King Vidor (1894-1982)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Phnom&Penh
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Re: King Vidor (1894-1982)

Message par Phnom&Penh »

Ann Harding a écrit :Non, King Vidor est né au Texas de parents nés en Amerique. C'est son grand-père hongrois (un impressario d'un musicien) qui avait émigrés aux USA. Il n'est donc pas d'immigration récente. Mais, il a été élevé dans un milieu multiculturel au Texas, ce qui le rend nettement plus ouvert aux autres qu'un pur américain.
Merci des précisions :wink: . Je ne me sentais pas très à l'aise parce que j'aime les films de King Vidor que je connais, mais c'est en fait un cinéaste dont je sais peu de choses.
Ann Harding a écrit :Quant à Stella Dallas, les différences sociales dans le remake de Vidor sont nettement moins prononcées que dans le film original de Henry King de 1925.
Déjà que je connais très mal Henry King dans ses films de la période parlante... :oops: :mrgreen:
"pour cet enfant devenu grand, le cinéma et la femme sont restés deux notions absolument inséparables", Chris Marker

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Sybille
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Re: King Vidor (1894-1982)

Message par Sybille »

Ruby Gentry / La furie du désir
King Vidor (1952) :

Histoire d'amour tourmentée, caractérisée par le désir de possession et la jalousie, "Ruby Gentry", de par ses personnages vigoureux, son atmosphère du Sud, son aspect religieux parfois démesuré, ressemble à une de ces histoires que l'on aime qualifier de "typiquement américaine". J'en avais entendu parler auparavant, cela faisait longtemps que j'hésitais à le regarder, et au final je n'ai pas trouvé le film très bon.
Le récit a l'air un peu emmêlé, il est très compréhensible, là n'est pas le problème, mais certaines scènes ne sont pas assez développées, ne durent pas assez longtemps. Démarrant et s'achèvant trop vite, elles ne donnent pas le temps de saisir tout ce qui se passe, d'essayer de capter toute les implications d'une situation. Je songe par exemple au mariage avec l'homme riche joué par Karl Malden, mais c'est pareil pour nombre d'autres choses. Ainsi l'attirance qu'éprouve Ruby et Boake l'un pour l'autre n'est presque jamais montré de façon concrète et pour cause, les deux amants ne sont pratiquement jamais ensemble au cours du film. La séparation pourrait certe être un motif pour témoigner, prouver la constance de leur amour, mais cela ne donne pas cette impression. A vrai dire, on ne sait pas trop sur quel pied danser avec ces deux-là, le pire étant qu'on s'en désintéresse plus ou moins.
Jennifer Jones incarne cette "fille des marais" de façon assez convainquante, son interprétation n'est pas mémorable, mais je n'ai pas ressenti que le défaut venait réellement de sa part, mais plutôt de son personnage. Alors qu'elle ne compte pas parmi les actrices les plus connues de cette époque, cela ne l'empêche pas d'être dotée d'une filmographie que je trouve très intéressante, ambitieuse, peut-être trop parfois, mais au cours de laquelle elle a eu à plusieurs reprises l'occasion de démontrer son éclectisme, et surtout son talent. Cette femme possède vraiment un charme très particulier. A l'inverse, Charlton Heston m'a paru assez mauvais dans le rôle, de plus il ne m'a pas semblé avoir grand chose à faire, en fin de compte on ne le voit pratiquement pas.
J'aurais cru le final dans les marais plus spectaculaire, plus destructeur et passionné, en particulier à propos de l'inondation des terres, alors que c'est en fin de compte la folie mystique du frère qui prend le pas sur cet aspect. 6/10
bruce randylan
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Re: King Vidor (1894-1982)

Message par bruce randylan »

Notre pain quotidien ( Our daily Bread - 1934 )

En pleine crise économique, un jeune couple décide de partir pour la campagne où on leur propose de s'occuper d'une ferme à l'abandon. Ne connaissant rien à l'agriculture, le mari propose bientôt à un immigré fuyant lui aussi la crise de l'aider à cultiver ses terres. Réalisant que "l'union fait la force", le couple crée rapidement une société d'entraide où tout le monde partagerait leurs bien et leurs compétences.

Naïf me direz-vous ? Évidement et c'est justement cette naïveté qui crée un élan exaltant pleine de chaleur et d'humanité.
Passionné par une histoire qu'il a co-écrit, King Vidor déploie un lyrisme optimiste qui rend son film irrésistible et intemporel ( pour peu qu'on ne soit pas un cynique endurci ). Le film aborde ainsi des préoccupations sociales et politique avec un engagement qui gêna les producteurs de l'époque au point que Vidor du crée une société de production pour concrétiser son scénario. On est donc à la limite d'une société socialiste et on sent d'ailleurs une influence du cinéma russe dans le final sur lequel je reviendrais plus tard.

