Luigi Comencini (1916-2007)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Profondo Rosso
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Re: Luigi Comencini (1916-2007)

Message par Profondo Rosso »

Grosse rétro Comencini à la cinémathèque à partir de mercredi !

http://www.cinematheque.fr/fr/dans-sall ... i,497.html
bruce randylan
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Re: Luigi Comencini (1916-2007)

Message par bruce randylan »

Ouais, j'ai vu ça.
Je comptais y squatter un maximun mais entre le boulot, les obligations familiales (et sociales :mrgreen: ), le nombre de séance se réduit quand même pas mal.
Mais bon, je devrais en voir au moins une bonne douzaine je pense. :)
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Profondo Rosso
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Re: Luigi Comencini (1916-2007)

Message par Profondo Rosso »

Déjà deux priorités pour moi la version longue feuilleton tv de Pinocchio et La Ragazza vu que l'infâme dvd de Studio Canal avec la seule vf me faisait enrager depuis des années :mrgreen:
bruce randylan
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Re: Luigi Comencini (1916-2007)

Message par bruce randylan »

Profondo Rosso a écrit : La Ragazza vu que l'infâme dvd de Studio Canal avec la seule vf me faisait enrager depuis des années :mrgreen:
Ah mince, j'ai le dvd et j'avais pas fait gaffe.
:?

La version longue de Pinocchio je pourrais me la faire normalement :D
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Re: Luigi Comencini (1916-2007)

Message par Pat Wheeler »

Quelqu'un sait si la version intégrale de Pinocchio est dispo quelque part (j'hésite à m'acheter un lecteur de laserdisc rien que pour le film :lol:) ne serait-ce qu'avec des sous-titres anglais ?
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Re: Luigi Comencini (1916-2007)

Message par Profondo Rosso »

A part cette édition italienne apparemment on ne trouve pas la version longue ailleurs, mais du coup que du sous-titres italien au mieux...

http://www.amazon.co.uk/Avventure-Di-Pi ... 665&sr=1-5
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Re: Luigi Comencini (1916-2007)

Message par Amarcord »

En revanche, sous-titres anglais présents sur le blu-ray de la version film (on ne peut pas tout avoir !) de Pinocchio ! ...par ici !
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Re: Luigi Comencini (1916-2007)

Message par Pat Wheeler »

Profondo Rosso a écrit :A part cette édition italienne apparemment on ne trouve pas la version longue ailleurs, mais du coup que du sous-titres italien au mieux...

http://www.amazon.co.uk/Avventure-Di-Pi ... 665&sr=1-5
Malheureusement, à part quelques insultes je ne comprends pas un traître mot d'italien :D

Et le problème c'est que d'après tous ceux qui ont eu la chance de voir la version longue, la version ciné est carrément insuffisante à côté. Je vais donc m'armer de patience pour découvrir ce Comencini (le troisième que je comptais voir après L'Argent de la Vieille - génialement drôle - et L'Incompris - génialement émouvant).
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Re: Luigi Comencini (1916-2007)

Message par bruce randylan »

Qui a tué le chat (Il gatto - 1977)

Un frère et une soeur qui se détestent cordialement sont propriétaires d'un immeuble locatif. Ils aimeraient le revendre à un riche entrepreneur mais pour cela, le bâtiment doit être libre de tous ses occupants.

Une comédie assez grinçante et réjouissante qui s'amuse avec les codes du polar façon whodunit (et même une pointe de de giallo). La victime principale est donc un pauvre matou, ce qui va permettre de mener une enquête qui servira à mettre à la porte les différents locataires sans le moindre scrupule. L'humour noir fonctionne très bien avec par exemple le duo qui se délecte que des fausses lettres anonyme d'accusation pousse l'habitant d'un appartement au suicide. :mrgreen:
Tout est bon pour arriver à leur fin : séduire un prêtre (Mariangela Melato est géniale) ou encore cacher de la drogue dans les bagages d'un groupe de vieux musiciens façon "chanteurs à la croix de bois". :lol:

Évidement la mort du chat va les emmener dans une histoire abracadabrantesque et improbable avec hommes politiques, chantage à propos d'homosexualité et mafieux. Le pauvre Michel Galabru (en inspecteur dépassé par les évènements qui ne les prend jamais au sérieux) en paiera les pots cassés.
C'est bien mené, imprévisible et avec quelques ruptures de tons surprenantes. L’égoïsme du couple Tognazzi/Melato donne quelques moments jubilatoires avec un sans-gêne et un aplomb irrésistible (les raids au commissariat, le procès, la rencontre avec le procureur...) même si ce n'est pas une comédie où l'on s'esclaffe forcément beaucoup. Par contre, on sourit du début à la fin (le coup du duel de burger dans le resto pour routiers :) )

La mise en scène est plutôt pas mal avec une excellente utilisation de l'espace de cet immeuble et Comencini mêle adroitement les genres sans tomber dans la parodie ou la facilité.



