Ingmar Bergman (1918-2007)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Alligator
Réalisateur
Messages : 6629
Inscription : 8 févr. 04, 12:25
Localisation : Hérault qui a rejoint sa gironde
Contact :

Message par Alligator »

Sommarnattens leende (Sourires d'une nuit d'été) (Ingmar Bergman, 1955) :

Image
_______________

Comédie très légère, pleine d'ironie moqueuse vis à vis des personnages tous plus ou moins prisonniers de leurs illusions. Amoureuses d'abord, vertueuses ou libres ensuite.

Le fils dévôt, coincé de la stouquette, refoule ses sentiments passionnés à l'égard de sa belle-mère, aussi jeune que lui.
Laquelle n'en ressent pas moins mais reste attachée à la figure tutélaire et néanmoins sans attrait sensuel, de son mari.
Lequel voulant se ranger des voitures se méprend sur la réelle teneur de ses sentiments qui éclatent ici et là involontairement, dans la douceur d'un rêve, tout en caressant sa femme, il laisse échapper le prénom de son ex.
Laquelle attendra son retour pour libérer un de ses derniers amants...

Bref un jeu de domino-dominés-dominants se déroule sous nos yeux. Dans la délicate clarté et la douceur de la photographie de Gunnar Fischer.

Un petit jeu aux mignons dialogues, finauds et gourmands, aux mignons minois, sensuels et coquins. Comédie légère, aussi légère que puisse l'être une comédie signée Bergman, évidemment. Il faut toujours qu'un ou deux personnages soient livrés à la dureté d'une souffrance plus ou moins morale.
Anorya
Laughing Ring
Messages : 11846
Inscription : 24 juin 06, 02:21
Localisation : LV426

Message par Anorya »

je remet mon point de vue ici :

--------------

Une passion (Bergman - 1969)

Passage à la couleur à partir de ce Bergman là avec un traitement tout simplement superbe par Sven Nykvist. C'est réellement à tomber. :shock:
L'histoire par contre était des plus interessantes (la scène du rêve qui est une sorte de prolongement/suite à la fin de "la honte" !) mais je ne fus pas aussi comblé comme j'ai pu l'être sur les 2 autres volets de sa "trilogie de la peur sur Färo" (La honte et L'heure du loup). D'une part, les ellipses sont trop importantes (on passe 1 an d'un coup) et la voix-off censée faire passer le tout semble bien inutile (d'ailleurs QUI parle ? :shock: ) (mais non redondante, je tiens à le préciser). L'autre grand problème, c'est la mise en abîme du cinéma qui s'effectue ici : en mélangeant interviews où les acteurs parlent de leurs personnages au sein de la fiction avec des bouts de la fiction elle-même, Bergman met trop de distance avec le spectateur qui comprend bien que tout celà n'est qu'un film. Le dispositif est bien trop mis en évidence là où curieusement dans Persona (mais Persona joue de ça pour souligner que tout le film se détraque en même temps que son héroïne) il passe très bien et encore mieux dans l'heure du loup (le générique où l'on entend le réalisateur suédois qui se met en place avec ses acteurs sur fond noir).

Des défauts qui me le font moins aimer que ses deux précedents films inclus dans sa trilogie (je n'ai pas vu "le rite" qui est tourné en même temps) mais c'est quand même pas mal.

3,5/6
Image
Avatar de l’utilisateur
Profondo Rosso
Howard Hughes
Messages : 18529
Inscription : 13 avr. 06, 14:56

Re: Notez les films de Février 2008

Message par Profondo Rosso »

Sourires d'une nuit d'été de Ingmar Bergman (1955)

Image

Le notable Fredrik Egerman a épousé en secondes noces Anne lorsqu’elle avait seize ans. Deux ans ont passé mais la jeune femme continue à refuser de s’offrir à lui. Egerman s’en confie à son ancienne maîtresse Désirée Armfelt. Mais celle-ci est courtisée par un homme marié qui a tôt fait de se brouiller avec Egerman. Afin de démêler ce sac de nœuds, Désirée propose à sa rivale Charlotte une association momentanée pour résoudre tous les conflits…