L'univers et les personnages sont en tout cas immédiatement attachant et écrit avec une simplicité bucolique offre une certaine poésie qui a du inspiré quelques films néoréalistes comme Miracles à Milan. L'interprétation est également dans cet mouvance avec cette candeur qui donne plusieurs scènes très "belles" ( je trouve pas d'autres mots ) pleine d'humanisme : la découverte des premiers plans de mais, la première nuit dans la ferme allongé sur des branches de sapin, le numéro de danse alors qu'une femme vient d'accoucher, le "sacrifice" d'un des habitants de la communauté pour apporter un peu d'argent... Seul un personnage féminin secondaire de vamp qui fut rajouté pour raisons commerciales fait un peu tache au point d' affaiblir l'impulsion et le mouvement dans le 3ème quart du film.

Le dernier quart rattrape vite ce défaut pour 20 minutes fabuleuses où la communauté décide de créer un chemin d'irrigation de 3 kilomètres pour sauver leur récolte. 20 minutes époustouflantes pour un poème cinématographique euphorisant et enivrant uniquement rythmé par le bruit des pelles et des pioches. Ce sont ces 20 minutes qui s'inspirent du meilleur du cinéma russe pour une scène anthologique du 7ème art ( c'est ce genre de film qui en font un art ) dont le souffle presque épique transporte le spectateur dans un état d'urgences, de communion et d'exaltation.
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Re: King Vidor (1894-1982)

Message par Tancrède »

Plus que la mise en images d'une utopie socialiste, j'ai vu dans Notre pain quotidien la célébration des élans vitaux qui poussent des hommes au-delà de leurs limites pour s'en sortir. Je ne connaissais pas la génèse du film mais lorsque je l'ai découvert, je n'ai pas vu la partie avec la vamp comme une concession commerciale. La réussite du projet dépend d'abord de la force de conviction du chef et lorsqu'il est séduit par la garce, il est tout près de mener la communauté à sa perte. Tout comme lorsqu'il est mu par le bien, il la mène à se transcender (sublime séquence finale). Depuis La foule jusqu'au Rebelle, Vidor, c'est quand même LE poète de la force individuelle.

Sinon, je suis tout à fait d'accord sur le reste de ta critique. Ce film est un chef d'oeuvre.
bruce randylan
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Re: King Vidor (1894-1982)

Message par bruce randylan »

Le problème de la vamp est qu'elle inutile dans l'évolution du "leader".
Les problèmes de récoltes et la tension montantes dans la communauté suffisent amplement à lui faire baisser les bras et lui donner envie d'abandonner le camp.

King Vidor avait d'ailleurs avoué que ce personnage fut introduit pour des raisons commerciales.


Bon, va vraiment falloir que je regarde mon zoli DVD du rebelle maintenant ! :)
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Re: King Vidor (1894-1982)

Message par Nestor Almendros »

Ton avis, Bruce, fait sacrément envie d'autant plus que je suis en pleine lecture de l'autobiographie de KIng Vidor (passionnante et bien écrite) et que j'aimerais voir certains de ces films (NOTRE PAIN QUOTIDIEN, LA FOULE ou LA GRANDE PARADE). Si Brion et les programmateurs d'Arte ou du Ciné-club de la 2 nous lisent... :fiou:
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Re: King Vidor (1894-1982)

Message par Miss Nobody »

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Guerre et Paix - 1956

Cette adaptation américaine du célèbre livre de Tolstoï, malgré la renommée de son réalisateur, son casting de choix (Audrey Hepburn, Henry Fonda, Mel Ferrer, Anita Ekberg...) et l'étendue de ses moyens, souffre d'une réputation plutôt mauvaise parmi les cinéphiles. Si on pouvait évidemment attendre mieux de cette fresque dispendieuse et bancale, il serait injuste de ne pas reconnaître à « Guerre et Paix » quelques qualités, à commencer par sa très belle photographie en couleur, ses décors et ses costumes magnifiques, ses batailles aux multiples figurants, sans oublier l'interprétation admirable d'Audrey Hepburn, d'abord un peu agaçante en jeune ingénue, puis de plus en plus attachante au fil des minutes.
Bien que non dénuées de longueurs, les presque trois heures et demi de film s'écoulent sans trop provoquer de bâillements ou de pertes d'attention. Certes, on aurait aimé se replonger dans la fascinante époque des guerres Napoléoniennes avec un peu plus de fougue et de lyrisme, mais on apprécie malgré tout ce petit saut dans le temps, barbouillé des couleurs d'Hollywood. Certes, la mise en scène aurait pu être plus inspirée, le montage plus dynamique, les acteurs moins fades ou cabotins, mais l'académisme de l'ensemble révèle parfois quelques scènes agréables, dont l'intensité dramatique nous sauvent de l'ennui - je pense ici principalement aux histoires de coeur de la douce Natasha, qui sont les seules à vraiment nous captiver, avec, dans une moindre mesure, les deux spectaculaires scènes de batailles - .
« Guerre et Paix » survole l'oeuvre de Tolstoï comme il le peut, en mêlant les scènes de guerre et de passion, les bals et les combats, les préoccupations masculines et féminines, non sans tomber dans les écueils propres aux grandes adaptations littéraires... Reste alors un film inégal, visuellement enchanteur mais trop classique et trop long, qui se révélera néanmoins une alternative agréable à un après-midi pluvieux...


