'approche sort donc des sentiers battus en refusant le spectaculaire et le luxe décoratif (il est amusant de le comparer avec l'excellent blockbuster coréen Roaring Current sorti l'an dernier et qui possède plusieurs similitudes).
Là où, le film m'a vraiment marqué c'est dans sa dimension presque "Walshienne" avec un dernier tiers qui tire son récit vers une sorte de fable métaphysique qui élargit la dimension de ses personnages avec l'épisode des cerfs-volant. J'ai trouvé ce virage subtile et très émouvant sans comprendre vraiment ce qui crée ce sentiment.

En chantant derrière les paravents est un film mystérieux, irréel, façonné par un alchimiste qui se ferait sorcier. Il y a un équilibre indéfinissable qui repose sur des partis pris osés, un concept jamais radicalisé, des acteurs magnétiques et aussi sur des parts d'ombres et des éléments troublants (notamment la place curieusement absente du jeune prêtre qu'on nous présente au début).
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
bruce randylan
Mogul
Messages : 11652
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Ermanno Olmi

Message par bruce randylan »

La légende du saint buveur (La leggenda del santo bevitore - 1988)

Un SDF alcoolique se voit confier la somme de 200 francs par un inconnu. Il lui demande juste en faveur de rembourser cette somme à l'Eglise de Sainte Thérèse.

En effet il n'a pas volé sa petite réputation celui-là (même si ce n'est pas le coup de cœur en chantant derrière les paravents). :D
C'est pas pour autant qu'il ne manque de qualité. On retrouve déjà cette aspect fable existentialiste vraiment atypique dont je n'ai pas compris forcément la dimension, ni le but de la démonstration.
Peu importe, ça ne gâche pas le plaisir, au contraire. Ca entretient ce climat entre onirisme et réalité, dimension sociale à la fois cruelle et sordide et comédie surréaliste et rabelaisienne. Une ambiance inhabituelle qui alterne en quelques instants une misère glauque (avec ces poivrots pathétiques aux regards marqués par la vie et aux mains noircis par la crasse) et un ton léger, pas si loin du conte de fée évoquant le easy living de Preston Sturges. Pourtant à aucun moment le film ne se rattache vraiment à un genre, à commencer par la comédie italienne ou le néo-réalisme. De ce point de vue, le scénario et son traitement est d'une immense qualité.
La mise en scène scène n'est pas en reste avec cette capacité à mêler ces deux tonalités sans tomber dans la faute de goût, y compris dans l'utilisation de fugaces flash-backs, toujours parfaitement intégré au récit qui viennent en quelques secondes apporter ce qu'il faut pour enrichir le passé des personnages avec comme seul but l'émotion et non l'information, voire la psychologie. La photographie, dans cette optique, peut donner des images soignées et des plans beaucoup naturalistes.
Enfin, et surtout, il faut louer l'admirable prestation de Rutger Hauer d'une justesse permanente. Si cette fable fonctionne, c'est bel grâce à lui. Il sait à chaque trouver le registre parfait sans chercher la crédibilité non plus.

Malgré ça, le film ne fonctionne pas pourtant autant qu'il devrait. Si sa structure est impeccable, il y a des problèmes de rythme dans le dernier tiers, d'autant que la gestion du temps est vraiment maladroite. Enfin le casting est malheureusement inégal, sentiment renforcé par un mélange curieux de langues où tout le monde est bilingue, ce qui brise à quelques moments l'immersion.

L'ensemble est quoiqu'il en soit très positif. Le genre typique du film qui se bonifie avec le temps. :)
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
bruce randylan
Mogul
Messages : 11652
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Ermanno Olmi

Message par bruce randylan »

Alcide De Gasperi (1974)

Portrait de l'homme politique italien Alcide De Gasperi, l'un des père du parti démocratique chrétien, un homme progressiste qui milita pour une meilleure coordination des syndicats, plaida pour le droit des femmes, fut l'un des principal opposant à Mussolini, ce qui le conduisit à la clandestinité durant la montée du fascisme, à l'emprisonnement puis la misère... Avant de devenir le chef du gouvernement à la sortie fin de guerre et l'un des fondateurs de l'Europe.

La curiosité quand on est cinéphile n'est pas toujours récompensée. Pas tout le temps fort heureusement et dans le cas de Alcide De Gasperi, c'est même carrément payant. Après avoir longtemps hésité, je me suis donc lancé pour cette mini-séries en 3 épisodes de 1h10 qui s'est avéré passionnante.

