Lewis Milestone (1895-1980)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Répondre
Avatar de l’utilisateur
Alexandre Angel
Une couille cache l'autre
Messages : 14054
Inscription : 18 mars 14, 08:41

Re: Lewis Milestone (1895-1980)

Message par Alexandre Angel »

O'Malley a écrit :
Jeremy Fox a écrit :

Sans être aussi sévère (tous ces acteurs que j'aime, les décors de Vegas, les 60's, Angie Dickinson... me rendent indulgent et ont fait que je ne m'y suis pas ennuyé), tu n'es pas loin de la vérité. Milestone est aux abonné absent et les Soderbergh sont d'une toute autre classe.
Revu et appréciation à la hausse. C'est vrai que c'est globalement sympa et que l'ensemble a du charme. Esprit décontracté, un parfum sixites indéniable, un plaisir de retrouver Sinatra, Martin, Davis Jr, Richard Conte (tous au minimum syndical), Angie Dickinson (qui ne fait que passer) un très bon twist final et surtout un sens du dialogue percutant (les échanges sont souvent un régal).
Alors, les défauts pointés lors de la première vision sont toujours là: l'organisation et la réussite du casse très peu crédibles, un petit je m'en foustiste dans la conception assez marqué et surtout un Akim Tamiroff qui cabotine à outrance et qui a sûrement été une des principales raisons qui ont fait que j'ai été éjecté du film la première fois.
Une fois prévenu, la pilule passe beaucoup mieux voir même très bien.
Un ami m'a dit exactement la même chose, que le film chope sa patine et qu'il est mieux que sa réputation. Ces deux avis convergents vont me faire acheter ce film que j'ai pourtant toujours soigneusement évité. Et puis il y a un générique de Saul Bass, sauf erreur :wink:
Ah oui..
Dernière modification par Alexandre Angel le 19 juin 16, 19:42, modifié 2 fois.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
Julien Léonard
Duke forever
Messages : 11824
Inscription : 29 nov. 03, 21:18
Localisation : Hollywood

Re: Lewis Milestone (1895-1980)

Message par Julien Léonard »

Inutile de chercher deux secondes la ressemblance avec le très solide film de Soderbergh... Les deux ne concourent pas dans la même catégorie. Ici, c'est le Rat Pack qui domine, sa coolitude incontournable, son esprit de camaraderie masculine et réservée aux canailles. Pour les fans de Franck Sinatra (dont je fais partie, notamment concernant l'artiste musical), c'est du tout bon ! Pour les fans de Dino, c'est également très sympa. Une fois que l'on a compris le truc, il ne faut pas chercher trop loin. A noter que Richard Conte bénéficie peut-être du meilleur rôle.

Dans le même registre, mieux réalisé et plus "tenu" (même si la dernière demie-heure fonce dans n'importe quoi), je lui préfère largement Les sept voleurs de Chicago, un vrai pastiche de mafia avec une pléiade de cabotins au sommet.
Image
Droudrou
Doublure lumière
Messages : 411
Inscription : 19 févr. 08, 16:57
Localisation : Rouvray

Re: Lewis Milestone (1895-1980)

Message par Droudrou »

je cite

"et surtout un Akim Tamiroff qui cabotine à outrance"

les personnages de Sinatra et Lawford sont fatigants pas de relief et les farces de Sinatra à Tamiroff sont d'un niveau collégien de l'époque la notion de suspens n'est pas terrible l'originalité du spectacle tient par la surprise de la scène finale le sifflement des brûleurs du crématorium.

mais c'est vrai nous avons droit à un générique de Saul Bass quand Milestone est aux abonnés absents.
John Wayne : "la plus grande histoire jamais contée" - It was true ! This man was really the son of God !...
Avatar de l’utilisateur
Rick Blaine
Charles Foster Kane
Messages : 24128
Inscription : 4 août 10, 13:53
Last.fm
Localisation : Paris

Re: Lewis Milestone (1895-1980)

Message par Rick Blaine »

