Sueurs froides (Alfred Hitchcock - 1958)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Nomorereasons
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Re: Sueurs froides - Vertigo (Alfred Hitchcock - 1958)

Message par Nomorereasons »

Je trouve à chaque fois de nouvelles raisons de m'ennuyer devant Vertigo.
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Major Tom
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Re: Sueurs froides - Vertigo (Alfred Hitchcock - 1958)

Message par Major Tom »

yaplusdsaisons a écrit :Je trouve à chaque fois de nouvelles raisons de m'ennuyer devant Vertigo.
Je viens de le revoir, et force est de constater que je n'apprécie plus beaucoup ce film non plus. Trop vu peut-être. Certes, si je l'avais découvert aujourd'hui, j'aurais certainement plus apprécié que ça. Mais je ne pense pas que je l'aurais trouvé si génial que ça. On vieillit.
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Demi-Lune
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Re: Sueurs froides - Vertigo (Alfred Hitchcock - 1958)

Message par Demi-Lune »

Major Tom, tu viens de dégringoler dans mon estime. :evil:
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Re: Sueurs froides - Vertigo (Alfred Hitchcock - 1958)

Message par Silencio »

:?: :!:
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Re: Sueurs froides - Vertigo (Alfred Hitchcock - 1958)

Message par Miss Nobody »

J'en sors également légèrement déçue.
Je n'ai jamais placé "Vertigo" dans mes films préférés d'Hitchcock et j'avais jusqu'à présent la sensation d'être vraiment passée à côté de quelque chose de formidable. J'ai donc décidé de le redécouvrir, avec beaucoup de bonnes intentions.
J'ai trouvé le film un peu trop long dans l'ensemble. Et visuellement, c'est presque un scandale d'accoler des scènes à l'esthétique splendide à d'autres beaucoup plus cheap notamment au niveau des effets spéciaux (le rêve de James Stewart! :o :? ). La première partie du film m'a semblé manquer de rythme et d'émotion, mais il est vrai que la violence morbide de la seconde partie est particulièrement brillante.
Peut être s'agit-il du film le plus personnel et le plus profond d'Hitchcock... Je suis quant à moi bien plus cliente de sa mécanique implacable et de sa maîtrise du suspens, ici un peu absente.
Dernière modification par Miss Nobody le 15 nov. 09, 20:56, modifié 1 fois.
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Re: Sueurs froides - Vertigo (Alfred Hitchcock - 1958)

Message par allen john »

yaplusdsaisons a écrit :Je trouve à chaque fois de nouvelles raisons de m'ennuyer devant Vertigo.
C'est marrant la capacité de certains films à se fragiliser suivant les périodes, et les états d'äme du public. Pour moi, ce film est un ami que je visite toujours avec plaisir, et les longueurs ne sont longues que parce que j'ai parfois hâte de visiter certaines scènes plus que d'autres, mais je le trouve magistral. La tension franchement malsaine, et le mal-être de Scotty sont peut être pour beaucoup dans l'atmosphère aussi...
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Demi-Lune
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Re: Sueurs froides - Vertigo (Alfred Hitchcock - 1958)

Message par Demi-Lune »

Miss Nobody a écrit :Et visuellement, c'est presque un scandale d'accoler des scènes à l'esthétique splendide à d'autres beaucoup plus cheap notamment au niveau des effets spéciaux (le rêve de James Stewart! :o :? ).
Je ne vois pas ce qu'il y a de scandaleux ! :o Le film datant de 1958, c'est lui faire un procès sacrément sévère que de dénoncer la vétusté de ses trucages. :| Certes ils ont vielli, je suis le premier à le reconnaître ; mais je ne vois vraiment pas, à part dans cette séquence de rêve, où se situeraient des moments cheaps, car l'esthétique est parfaitement uniforme. C'est même, à mon avis, le travail pictural le plus impressionnant du Maître.
Miss Nobody a écrit :Je suis quand à moi bien plus cliente de sa mécanique implacable et de sa maîtrise du suspens, ici un peu absente.
Cela, je peux tout à fait le comprendre. Mais Vertigo n'est pas particulièrement un film à suspense. L'intrigue policière passe clairement au second plan, Hitchcock lui préférant une histoire d'amour impossible et magnifique, au rythme contemplatif.

Après Kubrick et Vertigo, à quel monument va-t-on maintenant s'attaquer ? :lol: :wink:
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Re: Sueurs froides - Vertigo (Alfred Hitchcock - 1958)

Message par angel with dirty face »

Demi-Lune a écrit :Après Kubrick et Vertigo, à quel monument va-t-on maintenant s'attaquer ? :lol: :wink:
Là, je te rassure cher Demi-Lune: Vertigo fait partie de mon top ten... :wink: (Il occupe même la cinquième place...)
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Major Tom
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Re: Sueurs froides - Vertigo (Alfred Hitchcock - 1958)

Message par Major Tom »

Je n'ai pas dit que je n'aimais plus, attention. :) C'est juste qu'une fois l'histoire connue, l'évidente maîtrise du génial réalisateur assimilée, le "choc" passé, la magie n'opère plus du tout sur moi qui m'y suis vraiment ennuyé. Je crois que c'était la vision de trop. Je laisse tomber ce film pour longtemps...