Olmi prend en total contre-pied le biopic traditionnel avec un tourbillon d'images qui vont des images d'archives, à la reconstitution en passant par les acteurs qu'ils filment dans le studio d'enregistrement en train de lire les commentaires qui composent 99% des dialogues.

Fortement documenté, le film semble vouloir coller le plus prêt à la réalité historique du personnage. Avec ce parti pris, aucune phrase n'est inventée, seul les discours ou les dialogues officiels ayant été enregistrés (comme lors des procès verbaux) servent à illustrer les propos des personnages. Le reste est donc un flux ininterrompu d'un texte lus par différents comédiens qui passent à tour de rôle devant les pupitre où se trouvent les micro. Ca donne donc 3h30 de commentaires (et de sous-titres) extrêmement denses et riches qui retracent pas moins de 60 ans de l'histoire italienne. Pas toujours évident de tout suivre et on perd forcément quelques nuances et valeurs dans les informations socio-politiques mais le contenu est suffisamment clair et concis pour trouver ça fabuleux d'autant que le résultat n'a rien de scolaire.
C'est un sorte de collage inédit qui ne ressemble à rien avec son mélange entre le documentaire, le reportage télévisuel, le néo-réalisme et la nouvelle vague. A la fois fois, scénariste, réalisateur, monteur et cameraman, Olmi livre un travail étourdissant et palpitant avec sa caméra à l'épaule, son montage éclatée composée de plans assez courts qui refusent la chronologie et le raccord basique.
Le deuxième épisode est même un véritable tour de force en se faisant répondre les regards et gestes de Alcide De Gasperi et de son épouse pour des moments vraiment touchants et percutant, le tout avec une fluidité merveilleuse. Les images illustrant les lettres que De Gasperi a écrit ne sont jamais descriptifs mais correspondent à un état sensoriel et émotif. Ce second épisode se permet même le luxe d'être un thriller palpitant quand il évoque l'arrivée au pouvoir des fasciste et la fuite de son personnage principal.
Les deux autres épisodes sont un cran au dessous puisqu'il sont beaucoup moins narratifs et doivent livrer quantité phénoménale de détails politiques et historiques dans un souci d’exhaustivité d'une grande précision.

Etant lui même un homme catholique tourné vers une sensibilité de gauche, on comprend que ce portrait a grandement inspiré son cinéaste qui crée une oeuvre très personnelle et vraiment ambitieuse sur la forme, évitant nombre facilités (l'acteur qui "joue" Alcide De Gasperi n'a aucune ressemblance avec lui et il interprète ce rôle couvrant 40 années sans le moindre maquillage). Et encore une fois, le montage est vraiment brillant avec toujours ces plans fugaces qui interviennent au bon moment pour apporter une force inattendue, qui repose aussi sur les nombreux aller-retours entre la salle d'enregistrement et les plans "reconstitués".

Pas toujours digeste à regarder en un seul bloc de 3h30 (surtout sur la fin), ça reste en tout cas un témoignage formidable du talent et de la sensibilité de son auteur. Enorme coup de coeur pour ma part donc. :D
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
NotBillyTheKid
Tout le monde en parle
Messages : 5704
Inscription : 15 avr. 06, 08:56
Localisation : fait le larron
Contact :

Re: Ermanno Olmi

Message par NotBillyTheKid »

ça fait envie...
"Je ne veux pas rester dans l'histoire comme le gars qui a détruit l'Univers"
Dude, where's my car
Tears in my beers
bruce randylan
Mogul
Messages : 11652
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Ermanno Olmi

Message par bruce randylan »

N'est-ce pas ! :)

A la poursuite de l'étoile (Camminacammina - 1980)

Un astronome est témoin du passage d'une comète qui indique selon lui l'endroit où se trouve le futur roi des rois. Suivi par des croyants, il entame un long périple et croise bientôt deux autres confrères qui se dirige vers le même but.

