La Mélodie du bonheur (Robert Wise - 1965)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Ouf Je Respire
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Re: La Mélodie du bonheur (Robert Wise - 1965)

Message par Ouf Je Respire »

Je n'ai qu'une version VF de ce film. Ca se regarde quand même?
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Jeremy Fox
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Re: La Mélodie du bonheur (Robert Wise - 1965)

Message par Jeremy Fox »

Ouf, papa ours a écrit :Je n'ai qu'une version VF de ce film. Ca se regarde quand même?
A fuir car les chansons sont aussi traduites en français ; le résultat est insipide, voire inécoutable.
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cinephage
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Re: La Mélodie du bonheur (Robert Wise - 1965)

Message par cinephage »

Jeremy Fox a écrit :
Ouf, papa ours a écrit :Je n'ai qu'une version VF de ce film. Ca se regarde quand même?
A fuir car les chansons en français sont hideuses.
Ben oui, une grande partie du charme du film provient des chansons. Les avoir en VF (et la VF est vraiment pas fameuse) biaisera fatalement ta perception du film. Ce serait dommage...
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Cathy
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Re: La Mélodie du bonheur (Robert Wise - 1965)

Message par Cathy »

N'ayant pas pu, faute à la météo, voir la mélodie du bonheur au Châtelet, je me suis offert une petite séance de rattrapage avec le film, et que dire si ce n'est que c'est toujours un chef d'oeuvre.
Déjà comme dans South Pacific, ou le Roi et moi, toutes les chansons sont magnifiques, inoubliables. Comment ne pas fredonner Edelweiss, faire du yoddle avec "The lonely Goaterd", ou se rappeler son solfège avec Do Re Mi. Le livret de Rodgers et Hammerstein sait à la fois mêler joie et thèmes brulants comme ici la montée du nazisme, on retrouve ce découpage si spécifique à leurs comédies musicales, avec cette première partie longue pleine de chanson et une seconde partie plus dramatique comme dans South Pacific ou Carousel.
Mais il y a aussi la mise en scène qui fait d'une histoire qui peut sembler mièvre et sucrée un chef d'oeuvre de romantisme, comment ne pas succomber au charme de Christopher Plummer, à la fraicheur de Julie Andrews et des enfants sans oublier cette peste de baronne idéalement interprétée par Eleanor Parker, et ce pique assiette plein d'humour qu'est Richard Haydn.
Robert Wise nous refait certes le même coup de West Side Story, avec ce long plan introductif qui survole les Alpes autrichiennes et bavaroises pour nous amener dans cette prairie où Maria chante, comme les jets claquent des doigts dans West Side, mais tout est si admirablement filmé, rythmé. Bon naturellement quand on est tatillon, on se dira que tous les plans n'ont pas été tournés à Salzburg, les collines à vaches qui entourent la ville ne sont en rien les montagnes du début, mais qu'importe, la ville est superbement montrée, on pourra reprocher quelques incohérences dans le récit, mais quel film agréable, et quel moyen efficace pour se remonter le moral et continuer à chanter "Do, a deer, a female deer" !
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Re: La Mélodie du bonheur (Robert Wise - 1965)

Message par Music Man »

LA FAMILLE TRAPP (die Trapp Familie) de Wolfgang LIEBENEINER -1956
Avec Ruth LEUWERIK, Hans HOLT, Maria HOLST, Josef MEINRAD

En Autriche, Maria est une jeune femme qui se prépare à devenir religieuse dans une abbaye bénédictine située à Salzbourg ). Son couvent l'envoie en tant que gouvernante de sept enfants, dans la famille d'un veuf, le capitaine Georg Ritter von Trapp. Au début, les enfants se montrent hostiles et espiègles. Elle tient bon, tout en leur enseignant le chant. Bientôt, elle leur sert d'amie et de confidente.