Marcellino (1991)

Evocation de la vie de Marcellino, un orphelin du XVIIème sicèle qui a grandi avec des moines

Le dernier film de Comencini est une nouvelle fois un portrait sur un enfant. Ici, une histoire chaleureuse, filmée avec une simplicité et un dépouillement lumineux et rempli de chaleur. Il y a une tendresse évidente qui s'émane du film mais si le film n'est pas exempt de défauts. L’interprétation est inégale, la partie avec le riche seigneur qui veut prendre l'orphelin et lui donner une éducation ne fonctionne pas du tout, la réalisation manque de rigueur, les parties contemporaines sont superficielles, les bons sentiments frôlent la mièvrerie, la photo est assez plate...

Par contre, l'aspect religieux est assez bien géré et ne tombe pas dans le prêchi-prêcha. On peut bien-sûr se dire que l'enfant communique avec Jésus mais on peut aussi se dire que ce dialogue est aussi dû à la fièvre de Marcellino. Chacun se fait donc son interprétation et Comencini invite ainsi une morale ou un discours un peu lénifiant. Bref, il demeure avant tout un humaniste qui fait preuve de beaucoup d'amour envers ses personnages. Il n'hésite pas à user un peu d'humour pour rendre un peu puéril ses moines, ce qui en fait des êtres plus justes et touchant (les tentatives pour leur trouver une famille, la rivalité pour passer du temps avec lui...).

Malgré donc les réserves et ses faiblesses, le film constitue un joli testament cinématographique modeste, sincère et avec du coeur.
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bruce randylan
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Re: Luigi Comencini (1916-2007)

Message par bruce randylan »

De hommes nouveaux sont nés (Proibito rubare - 1948)

Un prêtre en partance pour une mission en Afrique du Nord se fait voler ses bagages par une enfant de 8-10 ans. Découvrant la misère dans lequel vit celui-ci, il refuse de porter plainte et décide à la place de monter une foyer pour les enfants vagabonds de la ville.

1er long-métrage de Luigi Comencin qui s'intéresse déjà à l'enfance avec cette histoire fortement teintée de néo-réalisme, surtout dans la première moitié qui montre l'existence des bambins livrés à eux-mêmes dans les rues de Naples. Ils vivent en bande, pratiquent le vol et les arnaques, côtoient la misère, prennent en référence des petits délinquants etc... Notre homme d’église, un idéaliste sous l'influence de prêtre Flanagan, décide donc de s'occuper de ses laissés pour compte de la société.
Tourné en extérieur avec ses enfants très naturels et une image assez crue, la mise en scène de hommes nouveaux sont nés est assez intéressante même si elle n'évite pas toujours la maladresse et le didactique moralisateur (les références à Flanagan, le volontarisme du jeune prêtre) mais le regard que porte Comencini à son pays n'a rien de tendre et permet de compenser son tableau d'autant qu'on trouve tout de même des jeunes acteurs filmés sans angélisme et un humour caustique qui éclatera pleinement des années suivantes.

La seconde partie délaisse un peu cet aspect social et engagé pour une histoire plus traditionnelle avec des conventions et des péripéties prévisibles : alors que son foyer ne connait aucun succès, les enfants viennent s'y réfugier pour cacher des montres volées avant de finir par se prendre d'affection pour leur protecteur.
Rien de sensationnel mais ça n'empêche pas une tendresse sincère, des personnages attachants, des bons sentiments certes candides mais jamais dégoulinant. Le charme rétro agit aussi pour une histoire à l'optimisme qui semble lucide tout de même de ses limites.
La réalisation de Comencini est en tout cas concise, fluide et mêlant habilement la dimension documentaire du tournage et de la direction d d'acteurs amateurs avec l'aspect purement cinématographique d'un scénario commercial aux effets démonstratifs.
Pour un premier film, c'est déjà un titre personnel avec son lot de défauts mais qui n'ont rien de rédhibitoires pour une oeuvre assez intéressante qui vaut plus que la simple curiosité.