Pas vraiment convaincu par cette variation (pas très variée) des rois mages. On peut se demander même pourquoi il n'est pas rester sur la naissance du Christ... Peut-être pour éviter un tournage à l'étranger ? Du coup, il faut se satisfaire une "reconstitution" médiévale qui m'a apparu anachronique (historiquement et géographiquement parlant).
Pourtant ça commençait bien avec la présentation de l'assistant de l’astronome, un enfant qui ne comprend pas pourquoi on doit sacrifier un agneau innocent pour faire plaisir à un Dieu qui n'en manifeste pas la demande. On s'attend alors à une relecture plus réaliste de cette épisode de la Bible mais ce parti pris ne mènera pas bien loin à mon gout malgré un humour qui égratigne certaines superstitions et lâchetés (la traversée du pont).
Une fois que le personnage central rencontre ses homologue, je me suis désintéressé de cette histoire qui ne raconte en fait rien. Le potentiel est pourtant bien là...sauf que Olmi ne va jamais au fond des choses et passent à côté de son sujet. C'est dans les 10-15 dernières minutes que des enjeux un peu plus riches laissent deviner ce que le projet aurait pu être avec ces "mages" qui ont finalement fait un voyage inutile, pour ne pas dire tragique puisque nombres de leur fidèles ont été assassinés par le Roi du pays qui voit ce futur leader d'un mauvais œil. La responsabilité de ce voyage et de ces conséquences inévitables était trop grandes pour leur épaules et ils s'en rendent compte trop tard.
Il est rageant qu'esquisser si tardivement cette vision originale... Mais peut-être était-ce le cas au début puisque Olmi proposa une version de plus de 4h à la télévision. Ce montage qui ne fut jamais exploité est désormais perdu semble-t-il.

Dans sa durée de 2h20, j'ai trouvé le temps bien long, l'approche fade sans parler d'une photo assez moche.

A la rigueur, Personaggi fortemente sospettabili , petit reportage de 11 minutes réalisé par Olmi lui-même sur les crèches (et évoquant ce long-métrage) était plus bien riche, profond et abouti visuellement entre un discours politique sur rôles des rois mages et des tableaux vivants autour de la nativité où les petits automates étaient très bien mis en valeurs par de jolis mouvements de caméra.


La génèse : la création et le déluge (Genesi : La creazione e il diluvio - 1994)

Dans un groupe de nomades, un vieil homme raconte la création du monde

Cet autre autre évocation de la Bible est plus réussi mais je suis loin de trouver l'enthousiasme de NotBillyTheKid.
Le premier tiers celà dit est une belle réussite avec une nature magnifiée par une caméra très "Malickienne" (avant l'heure) pour de très beaux plans de nature, de paysages, de flore, de cours d'eau... La photo comme le cadrage illuminent les premiers moments du monde, tandis qu'une nouvelle fois chez Olmi le narrateur, son audience et son histoire se confondent dans un beau mouvement de grâce.

Après, ça se gatte beaucoup plus quand le "conte" se fait plus narratif et qu'on se contente d'énumérer les événements au coeur du texte religieux : Abel et Cain, Noé, le déluge. On est alors dans la simple illustration sans jamais définir les personnages, décrire leurs états d'âmes, leur psychologie et leurs sentiments. Pourquoi Cain a-t-il tué Abel ? Que ressent Noé à savoir que l'humanité va disparaître et qu'il doit gérer ce lourd héritage ? Bah, rien. On ne saura jamais. Ca ne devient alors qu'une jolie coquille vide où on trouve tout de même toujours une réalisation soignée et une volonté de rester réaliste avec un arche uniquement composé des animaux domestiques et un déluge qui restera hors champ... Pas de quoi éviter malheureusement un ennui plombant sur sa deuxième moitié.

Malgré ses défauts évidents, je préfère l'approche d'un Darren Aronofsky qui prend des risques quitte à se planter (en beauté).
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
NotBillyTheKid
Tout le monde en parle
Messages : 5704
Inscription : 15 avr. 06, 08:56
Localisation : fait le larron
Contact :

Re: Ermanno Olmi

Message par NotBillyTheKid »

J'avoue avoir oublié qu'il était question d'Adam et Eve.. Je me souviens en revanche avec clarté de la partie sur Noé, qui est celle qui m'a marquée. Avec les plans de la guerre d'Irak collés là dedans sans crier gare. (on peut parler de prise de risque, là, non ?)
Évidemment, à cette vitesse (1h30 pour toute la genèse), et avec le goût de la contemplation d'Olmi sur certains plans, on les entend peu ces personnages (Les entend-on d'ailleurs, ces personnages, en dehors de la voix off ? Je ne sais plus.)

Tes critiques du Cammina Cammina refroidissent un peu plus encore mon envie de commander le dvd factets (copie mauvaise, st anglais, zone 1), ...)
"Je ne veux pas rester dans l'histoire comme le gars qui a détruit l'Univers"
Dude, where's my car
Tears in my beers
Répondre