Adapté du roman de Maria Von Trapp, ce film autrichien remporta un énorme succès en 1956, y compris en France, et fut à l’origine de l’opérette américaine The Sound of Music de Rodgers et Hammerstein et du fameux film la mélodie du bonheur.
Evidemment, il est impossible de voir ce film sans le comparer avec le blockbuster hollywoodien. Beaucoup moins fastueux que le remake, le film n’est pas désagréable, du moins dans sa première partie. Il repose surtout sur les épaules de Ruth Leuwerik, la Deborah Kerr du cinéma allemand dans les années 50. Sa composition est étonnante : elle semble stressée, hyper émotive et loin de l’insouciance de la lumineuse Julie Andrews. Mais c’est justement ce qui fait le charme et l’intérêt de cette version et j’imagine que ni l’une ni l’autre ne ressemblait à la vraie Maria Von Trapp, qui était beaucoup moins gentille que les deux actrices.
Coté musique, on est surpris de ne pas entendre les fameux airs de Rodgers et Hammerstein, qu’on attend à chaque scène. Ici, les enfants chantent du Bach et des cantiques…comme dans la réalité d’ailleurs et j‘en connais qui ne s’en plaindront pas . La musique de Franz Grothe et notamment l’air principal sont de très bonne facture.
Pour le reste, hélas, le film pèche par un excès de guimauve (comme souvent dans les films allemands des années 50). L’histoire est vraiment télescopée sur la fin et le film perd progressivement de l’intérêt. On reste insensible aux aléas de la famille, une fois Maria mariée, alors que le film de Robert Wise était captivant. Il y eut pourtant une suite la famille Trapp en Amérique , qui ne m’avait pas fait bonne impression. Il faudrait que je la visionne à nouveau.
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Demi-Lune
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Re: La Mélodie du bonheur (Robert Wise - 1965)

Message par Demi-Lune »

Max Schreck a écrit :S'il est clair que ce n'est pas le film qui guérira les spectateurs allergiques à la comédie musicale, le soin incroyable qui a manifestement présidé à sa réalisation, son atmosphère tout à fait attachante en font un spectacle assez unique. C'est peut-être l'importance accordé aux paysages naturels d'Autriche (et Salzburg est superbement filmée), la photographie surréelle, la simplicité d'une intrigue qui ne paraît pas pauvre pour autant, l'abattage d'une Julie Andrews qui oscille entre fantaisie délurée et émotion réelle, l'universalité des thèmes abordés, qui gagnent une gravité non négligeable du fait du contexte avec la montée du nazisme. Ce dernier aspect est longtemps laissé à l'arrière-plan, on finirait presque par l'oublier et c'est assez audacieux de la part de Wise d'avoir troussé un faux happy end (le mariage, les cloches et la caméra qui s'envole) brutalement enchaîné avec un défilé de bottes qui ramène les nazis sur le devant de la scène pour le dernier acte du film. Les 3 heures passent d'ailleurs sans la moindre sensation d'ennui (ce que je peux également dire de ses autres grosses productions de cette décennie que sont West side story et The Sand pebbles).
Mais peut-être que le bonheur suprême c'est la qualité de la direction musicale. Je crois que je suis fan de quasiment toutes les chansons, et les différents arrangements auxquels elles ont droit sont d'autant plus magnifiques qu'ils font intervenir des choeurs d'enfants (j'adore en particulier la façon dont Liesl l'aînée pose sa voix). Do-re-mi est complètement euphorisant, Edelweiss repris par Chris Plummer colle des frissons.
Bref, ce film est à la fois un témoignage irremplaçable du savoir-faire hollywoodien de la grande époque et un formidable hommage au talent de Rodgers/Hammerstein. Je suis content de l'avoir enfin découvert.
Bon ben Max Schreck a on ne peut mieux parlé. Je suis quasiment d'accord sur tout.
La mélodie du bonheur aura beau donner des envies de meurtre aux cyniques, ça ne m'empêchera pas d'être conquis et de trouver l'ensemble très efficace, précisément pour les raisons qui feront que d'autres y verront une pâtisserie sentimentaliste et cucul la praline : c'est un film qui n'a pas honte de ses émotions ni de sa tendresse, voilà. Et ça fonctionne. Wise concocte un antidépresseur premium emballé avec un savoir-faire royal par toute l'équipe, mais un antidépresseur qui, un peu comme les meilleurs Demy, se construit dans une forme de gravité plus ou moins lancinante. Il y a évidemment tout le contexte de l'Anschluss mais plus simplement les relations sentimentales entre le trio Maria, Von Trapp et la baronne Schraeder. Évidemment, le but n'est pas de faire un œuvre engagée à la Costa-Gavras ou une étude psychologique à la Bergman, hein, mais dans son registre je trouve que La mélodie du bonheur n'est pas indigent du tout, mieux, qu'il est même plutôt bien écrit. J'avoue avoir été vraiment cueilli par le ton et l'ambiance si particulière qui président jusqu'au mariage de Maria ; le dernier acte, paradoxalement plus dramatique, venant un peu casser un rythme jusqu'ici sans défaut. Parce que La mélodie du bonheur, c'est un charme d'ambiance très singulier et attachant : c'est l'alchimie entre la sérénité olympienne du cadre (Salzbourg, les lacs, les prairies verdoyantes et les montagnes autrichiennes), entre l'énergie volcanique de Julie Andrews et le flegme de Christopher Plummer, entre l'irrésistible partition musicale et les séquences dialoguées (l'alternance crée une vraie dynamique, on ne ressent pas de cassure lorsque intervient la nouvelle chanson), ou entre tous les sept enfants (ah la jeune Charmian Carr :oops: ). C'est vraiment une formule à ingrédients qui fonctionne par la somme de tout ça, avec en prime la mise en scène très ample de Wise qui maîtrise le Cinémascope dans une photo indescriptible. Il y a quelque chose de magique dans toute cette machinerie qu'il semble impossible à recréer maintenant. Le film dégage une bonne humeur communicative, une joie de vivre qui déride dès les premières minutes et il devient dès lors pratiquement impossible de résister à l'ouvrage.
J'ajoute que je suis très fan de l'ouverture, avec tous ces plans spectaculaires des Alpes autrichiennes, dans laquelle Wise rejoue celle de West Side Story : survoler l'immensité pour se rapprocher de plus en plus de l'infime. Pour qui connaît un peu la région, c'est vraiment tout l'esprit des lieux que le réalisateur a capté dans ces images.