Encore plus que pour "Les Fraises Sauvages", assez surpris par le ton relativement enjoué du film (par rapport à l'image austère que je me fais de la filmographie du bonhomme). Un chassé croisé amoureux des plus trépidant, bourré de bon mots (les échanges entre Fredrik et Désirée sont des plus savoureux) et de situations décalées où le rapport au sexe est des plus libéré pour un film de 1955. Le Bergman montre tout de même une vision assez noire du couple, une vraie prison pleine de compromis et de frustration dont il faut s'échapper par tout les moyens. Le ton se fait un peu plus sombre dans la dernière partie avec un vaudeville assez cruel dont Bergman parvient à tirer un surprenant happy end, visuellement éblouissant avec cette aube signifiant la naissance des nouveaux couples. Excellent casting, Ulla Jacobsson et Eva Dahlbeck sont bien craquante (Bibi Anderson fait une courte apparition) et Jarl Kulle en aristocrate militaire querelleur fait un étonnant sosie de Sarkozy. Il est décidément partout celui là ! 5/6
Nestor Almendros
Déçu
Messages : 24390
Inscription : 12 oct. 04, 00:42
Localisation : dans les archives de Classik

Re: Ingmar Bergman

Message par Nestor Almendros »

Profondo Rosso a écrit :Sourires d'une nuit d'été de Ingmar Bergman (1955)
Image
Encore plus que pour "Les Fraises Sauvages", assez surpris par le ton relativement enjoué du film (par rapport à l'image austère que je me fais de la filmographie du bonhomme). Un chassé croisé amoureux des plus trépidant, bourré de bon mots (les échanges entre Fredrik et Désirée sont des plus savoureux) et de situations décalées où le rapport au sexe est des plus libéré pour un film de 1955. Le Bergman montre tout de même une vision assez noire du couple, une vraie prison pleine de compromis et de frustration dont il faut s'échapper par tout les moyens. Le ton se fait un peu plus sombre dans la dernière partie avec un vaudeville assez cruel dont Bergman parvient à tirer un surprenant happy end, visuellement éblouissant avec cette aube signifiant la naissance des nouveaux couples. Excellent casting, Ulla Jacobsson et Eva Dahlbeck sont bien craquante (Bibi Anderson fait une courte apparition) et Jarl Kulle en aristocrate militaire querelleur fait un étonnant sosie de Sarkozy. Il est décidément partout celui là ! 5/6
"Un film n'est pas une envie de faire pipi" (Cinéphage, août 2021)
Alligator
Réalisateur
Messages : 6629
Inscription : 8 févr. 04, 12:25
Localisation : Hérault qui a rejoint sa gironde
Contact :

Re: Ingmar Bergman

Message par Alligator »

Image

The Serpent's Egg (L'oeuf du serpent) (Ingmar Bergman, 1977) :

_______________

Très étrange, ce sentiment de n'en avoir pas eu pour son argent. L'impression de ne pas avoir affaire à un Bergman se consolide très rapidement. Le dénouement final, donnant un ton thriller le confirme malheureusement, rappellant par la thématique un Marathon Man, en tirant par la tignasse je le concède mais tout de même. Et puis c'est quoi ces zooms?

Le rapport ambigü qui relie Ullmann et Carradine est bien noueux, alambiqué, conflictuel et surtout gorgé de culpabilité, bien Bergmanien et soulève le plus grand intérêt.

Peu emballé par l'honnête prestation des acteurs, je reste sur ma faim.
J'avoue également avoir passé pas mal de temps à chercher les décors de Berlin Alexanderplatz, c'est malin, ça n'aide pas.

A noter la toujours très belle photo de Nykvist!

Image
Anorya
Laughing Ring
Messages : 11846
Inscription : 24 juin 06, 02:21
Localisation : LV426

Re: Ingmar Bergman

Message par Anorya »

On peut le trouver en zone 2 ? :o
Image
Alligator
Réalisateur
Messages : 6629
Inscription : 8 févr. 04, 12:25
Localisation : Hérault qui a rejoint sa gironde
Contact :

Re: Ingmar Bergman

Message par Alligator »

perso, je l'ai vu en z1
Anorya
Laughing Ring
Messages : 11846
Inscription : 24 juin 06, 02:21
Localisation : LV426

Re: Ingmar Bergman

Message par Anorya »