Julien Léonard a écrit :Inutile de chercher deux secondes la ressemblance avec le très solide film de Soderbergh... Les deux ne concourent pas dans la même catégorie. Ici, c'est le Rat Pack qui domine, sa coolitude incontournable, son esprit de camaraderie masculine et réservée aux canailles. Pour les fans de Franck Sinatra (dont je fais partie, notamment concernant l'artiste musical), c'est du tout bon ! Pour les fans de Dino, c'est également très sympa. Une fois que l'on a compris le truc, il ne faut pas chercher trop loin. A noter que Richard Conte bénéficie peut-être du meilleur rôle.
Exactement.
Pour moi chaque film a des qualités que l'autre n'a pas. Côté Milestone la coolitude du casting, sa spontanéité et sa fraicheur là ou celui du Soderbergh me semble trop raide et trop tenu, de l'autre la grande élégance formelle de Soderbergh là où Milestone semble avoir eu bien du mal à mettre en scène quoi que ce soit. Le Soderbergh n'est pas meilleur, il y a du mieux et du moins bon. Une combinaison des qualités des deux films aurait été une grande réussite.
Avatar de l’utilisateur
Kevin95
Footix Ier
Messages : 18368
Inscription : 24 oct. 04, 16:51
Localisation : Devine !

Re: Lewis Milestone (1895-1980)

Message par Kevin95 »

HALLS OF MONTEZUMA - Lewis Milestone (1951) découverte

Cinq ans après l conflit et l'on sent déjà le corset du cinéma de guerre yankee craqueler. Pourtant tout y est, musique emphatique, belles gueules de G.I., technicolor du plus bel effet, récit d'une victoire. Tout est là mais quelque chose cloche, évocation de la trouille carabinée de certains soldats, de leur dépendance à certaines drogues pour tenir debout (Richard Widmark, pourtant la star du film), l'attirance presque homosexuelle entre bidasses (Jack Palance qui ronronne ses répliques lorsqu'il s'adresse à Pretty Boy), la folie des autres (ledit Pretty Boy et son désir de violence). Le temps a passé depuis les bandes patriotiques produites en rafale pendant le conflit, Hollywood commence à regarder la guerre et sa représentation d'un autre œil, l'année même où les États-Unis interviennent en Corée. Lewis Milestone réutilise à la fois la forme (long travellings, symboliques surlignées, goût du mélodrame) mais aussi le message de son carton All Quiet on the Western Front (1930) tout en se dédouanant en précisant, "oui mais bon... on combat pour la démocratie". C'est là aussi les limites de Halls of Montezuma, de tenter une approche du film de guerre audacieuse sans pour autant trop se salir. Il faudra attendre encore un petit peu pour qu'Hollywood veuille bien sortir de sa Seconde Guerre mondiale fantasmée.
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
Avatar de l’utilisateur
Alexandre Angel
Une couille cache l'autre
Messages : 14054
Inscription : 18 mars 14, 08:41

Re: Lewis Milestone (1895-1980)

Message par Alexandre Angel »

Kevin95 a écrit :Tout est là mais quelque chose cloche, évocation de la trouille carabinée de certains soldats, de leur dépendance à certaines drogues pour tenir debout (Richard Widmark, pourtant la star du film), l'attirance presque homosexuelle entre bidasses (Jack Palance qui ronronne ses répliques lorsqu'il s'adresse à Pretty Boy), la folie des autres (ledit Pretty Boy et son désir de violence). Le temps a passé depuis les bandes patriotiques produites en rafale pendant le conflit, Hollywood commence à regarder la guerre et sa représentation d'un autre œil, l'année même où les États-Unis interviennent en Corée.
Tu annonces presque l'assez étrange Temps de la Colère, de Richard Fleischer, avec son gradé bedonnant flanqué de ses gitons (pour 1955, c'est incroyable : sacré Fleischer).
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
Avatar de l’utilisateur
Kevin95
Footix Ier
Messages : 18368
Inscription : 24 oct. 04, 16:51
Localisation : Devine !