Quelques cap's :mrgreen:
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Jeremy Fox
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Re: La Mélodie du bonheur (Robert Wise - 1965)

Message par Jeremy Fox »

D'accord à la virgule près avec tout ce que vient d'écrire demi-lune ; un charme indéfinissable se dégage de ce chef-d’œuvre
julien
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Re: La Mélodie du bonheur (Robert Wise - 1965)

Message par julien »

Je crois l'avoir déjà dit mais ça serait intéressant de faire un premake de cette histoire, davantage centré sur la vie d'Agathe Whitehead Von Trapp, la mère des enfants, qui les a initié à la musique et qui mourut tragiquement d'une épidémie de scarlatine.
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Federico
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Re: La Mélodie du bonheur (Robert Wise - 1965)

Message par Federico »

J'avais peut-être vu ce classique quand j'étais gamin mais je viens de le re-découvrir ou découvrir tout court. Je suis un peu partagé entre les aspects franchement nunuches de boîte à biscuits de luxe et le charme des interprètes, la classe de certaines chansons (étant un grand amateur de Coltrane, inutile de préciser que d'entendre la valse de My favourite things est toujours particulièrement émouvant) et, comme toujours chez Wise la perfection technique de l'ensemble (la photo de Ted D. McCord est splendide, notamment dans les clairs-obscurs et les scènes nocturnes).

L'atout n°1 du film est évidemment Julie Andrews, l'entrain et la pétillance personnifiés. Avec des arguments très différents, elle parvient presque à éclipser la sublime Eleanor Parker, ce qui n'est pas rien. Une Parker toujours aussi royale et dont la voix a rarement été aussi sexy mais rendue (exprès ?) moins flamboyante par un chignon et une teinte blonde-cendrée. Quand je dis "exprès", c'est qu'à part chez Allan Dwan, il ne pouvait y avoir deux rouquines dans la bagarre. :wink: Reste qu'elle n'a pas son pareil pour camper une splendide garce mais au fond pas si mauvaise fille que ça (ce qui joue hélas en faveur du penchant trop gentillet du film).