Mesdames, monsieurs bonsoirs (Ettore Scola, Luigi Comencini, Luigi Magni, Mario Monicelli, Nanni Loy - 1976)

Un fleuron du film à sketch italien qui parodie les premières chaines de télévision privées qui débarquaient cette année là. Les auteurs pointent déjà du doit la vacuité et l'ineptie de ce genre d'émissions et de programmes douteux qui tirent l'intelligence du public vers la bas.
Dans l'ensemble c'est assez réjouissant et pertinent avec plusieurs moments vraiment drôles : la séquence très grinçante (et scatophile) d'Ugo Tognazzi aux toilettes, les parties plateaux de télévisions avec Marcello Mastroianni qui drague son assistance, le petit documentaire sur les enfants (à la "chute" assez choquante) qui embraye sur un débat de société absurde que n'aurait pas renié les monty python, l’espèce de sitcom avec les tueurs de la CIA (Vittorio Gassman excellent), l'émission délirante avec les candidats qui rivalisent sur leur malchance (très Flying Circus aussi), un portrait cruel et grave d'un vieil homme qui doit vivre d'allocations ridicules et font en larmes en évoquant un morceau de viande, le talk show avec les hommes d'affaires aux tronches abjectes...
Il est en revanche regrettable que les segments les plus longs soient les moins drôles. Si celui sur l'alerte à la bombe dans un commissariat est encore correct, celui sur l’élection du nouveau pape semble interminable, jamais drôle et casse complètement le rythme. J'ai presque envie de dire qu'il est incompréhensible que ce segment se trouve en plein milieu du film. Ils auraient voulu donner envie aux gens de se barrer de la salle, ils ne s'y seraient pas pris autrement. Il est du coup très dur de rentrer de nouveau dans la dynamique du film et de profiter des sketchs qui suivent et qui sont pourtant très sympa dans l'ensemble.

Ah et puis l'autre gros problème, c'est qu'on se sait pas quel réalisateur a fait quoi. :mrgreen:
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Re: Luigi Comencini (1916-2007)

Message par manuma »

bruce randylan a écrit :Ah et puis l'autre gros problème, c'est qu'on se sait pas quel réalisateur a fait quoi. :mrgreen:
On peut néanmoins avancer quelques théories là-dessus. Le sketch sur l'élection du pape, ça me semble être du Luigi Magni tout craché. Celui, très néo-réaliste dans la forme, situé dans les bas-fonds de Naples, je l'attribuerai en revanche volontiers à Nanni Loy.

Autrement, dans l'ensemble, un très bon film à sketchs en effet, beaucoup moins connu et pourtant presque aussi bon que Les Nouveaux monstres. Les deux films se concluent d'ailleurs sur des segments "musicaux" très proches dans l'esprit.
Dernière modification par manuma le 10 févr. 23, 18:38, modifié 1 fois.
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Re: Luigi Comencini (1916-2007)

Message par Music Man »

bruce randylan a écrit :

Marcellino (1991)

Evocation de la vie de Marcellino, un orphelin du XVIIème sicèle qui a grandi avec des moines

Le dernier film de Comencini est une nouvelle fois un portrait sur un enfant. Ici, une histoire chaleureuse, filmée avec une simplicité et un dépouillement lumineux et rempli de chaleur. ..

Malgré donc les réserves et ses faiblesses, le film constitue un joli testament cinématographique modeste, sincère et avec du coeur.
A lire ta critique, le film semble posséder les mêmes qualités que la touchante version espagnole de 1956 de Lasdilao Vajda , qui avait remporté un succès mondial. J'aimerais bien le voir pour savoir si Comencini parvient à y amener sa touche personnelle. En tout état de cause, dans la version originale, l'interprétation du gamin (Pablito Calvo) m'avait semblé si attachante et lumineuse pour ne pas dire miraculeuse, que la relève me semble quasiment impossible.
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Re: Luigi Comencini (1916-2007)

Message par bruce randylan »

manuma a écrit :
bruce randylan a écrit :Ah et puis l'autre gros problème, c'est qu'on se sait pas quel réalisateur a fait quoi. :mrgreen:

On peut néanmoins avancer quelques théories là-dessus. Le sketch sur l'élection du pape, ça me semble être du Luigi Magni tout craché. Celui, très néo-réaliste dans la forme, situé dans les bas-fonds de Naples, je l'attribuerai en revanche volontiers à Nanni Loy.

Celui avec Tognazzi dans les toilettes pourraient être du Monicelli pour son anti-militarisme et le mouvement de caméra d'introduction sur le gosse qui se suicide m'a fait penser à du Scola... pour le reste...

