Je découvre Eustache, Mes petites amoureuses, je vois une rigueur surprenante, l'impression que chaque plan est "carré", au coeur du problème et je vois cette façon de marcher, de parler comme au ralenti, comme dans la répétition d'un film à venir.
Il y a d'innombrables plans qui suivent le trajet du jeune héros, presque toujours de profil. Le déplacement d'états? où le trajet à suivre avant l'"éclatement"? Il y aura ce brusque coup de pistolet à bouchon. Seul grand éclat de violence qui n'est pas là pour s'expliquer, c'est "juste une image".
Ce déplacement n'est-ce pas le glissement? Glissement vers un autre âge, vers d'autres espaces, vers la sexualité.
On dit que le film est autobiographique, bien sûr on pense de suite à Truffaut, Pialat: commencer par le commencement.
Puis il y a ces jeunes filles que l'on croise, on ne sait pas pourquoi (on ne sait jamais), elles disent "On est sur la route de Salinas". Les mots chez Eustache semblent être fait pour résonner, glisser aussi?
Salinas, un village du Sud Ouest? Pourtant le nom m'échappe. Tout au long de cette magnifique séquence sur cette route mystérieuse je continue à entendre le nom.
Salinas, c'est la Californie, Salinas c'est la route sur laquelle James Dean est mort.
Eustache a juste donné un nom, un nom qui est du cinéma dans une histoire qui est la sienne et qui est du cinéma.
C'est clair, tout est dans la rectitude, dans la poétique de la rectitude?
J'ai souvent entendu dire qu'on rapprochait Eustache de Godard... pourtant les premiers noms qui me viennent après ce film sont ceux de Bresson et de Truffaut. Erreur?
Mes petites amoureuses (Jean Eustache - 1974)
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Eustache je ne sais pas trop où le placer...Il reste un peu à part comme Pialat, mais dans un autre genre, peut être dans un domaine plus reflexif et expérimental.
Mes petites amoureuses, comme le père noèl a les yeux bleus, se raccroche lui un peu plus aux wagons des cinéastes de son époque.
J'aime bien ce film.
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Re: Mes petites amoureuses (Jean Eustache - 1974)
Kevin95 a écrit : MES PETITES AMOUREUSES de Jean Eustache (1974) découverte
Après La Maman et la Putain, Jean Eustache met de l'eau dans son vin et à la sueur morbide de son précédent opus, il enchaine avec une chronique de ses années d'adolescence sans pour autant tomber dans la nostalgie guimauve. L'influence des Quatre Cents Coups de François Truffaut et de L'Enfance nue de Maurice Pialat est clair et rassure quant à la position du cinéaste, pas de "c'était mieux avant" mais un sentiment doux amer comme aime à se parfumer le temps de l'enfance. A titre perso, c'est lorsque Eustache baisse la garde qu'il est le meilleur et Mes petites amoureuses, malgré son statut moins imposant que La Maman et la Putain, est peut-être le meilleur titre de la filmo du cinéaste. Cruel mais touchant, drôle et parfois grave, le métrage n'a pas à rougir face aux œuvres de Truffaut et Pialat et constitue même un trait d'union entre l'urbanité guillerette des Quatre Cents Coups et la douleur rurale de L'Enfance nue. Superbe.
Dernière modification par 7swans le 6 juin 17, 19:52, modifié 1 fois.
Comme les Notting Hillbillies : "Missing...Presumed Having a Good Time (on Letterboxd : https://letterboxd.com/ishenryfool/)"