Pour les côtés un peu ridicules, il y a le fait que les sept enfants semblent passer tout leur temps ensemble et à des jeux très... enfantins malgré la grande différence d'âge entre la plus petite (5 ans) et l'aînée (presque 17). D'autant plus embarrassant que cette dernière fait nettement les 22 ans qu'avait réellement Charmian Carr (aux yeux magnifiques).

L'élégant Christopher Plummer est à son habitude impeccable, à la fois intimidant et touchant. J'ai toujours apprécié cet acteur, mix de Lawrence Harvey et de Rex Harrison (et qui aurait à mon avis pu faire un très classieux James Bond). Le personnage de l'ami impresario sympa et un peu maniéré joué par Richard Haydn semble quant à lui un intermédiaire de Walter Pidgeon et de... Clifton Webb.

Bien aimé le chouette numéro de marionnettes et la version "mélancolique" de The sound of music entonnée par les enfants pour la baronne lors de l'absence de Maria qui m'a fait penser aux polyphonies des Beach Boys.

Ça se gâte quand même pas mal avec l'entrée des Nazis en méchants-mais-pas-trop-quand-même-parce-que-c'est-un-spectacle-familial. Permettant malgré tout l'astuce de la fuite aux yeux de tous lors du spectacle musical et une fois encore quelques superbes plans nocturnes filmés au grand angle.
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Re: La Mélodie du bonheur (Robert Wise - 1965)

Message par frédéric »

J'en profite pour signaler ici que sur Gulli ils font un cycle comédie musicale apparemment avec My Fair Lady demain et la semaine prochaine L'auberge du Sixième bonheur.
Blogs Perso, Cinéma de Minuit : http://cineminuit.fr.over-blog.com/

Cinéma Actuel : http://sallesobscures2.over-blog.fr/

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Re: La Mélodie du bonheur (Robert Wise - 1965)

Message par AtCloseRange »

A noter que la télé américaine s'est essayée il y a quelques jours à une représentation en direct de la comédie musicale.
Les échos ont l'air relativement mitigés notamment sur la prestation de l'actrice principale (venue d'American Idol...)

http://www.metacritic.com/tv/the-sound-of-music-live!
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Jeremy Fox
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Re: La Mélodie du bonheur (Robert Wise - 1965)

Message par Jeremy Fox »

Reprise en salles en version restaurée 4K par Lost Films dès aujourd'hui. La chronique classikienne.
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Alexandre Angel
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Re: La Mélodie du bonheur (Robert Wise - 1965)

Message par Alexandre Angel »