Music Man a écrit :
bruce randylan a écrit : Marcellino (1991)


A lire ta critique, le film semble posséder les mêmes qualités que la touchante version espagnole de 1956 de Lasdilao Vajda , qui avait remporté un succès mondial. J'aimerais bien le voir pour savoir si Comencini parvient à y amener sa touche personnelle. En tout état de cause, dans la version originale, l'interprétation du gamin (Pablito Calvo) m'avait semblé si attachante et lumineuse pour ne pas dire miraculeuse, que la relève me semble quasiment impossible.

Ah, ça par contre, l’interprétation de la version Comencini est vraiment pas le fort du film. D'ailleurs, je n'en parle même pas dans mon avis. :|
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Message par bruce randylan »

Kevin95 a écrit :

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Strange Occasion (Nanni Loy, Luigi Magni et Luigi Comencini)

Film à sketchs érotisé italien des années 70's, Strange Occasion est composé de modules au style très différent mais avec une qualité (selon moi, car un des trois est sketch est méprisé par beaucoup y compris par son auteur) commune.
Le premier (et vilain petit canard) est un Italian Superman réalisé par Nanni Loy, lequel ne le signe pas car trop honteux du résultat. C'est sur, l'histoire (écrit par mister Django Sergio Corbucci) d'un italien doté par la nature qui pour vivre est le héro d'une revue érotique n'est pas ce qu'on fait de plus subtil, mais haut surprise, malgré ce pitch qui sent le roussi, on prends plaisir à suivre les péripétie de cet idiot (donc immédiatement sympathique) interprété par ce cabot de Paolo Villaggio, essayant de vivre une vie normale malgré le missile qu'il a dans le pantalon. Très sympa, en tout cas pas de quoi le signer d'un "Anonyme".
Le second par Magni, revisite le thème de Lotita, avec un Nino Manfredi en bourgeois râleur qui va devoir tenir compagnie à une petite suédoise qui va s'avérer plus grande que dans son esprit. C'est plein de sous-entendu, Nino Manfredi à l'air de découvrir le monde à chaque plan et le jeu de chat et de la souris est haut combien plaisant.
Enfin le dernier, réalisé par Luigi Comencini est la perle du lot. Un lieu unique, deux acteurs et le plaisir de voir Sordi, magnifique d'hypocrisie, en prêtre aussi ridicule que drôle et la très belle Stefania Sandrelli en jeune fille sans manières. Ca met à mal les religieux, ça sent le sex à plein nez dès le début, bref c'est génial.
manuma a écrit :Découvert aujourd'hui et je te rejoins sur le fait que le premier sketch est loin d'être déshonorant. C'est même tout à l'honneur de Loy d'avoir su tirer quelque chose d'aussi drôle d'un tel sujet (qui aurait été parfait pour Festa-Campanile), Magni et Comencini jouant eux sur du velours avec leurs scripts. J.J. Bernard laisse à penser dans sa présentation du film sur Ciné Cinéma qu'il l'a signé anonymous par pudibonderie ou fierté mal placée. Ce n'est qu'une supposition, en tout cas il est vrai que Loy, très bon cinéaste malheureusement peu connu chez nous, n'a jamais vraiment œuvré dans la farce sexuelle (on peut peut-être inclure dans ce registre le premier sketch de Testa o croce, et encore …).

J’aime beaucoup la retenue de Magni dans le second sketch, le ton feutré, un peu amer de sa conclusion.
Dans l'ensemble, je souscris à tout ça.
Un premier skecth qui laisse craindre le pire et finalement, c'est pas si mal que ça. L'histoire prend une tournure plus pessimiste que prévu et la candeur paumée de Paolo Villaggio passe vraiment bien. Après, c'est pas très fin et la réalisation n'est pas sensationnelle mais ça ne méritait pas d'être anonyme.

Le second fonctionne surtout pour Nino Manfredi qui se révèle excellent dans un personnage à la fois touchant et tendre. Son interprétation lors des révélations au petit déjeuner est un vrai régal. Derrière la farce, la sensualité et le marivaudage, je trouve ce segment très mélancolique et traduisant bien le mal-être de son personnage principal en pleine crise de la quarantaine. La mise en scène transcrit ça avec une belle et discrète utilisation de l'espace et du mobilier de l’appartement.

Le dernier signé Comencini est par contre une totale réussite, une sorte de fable grivoise délicieusement amorale et inventive. Sordi est grandiose dans son rôle de prêtre à la mentalité assez "libérée" que n'aurait d'ailleurs pas renié Sacha Guitry (le discours à la fin fait penser à Guitry justement déguisé en homme d'église dans Je l'ai été trois fois). C'est très drôle malgré un postulat on ne peut plus basique qui laissait supposer beaucoup de facilités. Mais Comencini s'en sort avec les honneurs grâce à une réalisation très habile, une rythme sans faille, des idées excellentes qui viennent constamment relancer une parfaite maîtrise du temps et des ellipses. Et puis Stefania Sandrelli est quand même :oops:

Plutôt une bonne surprise ce film à sketch qui a l'intelligence de devenir de mieux en mieux.