Avec le temps, on change. Quand j'étais gamin, j'adorais Fenêtre sur Cour et Les Oiseaux. Aujourd'hui j'adore Psychose (c'est ça, pour moi, son grand classique) et je pense que si je les revoyais aujourd'hui, j'aimerais beaucoup Frenzy et Complots de Famille à l'inverse des deux premiers cités.

Bon, pour me faire pardonner :oops: :
Spoiler (cliquez pour afficher)
... de bien belles photos certainement connues, mais bon. ;)
(cliquez dessus, comme d'hab')

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Re: Sueurs froides - Vertigo (Alfred Hitchcock - 1958)

Message par Nomorereasons »

allen john a écrit :
yaplusdsaisons a écrit :Je trouve à chaque fois de nouvelles raisons de m'ennuyer devant Vertigo.
C'est marrant la capacité de certains films à se fragiliser suivant les périodes, et les états d'äme du public. Pour moi, ce film est un ami que je visite toujours avec plaisir, et les longueurs ne sont longues que parce que j'ai parfois hâte de visiter certaines scènes plus que d'autres, mais je le trouve magistral. La tension franchement malsaine, et le mal-être de Scotty sont peut être pour beaucoup dans l'atmosphère aussi...
Ce qui m'endort, c'est aussi (surtout?) ce qu'il y a entre les longueurs de ce film.
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Demi-Lune
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Re: Sueurs froides - Vertigo (Alfred Hitchcock - 1958)

Message par Demi-Lune »

Major Tom a écrit :je pense que si je les revoyais aujourd'hui, j'aimerais beaucoup Frenzy et Complots de Famille à l'inverse des deux premiers cités.
Frenzy est génial, Complot de famille plutôt médiocre. D'ailleurs sans Vertigo, pas de Brian De Palma... :mrgreen:
Major Tom a écrit :Bon, pour me faire pardonner :oops:
Mais tu n'en as pas besoin, tu as parfaitement le droit d'être lassé par ce film :lol: Cela dit, belles photos, surtout la dernière.
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Re: Sueurs froides - Vertigo (Alfred Hitchcock - 1958)

Message par Strum »

Dans une filmographie aussi riche que celle d'Hitchcock, où sa fabuleuse maitrise formelle lui permettait d'étirer ou d'intensifier à volonté le temps, il est normal que chacun ait ses préférences.

Dans la plupart de ses films, Hitchcock concentre le temps grâce à son art du découpage. C'est cet art du découpage qui crée du suspense, grâce auquel il rend intense un moment clef dans la narration. Par exemple, la fin des Enchainés où Cary Grant, Ingrid bergman et Claude Rains descendent l'escalier : Hitchock découpe la scène en y multipliant les plans sur les visages angoissés des protagonistes (celui de la mère en bas de l'escalier, celui de Rains, celui de Grant, etc...). Rien n'obligeait Hitchcock à découper la scène ainsi. Il aurait pu faire un long plan séquence, mais alors le suspense aurait été moindre, et la scène aurait eu moins de force. Une fois le découpage fait, Hitchcock va accélérer peu à peu le rythme de la scène, et donc son intensité, cette fois grâce au montage, en montant des plans de plus en plus courts. On pourrait multiplier les exemples, où les scènes se tendent peu à peu comme une corde grâce au découpage et à la vitesse imprimée progressivement par le montage: la scène de la douche de Psychose, la scène de la révélation dans Marnie, la scène de l'avion dans La Mort aux Trousses, etc....