Ah. Bon tant pis, ce sera pour un futur lointain alors... :?
Image
Nomorereasons
Dédé du Pacifique
Messages : 5150
Inscription : 29 mai 07, 20:19

Re: Ingmar Bergman

Message par Nomorereasons »

Ca a existé en mgm zone 2 en France, mais le dvd est maintenant à peu près introuvable. Mais voici qui devrait t'interesser.
Anorya
Laughing Ring
Messages : 11846
Inscription : 24 juin 06, 02:21
Localisation : LV426

Re: Ingmar Bergman

Message par Anorya »

yaplusdsaisons a écrit :Ca a existé en mgm zone 2 en France, mais le dvd est maintenant à peu près introuvable. Mais voici qui devrait t'interesser.

En ce moment j'ai pas du tout de budget mais hop, page en favori (histoire de l'avoir sous le coude, pépère). :)
Image
Wall of Voodoo Fan
Machino
Messages : 1092
Inscription : 30 nov. 04, 15:00
Localisation : Tijuana ?

Re: Ingmar Bergman

Message par Wall of Voodoo Fan »

Anorya a écrit :
yaplusdsaisons a écrit :Ca a existé en mgm zone 2 en France, mais le dvd est maintenant à peu près introuvable. Mais voici qui devrait t'interesser.

En ce moment j'ai pas du tout de budget mais hop, page en favori (histoire de l'avoir sous le coude, pépère). :)
Oui mas attention, le DVD anglais de The Serpent's Egg ne reprend pas les suppléments du DVD américain : commentaire audio de David Carradine et deux courts documentaires.
I wish I was in Tijuana, eating barbequed Iguana, I'd take requests on the telephone, I'm on a wavelength far from home. I'm on a Mexican Radio, I'm on a Mexican, woaa Radio !
Anorya
Laughing Ring
Messages : 11846
Inscription : 24 juin 06, 02:21
Localisation : LV426

Re: Ingmar Bergman

Message par Anorya »

Persona (1965)

Image

Revu hier soir ce virage à 180° du maître et ça reste toujours une claque incroyable de chaque instant. Terrifiant, prenant, cruel, fascinant, liquide, il n'y a pas de mot pour décrire ce film d'une incroyable densité et richesse (d'une incroyable inventivité bien sûr aussi. Le générique comme le coup de la pellicule qui brûle en plein milieu ou ce visage de Liv Ullman qui plonge lentement dans le noir, seuls les yeux éclairés qui restent :shock: ) où les scènes anthologiques se suivent presque toujours. Le fameux souvenir raconté par Alma (excitation et malaise du spectateur), le coup de l'éclat de verre (qui personnellement me fait toujours méchamment sourire), de la bouilloire d'eau chaude, des visages dans le miroir, d'Elisabeth voyant un homme brûlant littéralement à la télé... Tout Persona n'est que de ça. C'est presque comme si on pouvait sentir la fièvre créatrice de Bergman nous brûler au moment où il rédige le scénario en moins de deux semaines à l'hopital.
Magistral une fois de plus.

6/6
Image
Avatar de l’utilisateur
hansolo
Howard Hughes
Messages : 16083
Inscription : 7 avr. 05, 11:08
Localisation : In a carbonite block

Re: Ingmar Bergman

Message par hansolo »

Découvert ce week-end mes 2 premiers Bergman: "Cris & Chuchottements" et "Les fraises sauvages".
J'en ressort avec emerveillement, particulierement sur "Les fraises ..."
Il me faut un peu de temps pour "digerer" ces films, je posterai ensuite mon avis.
- What do you do if the envelope is too big for the slot?
- Well, if you fold 'em, they fire you. I usually throw 'em out.

Le grand saut - Joel & Ethan Coen (1994)
Wadam
Stagiaire
Messages : 15
Inscription : 23 mai 08, 00:51
Localisation : Au fond du caniveau

Re: Notez les films du mois - août 2008

Message par Wadam »

