Nous nous sommes tant aimés (Ettore Scola - 1974)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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homerwell
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Re: Nous nous sommes tant aimés (Ettore Scola - 1974)

Message par homerwell »

Strum a écrit : Ces différences (mais il y en a bien d'autres encore) suffisent à faire pour moi de ces deux films, des films très différents.
Et je finis par me ranger à ton avis :wink:
Strum
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Re: Nous nous sommes tant aimés (Ettore Scola - 1974)

Message par Strum »

homerwell a écrit :Et je finis par me ranger à ton avis :wink:
Merci. C'est tout à ton honneur de le reconnaitre. :wink:
Alligator
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Re: Nous nous sommes tant aimés (Ettore Scola - 1974)

Message par Alligator »

http://alligatographe.blogspot.com/2011 ... amati.html

Je m'en faisais une montagne de ce film. Un peu déçu par la médiocre qualité de cette VOD. M'enfin, c'est déjà miraculeux que SFR propose des classiques du cinéma italien : on ne va pas faire les bégueules, non?

Malgré une photo pleine d'écorchures, malgré une compression excessive, le scénario d'Age, Scarpelli et Scola fait progressivement son office, distillant cette fameuse poésie du désespoir, versant des larmes tantôt de joie, tantôt de mélancolie, qui fait la marque de la comédie italienne.

Et c'est vrai qu'à de très nombreuses reprises, avec ces personnages d'abord un peu loufoques par instants, se détachent quelques preuves d'éternité, avec une grâce et une sensibilité profonde. La finesse de leurs traits en plein contraste avec la situation ou un gag qui précédait éclaire bien souvent le film d'une lumière très particulière, émouvante, densément humaine.

La structure de la narration est peu commune pour le cinéma, avec des apartés théâtraux qui peut-être relient encore plus les personnages à la commedia dell'arte. Ma piètre culture en ce domaine empêche tout catégorisation de ma part. En tout cas, j'y ai pensé.

L'écriture ciselée est si belle qu'elle donne aux personnages une épaisseur de plus en plus sensible au fur et à mesure que l'histoire se développe. D'abord, elle s'installe, incertaine comme peuvent l'être les jeunes âges, place ses repères sur un ton proche de la farce ou du vaudeville, puis bifurque pour résolument dessiner la complexité de vies façonnées par les aléas. Progressivement, le film est devenu une grande fresque où les existences compliquées des personnages s'abîment, se cabossent, se heurtant à des sentiments qui varient selon le parcours de chacun. Les couples se forment, se déchirent, se retrouvent, au gré des évènements intimes. Les fronts prennent des rides quand les cheveux blanchissent et que les regards se font plus sages et parfois plus amers.

Ici le talent des comédiens devient pierre d'achoppement d'un édifice en apparence fragile, en équilibre sur un fil invisible et ténu. D'autant qu'à cette aventure des sentiments se mêle la vision politique corrosive et tendre sur toute une époque, celle des désillusions post soixante-huitardes, la triste pirouette que certains protagonistes peuvent quelques fois accomplir pour de basses raisons pécuniaires.

En effet, Vittorio Gassman, jeune avocat, plein de fougue et de principes, se laisse avec l'âge et l'opportunité gagner par l'ambition et manger par le grand capital (merveilleux Aldo Fabrizi et pauvre Giovanna Ralli), s'oubliant lui même, perdant amis et amours. Le regard sévère et blessé de cet acteur est comme souvent bouleversant de vérité. Il est tout bêtement génial. Comme d'hab.

Si l'œil peut se révéler perçant et incisif, il n'en démontre pas moins une acuité cinéphilique toute affectueuse pour le septième art. Hymne à l'amour du cinéma, le film regorge de références déférentes pour De Sica (à qui il est dédié), pour "Le cuirassé de Potemkine" et son montage savant, ou encore pour Renoir, Antonioni, Resnais ainsi que pour Fellini qui fait même une apparition remarquée avec Marcello Mastroianni. Caméos rigolards, souriants, joyeux. L'amour, l'admiration, l'amitié.

Ce film sur la vie, ses désillusions, ses virages, ses ascensions et dépressions fait graviter ses hommes autour d'une femme (Stefania Sandrelli) dans une sorte de course folle mais tellement naturelle et ordinaire, tellement évidente que l'exubérance, l'humour et la souffrance se mêlent et forment un joli poème, beau et tendre, amer et sucré, comme la vie, en somme! "La vie est une comédie italienne. Buena sera, signore, signori. La vie est une comédie italienne. Tu ris, tu pleures, tu pleures, tu ris, tu vis, tu meurs, tu meurs, tu vis. Comediante. Tragediante. C'est ça , c'est ça , la vie" (Guy Bedos).
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Re: Nous nous sommes tant aimés (Ettore Scola - 1974)

Message par Watkinssien »

Revu il n'y a pas si longtemps, et c'est définitivement un pur chef-d'oeuvre du cinéma italien, pour moi !
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cineberry
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Re: Nous nous sommes tant aimés (Ettore Scola - 1974)

Message par cineberry »

Superbe découverte...
Quel dommage que le DVD StudioCanal soit aussi pourri !
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tenia
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Re: Nous nous sommes tant aimés (Ettore Scola - 1974)

Message par tenia »

Le film a été récemment restauré donc ça peut potentiellement sortir quelque part.
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cineberry
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Re: Nous nous sommes tant aimés (Ettore Scola - 1974)

Message par cineberry »

tenia a écrit :Le film a été récemment restauré donc ça peut potentiellement sortir quelque part.
Oui, j'ai vu ça à l'instant. La version restaurée sera projeté le 10 mars à la Cinémathèque.
Je ne cracherais pas sur un beau blu-ray !
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tenia
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Re: Nous nous sommes tant aimés (Ettore Scola - 1974)

Message par tenia »

Ca a été réalisé en 4K par L'immagine Ritrovata, donc c'est typique de leur travail sur ce type de film. Pas de surprise de ce côté là. J'imagine que ça enterre allègrement les précédentes éditions vidéo du film, surtout en DVD, surtout pourri. :mrgreen:
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Bogus
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Re: Nous nous sommes tant aimés (Ettore Scola - 1974)

Message par Bogus »

Ce qui m'enthousisame le plus dans ce film brillant, drôle et émouvant c'est l'inventivité de la mise en scène de Scola. Il y a un plaisir ludique de faire du cinéma avec des acteurs au diapason.
La déclaration d'Antonio à Luciana à la sortie du théâtre, le coup de de foudre d'Elide pour Gianni, la correspondance entre (l'inspportable) Nico et sa femme, les retrouvailles entre Antonio et Luciana... le film foumille de séquences qui me procure un pur plaisir de spectateur.
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