Un enfant de Calabre (1987)
Un père très conservateur ne veut pas que son fils se passionne pour la course à pied qu'il compare à des rêveries stériles. L'enfant se lie d'amitié avec le chauffeur du bus scolaire qui, sentant son potentiel, l'encourage et l'entraîne pour qu'il mène à bien sa passion.

Plus que Marcellino, voilà bel et le bien le film testament de Comencini. Il n'y a pas là les défauts de son dernier film : les acteurs sont très bons, le scénario est simple mais touchant, la photo lumineuse et ensoleillé...
On retrouve toute la sensibilité et la délicatesse du cinéaste qui livre des personnages justes et émouvants ; y compris la figure du père en parvenant à l'humaniser pour lui faire éviter le manichéisme. Le cinéaste profite de non-dits pour étoffer sa relation avec Gian Maria Volonté (formidable comme d'habitude !) en n'évoquant jamais leur passé commun mais en laissant deviner qu'ils ont été amis auparavant.
Mais comme d'habitude, c'est bien la figure de l'enfant qui reste au centre de l'histoire et son jeune acteur est d'un naturel rafraîchissant.
Dans le fond et la forme, le film n'apporte rien de nouveau à l'oeuvre de Comencini mais il le fait avec passion, simplicité, humour, gravité et surtout cette tendresse qui évite toute effluve d'un sentimentalisme déplacé et mélodramatique.

Une sobriété qui fait de Un enfant de Calabre un des films de Comencino pour lequel j'ai le plus d'affection. :D
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bruce randylan
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Re: Luigi Comencini (1916-2007)

Message par bruce randylan »

Une fille qui mène un vie de garçon aka le partage de Catherine (la bugiarda - 1964)

Une jeune femme insouciante, épanouie et libérée mène une double vie (pour ne pas dire triple). Elle est ainsi fiancée avec 2 hommes différents et en séduit un troisième. Pour accorder son emploi du temps, elle se fait passer pour une hôtesse de l'air souvent en déplacement, demandant à sa colocataire dont c'est le vrai métier de couvrir ses arrières.

Une comédie fraîche et légère plus proche de l'esprit d'un Lubitsch que de Jules et Jim de Truffaut ou du bonheur de Varda. L'immoralité sera préservée jusqu'au bout sans qu'une conclusion nuancée ou dramatique viennent noircir l'approche.
Le scénario est dans l'ensemble excellent avec un personnage féminin délicieusement naïve dont la personnalité échappe aux conventions sociales en vivant selon ses propres règles avec une sincérité désarmante. Le film n'est pourtant pas un manifeste féministe même s'il égratigne avec beaucoup de malice le machisme des 2 prétendants plus hypocrite et prétentieux que Catherine. Celà dit celle-ci est loin d'être idéalisé (elle passe régulièrement pour une gentille manipulatrice avec un égoïsme assez poussée mais sa sincérité la rend plus attachante que ses comparses masculins).
Mais Luigi Comencini peine tout de même à lui imposer une vrai rythme et il faut attendre la deuxième moitié pour la machine s'emballe vraiment. C'est assez régulièrement le cas avec lui je trouve. On aimerait que la mise en scène soit à la hauteur du scénario et des personnages, mais ça reste un poil trop sage. Autant pour ses drames et ses films intimistes, c'est un excellent procédé, autant pour une comédie de ce genre, c'est un peu frustrant.

Mais bon quand Catherine (excellente Catherine Spaak au passage) passe pour morte et que les 2 fiancés se rencontrent, le film trouve enfin sa cadence, surtout quand la jeune femme propose vraiment de vivre en ménage à trois. C'est drôle, caustique, bien écrit, parfaitement bien joué avec un duo masculin qui tente de se tirer dans les pattes de manière assez puérile. Lors du passage dans la maison de campagne où ils font croire qu'ils se cèdent la place ou bien encore durant la fausse tentative de suicide, le film trouve enfin une douce folie délicieuse.

On sort du film avec le sourire tout en regrettant d'être passé à côté du chef d'oeuvre qu'on aurait été en droit d'espérer.
Dernière modification par bruce randylan le 25 juil. 13, 23:35, modifié 1 fois.
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