Demi-Lune a écrit :
Max Schreck a écrit :S'il est clair que ce n'est pas le film qui guérira les spectateurs allergiques à la comédie musicale, le soin incroyable qui a manifestement présidé à sa réalisation, son atmosphère tout à fait attachante en font un spectacle assez unique. C'est peut-être l'importance accordé aux paysages naturels d'Autriche (et Salzburg est superbement filmée), la photographie surréelle, la simplicité d'une intrigue qui ne paraît pas pauvre pour autant, l'abattage d'une Julie Andrews qui oscille entre fantaisie délurée et émotion réelle, l'universalité des thèmes abordés, qui gagnent une gravité non négligeable du fait du contexte avec la montée du nazisme. Ce dernier aspect est longtemps laissé à l'arrière-plan, on finirait presque par l'oublier et c'est assez audacieux de la part de Wise d'avoir troussé un faux happy end (le mariage, les cloches et la caméra qui s'envole) brutalement enchaîné avec un défilé de bottes qui ramène les nazis sur le devant de la scène pour le dernier acte du film. Les 3 heures passent d'ailleurs sans la moindre sensation d'ennui (ce que je peux également dire de ses autres grosses productions de cette décennie que sont West side story et The Sand pebbles).
Mais peut-être que le bonheur suprême c'est la qualité de la direction musicale. Je crois que je suis fan de quasiment toutes les chansons, et les différents arrangements auxquels elles ont droit sont d'autant plus magnifiques qu'ils font intervenir des choeurs d'enfants (j'adore en particulier la façon dont Liesl l'aînée pose sa voix). Do-re-mi est complètement euphorisant, Edelweiss repris par Chris Plummer colle des frissons.
Bref, ce film est à la fois un témoignage irremplaçable du savoir-faire hollywoodien de la grande époque et un formidable hommage au talent de Rodgers/Hammerstein. Je suis content de l'avoir enfin découvert.
Bon ben Max Schreck a on ne peut mieux parlé. Je suis quasiment d'accord sur tout.
La mélodie du bonheur aura beau donner des envies de meurtre aux cyniques, ça ne m'empêchera pas d'être conquis et de trouver l'ensemble très efficace, précisément pour les raisons qui feront que d'autres y verront une pâtisserie sentimentaliste et cucul la praline : c'est un film qui n'a pas honte de ses émotions ni de sa tendresse, voilà. Et ça fonctionne. Wise concocte un antidépresseur premium emballé avec un savoir-faire royal par toute l'équipe, mais un antidépresseur qui, un peu comme les meilleurs Demy, se construit dans une forme de gravité plus ou moins lancinante. Il y a évidemment tout le contexte de l'Anschluss mais plus simplement les relations sentimentales entre le trio Maria, Von Trapp et la baronne Schraeder. Évidemment, le but n'est pas de faire un œuvre engagée à la Costa-Gavras ou une étude psychologique à la Bergman, hein, mais dans son registre je trouve que La mélodie du bonheur n'est pas indigent du tout, mieux, qu'il est même plutôt bien écrit. J'avoue avoir été vraiment cueilli par le ton et l'ambiance si particulière qui président jusqu'au mariage de Maria ; le dernier acte, paradoxalement plus dramatique, venant un peu casser un rythme jusqu'ici sans défaut. Parce que La mélodie du bonheur, c'est un charme d'ambiance très singulier et attachant : c'est l'alchimie entre la sérénité olympienne du cadre (Salzbourg, les lacs, les prairies verdoyantes et les montagnes autrichiennes), entre l'énergie volcanique de Julie Andrews et le flegme de Christopher Plummer, entre l'irrésistible partition musicale et les séquences dialoguées (l'alternance crée une vraie dynamique, on ne ressent pas de cassure lorsque intervient la nouvelle chanson), ou entre tous les sept enfants (ah la jeune Charmian Carr :oops: ). C'est vraiment une formule à ingrédients qui fonctionne par la somme de tout ça, avec en prime la mise en scène très ample de Wise qui maîtrise le Cinémascope dans une photo indescriptible. Il y a quelque chose de magique dans toute cette machinerie qu'il semble impossible à recréer maintenant. Le film dégage une bonne humeur communicative, une joie de vivre qui déride dès les premières minutes et il devient dès lors pratiquement impossible de résister à l'ouvrage.
J'ajoute que je suis très fan de l'ouverture, avec tous ces plans spectaculaires des Alpes autrichiennes, dans laquelle Wise rejoue celle de West Side Story : survoler l'immensité pour se rapprocher de plus en plus de l'infime. Pour qui connaît un peu la région, c'est vraiment tout l'esprit des lieux que le réalisateur a capté dans ces images.
Je découvre avec plaisirs les textes ci-dessus qui contribueront à mettre fin au règne du "film familial culcul et dégoulinant pour les soirées d'hiver". D'abord, c'était bien les soirées d'hiver :mrgreen:
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
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Jeremy Fox
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Re: La Mélodie du bonheur (Robert Wise - 1965)

Message par Jeremy Fox »

Alexandre Angel a écrit :D'abord, c'était bien les soirées d'hiver :mrgreen:
Oui d'abord ; et ça l'est toujours. Un bon film devant un feu de cheminée et le froid au dehors ; le bonheur !
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Alexandre Angel
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Re: La Mélodie du bonheur (Robert Wise - 1965)

Message par Alexandre Angel »

Jeremy Fox a écrit :
Alexandre Angel a écrit :D'abord, c'était bien les soirées d'hiver :mrgreen:
Oui d'abord ; et ça l'est toujours. Un bon film devant un feu de cheminée et le froid au dehors ; le bonheur !
Arrête! J'ai des frissons de plaisir amniotique :mrgreen:
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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