Re: Lewis Milestone (1895-1980)

Message par Kevin95 »

Pas encore vu le Fleischer, mais ça ne m'étonnerait pas qu'il aille plus loin que Lewis Milestone.
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
Avatar de l’utilisateur
Addis-Abeba
Mouais
Messages : 16017
Inscription : 12 nov. 04, 23:38
Localisation : Chocolatine

Re: Lewis Milestone (1895-1980)

Message par Addis-Abeba »

Cathy a écrit : 4 juin 11, 21:22 Je reposte ici la critique d'un des films qui est un de mes gros chocs de ces derniers mois
==================

L'Ange des Ténèbres, Edge of Dakrness (1943) - Lewis Milestone

Image

La révolte des habitants d'un petit village norvégien contre l'occupant nazi.


Vu la date de sortie du film et le message final, nous sommes clairement dans le film de propagande et de résistance, mais le film n'en demeure pas moins un chef d'oeuvre ! Milestone réussit à faire à travers un film de guerre, un portrait d'une communauté de pêcheurs, même s'ils sont commandés par un résistant chef et sa fiancée, chaque villageois est la vedette du film. Le film est prenant, car il montre aussi la peur de l'occupant (sans doute pour motiver les troupes), mais finalement la fin de Koenig le commandant de la section annonce celle d'Hitler deux ans plus tard. Le film dénonce l'occupation des nazis, mais montre aussi le quotidien de ce village qui semble vivre presque normalement, les relations équivoques qui peuvent naître entre occupés et occupant, comme cette histoire tendre entre la gérante de l'hôtel et un allemand qui semble retrouver à travers elle sa défunte femme, il y a aussi ces collabos clairement montrés même si certains naturellement vont se repentir, ces peureux, ces courageux, ces résignés à l'occupation qu'un évènement peut faire basculer d'un côté ou de l'autre. Chaque habitant semble dépeint que ce soit le pêcheur norvégien ou le soldat allemand, conscient que la révolte peut survenir à tout moment.

La scène la plus forte est certainement celle de cet homme qui vient refuser sa maison aux allemands et voit toutes ses affaires brûlées devant les habitants qui entonnent l'hymne norvégien. Le film est en flashback, on sait que les allemands et les villageois ont péri dans ce village. Et là encore pour le message d'effort de guerre, c'est un officier allemand qui dicte un rapport de ce qui s'est passé, dépeignant le courage des uns et autres. Durant la première partie nous avons une évocation de la vie de ces pêcheurs, et suite au viol de l'héroîne, le déclenchement de la rébellion et ces scènes de carnage immenses censés provoquer un choc sur le spectateur de l'époque, mais qui sont encore très fortes actuellement. Alors oui, film de propagande, mais magistralement mené par Errol Flynn qui bien que héros du film ne paraît qu'un personnage parmi tant d'autre, Ann Sheridan en meneuse de combats, Walter Huston père plein de dignité et de force, Nancy Coleman partagée entre sa Pologne natale et le destin des norvégiens, ou encore Judith Anderson.
Milestone nous gratifie de superbes gros plans, mais aussi de scènes d'action rondement menées. La scène de l'église est elle aussi magistrale avec tous ces habitants évoquant leur volonté de résistance, tout en surveillant les arrivées possibles des allemands, évoquant chacun leur accord avec la rebellion ou pas, avec aussi ce pasteur qui est partagé entre la voix de la paix et celle plus patriotique. Le film est prenant, rondement mené, et montre une résistance méconnue celle des norvégiens contre les occupants allemands.

Une superbe découverte en tout cas ! Et clairement un chef d'oeuvre méconnu !

Je serais loin de parler de chef-d'oeuvre tant la première heure m'a paru pénible dans son déroulement, son intrigue, malgré de rares et très beaux plans d'extérieur.
La deuxième heure est d'un tout autre acabit, les gens du village sont très bien décrits et souvent attachants, mais c'est la révolte finale de ces fiers Norvégiens qui marque les esprits et montre indéniablement le talent de Milestone, vingt minutes de guerre, de bataille qui n'a pas je pense que très peu d'équivalent à l'époque. Impressionnant !

Les révoltés du Bounty est un film que j'adore et que je revois régulièrement, tout comme on ne peut pas oublier son A l'ouest rien de nouveau, il est malheureux que ce réalisateur soit si peu cité de nos jours.
Répondre