6/10
Gounou
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Re: King Vidor (1894-1982)

Message par Gounou »

Traduction : pas si chiant, mais un peu quand même... :mrgreen:
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Re: King Vidor (1894-1982)

Message par Miss Nobody »

C'est à peu près ça, oui... :mrgreen:
Il faut dire que la mauvaise réputation d'un film a tendance à me rendre indulgente.
villag
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Re: King Vidor (1894-1982)

Message par villag »

Il faut dire aussi, que faire interpreter Pierre Bezoukov, ce personnage gros, balourd, pas beau, par Henri Fonda......!; dans le film de Bondgardchouk, le realisateur- interprète de ce même rôle est sans doute plus credible.....
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Re: King Vidor (1894-1982)

Message par Droudrou »

guerre et paix il y a bien longtemps que je ne l'avais vu et une nouvelle fois me suis posé la question quant à la composition du casting pour qui a lu le roman de Tolstoï Henri Fonda et Mel Ferrer n'ont rien de Pierre et André c'est inconsistant surtout dans la mesure où les réalisateurs ont voulu demeurer fidèles à l'oeuvre écrite ! mauvaise cette époque où les producteurs croient qu'à coup de millions ils vont renouveler l'exploit d' Autant en emporte le vent en adaptant des grandes oeuvres de la littérature !
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Re: King Vidor (1894-1982)

Message par Droudrou »

villag a écrit :Il faut dire aussi, que faire interpreter Pierre Bezoukov, ce personnage gros, balourd, pas beau, par Henri Fonda......!; dans le film de Bondgardchouk, le realisateur- interprète de ce même rôle est sans doute plus credible.....
exact avis amplement partagé et jusque dans l'ambiance générale !
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Re: King Vidor (1894-1982)

Message par Miss Nobody »

N'ayant jamais lu le livre en entier, je ne me suis pas posé ce genre de questions.
Mais je ne suis pas surprise que les producteurs aient choisis des acteurs beaux et glamours pour les deux rôles masculins principaux. C'est comme ça que ça marchait à Hollywood. Cléopâtre était une femme charismatique et intelligente mais peu gâtée par la nature physiquement, Marc Antoine n'était pas un Apollon non plus (en témoigne notamment les pièces de monnaie d'époque les représentant), et pourtant on n'a pas hésité à choisir Elizabeth Taylor et Richard Burton pour les incarner à l'écran. Et c'est bien normal, ça fait partie des normes d'Hollywood qui cultivait la beauté physique plus encore que les talents.
Concernant les adaptations littéraires , c'est toujours la même chose également: tant que la laideur n'est pas indispensable à la bonne compréhension d'une histoire, elle ne sera pas montrée à l'écran (quoique parmi les personnages secondaires, elle est un peu plus saillante). Bien sûr, ça dénature complètement l'oeuvre de base... mais les exemples de ce genre de transformation sont nombreux!

Et puis... au delà du livre de Tolstoï, cinématographiquement parlant (parce que dans les livres, et dans la vraie vie, c'est bien autre chose), j'aurais eu des difficultés à croire qu'un homme laid et bedonnant puisse séduire successivement Audrey Hepburn et Anita Ekberg.
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Re: King Vidor (1894-1982)

Message par Droudrou »

je reviens au personnage de Pierre bezoukov quelle que soit la version dans la toute première partie du film il m'indispose par la volonté des réalisateurs de vouloir cadrer avec le roman jusqu'à la mort du Prince et qu'il se retrouve héritier "légitimisé". Bien évidemment Pierre n'a rien d'un héro et il représente une cible de choix quant à sa fortune pour Hélène qui ne doute de rien ! Quel mauvais choix que celui de herbert Lom en Napoléon pire que Steiger dans Waterloo... à propos de Herbert Lom s'il m'agace dans Spartacus que dire dans Guerre et Paix et dans El Cid ?
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Ann Harding
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Re: King Vidor (1894-1982)

Message par Ann Harding »

Je vous signale que La Foule (The Crowd, 1928), le chef d'oeuvre de Vidor va passer au Cinéma Le Balzac mardi 26 janvier à 20h30. La copie 35 mm présentée est celle restaurée par Kevin Brownlow & David Gill. Jean-François Zygel sera au piano pour l'accompagnement.
Une belle occasion de découvrir le film sur grand écran si vous êtes en région parisienne. :wink:
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