L'œuf du serpent d'Ingmar Bergman

Image

Projeté actuellement dans une poignée de salles, ce film assez méconnu du réalisateur suédois est pourtant l'un de ses plus terrifiants.
Situé à l'automne 1923, dans une Allemagne ruinée et délabrée par une Première Guerre Mondiale qui lui aura porté préjudice, le récit met en scène des personnages en exil. Perdus dans les méandres d'un Berlin primitif, David Carradine et Liv Ullman, dans les rôles principaux, se retrouvent dans une ville désenchantée. Livrés à eux-même, ils ne peuvent qu'assister, impuissants, à la déconfiture de tout un pays, à la déshumanisation d'un monde primitif. Bergman, par d'impressionnants plans suggestifs, place le spectateur face aux maux dont souffrent les Berlinois, et plus généralement les Allemands. La famine, la pauvreté, les conditions rudimentaires, la violence, l'alcoolisme, la paranoïa, tous ces méfaits trouvent leur représentation au travers d'un film qui s'attache à les dépeindre, sans jamais en exagérer le trait. Bergman tente de réfléchir, sans tomber dans le didactisme pur, sur les éléments premiers qui ont amené la montée d'une nouvelle forme de totalitarisme. L'antisémitisme s'idéologise, le soulèvement social est imminent. Le danger guette les individus, lesquels restent égoïstes et refermés sur eux-mêmes, tant la difficulté du quotidien les oblige à penser d'abord à leur situation désastreuse.
L'oeuf du serpent évoque, dans une forme presque naturaliste, l'instabilité de toute une civilisation, à la veille d'un radical tournant. Mein Kampf n'a pas encore été écrit, mais pourtant l'ouvrage a du répondant sur les masses. Adolf Hitler, cité par intermittence par la bouche de certains personnages, est encore sous-estimé et négligé, mais l'Etat et lesInstitutions ne sont pas en capacité d'agir face à une telle déchéance, tant au niveau moral que social.
Dans ce maelström démesuré, Bergman s'interroge sur la naissance d'un Mal (qui deviendra néfaste), et sur la faiblesse humaine (qui permettra l'ascension du fascisme).
Il conjugue les deux thématiques dans un film d'envergure, injustement dédaigné. Et pourtant, le pinceau de l'artiste bergmanien est bien là, le réalisateur ne renfonçant jamais ses réminiscences au service d'une histoire qui ne lui appartiendrait pas. La fascination de l'espace théâtral ressurgit au travers d'une succession de séquences de cabaret. La crise conjugale trouve son ressort dans l'amour naissant entre Carradine et Ullman, amour d'emblée torturé. L'étude des comportements humains (dont Bergman s'était fait une raison dans Persona, L'Heure du Loup) rejaillit dans un climax tout simplement stupéfiant.
Bergman, à l'instar de Cris et Chuchotements, aborde la violence physique, mais elle est presque subliminale, évacuée du champ, pour la rendre encore plus déplaisante et insupportable.

En définitif, L'Oeuf du Serpent est un film magistral, puissant, dérangeant. Bergman s'est livré corps et âme à la reconstitution d'une période historique, sur laquelle beaucoup d'historiens débattent. Il livre une vision personnelle et percutante d'une nation qui dérive vers un chaos inéluctable, chaos auquel prendra suite une autre nation uniformisée, dirigé par un personnage machiavélique.
"Tous ces instants seront perdus dans le temps, comme des larmes sous la pluie...Il est temps de mourir..."
Anorya
Laughing Ring
Messages : 11846
Inscription : 24 juin 06, 02:21
Localisation : LV426

Re: Ingmar Bergman

Message par Anorya »

La source (1960)

Image

Austère mais juste dans son propos comme son histoire et film des plus riches sur la question de la foi, de la redemption, du pardon. Les cadrages, les plans sont magnifiques et la scène centrale que l'on sait se révèle toujours aussi osée pour l'époque (ça passe même encore très bien aujourd'hui). Du pur Bergman donc pour cet ancêtre du "rape and revenge" où la colère du père envers les meurtriers de sa fille va se révéler aussi terrible que ce qu'ils ont fait et ébranler même ce dernier, catholique pacifique qui se révèle pour le coup aussi dangereux que les 2 ignobles. A ce titre, la fin où il prie et demande le rachat de ses péchés en promettant de construire une église et la réponse qui en "jaillit" est étonnante et m'a coupé le souffle. J'avoue que je n'ai pas su quoi penser ou dire sur le coup.
Un bon Bergman. La "scène de la neige" est sublime : c'est subjectivement ma scène préférée dans tout ce que j'ai pu voir du regretté réalisateur suédois.

5/6
Image
Répondre