Vertigo est différent. Alors que d'habitude, les films d'Hitchcock par leur intensité et leur découpage, saisissent le spectateur à la gorge (le spectateur est passif et le film bondit littéralement sur lui lors de certaines scènes de suspense ; il les subit), Vertigo lance un appel au spectateur, en forme d'invitation muette mais aussi désespérée. C'est un film où Hitchcock choisit en toute connaissance de cause d'étirer le temps au lieu de l'intensifier comme à son habitude, et de mettre dès lors de côté les ficelles de son découpage créateur de suspense. C'est un film qui ne bondit pas, intense, vers les spectateurs comme le font les autres Hitchcock ; c'est un film qui attend, tapi dans l'ombre. Qui attend-il ? Le spectateur, dont il quête la compassion. Vertigo demande au spectateur d'entrer dans le film, d'embrasser sa mélancolie morbide, et d'errer dans San Francisco aux côtés de Scottie et Madeleine. L'errance implique que l'on étire le temps, car c'est dans la durée que l'on ressent le mieux la mélancolie. Il y a là autant de maitrise formelle, et peut-être plus de risque car l'étirement du temps met davantage un cinéaste à nu, que dans les opérations de concentration du temps que l'on trouve dans les autres Hitchcock. Selon son tempérament ou l'humeur du moment, le spectateur acceptera ou non, d'entrer dans Vertigo pour y partager les affres de Scottie, et y goûter sa fascination pour la mort et le passé. Mais qui ne voudra pas entrer dans le film, le verra de loin, et voyant Scottie et Madeleine de loin, comme des figurines s'ébattant derrière un cadre de verre, s'y ennuiera peut-être, en tout cas, ne sera pas à même d'éprouver la mélancolie du film, et de s'éprouver lui-même ou elle-même mélancolique.

Nous avons tous plusieurs facettes. A l'une de mes facettes, mélancolique, correspond bien Vertigo, qui est un de mes Hitchock préférés. A une autre, celle qui préfère l'intensité d'un temps accéléré, se marie mieux La Mort aux Trousses, un de mes films préférés également. En revanche, Psychose ou Frenzy ne sont pas ma tasse de thé, surtout le deuxième ; la morbidité n'a pour moi rien d'excitant et je la préfère donc (pour autant que je puisse dire que je la "préfère" :mrgreen: ) sous la forme mélancolique qu'elle épouse dans Vertigo plutôt que sous celle plus intense et plus complaisante, excitée par l'artifice du découpage, qui est la sienne, par exemple, dans Psychose ou Frenzy, où l'on trouve aussi une sorte de fascination pour la mort.
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Zelda Zonk
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Re: Sueurs froides - Vertigo (Alfred Hitchcock - 1958)

Message par Zelda Zonk »

Merci pour ce post Strum. :D
C'est si bien dit. Tu parles très bien de Vertigo et je me retrouve tout à fait dans ta perception du film, et plus généralement dans le caractère atypique de cette oeuvre par rapport aux autres Hitch.
"Vertigo demande au spectateur d'entrer dans le film" contrairement aux autres Hitch "où le spectateur est passif et subit l'intrigue qui lui saute à la gorge". C'est tout à fait pertinent et cette idée se retrouve d'emblée dans le générique en forme de spirale et dans le titre du film. Le vertige implique un état d'abandon, d'étourdissement, de déséquilibre, de renoncement. Et la spirale nous entraîne ou pas dans ce tournis, selon nos prédispositions.
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Re: Sueurs froides - Vertigo (Alfred Hitchcock - 1958)

Message par Strum »

Memento a écrit :cette idée se retrouve d'emblée dans le générique en forme de spirale et dans le titre du film. Le vertige implique un état d'abandon, d'étourdissement, de déséquilibre, de renoncement. Et la spirale nous entraîne ou pas dans ce tournis, selon nos prédispositions.
Absolument, la spirale n'est pas seulement cette figure du vertige où Scottie vient se perdre. Elle est aussi un motif qui figure pour le spectateur à la fois une porte d'entrée dans le monde du film, l'idée qu'entrer dans Vertigo c'est y tomber, et enfin l'idée que le temps du vertige et du cercle est un temps qui tourne (comme dans un cercle de l'enfer, où tout recommence toujours ?), un temps cyclique, donc plus long, qui ne finit jamais (toujours cet étirement du temps), à l'instar de Scottie qui n'en a jamais fini avec son obsession. Merci Memento. :wink:
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Re: Sueurs froides - Vertigo (Alfred Hitchcock - 1958)

Message par Nomorereasons »

Strum a écrit :
Memento a écrit :cette idée se retrouve d'emblée dans le générique en forme de spirale et dans le titre du film. Le vertige implique un état d'abandon, d'étourdissement, de déséquilibre, de renoncement. Et la spirale nous entraîne ou pas dans ce tournis, selon nos prédispositions.
Absolument, la spirale n'est pas seulement cette figure du vertige où Scottie vient se perdre. Elle est aussi un motif qui figure pour le spectateur à la fois une porte d'entrée dans le monde du film, l'idée qu'entrer dans Vertigo c'est y tomber, et enfin l'idée que le temps du vertige et du cercle est un temps qui tourne (comme dans un cercle de l'enfer, où tout recommence toujours ?), un temps cyclique, donc plus long, qui ne finit jamais (toujours cet étirement du temps), à l'instar de Scottie qui n'en a jamais fini avec son obsession. Merci Memento. :wink:
"Tomber" dans une spirale mais de façon "non passive", c'est vraiment trop m'en demander :P
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